Jeux littéraires

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Jeux littéraires
LNA#34
#34 / jeux littéraires
ParRobertRAPILLY
del’AtelierdePédagogiePersonnalisée
PALINDROMES ANAGRAMMATHÉMATIQUES
NICOLAS GRANER
nous rapporte ceci :
Si on écrit en anglais
ELEVEN + TWO = TWELVE + ONE,
on ne se contente pas de poser une vérité arithmétique,
soit 11 + 2 = 12 + 1
mais on répète les mêmes lettres de part et d’autre de l’égalité.
En français, voici une trouvaille d’ ERIC ANGELINI :
915 + 1 + 160 + 2300 + 2 + 302 = 203 + 200 + 3206 + 11 + 51 + 9
Cette égalité :
1) est vraie arithmétiquement : les deux membres valent 3680.
2) est vraie littéralement : en écrivant les nombres en toutes lettres, les
deux membres sont composés des mêmes lettres.
3) non seulement les chiffres utilisés dans les deux membres sont les mêmes, mais l’ensemble forme un palindrome !
Toutes explications (passionnantes) sur : http://angelink.be/?Eleven
« 10 mots de Queneau » par MARZIA NOVAIS TELES
Huile sur toile pour le 18 mars 2003 à l’Espace Culture
NOUVELLES ANAGRAMMES
Cette rubrique a plusieurs fois cité ELISABETH CHAMONTIN, fidèle des événements oulipiens à l’Espace Culture. Les nouvelles
d’Archimède ont publié de ses photos et époustouflants poèmes (cf. n°32 p.17) dont chaque vers répète la même série de lettres.
Voyez comment, de DEGATS COLLATERAUX, elle a fait d’exquises anagrammes.
DEGATS COLLATERAUX
le tocard aux galets
axa glu, coda lettres
lattages d’ocre, luxe,
colla d’âges, textura
la grotte de Lascaux.
le tocard aux galets
laça lettrages doux
gratta, colla du sexe,
l’extase garda, culot,
la grotte de Lascaux.
le tocard aux galets
racla godets létaux,
traça de lots galeux
l’ours là, tag exact de
la grotte de Lascaux
le tocard aux galets,
(galet aux éclats d’or)
gratta sol de ceux-là.
cagette aux dollars,
la grotte de Lascaux !
Elisabeth Chamontin
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- SEQUENCES VOCALIQUES Page 16 du n°29 des nouvelles d’Archimède, nous donnions à lire des séquences vocaliques (textes où la série de voyelles A-E-I-O-U se répète sans cesse) signées Patrick
Flandrin et Alberic Fosbury. PASCAL KAESER * a su concilier cette contrainte et les
règles d’un poème en alexandrins. Appréciez autant le rythme que la rime…
L’ART EST-IL OBSCUR ?
L’âpre simoun m’atteint pour affermir l’ouvrage.
Vil courant de tribord, tu brasses l’inconnu !
J’astreins l’ouf à sévir pour asservir l’outrage :
si l’oukase dit non, nul sang n’écrit l’ONU.
Pareil ou travesti, tout chant de grisou rage :
il pourra sertir d’or un char d’exil trop nu,
la version d’un blanc-seing douchant le gris courage.
Pignouf à l’esprit choc, un abcès vit cornu !
Avec chic ou sans frein, doutant des pions, du brame,
vif ou plat, je distords un parchemin tondu.
Crade licou mal peint, bout d’arc verni, sous-trame :
ils font du bal des fiords un pas de vis mordu.
Sans reins, nous aveignons quand le prix sort du drame.
Tirons sur l’amer brick où Mars bénit son dû !
L’avenir mourra plein : tout appétit nous crame.
Livrons l’Ur à l’exit pour l’art des fils fondus !
KAESIR POSCUL
(alias Pascal Kaeser)
* voir n°29 cahier central
jeux littéraires / LNA#34
LNA
Lecture des textes
Fresque par les poètes du CUEEP
Montage : Elisabeth Chamontin
DIMANCHE, VOL, CAMPAGNE, EXERCER, BLEU, CHIENDENT, RUDE, MILLE, INSTANT, COURIR
A l’initiative des Ateliers de Pédagogie
Personnalisée de la région, près de 300
visiteurs se sont rencontrés le 18 mars à
l’Espace Culture au sein d’un gigantesque atelier poétique. C’était la semaine du
“ français comme on l’aime1 ”, consacrée
cette année à Raymond Queneau, né en
1903. Tous se sont exercés à écrire, dire,
traduire, éditer, chanter, dessiner, peindre
ou exposer 10 mots puisés dans les titres
des œuvres de Queneau.
Aux côtés de IAN MONK, de PARVIZ LAK,
de RABAH HENNEGUIER et autres poètes,
on a vu des adultes habitués aux ateliers
d’écriture ou de peinture, des néophytes,
les collégiens d’un club lecture, des comédiens, des professionnels de la formation
continue, des musiciens, des stagiaires, les
étudiants et professeurs de la fac à l’heure
du café, plusieurs des oulipiens souvent
cités dans cette chronique, des personnes de toutes nationalités, une libraire
épatante 2…
Une journée durant, on a partagé le
plaisir de créer ensemble à la façon de
Raymond Queneau. Et ça a marché,
l’Oulipo biffant d’un trait de plume
ludique les ordinaires discriminations
culturelles.
Entre autres moments précieux3 , on se
souviendra de cette lecture polyglotte
du même texte : “ DIMANCHE, sans
perdre un INSTANT, partons dans
la campagne COURIR… ”. Sorte de
contre-feu à la guerre qui commençait en
Irak, une pacifique chorale nous a bercés
en une quinzaine de langues du monde
entier.
Mais pour tout savoir du 18 mars, il
fallait s’y trouver. Puissent ces 4 textes de
HENRY LANDROIT, ALAIN ZALMANSKI, FRÉ DÉRIC SCHMITTER et JEAN-MICHEL POCHET
consoler les absents !
Sera-ce dimanche qu’on verra courir un vol de mille avions, tels des chiendents dans
le désert entrer en campagne dans le ciel bleu d’Irak pour y exercer en un instant
leur rude dessein ?
HENRY LANDROIT
L’hiver a ses plaisirs ; et souvent, le dimanche, (Nerval)
Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal, (Hérédia)
Je la suivais toujours pour gagner la campagne (Coppée)
A quelle utilité ? Pour exercer l’esprit ! (La Fontaine)
Le merle bleu s’enfuit en sifflant dans les bois (Lamartine)
Que ne puis-je, couché sous le chiendent amer (Leconte de Lisle)
Rude, fière et tragique en son règne glissant, (Roque)
Tomber d’un précipice et voir mille serpents. (de Viau)
Rouvre un instant les yeux, mourante aux blanches ailes, (de Banville)
Que la nuit fait courir à travers le silence. (Leconte de Lisle)
ALAIN ZALMANSKI citant 10 autres poètes
Dimanche 21 avril 02 : un escroc de haut vol qui avait à peine fait campagne se vit
quasiment assuré d’exercer encore le pouvoir, le temps d’un quinquennat. L’autre s’est
fait avoir comme un bleu. Comme une caresse à la brosse de chiendent, la défaite fut
rude. Le troisième type se mit à rêver d’un reich qui durerait mille ans, l’espace d’un
instant. Il peut toujours courir.
FREDERIC SCHMITTER, auteur d’une superbe compilation
des 10 mots de Queneau distribuée le 18 mars
ZEG NE KIER MENNEKE
Sur in’ beau dimanch’,
en stoemelinks, partons une fois
dans le platteland
luup luup luup (de garde-ville is dô),
faire de la schuiftrompet
sous le blauwe Lotus du ciel, avec des petits zwaziaux sans tête mo qui
volent dans l’air
Potfermille
émotionné,
si c’est un toffe temps, mais s’il drache
Och erme ! Ouïe Potferdomme
als ‘t sneeuwit
Ik zit in de mizère, arme tandhond !
Écrit et déclamé en brusselleir par JEAN - MICHEL POCHET
Cette manifestation a été soutenue par la Direction Régionale des Affaires Culturelles.
Grand-Place à Roubaix, LES LISIÈRES participent de la vitalité culturelle de la ville. A défaut de textile, restent les beaux textes !
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Grand merci à PARVIN MOHAMMADI !
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