La croisée des chemins

Transcription

La croisée des chemins
n UN PAYS, DES UNIVERS
Le Roc branlant et Chapelet du diable à Saint Estèphe
La croisée des chemins
Where paths meet,
Perigord-Limousin
Regional natural park
LE PÉRIGORD-LIMOUSIN
Parc Naturel Régional
Brantôme
Périgueux
Bergerac
Sarlat
Le département de la Dordogne
est un des plus vastes de
France. Et c’est au Nord, à cheval sur le bassin sédimentaire
aquitain et le socle cristallin du
Massif Central que la rencontre
entre la géographie et l’histoire
est la plus éclatante.
Au carrefour de la Charente, du
Limousin et du Périgord, faisant
fi des découpages administraMaison du Parc Naturel Régional Périgord-Limousin
tifs, Nontron, chef-lieu d’arrondissement, fut avant la révolution à la fois rattachée à l’intendant de
Guyenne et au diocèse de Limoges. Unissant à nouveau le nord du département au sud de la Haute-Vienne, le « Parc naturel régional PérigordLimousin », créé en 1998, met en valeur la richesse et la diversité de ce
pays qu’on nomme le Périgord vert.
A Busserolles, Saint-Estèphe ou Saint-Saud-Lacoussière des étangs ont été
aménagés en espace de détente ; non loin de là, à Miallet, une digue fut
construite pour alimenter, grâce à un réservoir artificiel, la Dronne en cas de
sécheresse.
A Teyjat, dès les temps préhistoriques, les chasseurs-cueilleurs de la fin du
paléolithique nous ont laissé des gravures remarquables ; l’espace muséographique de la grotte retrace la vie de ceux qu’on nomma les Magdaléniens.
Cette terre témoigne partout du mélange : l’église romane de Bussière-Badil,
enrichie entre le XIIe et le XVe siècle, est marquée par l’influence limousine.
La chapelle Saint-Robert présente, quant à elle, une façade Saintongeaise du
XIIe siècle.
Jardin des arts à Nontron
L’empreinte des luttes pour le pouvoir dans
ce pays reste visible ; la tour impressionnante de Piégut est le vestige d’une place
forte assiégée par Richard Cœur de Lion.
Le château de Jumilhac, datant de la fin du
gothique, est encore une trace de la croisée
des chemins qu’est le Nontronnais.
Quant au château de Mareuil datant du
XVe siècle, il fut le siège d’une des quatre
baronnies du Périgord.
A Varaignes, vous trouverez les origines de
la pantoufle charentaise et pourrez visiter
l’atelier-musée des tisserands.
Les nombreuses forges attestent que dès
le XVIe siècle cette région industrieuse fut
l’un des premiers centres sidérurgiques du
royaume de France.
Le Couteau de Nontron, au manche de buis
gravé, est un des joyaux de l’habileté
minutieuse des artisans du PérigordLimousin et sa réputation dépasse largement
les frontières du département.
La ville-capitale, Nontron, est dominée par
un château à flanc de colline ; elle offre
aux promeneurs le Jardin des arts,
enchanteur et même insolite.
Fidèle à son passé industriel et artisanal, la
ville abrite depuis 2001 le pôle des métiers
d’art, sorte de conservatoire destiné à protéger et à transmettre cette tradition
ancestrale du savoir-faire.
8 : ■ Périgord découverte 2009
Dordogne is one of France's vastest departments.
The north, where the Aquitaine sedimentary basin
and the Massif central's crystalline basement
converge, is where the geography and history are
the most bedazzling. Nontron, the local arrondissement's chief town, stands where Charente,
Limousin and Périgord meet. But its knack for
overstepping administrative boundaries is not
new: before the Revolution, it was at once under
the rule of the Intendant of Guyenne and of the
Diocese of Limoges. The Parc Naturel Régional
Périgord-Limousin was founded in 1998. It spans
the north of Dordogne and the south of neighbouring Haute-Vienne, and showcases the full breadth
and wealth that the land we call Périgord Vert
(Green Périgord) conceals.
The lakes in Busserolles, Saint-Estèphe and Saint-SaudLacoussière feature a number of leisure attractions. Not
far from there, the dam in Miallet was built to contain
a lake that feeds the Dronne whenever a drought
comes around.
Upper-Palaeolithic hunter-gatherers have left us
remarkable engravings in Teyjat, and the nearby
museum showcases daily life in Magdalenian days.
Everything about this land is a statement about cross-
fertilisation : the roman church in Bussière-Badil was
enhanced in the 12th and 15th centuries and bears the
hallmarks of Limousin influence. Saint-Robert chapel,
for its part, features a 12th-century Saintonge-style
façade.
Château Les Bernardières
You can still see the signs of the struggles for power
that tore this land apart: the imposing tower in Piégut is
practically all there is left of a fort that Richard the
Lionheart besieged. Jumilhac, a late-gothic château,
still bears the hallmarks of the Nontron region's crossfertilisation. The 15th-century château in Mareuil, on its
part, was the seat of one of Périgord's four baronies.
Varaignes is where Charentes' distinctive pantoufles
(slippers) come from, and home to the Atelier-Musée
des Tisserands (weavers' museum and workshop).
The many forges sprinkled around this area show
that it was one of the Kingdom of France's foremost
ironworking centres as early as the 16th century.
The Couteau de Nontron, the knives with engraved
boxwood handles you see here, encapsulate the fine
skills of Périgord and Limousin craftsmen, and have
earned them an outstanding reputation far beyond this
region's borders.
The capital, Nontron, is nestled under a hillside château.
The Jardin des Arts, an amazing and original garden,
is one of that city's highlights.
This city's craft and manufacturing heritage prompted
authorities to build the Pôle des Métiers d’Art, an
institute charged with protecting and transmitting its
ancestral skills, in 2001.
Périgord découverte 2009
Château de Jumilhac
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n UN PAYS, DES UNIVERS
Pont sur la Dronne dans le village de Bourdeilles
Au Pays des Gentilshommes
In the land of Gentlemen,
Val de Dronne
Les Dames Galantes
VAL DE DRONNE
Les Dames Galantes
Brantôme
Périgueux
Bergerac
Sarlat
10 : ■ Périgord découverte 2009
Dans la vallée qui s’étend entre
la Dronne et son affluent la
Côle, la douceur de vivre semble enfin avoir pris le pas sur
les guerres, les batailles et les
larmes. Dans cet Eden
retrouvé, les seigneurs belliqueux de jadis se sont métamorphosés en gentilshommes
amoureux des belles choses,
des arts et du raffinement. Les
Brantôme - Abbaye et clocher
châteaux ont des airs de
Chambord ou d’Amboise. Le calme apaisant de l’eau omniprésente incite
à la nonchalance, à la rêverie, à la poésie et à l’amour. Désormais, pour
les seigneurs et pour les autres, l’atmosphère sera plus libertine que
militaire et les conquêtes seront le plus souvent féminines.
Quand la Dronne et la Côle se sont retrouvées, comme un couple d’amoureux
séparés et transis, il suffit de quelques coups de rames dans le sens du courant
pour rejoindre Brantôme, la Venise du Périgord. Propice aux escapades romantiques, tout y est : le pont coudé pour méditer devant le jardin des moines,
l’abbaye et son clocher pour songer au Ciel.
Sous le nom de plume de Brantôme, transparent comme l’eau qui enlace
tendrement la ville dont il était l’abbé, c'est-à-dire le seigneur et l’homme du
pouvoir, Pierre de Bourdeilles, espion de la régente, fut l’auteur du premier
ouvrage libertin de la littérature française : « Les Dames galantes ». Bien que
sulfureux, interdit et condamné par l’église, ce doux brûlot n’en a pas moins
traversé les siècles ; gage de l’intérêt durable qu’il a suscité.
A quelques minutes de cheval, le château de Bourdeilles abrite, malgré son
donjon octogonal et martial, un logis délicat datant de la Renaissance et une
collection de meubles remarquables.
Saint-Jean-de-Côle
En amont de la Côle, se trouve un des
villages les plus envoûtants du Périgord :
Saint-Jean-de-Côle. A la fois médiévale
et Renaissance, comme pour signifier
l’avènement de la paix et une sorte de
réconciliation, l’église Saint-JeanBaptiste, joliment et modestement ornée,
côtoie le château de la famille La
Marthonie. Un peu plus tard, Mondot de
La Marthonie fit construire à Villars le
fastueux château de Puyguilhem comparable par son style et sa vocation pacifique
aux châteaux de la Loire.
Au passage, ne manquez pas la grotte à
concrétions de Villars, d’autant plus spectaculaire qu’elle fut ornée de peintures
colorées par les Hommes préhistoriques.
Avant d’aller vous détendre ou vous étendre au bord de l’étang de La Jemaye, au
cœur de la forêt de la Double, n’oubliez
pas de faire vos provisions sur le marché
du vendredi à Ribérac, la ville-carrefour de
la Charente et du Périgord.
Pour finir, allez à Vendoire ou GrandBrassac. Les églises à coupoles du
Ribéracois achèveront d’inscrire à jamais
dans vos mémoires cet inoubliable vagabondage au pays des gentilshommes, la
paix retrouvée.
The gentle pace of life here may suggest otherwise,
but the valley sprawling from the Dronne to the
Côle, one of its tributaries, has been the theatre of
many a battle and untold angst. The erstwhile cantankerous warlords, however, have reformed and
refined, and this land has become one of gentry
fond of beauty and art. The châteaux here mirror
those in Chambord and Amboise. The soothing
water will lull you into that realm of nonchalant
musing whence odes to life and love spring. The
gentry and folk have moved on: they can revel in
libertine reverie instead of the martial mood that
reigned in days gone by. They are conquering no
longer: they are captivating.
The Dronne and Côle meet as bashful lovers reunite
only a stone’s throw upstream from Brantôme, the
Venise du Périgord. This town’s bending bridge overlooking the monastery gardens, and the abbey and
steeple auguring heaven’s bliss make it perfect for a
romantic break.
Under the nom de plume of Brantôme, as transparent
as the water that tenderly winds round the town of
which he served as Abbott, Pierre de Bourdeilles, the
Château de puyghilem
Eglise du ribéracois - Festalemps
regent's spy, was the author of the first libertine publication in French literature : "Les Dames galantes"
(The Courtesans). Although considered heretical and
forbidden and condemned by the church, this gentle
attack has nevertheless survived the centuries, a
reflection of the enduring interest it holds.
Château de Bourdeilles is a short horseback ride
away. The bellicose octagonal keep is a bit of a
misfit : this fine Renaissance home’s real hallmark
is its remarkable furniture.
Back up the Côle, you will find one of Perigord’s most
breathtaking villages : Saint-Jean de Côle. The Middle
Ages and the Renaissance intertwine in Saint-Jean
Baptiste, its tastefully and modestly decorated church
(and a statement about peace and reconciliation in
itself). The comely château next door belonged to the
La Marthonie family. Mondot de La Marthonie later
built Puyguilhem, a sumptuous château in Villars. Its
style and peaceful purpose rank it on a par with the
Loire valley châteaux.
Don’t miss the nearby concretion limestone cave.
Nature’s work there is astounding by itself. But the
colourful prehistoric paintings make it one attraction
you won’t want to miss.
Before you go for a stroll or a stretch by La Jemaye, a
lake nestled in La Double forest, remember to stock up
at the Friday market in Ribérac, the city where
Charente and Périgord meet.
The perfect way to end your stay would be a trip to
Vendoire or Grand-Brassac. The churches and quintessential Ribérac-style domes there will round off a journey
through this gentle, peaceful and soothing land you
will remember for years to come.
Périgord découverte 2009
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n UN PAYS, DES UNIVERS
Château et village de Hautefort
Les ressources de l’eau vive
Living Waters,
The Isle and the Auvezere
A human hand
ISLE ET AUVÉZÈRE
La main de l’Homme
Brantôme
Périgueux
Bergerac
Sarlat
L’Auvézère est la sœur jumelle de
l’Isle qu’elle rejoint à quelques
kilomètres de Périgueux. Née à la
frontière de la Corrèze, non loin de
Pompadour, elle est une des voies
qui mènent au cœur du Périgord.
Un chemin parallèle, presque buissonnier. Elle a favorisé l’épanouissement des industries naissantes
et la métamorphose progressive et
harmonieuse de la vie quotidienne.
Papeterie sur l’Auvézère - Vaux
Si le Périgord est principalement
connu pour ses trésors préhistoriques, la vallée de l’Auvézère est en quelque sorte sa face cachée. Elle témoigne de l’éternelle et farouche volonté
des Hommes de tirer parti des ressources de leur environnement ; de
l’énergie hydraulique naissante au travail du métal, de l’agriculture à l’élevage, ils furent dans ce pays les dignes héritiers de ceux qui les avaient
précédés.
Avant que l’on exploite la houille, puis la vapeur au milieu du XIXe siècle, c’est
l’eau qui permit le progrès technique et l’industrie rurale. Bien que transformée au fil des siècles, c’est en 1521 que fut construite la forge et le haut-fourneau de Savignac-Lédrier ; le sentier de la forge, avec la cantine, le bocard et
bien sûr le château du maître de forge vous feront revivre l’aube des Hommes
du fer.
Plus modestement, le pays d’Ans, offre un aspect bucolique. A Badefols ou
Saint-Eulalie d’Ans, les petits murets, les cabanes de bergers qu’on nomme
« bories » bordent les chemins de randonnée. C’est à ces constructions de
pierres calcaires que ce pays doit le nom de Périgord blanc.
12 :
■
Périgord découverte 2009
Borie
Entouré de jardins à la française et dominant les environs, trône l’imposant château
de Hautefort dont le troubadour Bertran de
Born, né en 1140, fut le seigneur. Bien que
poète autodidacte, il fit la guerre contre
tous ses voisins et même contre son frère
Constantin avant d’être le chantre de
l’amour courtois, attaché notamment au
service de Richard Cœur de Lion. Plus
insolite encore, l’ancien hospice du château
est devenu l’unique musée d’Aquitaine
consacré à l’histoire de la médecine.
En suivant la Loue, confluent de l’Auvézère,
rejoignez Lanouaille où l’on célèbre le fruit
défendu à la Maison de la pomme d’or ; à
proximité, le plan d’eau de Rouffiac propose
des jeux aquatiques dont le plus surprenant, dans ce pays de la terre, est le
téléski nautique.
A Excideuil, depuis les remparts du XIe siècle, vous aurez pris plaisir à contempler les
panoramas de la vallée avant de flâner, guidés par les pavés, dans ce village riche de
belles maisons Renaissance.
Plus au nord, à Thiviers, vous trouverez sur
les marchés traditionnels de voluptueuses
volailles. Sur la route de Périgueux, avant
de rejoindre l’Isle, faites une pause à
l’Ecomusée de la truffe de Sorges et découvrez les mille manières d’accommoder le
diamant noir qui, sans la main du cuisinier,
ne serait resté qu’un champignon rare.
The Auvézère and her twin sister the Isle meet a few
miles from Perigueux. The Auvézère comes from the
Corrèze border, not far from Pompadour, and will
lead you deep into Perigord’s soul. It has an unmistakable back-street and elfin feel about it. It helped
budding industry thrive, and led daily life through
gradual and gentle changes. Périgord’s prehistoric
attractions possibly overshadow other treasures.
The Auvézère is its best-kept secret. It is a statement about humankind’s dogged determination to
harness the environment’s resources. The men and
women who have worked to harness hydraulic
power, work metal, farm the land and breed livestock are the worthy heirs of the ones who went
before them.
Before the 19th century brought steam – and indeed
even before coal – technical progress and rural
industries hinged on water.
The blast furnace and forge in Savignac-Lédrier have
changed a lot since they were built in 1521. The sentier de la forge (forge trail) will take you around the
canteen, melting mill, and of course the iron master’s
château – and back in the steps of the men who saw
the iron age dawn.
Nearby Ans is more modest and bucolic. Countless
quaint low walls and bories (shepherds' huts) skirt the
hiking trails through Badefols and Saint-Eulalie d’Ans.
Marché de Thiviers
Moulin sur L’Auvézère au Change
As an aside, the white limestone here gave Périgord
Blanc (White Périgord) its name.
The imposing castle nestled in formal gardens and
towering over the surroundings is Château de
Hautefort. Bertran, a troubadour born in 1140, was its
lord and master. This self-taught poet perchance
incongruously waged war on all his neighbours (his
brother Constantin included) before becoming the bard
who sang of courtly love – in the service of Richard the
Lionheart, inter alia. But the highlight here is no doubt
the château hospice, which now houses the only
museum of medical history in Aquitaine.
Further along the Loue, another one of the Auvézère
river’s tributaries, you will find Lanouaille and its Maison
de la Pomme d’Or, a tribute to the forbidden fruit.
Rouffiac, a nearby lake, features a choice of water
attractions – including an amazing water-ski tow.
Excideuil’s 9th century ramparts look out onto splendid
views across the valley and conceal cobblestone alleys
flanked by handsome renaissance homes providing
the perfect backdrop for a stuff-dreams-are-made-of
leisurely stroll.
If you head north, don’t miss Thiviers’s traditional
market and its voluptuous poultry. Before you reach
the Isle on the road up to Périgueux, remember to
stop at the Ecomusée de la Truffe (Truffle
Ecomuseum) in Sorges. You will find out about the
countless ways of preparing these black gems
which – failing a cook’s able hand – would be
nothing more than rare mushrooms.
Périgord découverte 2009
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n UN PAYS, DES UNIVERS
Périgueux : coupoles de la Cathédrale St-Front et maisons médiévales
De capitale en capitale
VALLÉE DE L’ISLE
Nos ancêtres, les Gallo-Romains
Brantôme
Périgueux
Bergerac
Sarlat
Cathédrale Saint-Front - Périgueux
La ville de Périgueux, capitale du Périgord,
remonte à la plus haute antiquité ; elle n'a pas
traversé les âges, ce sont les époques qui l'ont
traversée. Des Gallo-Romains aux bourgeois
du Puy-Saint-Front, la « vieille ville » de
Périgueux est une cité de la trace, du mélange
et de la mémoire. Autour de la cathédrale SaintFront, mi-byzantine, mi-romane, restaurée par
l’architecte Abadie qui s’en inspira largement
lorsqu’on lui confia la conception du SacréCœur de Paris, on découvre à chaque pas des
maisons du Moyen Âge ou bien les portes
ornées des hôtels particuliers qui abritent de
somptueux escaliers, parfois tortueux mais
splendides, propres à la Renaissance.
Depuis toujours, l'Homme a su que pour vivre et communiquer, il fallait un
cours d'eau à proximité. A Périgueux coule une rivière et c'est aux abords
de l'Isle que s'est construite la ville qui, comme Rome, est entourée de sept
collines.
Si, 16 ans avant Jésus-Christ, la tribu gauloise des Pétrocore a élu domicile au
bas de la ville, elle fut vite rejointe par les Romains qui fondèrent Vesunna. Ce
village devint une cité dominée par la tour de Vésone du haut de laquelle
20 siècles nous contemplent. Ce qui aujourd'hui est le quartier Gallo-Romain
abrite depuis peu le musée Vesunna où l'on peut contempler les vestiges
d'une grande demeure de l'époque et imaginer le mode de vie de nos ancêtres les Gallo-Romains. Il fut conçu par Jean Nouvel à qui l'on doit également
l'Institut du monde arabe et plus récemment le Musée des arts premiers du
Quai Branly, tous deux à Paris.
14 : ■ Périgord découverte 2009
L'Isle est naturellement devenue la voie
d'accès menant à Bordeaux et à l'Océan
Atlantique, ce qui permettait de transporter
les matières premières ou le produit des
manufactures qui se sont développées le
long de cette vallée.
Si, d'aventure, vous suivez le cours de
l’eau, vous découvrirez en aval, tout
d'abord Saint-Astier qui possède une
église romane, rebâtie autour d'une
ancienne crypte et quelques maisons à
colombages sauvegardées ; puis à
Neuvic-sur-l'Isle, vous pourrez visiter un
des mille châteaux du département où se
mêlent le moyen-âge et les premiers
signes de la Renaissance en Périgord ; un
jardin botanique présente des centaines
d’espèces et de variétés de plantes
témoignant de la rencontre éternelle de
l’Homme avec la nature.
A Mussidan, le Musée des arts et traditions
populaires restitue fidèlement l'habitat
traditionnel de la région. Avant Montpon,
point de départ du « chemin des orgues »,
vous pourrez commencer une balade en
gabarre - longue barque rudimentaire
servant au transport des marchandises –
au Moulin de Duellas de Saint-Martiald'Artenset.
Sur le chemin du retour à Périgueux, en
empruntant la RD3 plutôt que les axes
habituels, vous longerez la forêt de la
Double qui abrite la ferme préservée du
Parcot, où vous imaginerez la vie quotidienne des paysans. A l’approche de
Périgueux, allez donc admirer l'Abbaye
de Chancelade.
Une fois revenu dans la capitale du
Périgord, non loin de l’église de la cité, le
musée du trompe-l’œil, unique en
Europe, vous montrera à quel point il faut
se méfier des apparences.
Pour la bonne bouche et le dessert, dirigez vous 20 km au sud, à Vergt, pays de
la fraise, Gariguettes et autres Mara des
bois.
From capital to capital,
The isle valley
Our ancestors, the Gallo-Romans
Périgueux, Périgord's capital, dates back to the dawn
of antiquity. Time stands still there, but history has left
its marks. The old part of Périgueux is brimming with
vestiges from the Gallo-Romans days all the way up to
the Puy-Saint-Front bourgeoisie. It is also teeming with
signs of cross-fertilisation and memories. Saint-Front
Cathedral is half Byzantine and half Roman. It was
restored by Paul Abadie, an architect, and indeed gave
him a number of ideas he used when he designed
Sacré-C?ur in Paris. Around it, you will find countless
medieval homes, and ornate townhouse doors concealing
often tortuous but nonetheless splendid staircases
dating back to – and encapsulating the spirit of – the
Renaissance.
People have always settled near waterways. Périgueux
sprang up on the banks of the River Isle and is nestled
among seven hills (not unlike Rome).
The Petrocorii tribe settled in the lower part of town back in
Gallic days (whence the name Pétrocoriens, which means
"inhabitants of Périgueux", derives). The Romans then joined
them and founded Vesunna. Its Vésone Tower looks out onto
20 centuries of history. That part of town is the Quartier
Saint-Astier
Etang dans la Double
Gallo-Romain today. The Vesunna museum featuring the vestiges of a Gallo-Roman home and providing insights into daily
life in that period, opened there recently. It was designed by
Jean Nouvel – who also designed the Institut du Monde
Arabe and, more recently, the Quai Branly Musée des Arts
Premiers, two Parisian milestones.
The River Isle naturally provided the link between Bordeaux
and the Atlantic Ocean, for the raw materials and finished
goods from around the valley.
Downstream, you will find Saint-Astier, a village with a
Romanesque church rebuilt around an old crypt, and a
handful or preserved half-timbered houses. Further on, you
will find Neuvic-sur-l'Isle, one of the department's thousand
châteaux blending Périgord's medieval and early-renaissance
style, and a botanical garden featuring hundreds of plant
varieties.
The Musée des Arts et Traditions Populaires in Mussidan
provides a faithful reconstruction of this region's typical
homes. Before you get to Montpon, where the Chemin des
Orgues (Organ Trail) begins, you can stop at the Moulin de
Duellas in Saint-Martial-d'Artenset for a ride in a gabare – a
long rudimentary cargo vessel.
If you take Departmental Route 3 – rather than the fast
track – back to Périgueux, you will skirt La Double forest.
There, you will find a sheltered farm, Parcot, and a firsthand
glimpse at a peasant family's daily life. And don't miss the
Abbaye de Chancelade just outside town.
Back in Périgord's capital, not far from the city church,
you will find Europe's only Musée du Trompel’œil – and proof that appearances are deceptive.
And, if you enjoy dessert treats, drive 20 km south to
Vergt, the land of strawberries, for a taste of the
gariguette and mara des bois varieties.
Périgord découverte 2009
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n UN PAYS, DES UNIVERS
Village troglodytique de la Madeleine à Tursac - la chapelle
La vallée de l'Homme
VALLÉE DE LA VÉZÈRE
Le pays de l’âme
Brantôme
Périgueux
Bergerac
Sarlat
16 : ■ Périgord découverte 2009
La vallée de la Vézère est un lieu
magique. C'est sans doute pour ça
que l'instinct de l'Homme l'a fait s'y
installer il y a 400 000 ans et y
demeurer jusqu'à aujourd'hui.
Autour de cette rivière capricieuse,
parfois tumultueuse, qui serpente
entre de gigantesques falaises, se
trouvent réunis les plus illustres et
La Roque Saint-Christophe à Peyzac-Le-Moustier
les plus impressionnants sites préhistoriques. Cette vallée, inscrite au patrimoine mondial de l'Humanité
par l'UNESCO pour les trésors artistiques qu'elle abrite mérite un séjour
prolongé.
Située sur la commune de Montignac et découverte par hasard en 1940, par
quatre bambins (grâce à leur chien Robot), la majestueuse grotte ornée de
Lascaux. L'abbé Breuil, un des pionniers de cette science nouvelle consacrée à
l'étude des origines de l'Homme, la baptisa, si l'on peut dire, “ La chapelle
Sixtine de la préhistoire “ tant il fut ébloui par les fresques et l’harmonie du lieu.
Si la grotte originale, par souci de préserver ce trésor de l'art pariétal, n'est plus
ouverte au public, une réplique fidèle (fac- similé) fut réalisée dans les années
80 et permet au visiteur de s'émouvoir à son tour du talent de nos lointains et si
proches aïeux.
Au fil de la Vézère, dans la commune des Eyzies, 400 millénaires d’histoire
humaine sont retracés au Musée national de préhistoire. Encastré dans la falaise,
il permet de découvrir l'une des plus complètes collections d'objets préhistoriques, datant principalement du paléolithique. Poursuivez vos pas jusqu’à l'abri
Pataud. Sur l’autre rive, comme des archéologues émerveillés, découvrez les
gisements de Laugerie-Basse, Laugerie-Haute et l’Abri du poisson. Dissimulé
dans la pierre, le Grand-Roc est une grotte où le temps a donné ses cristallisations les plus magiques : stalactites, stalagmites, aragonites, fistuleuses…
Dans le village, pénétrez dans les grottes de Combarelles ou de Font-de-Gaume puis,
en vagabondant au milieu des forêts de
châtaigniers et de chênes verts, vous
dénicherez l’Abri de Cap-Blanc orné de
bas-reliefs représentant des chevaux.
Dans cette vallée où l'Homme, depuis qu'il l'a
découverte, n'a cessé d'élire domicile, cette
vallée où le temps n'existe plus, on peut
s'attarder par exemple dans le village du
Moustier (monastère en langue occitane) où
trône le fort troglodytique de la RoqueSaint-Christophe protégé par une falaise.
A Tursac, l'abri de la Madeleine qui donna
son nom à la période magdalénienne est
surmonté de vestiges fascinants d’un village
médiéval.
A Sergeac, les abris de Castel-Merle valent
encore un détour, tout comme la grotte des
cents mammouths de Rouffignac.
Les parcs à thèmes du Roc de Cazelle des
Eyzies, du Thot à Thonac ou le Préhisto-parc
de Tursac proposent une approche plus ludique de cette période.
A Audrix, le Gouffre de Proumeyssac, spectaculairement mis en lumière, est encore un
cadeau de la nature fait à l’Humanité ; au
Bugue-sur-Vézère, le village du Bournat
(ruche en occitan) évoque le Périgord de nos
grand-pères ; citons encore l’Aquarium du
Périgord noir qui vous plongera au beau
milieu de la faune aquatique de nos rivières.
La rencontre majestueuse de la Vézère et
de la Dordogne se fera à Limeuil. Bien en
amont, à la limite de la Corrèze, à
Terrasson, ne manquez pas la vieille ville
magnifiquement mise en valeur et les jardins
de l'Imaginaire, lieu onirique et mouvant,
idéal pour méditer sur cette balade au long
de la Vézère.
Le dernier mot revient à l'écrivain Eugène Le
Roy, l'auteur de « Jacquou le croquant » dont
une des maximes résume si bien l'atmosphère de cette vallée de l'Homme, de ce pays
de l'âme : « Le secret du bonheur, c'est de
trouver sa juste place ».
Les Eyzies-de-Tayac
Valley of humankind,
Vezere river valley
The soul’s country
The Vézère river valley is a magical place. That is
no doubt what drew men and women to settle
there 400,000 years ago – and what has kept them
there ever since. Around this whimsical and on
occasion unruly river meandering through gargantuan cliffs you will find a few of the best-known
and most amazing prehistoric sites you will ever
see. This valley is listed UNESCO heritage and the
artistic treasures it holds in store warrant more
than a short stopover.
Lascaux, a majestic cave concealing painted galleries in
Montignac, was discovered pretty much by accident in
1940, by four young lads (thanks to Robot, their dog).
Father Breuil, an abbot and one of the men who laid the
early foundations of the science of humankind’s origins,
nicknamed it Prehistory’s Sistine Chapel when he saw
the amazing frescoes and all-round harmony pervading
the place. The original cave has been closed to the
public in order to preserve the cave-art treasures it
holds, but the faithful replica (facsimile) built in the
1980s has captured the talent of our so near and yet so
far ancestors. And still moves visitors.
You will find 400 millennia of human history in the
Musée National de Préhistoire (National Prehistory
Museum) in Eyzies, further down the Vézère. This
museum was built into the cliff and features one of the
most comprehensive collections of prehistoric artefacts
(from the Palaeolithic, mainly) you will ever see. You can
walk to the Abri Pataud, a Cro-Magnon site, from there.
On the opposite bank, you can
stand where the archaeologists
first marvelled at LaugerieBasse, Laugerie-Haute, Abri du
Poisson and other treasures.
Time has carved magical crystal
stalactites, stalagmites, aragonites, hollows and other formations in the Grand-Roc, a cave
concealed in the stone. Back in
the village, you can walk into
Combarelles and Font-deGaume, two caves, and then
Château de Losse à Thonac
through the chestnut-tree and
green-oak forest to Abri de Cap-Blanc, a shelter featuring
bas-reliefs depicting horses.
Time stands still in this valley which people have
never left. So you can take your time, for example, in
the village of Moustier (Occitan for 'monastery') and
experience Roque-Saint-Christophe, a troglodyte fort
shielded by a cliff.
The Magdalenian period was named after the Abri de la
Madeleine in Tursac, a town standing under fascinating
vestiges of a medieval village.
Castel-Merle in Sergeac and Grotte des Cents
Mammouths in Rouffignac are two other sites you won’t
want to miss.
Three theme parks, Roc de Cazelle in Eyzies, Thot in
Thonac and the Préhisto-Parc in Tursac provide a lighterhearted angle on prehistory.
Gouffre de Proumeyssac, a cave in Audrix, is another of
nature’s gifts to humankind – and a spectacular sight
when it is lit up. Bournat, a village in Bugue-sur-Vézère
(Bournat is Occitan for 'hive') is another highlight you
won’t want to miss if you want to experience bygone-day
Périgord. The Aquarium du Périgord Noir provides a firsthand view of the fish and wildlife in our rivers.
The Vézère and Dordogne rivers meet in Limeuil, another
spectacular site. Upstream, right by the border with
neighbouring Corrèze, don’t miss Terrasson and its splendidly-kept old town and Jardins de l’Imaginaire if you
fancy a touching, stuff-dreams-are-made-of stroll along
the Vézère river banks.
Eugène Le Roy, the author of Jacquou le Croquant,
condensed the atmosphere you will find in this his valley
of man and country of the soul : "Le secret du bonheur,
c’est de trouver sa juste place" ("Happiness is finding the
place where you belong").
Périgord découverte 2009
■
: 17
n UN PAYS, DES UNIVERS
Tour du château de Beynac - Vues sur les châteaux de Fayrac et Castelnaud
Château de Castelnaud
Le pays des châteaux
VALLÉE DE LA DORDOGNE
Les joyaux
du Périgord noir
Brantôme
Périgueux
Bergerac
Sarlat
18 : ■ Périgord découverte 2009
Abritée par de majestueuses falaises,
la vallée de la Dordogne est protégée
par une forêt de chênes verts obscure
et dense ; ce bijou serti dans la nature
a bien mérité son nom de Périgord
noir. Invitation au voyage dans un
passé riche, tumultueux, cette vallée
est préservée, comme intacte. Les
châteaux, les villages, les bastides
ressemblent à des nids d’aigles où les
seigneurs du temps se sont mis à
Cité médiévale de Sarlat
l’abri des soubresauts de l’histoire.
Les pierres, les arbres, les cours d’eau semblent s’être naturellement
mis au diapason, au service de l’émotion et de la grandeur. Le centre de
ce triangle d’or est sans conteste Sarlat où la maison natale d’Etienne de
la Boëtie, le maître et l’ami de Montaigne, veille à ce que l’esprit habite
à jamais ce paradis ocre.
Sarlat est une ville où le promeneur n’aura aucun mal, le temps de quelques
pas sur les rues pavées, à se prendre pour un prince. Les hôtels particuliers,
l’Hôtel Plamon, l’Hôtel de Vienne portent si bien leur nom qu’ils donnent l’impression de nous attendre depuis toujours.
A mi-chemin de Sarlat et de Bergerac, la Dordogne nous offre une facétie
d’une rareté délicieuse : le cingle de Trémolat dont on peut saisir la beauté
captivante depuis le belvédère. Au sud, à quelques lieues de la rivière, le village de Belvès, lui aussi haut-perché, fut bâti sur un éperon rocheux où les
Hommes ont tout de même laissé de magnifiques demeures gothiques ou
Renaissance. En repassant sur l’autre rive, à deux pas du village de Vézac, une
nouvelle émotion vous attend : les jardins suspendus de Marqueyssac.
Dans ce décor plein de quiétude
aujourd’hui, la guerre de cent ans fit pourtant
rage ; de chaque côté de la rivière, deux
châteaux impressionnants, écrasants et
augustes, se font face et se défient pour
l’éternité. Dominant un à-pic de 70 mètres,
le donjon du château de Beynac que l’on vit
souvent dans les films de capes et d’épées ;
face à lui, le château de Castelnaud où se
trouve le musée de la guerre médiévale :
armures, masses d’armes, boucliers et cote
de maille n’attendent plus que vous !
Bien plus pacifique, le château des
Milandes, dont Joséphine Baker fit l’acquisition après la seconde guerre mondiale,
abrita ses douze enfants adoptifs.
Aux limites du Lot, un autre personnage,
Fénelon, François de Salignac de la MotheFénelon, écrivain et théologien sous le
règne du Roi Soleil, élut domicile en son
château à Sainte-Mondane. Plus au nord, le
manoir d’Eyrignac restitue les jardins tels
qu’ils étaient au XVIIIe siècle.
En rejoignant la Dordogne, tout au bord de
l’eau, La Roque-Gageac est un invraisemblable village traditionnel blotti contre la
falaise ; il appartient au club très fermé des
plus beaux villages de France.
Enfin, nichée depuis 1281 au sommet de ce
triangle d’or et surplombant la rivière, la
Village de La Roque-Gageac
bastide de Domme fut érigée par le roi de
France contre les prétentions anglaises. Elle
fut utilisée comme geôle pour quelques
templiers qui y laissèrent des inscriptions
vengeresses.
En 1939, avant de partir pour la mer Egée et
la Grèce, l’écrivain Henri Miller fut subjugué
par la majesté du lieu. Il écrivit dans « le
colosse de Maroussi », récit de ce voyage,
une phrase lyrique aux accents prophétiques : « Il se peut qu’un jour, la France
cesse d’exister mais le Périgord survivra,
tout comme les rêves dont se nourrit l’âme
humaine ».
Châteaux country,
The Dordogne Valley
The jewels in Périgord
Noir's crown
The Dordogne river valley is sheltered amid majestic
cliffs and nestled in the thick dark green-oak
forest that gave this area its Périgord Noir (Black
Périgord) nickname. This unspoilt valley will beckon
you on to a journey back in time through its rich
and turbulent past. The châteaux, villages and
fortified towns stand as eagle nests where erstwhile
lords sought refuge from their day's tumult. There
is something touching and grand about the stones,
trees, streams and rivers as well. The golden triangle's centre is without a doubt Sarlat, home to the
birthplace museum of Montaigne's mentor and
friend Etienne de la Boëtie. And his spirit lives on
in this ochre paradise.
There is something princely about a stroll around
Sarlat's cobblestone streets. You will get the feeling that
Hôtel Plamon and Hôtel de Vienne, two townhouses,
have been waiting for you through the centuries.
The Dordogne is half way between Sarlat and
Bergerac – and deliciously facetious. The view from
Cingle de Trémolat, a lookout, is enthralling. If you head
south, you will find Belvès, another village perched
high on the hillside, only a few miles from the river.
That village was built on a rocky ridge and is brimming
with magnificent gothic and renaissance homes.
Across the river and a stone's throw from Vézac, another village, you will find another heart-stopping attraction: the
Jardins Suspendus de Marqueyssac (Marqueyssac hanging
gardens).
But don't let the soothing backdrop fool you: the Hundred
Years' War tore this area apart: the two august and
imposing châteaux on either side of the river have been
and will be defying each other for centuries. Château de
Beynac's keep towers 70 metres over a sheer drop – and
has provided the sets for many a medieval film. Facing
it is Château de Castelnaud, home to the Musée de la
Guerre Médiévale (Medieval War Museum) and its collection of armours, maces, shields and chain mail.
Château des Milandes served a more peaceful purpose :
Josephine Baker bought it after World War II to house the
twelve children she adopted. Fénelon (or François de
Salignac de la Mothe-Fénelon), a writer and theologian
in the service of Louis XIV, took up residence in his château in Sainte-Mondane, on the border with neighbouring Lot. The gardens nestling Manoir d’Eyrignac further
north have been restored to look exactly like they did in
the 18th century. Back on the Dordogne river banks, you
will find La Roque-Gageac, an unlikely village nestled by
a cliff – and one of the select few Plus Beaux Villages de
France (France's most stunning villages).
Last but not least, don't miss Domme, a fortified town
erected by the French king to counter English advances
in 1281, on the heights of this golden triangle and jutting
out over the river. It was also used as a dungeon for a
handful of knights templar who left vengeful inscriptions.
This majestic area captivated Henry Miller in 1939, just
before he headed for the Aegean Sea and Greece. He wrote
about it in Colossus of Maroussi, his book about that trip.
One poetic - and indeed perchance prophetic - line reads :
It may be that one day France ceases existing, but the
Périgord will survive, just like the dreams, whence is
nourished the human heart.
Périgord découverte 2009
■
: 19
n UN PAYS, DES UNIVERS
Bastide médiévale de Monpazier
Le temps du renouveau
PAYS DES BASTIDES
Une révolution économique
Brantôme
Périgueux
Bergerac
Sarlat
20 : ■ Périgord découverte 2009
Le Moyen Âge fut une époque
où la France était une sorte de
puzzle en construction ; un
ensemble de territoires que se
disputaient, souvent par
l’épée, les seigneurs de guerre.
Chacun cherchait pour agrandir sa zone d’influence, accroître son pouvoir, à conquérir
une province. C’est dans le sud
du département que l’on
trouve les bastides. Cette partie du pays voyait naître alors des villes neuves.
Village et Abbaye de Cadouin
Par leur architecture et leur organisation politique, libérale avant l’heure, le commerce y était favorisé pour attirer les populations rurales qui assuraient le peuplement et l’enrichissement de la cité dont ils bénéficiaient aussi. Certaines de
ces villes nouvelles avaient même le privilège de battre leur propre monnaie.
Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, les rois d’Angleterre se rendirent maîtres
de l’Aquitaine et fondèrent alors nombre de ces villes fortes et surtout prospères.
La plus caractéristique et la plus admirable de ces bastides est Monpazier, fondée
par Edouard 1er en 1284. Le pourtour de la place centrale est une galerie
d’arcades donnant sur le rez-de-chaussée. Les maisons, accolées les unes aux
autres et de dimensions identiques, octroyées aux nouveaux arrivants pour
installer leurs échoppes et leurs habitations, sont une caractéristique de cette
nouvelle donne économique volontariste. Les rues à angle droit composent un
quadrillage régulier et mènent aux portes de la ville, protégées par des tours.
Dans la plupart des bastides, le droit était différent du reste du pays. Le Consul,
par exemple, était contrôlé par la population et se devait en retour d’assurer
efficacement la protection des habitants. Faut-il y voir une influence anglaise ?
Château de Biron
A sept kilomètres au sud de Monpazier, le
château de Biron, situé à la frontière du Lotet-Garonne, fut le siège d’une des quatre
baronnies du Périgord. Les constructions que
l’on peut y admirer témoignent des époques
que la ville a traversées ; son donjon du XIIe
siècle, dominant l’ensemble de la région, s’intègre harmonieusement aux corps de logis du
XVème et à la chapelle du XVIème qui protège
un tombeau sculpté considéré comme un
chef-d’œuvre de la Renaissance française.
Rattachée à la couronne d’Angleterre,
jusqu’en 1442, la bastide de Beaumonddu-Périgord garde dans son architecture
rectiligne la marque de l’influence anglaise.
Non loin de là, vous découvrirez Issigeac et
le Château des évêques du XVIIe siècle, où
siège aujourd’hui la mairie.
A Saint-Avit-Sénieur, l’église fortifiée témoigne de l’âpreté de ces temps de conquête et
de révolution économique.
Sur la vallée du Dropt, à Eymet, goûtez au
charme nonchalant et à la sérénité d’une
cité médiévale préservée.
Un peu plus au nord, Cadouin, village natal
du cinéaste Louis Delluc, abrite une abbaye
cistercienne ; son cloître est orné de sculptures du XVe siècle représentant des scènes
bibliques mais, plus insolite encore, quelques scènes satiriques et même franchement rabelaisiennes.
A quelques enjambées, au Buisson-deCadouin, les grottes de Maxange prouvent à
quel point la nature peut faire preuve de fantaisie ; cette cavité recèle des concrétions dont la
rareté tient à leurs contours excentriques,
dignes des artistes les plus imaginatifs.
Et si le cheval reste la plus noble conquête de
l’Homme, on sait que le plaisir de bien manger
est un des privilèges du pays. A l’extrême sud
du département, Villefranche-du-Périgord, lors
de la saison des cèpes, fait de sa halle couverte le haut-lieu des amateurs de champignons.
Times of revival,
A land of fortified towns
An economic revolution
Medieval France looked somewhat like an unfinished
puzzle. It was a sprinkling of scattered territories
over which warlords waged war in the hope of
extending their sphere of influence, and thereby
growing stronger and richer. The goal, of course,
was to subdue an entire province. The bastides or
fortified towns are found in the south of the
department, a part of the country that would have
witnessed the emergence of new towns.
The Hundred Years' War clashes in the south of this department were the fiercest – and that is predictably where you
will find most of the bastides. These towns were ahead of
their time by way of their architecture and political organisation. Here, trade was fostered to attract people from the
country, who helped to increase the population and wealth
of a city from which they also benefited. Some of these new
towns were even privileged enough to mint their own coins.
In the second half of the 13th century, the English monarchs
took control over Aquitaine and built many fortified and
above all prosperous towns that still stand today.
This area's most distinctive and remarkable fortified town is
Monpazier, which Edward I built in 1284. The arches around
the main square look out onto rows of terraced houses,
which used to be shops. All identical in size, these houses
were granted to new arrivals as workshops and homes and
marked an important stage in society's pursuit of a new
economic order. The streets are straight, the blocks are
square, and the towers at the end overlook the city gates.
Does this remind you of anything ? Most fortified towns
had their own rules and regulations. The Consul, for
example, was answerable to the people and expected to
protect them. Biron château stands seven kilometres south
of Monpazier, on the border with neighbouring Lot et
Garonne. It was the seat of one of Périgord's four baronies.
The stunning buildings you can see there today have a story
to tell : the 12th-century keep overlooking the whole area
blends gracefully into the 15th-century main building and
the 16th-century chapel, which conceals a sculpted tomb
that has come to be regarded as one of the French
Renaissance's masterpieces. Beaumont-du-Périgord is
shaped like an H, in honour of Henry III and was under the
Crown of England until 1442. Issigeac, a stone's throw from
there, is home to the 17th-century Château des Evêques
(Bishops' Palace) which houses the town hall today. The fortified church in St-Avit-Sénieur also bears witness to the
fierce clashes and economic revolution that once took place
in this area. Eymet, in the Dropt river valley, is a hushed and
beautifully-kept medieval town you will love if you enjoy
quiet, unhurried strolls. Cadouin, the village where French
film director Louis Delluc was born, is a little further north.
One of the highlights there is the Cistercian abbey.The 15thcentury sculptures in the cloister depict scenes from the
bible – and, less predictably, a handful of satirical and
indeed downright Rabelaisian scenes. The Grottes de
Maxange (Maxange caves) in nearby Buisson-de-Cadouin
are proof that nature can have an artist's touch : many an
artist would envy the eccentric contours that nature drew
on that cave's walls.If
horses are the noblest
conquest man ever Village médiéval d’Issigeac
made, fine food arguably comes a close
second – at least in
this area. Villefranchedu-Périgord is as far
south as you can go in
this department, and
home to the indoor
market that mushroom lovers flock to
from near and far
when the porcini
mushroom season
comes around.
Périgord découverte 2009
■
: 21
n UN PAYS, DES UNIVERS
La Dordogne à Bergerac
ques lieues de là, à Sarlat. Lorsqu’il s’interrogea au sujet de cet attachement profond, il le résuma dans une formule restée
célèbre : « Parce que c’était lui, parce que
c’était moi ! ».
Berceau de Montaigne
The vineyards of Bergerac,
Montaigne’s birthplace
VIGNOBLE DE BERGERAC
L’esprit du vin
Brantôme
Périgueux
Bergerac
Sarlat
Dans le monde entier la ville de Bergerac est associée au vin. Les vignobles du Bergeracois s’étendent sur les deux rives de la Dordogne, « la
rivière espérance », sur 12 000 hectares. Ils ont donné naissance à
13 Appellations d’Origine Contrôlée ; le plus réputé est le plus liquoreux :
le Monbazillac. Idéal pour accompagner le foie gras, il côtoie le Montravel
et la Rosette. Pour le vin rouge, c’est le Pécharmant qui reste le plus
renommé. En visitant le Musée du vin et de la batellerie, vous apprendrez
que dès le XIVe siècle, grâce aux gabarres qui transportaient le précieux
nectar jusqu’à Bordeaux, Bergerac fut le fournisseur du royaume
d’Angleterre en vin.
La meilleure façon de savourer la richesse de ce terroir est encore de se rendre à la Maison des vins. Installée dans l’ancien couvent des Récollets, elle
vous guidera sur « La route des vins » à la rencontre des vignerons qui, dans
leur cave, cultivent et partagent l’esprit de leur vin.
Bien sûr, il y a Cyrano de Bergerac, bretteur, héros gascon et querelleur. Ses
aventures, imaginées par Edmond Rostand, lui doivent d’avoir tout de même
sa statue en costume coloré, au centre de la ville ; manière d’en faire à titre
poétique, un citoyen d’honneur digne de
Bergerac. Après tout, le nez n’a-t-il pas toute sa
place dans la dégustation du vin ?
Dans ce sanctuaire de la vigne, l’eau n’est pas
absente. Après avoir, sur les ruelles pavées,
arpenté la vieille ville longée de maisons à
colombages, vous trouverez inévitablement les
berges de la rivière qui a donné son nom au
département. A Bergerac, le lit particulièrement
large de la Dordogne laisse libre cours aux
passionnés d’aviron.
22 : ■ Périgord découverte 2009
Tour de Montaigne
The spirit of wine
Vignoble de Bergerac
Une des nombreuses richesses du
Bergeracois tient au grand nombre de
châteaux de plaisance, comme celui de
Lanquais ou de Monbazillac, dont le style
Renaissance atteste de la place grandissante dans les esprits du plaisir de vivre et
du raffinement face à la tradition guerrière.
Au point que la forteresse médiévale de
Montréal fut peu à peu transformée en lieu
de villégiature.
Aux confins du Bordelais, le petit village de
Montcaret abrite une villa viticole où l’on
fait du vin depuis l’antiquité. Cette demeure
somptueuse datant des premiers siècles de
notre ère abrite des trésors et notamment
des mosaïques antiques remarquables. Le
site fut classé dès 1926 Monument historique. Mais l’une des ombres tutélaires qui
planent sur ce qu’on nomme le Périgord
pourpre, c’est celle de Michel Eyquem de
Montaigne, philosophe et infatigable
cavalier. Et s’il fut le maire de Bordeaux,
c’est dans sa demeure natale de SaintMichel de Montaigne qu’il écrivit « les
essais ». Philosophe du bonheur et de la
curiosité, il a toute sa place à Bergerac et
dans nos cœurs.
On connaît sa fidèle et légendaire amitié
avec l’écrivain Etienne de La Boëtie, dont
la maison natale peut être visitée à quelStatue de Cyrano à Bergerac
People around the world associate Bergerac with
wine. The vineyards here span 12,000 hectares
across the Dordogne (the “river of hope”) and
count no fewer than 13 Appellation-Contrôlée
(guaranteed-origin) varieties. This area is best
known for its sweetest and strongest wine,
Monbazillac, which goes beautifully with foie gras
and comes from an area skirting Montravel and La
Rosette. This area’s best-known red wine comes
from Pécharmant. When you visit the Musée du Vin
et de la Batellerie (a wine and inland-shipping
museum) you will find out all about the gabares
that carried the treasured nectar to Bordeaux,
whence it sailed to the Kingdom of England’s
courts, as early on as the 14th century.
The best place to enjoy this land’s full breadth of wine
varieties in the Maison des Vins, a tasting experience
in a bygone-day Recollect monastery. The trail there
will introduce you to winemakers who nurture and
share the spirit of their wines in their cellars.
And, of course, there is swashbuckling cantankerous
Gascon hero Cyrano de Bergerac. He may have been a
figment of Edmond Rostand’s imagination, but his statue
nonetheless stands proud in full garb in the town centre. After all, noses are important in wine tasting…
Wine is another feature in this vineyard sanctuary. If
you stroll down the old-town’s cobblestone streets
among the half-timbered houses, you will invariably
wind up on the banks of the river that gave this department its name. The Dordogne’s wide bed here, as an
aside, makes it perfect for rowing.
The Bergerac region also features countless chateaux.
Lanquais and Monbazillac are two examples of this
area’s resolve to enjoy life and to ease into a more
sophisticated mindset as soon as medieval warring
subsided. The medieval fortress in Montreal, interestingly, has slowly but surely become a holidaymaker
haven.
At Bordeaux’s borders, the small village of Montcaret
is the site of a wine-making villa that has produced
wine since antiquity. This sumptuous residence, dating
from the early centuries of the second millennium,
harbours remarkable treasures including some ancient
mosaics. The site was classified a Historic Monument
in 1926. But the real tutelary figure in what we call the
Périgord Pourpre is Michel Eyquem de Montaigne, a
philosopher, lawyer and tireless cavalier. He was an
educated, honest, enlightened and humanist
soul – two centuries before his time. He was elected
Mayor of Bordeaux, but retired to Saint-Michel-deMontaigne, his hometown, to write his essais. His
philosophy was joyful and candid. And will always
find a place in Bergerac and in our hearts.
We know about his loyal and legendary friendship with
Etienne de La Boëtie, another writer. When asked
about that meaningful relationship, he summed it up in
a turn of phrase that went down in history : “ Because
it was him, because it was me ! ”
Périgord découverte 2009
■
: 23

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