Expédition antarctique 2013 L`histoire d`une rencontre Rencontre

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Expédition antarctique 2013 L`histoire d`une rencontre Rencontre
Expédition antarctique 2013
Une aventure sportive, humaine et écologique soutenue par le Groupe Batteur
L’histoire d’une rencontre
Publié le 31 janvier 2013 par Groupe Batteur
Entre
le
Groupe
Batteur
et
l’association l’Ame Bleue tout est allé très vite !
En décembre dernier, Laurent Marie, le
président et initiateur de l’expédition antarctique
2013 contacte le groupe à la recherche de
financements.
Ce porte-parole passionné présente le projet, une
expédition en antarctique du 18 février au
18 mars 2013 alliant voile et apnée. Un
équipage de 7 personnes prendra la route du Cap
Horn puis de la péninsule antarctique à bord d’un
voilier en aluminium de 15,5 mètres à la
rencontre de léopards des mers, baleines à bosses
et de manchots Papou et Adélie.
L’objectif est de tourner des images de cette
faune et de l’étudier tout en respectant sa
tranquillité et son lieu de vie.
A l’issue de l’aventure, des reportages et un livre
permettront de sensibiliser le public et notamment
les enfants à l’enjeu écologique actuel.
Le Groupe Batteur a toujours cultivé un intérêt
pour la mer et ses ressources. C’est donc avec un
réel enthousiasme que nous soutenons ce projet.
Pendant toute la durée de l’expédition, vous
pourrez suivre sur ce blog leurs périples et leurs
découvertes.
Nous recevrons deux fois par semaine des nouvelles du voilier.
Partageons ensemble cette aventure hors du commun ! J-15
Rencontre avec la presse, 2
jours avant le départ pour
Ushuaia.
Publié le 13 février 2013 par Groupe Batteur
A deux jours du départ pour Ushuaia, une
conférence de presse a été organisée, ce jeudi
13 février à l’Océanopolis de Brest. Laurent
Marie, à la tête de l’expédition a présenté le
projet et rappelé ses objectifs : « réaliser en
apnée, les plus belles images et vidéos pour
émerveiller les enfants et ceux qui veulent
encore rêver ».
Dominique Lecomte, directeur de l’usine Groupe Batteur à Landerneau (29) était présent à
ses côtés pour rappeler les engagements et le soutien du groupe.
De gauche à droite : Oliver Grenier (membre de l’équipage de la 1ère expédition en 2010),
Dominique Lecomte, Laurent Marie.
Cette rencontre avec les journalistes donne le coup d’envoi de cette expédition de l’extrême. Le
matériel est prêt, les préparatifs se terminent, plus que quelques heures avant le grand départ !
La combinaison de plongée. 9,5mm pour se protéger des eaux
glaciales.
Filet pour le prélèvement de
commandés par l’Océanopolis.
planctons
17 FÉVRIER
Bonjour à tous,
L'aventure a bien commencé! Vous pourrez suivre
l'évolution sur :
la page Facebook https://www.facebook.com/#!/ame.bleue.1
http://antarctique2013.fr/
le blog
Et en bonus, vous aurez l'occasion d'écouter Laurent
parler de l'expédition dans l'émission :"le panier de crabe"
sur France Bleue Breizh Izel diffusée ce dimanche matin
http://www.francebleu.fr/humour/l-ame/panier-decrabes/panier-de-crabes-en-apnee-dans-l-antarctique
Voici leurs premiers mots et la 1ère photo de leur long
périple via New York et Buenos-Aires avant le terminus
avion à Ushuaia
Soleil et reaggaeton à Buenos Aires aujourd’hui avec 30
degrés à l'ombre .....
Il est 3h du matin et c'est la dernière ligne droite avant
notre arrivée prévue à Ushuaia à 8h30 ce dimanche !
Laurent et Franck
votre correspondant local pour l'Âme Bleue Olivier Grenier
Arrivée à Ushuaia
Publié le 18 février 2013 par Groupe Batteur
Après un long périple via New York et BuenosAires, l’équipe est bien arrivée à Ushuaia dimanche
matin.
Laurent et Franck
18 FÉVRIER
Comme dans toute aventure où chacun essaie de
tout organiser, il y a tout de même quelques
impondérables…
Les bagages de Fred et Alex sont enfin arrivés, 2 jours eux ! Première petite frayeur.
Deuxième mésaventure, j’ai oublié mon passeport dans l’avion... Bien heureusement, j’ai pu le
récupérer ce matin pour notre départ vers Puerto Williams, merci à la compagnie Lan-Airlines
(chilienne).
Dans le cas contraire, j’aurais été
un passager clandestin en me
cachant dans la cale du bateau
pendant
le
séjour
en
Antarctique…
Nous n’avons mis que 3 heures
d’Ushuaia pour rallier la ville la
plus au Sud du Monde, Puerto
Williams au Chili, dernier étape
avant la traversée du Drake vers
le continent blanc. Avec une
pointe à 14 nœuds, ça promet de
belles sensations à venir !
La fenêtre météo nous permet
prévoir le départ le 20 Février.
Les oiseaux marins sont de
sortis, on en a déjà pleins les
yeux ! Quel plaisir de retrouver
cette fusion de la mer et de la
montagne.
Laurent
19 FÉVRIER Dernière soirée sur la terre ferme !
Les dernières photos avant le grand départ !
L’équipe au complet, le repas de
l’amitié la veille du départ pour le
Grand Sud.
Laurent s’approprie son lieu de vie
22 FÉVRIER Un Drake bleu pour l'Ame Bleue
Après nous avoir secoués à l'entrée du
passage, histoire de montrer qui est le
patron, le Drake et ses houles croisées de
l'Antarctique nous bercent sur une Mer
paisible.
Encalminé, poussé par une très légère
brise, laissant les voiles au repos, la moitié
de l'équipage se remet des affres du mal de
mer, oscillant entre le pont, le carré, et la
bannette. Deux jours que nous avons quitté
Port William, la mer de plus en plus
paisible, le froid de plus en plus vif, nous
approchons du Sud sous un soleil radieux,
accompagné par les grands albatros,
albatros à sourcils noirs, damier du cap,
pétrel tempête et pétrel plongeur…
Cette nuit nous avons observé les premières effervescences de plancton le long du bord, et nous
allons tenter dans la journée un premier prélèvement, un galop d'essai avant la péninsule. Au
petit matin les dauphins de la baie de Nasseau sont venus jouer avec l'étrave du voilier,
envoyés par Neptune le bienfaisant, nous montrer la voie du notre rêve blanc…
DIMANCHE 24 FÉVRIER
Il y a une semaine nous arrivions à Ushuaia.
Ce matin, Gilles nous réveille : " Il fait grand soleil et on voit l'Antarctique !!". Nous y sommes
enfin. Les baleines nous accueillent. Un banc d'une douzaine de mégaptères mange devant
nous. Soleil éblouissant, montagnes immaculées. Tableau irréel. Elles se laissent observer deux
petites heures et puis s'en vont.
Nous nous dirigeons vers un abri entre les îles aux falaises escarpées de l'archipel Melchior. Au
détour d'une île, nous découvrons le voilier "Podorange" au mouillage. Nous nous mettons à
couple. Retrouvailles. La famille des skippers de l'Antarctique est petite. Echanges sur la
navigation, les animaux vus dernièrement. Enthousiasme, excitation, nous préparons notre
matériel pour une première ballade aquatique après le repas de midi.
Nous partons avec Brice, le skipper de Podorange, pour rejoindre les baleines à 40 minutes de
navigation. Elles sont là par petits groupes…
Premier contact visuel sous marin avec une mère et deux petits… elles s'approchent aussi
curieuses que nous…exceptionnel? Irréel? Nous sommes au milieu de l'Antarctique, 200m de
fond ou plus (le sondeur décroche), la Mer est entre 0° et 1°C, et pourtant aucune trace
d'hostilité quelconque, de crainte, dans ce monde inapproprié aux humains. Alors oui ! Irréel!!
Elles nous acceptent, nous laissent rêver, et puis s'en vont. Retour vers l'Île d'Elle.
Une journée sur la péninsule, et déjà une multitude d'images, d'émotions en tête… Sur le
chemin Laurent met le filet à plancton à l'eau. Il traitera la récolte en arrivant à bord.
Premier déshabillage dans le froid polaire, mais malgré le vent, l'adrénaline nous tient chaud.
Après la douche, dont le volume tient dans une demie bassine d'eau, nous rejoignons nos
voisins de Podorange pour une soirée d'escale, pas trop arrosée… il faut tenir physiquement sur
la longueur de ce voyage… Se reposer pour perdurer. Jean-Yves, notre skipper, cuistot, nous
concocte un de ses excellents repas riche en calories, que nous mangeons sans scrupules
d'attentat à notre "courbe athlétique" ! Les calories se gagnent et se perdent immédiatement
dans la fraîcheur de l'eau. La fatigue nous gagne… La nuit tombe. Alex traite ses images dont un
exemplaire illustre ce message. Franck.
LUNDI 25 FÉVRIER
Je me lève avant tout le monde et sors sur le pont. Contemplatif du monde qui m'entoure. Les
glaciers craquent. Le grondement sourd rebondit de falaises en falaises… Un à un mes
compagnons émergent et montent sur le pont. Porridge compact au petit déjeuner. Podorange
nous quitte et retourne vers l'Amérique du Sud.
Pas de mise à l'eau ce matin. Nous allons randonner sur les hauteurs des glaciers environnants
notre mouillage. Panoramas exceptionnels (encore). Les superlatifs nous manquent. Nous nous
posons au sommet. Pas de vent, pas de mot. Contemplation. Le retour en glissade, sans luge,
sur les pentes poudrées. Un stop pour prélever le plancton des glaces à flanc de colline. Retour
à bord.
13 00. Décision collégiale de "sauter" le repas de midi, pour profiter au maximum de la lumière
lors de la mise à l'eau. A la sortie du mouillage, nous observons une mère et son petit en pleine
séance d'apprentissage. Un binôme à l'eau, à l'écart du cours maternel. Quelques apnées et
images plus tard, nous reprenons la route vers la baie de Brabant, à quelques milles de là. A
quelques encablures du voilier, un Mégaptère, une baleine à bosse, juvénile, fraichement sortie
du joug maternel, se nourrit du Krill, abondant. Un autre binôme à l'eau. Timidement elle se
rapproche, et prenant de l'assurance vient à notre contact. Deux de farandoles et de danses
autour de nous, nous frôlant de nageoires. Elle vient à nous, joue autour et avec nous.
L'élégance de sa danse nous subjugue, et laisse au second plan la Mer à O°, les doigts gelés, les
pieds endoloris… Le froid n'existe plus. Nous goutons chaque instant de ce privilège qu'Elle nous
offre. Une otarie vient participer à la fête et mêle ses arabesques aux nôtres moins gracieuses
dans ce tableau aquatique.
Nous remontons à bord et regagnons un mouillage sûr pour la nuit. Le repas de midi à lieu à 18
00…Fatigués, mais toujours bien éveillés par l'excitation de cette rencontre. Tout le matériel
sèche sur la bôme et les haubans. Avant que le soleil ne se couche, nous partons à 4 faire le
plein des jerricans d'eau douce, le long des glaciers fondant. La nuit tombe. Une partie de carte,
des photos à traiter, tout le monde s'occupe jusqu'au repas du soir.
22 00 attablés autour d'une soupe arabe, nous prolongeons la soirée, heureux d'être sur le
continent blanc... Franck.
Vous pouvez suivre les infos aussi sur
https://www.facebook.com/ame.bleue.1
http://antarctique2013.fr/
le souvenir de 2010 : http://expe-apnee-cap-horn.sportblog.fr/
Olivier Grenier
correspondant local
Mardi 26 FÉVRIER
Nous quittons Melchior et naviguons à travers le Brash, le Bourguignon en français, la glace à la
dérive produite par la fonte des glaciers. Prochaine escale, Port Lockroy. Une baie protégée par
le Mont Français, point culminant de la péninsule Antarctique, 2800 m. Au centre de la baie, une
paire d'îlots et dessus la première base Anglaise de la région, la base "A" de Port Lockroy.
Fondée à l'origine pour surveiller d'éventuels mouvements de navires allemands durant la
seconde guerre mondiale. Abandonnée, elle est aujourd'hui réhabilitée et habitée 4 mois d'été
par des Éco volontaires qui accueillent les visiteurs de passage dans leur petit commerce dont
les revenus servent à financer les rénovations des bases Antarctiques abandonnées.
Mercredi 27 FÉVRIER
Petit tour de repérage dans la baie en zodiac. Nous apercevons une femelle léopard. Je suis
fasciné par la douceur de ses arabesques. Premier contact agréable avec ce prédateur du haut
de la chaîne alimentaire locale. Nous faisons une escale à la base, pour visiter le musée et faire
quelques emplettes. Découverte de la vie des premiers hivernants au sein du musée, et l'envoi
de cartes postales fait, nous rentrons à bord.
Dans l'après midi, Laurent et Alex se mettent à l'eau avec la femelle. Gilles et Pierre assurent la
surveillance en surface. Après quelques circonvolutions timides, elle se rapproche animée par la
même curiosité que les apnéistes. De plus en plus enhardie, elle vient toucher les apnéistes, par
test, montrant ses dents à l'objectif, lâchant quelques bulles… Gilles demande aux apnéistes de
remonter sur le zodiac, ravis par ce contact, frissonnant de froid…de crainte?
L'équipe rentre. Je souhaite faire un tour à terre. Laurent m'accompagne à peine douché. Sitôt
l'annexe à l'eau, la belle est là. Pas de tour à terre, nous restons à son contact. Je la trouve
toujours aussi douce. Il faut quelques claques sur le boudin du zod' pour éviter qu'elle ne
s'aiguise les dents dessus. Nous la
suivons. Elle sonde, puis nous
suit. Elle attrape un goéland, joue
avec, puis le noie. Le pousse t'elle
vers nous? Est ce un présent? Elle
repart
et
disparait,
laissant
l'oiseau derrière elle.
Au milieu de cette petite baie,
moteur
coupé,
nous
rêvons
éveillés. La neige tombe, les
glaciers craquent et s'effondrent,
dans un vacarme assourdissant se
répercutant
de
falaises
en
falaises. C'est un autre monde. Un
tableau exceptionnel, une œuvre
d'art. Elle ne doit pas rester dans
une collection privée, mais au musée, à la vue de tous. Comment partager? Amener les foules
sans impacter sur cet Eden? Une vidéo, une photo ne transmet jamais l'émotionnel vécu. Nous
pouvons être des rapporteurs d'images et narrateurs d'émotions, pour une prise de conscience
collective de la beauté à préserver dans notre monde.
Jeudi 28 FÉVRIER :
Petit déjeuner. Débat. Je lis un passage de ce que j'ai écris sur la rencontre avec la léopard des
Mers. Je l'ai vu douce, et ne veux pas la stigmatiser dans son rôle de prédateur. Trop
protecteur, peut être, mais ayant grandit dans la psychose instaurée par les dents de la Mer.
Gilles n'est pas d'accord. On doit montrer l'animal tel qu'il est et ne pas occulter le fait qu'elle
soit un prédateur du haut de la chaine et potentiellement dangereux pour le quidam qui ne fait
pas attention.
L'entêtement du Gascon face au caractère fermé du Breton ne font pas avancer la discussion.
Pierre et une énigme détourne l'attention, la tension… Après l'énigme résolue, le compromis…
"Le léopard est un prédateur qui peut être féroce dans le monde animal, dangereux pour les
plongeurs (mais nous sommes apnéistes). Cette femelle nous a montré la beauté dans sa
danse, de la douceur, puis nous a testés et prouvés qu'elle était le boss...
Dernier jour aux abords de la base "A". La dépression est passée. Nous profitons de cette fin
d'après midi pour nous mettre à l'eau. Un rorqual de Minke vient à notre rencontre mais reste
en limite de visi. Celle ci n'est que de 1m, à 1,5m. Quelques descentes dans le froid, sans
animaux. Apnée pure autour d'iceberg… Sur le retour nous nous arrêtons pour saluer "le
gourou" en escale, Jérôme Poncet, héros du "Damien" et référence ès Antarctique, à l'accueil
chaleureux. Tout le monde rentre à bord, je reste au bord, près des papous. La visi n'est pas là,
amoindrie par l'eau qui se cristallise, prête à geler. Environ - 2°C. Je suis surpris par un phoque
de Weddell qui vient se renseigner sur cette curiosité palmée qui stationne sur ses Mers. Retour
transit de froid, comme d'habitude.
Longue soirée, ambiance cabane Kerguelienne… Pour les hivernants avertis…
Franck
Vendredi 1er MARS : Direction Port Charcot
Nous Appareillons de bon matin. Dans le canal Pelletier, à 10m du bord, 100m de fond. Une
envie de me mettre à l'eau, mais le temps commence à être compté. Le soleil pointe, la Mer
forcit…Nous mouillons au pied du Cairn en 5 points.
Un léopard montre son museau, Laurent se met à l'eau suivi d'Alex et Fred. Séance de charme.
Cet animal ne cesse de nous surprendre par sa douceur. Pendant ce temps, je vais à terre
reconnaitre les lieux.
Vers Charcot Sud, après la manchotière, la vue sur le cimetière d'iceberg est splendide… L'effet
lagune, peu de fond, empêche les blocs de la machine à glace côtière de s'en aller. Ce port
d'attache à glaçons dépasse toute beauté connue… Retour à bord. La première équipe est à bord
avec un stock d'émotions, d'images au contact de ce prédateur aujourd'hui docile. Je pars à
l'eau tardivement, espérant faire un plan du retour des manchots… Toujours pas. Krill, Iceberg
égrènent ma sortie. À l'instant où je rentre, nos voisins de mouillage viennent pour un
apér'austral… Franck.
Samedi 2 MARS :
3h00 du matin: le vent fort pousse les glaçons contre la coque. Il faut les repousser avec
l'annexe, au moteur. 3h de combat contre les éléments. La nuit est courte pour l'équipage.
Le jour se lève, le vent se couche. Nous partons en ballade sur les hauts de Port Charcot, vers le
Cairn. Le point de vue est exceptionnel, encore une fois, embrassant le cimetière d'iceberg et
l'archipel à 360°. A la redescende nous découvrons la lettre "F" dans la pierre. "F" ni pour Fred,
ni pour Franck mais pour le "Français" nom du bateau du Commandant Charcot lots de son
expédition. Cette marque servait de marégraphe. Quelques notes d'accordéon nous parviennent
de l'Ile d'Elle. Jean Yves en répétition pour un concert Antarctique?
En début d'après midi nous appareillons pour Hoovegard, point sud de notre périple. La route
nous fait passer au travers du cimetière d'Iceberg. Mise à l'eau avec les léopards de Mer. Un
nouvel instant où les superlatifs sont restrictifs… Il y a une réelle interaction entre l'homme et
l'animal…Un jeu… Une danse sans contact, juste un charme… L'animal nous charme, nous teste
sans
agressivité…
Nous repartons. Un transit au milieu de cathédrales de glaces vers notre mouillage… Un ketch
est déjà là. Franck.
Dimanche 3 MARS : Hoovegard
Le coup de vent annoncé approche. Je pars
de bon matin faire une collecte de plancton,
en zodiac. Ballade en solo, le chalut à la
main, les icebergs plein les yeux… une partie
de l'équipage part faire de l'eau aux abords
d'une cascade proche. En rentrant, je vais
sur le rivage collecter du plancton des
glaces, qui vit sur…la glace. Cela fait 36
heures qu'il pleut. La dépression prend son
temps pour passer et nous arrose
copieusement. En fin d'après midi, nous
allons à l'eau, malgré les conditions.
Direction la manchotière. Je cherche
toujours un
plan
de
manchots qui
marsouinent. Sur un glaçon nous trouvons un léopard au repos et un autre qui tourne autour.
Nous sommes quatre à l'eau. Apnée, agachon, nous l'intriguons. De plus en plus docile, il fait du
statique en pleine eau, puis s'approche. Laurent se pose au fond, il vient à lui. Parfaite
communion entre l'apnéïste et l'animal, avec comme décor une arche de glace à 8m, base de
l'iceberg. En retrait je filme l'instant. En surface, le vent nous refroidit très vite. Je reste encore
un peu à l'eau. Le léopard vient vers moi dans le courant qui me porte vers lui…Il m'évite et
revient, et à tour de rôle on se retrouve au jus, sous le jus dans une farandole… Toujours pas de
plan de manchots… La nuit nous cingle au retour et ne cesse de la soirée, accompagnée de
rafales. Nous dormons la nuit, et rêvons le jour. Franck.
Lundi 4 MARS:
La pluie martèle le port, le vent fait hurler les haubans. Tout le monde reste couché. Il fait 6C°.
Je me lève. Impossible de partir en zod'. Début de mâtinée à trier les photos. Mes camarades se
lèvent les uns après les autres. P'tit déj' sans fin digne des samedis Kergueleniens du L7.
Discussion, et repas de midi à 15 heures, au chaud, au calme, alors que dehors la dépression
fait rage…
L'anniversaire de Fred est fêté dignement, des bougies du moteur faisant office de bougies
d'anniversaire. Le vent se calme et tourne enfin. La pluie se transforme en neige. Après le
champagne, sieste. Après la sieste, mise à l'eau vers 17 30. Gilles, Alex, et Laurent me larguent
près de la manchotière, toujours dans l'espoir de filmer les manchots. C'est un phoque de
Weddell qui me tient compagnie. Mes compagnons partent vers un énorme iceberg. Au bout
d'une demi-heure ils reviennent me chercher pour un nouveau spectacle. Je quitte la
manchotière bredouille, mais le nouveau tableau est époustouflant. La lune bleue, un autre
monde. Nous sommes rejoins par Fred et Pierre, partis faire de l'eau avec l'autre zodiac. Séance
de statique improvisée dans la piscine bleue du mastodonte. Sur le retour nous croisons une
dizaine de léopards disséminés sur les glaçons. 20h30 à bord. La faim nous tiraille. La fatigue
nous rattrape. Franck.
Mardi 5 MARS:
Nous appareillons de bon matin pour une navigation de 5 heures pour rejoindre Paradise Bay.
Nous remontons vers le Nord. La visibilité surface n'est pas au rendez vous en embouquant le
détroit de Lemaire. Le spectacle reste splendide. Le froid est là. La neige tombe sur la Mer et ne
fond pas. Le pack se forme. A l'ouvert de la baie des Flandres nous nous faisons un peu secouer.
Nous prenons le chenal étroit entre l'île Bride et le continent avant d'entrer dans Paradise Bay.
Elle porte bien son nom. Une crique encaissée, surplombée de montagnes chargées de glaciers.
Tout est net, dans les camaïeux de bleu clair, et de blanc. Sous la neige, nous nous préparons
pour une mise à l'eau, sans objectif particulier. Une rencontre avec un léo, puis un crabier, et
enfin des micro-organismes phosphorescents. Nous suivons des Minkes, en train de manger
avant d'aller faire une immersion plus profonde le long d'une falaise de ferrite, aux reflets
d'oxyde de cuivre. 200m de fond, personne ne l'atteint…Nous rentrons aux limites de
l'hypothermie sévère pour certains. Laurent s'occupe de nos papilles en soirée par une partie de
crêpes, saupoudrée de quelques musiques bretonnes remis au goût du jour par Nolwenn Leroy.
Froid, fatigue et spectacle
Mardi 5 MARS
Il pleut depuis 24h ….
L'eau est en moyenne entre -2 degrés et 0° .
Les plongées répétées nous marquent le visage.
Ce matin, nous sommes allés chercher de l'eau douce puis nous avons découvert une
manchotière peuplée de jeunes individus perdant leur pelage de juvénile. En face, sur les
icebergs attendent patiemment les phoques léopards pour les dévorer.
Nous décidons l'après-midi de nous immerger à cet endroit même. Le terrain est propice aux
attaques de léopards, cela peut être l'occasion d'assister à des scènes exceptionnelles.
Du voilier, nous enfilons nos combinaisons avec une marmite d'eau chaude et nous voguons à
bord de notre embarcation à moteur vers une rencontre surréaliste…
Franck est le premier à se mettre à l'eau. Il veut faire des images de manchot entrain de
marsouiner, car nous n’en avons pas pour le moment.
Devant nous, des icebergs, des châteaux blancs se dressent. Ils ont la forme de notre
imagination, tantôt des trimarans de courses, tantôt des habitations futuristes …
Sur la droite une montagne de plus de 2000m de haut cohabite avec des glaciers qui viennent
mourir en mer.
Une falaise noire, juste à côté crie haut et fort toute sa verticalité, plongeant à je ne sais quelle
profondeur dans les abysses de l'antarctique.
De temps à autre un craquement, un grondement retentit ! Ce bruit terrible se diffuse dans mon
corps et mon esprit, j'ai l'impression de capter l'intensité, la force de cet environnement brut,
énergisant.
Gilles et Alex se mettent à l'eau dans cette baignoire gelée. Ils ont repéré un phoque léopard qui
lézarde au soleil! Plutôt sur la glace avec ce vent qui te glace les os.
Je reste au bord avec Pierre. Nous discutons entourés de ces jeunes manchots. Je garde des
séquelles, le froid et la fatigue, des deux plongées de la veille et fait quelques pompes pour me
réchauffer. (Et puis faut garder la santé!!!)
Je me décide. Nous n'avons qu'une vie, l'eau me gèle le visage, le choc thermique est violent.
-2 degrés. C'est la première fois que je subis autant les effets du froid …
Tous, nous nous dirigeons vers l'iceberg qui est le refuge éphémère de ce phoque léopard.
Sur la parois de ce monument, du krill, entouré de petites bulles, élabore sa chorégraphie, sa
danse sur la glace. Je me crois à Holiday on Ice, spectateur de cette crevette rose qui valse
dans ce verre de curaçao pétillant….
Ce spectacle m'invite à continuer cette exploration, c'est à nous de faire les canards pour
découvrir la fondation de cette arche de Noé, version l'âge de glace hypoxique.
Dessous s'élève justement une arche de plus de 5m de haut sous 15m de fond !
Franck, Gilles, Alex et moi avons trouvé notre nouvelle occupation en passant sous cette
architecture spectaculaire. Ensuite Gilles et Alex s'assoient un moment sur l'iceberg et
m'informent que la "lionne" vient de se jeter à l'eau. Nous décidons avec Alex d'établir le
contact. Franck et Gilles nous rejoignent très vite.
La communication s'établit sous différentes formes: tout d'abord l'observation. L'animal lit notre
langage corporel pour savoir à qui elle a
affaire.
Voyant
nos
capacités
d'immersion médiocres et notre vitesse
de déplacement comparable à celle de
l'escargot, cette femelle doit bien rigoler
dans ses moustaches. Le regard est aussi
très
important:
calme,
tranquille,
pacifique. Toutes ces impressions se
retransmettent dans son attitude par des
déplacements très lents et très calculés
pour ne pas nous toucher et respecter
une distance qui diminue au fur et à
mesure des immersions.
Calé au fond sous l'arche, immobile, elle
plane, vole, virevolte devant moi puis
vient doucement à ma rencontre. Ses
nageoires lui servent de pivot puis de frein et nous nous regardons de longues secondes…….
Cette contemplation hors du temps, pacifique, bouleversante avec cet animal sauvage de plus
de 2m50 de long et d'environ 250 kg, qui peut à n'importe quel moment décider d'une fin
tragique en t'emmenant au fond ou en te déchirant avec ses dents acérées de 2cm, montre et
prouve bien que le règne animal est parfaitement conscient des attentions que nous lui
portons… Laurent.
Mercredi 6 MARS
Départ aux aurores de la Baie Paradise pour
la baie de Cuverville. A peine sortis, Laurent
se met à l'eau pour un prélèvement de
plancton, secondé par Pierre. Le filet plein,
nous repartons. Le transit est l'occasion de
se mettre à l'eau avec les baleines à bosses,
phoque léopard et enfin, miracle du voyage,
sous des sternes Antarctique, des papous qui
maroquinent et se laissent filmer. Nous
passons la journée en combinaison, sous un
soleil radieux, mangeant en terrasse.
A l'entrée de Cuverville nous talonnons, sans
gravité pour le voilier, sur une sonde non
indiquée, d'une zone mal pavée. Deux
blessés légers à bord…
Alex et Laurent se remettent à l'eau pour une ballade. Fred, Pierre et moi allons à la
manchotière de papous… Soirée paisible, sous la protection de la croix du Sud.
Jeudi 7 MARS
2h 30 du matin. Le bateau me berce doucement par le travers. Puis plus rien, le calme. La
renverse de courant, le vent tombe. Le courant se lève. Un coup sur la coque, puis deux…des
frottements…le pack vient vers nous. Quelques impacts plus forts. Je monte sur le pont, pas
inquiet. Jean-Yves reste couché. Le courant de 2 nœuds environ fait passer la glace le long du
bord. Ciel étoilé, Orion et la Croix du Sud brillent dans une Mer sans ride où se reflètent les
montagnes. Les Glaciers grondent. Spectacle fascinant.
8h00 réveil. Un tour sur le pont. Un rorqual de Minke en ballade. Il doit manger, les sternes
piquent dans ses alentours. On sort du mouillage. 3 baleines dorment, une mère, un petit et un
ado. 2h avec elles, Laurent en tête de mat, Fred sur le pont, immortalisent les scènes
inoubliables…
Prochaine chronique…un orque !
Franck
Vous pouvez suivre les infos aussi sur
https://www.facebook.com/ame.bleue.1
http://antarctique2013.fr/
le souvenir de 2010 : http://expe-apnee-cap-horn.sportblog.fr/
Olivier Grenier
correspondant local
Vendredi 8 mars :
Réveil sous la neige tombante. Pendant que tout le monde s'équipe, après le petit déjeuner,
pour se mettre à l'eau, je prépare l'annexe pour aller faire une collecte de plancton, d'eau, et
une ballade sur les traces vestiges baleiniers qui jalonnent les rives. Je me préserve pour ce soir
car j'aimerais me mettre à l'eau de nuit… Le voyage touche à sa fin et la fatigue du froid se fait
ressentir, me restreignant à une sortie journalière. Seul Laurent est de toutes les mises à l'eau…
Cette longue ballade au fil de l'eau, au fil du temps, me projette au temps des baleiniers, quand
la baie était emplie de bateaux, les rives de vie et de mort… Le temps des baleiniers… Un temps
où le bleu de la Mer était rouge, où l'homme mitraillait plus au harpon, qu'il ne le fait au
téléobjectif de nos jours… Et pourtant, malgré ces faits de nos aînés qui pourraient nous paraître
peu glorieux aujourd'hui, j'ai de l'admiration pour le courage de ces hommes qui venaient ici,
sans grib météo, sans gore tex et autre confort, inimaginable aujourd'hui… Nous sommes
d'accord pour dire que c'étaient de vrais carnages, des boucheries sans nom, et que l'homme
était indigne de ces terres et Mers originelles… Et aujourd'hui? Que faisons-nous? Pas pire que
nos ancêtres, qui sous couvert, comme nous, du sacro saint "il faut bien manger !!" pillons notre
Mer, nos terres, sans inquiétude pour demain…Nous sommes les baleiniers sanguinaires qui
saignons notre Mer, la laissons exsangue et vide à nos enfants. A défaut de solution, j'aimerais
montrer à ces enfants ce qu'il reste de beau, qu'il y a des endroits où l'on peut voir des animaux
qui n'ont pas peur de l'homme, qu'il y a des endroits où l'homme s'est pris en main pour les
protéger… Peut être qu'ils arriveront à inverser la tendance. Ici nous rêvons le jour et dormons
la nuit, au retour je me réveillerai…
Un coup d'œil sur le bateau, je vois les apnéïstes rentrés à bord. Je les rejoins. L'épave est
belle. L'hélice encore sur la ligne d'arbre colonisée par les gorgones locales. Les ossements de
baleines jonchent le fond à proximité. Nous repartons tous ensemble pour une ballade sur terre.
Dans la passe de montagnards nous découvrons un igloo creusé dans le glacier. Au sommet le
panorama est…exceptionnel encore une fois. Après le repas de 15h, je repars avec Alex pour un
autre plateau…Même résultat…
La nuit tombe, le matériel est prêt. Fin de repas, Laurent et moi nous mettons à l'eau. J'aime
cette sensation de l'immersion de nuit, qui est la même à Portsall, Saint Malo où ici, même si ici,
elle a une saveur particulière, le goût frais de l'Antarctique. Le Halo de nos phares éclaire les
macro-organismes qui viennent à nous. À la descente sur l'épave nous rencontrons les gobies
locaux posés sur les tôles effondrées. Laurent entre dans les cales du baleinier. Je le suis au
travers des membrures du pont. Nous continuons nos immersions vers l'arrière. La profondeur
augmente, mais le temps reste le même. L'échauffement est passé, nous sommes à l'aise et le
spectacle splendide nous maintien au fond jusqu'aux spasmes. Minuit nous rentrons.
Samedi 9 mars :
Journée de transit d'Enterprise à Melchior.
Immersion avec les baleines sous un soleil
éblouissant. La visi' sous-marine est réduite, le
spectacle est en surface. Paysages et animaux se
mêlent pour un feu d'artifice naturel aux
crépitements des appareils photos. Retour à
Melchior pour notre dernière soirée…
Dimanche 10 mars :
Encore couchés, nous entendons le glacier gronder et chuter dans l'eau, amenant quelques
vaguelettes au bateau. Chacun se lève et ne traîne pas au petit déjeuner. Le dernier bain et les
préparatifs du départ vont occuper toute la journée.
Nous partons chercher le cimetière des baleines de
Melchior, sachant que cette baie était un mouillage
baleinier. On s'immerge près des chaînes, câbles
abandonnés… Rien. Pour la dernière, nous faisons
des séances photos souvenirs sur un petit iceberg
et reprenons la route du bord. En montant à bord
Laurent perd une palme…Nous allons la chercher.
Dès les premières immersions, à défaut de palme,
nous trouvons les disques et vertèbres de baleines,
des traces de mouillage !!!! Plus loin Gilles repère
une tête de baleine bleue… Le cimetière était sous
nos palmes… Une raison supplémentaire de
revenir. La palme retrouvée nous remontons à
bord. Alex apparait en maillot pour un plongeon…Si un parisien le fait, deux bretons le font !!!
L'égo…Loin du plongeon d'Alex nous faisons une immersion complète, trempette de 2', qui
valide notre bain Antarctique en maillot…ou sans.
Fin de l'amusement et rangement du matériel. Le départ est imminent, le pont dégagé de tout
ce qui habitait notre champ de vision journalier : combinaison en pendant, linge à sécher,
annexe supplémentaire sur le pont et une demie douzaine de paires de palmes à traîner.
Les baleines nous accompagnent à la sortie de la péninsule. Nous laissons les Shetlands du Sud
sur tribord, et avançons sur petite houle. Le soleil se couche et nous montre son disque vert.
L'Antarctique se pare d'orange… Pendant le repas, le quart de nuit s'organise. 1h30 chacun à
veiller les icebergs. La nuit est là, la voute céleste sans nuage éclaire la Mer. Un coup d'œil en
surface, le reste dans les étoiles : les nuages de Magellan, Orion, la Croix du Sud…Quelques
étoiles filantes, quelques vœux...
Franck
Vous pouvez suivre les infos aussi sur https://www.facebook.com/ame.bleue.1
http://antarctique2013.fr/
le souvenir de 2010 : http://expe-apnee-cap-horn.sportblog.fr/
Olivier Grenier correspondant local
Lundi 11 MARS
Ce matin nous partons de Cuverville !
Toute la nuit, nous avons entendu le bruit des icebergs qui glissent le long de la coque. Ce son
nous berce jusqu’à nos rêves.
A peine levés, nous entendons le souffle des baleines et nous les voyons passer au loin. Nous
appareillons pour voguer jusqu’à Enterprise où a échoué en 1916 cet ancien baleinier, après un
violent incendie.
Le vent est nul et le soleil réchauffe nos cœurs.
Je suis en super forme, j’ai envie de me hisser en haut du mat pour prendre de la hauteur et
voir d’un peu plus haut tous ces
icebergs dériver au grès du courant.
Assis sur un harnais, comme sur une
chaise, une partie de l’équipe me
monte au winch à 20 m au dessus du
niveau de la mer !
Le spectacle est merveilleux, sur un
gros glaçon, un phoque léopard se
repose. D’après ses excréments,
celle ci n’a pas mangé que du krill,
facilement reconnaissable avec cette
couleur orangée. Elle a certainement
dévoré un manchot ce matin, car une
grosse quantité de plumes demeure
à côté d’elle.
Proche de cet iceberg tout blanc, l’eau est turquoise, puis bleu, et tout autour j’admire les
montagnes enneigées.
Du haut de ma vigie, j’aperçois au loin 3 baleines. L’une de 13m de long, d’environ 20 tonnes,
les deux autres sont un peu plus petites. J’ai l’impression qu’elles dorment dans le brach.
Jean-Yves ralentit son bateau pour procéder à une approche discrète.
Pendant ce temps Franck, Gilles, Alex et Pierre s’équipent tranquillement et Fred assure les
photos du pont du bateau.
Nos amis glissent doucement dans l’eau gelée ….les baleines ont ressenti quelque chose et
décident elles aussi de venir à leur rencontre….
Un balai magique s’opère, les baleines nous font un festival d’immersions, elles tournent sur
elles même, réalisent des pirouettes pour ne pas toucher les plongeurs. C’est comme si elles se
prenaient pour des danseuses étoiles en réalisant un spectacle complètement improvisé. (Même
si parfois, elles nous effleurent à peine)
Elles aiment sortir la tête de l’eau pour nous regarder et nous inviter dans leur monde, celui des
abysses.
Les apnéistes jubilent et moi la haut je suis euphorique avec mon appareil photo qui immortalise
cette rencontre qui durera plus d’une heure ! (A cette occasion, j’ai fait plus de 200 photos et je
pense en avoir de très belles!)
Elles ont sûrement mieux à faire et doivent stocker des réserves pour leur longue migration vers
le sud de l’Amérique.
Une fois descendu, Jean-Yves et moi même, nous immergeons pour profiter aussi du spectacle
qui ne durera que 10 minutes. Elles nous quittent pour se délecter de krill si petit, pour cet être
si grand.
Je reste quand même en combinaison pour tenter ma chance un peu plus loin.
Quand soudain, apparaissent tout prés d’ici 2 baleines, une mère et son petit.
L’approche est toujours délicate car la maman défend toujours son petit des éventuels dangers.
Malgré cela, je m’immerge, le petit se dirige vers moi mais la mère le repousse pour le protéger.
Quand tout à coup Gilles et Fred aperçoivent au loin un grand aileron qui se dirige droit sur nous
….
C’est un orque, surpris nous attendions tous ce moment depuis plusieurs jours !
C’était là maintenant!
Gilles me dit de me rapprocher du bateau
pour plus de sécurité…
Ce cétacé fonce droit sur moi une première
fois en réalisant un virage à 180 degrés. J’ai
cru voir un avion de chasse rapide opérer une
manœuvre de repérage !
Je reste dans l’eau ébahie par cette scène
spectaculaire!
Puis il revient, cette fois, il s’arrête face à
moi. Nous nous regardons intensément.
L’orque me scanne, m’étudie certainement
avec ses cliquetis. Pour connaître ma
constitution, savoir si je suis une proie
potentielle…..
Je n’ai pas peur, je suis juste surpris par la beauté de l’un dès plus grand prédateur du monde
marin.
Nous les suivons en bateau quelques milles.
Ils reviendront nous voir brièvement avec Alex, avant de disparaitre ! Quelle chance……
Laurent
Lundi 18 MARS - Cap Horn
Une fenêtre météo s'ouvre à nous.
Il faut saisir cette chance, la traversée dure
quatre jours.
Il faut savoir être opportuniste dans ce monde
où tout change très vite !
Et nous ne voulons pas hiverner dans les glaces
ou du moins pas cette fois ci. Ce genre de
projet ce prépare à l'avance ……
Nous profitons de faire une dernière plongée à
un endroit que nous connaissons bien !
Nous tentons de découvrir un cimetière de
baleine en vain.
Ce n'est pas grave ……
En remontant sur le bateau, je perds une palme….
L'équipe solidaire m'aide à la retrouver sous 12m d'eau et la stupéfaction générale … Le
cimetière tant espéré était là sous nos pieds !!
Ce signe du destin nous fera revenir pour des explorations futures!!!!
Il faut maintenant s'armer de patience, notre
capitaine Jean-Yves nous réconforte très vite
en nous promettant une arrivée au pied du
Horn !!
Passage mythique de mes ancêtres qui
mettaient parfois jusqu'a 1 mois pour le
franchir à la voile !
Pour rendre hommage à ces marins
courageux qui ne faisaient que leur métier et
pour honorer l'expédition 2010 et nos amis
chers Olivier et Christian, nous nous
immergeons dans les sombres profondeurs
du Horn…..
Pardonnez-moi pour ce récit et pour avoir
fait aussi court !
Les mots de notre langage ne sont pas à la hauteur de ce que nous avons pu voir, des émotions
que nous avons pu vivre durant cette expédition engagée !
Merci tout d'abord à toute l'équipe et merci à toutes les personnes qui ont cru en nous et à ce
projet …
Laurent