FLORENCE HUMANISME ET RENAISSANCE
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FLORENCE HUMANISME ET RENAISSANCE
FLORENCE HUMANISME ET RENAISSANCE Aujourd'hui on considère comme une renaissance, toute période de l'histoire où on assiste à un nouvel envol de la civilisation par les arts, les techniques et la science. Plusieurs périodes dans l'histoire correspondent donc à cette dénomination. Cependant, le Quattrocento italien (notre 15 e siècle) reste l a Renaissance, période où notre civilisation européenne a pris corps, où les hommes d'alors ont fait la synthèse de tous ces passés pour se tourner vers le progrès et les découvertes. LE QUATTROCENTO ET LA RENAISSANCE Ces hommes du Quattrocento sont ceux qui ont fait Flore n c e, la ville de la Renaissance par excellence, et ce sont eux aussi qui ont créé, inventé, ce mot à la fin du 14ème siècle. Pourquoi "renaissance" ? Leur souci de la langue et de la religion est grand, et c'est dans ce contexte qu'ils vont avoir à cœur de ménager une distinction importante entre le mot résurre c t i o n, qui re nvoie à la notion de résurrection christique (mot né en 1120) et un autre, à inventer, qui désignerait ce mouvement qui semble prendre corps alors et qui serait une réapparition de l'esprit des Grecs et des Latins, esprit païen pour l'essentiel et donc incompatible avec le mot "résurrection". Dessin de Léonard de Vinci, d'après les proportions humaines décrites par l'architecte romain Vitruve (1er s. av JC) LA BEAUTÉ, LES ARTS Les humanistes sont passionnés d'art et ils vont toucher à la philosophie par les réflexions des Grecs sur l'art. Ils vont prôner une imitation des canons antiques et influencer l'école florentine par leurs conseils esthétiques. RATIONALISME & RIGUEUR En acc ordant un e grand e pl ace à l'Hellénisme, ils vont teinter leur pensée d'u ne rigu eur ext rêm e d e l a démonstration, de la morale et des idées qu'ils en tirent, le tout avec une audace réellement étonnante. SPIRITUALITÉ PASSIONNÉE Le rêve des Humanistes est de réconcilier l'esprit de l'Antiquité avec l'esprit du christianisme dont ils sont imprégnés. C'est la place de l'Homme dans le temps et dans l'espace qu'il faut définir, ainsi qu'un sens à son existence qu'il faut mettre à jour. Homo quasideus, l'homme au plus prè s de Die u, t el est le but de s Humanistes. La vertu ( V i r t ù ) , tel est l'objectif qu'ils vont poursuivre. Ces hommes perçoivent que cet esprit, qu'ils aspirent à faire revivre, était comme mort lors de la période qui s'achève en ce début de Quattrocento et que nous appelons Moyen Âge, c'est à dire l'âge du milieu, entre l'Antiquité d'un côté et sa "résurrection" lors du Quattrocento de l'autre. Et donc, le mot qui pouvait rendre le mieux compte de cette résurrection païenne était le mot renaissance. C'est un portrait de ces hommes que nous vous proposons, qui port e n t aujourd'hui un nom aux résonances confuses : les Humanistes. L'ESPRIT HUMANISTE : LES MOTS-CLÉS Le mot "humanisme" est apparu en France en 1765. Humanismus est un mot d'origine allemande dérivé d'un mot latin, humanitas, qui désigne les études de la littérature de l'Antiquité, des lettres classiques ; mais lorsqu'on l'utilise pour présenter ces hommes de la Renaissance, on lui accorde à la fois un relief bien différent et la prétention de résumer l'esprit qui les animait. De cet esprit animant des penseurs, des philosophes, des hommes décidés à comprendre leur passé et ce que sont l'Humanité et ses productions, on peut dire qu'il tourne autour de trois notions-clés que chacun des humanistes va décliner selon sa propre sensibilité. L'HUMANISME DANS LES FAITS Des échanges intellectuels intenses : la "Républ i q u e des Lettres" Cet esprit va nécessairement, en raison entre autres de l'intense activité épistolaire entre les Humanistes, se développer et créer, depuis Flore n c e, réel centre nerveux de ce courant, une émulation européenne où chacun va se sentir prêt à confronter sa pensée à celle des autres, à transmettre ses écrits et à en attendre une critique. Les re n c o n t res seront également nombreuses, à Flore n c e s u rtout, chez Laurent de Médicis en part i c u l i e r. Une République des Lettre s, véritable nation d'hommes de toute l'Euro p e, va se tisser par ces intenses échanges épistolaires et intellectuels. Cette nation, sans territoire car dégagée des frontières physiques, est une nation intellectuelle et abstraite, puisque y appartenir nécessite culture antique et pensée p ro fonde. Cependant, aussi abstraite soit-elle, la République des Lettre s a une c ap i t a l e, Flore n c e, qui va s'instituer en réel forum des intellectuels de l'époque. Nouvelles mentalités, nouveaux horizons Le changement de mentalité est grand et ces hommes vo n t désormais rechercher à repousser plus loin encore les frontières, non seulement physiques, mais aussi intellectuelles, à l'intérieur desquelles leur esprit en expansion permanente se trouve à l'étroit. On rappellera simplement la multiplication des voyages au long cours, des Grandes Découvertes (C. Colomb, évidemment !) et les immenses progrès en cart o g r aphie avec Mercator (dont la p rojection géométrique go u verne encore aujourd'hui nos planisphères et nos atlas) qui montrent le souci de l'espace chez les Deux visions de l'univers : celle de Ptolémée, IIe siècle après JC Humanistes. Ou encore les travaux de Copernic et ses intuitions à gauche, celle de Copernic, XVIe siècle ,à droite. stupéfiantes en matière d'astronomie ou de géographie planétaire. En France, François Ier unifie les parlers locaux en instaurant le Français comme langue nationale (édit de Villers-Cotterets, 1539) et s'inspire de l'Italie (qu'il combat pourtant) en faisant venir en France Léonard de Vinci et nombre d'architectes qui travaillent aux châteaux de la Loire. Toujours mieux comprendre On voit bien que les Humanistes tentent de s'appuyer sur les temps antiques et sur les nouveaux espaces que l'on découvre ou perce à jour, pour développer une pensée cohérente en accord parfait avec le réel, capable ainsi de mieux cerner, d'approcher au plus près Dieu, par ses œuvres majeures : les Textes sacrés, qu'on lit en langues originales (gre c, latin, hébreu, araméen), ainsi que la Nature et surtout l'Homme ! Des esprits universels Une conversation entre humanistes Un humanisme digne de ce nom, outre sa curiosité (qui va jusqu'à une connaissance absolue des progrès) pour des découve rtes scientifiques et terrestres, est donc un parfait philologue, pétri de grec, de latin, voire d'hébreu. Outre sa maîtrise linguistique, il connaît en pro fondeur tous les grands textes antiques, Platon et Aristote en tête, et les a traduits pour son propre compte au moins avant de les commenter et annoter consciencieusement. Il a re c h e rché les motivations pro fondes de la pratique artistique, ses rap p o rts avec la Nature, d'émanation divine, et son rôle dans la progression de l'homme qu'il est et de l'Homme en général. Il correspond ou s'entretient quotidiennement avec plusieurs autres humanistes sur les sujets les plus divers, le plus souvent sur la découve rte d'une œuvre antique, ou tel problème de traduction, et surtout sur le bien-fondé de telle ou telle idée. l s'ingénie aussi à s'exprimer dans une langue épurée et riche de significations (en plus du sens) et d'allusions "culturelles", où les références sont légion. Il re f u s e l ' e x p ression purement ornementale (gratuite), l'érudition stérile (sans confrontation aux réalités et aux autre pensées) et les épanchements personnels sur les passions de l'Être humain. Il est enfin grand amateur d'art et se préoccupe des nouvelles créations inspirées de l'esthétique humaniste à des artistes dont il suit la formation spirituelle et culturelle (par ex. Pic de la Mirandole et Marsile Ficin formant Michel-Ange chez Laurent de Médicis !). Texte : Pascal VEY - Conception et réalisation : Michèle GOZARD - Edition nov. 2007