Les régies prennent peu à peu le virage de l

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Les régies prennent peu à peu le virage de l
2 Immobilier
24 heures | Mercredi 6 mai 2015
Immobilier 3
24 heures | Mercredi 6 mai 2015
Réseaux sociaux
Les régies prennent peu à peu le virage de l’immobilier 2.0.
sociaux sont devenus incontournables dans notre stratégie de communication, explique Brigitte Marini,
responsable marketing du groupe.
Notre but n’est pas de faire un nouveau site d’annonces immobilières,
les internautes peuvent aller sur les
portails pour avoir ce type d’informations. Ni de se concentrer sur la quantité de j’aime acquis. Certes, c’est important et nous sommes ravis de voir
chaque jour le chiffre de notre communauté augmenter. Mais nous voulons aller plus loin: notre objectif premier est de générer de l’engagement
de la part de nos fans. De les faire
interagir à travers des contenus sur le
développement durable, la décoration d’intérieur ou encore simplement des jeux. A la différence de Facebook, nous utilisons LinkedIn uniquement pour promouvoir nos activités et notre expertise dans
l’immobilier.»
Les professionnels
de l’immobilier
commencent à utiliser
les réseaux sociaux
pour cibler
leur clientèle
Laurent Buschini
L
es métiers de l’immobilier, comme d’autres secteurs économiques, ont
vu leur quotidien profondément modifié avec l’arrivée d’internet, il y a une quinzaine
d’années. Mais la présence active des
régies sur les réseaux sociaux est plus
récente et encore peu répandue en
Suisse. Contrairement aux Etats-Unis,
ou plus de 80% des professionnels de
l’immobilier les utilisent pour faire
connaître leur régie et les biens mis
en vente ou en location. «Dans notre
pays, les régies actives sur ce type de
sites sont encore des pionnières, explique David Burgener, consultant en
stratégie digitale. Mais les autres y
viennent peu à peu.» Le spécialiste
conseille la section vaudoise de
l’Union suisse des professionnels de
l’immobilier (USPI Vaud). Laquelle
entreprend à son tour un travail de
sensibilisation auprès de ses membres.
Philippe Angelozzi, secrétaire général de l’USPI Genève, constate
aussi que certaines régies ont fait le
pas. «Elles communiquent comme
n’importe quelle entreprise d’un
autre secteur le ferait. Mais il est vrai
que la communication des régies est
plus proactive que par le passé, surtout pour celles qui ont une certaine
taille. Car si on veut tenir un site, le
faire vivre, assurer le suivi des demandes et des commentaires, il faut
du personnel dédié. Les petites régies
n’en ont tout simplement pas les
moyens.»
Mais au fait, pourquoi la présence
des régies immobilières sur les réseaux sociaux serait-elle importante?
«En Suisse, les gens passent désormais en moyenne près de deux heures par jour sur ces sites, analyse David Burgener. Il faut être là où les
gens se trouvent sur internet. Ensuite, aux régies d’attirer l’attention
et d’entrer en contact avec leur clientèle.»
La régie Naef s’est fortement engagée dans ce domaine. «Les réseaux
Cibler les internautes
Certaines régies ont décidé d’utiliser les réseaux sociaux dans leur stratégie de communication. Cela leur permet de faire vivre une communauté de
suiveurs tout en utilisant ces outils pour faire passer des annonces immobilières. CORBIS
Un accès direct grâce à l’informatique
U La régie Naef ne se contente pas
d’être active sur les réseaux
sociaux. Pionnière dans le
développement d’outils
informatiques, elle a développé
une série de plateformes en ligne
dédiées à ses propriétaires,
copropriétaires et fournisseurs de
services qui travaillent avec elle.
«Notre régie a des ambitions très
élevées en matière de solutions
informatiques pour nos clients,
explique Olivier Peyrot, l’un des
administrateurs de Naef.
Aujourd’hui, nos propriétaires
peuvent suivre en toute
transparence la gestion de leur
immeuble, depuis n’importe où
dans le monde. Nos copropriétaires
peuvent afficher l’ensemble des
informations sur leur copropriété
vingt-quatre heures sur vingtquatre. Depuis 2013, notre
plateforme e-fournisseurs a permis,
entre autres, d’accélérer la relation
avec nos fournisseurs, que ce soit
pour le traitement des devis, des
bons de travaux ou des factures.
Nous arrivons ainsi à traiter plus de
80 000 factures par an.
Annuellement, ce sont ainsi plus de
500 000 feuilles papier qui sont
supprimées pour être remplacées
par le mail. Et pour 2015, notre
département informatique vient
de terminer une toute nouvelle
plateforme destinée uniquement
à nos locataires. Actuellement
en phase de test, elle sera
opérationnelle tout prochainement.
Nos locataires trouveront toutes
sortes d’informations sur leur bail,
le suivi de leur loyer, etc. Nous leur
simplifierons la vie avec un système
générant des lettres types pour
résilier son bail ou autre, qu’il
pourra nous transmettre via cette
application.»
«Le but est de
rompre les barrières
qui existent entre les
professionnels de la
pierre et les clients.
Les régies ont tout
intérêt à soigner
leur communication,
à mettre un visage
sur leurs activités»
David Burgener
conseiller en stratégie digitale
Naef utilise aussi les réseaux sociaux
pour promouvoir des objets à la location ou à la vente. «Nous faisons passer nos annonces immobilières par le
flux normal du fil d’actualité de notre
page, indique Brigitte Marini. Et nous
réalisons également des campagnes
publicitaires grâce aux outils proposés par ces réseaux avec des critères
de ciblage tels que l’âge, le lieu, les
intérêts, etc. Pour ce faire, nous
avons une personne en charge de la
modération de nos réseaux sociaux.»
Autre
régie
engagée,
CGi
IMMOBILIER n’avait pas de plan
défini lorsqu’elle a com-
mencé à être présente sur les réseaux
sociaux il y a cinq ans. Depuis une
année, elle a mis en place une stratégie pour le digital. Elle a engagé une
personne dédiée au suivi. «Nous utilisons ces sites pour promouvoir notre
image et notre notoriété, mais aussi
dans un but commercial, explique
Charlotte Henry, responsable du
marketing et de la communication de
la régie genevoise. Nous mettons sur
nos pages Facebook ou LinkedIn des
articles informatifs, des avis d’experts sur l’immobilier. Et nous proposons un bien par semaine, qu’il soit
résidentiel ou commercial, à vendre
ou à louer. Nous avons la possibilité
de cibler les personnes en fonction de
certains critères d’intérêt ou d’âge,
par exemple.»
Faire vivre une
communauté
CGi IMMOBILIER a aussi à cœur de
faire vivre une communauté de
2000 personnes qui suivent les
activités de la régie sur les réseaux
sociaux. Les commentaires sont
rarement vindicatifs. «Je me rappelle d’un cas, un seul, où une personne
a
affiché
son
mécontentement sur les réseaux
sociaux, précise Char-lotte Henry.
Nous lui avons répondu rapidement
et publiquement pour régler le
problème.»
«Les commentaires circulent de
toute manière, que la régie soit ou
non active sur les réseaux sociaux,
rappelle David Burgener. Mais si
elle est présente, elle peut réagir,
prendre contact avec la personne
et montrer qu’elle prend chaque cas au
sérieuxpour résoudre le problème.
La plu-part du temps, l’internaute
qui aura posté le premier
commentaire incen-diaire finira par
poster un message de félicitations.»
Casser les barrières
entre professionnels et clients
Les réseaux sociaux sont donc un
outil qui permet aux régies de développer une communication transparente. «Elles peuvent présenter la
philosophie qui les anime, montrer
l’évolution de la société, interroger le
directeur de la société, ajoute David
Burgener. Les internautes peuvent
par exemple suivre la journée d’un
corps de métier de l’agence pour
mieux comprendre ce qui s’y fait.
Cela désacralise un domaine qui apparaît souvent comme mystérieux
pour beaucoup de personnes. Le but
est de rompre les barrières qui existent entre les professionnels de la
pierre et les clients. Les régies ont
tout intérêt à soigner leur communication, à mettre un visage sur leurs
activités.»
En Suisse, les régies immobilières
actives sur les réseaux sociaux sont
encore peu nombreuses. Pourquoi
cette frilosité? «Malheureusement,
les réseaux sociaux ne sont que la
pointe de l’iceberg, regrette David
Burgener. À l’image de la finance et
de l’immobilier, certains piliers de
notre économie se sont certainement contentés des acquis, en sousestimant les besoins réels en matière
d’innovation business et technologique.»
Les portails ne craignent pas la concurrence
U «Aujourd’hui, une entreprise ne
peut pas se passer d’une présence
sur les réseaux sociaux. Nous ne
faisons pas exception, indique
Philippe Schyrr, patron d’acheterlouer.ch. Car les gens multiplient
les sources d’information. C’est
comme la télévision, on ne regarde
pas qu’une seule chaîne.»
Philippe Schyrr ne pense
toutefois pas que l’activité de
certaines régies sur les réseaux
sociaux soit une concurrence pour
les portails immobiliers. «Les gens
vont sur ces sites pour des moments
de détente. Lorsqu’ils cherchent
des biens immobiliers, ils vont sur
les portails dédiés. Mais il est vrai
que les réseaux sociaux nous
amènent du trafic. Nous animons
nos pages avec des informations,
des études sur l’immobilier ou des
nouvelles insolites. Nous avons
développé un système qui génère
des vidéos à partir des données et
des photos postées par nos clients.
Elles sont ensuite postées automatiquement sur Facebook.»
La présence de certaines régies
sur les réseaux sociaux ne dérange
pas non plus Bertrand Mingard,
directeur régional de homegate.ch.
«C’est un complément. Sur ce type
de site, il est très difficile de mettre
en ligne tous les biens immobiliers
qu’une régie offre. Par contre, pour
une régie, c’est un moyen intéressant de faire la promotion de l’un
ou l’autre objet de qualité. Mais on
ne peut pas pratiquer une activité
purement mercantile. On est sur le
même marché immobilier, mais on
n’a pas la même approche.»
Homegate est aussi présent sur
les réseaux sociaux. «Nous avons
plus de 40 000 suiveurs sur
Facebook, dit Bertrand Mingard.
Nous leur proposons de l’information: cela va des études sur le
marché de la pierre à des conseils
en matière de feng shui.»