Jean-Marie FARDEAU, S A I N T B E R N A R D D E M O N T P A R
Transcription
Jean-Marie FARDEAU, S A I N T B E R N A R D D E M O N T P A R
S A I N T B E R N A R D D E M O N T P A R N A S S E Myriam et Marc pendant la représentation de Résist-Tente Elle est à toi cette chanson Toi l'Auvergnat qui sans façon M'as donné quatre bouts de bois Quand dans ma vie il faisait froid Toi qui m'as donné du feu quand Les croquantes et les croquants Tous les gens bien intentionnés M'avaient fermé la porte au nez Ce n'était rien qu'un feu de bois Mais il m'avait chauffé le corps Et dans mon âme il brûle encore A la manièr' d'un feu de joie Retenir la chanson de l'Auvergnat par Brassens ? Combien Myriam et Marc, les auteursacteurs de la pièce Resist-Tente jouée à saint Bernard le soir de notre dernière rencontre, l'attendaient cet auvergnat, eux qui revivaient pour nous leur ancienne vie de S.D.F. ! Ombre et Lumière … Lors de notre prochaine rencontre, samedi 15 novembre Elle est à toi cette chanson Toi l'étranger qui sans façon D'un air malheureux m'as souri Lorsque les gendarmes m'ont pris Toi qui n'as pas applaudi quand Les croquantes et les croquants Tous les gens bien intentionnés Riaient de me voir emmener Ce n'était rien qu'un peu de miel Mais il m'avait chauffé le corps Et dans mon âme il brûle encore A la manièr' d'un grand soleil nous aurons le plaisir d'avoir parmi nous, Jean-Marie FARDEAU, 6 ancien secrétaire général du C.C.F.D. directeur pour la France de Human rights watch. Il nous dira ce que notre clé de lecture évoque pour lui, dans sa vie. Chapelle Saint Bernard de Montparnasse Tél - Fax : 01 43 21 50 76 34, Place Raoul Dautry E-mail : [email protected] Le Lien Saint Bernard de Montparnasse octobre 2008 1 75015 PARIS http://chapellestbernard.free.fr Actualité, ombre et lumière, évangile de Jean le 11 octobre 2008 (chapitres 1 à 3) Tous les textes internationaux de protection des droits de l’homme sont fondés sur le concept de dignité humaine … Et pourtant la dignité est sans cesse bafouée parce que la signification de cette notion n’est pas précise. Ce concept sans cesse brandi comme une référence incantatoire n’est-il pas remis en cause avec, par exemple, le développement de la génétique ? […] Jean-Claude Ameisen, président du comité d’éthique de l’Inserm, le formule ainsi : "Avec la science existe un risque de réification et de déshumanisation, car la science fait abstraction de la singularité de la personne. Elle nous traite comme objets, alors que l’on se vit comme sujets. [..] La science change nos représentations de l’humain. Si le regard sur l’être humain change, là, il peut y avoir un risque".[…] réduire l’homme à l’une ou l’autre de ses dimensions. (d’après La Croix du 25 sept). Qu’en est-il des nanotechnologies qui permettent d’implanter dans le corps puces et autres objets miniatures ? Ces objets ne risquent-ils pas à plus ou moins brève échéance de modifier nos performances de telle sorte que l’homme de 2050 par exemple sera très différent de celui du 20ème siècle ? (échange entre philosophes à France-culture).[…] Ombre…Lumière… La parole a pris chair…Elle a donné le pouvoir d’être enfants de Dieu à ceux qui l’ont reçue et ceux qui font confiance à son nom ne sont plus nés du sang ni de la volonté charnelle mais de Dieu. (Jean 1 12-14) N’est-ce pas là le fondement de la dignité humaine ? Jeanne Jouet La boulangère ne tient plus boutique, elle court les routes hiver comme été. Cinq heures du matin, la première fournée toute chaude dans la camionnette et en route ! Parce qu’elle a du chemin ! De Châteaufort au fond des Yvelines, là où dans les villages perdus n’habitent plus que des vieux ou maintenant, de jeunes couples ayant préféré la vieille maison aux deux pièces citadines moyennant quatre heures de transport journalières. "Il faut bien, dit-elle, qu’ils aient du pain frais avant de partir, c’est autre chose de commencer la journée le ventre plein !". L’hiver, dans les rues désertes, son coup de klaxon allume la rue lorsque les portes s’ouvrent. "Alors, ajoute-t-elle, vous imaginez le dépôt de pain !". Les jeunes aussi des "Bien dormi ?". parfois, elle accepte un son tour !" servis, elle sert "ses vieux" : du pain, mais journaux de la semaine qu’elle récupère. Elle connaît les besoins de chacun ; lorsqu’elle sent que l’isolement pèse trop, petit café: "un seul, vite fait, c’est chacun LA REGLE D'OR DU PREMIER TEMPS 1 "fait", 1 verset, 2 minutes Le dimanche, plus tardive, elle s’installe sur la place de l’église, dont les cloches ne sonnent plus depuis longtemps. On la guette : les enfants attendant le pochon odorant de croissants et du pain au chocolat avec le carambar qui va avec, souvent papa ou maman suivent, en pyjama au saut du lit ; et puis les anciens, c’est souvent leur seule promenade de la semaine : le rendez-vous est chaleureux, les plus valides emportent la commande du voisin, ce sera l’occasion bienvenue d’une petite causette. Le Lien Saint Bernard de Montparnasse octobre 2008 2 "Voyez-vous, dit-t-elle, mi-rieuse, mi-sérieuse, il n’y a plus de messe mais encore du pain, comment feront-ils quand je ne serai plus là ? Vous savez, j’ai l’âge de la retraite, mais personne ne veut prendre la relève !". Alors elle continue … et Jean me souffle à l’oreille : "Celui qui fait la vérité vient à la lumière pour que ses œuvres soient manifestées, elles qui avaient été accomplies en Dieu" (3, 21). Odile Hornik De la présentation de l’évangile de Jean par Michel Cerles Sans en avoir l’air, on connaît mieux l’évangile de Jean que les autres, car on en lit certains passages tous les ans, notamment le Prologue (Noël) et la Passion (vendredi saint). Il est différent des synoptiques en ce qu’il ne parle pas des origines de Jésus, et qu’il fait trois fois mention de Jésus à Jérusalem pour la Pâque. Tapisserie de Marie Guériot-Flandrin TERRES INTERIEURES I "Et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont pas saisie" (Jean 1. 5) Saint Bernard,Avent 2007 Que s'illumine la nuit Trop fulgurant pour être vu, Dieu est un Dieu qui aveugle le regard. Le Christ capte ce feu dévorant et, sans éclat, laisse Dieu transparaître. Connu ou non, le Christ est là, auprès de chacun. Il est là comme un clandestin, lumière dans notre obscurité, brûlure au coeur de l'homme. Il est tellement lié à l'homme qu'il demeure en lui, même à son insu. Mais le Christ est aussi, comme Dieu, un Autre que nous-mêmes. Il existe pour lui-même, il pourrait exister sans l'homme. Il est le vis-à-vis de l'homme qui, dans un face à face, le cherche inlassablement. Il se tient en avant et au-delà de l'être humain. […] De cette présence du Christ, un homme qui vieillit ne cherche plus tellement de signes. Il ose se dire qu'il connaît l'obscurité. A cet égard, pas de privilégiés. […]. A chacun sa nuit, mais plus s'obscurcissent les ténèbres, plus l'homme découvre l'allégresse de croire. Pour lui, croire n'est-ce pas aussi consentir à sa nuit ? La refuser serait chercher un privilège. S'il voyait comme en plein jour, à quoi bon la foi ? Parti sans savoir où il allait, cet homme croit sans voir. Certitude solide comme le roc : de l'intérieur s'illumine sa nuit et, à un moment donné, réapparaissent les aurores. Viennent ces aurores et, un jour, notre mort, aube d'une vie. Frère Roger Le Lien Saint Bernard de Montparnasse octobre 2008 Son but, on le trouve à la fin (en 20, 30-31) : amener le lecteur à croire (le mot "foi" n’apparaît pas dans cet évangile) que Jésus est le Christ (s’adressant à des Juifs), le Fils de Dieu (s’adressant à la première Eglise), et avoir la vie en croyant en son nom. D’où caractère doctrinal, et non historique, se présentant comme un complément symétrique des synoptiques. Son plan, semblable à celui d’une tragédie : . 1,1 - 18 : Prologue . 1,19 – 13 :vie publique de Jésus, durant laquelle on constate une progression : adhésions de foi (1, 19 à 4, 54) avec le témoignage de Jean, Nathanaël, modèle de celui qui croit, les disciples à Cana, Nicodème, les Samaritains, l’officier royal, …, crise du croire (5 et 6) : les Juifs réagissent après la guérison du paralytique et la multiplication des pains, décision de faire mourir Jésus (7 à 10) et d’en finir (11 – 12). . 13 – 17 : entretiens avec les disciples . 18 – 19 : Passion, mort et résurrection . 21 : addenda Différences avec les synoptiques : - 7 miracles seulement, - pas d’Eucharistie, pas de Transfiguration, peu de référence au Royaume - du point de vue littéraire, c’est un enseignement, sous forme de dialogues, d’entretiens ; pas de paraboles (la vigne est une allégorie : "Je suis la vigne …") ; - peu de citations - du point de vue culturel, influence marquée de l’hellénisme (la voie, la vérité, la lumière, le gnosticisme) Son auteur ? un témoin oculaire, sûrement ; des détails prouvent qu’il ne se trompe pas. Connaissait-il les autres évangiles ? Ce n’est pas sûr, bien qu’il ait été écrit bien après les synoptiques (vers 100-110). Thérèse Masson, le 11 octobre 2008 3 Les événements, dit Dieu, c’est moi. C’est moi qui vous caresse ou qui vous rabote, mais c’est toujours moi. Chaque année, chaque heure, chaque événement, c’est moi. C’est moi qui viens, c’est moi qui vous aime, c’est moi, n’ayez pas peur ! . Charles Péguy LES EVENEMENTS Les événements provoquent. Il faut entendre leurs voix secrète et profonde comme un appel, c'est-àdire comme une vocation. Appels venant de quelqu’un et en vue de quelque chose que nous sommes appelés à réaliser. Les événements sont une actualisation de la parole de Dieu dans notre vie quotidienne. Contemplés à la lumière de l’Evangile, ils nous révèlent la présence et l’action sous-jacentes de l’Esprit-Saint dans le monde. Ainsi les événements deviennent-ils "avènements". Les événements nous font signe. Ils sont signes. Ils sont langage. Perçus avec l’intelligence du cœur qui est don de l’Esprit, qui est cette capacité de lire l’intérieur des choses et des hommes, les événements peuvent devenir sacrements, signes visibles de l’Invisible. Les événements nous provoquent en ce sens qu’ils nous interdisent de faire du sur-place. Appartenant au courant de la vie, ils me poussent en avant, ils m’entraînent, me forcent à aller plus loin, à me dépasser, à remettre en question mes certitudes les plus fermes. Ils m’obligent à préparer l’avenir en vivant totalement le moment présent. Mgr Pézéril Le Lien Saint Bernard de Montparnasse octobre 2008 Seigneur, nous te présentons maintenant ces visages invoqués, pains partagés : nous les croyons riches de sens et au travers d’eux, c’est ta gloire que nous contemplons, ta parole que nous entendons. Il n’y a plus de messe, mais il y a encore du pain, remarque la boulangère qui a le souci de le partager. Le Verbe était dans le monde et le monde fut par lui. Le Verbe s’est fait chair. La crise financière nous fait sombrer, rebat les cartes, des visages sont frappés de l’opprobre, mis à l’ombre, des jeunes sont en désespérance, l’argent roi montre ses limites, les outres se vident. Tel est dans le monde le commencement des signes. Autour de nous, les familles, les bénévoles, les chercheurs poursuivent leur chemin en quête de justice et d’amour, et savent s’effacer ensuite de la lumière des projecteurs. Une petite fille écoute un grand père désabusé au travers d’un fil ténu, capable de reconstruire la confiance. Une mère transmet à ses petits le sens de la merveilleuse attente, du désir, le respect de la terre et de la création. Les tentes sont plantées, Seigneur, pour accueillir ceux qui te cherchent. De tout cela, nous sommes les acteurs et les témoins, nous te l’offrons car De la plénitude, tous nous avons reçu. Sylvie Coisne, 11 octobre 2008 RENCONTRE DU 15 NOVEMBRE 2008 A lire : évangile de Jean, chapitres 4 à 7. Accueil à 8h 30. 4 M e r