Rencontre élèves administrateurs territoriaux de l`INET

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Rencontre élèves administrateurs territoriaux de l`INET
Rencontre élèves administrateurs territoriaux de l’INET,
promotion Galilée : regards croisés sur le marché de
l’emploi des A+
Rencontre off 3
Ont participé à cette rencontre :
Armelle FOREST, consultante, cabinet Progress
Agnès LUCAS-REINER, DGA carrière et emploi au CNFPT
Jean-Christophe BAUDOUIN, directeur général de la communauté d’agglomération de
Cergy-Pontoise, président de l’AATF
Karim DOUEDAR, directeur des ressources humaines du Conseil général de l’Eure
Stéphane AUZILEAU, directeur des ressources humaines et des relations sociales du
Conseil régional d’Aquitaine
Denis GOURNAY, directeur général adjoint des
l’administration générale du Conseil général du Nord
ressources
humaines
et
de
Le débat était animé par Guenael PIRA, élève administrateur territorial
I.
Les grandes lignes
(Agnès LUCAS-REINER)
du
cadre
d’emploi
d’administrateur
Le cadre d’emploi d’administrateur couvre environ 1 800 personnes, dont un tiers
travaillent au sein des conseils généraux. 75 % des administrateurs sont des hommes et
la majorité occupe des emplois fonctionnels. Près de 70 % des administrateurs ont plus
de 50 ans et 78 % devraient prendre leur retraite dans les huit prochaines années.
Cependant, tous ne seront tous remplacés par d’autres administrateurs puisque la
tendance est au développement des recrutements internes au sein des collectivités.
Le marché de l’emploi a récemment enregistré une forte progression des recrutements au
sein des établissements publics intercommunaux, des SDIS, des centres de gestion, et
des conseils régionaux. En revanche, les recrutements sont de moins en moins
importants au sein des communes.
La grande majorité des administrateurs relevant des promotions de mars et
novembre 2007 a été recrutée dans le mois suivant la sortie. Cependant, les élections
locales du printemps 2008 n’ont pas induit une vague importante de recrutements. Plus
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précisément, les offres d’emploi ont fortement progressé au cours de l’été avant de
fortement chuter depuis la rentrée.
II.
Les stratégies de recrutement des collectivités locales
Le Conseil général de l’Eure considère qu’un jeune administrateur peut parfaitement
occuper un poste de Directeur général adjoint ou de Directeur. Cependant, alors que trois
postes d’administrateurs étaient ouverts au printemps 2008 au sein de cette collectivité,
aucune candidature provenant de l’INET ne s’est manifestée. Or ce département n’est pas
le moins attractif et il va connaître un besoin conséquent de renouvellement au cours des
prochaines années.
Le Conseil régional d’Aquitaine cherche à identifier les potentiels en interne, quels que
soient le grade et le statut des personnes concernées. La capacité à évoluer fait partie
des éléments pris en compte dans le cadre de recrutement d’attachés territoriaux, afin
d’anticiper un profil de carrière au-delà du poste faisant l’objet du recrutement. Cependant,
là encore, aucune candidature provenant d’administrateurs territoriaux n’a été enregistrée
concernant un poste de Directeur du Tourisme récemment ouvert, alors que le poste était
intéressant et qu’en théorie la région est attractive. Il apparaît par ailleurs que le profil des
administrateurs territoriaux est encore relativement peu connu au sein de la Région
Aquitaine. Les administrateurs territoriaux ont donc tout intérêt à s’y faire connaître à
l’occasion des stages. D’une manière générale, la Région Aquitaine doit faire appel à des
contractuels, provenant notamment du secteur privé, du fait de l’impossibilité de trouver
de bons candidats titulaires. Or la grande force des administrateurs territoriaux est leur
polyvalence, notamment leur capacité à occuper des postes opérationnels tout en offrant
une sécurité au niveau de la compétence technique.
Le nombre d’administrateurs territoriaux au sein du Département du Nord est passé de 2
en 2003 à 18 cinq ans plus tard. Cette progression résulte d’une politique volontariste de
recrutement de jeunes administrateurs, alors que par le passé cette fonction représentait
un aboutissement de carrière. Ces jeunes administrateurs occupent essentiellement des
postes de chargés de mission, mais il existe une volonté de les réorienter vers des postes
de chefs de service. Cette démarche de recrutement se poursuivra au cours des
prochains exercices. Elle résulte d’une politique visant à favoriser la mobilité au sein de
l’encadrement supérieur, dans le cadre de laquelle les administrateurs sont favorisés par
leur polyvalence, mais aussi d’une démarche visant à constituer des tandems au sein des
postes stratégiques, composés d’un spécialiste du domaine et d’un généraliste. Dans ce
cadre, le repérage des compétences internes ne doit pas être vu comme un danger pour
les administrateurs, notamment au regard des évolutions démographiques au sein des
collectivités. Enfin, la confiance dans les administrateurs territoriaux est telle, tant en
termes de compétence que de capacité à travailler avec l’autre, que des stratégies de
« speed recrutement » ont été mises en œuvre et se sont avérées être couronnées de
succès.
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III. Débat
Fonctionnement du marché de l’emploi
Certaines collectivités éprouvent des difficultés à recruter des administrateurs territoriaux,
alors qu’un certain nombre de ces derniers ne parviennent pas à trouver un poste.
Les élèves de l’INET sont incités à rencontrer le plus en amont les responsables des
collectivités locales, afin de faire connaissance alors même que les besoins de
recrutement des collectivités concernées ne sont pas encore connus. Les annonces ne
doivent donc pas constituer le seul moyen d’entrer en contact avec les recruteurs.
Compétences recherchées par les collectivités
Les collectivités sont à la recherche de managers capables, au-delà des compétences
techniques, de piloter une direction ou un projet et de manager des agents.
Morosité ambiante
Les élèves expriment le sentiment que les collectivités locales semblent accorder la
priorité au recrutement « endogamique ». Par ailleurs, certaines annonces non pourvues
sont parfois republiées après modification du grade proposé : un même poste peut être
proposé au grade d’administrateur, puis quelques semaines après au grade d’attaché
principal. Cet élément semble démontrer que le recrutement d’administrateurs ne
constitue pas une priorité pour les collectivités. Enfin, un certain nombre d’agents de l’Etat
vont sans doute devoir être contraint d’émigrer vers la fonction publique territoriale.
Il apparaît néanmoins que le nombre de fonctionnaires territoriaux progresse au sein de la
direction générale du Conseil général du Nord. Par ailleurs, il est normal que certaines
annonces soient relativement floues, dans la mesure où un poste peut désormais être
occupé par un administrateur, un ingénieur ou un fonctionnaire provenant de l’Etat. Le
profil personnel du candidat sera privilégié par rapport à son statut.
Enfin, s’il existe effectivement une volonté de favoriser les mobilités internes au sein du
Conseil général de l’Eure, les postes concernés sont systématiquement publiés en
externe afin de mettre en concurrence les candidats provenant de différents horizons.
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IV. Les acteurs intervenant sur le marché des administrateurs
territoriaux
Le réseau (Jean-Christophe BAUDOUIN)
Les collectivités locales et la fonction publique territoriale ont inventé le marché de l’emploi
dans la fonction publique. Les administrateurs territoriaux sont ceux qui connaissent le
mieux ce marché : ainsi, les emplois de direction générale au sein des collectivités locales
sont occupés à 60 % par des administrateurs territoriaux et à seulement 4 % par des
cadres provenant du secteur privé.
Le marché de l’emploi de la fonction publique territoriale est soumis aux contraintes de
son environnement. Ainsi, l’année 2008 a été caractérisée par un mouvement plus lent
que prévu de réorganisation des collectivités suite aux élections, mais aussi par l’arrivée
sur le marché de deux promotions d’administrateurs territoriaux du fait du changement de
calendrier de la scolarité. Les administrateurs doivent accepter les règles de ce marché de
l’emploi, ses contraintes, mais aussi ses volets positifs, par exemple la possibilité de
quitter rapidement un poste ne convenant pas.
Dans ce cadre, le réseau doit pouvoir se mobiliser pour aider ses membres. Ainsi,
l’association des administrateurs a développé le site d’annonces d’emplois A+ le plus
complet et le plus réactif. Elle a également mis en place un système de parrainage.
Néanmoins, les différents réseaux doivent converger afin de permettre aux élèves de
nouer des contacts avant la fin de leur scolarité.
Les cabinets de recrutement (Armelle FOREST)
Les cabinets de recrutement interviennent auprès des grandes collectivités. Si les
recrutements connaissent un tassement depuis quelques mois, leur nombre tend à
nouveau à progresser au sein des communes. Plus généralement, un important
renouvellement des DGS, puis des DGA a été constaté à l’issue des élections du
printemps 2008. Les nouveaux responsables ont ensuite mené une phase d’audit et de
réflexion concernant les futurs organigrammes de leur collectivité. Cette démarche a sans
doute engendré le report d’un certain nombre de recrutements. La meilleure preuve est le
frémissement enregistré depuis quelques semaines concernant le recrutement de
directeurs dans des postes fonctionnels (RH, finances…) ou plus opérationnels
(aménagement urbain, développement durable…).
Il convient de préciser que les cabinets de recrutement travaillent sur la base des besoins
des collectivités locales. Ils ne sont pas des cabinets de placement, fondant leur travail sur
la seule recherche d’emploi des candidats.
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V.
Débat
Modalités de constitution des viviers par les cabinets de recrutement
Les cabinets de recrutement assurent ne pas ostraciser les élèves issus du concours
externe au profit des élèves issus du concours interne. Le cabinet Progress met en œuvre
une véritable politique de détection de potentiels et invite les collectivités à réaliser des
paris et à diversifier les profils des administrateurs recrutés. Cependant, par définition, les
cabinets doivent répondre aux attentes des collectivités, qui parfois souhaitent
uniquement recruter des candidats expérimentés pour occuper des postes de
management et d’expertise.
Augmentation du nombre d’administrateurs formés
Dans le cadre d’un marché de l’emploi connaissant de fortes variations, il n’est pas
évident de fixer trente mois à l’avance le nombre idéal d’élèves par promotion. Dans ce
cadre, il convient de souligner que seuls cinq administrateurs appartenant à la dernière
promotion n’ont pas encore trouvé de poste. Néanmoins, le développement des
promotions internes au sein des collectivités locales implique une réflexion afin de vérifier
la validité du schéma initialement retenu, prévoyant de porter le nombre d’élèves
administrateurs à 80 par promotion.
Opacité du marché de l’emploi
Le marché de l’emploi des administrateurs souffre d’une certaine opacité. La bourse
d’emploi de l’association est réservée aux adhérents. Par ailleurs, un certain nombre
d’offres sont pourvues uniquement par le biais du bouche à oreille. Il convient donc de
travailler avec l’ensemble des intervenants à l’amélioration de la transparence de ce
marché.
Il n’en demeure pas moins que certaines collectivités préfèrent avoir recours à des
cabinets de recrutement afin d’éviter de passer des annonces. Cet élément doit inciter les
élèves administrateurs à contacter ces cabinets.
Influence du choix du premier poste dans le déroulement de carrière d’un
administrateur
Il n’existe pas de voie royale pour réaliser une brillante carrière. L’essentiel consiste déjà à
durer dans ces fonctions très difficiles au cours d’une carrière qui pourra durer 40 ou 45
ans. Dans ce cadre, les jeunes administrateurs ne doivent pas hésiter à occuper un
premier poste dans le secteur du tourisme ou des marchés publics s’ils y prennent du
plaisir. En effet, ces métiers nécessitent les mêmes qualités que des postes purement
« gestionnaires ». Par ailleurs, certains administrateurs spécialisés dans le secteur de la
culture sont particulièrement recherchés.
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Les jeunes administrateurs ne doivent donc pas se focaliser sur les fonctions de direction
à la sortie de l’école. Au contraire, ils ne doivent pas hésiter à suivre une phase
d’apprentissage, afin de ne pas se brûler les ailes à l’occasion d’un premier poste dans un
univers territorial très compliqué.
La volonté de développer des binômes composés d’un directeur ou directeur adjoint
expérimenté et d’un jeune administrateur au sein des différentes directions du Conseil
régional d’Aquitaine peut constituer une bonne expérience permettant d’occuper des
fonctions de responsabilité tout en évitant de prendre des risques liés à son inexpérience.
Enfin, les jeunes administrateurs doivent avoir conscience que leur premier poste ne
répondra pas systématiquement à tous leurs souhaits. Ils ne doivent pas limiter leur
recherche à un poste dans le domaine des finances ou des ressources humaines, à
proximité du DGS et sans exercer des fonctions de management.
Politique de recrutement des régions
Les régions recrutent moins que les départements. La première explication correspond
très simplement au nombre limité de régions. Par ailleurs, il s’agit de jeunes collectivités,
qui ont fonctionné à l’origine selon un mode de gestion « familial » avant de connaître une
professionnalisation de leur mode de recrutement. Par ailleurs, ces collectivités portaient
des thèmes peu attractifs pour de nombreux administrateurs. Or les administrateurs
doivent avoir conscience qu’ils doivent investir l’ensemble des politiques publiques, et non
se contenter d’exercer des fonctions dans le domaine des finances et des ressources
humaines.
Localisation géographique
Les jeunes administrateurs doivent avoir conscience que leur fonction implique de vivre
dans les territoires et ne pas se limiter aux postes ouverts à proximité de Paris. Les
messages négatifs envoyés dans ce domaine par des jeunes diplômés issus de Science
Po Paris commencent à être très mal ressentis au sein des collectivités locales.
Par ailleurs, alors que l’AATF s’est battue pour ouvrir les postes des villes de 40 000 à
80 000 habitants aux administrateurs territoriaux, ces collectivités n’attirent pas les
candidats. Or ces communes offrent clairement des postes les plus formateurs.
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