La famille vue par Frédérique Bedos, la petite fille sur la balançoire

Transcription

La famille vue par Frédérique Bedos, la petite fille sur la balançoire
AUDIO
La famille vue par Frédérique Bedos, la
petite fille sur la balançoire
propos recueillis par Elisabeth Marshall
Créé le 24/12/2013 / modifié le 24/12/2013 à 12h08
Animatrice de radio et de télévision, Frédérique Bedos retrace son chaotique
parcours de fille adoptée et le chemin d’amour qui lui a permis de se
reconstruire.
Elle n’avait jamais soufflé mot de son enfance. Lancée dans une carrière télévisuelle
entre New-York, Londres et Paris, animatrice à succès sur M6 et MTV, la rayonnante
jeune femme s’efforçait de tourner la page et de repousser les peurs du passé.
Aujourd’hui, elle se raconte dans un livre-témoignage : la Petite Fille à la balançoire.
Elle dédie son récit « à (s)es mamans ». L’une l’a mise au monde, lui offrant un amour
douloureux, traversé par la maladie mentale. L’autre l’a accueillie dans ses bras
tranquilles et cette famille chaleureuse où la Ddass la conduisait chaque fois que «
maman Jeanne » délirait. C’est là, par l’improbable force de l’amour, que la petite fille,
puis l’adolescente s’est reconstruite. Frédérique Bedos porte aujourd’hui le projet ​Imagine, un média qui met en lumière des héros du quotidien. Consciente qu’on n’a
jamais tout à fait fini de traverser son histoire, elle relit pour La Vie l’itinéraire d’une
force fragile.
Maman Jeanne
« Je n’ai pas eu de père, mais je ne me suis jamais sentie abandonnée. Je n’ai pas
cette blessure du cœur dont on met toute la vie à guérir. Avant que la maladie me la
vole, je sais que ma mère m’a aimée. Fille de l’assistance publique, elle me racontait
son émerveillement devant le bébé que j’étais, qu’un homme adoré lui avait donné
avant de s’enfuir. Nous vivions, en tête à tête, une vie de bohème. On déménageait
tout le temps, on n’avait rien, elle me gavait de bonbons et de tendresse. Imaginative,
cultivée, maman Jeanne écrivait des poèmes, dessinait, m’a appris à lire à 3 ans, avec
elle j’écoutais de l’opéra. Et puis, il y avait l’autre face, la ténébreuse, la maladie qui
gagnait du terrain. Face de méchanceté, de mensonge que la petite fille de 8 ans que
j’étais apprenait à distinguer de la mère qui l’aimait. Je devenais alors la maman de
ma maman. Au retour de l’école, j’avais peur de ce que j’allais trouver, des hommes
qu’elle ramenait, de ses tentatives de suicide, de ses délires paranoïaques qui
finissaient en camisole chimique à l’hôpital psychiatrique. Peur surtout de ne pas
pouvoir la sauver d’elle-même. ​Shootée, elle me ​regardait sans me voir. Et moi, le
fourgon de police me déposait pour quelques jours dans la maison de ceux qui allaient
devenir mes seconds “parents”. »
La famille
« Avec mes parents adoptifs, à qui j’ai été définitivement confiée par la justice après
mes 11 ans, j’ai découvert une ribambelle de frères et sœurs. Avec Virginie, ma sœur
coréenne, Pierre-Vincent, le bébé né sans bras ni jambes, Gaston, le frère
camerounais dont le visage avait brûlé dans un feu… il fallait nous voir dans la rue.
Cette tribu arc-en-ciel où il manquait un œil à l’un, un bras à l’autre ne passait pas
inaperçue. Chacun est arrivé clopin-clopant dans cette famille avec son parcours
chaotique. Mais nous ​devenions des enfants “choisis”. Et la magie a opéré. Quand on
reçoit la bonne dose d’amour, les blessures ne vous écrasent pas. Même, elles vous
permettent de nourrir de l’empathie pour les autres. Vous avez beau être en colère
devant votre souffrance, le cercle élargi où circule la vie et le rire vous fait le cadeau
du partage. Ma sensibilité, je la dois aussi à mon enfance. C’est là que j’ai appris ce
qu’est la famille de cœur. Des expériences comme celles-là vous permettent
d’embrasser la famille humaine, d’expérimenter en petit ce qu’on rêverait de vivre
dans notre monde. »
LaVie-Hebdo
Frederique Bedos parl…
Cookie policy
Share
173
[...]
> Retrouvez l'intégralité de cet article dans l'édition n° 3654-3655 de La Vie, datée du
19 décembre, disponible en version numérique en cliquant ici
Sur le même sujet
Donnez votre avis avant le prochain synode sur la famille
© Malesherbes Publications