« Haute Couture, Haute Cuisine, même combat ? » Conférence à l

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« Haute Couture, Haute Cuisine, même combat ? » Conférence à l
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« Haute Couture, Haute Cuisine, même combat ? »
Conférence à l’Institut Français de la Mode
Par Jeannette - le 21 novembre 2011.
A l’heure de l’engouement pour la Food, l’Institut Français de la Mode choisit
comme thématique de ses conférences publiques « Haute Couture, Haute
Cuisine, même combat ? ». Aux commandes, Caroline Champion,
philosophe et exploratrice des saveurs, présente une réflexion en écho a
son ouvrage consacré à la notion d’art culinaire, au nom bien pensé de : «
Hors d’œuvre ». Enjeux philosophiques et économiques seront ici abordés,
démonstration sera faite du rapprochement entre cuisine et art sur les pas
de la haute couture. Starification des chefs qui sortent de l’ombre de leur
fourneaux et s’érigent en créateurs, plats signés, marques et logos apposés,
et surtout médiatisation en hausse et phénomènes de mode.
Il est vrai que depuis quelques temps publications, émissions, festivals et
salons gastro se multiplient et ce pour tous les publics et niveaux de gamme:
« Masters chef » et autre « Diner presque parfait » sur le petit écran , « Paris
des chefs » organisés par Maison et Objet, ou encore dernièrement
l’ouvrage en six volumes « Modernist Cuisine » de Nathan Myhrvold, Chris
Young, Maxime Bilet véritable bible de 2438 pages en sont quelques
exemples. Pour sûr, la gastronomie emprunte à la dynamique du spectacle
et entre dans le phénomène de rotation rapide lié à la méthodologie de la
post modernité : être nouveau et non plus être moderne (c’est-à-dire que
créer devient la négation de ce qui précède) et ce depuis l’apparition de la «
nouvelle cuisine ».
Car la nouvelle cuisine a révolutionné la gastronomie. En dépoussiérant les
classiques, en allégeant les calories, en mettant en avant l’innovation
technique, en surprenant les cinq sens, en confiant une expérience
émotionnelle au gastronome, elle a su s’adapter aux nouveaux modes de vie
et nous faire porter un nouveau regard sur l’acte de manger. C’est ainsi que
par sa médiatisation, sa recherche de nouveauté, elle a glissé vers l’effet de
mode (les sphères, le Yuzu, le thé matcha en sont autant d’exemples
éphémères…).
Mais l’attrait pour la nouveauté, est il vraiment le seul moteur d’engouement
du consommateur pour la Food ?
On pourrait le croire. Aujourd’hui, le dernier chic de la fashionista parisienne
c’est de déguster ou d’offrir un petit chou de chez Poppelini, mais cela fait
suite à l’engouement pour les macarons Pierre Hermé, ou les cupcakes de
chez Berko, et on entend déjà parler des cheese-cakes de She’s cake …..
Oui, la Food est à la mode mais attention à l’indigestion. Car contrairement à
la mode, la Food ne peut s’inscrire dans le même rapport au temps. L’acte
de manger n’est pas anodin, ingérer est un acte fortement impliquant. On
aura plus de difficulté à avaler un bifteck bleu turquoise parce que c’est le
dernier cri que d’enfiler des collants jaune moutarde…
Les leviers de ce nouvel attrait du consommateur pour l’alimentation ne sont
certainement pas à chercher uniquement du coté effervescent et mode. Il
faut sans doute regarder plus loin.
En période de crise, il est plus facile de s’offrir un vernis à ongle qu’une robe
couture, tout comme il est plus abordable de toucher au luxe en dégustant
une petite bouchée sucrée ravissante, de s’offrir un repas gastronomique
qu’un week-end newyorkais… La logique d’économie joue ici un rôle
déterminant.
De même en période mouvementée et incertaine, impalpable et
désincarnée, peut-on prendre le temps de regarder du coté du besoin de
réassurance, du « être ensemble », de la recherche de liens, de convivialité
dont le repas est une formidable expression.
Enfin, et justement paradoxalement à un air du temps hyper accéléré, se
nourrir c’est respecter un tempo immuable. Temps de préparation, de
dégustation, de digestion. Rythme des saisons, temps de repos, de
macération, de décantation, d’infusion…
La gastronomie française est désormais inscrite au patrimoine de l’humanité.
On lui souhaite longue vie et surtout de ne pas se laisser étourdir par le
tourbillon de la nouveauté. Car le repas français est une valse à cinq temps,
convivial, ancestral et qui prend son temps.
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