Entrenews 171 - Février 2010

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Entrenews 171 - Février 2010
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dossier
EntreNews / février 2010 // Le journal de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Jura //
DOLE-jura
un aéroport pour un territoire
“
Le seul aéroport de
Franche-Comté où
l’avion présidentiel
peut se poser, c’est
Dole-Tavaux. Il n’y en
a pas d’autre !
“
Quelques jours après la venue de
Nicolas Sarkozy à Poligny, le Président
Michel Dieudonné traduisait en
une formule une réalité qui, même
évidente, ne fait pas l’unanimité. C’est
ça l’histoire de l’aéroport jurassien…
Un équipement unique dans la région
par son potentiel qui n’a pas suscité
jusque-là
l’adhésion
nécessaire
pour lui donner une envergure
interrégionale. Bref, qui n’a pas réussi
à décoller.
Une histoire mouvementée
> Les grandes étapes / Dole-Jura, c'est... / Questions-réponses / Keolis en bref
Pourtant, depuis 30 ans, les
collectivités et l’État – qui en était
propriétaire jusqu’au transfert de
compétence lié à la décentralisation
en 2006 – ont toujours joué le jeu et
donné à la Chambre de Commerce
et d’Industrie du Jura, gestionnaire
depuis les années 1970, les moyens
financiers de maintenir et même de
développer l’aéroport. Certes, pas
de façon spectaculaire, l’autorisation
d’occupation temporaire renouvelée
chaque année ne le permettait pas. Il
n’empêche…
En 30 ans, l’aéroport a développé les
vols d’entraînement, les vols d’affaires,
les charters de tourisme et récupéré
la ligne aéropostale pour cumuler,
fin 2008, plus de 16 000 mouvements
(atterrissages/décollages). De quoi
revendiquer le titre d’aéroport
régional de Franche-Comté, que
personne ne conteste.
> Le point avec
> Ils ont dit
> Un scénario de croissance pour un "nouvel envol"
Dossier préparé avec le concours rédactionnel
d’Armand Spicher, journaliste
>>
07
dossier
EntreNews / février 2010 // Le journal de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Jura //
Dole-Jura : un aéroport pour un territoire
C
’est bien cette unanimité qui, avec le
recul, garantit la pérennité de DoleTavaux. Jusqu’en 2007, le Conseil régional
a assumé la plus grosse part du budget
du Comité de gestion (35 % environ) réunissant également les Conseils généraux
du Jura, du Doubs, les Chambres de Commerce des quatre départements comtois,
les agglomérations de Besançon, de Dole
et la ville de Lons.
Le 1er janvier 2007, l’état a transféré la propriété de l’aéroport au Conseil général du
Jura et le 25 octobre 2007 une étude de positionnement réalisée par le cabinet CAT’Sud a
jeté les bases de la DSP (Délégation de service public) confiée le 6 novembre 2009 et
pour dix ans au groupement Keolis-CCI.
Entre 2007 et 2009, en tant que propriétaire,
le Département a assumé la plus grosse part
des charges d’exploitation (environ 37 %)
pour un budget 2009 de 485 000 €.
Un décollage en douceur
D
epuis le 1er janvier 2010, une nouvelle
page s’est tournée. Avec Keolis comme
partenaire à 51 %, la CCI s’appuie sur un
groupe déjà gestionnaire de huit aéroports
en France, épinal-Vosges étant le dernier
succès du groupe.
Ce n’est pas tout, le projet de développement est ambitieux, basé sur la recherche
de nouvelles niches commerciales tout en
confortant les activités existantes.
Ce projet prévoit en priorité, la réfection de la
piste et du parking avions. Si la plate-forme
doit aussi procéder à des aménagements
urgents, certains travaux s’envisagent dans
la durée de la DSP : nouvelle signalétique,
parking voitures et commerces (restaurant,
location de véhicules, business center). L’intérieur de l’aérogare et les locaux techniques
devront être réagencés et offrir un espace
à la clientèle affaires et aux équipages de
l’aviation d’entraînement. La construction
d’un nouveau hangar avions et de locaux
pour l’accueil d’une école de pilotage est
également prévue.
Côté commercial, l’axe majeur est le lancement d’une nouvelle ligne vers un hub
européen, Francfort est ciblé en premier,
à partir de 2011 deux fois par jour, cinq fois
par semaine. Le trafic bondirait de 16 400
en 2011 à 33 000 en 2019. Zurich constitue
aussi une piste de réflexion.
Autre segment visé, les charters de tourisme – une dizaine de vols par an actuellement – avec de nouvelles destinations
(grâce à la complémentarité de trafic avec
les aéroports gérés par Keolis) et une montée en puissance de trois vols supplémentaires (soit 850 passagers) dès 2011, puis un
vol tous les deux ans. Objectif : 3 700 passagers en 2019.
Les autres pistes de développement portent
sur l’aviation d’entraînement (de 5 000 mouvements actuellement à 6 450 en 2019)
et l’installation d’une école de pilotage en
2013. L’escale postale sera maintenue avec,
en complément, une activité de fret express.
De même, pour mémoire, l’aviation d’affaires
et de personnalités est étudiée, tout comme
d’éventuels déroutements (en relation avec
les gros aéroports voisins).
projet de développement en stand-by
pour l’instant et si François Rebsamen –
le maire de Dijon – estimait en 1991 que
« c’est à Tavaux que se situe l’avenir d’un
véritable développement régional aérien »,
l’eau a coulé depuis sous les ponts de
Côte-d’Or. Si Dole-Tavaux veut jouer un
rôle interrégional, il faudra trouver un
modus vivendi avec Dijon. Jean Raquin,
président du Conseil général du Jura, l’a
bien compris qui tend la main à ses voisins
bourguignons, pour une « vaste réflexion ».
Mais l’avenir ne peut s’envisager sans une
cohésion des acteurs franc-comtois euxmêmes.
Si le Conseil régional est très critique sur
ce projet, lui préférant très clairement le
rail, Marie-Guite Dufay n’exclut pas une
participation financière plus élevée, mais
demande une feuille de route précise. Un
tour d’horizon avec l’ensemble des partenaires du « Comité de gestion » va donc se
poursuivre dans les semaines qui viennent.
> Les GRANDES
éTAPES
1970
l’État (ministère de la Défense et des
Transports/Aviation Civile) propriétaire
de l’infrastructure, ouvre la circulation
aérienne publique et confie la gestion
de la plate-forme à la Chambre de
Commerce et d’Industrie du Jura.
Jusqu’en 2002
la CCI gestionnaire exploitant, dispose
d’une autorisation d’occupation temporaire
(AOT) renouvelable chaque année.
2002 à 2007
l’État accorde à la CCI une
concession aéroportuaire.
1er juillet 2006
dans le cadre de la décentralisation, l’État
doit passer la main et lance un appel
d’offres pour trouver un repreneur, pour la
propriété et la compétence aéroportuaire.
28 décembre 2006
le Conseil général du Jura se porte
acquéreur pour le 1er janvier 2007.
2 mars 2007
ce choix est confirmé.
16 mai 2007
une convention de transfert est signée
entre l’État et le Conseil général.
Jusqu’au 31 décembre 2009
Dole-Tavaux est géré par la CCI du
Jura avec le concours financier d’un
ensemble de partenaires réunis au
sein du « Comité de gestion ».
Un outil de développement
L
’objectif de ce plan est clair : faire de
Dole-Tavaux l’aéroport régional de
Franche-Comté. Sur le plan des infrastructures, sa piste de 2 400 m lui permet de
recevoir des avions de 200 places. La Vèze,
à Besançon, n’est pas en mesure de rivaliser.
Quant au Nord Franche-Comté, il est tourné
depuis longtemps vers l’aéroport de BâleMulhouse. Reste la région dijonnaise, avec
l’aéroport de Longvic qui fait l’objet d’un
Si les décideurs jurassiens sont attachés
à ce projet, c’est qu’il représente pour
eux un outil de développement de l’ensemble du territoire régional, même si
les investissements – d’environ 10 M€
sur dix ans – sont importants et même si
la liaison avec Francfort est osée. Jean
Raquin ne dit-il pas, plein de bon sens :
« Si on n’avait pas d’aéroport, on en voudrait un ! » L’outil est là et 2010 sera une
année charnière dans la nouvelle vie de
Dole-Tavaux
Armand Spicher
Depuis le 1er janvier 2010
la Délégation de Service Public accordée
par le Conseil général le 6 novembre 2009
parmi les deux candidatures proposées
au Département, est confiée pour dix ans
à un groupement composé, au sein de
la SAS d’exploitation de l’aéroport Dole
Jura, de Keolis (à 51 %) et de la CCI (49 %).
>>
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dossier
EntreNews / février 2010 // Le journal de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Jura //
Dole-Jura : un aéroport pour un territoire
> LE POINT avec
Michel Dieudonné, Président de la CCI du Jura, de la CRCI de Franche-Comté
Président de la SAS d’exploitation de l’aéroport Dole-Jura depuis le 1er janvier 2010
I
« La seule plate-forme
en Franche-Comté
»
Jean Raquin,
Président du Conseil général du Jura
« Un appel à une réflexion
interrégionale
J
»
usqu’à maintenant, la CCI assurait la
marche de Dole-Tavaux, mais elle était
seule. Aujourd’hui, le Conseil général du
Jura est propriétaire et a choisi un délégataire qui associe la CCI et Keolis, un professionnel qui a fait des propositions intéressantes, notamment un hub sur Francfort, à
moins d’une heure de vol du Jura. De là, on
pourra rejoindre tous les sites du monde.
l n’y a pas une seule région en France sans
plate-forme aéroportuaire et la seule en
Franche-Comté, c’est Dole-Tavaux. L’État en
est bien conscient et il a toujours investi. Le
Conseil régional, le Conseil général du Jura
ont toujours participé au fonctionnement.
Alors c’est vrai, cet aéroport est sous-utilisé, mais il a largement son utilité. C’est
vrai aussi que les comptes ne sont pas
équilibrés, néanmoins quand on compare
les coûts avec ceux d’autres plate-formes,
ils sont très acceptables, à condition de
s’efforcer d’augmenter le trafic. C’est notre
ambition. 350 000 € de fonctionnement,
c’est supportable et si sur dix ans (le temps
que durera la Délégation de Service Public
accordée par le Département) il y a 10 M€
d’investissements, c’est important, c’est sûr,
mais sans plus pour quatre départements !
On veut que cet aéroport soit un vrai outil
de développement. À nous de programmer les investissements dans le temps en
fonction des destinations nouvelles et de
l’activité. Ils représenteront 10 M€ au maximum sur dix ans, le plus important sera la
piste à renforcer, mais nos services sont capables de le réaliser. On peut se lancer et
permettre au délégataire de travailler. Le
Conseil régional s’est engagé sur la moitié
des sommes qu’il donnait par le passé et
demande à voir ; c’est pourquoi on organise un voyage d’étude sur Angers avec
tous les partenaires du Comité de gestion.
Je suis confiant, car Dole-Tavaux est un outil de communication. La Franche-Comté a
besoin d’un aéroport et celui de Besançon
a moins d’atouts. Quant à celui de Dijon, il
est proche de la ville et le projet n’est pas
encore ficelé. Il y a, à terme, des possibilités
d’entente avec les départements voisins
de Côte-d’Or et de Saône-et-Loire. Je lance
donc un appel à une réflexion interrégionale avec Dijon. Mettons de l’ordre dans
nos rangs, en Franche-Comté, mais restons
ouverts à l’extérieur
Il faut comparer cette somme à ce que l’on
met sur d’autres modes de transport…
Il faut tendre vers l’équilibre des comptes,
c’est sûr, mais pour y parvenir il faut
convaincre que Dole-Tavaux est un atout
économique pour l’ensemble de la région.
Je n’ai rien contre La Vèze, mais ce ne sera
jamais la même chose que Dole-Tavaux !
Bien sûr, il y aura le TGV qui va nous
emmener prendre l’avion à Paris ou
à Bâle-Mulhouse. Pour aller à ParisCDG, il faut presque quatre heures
sans compter l’enregistrement. Quant
à la branche Sud de la LGV Rhin-Rhône
pour aller à Lyon, c’est dans 20 ans !
Si demain on arrive à avoir une liaison
régulière vers un hub européen, plus
éloigné mais attractif pour les chefs
d’entreprise et les Franc-Comtois, il faut
20 minutes pour embarquer à Dole-Tavaux et on aura accès aux grandes villes
allemandes et aux villes de l’Est européen.
Le Conseil régional investit beaucoup et à
bon escient pour emmener les chefs d’entreprise de Franche-Comté dans les salons
professionnels des grandes villes. Si on
leur offre la possibilité d’y aller en un jour,
c’est quand même un point très positif ! Il
faut comprendre que dans la tête des dirigeants et des investisseurs, le seul fait de
savoir qu’on peut le faire, c’est un atout.
Je comprends qu’au départ on puisse avoir
des réticences, mais quand on connaît le
dossier, ces réticences tombent ; et si on
ne fait rien aujourd’hui, on pourra se faire
du souci pour l’économie jurassienne !
Marie-Guite Dufay,
Présidente du Conseil régional de Franche-Comté
« Une position
d’attente
A
»
ujourd’hui, on a besoin d’aéroports
de la taille de Bâle ou Lyon et ils sont
à notre portée. Dole-Tavaux ne pourra
jamais remplir la fonction de ces grands
équipements. La question qui se pose est
de savoir si on a besoin d’un aéroport de
taille intermédiaire. Il y a des choix à faire et
le choix fait par le Conseil régional, c’est le
TGV et pas l’avion. La liaison avec Francfort
est importante, mais elle se fera par train.
On ne peut pas être sur tous les fronts et
l’infrastructure qu’on privilégie, c’est la LGV.
N’ayant pas les tenants et les aboutissants
de ce dossier, le Conseil régional a inscrit 80 000 € pour Dole-Tavaux, mais tant
qu’on ne connaît pas le détail du projet,
on réserve l’avenir. On parle de 15 M€ d’investissements, ce n’est pas rien. J’ai également entendu dire que la compagnie low
cost n’équilibrerait pas ses recettes, elle
aura donc besoin de fonds publics et là je
suis très claire : on n’accompagnera jamais
un déficit privé par des fonds publics.
Pour toutes ces raisons, on est très en
retrait, c’est une position de principe,
mais le Conseil régional pourrait être
aux côtés de la CCI dans un projet plus
modeste. Nous ne sommes pas fermés,
mais ce n’est pas le dossier stratégique
prioritaire pour nous.
Ce n’est donc pas un non définitif, mais
une position d’attente
>>
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dossier
EntreNews / février 2010 // Le journal de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Jura //
Dole-Jura : un aéroport pour un territoire
KEOLIS
en bref
Guy Le Roux, directeur délégué de
Keolis auprès de qui est rattachée
Keolis Airport, précise que le groupe,
historiquement premier délégataire
en gestion aéroportuaire en France,
recentre sa politique et se focalise en
2010 sur les plate-formes de moins de
100 000 passagers annuels.
Ce recentrage stratégique sur des
aéroports de petite taille, desservant
des villes moyennes mais significatives,
s’inscrit dans des délégations de
service public classiques, cœur du
savoir-faire du groupe.
Cette politique est confortée par le
récent renouvellement d’Angers-Loire,
et les gains récents d’Épinal-Vosges et
de Dole-Jura qui viennent compléter
les aéroports d’Albert-Picardie et
Troyes-Champagne.
L’aéroport de Dole-Jura est un atout
supplémentaire dans le réseau des
infrastructures géré en direct ou en
partenariat par Keolis...
L’activité aéroportuaire – sous le
nom de Keolis Airport – pèse 5 % de
l’activité totale. En France, Keolis est
historiquement premier délégataire
en gestion aéroportuaire et leader
français en nombre de délégations.
Il assure seul la gestion de deux
aéroports, Angers-Loire et TroyesChampagne. En partenariat avec le
groupe K, il cogère l’aéroport d’AlbertPicardie et, à parité avec le groupe
Vinci, les aéroports de ClermontAuvergne, Grenoble-Isère, ChambérySavoie et Quimper. Depuis le 1er janvier
2010, avec la CCI du Jura, Keolis
Airport gère la plate-forme de DoleJura et vient d’obtenir, également en
partenariat avec la CCI, la DSP pour
l’aéroport d’épinal-Vosges
> Questions // réponses
ève-Christine Monnet,
directrice générale de la SAS et de la plate-forme de DoleJura, se donne un année pour mettre l’aéroport sur orbite.
EntreNews : Quelle est la situation de l’aéroport
au moment où Keolis s’engage pour dix ans ?
ève-Christine Monnet : C’est une plate-forme
de petite échelle qui représente un réel outil d’aménagement du territoire et sa piste
peut accueillir tous les types de porteurs. Ce
potentiel de développement sur place nous
intéresse beaucoup, même s’il y a des aménagements à faire.
EntreNews : Quelle est votre stratégie de
développement ?
è-C.M : L’une de nos priorités, c’est que DoleTavaux soit en relation avec un hub européen : Francfort ou Zurich. Il faudra à peu
près trois ans pour la mise en place. L’autre
priorité, ce sont les charters–soleil en complémentarité avec l’aéroport d’Angers que
notre groupe gère aussi. On pourra proposer
deux sites à nos compagnies pour qu’elles
remplissent leurs avions. Ce sont les premières choses à faire. Il faut d’abord créer le
besoin.
EntreNews : D’autres pistes sont étudiées ?
è-C.M : On veut également conserver l’escale postale, consolider le fret et développer si possible tout ce qui concerne les vols
d’entraînement, point fort de Dole-Jura.
On est à côté de grands aéroports comme
Genève-Cointrin ou Lyon-St Exupéry avec
des compagnies qui ont besoin de pistes
pour entraîner leurs pilotes.
« Une année
de positionnement
»
EntreNews : Votre objectif pour 2010 ?
è-C.M : Ce sera une année charnière. On va
« vendre » la plate-forme aux tours-opérateurs et compagnies aériennes pour tester
le marché, voir le potentiel de clientèle et se
positionner. Ce sera aussi une année d’investissements ; si on veut démarcher il faut des
installations au top niveau. Il faudra aménager
une salle d’embarquement et réparer la piste.
En 2010, on lance tout, mais le travail ne portera ses fruits qu’à partir de 2011.
EntreNews : La proximité de Dijon vous poset-elle un problème ?
è-C.M : La Bourgogne veut développer sa
propre plate-forme, c’est normal. On a la
même chose avec Chambéry par rapport à
Lyon ou Genève ! Il peut y avoir une concurrence sur certains segments, mais il faut remettre les choses à leur véritable échelle :
Dijon-Longvic est actuellement plus grand
que Dole-Tavaux !
EntreNews : Existe-t-il une formule pour que
l’aéroport devienne rentable ?
è-C.M : La rentabilité ne peut venir que d’un
mix de produits, car le milieu est très volatile.
Chaque saison, on est sur le grill : quand les
compagnies s’engagent sur une ligne, ce n’est
jamais acquis. Il va falloir effectuer un gros travail
de marketing et nous l’avons déjà engagé Propos recueillis par Armand Spicher
>>
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dossier
EntreNews / février 2010 // Le journal de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Jura //
Dole-Jura : un aéroport pour un territoire
> dole-jura
c'est...
> Ils ont dit
Jean-Louis Fousseret, Maire de Besançon et Président de la Communauté
d’Agglomération du Grand Besançon
I
l ne faut pas vouloir transformer Dole-Tavaux en un aéroport international. Par contre, la
Bourgogne et la Franche-Comté ont besoin d’un aéroport pour l’aviation d’affaires. Il y
a un vrai potentiel avec une belle piste, longue, dans un environnement sans nuisances.
à terme, l’aéroport de Dijon me semble menacé, c’est une base militaire située dans une
zone très urbanisée. Dole est idéalement situé. Pourquoi ne pas y ajouter du low cost,
mais il faut savoir qui va payer
• 220 hectares
d’emprise au sol sur les
communes de Tavaux et Gevry
• Une piste de 2 600 m x 45 m
capable d’accueillir tous types
d’appareils jusqu’à 200 sièges
• Un aérogare
avec accès direct aux avions
• Un parking de 150 places
gratuit
• 15 000 m² d’aire
de stationnement d’avions
• Un bar et une salle de réunion
• Plus de 16 000
mouvements/an
(atterrissages et décollages) dont :
> 15 000 d’aviation
générale et de loisirs
> 1 000 d’affaires
et entraînement
> 500 postaux (1 500 tonnes/an)
> 50 charters
• 10 000 passagers
non commerciaux
• 4 000 passagers
commerciaux
• 1 400 vols internationaux
• 5 000 entraînements
(école et formation des pilotes)
• Une escale postale
Jean-François Robert, Président du
Conseil économique et social régional
de Franche-Comté
L
’aéroport de Dole-Tavaux a le mérite
d’exister, il a l’avantage d’une infrastructure bien équipée. Il faut qu’il se développe
en confortant les vols d’affaires et les vols
charters à défaut d’y faire venir des vols réguliers par une société éventuellement low
cost. Il bénéficie aussi d’un nouveau partenaire qui doit rapidement apporter des propositions soutenables pour affirmer sa vocation régionale
Yves Krattinger, Président du Conseil général de Haute-Saône
L
es capacités de développement de
Dole-Tavaux ne sont pas exceptionnelles et la plupart des aéroports de ce type
sont sous oxygène. L’exploitant prévoit plus
de 10 M€ d’investissement sur dix ans. Pour
l’instant, on est prudent : qu’est-ce qui peut
nous intéresser ? Il existe une clientèle à
l’Ouest de la Haute-Saône, mais c’est à peu
près tout. Tout l’Est de la Franche-Comté
va à Bâle-Mulhouse et même à Lyon. Le TGV
apporte aussi une concurrence modale.
Jusqu’à maintenant, financièrement, nous
étions plus dans une notion de solidarité régionale, mais nous ne sommes pas
pour une implication forte et les sommes
me semblent un peu élevées. Aujourd’hui,
nous sommes à 0,5 M€ par an et là, on
multiplierait par deux ou trois, ce n’est pas
rien. Ce qui n’empêche pas qu’on soit prêt à
discuter pour être solidaire, mais jusqu’à un
certain point
Vincent Fuster,
Vice-Président
du Conseil
général
du Doubs
O
n a toujours eu une position réservée
sur l’aéroport de Dole-Tavaux. On pensait qu’un aéroport interrégional se ferait
avec Dijon. Manifestement, ce ne sera pas le
cas et l’arrivée du TGV va nous permettre de
rejoindre Bâle-Mulhouse facilement, nous
avons également deux petits aéroports. Le
Conseil général du Doubs continuera donc
en 2010 de financer Dole-Tavaux à la même
hauteur qu’en 2008 et 2009, mais on arrêtera
notre participation à partir de 2011 ; la décision a été prise en bureau de l’exécutif. Si on
avait reconnu l’intérêt interrégional de DoleTavaux et sa nécessité, on aurait continué,
mais on est à la porte de Lyon et de Bâle
Propos recueillis par Armand Spicher
11
dossier
EntreNews / février 2010 // Le journal de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Jura //
Dole-Jura : un aéroport pour un territoire
Un scénario de croissance pour un "nouvel envol"
L’offre Keolis–CCI, retenue par le Département,
est le reflet d’une volonté de déployer, pour le
Jura et en région, un projet de développement
à la fois offensif et accessible. Le scénario de
croissance adopté pour la période 2010-2019
correspond à la relance et au renforcement des
marchés sur lesquels est déjà actif l’aéroport,
ainsi qu’à l’essor de niches nouvelles ciblées.
Des relations « gagnant-gagnant »
entre le délégant et le délégataire
Le programme proposé s’appuie d’abord
sur la force du groupement Keolis-CCI, c’està-dire la mutualisation des compétences
de chacun et de moyens, la complémentarité des savoir-faire et des équipes au seul
service de la croissance de l’infrastructure
dans son territoire. Cela se concrétise dans
un engagement pérenne du délégataire à
travers une société locale dédiée, à gouvernance partagée et à objet social unique :
la gestion et l’exploitation de Dole-Jura.
Ce programme sera bâti en concertation
étroite et permanente avec le délégant, le
Conseil général du Jura qui s’est engagé,
avec volontarisme, à en accompagner la
mise en œuvre sur la durée de la DSP.
Une stratégie de diversification
•> Les vols vacances. Le postulat fixé est
celui d’un essor mesuré du trafic en augmentant le nombre de destinations et de départs,
voire en lançant au moins une chaîne régulière. La prospection est engagée et les
contacts sont pris avec des tours-opérateurs
et compagnies aériennes dans cet esprit, y
compris en valorisant auprès de ces interlocuteurs la pertinence de bénéficier de marchés complémentaires, par exemple entre
les aéroports d’Angers-Loire et de Dole-Jura.
•> L’entraînement. Le principe est de maintenir à un niveau de croissance raisonnable
> Deux aéroports à 20 minutes de distance
quelques années la branche Sud – contribue
donc à faire du bassin dolois une plate-forme
multimodale.
le trafic et de préparer l’aéroport pour
accueillir une école de pilotage, voire un
atelier assistance-maintenance ; l’objectif,
c’est de créer une activité basée.
•> Une liaison régulière vers un hub européen. Il s’agit de créer une ligne de desserte et
de destination, répondant à la fois aux besoins
d’une clientèle d’entreprises et à ceux d’un
marché touristique. L’Allemagne est le pays
identifié sur des villes suffisamment éloignées
et à fort potentiel.
•> Escale postale et trafic fret aérien. La SAS
entend d’abord consolider l’activité postale,
avec la Poste et d’autres éventuels opérateurs pour optimiser l’exploitation de la
ligne Dole-Roissy CDG et de l’avion.
En complément, pourrait être développé du
fret, l’objectif étant prioritairement de valoriser
les compétences et les installations propres
aux prestations assurées par l’exploitant.
•> Une approche active est conduite pour
saisir d’autres opportunités de croissance
des activités, sur l’aviation d’affaires et
d’entreprises pour un produit à la carte, le
fait que l’aéroport puisse être un aéroport
de déroutement, sur les vols incentive
d’entreprises pour des actions de formation,
événementielles...
•> Le scénario de croissance mise enfin
sur une exploitation de l’emprise foncière
pour l’implantation d’activités en lien avec
l’aéronautique.
Cet ensemble de projets, qui visent un total
à terme d’environ 38 000 passagers, s’accompagne de travaux ; ils s’échelonneront
tout au long de la période, pour garantir
une image en cohérence, l’augmentation
de capacité, la qualité de l’accueil et des
prestations techniques et commerciales et
une qualité environnementale dans la
concrétisation des ambitions affichées
> Interviews
Grand Dole, des visions nuancées
C’est également un vecteur de développement
économique démultiplicateur d’échanges. Un
aéroport génère des flux de voyageurs dont
l’impact se mesure autant en termes de marchés industriels que commerciaux ou touristiques. C’est enfin un élément d’attractivité et
de communication pour l’ensemble d’un territoire et de ses habitants. Voilà pourquoi toutes
les régions de France souhaitent se doter
d’une infrastructure aéroportuaire.
Une plate-forme aéroportuaire, c’est avant tout
un outil d’aménagement du territoire décliné à
l’échelle régionale, voire interrégionale. L’aéroport de Dole-Tavaux vient ainsi en complément
logique à l’A36 et l’A39 qui ouvrent la FrancheComté vers Rhône-Alpes et la Bourgogne et
plus largement Paris. C’est aussi un élément
de désenclavement qui se conjugue avec les
lignes à grande vitesse. La branche Est – et dans
Reste la réalité. À moins d’une demi-heure
de route, se trouvent deux équipements
sensiblement de même taille dont la
vocation affichée est de se développer.
Les deux équipements ont des relations
régulières, même si jusqu’à présent, il n’y a
jamais pu avoir d’accord entre la Bourgogne
et la Franche-Comté sur l’aménagement
d’une plateforme commune
Patrick Laforêt,
Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Dijon
« Se complèter sans se concurrencer »
Pour moi, jusqu’à présent il n’y avait pas de
projet de développement de Dole-Tavaux.
C’est donc un fait nouveau, j’en ai entendu
parler il y a quelques semaines seulement
et je n’en connais pas les détails, mais je
suis très demandeur pour comprendre ce
qui va se passer. Ce que j’ai retenu, c’est la
volonté de développer une liaison hub vers
l’Europe de l’Est, c’est également un des axes
du projet « Renaissance » pour l’aéroport de
Dijon. Selon ce qu’il est prévu de faire sur
Dole-Tavaux je suis prêt à réorienter mon
projet. L’autre axe, c’est semble-t-il le low
cost. Est-ce que ça fait vraiment partie du
projet de développement de Dole-Tavaux ?
Je ne sais pas, je vais contacter le Président
Dieudonné pour en discuter. Ma position,
c’est de voir ensemble comment les deux
aéroports peuvent se compléter sans se
concurrencer Claude Chalon,
Président de la Communauté
d’Agglomération du Grand Dole
« On se trompe en investissant
massivement »
Il faut avant tout se fixer des dates. Aujourd’hui, l’aéroport de Dole-Tavaux ne
fonctionne pas, il faut le reconnaître.
4 000 passagers par an, 500 000 € de déficit et la liaison aéropostale qui va disparaître, remplacée par le TGV… Par ailleurs,
il existe aussi le projet "Renaissance" de
Dijon-Longvic, un aéroport entretenu
par l’armée. On nous parle aussi de la
branche Sud du TGV dans 20 ans. À cette
date, il n’y aura plus de place pour un
aéroport comme Dole-Tavaux. La question, c’est donc : que fait-on entre 2010
et 2020 ? Y a-t-il la place pour un grand
aéroport entre Mulhouse et Lyon ? Si oui,
tous les partenaires régionaux doivent
être d’accord, ce n’est pas au niveau du
Grand Dole que ça se jouera. On est l’accueillant, pas le financeur. On va donc
jouer le jeu et, en gros, mettre les mêmes
sommes qu’aujourd’hui
Jean-Michel Daubigney,
maire de Tavaux,
Vice-président de la Communauté
d’Agglomération du Grand Dole
« Je souhaite poursuivre le
développement de Dole-Tavaux »
L’aéroport de Dole-Tavaux existe, il donne
satisfaction. C’est un outil d’excellente
qualité, tous les utilisateurs s’accordent à
le dire. Il y avait donc un devoir du Conseil
général de chercher à le rentabiliser. Cette
démarche volontariste, j’y souscris, je
l’approuve pleinement, mais je ne suis pas
à même de juger si les investissements
– qui me paraissent importants – sont
suffisants ou pas. Je souhaite qu’on
poursuive le développement de DoleTavaux, mais pas n’importe comment. Si,
par exemple, on veut faire un cimetière
d’avions (démantèlement NDLR), j’y suis
opposé pour des raisons économiques et
environnementales