TIPIAC NUMERO 5derniereversion

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TIPIAC NUMERO 5derniereversion
NUMERO 5
Septembre 2007
Longtemps considéré
comme le leader de la libération gay, les Pays Bas
deviendraient-ils moins
tolérants ? Simple impression ou réalité ?
A l’est en revanche, la
question ne se pose
même pas ! Dans la rue ou
les plus hautes sphères
gouvernementales, l’homophobie est omniprésente. Une éclaircie cependant dans le ciel bulgare et tchèque...
Au sommaire
du numéro
5
Pays Bas
Etat des lieux de la
question LGBT
Pages 1 à 4
Présentation d’association : Out &
Equal
Pages 5 à 7
Brèves d’Europe de
l’Est
Pages 8 à 13
TIPIAC
.
TOUT VA-T-IL VRAIMENT POUR LE MIEUX
DANS LE MEILLEUR DES MONDES ?
Un état des lieux de la question LGBT
aux Pays Bas
Trouble au paradis
Les bateaux étaient plus beaux que jamais. Ils balançaient leurs décibels de dance music contre les façades
et les pignons du 17ème siècle tout en vomissant des
nuages de confettis roses et argentés. A bord, des centaines de party boys, de drag queens, de mecs en cuir,
mais aussi quelques hommes et femmes au look plus
ordinaire semblaient s’amuser follement. La Canal
Pride d’Amsterdam, qui s’est tenue le 4 août dernier, a
été l’habituelle célébration joyeuse de la fierté gay, et
comme toujours, elle a attiré des centaines de milliers
de spectateurs de tous âges le long des berges des canaux pittoresques. Même le beau temps était au renComme tous les ans, la Canal Parade 2007 a dez-vous.
été une grande fête, mais elle avait aussi un
accent plus sérieux
Et pourtant, la flottille exubérante avait un accent plus sérieux cette année. Le COC, principal
mouvement pour les droits des gays en Hollande, a utilisé son bateau pour attirer l’attention
sur ce qu’il affirme être une baisse de la tolérance envers l’homosexualité. Un autre bateau
attaquait le gouvernement en place pour son manque de soutien franc au mariage gay, alors
qu’un troisième soulignait ce qui semble être un regain de violence anti-gay dans les villes
néerlandaises.
Que se passe-t-il? La Hollande, longtemps indiscutable leader de la libération gay et le pays
qui inventa le mariage gay, est elle en train de faire marche arrière?
Pas encore. Même si le nouveau gouvernement, en place depuis février, inclut un petit parti
chrétien de droite et est socialement plus conservateur que son prédécesseur, il n’a rien fait
pour réduire les droits des LGBT. Et alors que les journaux rapportent un cas d’agression
d’homosexuels après l’autre (un touriste irlandais qui marchait main dans la main avec son
petit ami vénézuélien a été sérieusement battu le soir même de la parade sur le canal), la police
dit ne pas être sûre que le niveau de violence anti-gay ait réellement augmenté. Il se pourrait
juste que les gens y soient plus attentifs et que les victimes décident plus souvent de déclarer
les menaces et les actes violents dont ils ont fait l’objet.
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Il y a néanmoins un malaise croissant chez les gays hollandais, le sentiment qu’ils doivent défendre le niveau de tolérance et l’égalité qu’ils ont mis des décennies à arracher. Et leur inquiétude s’est ajoutée au malaise croissant résultant
de l’accroissement de la population musulmane et de l’essor de l’islam politique.
Ce débat a été lancé par Pim Fortuyn, le flamboyant et populaire politicien gay assassiné juste avant les élections de
2002. Comment réconcilier l’ouverture d’esprit et la permissivité néerlandaises avec une minorité croissante d’immigrants de première, deuxième et troisième génération dont les vues sur le sexe, les droits des homosexuels et des femmes sont beaucoup plus conservatrices? Pour beaucoup, les droits des homosexuels sont juste les premiers à être menacés, ce qui peut expliquer pourquoi ils sont devenus un sujet si explosif.
Tempête dans un verre d’eau
Être en avance sur les sujets de société fait partie de la fierté nationale hollandaise. Le COC, fondé en 1946, est le mouvement de libération gay le plus ancien au monde. L’acceptation de l’homosexualité a commencé à se répandre dans les
années 70 aux Pays-Bas, alors que dans la plupart des autres pays occidentaux, le sujet était encore tabou. Le 1er avril
2001, le maire d’Amsterdam a marqué l’histoire du monde en mariant officiellement le premier couple de même sexe.
La Belgique, le Canada, l’Espagne et l’Afrique du Sud ont suivi, de même que l’état américain du Massachusetts.
Au vu de ces grandes avancées, l’actuelle controverse qui entoure le
mariage gay n’est rien de plus qu’une tempête dans un verre d‘eau. En
2000, lorsque le gouvernement socialiste libéral a dû s’assurer l’appui
des chrétiens démocrates au sénat pour modifier la loi sur le mariage, il
a été obligé de promettre que les fonctionnaires chrétiens pratiquants
ne seraient pas forcés d’officier lors des mariages entre personnes de
même sexe, pour autant qu’il y ait au moins un fonctionnaire dans chaque municipalité pour procéder à ces mariages. Sur le moment, cela a
semblé être un petit prix à payer pour une grande victoire.
Après les élections de novembre 2006, les socialistes et les chrétiens
démocrates ont eu besoin de l’Union Chrétienne (UC), un petit parti
protestant orthodoxe, pour former une nouvelle majorité gouvernementale. Les autres partis ont accepté, comme concession à l’UC, une résoDe nombreuses entreprises privées participent à la lution plutôt vague assurant que le droit des fonctionnaires de ne pas
Canal Pride, tel ce bateau soutenu par TNT, entre- officier aux cérémonies de mariages gays serait protégé. L’accord a crée
prise postale.
une véritable tempête de protestations. Les avocats gays ont accusé les
socialistes de trahison et de nombreuses critiques à gauche se sont subitement élevées pour dire qu’il ne devrait pas du tout y avoir de droit pour les fonctionnaires de ne pas appliquer la loi.
Assurément, le nouveau gouvernement n’a pas montré de signe indiquant son intention de revenir sur le mariage gay.
Le débat, s’il en est, n’a fait que renforcer l’opinion de ceux qui veulent supprimer ce droit de refus octroyé aux fonctionnaires croyants qui ne souhaitent pas procéder aux cérémonies de mariages entre personnes de même sexe. Par ailleurs, le grand parti dominant chrétien démocrate a en grande partie dépassé ses réserves contre les droits des gays: en
2002, le chrétien démocrate Joop Wijn est devenu le premier ministre ouvertement gay dans un gouvernement des Pays
Bas.
Cette agitation n’a de sens que vue à travers le prisme de l’influence croissante de l’islam. Le mariage gay, encore hautement controversé aux Pays Bas il y a dix ans, est subitement devenu la pierre angulaire de l’identité nationale néerlandaise. Beaucoup pensent que lorsqu’il s’agit de tolérance sociale, le pays ne devrait pas lâcher un seul centimètre. Et la
défense du mariage gay contre les plus petites égratignures par les chrétiens démocrates est leur façon de le montrer.
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Retour dans le placard
Les supporters des droits des homosexuels disent qu’il y a de nombreuses raisons de s’inquiéter. Juste après les premiers mariages gays, un imam a choqué le pays en déclarant à la télévision que l’homosexualité était une maladie et un danger pour la société. Il a, par la suite, été acquitté des charges portées contre lui d’incitation à la haine et à la discrimination, car la constitution
protège la liberté de religion.
Plus tard, c’est une mosquée d’Amsterdam qui a vendu des livres islamiques appelant à jeter les homosexuels du haut des gratteciel (la tête la première précisait judicieusement le livre) et à circoncire les femmes et à les battre si elles mentaient à leurs maris.
Les membres du parlement néerlandais ont été épouvantés, et le premier ministre Jan-Peter Balkenende a suggéré que le code
pénal hollandais prévoit d’interdire une telle littérature « dégoûtante et odieuse ». Mais, à ce jour, rien n’a été voté.
En 2005, une enquête parmi les adolescents de Rotterdam a révélé que 88% des garçons turcs et 80% des garçons marocains
disaient de ne pas vouloir de gays ou de lesbiennes comme amis, à comparer avec le chiffre de 25% des garçons hollandais de
naissance. Par ailleurs, 64% des garçons turcs et 56% des garçons marocains disaient aussi qu’ils « n’aimeraient pas » avoir un
ou une professeur gay ou lesbienne. En effet, pour nombre de professeurs gays, il y a eu un refroidissement notable dans les classes néerlandaises; Alors qu’être ‘visible’ a été la norme pendant un moment, beaucoup de professeurs dans les quartiers populaires sont retournés dans le placard par peur d’être harcelés, voire menacés. Les volontaires gays en visite dans les classes pour
parler d’homosexualité rapportent un nombre croissant de réactions hostiles.
La reprise des cas de violence anti-gay est un autre signe préoccupant, d’autant plus que ce phénomène avait presque disparu au
début des années 1990. Depuis quelques années maintenant, un petit nombre tout de même croissant de rapports parle d’agressions contre des homosexuels, souvent perpétrés par des jeunes d’origines marocaines. Le sujet a fait les titres de la presse gay
internationale en 2005, lorsque Chris Crain, le rédacteur en chef d’un hebdomadaire gay de Washington, s’est fait rouer de coups
dans le centre d’Amsterdam, le jour sinon plutôt gay-friendly de la fête de la Reine.
Dans le Washington Blade, un hebdomadaire gay, le journaliste américain Chris
Crain a décrit l’attaque qu’il a subi à Amsterdam alors qu’il marchait main dans la main avec son petit ami.
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Dans l’article qu’il rédigea à propos de cette attaque, Crain exprima son étonnement sur le fait que cela puisse se produire
dans, ce qu’il pensait être, « le lieu le plus gay friendly qui soit sur la planète ». « J’espère que nos amis gays néerlandais se
rendent compte qu’il est un peu trop tôt pour crier victoire et rentrer chez soi, maintenant qu’ils ont gagné leurs victoires
légales », a-t-il ajouté. « Gagner le cœur et l’âme des gens va être une tâche beaucoup plus difficile».
L’an dernier, la police d’Amsterdam a commencé à enregistrer systématiquement les incidents anti-gays. A ce jour, en
2007, il y en a déjà eu 21, plus que pour toute l’année 2006. Les attaques surviennent dans les lieux traditionnels de rencontres gays, comme les parcs et les parkings, mais également dans le quartier animé de la vie nocturne gay dans le centre
d’Amsterdam. Pourtant, la police dit qu’elle ne peut pas être certaine que l’augmentation de ce chiffre n’est pas le résultat
de l’attention croissante des médias et/ou du nombre de personnes qui les déclarent. Ils soulignent aussi que tous les délinquants ne sont pas d’origines étrangères.
D’un certain côté, les craintes que l’Islam puisse forcer le pays à reculer semblent tirées par les cheveux : Aujourd’hui, un
peu moins de 6% des néerlandais se considèrent musulmans et ces 6% comprennent des populations très diverses qui, à ce
jour, n’ont pas été unifiées politiquement. Mais cela pourrait facilement changer. Dans le système des élections à la proportionnelle néerlandais, des partis qui démarrent peuvent rapidement gagner quelques sièges, et le besoin permanent de former une coalition gouvernementale pourrait donner à un parti islamique un pouvoir sérieux, tout comme celui dont jouissent aujourd’hui les conservateurs chrétiens.
Un signe d’espoir
Où cela va-t-il mener? Bien sûr, personne ne le sait. Comme le reste de l’Europe occidentale, les Pays Bas se battent pour
trouver un moyen de défendre les libertés sociales, tout en intégrant dans le même temps les populations qui ont migré de
parties du monde où la religion fondamentaliste est en hausse. Depuis le meurtre du réalisateur Theo van Gogh par un fondamentaliste musulman en 2004, beaucoup se demandent si le fossé pourra un jour être comblé.
Il y a pourtant quelques développements positifs. Certains quartiers d’Amsterdam ont commencé à organiser des débats
entre les gays et les musulmans, avec l’espoir de rapprocher les deux parties et créer une compréhension mutuelle dans un
environnement calme et sans menaces. Plusieurs fondations essaient également d’ouvrir de façon prudente un dialogue autour du sujet de l’homosexualité dans les communautés musulmanes aux Pays Bas.
Et il est un signe plein d’espoir dans le centre d’Amsterdam, près du célèbre Leidseplein. Dans une rue étroite, un grand drapeau arc en ciel annonce Habibi Ana, qui se
désigne comme « le premier et le seul bar
gay arabe au monde ». Dans la meilleure
tradition d’Amsterdam, Habibi Ana (terme
arabe signifiant ‘mon chéri’) ne cherche pas
à se cacher. Il est là pour être vu de tous et
chacun est le bienvenu.
Habibi Ana prétend être le premier et seul bar gay pour arabes dans le monde
Peut être que le meilleur espoir des Pays
Bas réside dans le fait que les gays et les
lesbiennes d’origines musulmanes, qui sont
restés largement invisibles jusqu’à ce jour,
décident de faire ce que bon nombre a fait
avant eux à Amsterdam : sortir au grand
jour, sans peur, et réclamer le droit d’être
traité à égalité.
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UNE ASSOCIATION LGBT ETRANGERE : OUT & EQUAL,
UN « AUTRE CERCLE » AMERICAIN
Une association LGBT très pro-active
“Out & Equal Workplace Advocates” (connue plus couramment sous le nom d’Out & Equal) est une organisation américaine à
but non lucratif, ayant son siège à San Francisco en Californie. Elle offre des services destinés aux sociétés, aux responsables des
ressources humaines, aux associations « maison » de salariés en entreprise et à des personnes physiques.
Une mission et une vision très axées
sur l’égalité sur le lieu de travail
Mission
Mettre à disposition des organisations publiques et
privées, des DRH, des associations LGBT au sein
des entreprises et des salariés individuels des
prestations, ayant comme but de leur permettre de
se former et de se doter de moyens visant à obtenir, sur le lieu de travail, une égalité de politiques,
opportunités d ‘avancement, pratiques et avantages sociaux sans distinction d’orientation sexuelle,
d’identité et d’expression de genre ou de caractéristiques particulières
Vision
L’égalité pour tous sur le lieu de travail sans distinction d’orientation sexuelle, d’identité de genre,
de mode d’expression ou de caractéristiques particulières
“Out & Equal” milite en faveur de lieux de travail sûrs et équitables pour les populations LGBT. Elle prône le développement et
la consolidation d’organisations qui réussissent, tout en valorisant, sans distinction, l’ensemble de ses salariés, ses clients et
toute la palette des groupes sociaux et ethniques.
Elle organise, une fois par an, un colloque national (le Out &
Equal Workplace Summit) destiné aux salariés LGBT et aux
responsables des ressources humaines, venus de tous les États
Unis. De nombreuses personnalités se sont déjà adressées à ce
colloque, parmi lesquelles la tenniswoman Billie Jean King, l’ex
Gouverneur de l’État de Vermont Howard Dean, et la Députée
Tammy Baldwin.
En complément à ce colloque national annuel, Out & Equal propose un programme de sensibilisation à la diversité (Building
Bridges Diversity Training) axé exclusivement sur des questions
portant sur les LGBT sur leur lieu de travail.
L’association s’appuie également sur un réseau, toujours en expansion, d’affiliées régionales qui maillonnent le territoire national à partir de grandes villes telles que New York, Washington,
Dallas/Fort Worth, San Francisco et Chicago.
Par ailleurs, elle soutient des groupes « maison » de salariés
LGBT en entreprise (ERG), édite une « newsletter » nationale et
propose des programmes visant des personnes physiques donateurs et adhérentes.
Enfin, elle réalise un sondage annuel sur les LGBT sur les lieux de travail et a développé 15 «bonnes pratiques» visant à assurer
l’égalité des droits entre salariés LGBT et hétéros.
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Tout commence en 1983
L’histoire commence en 1983 quand un groupe de militants
Donner votre soutien au colloque national an- LGBT contacte la United Way of the Bay Area (UWBA). Suite à
nuel (Annual Workplace Summit) d’Out & ce contact, l’UWBA commence à inclure, dans sa mission, l’égalité de droits pour les LGBT et, dès 1992, une référence à
Equal et y participer activement en
« l’orientation sexuelle » entre dans sa politique d’égalité des
° venant rejoindre nos entreprises donatrichances pour le recrutement, et devient obligatoire pour ses assoces
ciations composantes. Un refus entraîne l’inéligibilité de finance° y animant un groupe de travail (workshop) ment par l’UWBA.
Les 15 bonnes pratiques d’Out & Equal
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15.
° subventionnant ceux d’entre vos salarié
qui y assistent
Favoriser la création d’une association LGBT
« maison » au sein de votre entre prise
Étendre vos avantages sociaux pour couvrir
aussi les partenaires de même sexe de vos
salariés (Domestic Partner Benefits)
Faire figurer « l’orientation sexuelle » dans la
politique d’égalité des chances de votre entre
prise
Faire figurer « identité et expression de
genre » (Gender Identity and Expression)
dans la politique d’égalité des chances de v o
tre entreprise
Organiser un programme de sensibilisation
à la diversité LGBT, du style « Building
Bridges Diversity Training » dans votre entre
prise
Soutenir les populations LGBT à travers votre
politique de mécénat d’entreprise
Chercher, recruter et développer des salariés
LGBT
Commercialiser vos produits ou vos services,
en incluant comme cible marketing spécifique
les populations LGBT
Créer des publicités spécifiques pour cette
cible LGBT
Organiser des programmes de développement
de leadership pour vos salariés LGBT
Développer des politiques d’équivalence
de traitement des conjoint(e)s hétérosexuel(le)s et homosexuel(le)s (Spousal Equivalency Policies)
Inclure des entreprises “ gay friendly ” ou
à capital LGBT dans votre politique de diversification de fournisseurs ( Supplier Diversity Program)
Favoriser une culture d’entreprise “gay
friendly”
Faire partager les bonnes pratiques pour tout
ce qui touche à des questions concer
nant les LGBT sur le lieu de travail.
Dès 1986, l’UWBA crée un groupe de travail spécialisé et dans
les années 90, plusieurs autres groupes militent, eux aussi, en
faveur des droits des LGBT :
«Building Bridges» date de 1990 et fait partie de l’action du
groupe de travail de l’UWBA. Ce programme propose une sensibilisation LGBT pour les organisations financées par la UWBA.
1994 voit la naissance d’un groupe de groupes (AGOG) composé
de membres issus d’une douzaine d’entreprises de la région, qui
se sont réunis dans le but de créer, en commun, des
«networkings» pour leurs ERG (associations LGBT «maison»)
respectives.
1995 marque la création de «Progress», qui propose des ressources de développement de leadership, y compris un “sommet”
national de leadership pour les responsables d’ERG.
Out & Equal émerge d’une série de rapprochements et de fusions
En 1998, «Building Bridges», «AGOG» et «Progress» se rapprochent et forment un «Collectif des Fiertés». Ce collectif organise des «Pride Power Breakfasts» (petits déjeuners de fierté au
travail) offrant des opportunités de «networking», un colloque
national axé sur les questions concernant les populations LGBT
sur le lieu de travail et le programme de sensibilisation à la diversité «Building Bridges».
En 1999, le «Collectif des Fiertés» fusionne avec
«COLLEAGUES», organisation nationale à l’origine d’un colloque annuel «Out & Equal» destiné aux responsables de ressources humaines et aux salaries LGBT. L’entité issue de cette fusion
devient «Out & Equal Workplace Advocates».
En janvier 2004, «Out & Equal Workplace Advocates» entame
enfin la démarche administrative requise pour se métamorphoser
en organisation charitable indépendante, après avoir été longtemps nourrie et soutenue par la «United Way of the Bay Area»
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Une renommée en croissance constante
La réussite des programmes d’Out & Equal tels que «Building Bridges», la sensibilisation à la diversité et le colloque national, Out & Equal Workplace Summit, a attiré l’attention des grandes entreprises. Ce n’est que grâce au mécénat et aux dons
de ces entreprises qu’Out & Equal a pu devenir l’organisation militante majeure qu’elle est aujourd’hui.
En décembre 2006, Out & Equal comptait sept affiliées
régionales implantées comme suit :
Out & Equal est fière de son partenariat historique avec
l’UWBA. Un progrès sensible et quantitatif en est issu,
dans l’ Ouest
tout comme des amitiés réelles et durables. Les philosoRégion de la Baie de San Francisco
phies des deux organisations ont toujours reflété un
désir mutuel de traiter tous les acteurs du lieu de travail
cette affiliée organise des “Pride Power Break- sur un seul et même pied d’égalité.
fasts” (petits déjeuners de fierté au travail) et
offre des évènements « networking » et éducatifs,
portant sur des questions concernant les LGBT Aujourd’hui, Out & Equal est une organisation charitasur le lieu de travail.
ble indépendante qui jouit d’une reconnaissance nationale. Elle a une équipe de plus d’une douzaine de perMontagnes Rocheuses
manents pour s’adresser collectivement aux besoins de
l’affiliée Montagne Rocheuses a été créée en ses 5.000 constituants et sept associations affiliées régionales et pour organiser son colloque annuel national
janvier 2006
(l’Out & Equal Workplace Summit).
dans le Sud Ouest
Arizona
En 2006, ce colloque, dont la réussite et la renommée
croissantes d’année en année, a attiré à Chicago
l’affiliée régionale d’Arizona offre des évène- vont
plus
de
7.000 participants venus du monde entier. A
ments « networking » et éducatifs pendant toute travers ses
programmes éducatifs et ses sensibilisations,
l’année
Out & Equal a pu influencer positivement la vie de pluDallas-Fort Worth
sieurs milliers d’autres personnes.
au service des populations LGBT de la région
Dallas-Fort Worth, Out & Equal Dallas est venue Un maillage du territoire en sept associarejoindre le réseau national en juillet 2004.
tions régionales
dans le Centre Ouest
Chicagoland
l’affiliée régionale du grand Chicago est venue
rejoindre le réseau national dès le mois d’août
2005, en apportant avec elle son grand enthousiasme
dans le Nord Est
la conurbation new yorkaise
l’affiliée régionale du grand New York offre des
programmes et des évènements de “networking“
bimestriels dans la ville de New York et au nord
de l’État du New Jersey
Washington, D.C.
l’affiliée régionale de Washington, D.C a été
créée en septembre 2006.
Les associations régionales affiliées à Out & Equal sont
responsables d’évènements « networking » et de programmes éducatifs locaux, ayant comme but de partager les bonnes pratiques et de discuter des questions
importantes, eu égard aux populations LGBT sur le lieu
de travail. Ces évènements sont un moyen efficace pour
Out & Equal de prolonger son action en dehors de ses
colloques nationaux annuels en direction (au niveau
local) des salariés individuels, des responsables de
groupes « maison » de salariés LGBT en entreprise et
des responsables de ressources humaines.
Les associations régionales affiliées à Out & Equal
s’organisent autour de conseils régionaux qui les dirigent et qui s’assurent qu’elles sont dotées de la souplesse nécessaire pour bien servir les populations locales, tout en faisant partie du maillage national.
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Les brèves de la TIPIAC : Spécial Europe de l’Est
Selon qu'ils basculent à l'extrême droite ou dans le camp réformateur, les anciens pays du bloc soviétique et membres récents de l'Union européenne passent d'un extrême à l'autre en matière de politique de
protection et de tolérance des minorités sexuelles. Etre gay dans les anciens pays du bloc de l’est est de
plus en plus souvent vu comme un acte d’agression politique. Les droits de liberté de parole et de rassemblement sont souvent refusés sur l’idée vague de la « promotion de l’homosexualité » ou du risque
posé à la sécurité. L’homophobie est devenue le moyen utilisé par les politiciens pour détourner l’attention des populations de la frustration économique. L’homosexualité est peut être décriminalisée dans
ces pays, mais à la condition expresse qu’elle reste hors de vue. Hormis un petit nombre d’activistes qui
sont ouvertement gays, les homosexuels dans la plupart des pays de l’Est sont invisibles.
Même si l’homophobie existe encore en Europe occidentale, il y existe néanmoins des lois qui protègent les gays et les lesbiennes. Mais aucune de ces lois n’existe pour protéger les minorités sexuelles
des discriminations en Lettonie, en Pologne, en Russie ou en Moldavie, toutes membres du Conseil de
l’Europe, où les gay prides ont déjà été interdites par le passé. En Biélorussie et en Serbie, personne n’a
même osé encore suggérer une telle parade. Le Parlement Européen et le Conseil de l’Europe ont tous
deux exprimé leur inquiétude quant à l’augmentation de la violence homophobe dans les pays d’Europe
de l’Est durant ses récents débats, en signalant particulièrement le cas de la Pologne. Mais leur pouvoir
parait être limité. La promotion de législations homophobes et l’utilisation de discours de haine dans
ces pays continuent sans relâche, un bras d’honneur aux notions d’intégration et d’acceptation représentées par l’Europe.
Dans de nombreux états anciennement communistes où la religion avait été supprimée pendant des décennies, l’Eglise a développé une influence considérable. Une idéologie en a remplacé une autre.
Homophobie : Une valeur largement partagée
Les Gay Prides, lorsqu’elles sont autorisées dans les anciens pays du bloc de l’est, sont souvent le lieu
d’insultes, de jets d’œufs ou d’excréments, voire d’affrontements violents, qui sont un reflet de l’homophobie ambiante.
En Russie, la dernière Pride de Moscou, interdite par la municipalité,
fût très politisée et hyper médiatisée. Coups, projectiles et insultes ont
plu sur des personnalités européennes venues participer à la manifestation symbolique, provoquant une profonde indignation en Europe occidentale, notamment au sein des associations LGBT. Elle a suscité le
malaise au sein même de la communauté gay de Russie. Rares étaient
d’ailleurs les gays et lesbiennes russes à participer à cette manifestation.
De fait, pour de nombreuses associations LGBT russes, cet événement
reste inopportun, «prématuré et pouvant avoir des conséquences imprévisibles, car l’opinion publique
russe est profondément homophobe (…) Cela s’est fait sans tenir le moindre compte des intérêts de la
communauté LGBT» disait Alexandre Kukharsky, président de la plus ancienne association LGBT de
Russie, Krilija. Quant aux associations russes de défense des droits humains, elles aussi se sont abstenues. Même les entreprises du business gay émergeant ont tiré à boulets rouges contre la Gay Pride et
son organisateur.
En revanche, un soutien politique de marque « inattendu » s’est
déclaré: Alexeï Mitrofanov, du «Parti Libéral Démocrate» (LDPR), la formation d’extrême droite dirigée par Vladimir Jirinovski. Député jet setter, impresario et écrivain, il a
expliqué aux médias incrédules qu’il souhaitait ainsi défendre
la liberté d’expression et les rapports avec l’Ouest, tout en affirmant son intérêt pour les gays en tant que «ressource électorale». Des explications qui laissent perplexe, provenant d’un
parti
connu pour sa ligne raciste, xénophobe et sexiste.
Manifestants anti-gay à Moscou en mai 2007
Photo : Alexey Sazonov/AFP
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Rappelons encore pour se convaincre de l’homophobie de la Russie, les termes du discours prononcé
par le maire de Moscou en janvier dernier lors duquel il a tout simplement qualifié la gay pride
d'«œuvre de Satan ». Le président russe Vladimir Poutine estimait quant à lui, en février dernier, au
cours de sa conférence de presse annuelle au Kremlin, que les homosexuels et les lesbiennes posent un
«problème» démographique à la Russie. Il faisait ainsi allusion à la diminution constante de la population, sujet majeur de préoccupation en Russie. En oubliant de préciser, comme le reste des autorités
russes, que cette diminution constante est liée à une très forte mortalité liée à l'alcoolisme, à la virulence de l'épidémie de sida et des hépatites (dont les traitements ne sont pas accessibles) et à un très
fort niveau de morts violentes. «Mais je respecte et je respecterai toujours la liberté individuelle dans
toutes ses manifestations», a-t-il ajouté...
Fin mars, l’ONG Sova qui recense les violations des droits de l'Homme a déclaré que le racisme et
l'homophobie ont atteint un nouveau sommet en 2006 en Russie, où les groupes d'extrême droite opèrent de plus en plus souvent à visage découvert. "A la place des coups-de-poing et couteaux, les skinheads ont sorti des armes et des bombes", a indiqué l'experte du centre Galina Kojevnikova lors de la
présentation du rapport annuel de Sova. "Nous faisons face à des crimes démonstratifs qui ne sont plus
commis en cachette, la nuit dans des cours, mais en présence de caméras et de foules, avec l'intention
de créer un effet", a-t-elle dit. Dont acte !
En Pologne, la situation n’est guère plus brillante. La coalition gouvernementale du président Lecz
Kaczynski est sûrement celle la plus opposée à l'avancée des droits des homosexuels de toute l'Union
Européenne. Le président lui-même alors qu’il n’était encore que maire de Varsovie, avait interdit la
Gay Pride dans sa ville à deux reprises, en 2004 et en 2005. Dès son discours d'investiture mi-2006, le
nouveau chef du gouvernement Jaroslaw Kaczynski, leader du parti Droit et Justice et frère jumeau du
président avait lui aussi tenu des propos directement dirigés contre les droits des LGBT.
En février 2007, dans le cadre d’une action baptisée «L'homophobie, c'est comme ça», soutenue par le
Conseil de l'Europe, l'association LGBT polonaise Campagne contre l'homophobie (KPH) a placardé
plus d'une centaine d'affiches aux slogans délibérément anti-gays et provocateurs sur des panneaux
publicitaires de Varsovie pour dénoncer l'homophobie en Pologne et provoquer un débat. Les slogans
que l'on pouvait lire sur ces affiches provocantes disaient «Qu'est-ce que tu regardes, pédé?», «Qu'estce que tu regardes, gouine?». « Nos affiches resteront là seulement pendant quelques jours alors que
nous sommes obligés de supporter ce genre de propos au quotidien et pendant toute notre vie. Les
gens ne prêtent plus attention à ces tournures qui sont passées dans le langage courant à titre d'insulte.
C'est une invitation brutale à lancer un débat ", expliquait le leader de l’ONG LGBT.
En mars dernier, après un an de déclarations et actes homophobes continus, la coalition ultra conservatrice a lancé un vrai défi à l'Union européenne, en préparant un projet de loi homophobe dans le
domaine de l'éducation en violation des règles que l'Union Européenne a fixé concernant les droits de
l'homme. Ce projet visait notamment à interdire toute information sur l'homosexualité dans les écoles
et les établissements universitaires, ainsi que l'accès aux établissements par les associations LGBT. Il
prévoyait aussi des mesures répressives contre ceux qui feraient de la promotion des attitudes homosexuelles dans les établissements scolaires. L'organisation américaine des droits de l'Homme Human
Rights Watch (HRW) et la commission des libertés civiles du Parlement Européen l’ont immédiatement dénoncé. Ce projet de loi a aussi été condamné par le plus grand parti d'opposition en Pologne,
l'Alliance de la Gauche démocratique et par la plus grande association des enseignants, l'Union des
Enseignants Polonais. La situation est allée suffisamment loin pour que l’UE et les eurodéputés appellent Varsovie à se garder d'adopter des lois homophobes et à sanctionner les déclarations discriminatoires des dirigeants publics à l'encontre des homosexuels. Toute attitude contraire "constituerait une
violation de l'article 6 du traité sur l'Union européenne" relatif aux droits fondamentaux, ont-ils
déclaré.
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Par ailleurs, le 3 mai dernier, la Cour européenne des droits de l'homme a condamné le pays pour avoir
violé les articles 11 (liberté de réunion et d'association), 13 (droit à un recours effectif) et 14
(interdiction de discrimination) de la Convention européenne des droits de l'homme, en ayant interdit en
2005 aux gays et aux lesbiennes des rassemblements publics, sous des prétextes fallacieux.
Contrairement aux précédentes manifestations, l'organisation de la «parade de l’égalité» n'a posé cette
année aucun problème. La nouvelle mairesse libérale Hanna Gronkiewicz-Waltz s'est montrée très coopérative. Pour cette première marche légalement autorisée en Pologne le 19 mai, 25 députés du Parlement européen et de différents parlements nationaux ont défilé, noyés dans la masse des 5000 participants, chiffre avancé par la police. Et pour la première fois, la foule a pu défiler sans incident. Une poignée de nationalistes a bien tenté de troubler la marche, sans y parvenir véritablement. Le lendemain,
800 personnes ont participé à une contre-manifestation pour la vie et la famille. En tête de cortège, le
désormais fameux ministre polonais de l'éducation, Roman Giertych.
Début août, le gouvernement polonais a fait appel de sa condamnation par
la Cour européenne des droits de l'homme sanctionnant l'interdiction de la
gay pride en 2005. Cet appel aura été l'ultime acte antihomos de cette coalition gouvernementale qui, suite aux divergences politiques insurmontables de ces derniers mois, a volé en éclats. Le président de la République a
limogé quatre ministres catholiques et d'extrême droite. Parmi eux, Roman
Giertych (photo), le ministre homophobe de l'Éducation, issu de la Ligue
des familles polonaises (LPR).
Le nouveau gouvernement, entièrement composé de ministres du parti conservateur au pouvoir (PiS),
étant minoritaire, des élections législatives anticipées sont prévues à l'automne. Selon un sondage de
l'institut TNS OBOP, les libéraux de la Plateforme civique (opposition) arriveraient en tête avec 33%
des voix. Le PiS ne recueillerait quant à lui que 22% des suffrages. La LPR pourrait ne pas dépasser le
seuil requis des 5% pour siéger à la Diète.
Un sondage de l'agence Mareco Polska sorti en 2006 indiquait l'opinion des habitants des dix plus grandes villes de Pologne envers les homosexuels. 55% des personnes interrogées estimaient que les homosexuels sont discriminés dans leur pays, ce qui est contradictoire avec les déclarations du gouvernement
polonais qui ne voit aucune trace de discriminations des minorités sexuelles en Pologne. 58% des habitants des grandes villes déclaraient accepter un voisin gay ou une voisine lesbienne, 70% déclaraient de
ne pas vouloir rompre une relation avec un ami qui lui annoncerait son homosexualité, et 74% accepteraient qu'un membre de sa famille soit homosexuel. 55% des personnes interrogées ont déclaré ne
connaître aucun homosexuel à titre personnel. On peut donc espérer que les chiffres seraient encore
meilleurs si c’était le cas contraire. D'autres sondages montrent en effet que 90% des Polonais qui
connaissent des gays et/ou lesbiennes sont favorables aux droits des minorités sexuelles. Cependant la
majorité des homosexuels en Pologne cachent leur orientation sexuelle de peur d'être rejetés par leurs
proches.
Situation contrastée en Lettonie : Après l’interdiction d’organiser la Riga Pride en 2006 prononcée par
la municipalité de Riga, qui avait eu pour résultat l’organisation d’une contre-manifestation homosexuelle improvisée émaillée de violences, la Riga Pride 2007, 3ème du nom, a été officiellement autorisée par Janis Birks, maire fraîchement élu de Riga et pourfendeur de l’intolérance ambiante. La centaine
de manifestants a ainsi pu défiler sous forte protection policière et on n’a eu à déplorer aucun blessé
cette année. La décision prise en 2006 avait été vivement critiquée par Vaira Vike-Freiberg, la présidente lettone. En effet, la présidente, paradoxalement à la tête d’un des états les plus opposés à l’avancée
des droits des gays et lesbiennes, apporte régulièrement son soutien aux gays et lesbiennes de son pays.
On pourrait donc croire que tout va pour le mieux, mais ce serait ignorer Jan Smits, homophobe notoire,
et la parade antigay qui s’est tenue en parallèle de la Riga Pride. Jan Smits est devenu en 2006 président
de la commission pour les droits humains au parlement letton malgré les nombreuses protestations de
l’UE. Quant à la pride homophobe organisée en parallèle de la Riga Pride, comme en Pologne, elle a
connu un grand succès avec un millier de manifestants réunis pour assister à un concert intitulé « un
monde contre l’homosexualité », avec signature de pétitions contre distribution de tee-shirts avec slogans homophobes. N’oublions pas non plus, la création le 19 mars dernier de l’association « Autre Europe », association européenne antigay et tête de proue du mouvement de protestation chrétien, née en
réaction à l’organisation des gay prides dans les anciens pays communistes. Son but est tout un programme : encourager les groupes défendant la famille, les valeurs religieuses traditionnelles et les
« spécificités de la civilisation européenne ».
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L'Estonie semble connaître à son tour la même hostilité que la Lettonie et la Pologne de la part de
groupes nationalistes, religieux ou d'extrême droite qui s'en prennent aux manifestations gay avec violence. La gay pride de Tallinn en 2006 avait été émaillée d'attaques de la part de jeunes nationalistes,
même s'ils ne revendiquaient pas d'attachement politique. En avril 2007, le Parti de la réforme (libéral)
a signé un accord avec les sociaux-démocrates et la formation Pro Patria-Res Publica, une coalition de
deux partis qui ont obtenu 17,9% des voix aux législatives du 4 mars dernier. Pro Patria-Res Publica est
un parti nationaliste et conservateur. Pour 2007, la municipalité de Tallinn a interdit le passage de la
parade de cette 4ème Gay Pride à travers la vieille ville. Aucun incident violent n’a été à déplorer cette
année.
Cette année, les marches de Zagreb en Croatie et de Budapest en Hongrie ont essuyé des attaques violentes de la part d’extrémistes de droite. A l’appel de partis d’extrême droite, une centaine de skinhead
ont tenté de perturber la 11e Gay Pride de Budapest. Ils ont jeté des œufs, des bouteilles et des gaz lacrymogènes en direction des participants et de la police, qui a procédé à plusieurs arrestations. On n’a
eu à déplorer aucun blessé parmi les 2000 marcheurs de la Gay Pride. L’extrême droite hongroise s'est
notamment mobilisée après qu'un membre du gouvernement a annoncé publiquement son homosexualité, et qu’un parti de gauche minoritaire s’est prononcé en faveur de l'ouverture du mariage aux couples
de même sexe. Même scénario dans la capitale croate Zagreb, où les 200 participants à la 7e édition de
la Pride locale ont échappé à une attaque au cocktail molotov. La police locale a arrêté sept hommes,
dont quatre mineurs, parmi une vingtaine d’assaillants. Il faut encore signaler la création samedi 25
août, à Budapest, par les membres du parti d'extrême droite hongrois Jobbik d'un groupe paramilitaire,
appelé la 'Garde hongroise', qui envisage de renverser le gouvernement et se prononce ouvertement
contre les 'non Hongrois'. Les homosexuels s'ils ne sont pas nommés sont aussi clairement dans la cible
de la garde. La presse européenne a exprimé son inquiétude face à la renaissance des mouvements d'extrême droite à travers l'Europe de l'Est.
Selon une enquête de l’agence Tàrki datant d’octobre 2005, notons pourtant que la Hongrie serait l’un
des pays d’Europe centrale dont la société accepte le mieux l’homosexualité, face à la Pologne et la
Slovaquie notamment.
La Lituanie, semble, à son tour, être la cible de pressions, afin qu'aucune manifestation publique de
revendication homosexuelle n'ait lieu. Le 21 mai dernier, une manifestation pour la tolérance prévue
pour le 25 a été annulée par les autorités municipales de la capitale, Vilnius. La police et les manifestants craignaient d'être la cible d'attaques, après qu'aient été lancés sur internet des appels à «tuer et passer à tabac les homosexuels». Une enquête a depuis été ouverte à Vilnius. Cette manifestation contre les
discriminations, qui n'était pas une gay pride, était organisée en coopération avec l'Union européenne.
Des homosexuels auraient dû y participer aux côtés d'autres membres des minorités.
En Roumanie, La troisième Gay Pride organisée en Roumanie depuis la chute du communisme a eu
lieu à Bucarest. 300 personnes y ont participé encadrées par 700 policiers et gendarmes. Les forces de
l'ordre avaient été mobilisées afin d'éviter les incidents de l'édition 2006 provoqués par des éléments
d'extrême droite et des skinheads. Le déploiement policier a permis de contenir les opposants à la Gay
Pride qui ont tout de même tenté d'agresser les manifestants par des jets de pierre et de pétards et des
insultes, particulièrement sur la fin du parcours menant au Palais du Parlement. Ce même jour, quelques
300 militants de l'extrême droite et des groupes de chrétiens, entonnant des chants religieux et brandissant crucifix et icônes, avaient défilé dans la matinée pour protester contre la marche gay. La contremanifestation avait été marquée par quelques accrochages avec une vingtaine de sympathisants des
droits des homosexuels, masqués et scandant "La Nouvelle Droite est fasciste".
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En Ouzbékistan, il n’est pas encore question de gay pride, et une association qui vient en aide aux
malades du sida est menacée d'exclusion, parce qu'elle «est connue pour soutenir universellement des
projets en faveur de personnes à l'orientation sexuelle non orthodoxe». Dans un rapport du ministère de
la Justice, établi le 28 février, qui en général précède de 30 jours un ordre d'expulsion du territoire, les
autorités ouzbèks reprochent à l'ONG américaine PSI (Population Services International), de soutenir
«l'intérêt des homosexuels», sous couvert de lutte contre les MST. Le ministère de la Justice rappelle
que l'homosexualité est un délit passible de trois ans d'emprisonnement. Et que soutenir des homosexuels dans leur pratique est donc également illégal. Depuis la répression sanglante des manifestations
démocratiques de mai 2005 à Andijan et les critiques américano européennes qui l'ont suivie, des dizaines d'ONG occidentales ont été expulsées. La vie des homosexuels et des séropositifs s'est alors considérablement détériorée dans ce pays musulman de 26 millions d'habitants. Avec le Turkménistan,
l'Ouzbékistan est l'unique ancienne république soviétique à ne pas avoir aboli la législation répressive
envers les homosexuels, qui date de la dictature stalinienne. Selon certaines informations, les services
de police de la capitale, corrompus et sous-payés, donnent rendez-vous à des gays sur Internet et leur
extorquent de l'argent, en leur promettant une tranquillité précaire.
Et pour en finir avec ce tour d’horizon des pays homophobes, citons enfin le cas
de l’Ukraine qui a nommé le communiste Leonid Grach, homophobe notoire
au poste de président de la commission ukrainienne de défense des minorités
nationales, des relations internationales et des droits humains. Il a réitéré en
février dernier, des propos très violents à l'encontre des minorités sexuelles. En
réponse à une lettre du Centre gay et lesbien Nash Mir lui demandant d'assurer
la protection des homosexuels comme son mandat l'y oblige, il a estimé que l'État devait «protéger la
société contre un démon [...], semblable à l'homosexualité ou au lesbianisme». En novembre 2006, l'élu
avait déjà, lors d'une interview, estimé que l'homosexualité «est une anomalie, causée par l'immoralité
et la dépravation de l'Homme». Ces propos prêtent à penser que l'Ukraine, comme la Lettonie, a nommé
à un poste de protection des minorités un homophobe, sans que le Conseil de l'Europe où siègent les
deux pays ne s'en émeuve.
Et pourtant quelques avancées remarquables en Bulgarie et en République Tchèque, qui pourraient bientôt en remontrer à l’occident.
Alors que de nombreux pays se sont engagés dans des voies nettement condamnables, la Bulgarie s'apprête aujourd'hui à donner des leçons à l'ouest en mettant en place un «plan national de lutte contre les
discriminations des minorités sexuelles et ethniques», dont les militants LGBT français n'oseraient
même pas rêver!
En effet, le 18 janvier dernier, le Conseil des ministres, dirigé par le socialiste
Sergueï Stanichev, a adopté un texte incluant la notion de genre, ainsi que les
transsexuels, dans d'éventuelles discriminations dont seraient victimes les Bulgares. Peu de pays en Europe se sont engagés dans des discussions sur la reconnaissance du concept de genre comme source de discriminations.
Il est prévu d'informer la population sur ses droits et ses obligations, de lancer des campagnes médiatiques sur les discriminations, d'améliorer la loi anti-discrimination adoptée en 2003 et de créer une banque de donnée nationale sur le thème des discriminations. Et les besoins sont immenses: 90% des gays,
des bisexuels et des lesbiennes déclarent avoir été victimes de discrimination en raison de leur sexualité
ou de l'expression de leur genre. Ce texte avait été proposé au gouvernement par des experts indépendants et des membres d'associations, dont une représentante de la communauté LGBT, Desislava Petrova, membre du groupe Gemini. Un plan lancé dans un pays où le 22 octobre 2006, le leader nationaliste,
antisémite et homophobe Volen Sidérov est arrivé second au premier tour de l'élection présidentielle,
totalisant 21,5% des suffrages exprimés!
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En République tchèque, premier pays de l'ex-bloc communiste à légaliser les unions homosexuelles, le
partenariat civil en place depuis juillet 2006 gagne en popularité et déjà près de 235 couples gay et lesbiens avaient profité de cette mesure au 1er janvier 2007, selon Radio Prague. Il reste néanmoins du
travail pour les militants homosexuels: le partenariat créé pour les couples homosexuels exclut les droits
parentaux et ne donne pas aux couples du même sexe une véritable égalité avec les couples mariés. Il
offre une reconnaissance légale du couple, ainsi que des possibilités d'héritage entre les deux partenaires. Pourtant en février dernier, la ministre tchèque chargée des minorités, Dzamila Stehlikova, membre
du parti des Verts a souhaité ouvrir le débat sur le droit d'adoption des couples homosexuels, jusqu'à
présent exclus par la loi tchèque. C’est dire l’ouverture d’esprit de la société tchèque et son avance dans
la région!
Au début du mois de janvier, l'offre de la chaîne publique tchèque (ČT) s'est d’ailleurs enrichie d'un
nouveau programme appelé «Queer». L'émission est destinée au public LGBT et aborde de nombreux
thèmes, qu'il s'agisse de problèmes culturels, sociaux ou politiques.
(Ndlr : Brèves rédigées à partir des articles parus sur Tetu.com, E-llico.com, 360.ch, budapesttimes.hu
et le Guardian notamment.)
La TIPIAC est rédigée et réalisée par le groupe « newsletter » du PIAC.
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