parasitisme insectes
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parasitisme insectes
Étude des interactions hôte-parasite à travers le système insectes (Galleria Mellonella ; Tenebrio molitor) – nématodes (Heterorhabditis bacteriphora ; Steinernema carpocapsae) Audrey AVRIL, Charlotte CAILLEAU, France ORIS Le parasitisme est une relation fondamentale dans le monde vivant. En effet, le cycle vital d'un grand nombre d'organismes dépend, au moins en partie, et parfois intégralement, d'un organisme hôte. Un parasite est donc un organisme qui se développe, au plan trophique, aux dépens d'une autre espèce dénommée espèce hôte. Il existe deux sortes de parasites en fonction de leur mode de vie par rapport à l'hôte. Les ectoparasites qui vivent fixés à la surface du corps de leur hôte. Les endoparasites quant à eux, se développent à l'intérieur de leur hôte, soit dans le tube digestif, soit dans certains organes ou encore, dans le milieu intérieur (sang, lymphe, ...). Ce sont à ces derniers que nous allons plus particulièrement nous intéresser dans cette étude. Le parasitisme peut être défini comme une interaction biotique interspécifique « négative » (Dictionnaire encyclopédique de l'écologie et des sciences de l'environnement ; François Ramade ; Ediscience international 1993). En effet, cette interaction concerne des êtres vivants d'espèces différentes dont l'un des individus subit une influence défavorable (l'hôte) causée par un autre d'une espèce différente (le parasite). La mort de l'hôte n'est pas une conséquence inévitable du parasitisme. Il possède en effet, une seconde chance pour se délivrer de l'emprise du parasite (car sa première échappatoire résidait dans le fait même d'éviter le parasite). Il la doit à sa capacité d'attaquer le parasite envahisseur grâce, notamment, à ses réactions immunitaires (anticorps, ...). Ainsi il développe une certaine résistance face au parasite. D'autre part, il existe des parasites strictement spécifiques à un hôte (signalons que d'autres peuvent se développer au dépens d'hôte différents). Cela se nomme la spécificité parasitaire, elle mesure l'aptitude du parasite à se développer chez un nombre plus ou moins grand d'hôtes dont l'ensemble constitue le spectre d'hôte. Le but de notre travail est donc de mettre en évidence une éventuelle spécificité parasitaire et/ou la résistance de certains hôtes à l'infestation parasitaire (que l'on définit comme la prolifération d'un parasite non microbien dans un organisme). Pour étudier cela, nous nous sommes intéressées aux interactions hôte-parasite à travers le système insectes-nematodes. Actuellement il n'existe que deux genres parmi les nématodes entomopathogènes : les Steinernema et les Heterorhabditis. Par entomopathogène, nous entendons, des nématodes susceptibles de parasiter les insectes. Le cycle biologique de ces nématodes est relativement simple. Les oeufs, évacués à l'extérieur avec le fecès se développent et engendrent des larves dont le développement entrecoupé de mues comporte quatre stades larvaires (numérotés de 1 à 4). Ce sont les larves de 3e stade appelées larves infectieuses (ou forme infestante) qui se déplacent dans le sol et recherchent un hôte potentiel à infecter. Ces dernières entrent par les ouvertures naturelles (bouche, anus, ...), les blessures ou directement en brisant la cuticule des insectes. Une fois dans l'insecte, elle engendre successivement la larve L4 puis le juvénile qui acquiert les caractéristiques adultes. Ces derniers se reproduisent et pondent dans leur hôte. Les nématodes issus de la nouvelle génération se transforment alors successivement jusqu'au stade libre L3 puis se mettent en quête d'un nouvel hôte à infester. Deux types d'hôte peuvent être facilement utilisés afin de tester la spécificité parasitaire ainsi que leur résistance à l'infestation. Une espèce de Coléoptère, du genre Tenebrio. Cette larve d'insecte à la tête bien développée et munie trois paires de pattes est connue sous le nom de ver de farine. Puis, une espèce de Lépidoptères, du genre Galleria. Les larves de ces insectes sont pourvues de fausses pattes sur l'abdomen, ont un corps cylindrique et sont appelées chenilles. Il s'agit donc d'étudier une éventuelle résistance développée par les insectes face aux parasites nématodes (qui se traduirait par la survie des hôtes). Auquel cas il convient de se demander si la taille des hôtes a une quelconque influence. Enfin, existe til une spécificité parasitaire des nématodes Heterorhabditis bacteriphora, Steinernema carpocapsae sur les larves d'insectes Galleria Mellonella et Tenebrio molitor ? MATERIEL ET METHODE Afin d'étudier cette problématique, nous avons mis en place un protocole rigoureux qui se déroule en deux étapes. 1- Première étape : Parasitisme des larves par les nématodes – Dans un premier temps, nous avons utilisé pour hôtes 14 larves de Tenebrio molitor (TM1) et 14 larves de Galleria Mellonella (GM2). Soit un total de 28 larves de deux espèces d'insectes différents. Elles ont ensuite été placées dans des tubes eppendorfs préalablement tapissés de papier filtre. Ce dispositif nous a permis par la suite d'y déposer la solution de nématodes adéquate. De plus, les eppendorfs ont été percés afin de s'assurer de la bonne oxygénation des larves et des nématodes mais néanmoins d'une taille moindre pour éviter que les larves ne s'échappent. Ce problème de fuite des larves, ne se pose pas pour les nématodes car nous avons considéré qu’en stade L3 les nématodes n'ont pour but que de trouver un hôte afin de se reproduire. Par la suite, 3 gouttes de solution de nématodes Steinernema carpocapsae (ST1) ont été déposées dans 7 des eppendorfs contenant des larves TM1 et dans 7 des eppendorfs contenant des larves GM2. Le même protocole a été suivi avec chacune des 7 larves restantes de chaque espèce d'insectes et la solution de nématodes Heterorhabditis bacteriphora (HB2) (voir figure 1). La charge parasitaire de nématodes contenue dans 3 gouttes de solution est estimée suffisante pour permettre le parasitisme en évitant toutefois de noyer les hôtes. En parallèle de cette manipulation nous avons placé 7 larves de TM1 et 7 larves de GM2 dans des eppendorfs (percés d’un trou pour l'oxygénation et tapissés de papier filtre) en absence de nématodes. Ces larves témoins ont pour but de déterminer si la cause du décès des larves mises en présence de nématodes est due au parasitisme ou à tout autre facteur de mortalité indépendant de notre volonté (absence de lumière, manque de nutriments, isolement, ...). Enfin, nous avons placé ces 42 tubes eppendorfs (28 parasités et 14 témoins) dans des conditions similaires. En effet, nous les avons mis à l'obscurité car les nématodes sont extrêmement photosensibles. Il est bon de noté que nous n'avons installé qu'une seule larve d'insecte par eppendorfs afin d'étudier les interactions hôte/parasites de manière indépendante. Ceci nous assure le que le parasitisme n'est du qu'à un premier contact avec les nématodes et non pas suite à une deuxième infection (nous excluons ainsi le cas où le parasitisme constaté d’une larve pourrait influencer le parasitisme d’une autre se trouvant à sa proximité). 2- Deuxième étape : Sortie de l’hôte par les nématodes – Dans un second temps, après l'infestation supposé des larves, soit 3 à 4 jours après le premier protocole (compte tenu du cycle parasitaire du nématode). Les larves mortes sont dénombrées et mesurées. Elles sont ensuite placées sur un dispositif permettant la sortie et le comptage des nématodes issus de la reproduction des parasites. Ce dispositif est constitué d'une grande boîte de Pétri (Ø 90mm) au centre de laquelle est placée une plus petite boîte de Pétri (Ø 50mm) retournée afin de créer un relief. Sur cette dernière est posée une bande de papier filtre (L:100mm; l:35mm) qui déborde dans la grande boîte. Dans celle ci est introduit du liquide de Ringer (liquide similaire à celui du milieu interne d'un organisme, pH = 7,2) qui par capillarité humidifie l'intégralité du pont de papier filtre (voir figure 2). La larve morte est alors disposée sur le papier filtre (mouillé) recouvrant la petite boîte de Pétri. Les nématodes au stade L3 peuvent alors s'échapper de leur hôte et migrer dans l'eau de la grande boîte par l'intermédiaire du pont de papier filtre. Enfin, le surlendemain de cette deuxième manipulation, nous avons pu quantifier les nématodes présents en solution. En effet, nous avons estimé suffisante la durée de 2 jours pour la sortie des nématodes du corps de l'hôte mort. Nous avons alors mesuré la quantité d'eau présente dans chaque boîte de Pétri (en prenant soin de noter le numéro des boîtes et la quantité d'eau). Ensuite, 100µL de la solution présente dans la grande boîte de Pétri furent placés sous lame et lamelle puis observés au microscope (X400). Ainsi la quantité de nématodes présents dans 100µL pu être déterminée. Cette opération a été faite 2 fois pour chaque larve, et une moyenne des deux comptages a été réalisée par la suite afin d'avoir une meilleure appréciation de la quantité totale de nématodes. Puis, connaissant la quantité d'eau contenue dans la grande boîte de Pétri, nous en avons déduis par un simple produit en croix la quantité totale de nématodes : (Volume en mL de la grande boite de Pétri * Nombre de nématodes présents dans 100µL) (Volume prélevé : 0.1 mL) Nous avons alors considéré que la quantité de nématodes présents en solution dans la grande boîte de Pétri était homogène. A noter qu'il est impératif d'introduire du liquide de ringer tous les jours avant le comptage des nématodes afin de ne pas avoir de problème de dessiccation. RESULTATS ET INTERPRETATION 1 - Etude de la mortalité des larves hôtes– Types de larves et de nématodes Tenebrio molitor témoins Galleria mellonella témoins Pourcentage de mortalité associé 0% => toutes vivantes ! 0% => toutes vivantes ! Tenebrio molitor + Heterorhabditis bacteriphora Galleria mellonella + Heterorhabditis bacteriphora 100% Tenebrio molitor + Steinernema carpocapsae Galleria mellonella + Steinernema carpocapsae 0% => toutes vivantes ! 85.7% (une seule survivante) 85.7% (une disparue, donc supposée vivante puisqu’elle a dû s’échapper !) Figure 3 • Tableau donnant les pourcentages de mortalité des larves témoins ainsi que ceux observés chez les différentes espèces de larves en fonction du parasitisme des différents nématodes. _________________ Les larves témoins de Tenebrio Molitor et Galleria mellonella ont toutes survécues à la période de 5 jours d’isolement dans des tubes eppendorfs. Les larves de Tenebrio molitor ayant été exposées au nématode Heterorhabditis bacteriophora ont elles succombé. Au contraire, les larves de Galleria mellonella en contact avec ce même parasite ont toutes survécues. Le nématode Steinernema carpocapsae, a été à l’origine d’un taux de mortalité égal à 85,7% chez les deux types d’espèces hôtes étudiés. Enfin, il a été remarqué que dans tous les tubes eppendorfs où ont été retrouvées des larves mortes, le papier filtre y était mouillé (alors que dans les tubes contenant des larves vivantes ce papier filtre était sec après évaporation de la partie aqueuse de la solution de nématodes). 2 – Étude de la relation entre le nombre de nématodes (issus de la reproduction de ceux utilisés comme parasites) et la taille des larves parasitées – La relation la plus évidente pouvant conditionner l’efficacité parasitaire d’un nématode apparaît être l’influence de la taille de l’hôte sur le nombre de nématodes issus de la reproduction de ceux utilisés comme parasites. En effet, nous pourrions nous attendre à observer d’autant plus de « néo-nématodes » que la larve parasitée est de grande taille (car initialement, un nombre supérieur de nématodes parasitaires aurait pénétré, donnant ainsi plus de « néo-parasites » au final). L’examen du graphique de dispersion de la figure 4, indique qu’il y a une relation positive entre la variable « nombre total de nématodes Heterorhabditis bacteriophora» et la variable « taille de la larve Tenebrio molitor ». La moitié des points se trouvent sur la courbe de régression linéaire (ce qui traduit le coefficient de corrélation égal à 0.537). Le coefficient de détermination est de 0,288. Il en est de même pour l’étude du graphique de la figure 5. La relation entre la taille des larves Tenebrio molitor et le nombre de Steinernema carpocapsae n’est corrélée qu’à 50%). Le coefficient de détermination est égal 0.249. Enfin sur la figure 6, il est possible de voir que la relation entre la taille des larves de Galleria mellonella et le nombre de Stenerneima carpocapsae est négative (coefficient de corrélation égal à -0,49). Cependant, c’est en réalité la valeur absolue de ce coefficient qui nous intéresse ici pour discuter d’une éventuelle influence entre les deux paramètres. Le coefficient de détermination n’est égal qu’à 0.202. DISCUSSION – INTERPRETATION DES RESULTATS 1 - Étude de la mortalité des larves hôtes– Les résultats des observations effectuées sur les larves témoins montrent une survie totale. Rappelons que ces larves avaient été placées dans les mêmes conditions expérimentales que les larves exposées à l’infestation des nématodes. C'est-à-dire à l’obscurité, dans des tubes munis d’un trou suffisant pour permettre la respiration (sans que les larves s’échappent) et sans ajout de nourriture pendant la période de l’expérimentation. Cela nous permet donc d’affirmer que s’il y a mortalité chez les autres larves de l’étude, elle ne sera due qu’à l’infestation réussie des nématodes. Pour corroborer cette affirmation, nous pourrons noter que dans tous les tubes eppendorfs où des larves mortes ont été retrouvées, le papier filtre y était imbibé (alors que pour les larves vivantes ce papier était sec après évaporation de la partie aqueuse de la solution de parasites). Or, les nématodes vivent en symbiose avec une bactérie (Xenorhabdus spp. pour les Steinernema; Photorhabdus spp. pour les Heterorhabditis), laquelle est libérée dans la cavité abdominale de l'insecte. Cette bactérie tue l’insecte par septicémie et liquéfie les tissus afin de rendre disponible les nutriments nécessaires au développement du nématode (Gaugler et Kaya, 1990). Ce phénomène expliquerait cette dernière observation et par la même constitue un argument supplémentaire dans l’infestation effective des larves par les nématodes. Comme cela a été vu dans la partie résultats, Heterorhabditis bacteriphora ne parasite qu'un seul type d'hôte : les larves de Tenebrio molitor. Un tel parasite est dit « oïoxène », il présente une spécificité d’hôte dans le cadre de notre étude. En ce qui concerne l’infestation du nématode Steinernema carpocapsae, les résultats étaient plus mitigés. En effet, ce nématode ne semblait pas présenter de spécificité d’hôte. Un tel parasite, qui exploite des espèces d'hôtes non étroitement apparentées est quand à lui dit: « euryxène ». Ce serait donc le cas pour cette espèce de nématode dans les limites de notre étude. De plus, pour les deux espèces larvaires concernées (Tenebrio molitor et Galleria mellonella), le taux de mortalité ne s’élevait qu’à 85.7% avec ce nématode. Comparativement avec l’Heterorhabditis bacteriphora (qui avait causé 100% de mortalité chez les Tenebrio molitor), le Steinernema carpocapsae semblait donc avoir un pouvoir pathogène moindre (par pouvoir pathogène nous entendons la « capacité à infester et causer la mort »). Les théories de Garber et de Lewis suggèrent la nécessité pour le parasite d'assurer un équilibre constant entre les facteurs favorables (nutriments, ...) et les facteurs défavorables (défense de l'hôte) qui conditionnent son maintien et son efficacité. Une tentative d’explication pourrait être la suivante. Le Tenebrio molitor serait plus performant dans le maintien de cet équilibre que l’autre parasite. Ainsi, cela suggérerait que les larves de Tenebrio molitor auraient développées une plus grande résistance aux nématodes Stenerneima carpocapsae qu’aux Heterorhabtis bacteriphora. 2 – Étude de la relation entre le nombre de nématodes (issus de la reproduction de ceux utilisés comme parasites) et la taille des larves parasitées – Les résultats de la figure 4 démontrent que seulement 29% des variations de la variable « nombre total de nématodes Heterorhabditis bacteriophora» entre les différentes larves peuvent être expliquées par l’influence linéaire de la « taille de la larve Tenebrio molitor » sur le « nombre total de nématodes Heterorhabditis bacteriphora». Ce pourcentage étant très faible, il ne permet pas de conclure sur une réelle influence de la taille des larves Tenebrio molitor sur le nombre de nématodes Heterorhabditis bacteriophora « produits ». L’influence de la taille des larves Tenebrio molitor n’explique que pour 25% les différences dans le nombre de Steinernema carpocapsae (cf. figure 5). Tandis que la connaissance de la taille des Galleria mellonella ne nous permettrait de prédire le nombre de néo-nématodes qu’avec une certitude de seulement 20% (cf. figure 6). Ainsi, la taille de la larve parasitée ne permet pas d’expliquer à elle seule le nombre de nématodes issu de la reproduction de ceux qui l’ont parasité. Il parait évident que d’autres paramètres doivent entrer en jeu… CRITIQUES Le but de ces expériences était de nous permettre d'élaborer un raisonnement scientifique basé sur des observations. Or celles ci peuvent être critiquées. D'une part, la fiche d'information fournie en introduction à l'expérience par les professeurs comportait des données erronées. En effet, l'espèce Galleria Mellona se trouve plus couramment sous le nom de Galleria Mellonella. Il en va de même avec l'espèce Tenebrio Monitor qui serait Tenebrio Molitor. Lors de la mise en place du dispositif dans les eppendorfs, les larves choisis l'ont été au hasard tout en s'assurant qu'elles étaient vivantes. Il se pourrait aussi qu'il y ait eu des interactions indépendantes de notre volonté pendant le stockage des boites de Pétri (actions de personnes extérieures, déplacement des dispositifs expérimentaux, vol de matériel entreposé, ...) De plus, lors du comptage des nématodes nous nous sommes réparties un certain nombre de lames à regarder chacune de notre côté. Mais toutes trois ne possédons pas la même vision. L'appréciation du nombre de nématodes s'en trouve alors faussée. Il a d'ailleurs été difficile de trouver une méthode de comptage appropriée vu le peu de moyen mis à notre disposition. Enfin, nous avons du faire face à un grave problème de dessiccation (malgré le fait que nous ayons pris soin de remettre quotidiennement du liquide de Ringer dans les boîtes de Pétri) qui a causé la mort des nématodes. De ce fait, leur quantification a sûrement été faussée. Cependant, ce fut un mal pour un bien car si les nématodes avaient été vivants il aurait été encore plus difficile de les suivre dans leur course pour les compter.