Cap sur les énergies renouvelables
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Cap sur les énergies renouvelables
N° 122 - Décembre 2010 - 120 DA Algérie : Cap sur les énergies renouvelables ion t c u d Pro nationale : faut-il avoir peur du made in Algeria ? L 11122- 12 - A - 120,00 DA - DZ Edito Les énergies renouvelables comme alternative E n ces temps de crise financière mondiale, accélérer le développement des énergies renouvelables en Algérie devient une urgence. D'autant plus qu'il s'agit de préparer dès aujourd'hui l'après-pétrole et, partant, l'avenir des générations futures étant donné que les ressources fossiles, principalement pétrole et gaz, sont limitées, épuisables et non renouvelables. Pour ce faire, notre pays doit saisir toutes les opportunités présentes afin de mieux préparer les jours à venir. Comment ? Par, notamment, la mobilisation de toutes les parties et les forces disponibles. Les pouvoirs publics, à leur tête le président Bouteflika, ont déjà attiré l'attention des responsables du ministère de tutelle à ce sujet. En effet, le chef de l'Etat a exigé, récemment, “la présentation d'un véritable programme d'action”, tout en précisant que “les propositions qui en seront retenues bénéficieront d'un appui financier public approprié”. Les propos du président de la République sonnent comme un appel pressant pour mettre sérieusement l'Algérie sur le cap des énergies nouvelles renouvelables. Car, a priori l'Algérie dispose d'un potentiel énergétique solaire inépuisable, hélas non exploité. En effet, l'Algérie est l'un des pays les plus riches en potentiel énergétique renouvelable au monde. Son gisement solaire et l'un des plus élevés. Exemple : la durée d'ensoleillement sur la quasi-totalité du territoire national dépasse les 2.000 heures et peut dépasser les 3.900 heures sur les Hauts-Plateaux. Ce gisement solaire dépasse les 5 milliards de GWh. En matière d'énergie géothermique, plus de 200 sources d'eau chaude ont été répertoriées dans le nord-est et le nord-ouest de l'Algérie. Environ 33% d'entre elles ont des températures supérieures à 45 °C… Ces statistiques font rêver les différentes multinationales. Le marché est juteux. Du côté algérien, même si l'investissement dans ce domaine est très lourd, ses retombées économiques, environnementales et sécuritaires sont inestimables et peuvent épargner au pays des milliards de dollars de pertes, et de dégâts écologiques irréparables. Les spécialistes en la matière savent que les énergies renouvelables, au-delà de leur propreté, sont plus rentables et que les investissements injectés peuvent être amortis relativement vite. L'autre avantage collatéral est que le fait de valoriser une richesse naturelle très demandée par le marché national et international nous permettra de créer des opportunités d'emplois dont la jeunesse et la main-d'œuvre qualifiée ont grandement besoin M. K. Sommaire 122 Editorial: L'Algérie dispose d'un potentiel énergétique solaire inépuisable, hélas non exploité P. 3 Les Nouvelles Revues Algériennes R.C. : 99B 0008985 I.S.S.N.: 1.111.1054 Rédaction / Administration Lot. Ben Achour Abdelkader Villa n° 27 Chéraga - ALGER Tél. : 213 (0) 21 37.29.63 213 (0) 21 36.38.73 Fax. : 213 (0) 21 37.58.58 6 Un riche programme pour le secteur de l'énergie dans le prochain quinquennat Site web : www.actuel-dz.com e-mail : [email protected] [email protected] 10 L'avenir énergétique de l'Algérie à l'horizon 2010-2030 Directeur de la publication : 12 CASH : Tous les indicateurs sont au vert 14 KNAUF : Leader dans le domaine des plaques de plâtre 16 Conseils et efficience énergétique dans le bâtiment : Lorsque la vraie expertise vient de Warner et Balci 18 Préparer l'après-pétrole, l'autre objectif du gouvernement 20 Production d'énergie électrique à partir du solaire : Desertec, le projet de tous les enjeux 22 Développement de l'énergie solaire : L'UDES, ou le maître en la matière 24 Participation des entreprises au développement des renouvelables : L'ENIE ouvre le bal Régie Publicitaire : 26 Les Nouvelles Revues Algériennes et ANEP Régie presse 1, Rue Pasteur - Alger NEAL : acteur dédié à la promotion des energies nouvelles et renouvelables 28 Tout ce que vous devez savoir sur la loi de finances 2011 Mohamed KESSACI Directeur / Gérant : Lakhdar KESSACI Rédaction : Abdelhafid MEFTAHI Mustapha EL HACHEMI Fayçal ABDELAZIZ Nadim NOUR Hayet OUZAYED A. ZAKIA Amar INGRACHEN Othman GHAZI Direction technique et P.A.O : Djamel ATMANI Salim RABIAI Correction : Omar HADJ BOUZID M. HALLOUCHE Abonnements & Publicité : Abdelhafid MEFTAHI Monia TOBBAL Mahmoud TRIA Kahina DEBOUZ Larbi TEMIM Dépôt Légal : Décembre 2010 Les manuscrits, photographies, illustrations ou tout autre document adressés ou remis à la rédaction ne sont pas rendus et ne peuvent faire l’objet d’aucune réclamation. Desertec le projet de tous les enjeux Plus d'une vingtaine de multinationales veulent rapidement poser les jalons de la production de courant électrique solaire en Afrique du Nord et de sa livraison en Europe pour couvrir 15% de ses besoins. Ce projet, appelé Desertec, est évalué à 400 milliards d'euros P. 20 30 Porter la part de l'industrie dans la production intérieure brute à 10% 34 Le gouvernement au secours de certaines industries en souffrance 36 Développement de la production nationale : Le gouvernement met en place une armada de lois incitatives 38 La mauvaise qualité de nos produits, source de mauvais résultats : Quelle est la place du marketing et du merchandising ? 40 44 48 CGMP : partenaire des entreprises titulaires de marchés et commandes publics Le secteur pharmaceutique En quête d'un nouvel élan 50 Production de qualité, exportation, sociétés de conseil pour les agriculteurs... Le département de Benaissa reprend les choses en main 52 Sécurité alimentaire : DL'autre défi du gouvernement 54 DQuestion 56 Chômage : Le revers de l'économie algérienne 58 Coopération algéro-iranienne : L'axe Alger-Téhéran prend forme 60 Interview de M. Werner Matthias Dornscheidt, président de la direction de Messe Düsseldorf GMBH : "Nous travaillons constamment à rendre K encore meilleure" 62 Extrait de l'exposé de M. Werner Matthias Dornscheidt, président de Messe Düsseldorf GMBH 64 Le pays en crise est contraint d'accepter l'aide internationale : L'Irlande dit oui à l'UE et au FMI 66 Jeux : Quiz monétaire et Sudoku Les chefs d'entreprise prévoient de bonnes perspectives M. Werner Matthias Dornscheidt, président de la direction de souveraineté ? de Messe Düsseldorf P. 60 Energie Energies renouvelables, développement minier... Un riche programme pour le secteur de l'énergie dans le prochain quinquennat Le secteur de l'énergie et des mines revêt un cachet très important pour les pouvoirs publics. Etant le pourvoyeur des ressources financières du pays, le développement en amont et en aval de ce secteur est au cœur des différentes politiques économiques mises en œuvre par notre pays. Le président de la République, lors de sa traditionnelle audition organisée au profit de son ministre, a mis l'accent sur l'importance de développer certains segments relevant de ce secteur Par Zakia A. A vant d'évoquer les contours de la feuille de route pour le prochain quinquennat, il est utile de rappeler les réalisations effectuées jusque-là. En effet, en matière de réalisations, les principaux points évoqués lors de l'audition du ministre Yousfi concernent l'effort d'accroissement des réserves nationales d'hydrocarbures, à travers un investissement soutenu dans l'activité de recherche et d'exploration, mais aussi en matière d'optimisation de l'exploitation des gisements de pétrole et de gaz. En matière de transformation et de valorisation des hydrocarbures, le secteur a poursuivi la réalisation de grands projets de pétrochimie de base, d'unités de liquéfaction, ainsi que la réhabilitation de l'outil de raffinage et son expansion afin de répondre en particulier à la L’ACTUEL / Décembre 2010 - 6 demande du marché intérieur en carburants. La branche des mines et carrières a connu, elle aussi, une croissance appréciable au cours de la même période. S'agissant des perspectives de développement à moyen terme de l'amont pétrolier, il a été montré que la production nationale d'hydrocarbures connaîtra un rythme de croissance reflétant l'effort d'optimisation de l'exploitation des gisements. Cette croissance de la production primaire d'hydrocarbures sera accompagnée par le confortement et l'expansion des grandes canalisations de transport, notamment du gaz naturel, pour répondre à la forte hausse attendue de la demande intérieure et à l'augmentation des capacités d'exportation. Pour sa part, l'activité aval connaîtra un réel déploiement durant les prochaines années à travers, notamment, la réalisation de nouvelles unités. Energie Réalisation de nouvelles centrales électriques pour une capacité globale de 4.000 mégawatts Les capacités de production d'électricité, qui ont connu une croissance soutenue durant la décennie, enregistreront une forte expansion à moyen terme à travers la réalisation de nouvelles centrales pour une capacité globale de plus de 4.000 mégawatts (MW), à l'effet de répondre à la hausse de la demande nationale avec une réserve adéquate de capacités sur la période. Concernant l'électricité et la distribution du gaz, l'évaluation du secteur a fait ressortir les efforts consentis par l'Etat en matière d'alimentation de la population, qui ont permis de porter le taux de l'électrification du pays à plus de 98% et celui du raccordement au gaz naturel à plus de 44% des foyers. L'expansion significative du réseau national de transport et de distribution d'électricité et de gaz durant les dernières années sera poursuivie sur la période 2010-2014 par la réalisation de 14.000 km par an de lignes d'électricité, et de 9.300 km par an de canalisations de gaz naturel. L’objectif consiste en la production de 200 mégawatts d'électricité d'origine renouvelable à moyen terme. Le volet relatif aux énergies renouvelables et à la promotion de l'efficacité énergétique constitue un axe important dans la politique énergétique nationale. Aussi, l'Etat poursuit la mise en place des moyens institutionnels et financiers à même d'assurer une pérennité du développement des énergies renouvelables pour préserver les ressources en hydrocarbures du pays et couvrir ses besoins énergétiques sur le long terme. Le programme à moyen terme d'électricité d'origine renouvelable, d'une capacité globale de près de 200 mégawatts (MW), comprend la réalisation de trois centrales solaires, dont une en voie d'achèvement. En matière de rationalisation de la consommation d'énergie, le secteur prévoit le renforcement du programme de maîtrise de l'énergie qui comprend notamment une introduction plus significative de la lampe basse consommation (LBC) au niveau des ménages, la promotion de chauffe-eau solaires, ainsi que la réalisation de logements à haute performance énergétique. Energie Le chef de l'Etat exige un véritable programme d'action "Nous devons donc investir davantage d'efforts et de ressources dans la valorisation de nos potentiels en hydrocarbures en intensifiant les efforts de recherche et d'exploration à travers le pays. Le développement des énergies nouvelles et renouvelables doit aussi mobiliser fortement notre attention, et j'en attends la présentation d'un véritable programme d'action tout en précisant, dès à présent, que les propositions qui en seront retenues bénéficieront d'un appui financier public approprié", a déclaré le chef de l'Etat. Les perspectives à moyen terme de la branche des mines font ressortir une forte croissance de la production, notamment pour le phosphate et le fer. Dans son intervention à l'issue de l'évaluation du secteur, le président de la République a relevé que la récente crise économique et ses effets sur les cours internationaux des hydrocarbures ont, de nouveau, mis en évidence la spécificité de notre économie qui dépend essentiellement de cette ressource naturelle. Le président de la République a, aussi, demandé une réévaluation des projets d'industries pétrochimiques, en tenant compte de leur capacité à générer une industrie en aval, et de la meilleure valorisation de la rente gazière disponible, insistant, en outre, sur la poursuite des efforts publics de raccordement des foyers ruraux au réseau électrique et au gaz naturel. Renforcer la prospection et l'exploitation minières Abordant la politique minière, le chef de l'Etat a relevé les progrès accomplis dans ce domaine, ces dernières années, dans la mise en place d'un groupe national d'exploitation minière et la création d'un établissement supérieur de formation minière, indiquant que les efforts doivent être renforcés dans ce domaine. "Nous devons relancer fortement la prospection de nos richesses minières qui est une mission de service public. Nous devons aussi mobiliser des financements nationaux et encourager l'apport de partenaires extérieurs de haut niveau pour l'exploitation de nos importantes réserves de fer et de phosphate, par exemple. En un mot, nous devons exploiter rationnellement notre potentiel minier pour ce qu'il offre comme emploi, ce qu'il générera comme activités en aval, et ce qu'il représentera comme apport à nos exportations", a ordonné le président de la République. Par ailleurs, le chef de l'Etat a saisi l'occasion de l'examen de ce secteur économique à forte valeur ajoutée pour instruire les membres du gouvernement de veiller à la valorisation des entreprises publiques ou mixtes, chacun dans son domaine de compétence. "Cette responsabilité, qui ne saurait souffrir d'aucune exception, nécessite que le développement de l'entreprise et l'usage de ses ressources soient étudiés et agréés par son actionnaire, l'Etat. De la même manière, la sauvegarde de la viabilité de l'entreprise publique commande que son produit soit rémunéré objectivement pour lui éviter des difficultés financières, et pour repousser les trafics et la contrebande nourris par des prix sous-évalués", a conclu le président de la République L’ACTUEL / Décembre 2010 - 8 Energie Développement des énergies renouvelables en Algérie Préparer l'après-pétrole, l'autre objectif du gouvernement L'appel du président de la République à l'élaboration d'un programme d'action pour le développement des énergies propres n'est pas qu'un simple vœu. Il s'agit là d'une orientation ferme avec des échéances qui restent à définir une fois établi le programme d'action par le département de Yousfi Par Hocine Z. isposant d'un potentiel énergétique solaire inépuisable, même s'il n'est pas à présent exploité, le développement des énergies nouvelles et renouvelables est au cœur de la nouvelle politique économique du pays. En effet, les plus hautes instances du pays s'intéressent de près au développement tous azimuts de cette activité. Contrairement aux énergies fossiles (pétrole et gaz) qui sont épuisables et ne tiennent que quelques années, les énergies renouvelables sont dans la longue durée. D Lors de son audition du ministre en charge du secteur, Youcef Yousfi, le président de la République a fait savoir que "le développement des énergies nouvelles et renouvelables doit aussi mobiliser fortement notre attention, et j'en attends la présentation d'un véritable programme d'action". Tout en précisant que les propositions qui en seront retenues bénéficieront d'un appui financier public approprié. En d'autres termes, l'appel du président de la République à l'élaboration d'un programme d'action pour le développement des énergies propres n'est pas qu'un simple vœu. Il s'agit là d'une orientation ferme avec des échéances qui restent à définir une fois le programme d'action établi par le département de Yousfi. Le ministre a affirmé, depuis Hassi-R'mel (Laghouat), que l'énergie solaire est partie intégrante de la stratégie de consolidation du pays. "L'Algérie aspire à développer, à l'avenir, cette source d'énergie renouvelable", a soutenu M. Yousfi, faisant connaître l'existence d'autres projets en perspective pour la production électrique à partir des énergies solaire et éolienne, aux fins d'une meilleure exploitation des ressources énergétiques existantes. Côté statistiques, les chiffres des spécialistes en la matière parlent d'eux-mêmes : les capacités du gisement solaire algérien sont évaluées à 2.000 kwh/m2/an alors que l'éolien, moins important, est estimé à 41 mégawatts/heure. La durée d'ensoleillement est estimée à 3.500 heures/an. A savoir que les énergies renouvelables, au-delà de leur propreté, sont plus rentables et que les investissements injectés peuvent être amortis relativement vite. En sus des instructions présidentielles, le nouveau ministre de l'Energie et des Mines a fait savoir depuis Montréal, lors d'une table-ronde ministérielle animée dans le cadre des travaux du 21ème Congrès mondial de l'énergie, que "l'Algérie, qui compte augmenter la part des ENR, entend recourir de manière déterminée au développement de nouvelles technologies permettant d'assurer la compétitivité des sources d'énergie disponibles". L’ACTUEL / Décembre 2010 - 18 Energie Des objectifs et des réalisations Au sujet des réalisations effectuées jusque-là par les pouvoirs publics, le département de l'Energie et des Mines a indiqué récemment que des projets concrets ont été lancés, dont celui de la centrale hybride de Hassi R'mel de 150 MW dont la mise en service est prévue pour l'été prochain. Egalement, il a été mis en service la ferme éolienne de 10 MW, suite au récent appel d'offres international confiant le projet à une société étrangère. N'en restant pas là, un autre programme d'électrification des villages isolés du Sud du pays est en cours de réalisation, ainsi que la création d'une unité de fabrication de cellules photovoltaïques par Sonelgaz à Rouïba, et dont le premier panneau photovoltaïque est prévu pour 2012 avec une production de 50 MW/an. A la lumière de ces chiffres, le niveau d'exploitation des énergies renouvelables dans le bilan énergétique national, estimé à seulement 0,05% actuellement, sera porté à 6% à l'horizon 2017. Cet objectif est inscrit au titre de la stratégie nationale de développement du secteur énergétique visant la consécration d'un taux d'exploitation de 30% à l'horizon 2050. Pour ce faire, plusieurs dispositions ont été prises ces dernières années par les hautes autorités, selon les mêmes sources, qui citent parmi ces mesures la mobilisation de dotations financières conséquentes, à l'instar d'une enveloppe de 400 millions d'euros pour la période 2008-2017 et d'un autre investissement de 1 milliard de dinars pour les années 2009 et 2010, consacrés tous les deux au financement des recherches dans le domaine des énergies renouvelables. L'Algérie parmi les 14 pays à revenu intermédiaire Au niveau international, notre pays figure parmi les 14 pays à revenu intermédiaire qui ont élaboré des programmes pour rééquilibrer leurs sources d'énergie en investissant dans les projets d'énergies renouvelables à grande échelle. Avec l'appui du Fonds pour les technologies propres, ces pays en développement investissent dans les énergies renouvelables à grande échelle, notamment l'énergie solaire, éolienne ou géothermique, comme des sources fiables d'accès à l'énergie pour leurs populations, selon le rapport de la Banque mondiale (BM). Outre l'Algérie, les pays ayant engagé ces programmes sont la Tunisie, le Maroc, l'Afrique du Sud, l'Egypte, la Jordanie, la Turquie, l'Indonésie, le Kazakhstan, le Mexique, les Philippines, la Thaïlande, l'Ukraine et le Vietnam. La BM rappelle les résultats de la réunion du Comité du fonds pour les technologies propres (FTC) tenue à Washington. Cette réunion a fait le point sur les bilans de réalisation d'une première série de ces projets d'énergies renouvelables engagés par ces pays pour un total de 2,4 milliards de dollars. Concernant l'Algérie, les trois projets cités par ce fonds sont les trois centrales solaires hybrides CSP (Concentrating Solar Power) de Naâma, Hassi R'mel et Meghaïr. Il est à rappeler, à ce propos, que la centrale de production d'énergie hybride, solaire et gaz de Hassi R'mel, près de Laghouat, qui devra être réceptionnée en janvier 2011, est un projet mené près d'un gisement de gaz naturel considéré comme le plus important en Algérie. Réalisé pour le compte de Neal (New Energy Algeria), une filiale de Sonelgaz et Sonatrach, ce chantier d'un coût de 315 millions d'euros L’ACTUEL / Décembre 2010 - 19 devrait créer environ un millier d'emplois et ouvrir à l'Algérie des perspectives d'exportation d'électricité vers l'Europe Production d'énergie électrique à partir du solaire Desertec le projet de tous les enjeux Plus d'une vingtaine de multinationales, surtout allemandes, veulent rapidement poser les jalons de la production de courant électrique solaire en Afrique du Nord et de sa livraison en Europe pour couvrir 15% de ses besoins. Ce projet, appelé Desertec et évalué à 400 milliards d'euros, prévoit d'installer en Afrique du Nord et au Moyen-Orient une vingtaine de centrales solaires de 5 GW chacune Energie L 'Algérie est l'un rares pays riches en potentiel énergétique renouvelable au monde. En effet, le gisement solaire en Algérie est l'un des plus élevés. La durée d'ensoleillement sur la quasitotalité du territoire national dépasse les 2.000 heures et peut dépasser les 3.900 heures sur les Hauts-Plateaux. Ce gisement solaire dépasse les 5 milliards de GWh. Le potentiel éolien diverge selon la situation géographique. Avec un régime de vent modéré, ce potentiel convient particulièrement pour le pompage de l'eau, notamment sur les HautsPlateaux. En matière d'énergie géothermique, plus de 200 sources d'eau chaude ont été répertoriées dans le nord-est et le nord-ouest de l'Algérie. Environ 33% d'entre elles ont des températures supérieures à 45° C. L'ensemble du débit d'exploitation des sources et de cette nappe représente une puissance estimée à 700 MW/an. Le potentiel de biomasse se répartit entre les déchets issus des activités humaines, déchets urbains et agricoles non recyclés. Son potentiel actuel est évalué à environ 37 millions de TEP et le potentiel récupérable est de l'ordre de 3,7 millions de TEP. Au-delà de ces statistiques sur le potentiel solaire algérien, les étrangers ne veulent vraisemblablement pas rester les bras croisés. Ils veulent à tout prix investir en Algérie dans ce créneau, ô combien juteux. D'autant que, pour eux, la bataille du solaire est déjà lancée. Expliquons les choses comme elles se présentent : afin d'assurer leur approvisionnement en énergie électrique solaire, les pays occidentaux ont recours aux acrobaties les plus spectaculaires. Les grandes manœuvres ont déjà commencé, tellement l'enjeu est énorme. En clair, plus d'une vingtaine de multinationales, surtout allemandes, veulent rapidement poser les jalons de la production de courant électrique solaire en Afrique du Nord et de sa livraison en Europe pour couvrir 15% de ses besoins. Ce projet, appelé Desertec et évalué à 400 milliards d'euros, prévoit d'installer en Afrique du Nord et au Moyen-Orient une vingtaine de centrales solaires de 5 GW chacune. L'électricité serait transportée en Europe via des câbles sous-marins en courant continu à haute tension et pourrait fournir 15% des besoins de l'Europe en énergie. Les concepteurs de ce projet se montrent optimistes quant à sa réalisation, d'autant que l'évolution rapide sur le plan technologique est l'un des facteurs stimulants. Toutefois, ce gigantesque projet ne manque pas de contradicteurs dotés de solides arguments. Pour une fois, l'enjeu semble être avant tout d'ordre économique et politique plus que technique. En effet, les technologies nécessaires existent et fonctionnent déjà. En revanche, la construction d'un réseau d'approvisionnement traversant la Méditerranée et s'étendant sur au moins 2.000 km est très coûteuse. L'ensemble du projet peut, selon les experts, monter jusqu'à 400 milliards d'euros sur plusieurs années. Par ailleurs, même s'il devrait être plus facile pour l'Union européenne de régler un conflit d'intérêts avec l'Algérie qu'avec la Russie, certains s'interrogent sur un projet qui, au bout du compte, ne diminue pas la dépendance énergétique de l'Union européenne. D'autres protagonistes, mettant en avant les facteurs géopolitiques, indiquent qu'il s'agit bel et bien de colonialisme, avec une autre forme. En décodé, les grands groupes et les L’ACTUEL / Décembre 2010 - 21 multinationales continuent leurs "croisades" pour créer de vastes implantations en Afrique… même habillées en vert. Et les exemples ne manquent pas. Et comme la charité bien ordonnée commence toujours par soi-même, la future énergie solaire saharienne sera, de prime, destinée…à chauffer l'Europe. Que feront alors les pays maghrébins, dont l'Algérie qui dispose d'un gigantesque potentiel solaire ? Si, à présent, le Maroc et la Tunisie semblent séduits par un tel projet, du côté de l'Etat algérien rien ne semble clair sur ce sujet et aucune décision n'a été prise, hormis l'annonce du P-DG du groupe privé Cevital qui semble intéressé par ledit projet. Sur ce point, au niveau du ministère de l'Energie et des Mines, la politique algérienne en matière d'énergies renouvelables est "simple et transparente, fonctionnant selon les principes de la majorité au partenaire algérien, transfert de l'engineering et de la technologie, production d'équipements en Algérie et ouverture du marché européen à l'exportation de l'électricité à partir de l'Algérie". L'enjeu est énorme Hayet O. Agriculture Sécurité alimentaire : L'autre défi du gouvernement Par Hayet Ouzayed Les pouvoirs publics ont élaboré un Plan national d'appui aux industries agro-alimentaires (PNDIAA) qui sera mis en œuvre prochainement et s'étalera jusqu'à 2014. Les grands axes de ce plan portent essentiellement sur l'intégration de la production nationale, la substitution aux importations et la promotion des exportations L e défi est aujourd'hui de taille pour les pouvoirs publics : comment parvenir à nourrir les quelque 35 millions d'Algériens, mais surtout comment réduire la recette alimentaire couverte exclusivement par la rente pétrolière. A l'image de ses voisins maghrébins, l'Algérie a pour objectif de résoudre le problème de l'insécurité alimentaire en assurant un volume suffisant d'aliments pour une population sans cesse croissante. La production "naturelle" ne suffit pas à elle seule, encore moins les stocks. Donc c'est parvenir à la suffisance alimentaire et plus loin à la sécurité, par notamment le développement de l'industrie agroalimentaire. Il convient de rappeler sur ce point que l'Algérie bénéficie d'une conjoncture économique très favorable depuis 2003, grâce à la manne pétrolière. Chose qui pourra jouer en faveur de la mise en œuvre des différents programmes lancés dans le secteur à l'image du Programme national de développement agricole (PNDA). La valorisation de l'activité productive de cette filière industrielle est, de l'avis des experts, une alternative aux différentes stratégies entreprises dans ce cadre et qui ont surtout fait preuve de leur incapacité à assurer une suffisance alimentaire pour l'Algérie. Le secteur agroalimentaire demeure encore le parent pauvre de l'agriculture L’ACTUEL / Décembre 2010 - 52 nationale compte tenu des multiples entraves relevées par les opérateurs dans ce domaine. L'importance de valoriser, voire d'édifier une réelle activité agroalimentaire dans le cadre de la sécurité alimentaire est soulignée de la part des hauts responsables du pays. Citons le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion des investissements, M. Mohamed Benmeradi, qui a souligné la nécessité de réduire la dépendance de l'Algérie vis-à-vis des importations de produits agroalimentaires. Le ministre a, lors d'une réunion avec les présidents des directoires de trois sociétés de gestion des participations (SGP) du secteur de l'industrie agro-alimentaire, rappelé "la nécessité pour ces types d'industries, aujourd'hui très extraverties, de réduire la dépendance vis-à-vis des importations et de lancer toute action de nature à favoriser le développement de l'amont agricole". Cela pour dire le grand intérêt porté par les autorités concernées pour développer ladite activité. Notons que dans la pratique les choses sont plus compliquées puisque les opérateurs peinent souvent en essayant de garder le cap. Une enquête d'opinion effectuée récemment par l'Office national des statistiques (ONS) auprès des chefs d'entreprise rapporte que près de 14% des chefs d'entreprise jugent "mauvais" l'état de la trésorerie des entreprises en raison, essentiellement, de l'allongement des délais de recouvrement et aux charges trop élevées. Ainsi, précise-t-on, 25% des concernés par l'enquête ont recouru à des crédits bancaires et 11% ont eu des difficultés à les contracter. L'activité de l'industrie agroalimentaire a progressé au cours du second semestre 2010, précise la même source. Agriculture Une industrie face à de multiples entraves Il convient de préciser également que plus de 28% du potentiel de production ont enregistré des ruptures de stocks, induisant des arrêts de travail de plus de 30 jours pour plus de 44% des entreprises touchées par l'enquête. Cela va sans compter les pannes d'électricité qui ont causé des arrêts de travail inférieurs à 6 jours pour 88% des industriels concernés par l'enquête. Sur un autre volet, 80% des chefs d'entreprise questionnés estiment la satisfaction des commandes de matières premières égale aux besoins exprimés alors que 18% l'estiment inférieure. Cette enquête qui traite, notons-le, du type et du rythme de l'activité industrielle et non pas sur la production, révèle que les capacités de production sont utilisées à plus de 75% par 62% des entreprises de cette filière. Aussi, développer l'industrie agroalimentaire relève grandement de la qualification de la main-d'œuvre. 21% des entreprises touchées par cette enquête affirment avoir trouvé des difficultés à recruter des cadres et des agents de maîtrise et 28% jugent le niveau du personnel "insuffisant". L'urgence de fonder une industrie de l'agroalimentaire semble encore plus importante si on prenait en compte la hausse effrénée des cours des prix alimentaires dans les bourses internationales. Des hausses qui poussent certains spécialistes à s'interroger sur les capacités des marchés internationaux à assurer les approvisionnements nécessaires en nourriture à des prix abordables. En Algérie, les exportations de produits agroalimentaires restent marginales alors que le Maroc, avec plus de 2 milliards de dollars, réalise plus de 20% de ses exportations dans ce secteur. Ces exportations ne représentent que 0,15% des exportations totales et 6,1% des exportations hors hydrocarbures. Elles ne couvrent par conséquent que 1,5% des importations de biens alimentaires. Par ailleurs, au niveau gouvernemental, développer et augmenter la production agroalimentaire est au cœur des différentes politiques mises en œuvre. Les pouvoirs publics ont élaboré un Plan national d'appui aux industries agroalimentaires (PNDIAA) qui sera mis en œuvre prochainement et s'étalera jusqu'à 2014. Les grands axes de ce plan portent essentiellement sur l'intégration de la production nationale, la substitution aux importations et la promotion des exportations. Le but principal de ce plan est d'accroître de 10 points la contribution des industries agroalimentaires (IAA) dans le PIB industriel en la faisant passer de 50% en 2009 à 60% en 2014. En 2003, le secteur agricole a participé à hauteur de 11,1% au PIB. Ce plan vise également à densifier le tissu industriel dans les IAA à travers la création de 500 entreprises au sein d'agropoles entre 2010 et 2014 et la création de 100.000 emplois jusqu'à 2014. En Algérie, les exportations de produits agroalimentaires restent marginales alors que le Maroc, avec plus de 2 milliards de dollars, réalise plus de 20% de ses exportations dans ce secteur Ce plan vient consolider le programme élaboré en 2000 et qui vise particulièrement à reconstruire le territoire agricole de l'Algérie afin d'améliorer la compétitivité de l'agriculture, accroître les productions et les rendements, protéger les écosystèmes et poursuivre la mise en valeur des terres à vocation agricole L’ACTUEL / Décembre 2010 - 53 Société Chômage, le revers de l'économie algérienne S elon l'Office national des statistiques (ONS), l'année 2009 s'est terminée avec un bilan très positif, le taux de chômage ayant, estime-t-on, considérablement baissé durant les dernières années. En effet, après avoir atteint un total de 1.169.000 personnes sur une population active de 10.315.000 en décembre 2008, la population en chômage ou en quête d'emploi est de moins en moins nombreuse. Cependant, malgré cette légère baisse, il n'en demeure pas moins que ce taux reste l'un des plus élevés des pays méditerranéens. Cette question, importante et sensible à plus d'un titre, interpelle aussi bien le gouvernement que les opérateurs économiques privés qui, eux, peuvent jouer un rôle monumental dans la prise en charge, en termes d'emploi, des diplômés des universités, notamment ceux ayant suivi des formations dans des filières techniques et scientifiques ou celles liées aux domaines de la gestion et de l'économie comme cela se passe dans les pays émergents. Des analystes connus pour la rigueur de leurs opinion n'ont d'ailleurs pas manqué d'attirer l'attention des autorités publiques par rapport à cette question, qui peut peser de tout son poids à travers, en particulier, la coopération entre le secteur économique et l'université dans le cadre du système LMD. Cela a eu un certain effet, mais les résultats demeurent toujours insuffisants. L'optimisme du gouvernement algérien, traduit par les chiffres de l'ONS, quant à la question du chômage, est peu réaliste compte tenu de la morosité du paysage économique et de sa dépendance quasi-totale du secteur des hydrocarbures Tout récemment, les responsables de l'ONS ont communiqué les résultats préliminaires d'une enquête nationale effectuée auprès des ménages sur la base des critères du Bureau international du travail (BIT). Selon cet organisme, la population active du moment (âgée de plus de 15 ans et en mesure d'exercer une activité) est estimée à 10.544.000 personnes. De plus, l'ONS a noté que les deux-tiers de la population occupée totale sont des salariés soit permanents (33,1%), soit non permanents et apprentis (32,5%) alors que 29,2% de la main-d'œuvre totale sont constitués d'employeurs et d'indépendants, et 5% sont des aides familiaux. Cependant, à bien triturer ces chiffres, on se rend compte que même si à première vue il paraissent apaisants, il est bien vrai qu'il traduisent une incohérence certaine ; d'où d'ailleurs le scepticisme de nombre d'analystes. L’ACTUEL / Décembre 2010 - 56 Société En effet, en plus du fait qu'ils soient peu "crédibles", ces chiffres démontrent clairement que le nombre de travailleurs permanents est presque le même que celui des travailleurs non permanents, ce qui est loin d'être un simple problème compte tenu de l'instabilité professionnelle que cela cause et de la vulnérabilité sociale qui peut en résulter. Selon l'expert Abderahmanne Mebtoul, dans des propos repris par Infosoir, "les taux annoncés au début de l'année en cours par l'ONS concernant le chômage et le travail dans notre pays sont loin d'être réels". Selon lui, en fait, "l'Etat ne dispose d'aucune politique salariale pouvant assurer une baisse réelle du taux de chômage et les chiffres avancés sur le chômage sont liés aux chiffres de croissance économique du pays". Et Abderahmanne Mebtoul est loin d'être le seul à contester ces chiffres. Beaucoup d'autres, des économistes pour la plupart, joignent leurs avis au sien y compris certains organismes internationaux à l'image de the Oxford Business Group qui estime que le "taux de chômage en Algérie avoisine les 30%". la République, qui consacre 42,6 milliards de dinars à la création d'ici la fin 2010 de 60.000 emplois dans la Fonction publique, 13 milliards de dinars à 144.000 postes via le secteur de la solidarité nationale, et 24 milliards de dinars destinés à celui du travail pour 432.000 emplois. On peut signaler, cependant, que l'évolution des principaux indicateurs du marché de l'emploi ces derniers temps s'est également caractérisée, ce qu'il ne faut pas voiler, par une augmentation de la population occupée qui est passée de 6 millions en 1999 à plus de 9 millions, soit une augmentation moyenne annuelle de 5,6%. Par ailleurs, la loi de finances 2010 engage des mesures sociales, économiques et financières pour lutter contre le chômage et la création de nouveaux emplois avec, comme cheval de bataille, l'encouragement des investissements productifs générateurs d'emploi. Elle prévoit de réduire le taux de chômage à 9% avant la fin 2014. Dans ce sens, le FMI ne rechigne pas et, tout en affichant sa volonté de voir l'Etat algérien faire plus d'efforts, prévoit un net recul du taux de chômage en Algérie pouvant atteindre les 9%. Dans cette optique intervient également la loi de finances complémentaire pour l'exercice en cours, signée récemment par le président de Cet optimisme paraît, néanmoins, peu réaliste compte tenu de la morosité du paysage économique algérien et de sa dépendance quasitotale du secteur des hydrocarbures, à moins que l'on déroge cette fois-ci à la règle et que, pour la dernière fois, les opérateurs économiques algériens, publics et privés, apprennent à travailler dans le cadre d'un partenariat équilibré et que le gouvernement comprenne qu'il est temps de diversifier l'économie algérienne et d'associer les cercles universitaires à la décision I. A. L’ACTUEL / Décembre 2010 - 57