Etude sur le financement des filières agricoles dans
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Etude sur le financement des filières agricoles dans
UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE OUEST AFRICAINE ---------------La Commission ---------------Département du Développement Rural et de l'Environnement Etude sur le financement des filières agricoles dans les pays membres de l'UEMOA RAPPORTS PAR PAYS GHANA Janvier 2000 SOFRECO 92-98 Boulevard Victor Hugo - 92115 CLICHY CEDEX – FRANCE Tel. (+33) 1 41 27 95 95 – Fax. (+33) 1 41 27 95 96 – E-mail : [email protected] 4 - LE GHANA SOMMAIRE I - LE CONTEXTE DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE PRESENTATION DES AXES POLITIQUES EN MATIERE AGRICOLE DU PAYS 4 II - LE SECTEUR AGRICOLE ET LA DEMANDE DE FINANCEMENT 1. 2. PRESENTATION GENERALE DES SECTEURS AGRICOLES AU GHANA 6 1.1. 1.2. 1.3. 1.4. 1.5. 7 7 8 9 9 La filière viande Le cacao Le coton Le secteur de la pêche Les échanges avec la zone UEMOA LES ORGANISATIONS PAYSANNES 11 III - ANALYSE DE L’OFFRE DE FINANCEMENT 1. LES FINANCEMENTS PUBLICS 14 2. LES INSTITUTIONS SPECIALISEES 14 2.1. 2.2. 14 15 3. Agricultural Development Bank Les banques rurales LE SYSTEME BANCAIRE 16 3.1. 3.2. 3.3. 3.4. 3.5. 3.6. 3.7. 3.8. 16 16 17 17 17 17 17 17 Les banques commerciales Les banques d’affaires privées Les banques spécialisées Les établissements financiers non bancaires Les compagnies d’assurances Les sociétés de crédit – bail Les sociétés de capital – risque Les institutions financières spécialisées publiques 2 4. CONTRIBUTION DES SYSTEMES DE MICROFINANCE AU FINANCEMENT DE L’AGRICULTURE ET DE LA PECHE 18 4.1. 4.2. 4.3. 4.4. Les Banques Rurales et Communautaires (BR) (BC) Les Credit Unions (CU) Les ONG et les Projets Le système informel IV – SYNTHESE 18 20 20 20 22 1. FACTEURS DE PRODUCTION AGRICOLE 22 2. LES ACTEURS DU SECTEUR AGRICOLE 23 3. LE CONTEXTE DU FINANCEMENT DES FILIERES AGRICOLES 23 3.1. 3.2. 3.3. 23 24 24 4. Les financements publics Les financements bancaires L'action des SFD CONCLUSION ANNEXES 1 2 3 - SIGLES ET ABREVIATIONS – BIBLIOGRAPHIE - PERSONNALITES RENCONTREES 25 26 26 27 28 3 I - LE CONTEXTE DU DEVELOPPEMENT AGRICOLE OBSERVATION PRELIMINAIRE Bien que le GHANA ne fasse pas partie de l’UEMOA, l’importance de ses échanges avec les pays voisins membres de l’UEMOA justifiait que ce pays soit également inclus dans la présente étude. Toutefois la mission n’a pu consacrer que deux jours ouvrables à ce pays, ce qui est extrêmement court pour recueillir un minimum d’informations utilisables. Il avait d’ailleurs été demandé à la mission de concentrer son analyse sur les échanges entre le GHANA, le BURKINA-FASO, le MALI et le NIGER en matière de bétail sur pied et de viande ainsi que les importations d’oignons du NIGER. Toutefois des informations générales sur l’ensemble des filières agricoles, le système bancaire et plus particulièrement la banque de développement agricole ont pu aussi être collectées. Par ailleurs, de part son histoire, le Ghana a développé très tôt des modèles différenciés (au regard du reste de la zone) et décentralisés en matière de financement du secteur rural et agricole (banques rurales, credit unions) que l’équipe SOFRECO a tenu à présenter ci-après. Le Plan de présentation est donc sensiblement différent de celui utilisé pour les pays de la Zone UEMOA. PRESENTATION DES AXES POLITIQUES EN MATIERE AGRICOLE DU PAYS Le Ghana a entrepris depuis une dizaine d’année une vigoureuse action de restructuration économique qui commence à porter ses fruits, le signe le plus visible étant le dynamisme de la capitale ACCRA comparé à la morosité des capitales voisines telles que Lomé ou Abidjan, alors que l’impression était inverse il y a une quinzaine d’année. En dépit de la sévère crise énergétique qui a sévi en 1998, le PIB a cru de 4,6% (4,2% en 1997), le déficit budgétaire a été réduit à 6,3% du PIB en 1998 contre 8,6% en 1997. La balance des paiements a accru son solde positif, passant de 24,9 millions de dollar des E-U en 1997 à 99,4 millions en 1998. Enfin l’inflation est tombée d’un taux moyen de 20,8% en 1997 à 15,7% en 1998 et le taux constaté actuellement est inférieur à 10% pour la première fois depuis l’indépendance du pays. De ce fait la dépréciation du Cédi est passée de 22,7% en 1997 à seulement 4,1% en 1998. Toutefois la remontée récente du dollar américain a accru les pressions sur le Cédi. Egalement en dépit de la sécheresse, les performances du secteur agricole sont bonnes pour la production forestière (+22% de 1997 à 1998) et la filière cacao (+ 11%) mais modeste pour l’élevage (+3,2%) et les productions vivrières, au total la production agricole a augmenté de 5,3% en 1998, comparé à 4,3% en 1997. 4 Le Programme de redressement économique introduit dans la seconde moitié de 1983 visait à : - supprimer les distorsions dans l’économie, - réhabiliter les secteurs industriels, agricoles et miniers, - réparer et restaurer les infrastructures de base de l’économie, - utiliser des politiques fiscales et monétaires saines pour atteindre et soutenir la croissance économique. De façon plus spécifique, dans le secteur agricole le programme d’ajustement structurel s’est concentré sur les axes suivants : - la relance de la production agricole à travers un approvisionnement efficace d’intrants, y compris le crédit, et un système de prix plus efficace. - un programme pour réhabiliter le secteur des exportations, notamment les soussecteurs du cacao, du bois et de la pêche. Dans le sous-secteur du cacao - un programme de réhabilitation devait fournir les financements pour la construction d’installations de stockage de cacao, de garages pour les véhicules de transport, l’achat d’équipements et le contrôle des maladies ; - des banques rurales supplémentaires ont été créées pour rendre des services financiers aux paysans producteurs de cacao ; - introduction d’un programme de reboisement subventionné ; - les accords concernant la commercialisation du cacao ont été revus afin de réduire les marges payées au Cocoa Marketing Board - CMB pour la distribution et dégager ainsi une plus grande marge bénéficiaire à reverser aux paysans et aussi pour inciter les privés à participer à la commercialisation du cacao. Dans le sous-secteur de la pêche - accroître la production de poisson pour la consommation intérieure et pour l’exportation ; - réduire la pauvreté dans les communautés de pêche en créant des opportunités d’emploi en dehors de la pêche ; - offrir des services publics et fournir les infrastructures pour soutenir un secteur privé prédominant ; - renforcer la direction des pêches en y créant des services de vulgarisation, concevoir et mettre en œuvre un système de contrôle et de surveillance des activités des bateaux dans la Zone Economique Exclusive du Ghana ; - promouvoir la gestion des pêches sur une base communautaire dans les régions côtières ; - mettre au point un plan de gestion des ressources ; - intégrer la pêche dans les systèmes agricoles à travers la promotion de l’aquaculture. 5 II - LE SECTEUR AGRICOLE ET LA DEMANDE DE FINANCEMENT PRESENTATION GENERALE DES PRODUCTIONS AGRICOLES AU GHANA Le secteur agricole, hors cacao et bois, représente à lui seul 30% du PIB ghanéen. Selon les experts du Centre for Policy Analysis (CEPA), sa redynamisation est l’une des clefs de croissance économique à venir. En effet, la production agricole ghanéenne croît depuis 20 ans, moins vite que la population du pays. Le CEPA explique ce phénomène par plusieurs facteurs : - le retard technologique de l’agriculture qui à pour conséquence une productivité de 2 à 3 fois inférieure à son potentiel, - le très faible accès au micro-crédit, et son coût élevé pour les paysans, - le mauvais état des infrastructures dans les zones agricoles, notamment du réseau d’eau, des routes et des pistes, - l’absence d’un réseau rationnel de commercialisation, - une mauvaise application sur le terrain des mesures prises par les autorités publiques. Les principaux sous-secteurs important dans l’agriculture Ghanéenne sont (en pourcentage du PIB agricole) le cacao (14%), les autres produits agricoles (61%), l’élevage (7%), la pêche (7%) et la forêt (11%). A lui seul le secteur agricole ghanéen représente environ 45% du PIB global. Ces chiffres sont présentés sur le graphique suivant : E v o lu tio n d e la r é p a r titio n d u P IB p a r s e c te u r 100% 90% 80% 70% Pourcentage 1. S e c te u r te r S e c te u r s e F o rê t 60% 50% P êche E le v a g e C acao 40% A g r ic u lt u r e 30% 20% 10% 0% 1990 1991 1992 1993 1994 1995 Années A noter que sous l’appellation “cultures autres que le cacao”, se cache en réalité une très grande diversité de produits. Les cultures vivrières sont principalement constituées par le manioc, l’igname, le plantain, le tarot, le maïs, le sorgho, le mil et le riz. Les autres cultures de rentes sont le tabac, le coton, la noix de cola, l’huile de palme, l’hévéa, l’arachide, le coprah et la canne à sucre. Le secteur horticole au Ghana prend de plus en plus d’importance notamment à travers des cultures comme l’ananas, la mangue, les oranges, etc. 6 1.1. La filière viande Le Ghana a toujours été dépendant de ses importations de bétail et de viande. Les importations ont principalement pour origine le Burkina-Faso, le Mali et le Niger pour le bétail. La viande congelée provient principalement d’Argentine. Deux systèmes de commercialisation existent au Ghana. Le premier constitué de races en provenance des pays sahéliens qui sont destinées aux provinces du Nord. Le second constitué par des races trypano-résistantes prédomine dans le sud du pays. Le mode de production est de type traditionnel. Le bétail est pris en charge par des Foulbés durant la saison sèche qui en ont la responsabilité lors de la transhumance. Si le bétail est gardé près du village, ce sont là aussi des Foulbés qui en assure la garde moyennant un forfait. La diminution du taux de croissance du bétail (bovins, ovins, caprins) dans les années 90 est due à une combinaison de facteurs liés à l’offre et la demande. Concernant l’offre les principaux facteurs limitant sont le déficit en ressources hydriques durant la saison sèche, le taux faible en élément nutritif du fourrage et le faible contrôle des endémies. Par ailleurs, pour les bovins la vente du bétail est motivée non pas dans une optique de maximiser les bénéfices mais plus en cas de besoin en liquidité. Cette réalité est beaucoup moins vraie pour les ovins et les caprins. Concernant la demande, la baisse relative des revenus à conduit les consommateurs à s’orienter vers d’autres ressources en protéines telles que le poisson, très accessibles au Ghana. 1.2. Le cacao Premier producteur mondial de cacao dans les années 1950 et 1960 avec une production de 500.000 tonnes en 1965, le Ghana a vu sa production cacaoyère s’effondrer pendant les 25 années de régime socialiste. La production tomba alors à 150.000 tonnes en 1984. En 1988, un important chantier de réformes économiques (Cocoa Rehabilitation Program) accélérait la réorganisation de la filière. La production, qui était de 188.000 tonnes en 1988, remonta à 312.000 tonnes en 1993. Avec une production avoisinant les 410.000 tonnes pour la campagne 1997/1998, le cacao se situe comme la principale culture de rente au Ghana ; 70 à 75% de cette production est exportée directement et 25 à 30% est vendue à des industries locales pour être transformé en beurre de cacao, liqueur, etc. Ces produits sont destinés au marché local ou à l’exportation. Les recettes de cette production sont estimées à près de 600 millions de dollars/an. La particularité du cacao ghanéen est sa traditionnelle haute qualité, qui lui vaut une prime à l’exportation de 10 à 30% par rapport au cacao ivoirien, indonésien ou brésilien. La filière cacao est l’une des rares au Ghana où l’Etat est encore très présent à travers le Cocoa Board (dit “ Cocobod ”), malgré le processus de privatisation de l’ensemble de la filière entamé en 1993. Le Cocobod est structuré en plusieurs département et filiales spécialisées chacun en charge d’activités spécifiques : 7 - le Quality Control Department, chargé du contrôle qualité et de la certification des lots exportés. Ce département très performant à permis au cacao Ghanéen d’atteindre un niveau de qualité reconnu mondialement ; - la Produce Buying Company, qui était jusqu’en 1990 l’acheteur exclusif de la production ; - la Cocoa Marketing Company, qui fixait les prix d’achat au planteur au début de la campagne, parmi les plus bas du monde. Historiquement, les banques locales finançaient la campagne en se refinançant auprès de la Banque Centrale, n’ayant pas assez de liquidités pour couvrir l’ensemble des besoins. Ce processus favorisait largement l’inflation. L’ensemble de la filière était gérée par la Cocoa Marketing Board (dite “ Cocobod ”) ayant le statut de société de développement para-étatique. Depuis 1993, la filière s’est partiellement libéralisée ouvrant la porte aux opérateurs privés pour la collecte bord champ, le transport et le stockage. Le CMB reste encore maître de l’ensemble du processus de transformation et de commercialisation des fèves. Les licences accréditant ces opérateurs privés sont accordées par le CMB. A l’heure actuelle, 30% de la production est “ouverte ” aux opérateurs privés. Ces opérateurs actuellement au nombre de 20 doivent faire état de leur capacité à acheter le cacao pour des quantités supérieures à 2.000 tonnes, ainsi que de leur capacité à transporter et à stocker le cacao en conformité avec les normes de qualité imposées par la Cocoa Quality Control Division. Parmi ces opérateurs privés, quatre gèrent 85% des achats de cacao1. Par ailleurs, ces intermédiaires s’engagent à vendre l’intégralité de leurs achats à la CMB. Les producteurs sont regroupés en Farmers Associations, dont leur degré d’organisation est très variable en fonction d’une zone de production à une autre. L’achat primaire et la distribution des intrants se font par l’intermédiaire de la Cocoa Inputs Supply Cie (une division de la CMB), qui recense les besoins en intrants des Farmers Associations, assure la commande et la réception de ces intrants. Les producteurs peuvent payer comptant leurs intrants ou bénéficier de crédits de la CIS Cie. Cette structure est dotée d’un fond de roulement initialement fourni par la CMB qui gère ses propres crédits. Le fonds est réapprovisionné par les remboursements des Farmers Associations, lors de la commercialisation primaire du cacao. Ce prélèvement est effectué “à la source”. On observe cependant une chute du taux de recouvrement depuis la libéralisation partielle de la commercialisation de 95% avant la libéralisation à 75% après. Le fonds est régulièrement reconstitué par un prélèvement forfaitaire lors de la commercialisation secondaire du cacao. 1.3. Le coton Lors des quatre dernières campagnes de 1995/96 à 1998/99, la production du Ghana a considérablement augmenté de 18.400 tonnes de coton graine à 37.800 tonnes. Quoique étant la première culture de rente du nord du pays, la production reste très modeste en comparaison avec les pays de la zone UEMOA. La filière coton au Ghana présente la caractéristique d’être la seule complètement privatisée dans l’UEMOA. Par conséquent, elle offre prix d’achat très faible aux producteurs. 1 Produce buying Cie, Cash pru Ltd, Federate commodities, Adwumape Buyers Ltd 8 En comparaison avec ses voisins le producteur Ghanéen : - obtient, en moyenne, un prix d’achat inférieur de 24 FCFA/kg, - paye plus de charges sur les intrants, - obtient un revenu (sur la base d’un rendement de 1t/ha) inférieur de 40% à celui du producteur ivoirien ou burkinabé. Jusqu’à la campagne 1994/1995, la politique de financement de la filière était basée sur un prix d’achat au producteur fixe, et la gratuité des intrants combinée à un prix réduit d’achat des semences. Cette politique présentait le principal désavantage de déresponsabiliser les utilisateurs d’intrants au niveau de leur utilisation et d’être à l’origine d’une mauvaise gestion de leur utilisation. Le projet pilote mis en place par l’AFD en collaboration avec la GCC a eu précisément comme objectif d’intégrer cette situation en responsabilisant les producteurs. Le coton était acheté plus cher mais les intrants étaient fournis à crédit. Ce système est maintenant généralisé à l’ensemble du pays. L’augmentation de la production est principalement liée à une augmentation sensible des prix d’achat au producteur. La production de coton graine est achetée par environ 12 sociétés privées ; 90% de la production est achetée par trois sociétés (GCC, PDL et Nulux). Ces sociétés possèdent leur propre unité d’égrenage alors que les autres sous-traitent l’usinage ou vendent à des privés. Cependant, de nombreux producteurs “utilisent” la concurrence que se livrent les privés pour ne pas rembourser leur crédit en ne livrant pas leur production à la société créancière. Les taux d’impayés sont extrêmement important et atteint le taux de 40%, plaçant certaines d’entre elles dans des situations financières critiques. A l’heure actuelle, plusieurs programme tente de remédier à cette situation en appuyant notamment la mise en place d’une interprofession, l’organisation et la structuration des producteurs. 1.4. Le secteur de la pêche Au cours des deux dernières décennies, le secteur de la pêche a contribué entre 0,5% et 3% au PIB du pays, ou encore entre 2 et 6% du produit agricole intérieur brut. L’importance du secteur des pêches dans l’économie nationale est mieux appréciée sous l’angle de l’économie locale plutôt que sous celui de l’économie nationale. Le long des 550 km du littoral ghanéen, il y a près de 200 villages de pêche et un total de 264 sites de débarquement. L’ensemble des villes côtières dépend de l’industrie des pêches pour une part très importante de leur subsistance. Le lac Volta, quant à lui, supporte plus de 100.000 pêcheurs, transformateurs de poissons et commerçants répartis dans 1.500 villages et sites de pêche. Le secteur de la pêche au Ghana comprend une gamme variée d’activités, allant de l’artisanal à l’industriel, et exploitant les stocks de poissons pélagiques mais aussi des fleuves, des bassins et des lagunes côtières. La production annuelle est de l’ordre de 400.000 tonnes dont 85% provient des ressources marines et 15% des pêches intérieures et de l’aquaculture. La contribution du secteur des pêches au 9 PIB est estimée à 1,5%. Cependant les produits de la pêche restent l’une des plus importantes exportations non traditionnelles. 1.5. Les échanges avec la Zone UEMOA Le Ghana exporte dans la région UEMOA du sel, du bois, du ciment, des noix de cola et offre des facilités portuaires à ses voisins de la région septentrionale. Il importe essentiellement du bétail vivant et des oignons. Ces échanges commerciaux sont le fait de nombreux petits négociants et de quelques gros, mais ils se font selon des méthodes traditionnelles sur lesquelles l’administration ghanéenne a peu de pouvoirs depuis la disparition des offices de commercialisation dans le cadre de la politique de libéralisation de l’économie. L’importance des mouvements de bétail est bien connue car la réglementation sanitaire très stricte et l’obligation qui est faite de transporter les animaux vivants en camion vers le sud, dès le passage de la frontière, permet à l’administration d’avoir des statistiques fiables sur la base des documents douaniers et sanitaires. Mais ce type de transaction, le plus souvent à l’estime, sans pesées, présente peu de garanties, avec des variations de prix très importantes, et il y a souvent des problèmes à la frontière. Le Ghana souhaiterait donc la mise en œuvre d’un programme concerté de modernisation du commerce du bétail. Les capitaux mobilisés par ces négociants sont faibles et ils ne font pratiquement pas appel aux crédits bancaires. De nombreux échanges se font sur la base du troc et finalement les Autorités monétaires ne décèlent que le solde des opérations de compensation. Les opérations de compensation (clearing) sont effectuées au niveau de la West African Monetary Agency – WAMA installée à Freetown, agence fondée par la BCEAO et les Banques centrales des autres pays hors zone UMOA. Lorsque les opérations de compensation présentent un solde négatif le pays concerné doit régler le solde en devises convertibles. Dans le cadre de l’ECOWAS, le Ghana souhaite une intégration plus poussée qui lui permettrait de développer son commerce régional, actuellement déséquilibré compte tenu de l’importance des importations de bétail. Il souhaiterait aussi développer un commerce plus organisé qui lui permettrait de développer ses exportations de biens industriels et de technologie. LES ORGANISATIONS PAYSANNES 2 2. 2 Sources : - Entretiens de la mission - CIRAD,ITAD,ODI,, 1999. Coraf Initiative : Strengthening Research - Extension - Farmer’s organisation linkages in West and Central Africa. Field Study Ghana. June 1999 10 Par rapport à l’ensemble des pays environnants, les organisations paysannes sont peu développées au Ghana. Trois types d’OP existent, avec des degrés différenciés de maturité. - Au niveau local, existe un grand nombre d’organisations de nature diverse : organisations sociales traditionnelles (par âge, sexe...), groupes de travail collectif, organisations à base religieuse, mais aussi organisations économiques autour d’une fonction d’approvisionnement ou de commercialisation. Ces dernières sont de petites tailles, ont souvent un statut coopératif, et peuvent ponctuellement démontrer des qualités d’organisation, d’efficacité, de dynamisme, à un niveau local. - Au niveau des filières de production agricole et de pêche, il existe des organisations dont le degré d’activité effective est variable. Divers exemples peuvent être cités ici : * Dans la filière cacao, un réseau coopératif ancien existe, mais ses activités semblent réduites ; * Dans la filière coton, il n’existe pas d’organisation systématique à l’image de celle des pays francophones voisins, mais localement, des organisations de producteurs commencent à se structurer, souvent sous une impulsion extérieure : la Nyankpala cotton grower’s organisation 3 en est un exemple. Cette organisation est née en 1997, avec l’appui de la Ghana Cotton Company (GCC) ; elle a pour objectif de promouvoir le développement du coton dans la zone de Nyankpala et comptait en 1999 environ 1.000 membres. La GCC apporte un appui technique, organise l’accès aux intrants à crédit et assure l’achat de la production, ce qui devrait permettre un remboursement du crédit à la vente de la récolte, comme dans les schémas de crédit des sociétés cotonnières francophones. Le système ne fonctionne cependant pas efficacement dans la mesure où les producteurs ont accès au marché libre existant en dehors de la GCC ; leur intérêt pour l’organisation de producteurs, et par là même la pérennité de celle-ci, sont conditionnés par l’obtention de meilleurs prix d’achat du coton. * Dans la production maraîchère et fruitière, quelques organisations sont en cours de structuration autour de fonction de commercialisation, d’approvisionnement et d’accès au financement ; la mission a rencontré par exemple la VEPEAG (Vegetable Producers and Exporters Association of Ghana) qui regroupe depuis 1997, 16 exportateurs de légumes et 74 producteurs d’une même zone proche d’Accra. L’association a pour objectifs de promouvoir une production maraîchère de qualité, valorisable à l’exportation, d’identifier des marchés pour ses membres, de faciliter leur accès aux ressources productives et notamment au financement ; dans ce cadre, l’association a négocié l’accès à des crédits d’équipement avec l’ADB (Agricultural Development Bank), sur la base de constitution d’une garantie collective par l’association ; des négociations analogues engagées avec une 3 Analysée dans l’étude CIRAD, ITAD, ODI en 1999 11 banque commerciale de la place achoppaient sur la question de la garantie collective, la banque ne voulant prêter qu’à des individus. * Dans le domaine de la pêche, des Unions de Coopératives de pêcheurs existent localement et servent notamment d’intermédiaires entre la Direction de la Pêche du Ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture et les pêcheurs pour l’approvisionnement en intrants à crédit. - Au niveau national, il existe deux organisations fédératives généralistes : * Le Ghana Co-operative Council est, d’après une étude de la Banque Mondiale, peu opérationnel, du fait notamment de liens trop forts avec l’administration ; * Le GNAFF (Ghana National Association of Farmers and Fishermen) a été créé en 1993, à l’initiative de quelques leaders agricoles et pêcheurs, soutenus par l’administration. D’après ses responsables rencontrés par la mission, il compte environ 3 millions de membres, en une structure décentralisée jusqu’au niveau des villages. Ses objectifs sont de développer une forte organisation du monde agricole, d’en défendre les intérêts et d’en assurer une représentation auprès de l’Etat. L’OP assure des activités de sensibilisation, de formation et d’information des producteurs, ainsi que ponctuellement des services d’approvisionnement en intrants et d’intermédiation pour l’accès au crédit ; des tentatives de collecte de la production ont échoué, à cause de malveillances de certains commerçants. Les financements de l’organisation sont limités, essentiellement issus des cotisations des membres, de commissions sur la vente des intrants et de quelques prestations de services ponctuelles. Les principales contraintes au développement des activités du GNAFF sont : + le manque de fonds qui induit un cercle vicieux d’inefficacité de l’OP : par exemple, l’OP n’a pas les moyens de payer directement les producteurs au moment de la récolte, et à fortiori de proposer de meilleurs prix que le marché libre, ce qui limite d’emblée l’intérêt des producteurs pour l’organisation ; + manque de d’équipements : l’OP n’a pas de capacité de stockage, de transport ou de transformation, elle n’est pas dotée d’un équipement informatique, ce qui est l’une des raisons avancées pour expliquer le fait qu’il n’y ait pas de liste des membres, par de cartes de membres, et au final une connaissance très approximative de la composition réelle de l’organisation ; + manque de compétences de gestion et de capacité institutionnelles : beaucoup de dirigeants sont illettrés, le personnel technique est extrêmement limité ; + manque de capacité de négocier avec les banques, par manque de ressources propres permettant de fournir des garanties ; + peu de contacts et d’appui extérieurs (les bailleurs de fonds estimant que le GNAFF est trop lié à l’administration). Cependant, de l’analyse même des responsables du GNAFF rencontrés, le problème essentiel de l’organisation est l’absence de confiance de la base : les agriculteurs sont méfiants pour des raisons à la fois historiques, 12 institutionnelles et économiques (histoire des coopératives, présence forte de l’administration, domination interne des pêcheurs sur les agriculteurs, pas d’incitation économique rendant l’organisation attrayante par rapport à l’alternative du marché libre, etc.). Les causes de la fragilité globale des OP sont d’abord historiques : les groupements et coopératives ont été utilisées successivement par la colonisation, puis par le socialisme comme outil de maîtrise des campagnes, une méfiance s’est développée envers toute forme de regroupement et son utilisation potentielle. Il ne semble pas y avoir réellement d’incitation au développement des organisations : pas de volonté politique, peu d’intérêt de la part des paysans, pas d’appui ni de références extérieures (la barrière de la langue est décisive par rapport aux expériences francophones pourtant géographiquement proches). Deux facteurs apparaissent cependant de nature à stimuler le développement des organisations paysannes : - l’accès au marché et notamment les demandes extérieures pour une production exportée, - l’accès au financement et la capacité d’une OP à se porter garante pour ses membres. Même si pour l’instant les réalisations effectives sont limitées, ce sont ces deux facteurs qui apparaissent le plus fortement motivants pour le développement des OP existantes. III - ANALYSE DE L’OFFRE DE FINANCEMENT 1. LES FINANCEMENTS PUBLICS Pour mémoire, la mission n’a pu recueillir les informations nécessaires à cette analyse. 13 2. LES INSTITUTIONS SPECIALISEES 2.1. Agricultural Development Bank L’ADB, banque de développement agricole est un organisme public, détenu à concurrence de 64% directement par l’Etat et à concurrence de 36% par la BOG. Elle a été créée en 1965. Son conseil d’administration de sept membres comporte des représentants des Ministères des Finances, de l’Alimentation et de l’Agriculture, de la Banque centrale (BOG) et du Ghana Export Promotion Council ainsi que le Président, l’administrateur délégué et l’administrateur délégué adjoint nommés par le Gouvernement. La banque dispose de 38 agences sur l’ensemble du territoire. Ses interventions concernant le développement comportent : - crédit agricole à la production, - financement des exportations, - financement de la commercialisation et de la transformation des produits agricoles, - financement de la campagne cacaoyère. En outre elle développe toutes les activités de banque en faveur des sociétés industrielles ou commerciales que ce soit au Ghana ou pour les échanges internationaux, au même titre que les banques commerciales. La banque intervient à 70% au profit du secteur agricole (182,5 milliards de Cédis en 1998 contre 124 milliards en 1997 soit une augmentation de 47%) et pour 30% pour l’industrie, le commerce et les services qui lui assurent une meilleurs rentabilité. La filière cacao représente 33% de ses activités, l’élevage 4%, les cultures industrielles 35 %, les cultures vivrières 12%, la commercialisation des produits agricoles 13% et enfin les cultures non traditionnelles 3%. Les concours ont suivi l’évolution suivante : 1998 1997 (milliards de Cédis) Particuliers 25,5 21,3 +19% Entreprises privées 225,5 145,8 +55% Entreprises semi – publiques 1,4 4,4 -68% Secteur public 2,6 3,7 -30% Ses trois derniers exercices ont été bénéficiaires et sa direction considère qu’elle a très peu d’impayés, toutefois le bénéfice a été réduit en 1998 en raison de la baisse de certaines productions agricoles ( maïs et coton en particulier), il est passé à 24,3 millions de Cédis contre 31,6 millions en 1997. Les bons résultats de la banque lui ont permis de baisser ses taux d’intervention qui, bien que de 23% pour les crédits à moyen terme jusqu’à 5 ans sont des taux 14 concessionnels par rapport aux taux commerciaux qui sont encore de l’ordre de 31%. La baisse de l’inflation devrait permettre à l’avenir de baisser encore ces taux. Les dépôts collectés par la banque ont cru de 40% passant de 119,5 million de Cédis en 1997 à 167,6 millions en 1998. Cependant la Banque estime manquer de ressources longues et à taux concessionnels car elle ne dispose pas de dépôts à long terme et de peu de lignes de crédit si ce n’est de la BAD et ne peut donc faire face à toutes les demandes. Elle ne refinance pas systématiquement les Banques rurales et les SFD mais vient de créer un service spécialisé pour les suivre et envisage donc de développer des actions en ce sens. Le programme “ Commercial Farmers ” La Banque a lancé un programme pilote original sur une période de deux ans dont le suivi pourra délivrer des enseignements intéressants s’ils s’avèrent extrapolables dans d’autres pays de la Zone. Elle a sélectionné un certain nombre d’agriculteurs modernes, c’est à dire disposant d’une exploitation de taille suffisante, avec un titre foncier, et d’un équipement adapté aux besoins des cultures pratiquées et qui s’occupent eux-mêmes de la commercialisation de leurs productions. La Banque organise le regroupement de petits producteurs indépendants autour de ces commercial farmers. Ceux-ci, offrant des garanties réelles, peuvent emprunter auprès d’elle, ils le font pour leurs propres besoins mais également pour les besoins des petits producteurs regroupés autour d’eux. En contrepartie les petits producteurs s’engagent par contrat à commercialiser leur production par l’intermédiaire du commercial farmer qui est ainsi en mesure de prélever le montant des échéances dues et rembourser la banque pour la totalité du crédit. Actuellement la Banque a sélectionné 27 commercial farmers, regroupant 351 petits producteurs, dans les différentes régions du pays et pratiquant les diverses cultures traditionnelles dominantes de ces régions (15 pour le maïs, 2 pour le soja, 5 pour l’ananas, 1 pour la banane plantain, 1 pour le riz et 3 pour les cultures maraîchères). La superficie concernée s’élève à 1537 ha et le montant des crédits accordés à 1,96 millions de Cédis. 2.2. Les banques rurales 3. Elles font l’objet d’une analyse particulière ci-après. LE SYSTEME BANCAIRE Le GHANA bénéficie d’un secteur financier assez développé puisqu’il comporte, outre la Bank of Ghana (BOG), banque centrale : - 14 banques et une centaines de petites banques rurales, - 10 institutions financières non bancaires, - une bourse des valeurs, - 21 compagnies d’assurance. 15 Le secteur représentait un total de bilan supérieur à 3.000 milliards de Cédis en 1996, soit 28% du PIB, les banques commerciales dominant le secteur avec 65% des actifs. Il a été fortement libéralisé et assaini à l’occasion du Programme d’ajustement financier (FINSAP) mis en place en 1989 sous l’égide de la BIRD et qui a pris fin en 1995. 3.1. Les banques commerciales Six banques commerciales représentent 65% des actifs et 70% des dépôts, ce sont : - Ghana Commercial Bank (CGB) est prépondérant - Standard Chartered Bank (SCB), filiale de la banque britannique du même nom, - Barclays Bank of Ghana (BBOG), filiale du Groupe Barclays britannique, - Social Security Bank (SSB), filiale à 60% du Social Security Insurance Trust (groupe d’Etat chargé de la collecte et de la gestion des fonds de retraite) partiellement privatisée avec l’entrée de JPMorgan et Morgan Stanley, - Metro Bank (MB), - Trust Bank, issue de la fusion en 1995 de la Banque of Credit and Commerce of Ghana (BCCG) et des actifs sains de la Meridien-BIAO. La Belgolaise (Groupe Générale de Belgique/Suez) est entrée au capital pour 35% et en assure la direction. 3.2. Les banques d’affaires privées Quatre banques d’affaires se partagent le marché de l’ingénierie financière et du haut de bilan, elles représentent 18% des actifs et 13% des dépôts, ce sont : - Merchant Bank of Ghana Limited (MBGL), depuis 1977, - Ecobank of Ghana (Eco), depuis 1990, dont 60% est détenu par le Groupe Ecobank nigérian et 40% par des intérêts privés ghanéen, - Continental Acceptances Limited (CAL), depuis 1990, dont 40% est détenu par des sociétés ghanéennes et 60% par des sociétés étrangères dont la SFI et la BIRD, - First Atlantic Merchant Bank. 3.3. Les banques spécialisées 16 Ces banques sectorielles sont au nombre de quatre : - National Investment Bank (NIB), banque de développement des PME, fondée en 1990 avec un capital de 1,5 milliard de Cédis, détenue à 98% par l’Etat, - Agricultural Development Bank (ADB) qui a été analysée ci-dessus, - Bank of Housing and Construction (BHC), pour le financement de programmes fonciers, - Prudential Bank. 3.4. Les établissements financiers non bancaires Il existe deux maisons d’escompte et de réescompte, la Consolidated Discount House (CDH), crée en 1991 et la Securities Discount House (SDH) qui interviennent sur le marché monétaire. 3.5. Les compagnies d’assurances Vingt et une compagnies d’assurances se partagent le marché. Certaines interviennent indirectement dans les activités de financement en détenant des parts dans les banques comme la Vanguard Insurance qui détient 40% de la CAL. 3.6. Les sociétés de crédit – bail Il existe cinq sociétés de crédit – bail dont la Ghana Leasing Company (GLC), crée avec l’aide de la SFI, de la CDC et de la CAL et Leasafric créée avec l’aide de la BEI par Ecobank qui envisage de se diversifier dans le micro – crédit. 3.7. Les sociétés de capital – risque Deux sociétés de capital – risque ont été créées dont la Ghana Venture Capital (GVC) qui l’a été avec l’aide de la CDC. 3.8. Les institutions financières spécialisées publiques Elles sont au nombre de quatre : - National Board for Small Scale Industries pour le financement des micro – entreprises, - Home Finance Company (HFC) pour le financement du logement social, - Export Finance Company (EFC) pour faciliter les exportations des petites entreprises. 4. 4 CONTRIBUTION DES SYSTEMES DE MICROFINANCE AU FINANCEMENT DE L’AGRICULTURE ET DE LA PECHE 4 Sources : 17 Le financement de l’économie est assuré au Ghana par quatre types d’institutions : - les banques, - les intermédiaires financiers non bancaires, - le secteur financier semi-formel : Credit Unions, coopératives, ONG, projets, - le secteur informel : usuriers, tontines, Su Su clubs d’épargne. Trois seulement de ces secteurs contribuent au financement de l’agriculture : le secteur bancaire, les institutions financières semi-formelles et le secteur informel. Les frontières de l’appellation microfinance sont ici encore plus floues que d’habitude : d’après le Ministère des Finances qui les supervisent, sont considérés comme institution de microfinance les secteurs semi-formel et informel, mais aussi les Banques Rurales et les Banques Communautaires, bien qu’elles soient soumises à la loi bancaire. Adoptons donc cette classification pour notre analyse de la contribution de ces institutions au financement de l’agriculture 4.1. Les Banques Rurales et Communautaires (BR) (BC) Une centaine de banques rurales, créées avec l’aide de la BOG dans les années 1970, sont dispersées sur la moitié du pays, principalement dans la zone cacaoyère. Ce sont des banques à statut mutualiste, établies au niveau des communautés locales et gérées par elles. En 1998, un réseau de 122 BR et 10 BC était réparti sur l’ensemble du territoire ghanéen. Cependant une vingtaine d’entre elles n’étaient plus fonctionnelles et s’étaient vues retirer leur licence pour cause de dysfonctionnement grave. A la fin juin 1999, elles avaient collecté 130 millions de cédis d’épargne (+ 52 %par rapport à fin juin 1998) et octroyé 66 millions de crédits (+ 37 % par rapport à 1998) et disposaient de fonds propres à hauteur de 16 millions de Cédis (+ 48 % par rapport à 1998). Leur sociétariat, d’environ 910 000 membres en 1998, a connu une croissance forte entre 1997 et 1998 (+20%). Les BR privilégient la collecte de l’épargne et ont une politique de crédit relativement prudente. Statutairement, elles sont sensées octroyer 45% de leur portefeuille de crédit à l’agriculture et à la pêche. Dans les faits, hormis dans les BR de la zone cacaoyère qui interviennent un peu plus fortement en faveur de l’agriculture5, il semble que ce pourcentage soit beaucoup faible : moins de 20 % dans les deux BR visitées par la mission et globalement sur le réseau selon les responsables interrogés. A titre d’exemple, dans la première BR visitée par la mission, sur les 149 crédits octroyés, 23 seulement (15,4%) concernaient les “cottages industries” et l’agriculture, 17 crédits étaient donnés pour le commerce, et 109 étaient des crédits de consommation octroyés à des salariés. La seconde BR - Entretiens de la mission - MINISTRY OF FINANCE, 1999. Microfinance, a tool for reducing poverty in Ghana. Working paper - BANK OF GHANA, 1998. Rural Finance Institutions in Ghana. Communication au Séminaire IFPRI/DES/FIDA Accra, Novembre 1998. - DANIDA,FAO, 1997. Les systèmes d’épargne et de crédit en pêches artisanales au Ghana. Rapport technique N°107, août 1997. 5 Du fait de la très courte durée de séjour de la mission au Ghana, ces banques n’ont pas pu être visitées. 18 visitée comptait 9000 épargnants et 400 emprunteurs, pour un montant de 720 millions de cédis, dont 10% étaient consacrés à l’agriculture, 20% à l’achat de véhicule de transport, 65% à des crédits de consommation aux salariés. La proximité de ces deux banques avec Accra (30 et 80 kms) peut expliquer partiellement cette prédominance forte des crédits de consommation et la part des salariés dans le portefeuille. Cependant, l’ensemble des sources d’information de la mission s’accordent sur le fait que les BR ne contribuent que faiblement au financement de l’agriculture et encore moins au financement de la pêche. Ces deux secteurs sont perçus comme à haut risque (risque co-variants liés à la production, risque économiques liés à une mauvaise maîtrise des marchés agricoles, absence de garantie), et ayant développé des habitudes de non remboursement des crédits de l’Etat. Par ailleurs, les taux d’intérêt pratiqués (38%/an en moyenne sur des crédits court terme) ne sont que faiblement compatibles avec la rentabilité des activités agricoles. Ponctuellement cependant, des crédits à l’agriculture de court et de moyen terme de montant relativement importants sont consentis à des agriculteurs présentant des garanties suffisantes et bien insérés dans la société locale. Globalement les BR ne sont pas en excellente santé : une évaluation conduite avec l’appui de la Banque Mondiale estimait que sur les 122 BR, 23 étaient à fermer (et l’ont été après l’étude), 60 étaient en “état incertain”, et 50 seulement en état satisfaisant. L’étendue de leur réseau et leur insertion forte dans les communautés locales ont plaidé pour leur réhabilitation qui nécessite un appui important en termes d’assainissement, de professionnalisation et de formation. Les banques rurales auraient pu jouer un rôle important dans la mobilisation de l’épargne en zone rurale, mais l’épargne effective y est détenue en biens réels, elles ne recueillent qu’un peu moins de du total des dépôts et les crédits qu’elles accordent représentent moins de 2% du total des crédits à l’économie. On estime par ailleurs que le secteur purement informel, tontines par exemple, mobiliserait 45% de l’épargne potentielle privée. Les faiblesses constatées sont classiques : manque d’information sur les emprunteurs, faible volume d’activité, faible montant nominal et coût unitaire élevé des concours, manque de compétence, etc. 4.2. Les Credit Unions (CU) Le Ghana comptait en 1998, 200 CU, associations volontaires établies au niveau des communautés locales, entre individus d’une même profession, ou d’une même église... Ce sont des institutions semi formelles relativement anciennes, ayant pour objectif de mobiliser l’épargne, de consentir des prêts à taux concessionnels à leur membres ; elles peuvent servir d’intermédiaires au Gouvernement pour l’octroi de subvention ou de crédit. En 1998, elles comptaient 53 153 membres, avaient mobilisé 20,7 billions d’épargne et octroyés 15,6 billions de crédit. Elles sont regroupées en une association nationale (Ghana National Credit Union Association) par qui elles ont accès à des lignes de financement extérieurs. 19 Les CU développent ponctuellement des actions de financement de la pêche et de l’agriculture, sur la base de leurs ressources propres et de financement externes. Les résultats de ces actions semblent très mitigés, et sont particulièrement mauvais en terme de remboursement quand il s’agit de crédit sur fonds externes. 4.3. Les ONG et les Projets Ils se sont multipliés dans la dernière décennie et interviennent soit au niveau des communautés locales, soit en appui à des activités déterminées. Le volume de financement de l’agriculture et de la pêche qui transite par ces organisations semble difficile à évaluer, mais non négligeable. Les échecs liés au non remboursement des crédits semblent là encore fréquents, mais sont plus limités dans les actions qui combinent financement et formation des gestionnaires locaux et des entrepreneurs, ainsi que des actions de développement local qui permettent de renforcer l’esprit et les initiatives communautaires. 4.4. Le système informel Il est particulièrement développé au Ghana, sous différentes formes : SUSU collecteurs, clubs d’épargne, tontines, usuriers, prêts entre producteurs et transformateurs, prêts entre proches. Une étude réalisée en 1997 dans le secteur de la pêche artisanale montre que parmi tous les schémas d’accès au crédit disponibles pour les pêcheurs, c’est le crédit informel sous ses différentes formes qui est perçu par les populations comme le plus fiable et le plus pérenne. C’est aussi dans ce secteur que les taux de remboursement sont les meilleurs. Ce type de crédit finance les besoins sociaux, mais aussi les fonds de roulement (carburant pour la pêche par exemple), et ponctuellement des investissements (pirogue, casiers...). Cependant, les ressources mobilisables par ce secteur sont internes aux communautés locales, donc limitées et sous-dimensionnées par rapport à l’ampleur des besoins de développement et de modernisation économique. Globalement, le secteur de la microfinance est encore relativement peu développé et fragile au Ghana. Il souffre d’un manque de ressources humaines, de professionnalisation, de coordination et de régulation. Il n’a qu’une faible capacité d’innovation et d’adaptation des produits d’épargne et de crédit à la demande. Sa contribution au financement de l’agriculture et de la pêche est réduite (moins de 20% de son portefeuille de crédit global), ces secteurs étant perçus comme des risqués, peu rentables et fortement entachés d’habitude de non remboursement du crédit liées à une implication forte de l’Etat jusqu’à lors. Le secteur du financement informel, fortement développé au Ghana, reste de ce fait, une source déterminante de financement des activités agricoles et halieutiques. 20 21 IV - SYNTHESE 1. FACTEURS DE PRODUCTION AGRICOLE Les statistiques agricoles au Ghana paraissent de bonne qualité et constituent un bon outil pour la détermination d’une politique rationnelle. La libéralisation de l’économie a été conduite à un niveau très avancé et l’Etat ne dispose plus que d’un rôle d’incitation et réglementaire, tous les offices publics ont été privatisés, sauf dans le secteur vital du cacao, ou ont perdu toutes activités économiques directes, des établissements financiers à majorité publique demeurent cependant très actifs, notamment la banque de développement agricole. Le potentiel agricole du pays est relativement important au sein de la Région et repose sur les cultures commerciales comme le cacao, où le Ghana dépassait autrefois la production ivoirienne et qui est actuellement en reprise, l’hévéa et le palmier à huile dans la zone côtière mais également les cultures vivrières de subsistance. La production du coton dans le centre et le nord est peu développée mais en croissance. Les cultures de diversification, riz, maïs, cultures maraîchères et fruitières sont plus développées que dans les pays voisins aux conditions climatiques similaires. La structure des exploitations repose, comme partout dans la Région, sur de petites exploitations individuelles mais il faut noter l’émergence d’exploitation moderne mécanisée et travaillant pour le marché, les “commercial farmers ”. La pêche apporte une contribution importante, les ghanéens étant les meilleurs pêcheurs en mer de la Région, le poisson fait l’objet d’une transformation, séchage essentiellement, pour être exporté dans toute la Région. La pêche continentale est également développée, notamment sur les importants lacs de barrages hydroélectriques. L’élevage est peu développé et le Ghana est un gros importateur d’animaux sur pieds des pays sahéliens. La production forestière contribue également aux exportations et présente encore un certain potentiel de développement. L’organisation de la production agricole au Ghana est caractérisée par l’importance des initiatives privées liée à la politique de libéralisation très avancée conduite par l’Etat. On note cependant les freins suivants : - intensification insuffisante et rendements inférieurs au potentiel des cultures, - équipement des exploitations insuffisant et freiné par l’accès limité aux crédits MT, - inorganisation relative des producteurs, - concurrence de certains opérateurs privés fragilisant le déroulement des crédits, 22 2. LES ACTEURS DU SECTEUR AGRICOLE L’analyse de la situation au Ghana est riche d’enseignements sur la question du financement de l’agriculture dans un contexte marqué par la libéralisation économique, par une évolution historique différente de celle des pays francophones voisins et par un développement sensible de l’activité économique qui contraste avec les crises ou les incertitudes ressenties par les pays francophones voisins. Les organisations paysannes, sont plus faiblement développées au Ghana que dans les pays voisins de la sous région. Il y existe de nombreuses organisations rurales locales, aux objectifs et aux performances très variables. En matière agricole, ce sont essentiellement des coopératives et des associations de producteurs qui interviennent dans l’approvisionnement en intrants. Certaines d’entre elles développent avec efficacité des fonctions de commercialisation. Des organisations de producteurs se structurent également dans le cadre de filières de production agricole ou de pêche. La plupart d’entre elles sont récentes et encore peu développées. Au niveau national existent deux fédérations généralistes, de création là encore relativement récente, sous l’impulsion de l’administration. Leur développement effectif s’avère difficile faute de moyens, de ressources humaines, et de compétences. Ce développement n’est pas réellement stimulé, ni par une volonté politique, ni par un mouvement paysan fort. Rendus méfiants par l’utilisation politique des coopératives pendant le régime socialiste, les paysans ne voient pas vraiment l’intérêt d’organisations qui ne leur offrent pas d’avantages économiques comparatifs et qui ne leur apportent pour l’instant que des services limités, souvent aussi aisément accessibles à travers le marché libre. Deux facteurs sont de nature à stimuler l’intérêt des paysans pour le développement des OP : - l’accès au marché, notamment les marchés d’exportation qui requièrent groupage de production et contrôle de qualité ; - et surtout l’accès au financement, avec la capacité des OP à se porter garantes pour leur membres auprès des institutions de financement. Pour l’instant, les OP ont peu développé ces fonctions, faute de moyens et de compétences, mais servent ponctuellement de relais pour la diffusion des financements publics pour l’agriculture et la pêche. 3. LE CONTEXTE DU FINANCEMENT DES FILIERES AGRICOLES 3.1. Les financements publics Ils n’ont pu être analysés mais la politique de libéralisation conduite par l’Etat n’est pas favorable à des interventions directes dans les processus de production. 23 3.2. Les financements bancaires Il existe un établissement spécialisé dans le financement du secteur rural, l’ADB, mais son activité en croissance n’est pas en mesure de fournir tous les financements souhaitables faute de ressources et de relais fiables au niveau du terrain. Les Banques rurales, spécifiques au Ghana dans la région, et les SFD n’ont pas acquis une capacité suffisante pour servir de relais et demeurent fragiles. L’ADB envisage de s’impliquer plus dans leur refinancement et leur encadrement et c’est sans doute une voie à poursuivre. La participation des banques commerciales au financement du secteur rural reste marginal et les quelques concours sont accordés à des sociétés ou individus sur la base des garanties offertes et non sur les projets agricoles eux-mêmes. 3.3. L’action des SFD En matière de microfinance, l’expérience ghanéenne est très ancienne avec le développement dans les années 70 et 80 des Banques Rurales et des Credit Unions et est souvent citée comme un exemple de formes originales de financement rural. Cependant, il apparaît que les performances actuelles de ces deux types de structures sont faibles, notamment en matière de financement de l’agriculture et de la pêche. Les Banques Rurales ont vocation à financer les activités productives rurales et devraient, statutairement octroyer 45% de leur portefeuille à l’agriculture et à la pêche. Dans les faits, il apparaît que cette contribution est beaucoup limitée (de l’ordre de 20% de leur portefeuille dans les situations les plus favorables) et que les Banques Rurales perçoivent ces deux secteurs comme éminemment risqués et marqués par des habitude fortes de non remboursement du crédit. Par ailleurs, le réseau des Banques Rurales n’est pas en excellente santé, avec environ la moitié des banques en situation financière incertaine, et des besoins importants de professionnalisation de la gestion. Les Crédit Unions sont des formes d’associations volontaires de financement local qui ont pour objectif de promouvoir l’épargne et ont une pratique du crédit. Elles gèrent ponctuellement des lignes de financement extérieures ciblées sur différentes activités rurales, dont l’agriculture et la pêche. Cependant, elles n’ont pas une réelle culture de l’intermédiation financière et commerciale et ont elles aussi une révolution de professionnalisation à faire. Les ONG et les projets se sont fortement développés dans la dernière décennie et interviennent fréquemment en matière de financement rural, et parfois agricole, avec des fortunes diverses et des échecs fréquents. Globalement, malgré son ancienneté, le secteur de la microfinance est encore peu développé au Ghana. Il apparaît fragile, peu professionnalisé, éclaté, peu coordonné, et peu suivi. Il n’apporte pas pour l’instant, une contribution forte au financement de l’agriculture et de la pêche. Le secteur informel par contre est assez fortement développé et semble constituer un élément déterminant du financement 24 de ces deux secteurs, sans pour autant pouvoir répondre à l’ampleur des besoins de financement exigés par leur modernisation. 4. CONCLUSION Le développement des relations économiques du Ghana avec ses voisins de l’UEMOA justifie un accroissement des échanges d’information au sein de la Région, des expériences complémentaires existent et il y aurait tout intérêt à associer plus étroitement le Ghana dans la concertation régionale. Le niveau de développement du Ghana, retardé par une période dirigiste assez longue, est actuellement en forte augmentation et devrait se rapprocher de celui des pays voisins de l’UEMOA. Il y a par ailleurs une volonté politique forte du coté ghanéen de favoriser ce rapprochement. 25 ANNEXE 1 – SIGLES ET ABREVIATIONS ADB AFD BAD BIRD-BM BOAD BOG BR CDC CEPA CMB CRP CU FCFA FINSAP FMI GCC GCOC GEPC GNAFF GNCVA MOFA ONG OP/A PIB SFD UE UEMOA VEPEAG WAMA Agricultural Development Bank Agence Française de Développement Banque Africaine de Développement Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement – Banque mondiale Banque Ouest-Africaine de Développement Bank Of Ghana Banques Rurales Commonwealth Development Corporation Center for Policy Analysis Cocoa Marketing Board Cocoa Rehabilitation Program Credit Union Franc de la Communauté Financière Africaine Financial Structural Adjustment Program Fonds Monétaire International Ghana Cotton Co Ghana Co-Operative Council Ghana Export Promotion Council Ghana National Association of Farmers and Fishermen Ghana National Credit Unions Association Ministry of Food and Agriculture Organisme Non Gouvernemental Organisation Professionnelle / Agricole Produit Intérieur Brut Système de Financement Décentralisé Union Européenne Union Economique et Monétaire Ouest Africaine Vegetables Producers and Exporters Association of Ghana West African Monetary Agency 26 ANNEXE 2 - BIBLIOGRAPHIE AGRICULTURAL DEVELOPMENT BANK Annual report, 1998 BANK OF GHANA Rural Finance Institutions in Ghana. Communication au Séminaire IFPRI/DES/FIDA Accra, Novembre 1998. BANK OF GHANA Quarterly economic bulletin, April-June 1999 CIRAD, ITAD, ODI Coraf Initiative : Strengthening Research - Extension - Farmer’s organisation linkages in West and Central Africa. Field Study Ghana. June 1999. COMMON FUND FOR COMMODITIES Improvement of livestock marketing and regional trade in West Africa, appraisal report, March 1998 DANIDA, FAO Les systèmes d’épargne et de crédit en pêches artisanales au Ghana. Rapport technique N°107, août 1997. MINISTRY OF FINANCE Microfinance, a tool for reducing poverty in Ghana. Working paper, 1999 MINISTRY OF FOOD AND AGRICULTURE Accelerated agricultural growth and development strategy in support of Ghana Vision 2020, October, 1997 MINISTRY OF FOOD AND AGRICULTURE, AgSSIP Task Force Programme preparation document on a Agricultural subsector Investment Programme, May, 1999 GHANA CORRIDORS, USAID Livestock Trade and marketing costs in the Burkina Faso , September 1995 MINISTRY OF FOOD AND AGRICULTURE Program preparation document on a Agricultural SubSector Investment Programme (AgSSIP), Main report, May 10,1999 MINISTRY OF FOOD AND AGRICULTURE Accelerated agricultural growth and development strategy in support of Ghana, Vision 2020, October 1997 27 COMMON FUND FOR COMMODITIES Improvement of livestock marketing and regional trade in West Africa (to be financed under the Second Account), Appraisal Report, Document of common fund for commodities, 26 March 1998 Quarterly digest of statistics, Statistical services, Republic of Ghana, Vol XV, June 1997 28 ANNEXE 3 – PERSONNES RENCONTREES 29