Curriculum vitæ complet
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JEAN-CLAUDE LABRECQUE RÉALISATEUR MEMBRE : UDA, ARRQ Jean-Claude Labrecque, réalisateur, chef opérateur, scénariste (Québec, 1938). Deux fois orphelin (ses parents adoptifs meurent prématurément), il ne devra compter que sur lui-même. À dix-huit ans, il gagne sa vie en photographiant des mariages et en travaillant à l'Office du Film du Québec où Paul Vézina lui enseigne les rudiments de la caméra. Il apprend son métier à l'Office National du Film où, pendant deux ans, il traverse le Canada, de la Gaspésie aux territoires glacés du Yukon, à titre d'assistant-caméraman. Cette formation première fera de lui un technicien exigeant et précis, audacieux et innovateur. Après cet apprentissage, il devient chef opérateur et travaille avec Claude Jutra (À tout prendre, 1963), Pierre Perrault (Le Règne du jour, tournage dans le Perche, 1965), Gilles Carle (La Vie heureuse de Léopold Z., 1965; et Les Corps célestes, 1973), Gilles Groulx (Le Chat dans le sac, 1964; Un jeu si simple, 1965, cm), Don Owen (Notes for a Film about Donna & Gail, 1966; The Ernie Game, 1967), AnneClaire Poirier (De mère en fille, 1967), Larry Kent (Fleur bleue, 1971) et quelques autres, avec une pointe jusqu'en Italie où il tourne, pour Gian Franco Mingozzi, un documentaire sur Michelangelo Antonioni. En 1965, à la suggestion de Jacques Bobet, il réalise son premier film, 60 cycles (cm), brillant compte-rendu visuel du tour cycliste du SaintLaurent dont les prouesses techniques lui valent un premier prix du court métrage à Moscou. Dès lors, et tout au long de sa carrière de réalisateur, Labrecque s'attache à fixer sur la pellicule des moments significatifs de l'histoire du Québec, qu'elle soit sportive, culturelle ou politique. C'est sa caméra qui immortalise le « Vive le Québec libre! » dans un reportage inspiré sur La Visite du Général de Gaulle au Québec (1967). Pour La Nuit de la poésie 26 mars 1970 (coréal. avec Jean-Pierre Masse, 1970), il imagine de toutes pièces un événement: au théâtre du Gesù, à Montréal, devant un public enthousiaste, il donne la parole aux poètes qui s'en emparent avec ferveur dans la plus vivante des anthologies. Dix ans plus tard, il donne suite à cette première expérience avec La Nuit de la poésie 28 mars 1980 (coréal. J.-P. Masse), puis reprend ce concept onze ans plus tard en tournant La Nuit de la poésie 15 mars 1991 (coréal. J.-P. Masse). S'il s'écarte une seule fois de ses sources privilégiées d'inspiration, c'est pour la réalisation d'un film expérimental, Essai à la mille (1970, cm), d'après une œuvre de musique concrète du compositeur français Pierre Henry. Avec ses images brûlantes et hallucinées sur un texte incantatoire (l'Apocalypse de Jean), le film remporte un Canadian Film Award. Réalisateur-coordonnateur du film officiel des Jeux olympiques de Montréal, Labrecque organise un traitement qui privilégie l'être humain avant la performance sportive. Jeux de la XXIe Olympiade (coréal. Jean Beaudin, Marcel Carrière et Georges Dufaux, 1977) est un film « à hauteur d'homme ». Avec ses deux films sur Paul Provencher (Le Dernier des coureurs des bois et Les Montagnais, 1979, mm), il revient au portrait intimiste qu'il a déjà pratiqué avec son film sur Félix Leclerc (La Vie, coréal. Jean-Louis Frund, 1968, mm) Mais Labrecque atteint un sommet dans ce genre avec Marie Uguay (1982, mm), documentaire sur une jeune poète talentueuse dont le témoignage est d'autant plus émouvant qu'il est livré au seuil de la mort (elle entrera à l'hôpital dès la troisième journée du tournage pour y mourir d'un cancer à vingt-six ans.) Curriculum vitae Mis à jour la 14 avril 2011 JEAN-CLAUDE LABRECQUE Chef opérateur de tous ses documentaires, Labrecque est coscénariste de toutes ses fictions. Il s'y aventure pour la première fois avec Les Smattes (1972) qui, inspiré d'un fait divers authentique, raconte le drame provoqué par la fermeture, décrétée par les fonctionnaires du BAEQ, d'un village gaspésien. Mais c'est avec Les Vautours (1975) que le réalisateur trouve un style qui lui est propre pour raconter une histoire plus proche de lui. Dans la ville de Québec, vers la fin des années 50, des tantes (Carmen Tremblay, Monique Mercure et Amulette Garneau) dépouillent leur neveu Louis Pelletier (Gilbert Sicotte), du maigre héritage que sa mère lui a laissé. Transcendant l'anecdote autobiographique, un indéniable sens du comique, la découverte d'un comédien (c'est le premier rôle important de Sicotte au cinéma), la description d'une jeunesse impatiente de vivre, l'atmosphère étouffante d'une société en voie d'extinction, le ton juste et l'écriture personnelle font des Vautours un des meilleurs films de Labrecque. L'Affaire Coffin (1979), avec August Schellenberg, s'inspire de Jacques Hébert pour lever le voile sur une erreur judiciaire commise par le pouvoir duplessiste. Labrecque reprend ensuite son personnage des Vautours, Louis Pelletier, qu'il installe à Montréal avec sa femme (Anne-Marie Provencher). Commençant par un mariage et se terminant aux jours sombres d'Octobre 1970, Les Années de rêves (1984) est le constat doux-amer des espoirs trahis d'une génération. Film de commande, Le Frère André (1987) n'est pas, comme on aurait pu le craindre, l'hagiographie d'un personnage falot, mais un film sobre et émouvant interprété par Marc Legault et Sylvie Ferlatte. En 1989, Labrecque réalise Bonjour Monsieur Gauguin, un téléfilm souriant et fantaisiste sur un scénario de Jacques Savoie. Il signe ensuite L'Histoire des Trois (1989), documentaire sur trois étudiants qui, en 1958, ont assiégé pendant trois mois le bureau du premier ministre Maurice Duplessis dans le but d'obtenir l'instruction gratuite. Au fil des années, Labrecque n'abandonne pas pour autant la direction de la photographie. C'est à ce titre qu'on le retrouve notamment au générique de documentaires de Michel Moreau (Le Million tout-puissant, 1985; Les Trois Montréal de Michel Tremblay, 1989 (mm), et Une enfance à Natashquan, sur Gilles Vigneault, 1992) et de Fernand Dansereau (De l'autre côté de la lune, 1993), du premier film d'Anne Ardouin (Une rivière imaginaire, 1993 (mm)), du court métrage d'une élève de l'INIS (Léa, de Nathalie Théocharides, 1998), de documentaires de Lucie Lachapelle (Femmes de Dieu et Ouvrières de Dieu, 1999) et de Bernard Émond (Le Temps et le Lieu, 2000). Pour la télévision française, il tourne les quinze demi-heures de la série sur la préhistoire Le Roman de l'homme, d'après Marcel Jullian, dont il réalise deux épisodes (1997). Ce n'est pas sa première rencontre avec la télévision pour laquelle il a déjà réalisé deux séries dramatiques: Le Sorcier (onze épisodes d'une heure d'après le roman de Francine Ouellette, 1994) et Parents malgré tout (quatre épisodes d'une heure sur le thème de l'adoption internationale, 1995). Dans les années 90, il réalise trois documentaires percutants: 67 bis, boulevard Lannes, (1990, mm) sur la rencontre déterminante entre Claude Léveillée et Édith Piaf à Paris, à la fin des années 50, André Mathieu, musicien (1993) sur la tragédie d'un enfant prodige qui n'a pas su vieillir, et L'Aventure des Compagnons de saint Laurent (1995) sur la naissance du théâtre au Québec. En 1996, il réalise pour la télévision le documentaire Musée des arts et traditions populaires de Trois-Rivières (cm) et en 1997 il réalise pour le Musée de la civilisation à Québec Nos récits de voyage (cm) avec le conteur Michel Faubert. Il coréalise en 1998 avec André Gladu Portager le rêve (cm), une conversation avec Gilles Vigneault. En 1999, il tourne Anticosti au temps des Menier, un film qui relate la colonisation, au tournant du siècle, de l'Île d'Anticosti par le richissime chocolatier français Henri Menier et son homme de confiance Martin-Zédé, interprété par Jean-Luc Bideau. Curriculum vitae Mis à jour la 14 avril 2011 JEAN-CLAUDE LABRECQUE 2 En 2000, il retrouve Bernard Émond dont il tourne, comme directeur de photo, le premier long métrage de fiction La Femme qui boit. Il tourne également le premier long métrage de fiction de Catherine Martin Mariages. En 2001, il réalise un long métrage documentaire sur l'aventure du RIN (le Rassemblement pour l'indépendance nationale, le premier parti politique indépendantiste québécois, 1960-1968) avec Pierre Bourgault, André d'Allemagne et Andrée Ferretti. En 2002, il termine Un théâtre dans la cité, un documentaire dans la mouvance du cinquantième anniversaire du Théâtre du Nouveau Monde. En 2003, il tourne et réalise le film À hauteur d’homme où il suit le premier ministre Landry pendant les trois mois de la campagne électorale. Le documentaire dresse un portrait saisissant des relations difficiles entre Bernard Landry et les journalistes affectés à la couverture électorale. En 2004, il scénarise avec Robert Tremblay et réalise Le Grand Dérangement de Saint-Paulin Dalibaire. Son plus récent documentaire propose un regard humain sur le phénomène de la dépossession. Trente ans après avoir tourné Les Smattes, la déchirure est toujours visible. Une histoire portée par les anciens résidents qui ont vécu la fermeture de ce petit village gaspésien. L’année suivante, toujours avec Robert Tremblay, il termine le long métrage documentaire Le Chemin d’eau de la Basse-Côte-Nord et signe la direction de la photographie du second long métrage de Bernard Émond, La Neuvaine. Il a également occupé, de 1976 à 1978, la présidence de la Cinémathèque québécoise, organisme auquel il consacre un assemblage de rushes, Les Amis de la Cinémathèque, montré à l'occasion du 25ème anniversaire de l'institution. Il a aussi été président des Rendez-vous du cinéma québécois en 1991. Jean-Claude Labrecque est récipiendaire du prix Albert-Tessier (1992) et du prix Jutra-Hommage (2008). Curriculum vitae Mis à jour la 14 avril 2011 JEAN-CLAUDE LABRECQUE 3