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Carences en micronutriments chez
l’enfant à l’échelle mondiale et leur
impact sur la croissance et la survie:
défis et opportunités
Aamer Imdad et Zulfiqar A. Bhutta
Malgré de nombreux progrès dans le domaine de la santé de l’enfant,
la dénutrition reste un réel défi de santé publique pour le 21e siècle, en
particulier dans les pays en voie de développement.
Les carences en micronutriments sont associées à une dénutrition
générale et, parmi celles-ci, les carences en vitamine A, fer, zinc et iode
sont les plus répandues chez l’enfant – les carences en vitamine A et zinc
pourraient contribuer, dans le monde, au décès d’environ 1 million d’enfants par an et à 9% des années de vie infantiles corrigées du facteur invalidité (AVCI) [1].
L’objectif de ce chapitre est de résumer les connaissances actuelles en
matière de carences micronutritionnelles et le rôle des micronutriments
sur la réduction de la morbidité et de la mortalité chez l’enfant. La carence
en vitamine A affecte de nombreuses fonctions de l’organisme et peut avoir
de multiples conséquences néfastes: xérophtalmie, morbidité infectieuse,
mortalité accrue, interruption de croissance et anémie. Selon le dernier
rapport de l’OMS, mondialement, environ 190 millions d’enfants d’âge
préscolaire et 19,1 millions de femmes enceintes sont carencés en vitamine A. L’OMS recommande deux complémentations fortement dosées
en vitamine A par an pour chaque enfant à risque de carence en cette
vitamine. Depuis 1998, des programmes de complémentation en vitamine
A de grande ampleur ont été mis en place dans environ 193 pays ciblés
par l’UNICEF pour que la dose requise en vitamine A soit distribuée. Bien
que des progrès encourageants aient été réalisés pour couvrir les besoins
en vitamine A, de nombreuses disparités perdurent entre les pays, avec des
conséquences néfastes sur la santé des enfants (fig. 1). Un effort devrait
être fait pour améliorer les stratégies actuelles de délivrance de vitamine
A, sur des bases solides, et ainsi permettre de couvrir au moins 80% des
besoins [2]. Le zinc est également un élément important qui joue un rôle
crucial dans la croissance, la différenciation et le métabolisme cellulaires,
1
>– 80%
50–79%
<50%
Vitamine A non prioritaire
données non rapportées
Vitamine A
prioritaire
Fig. 1. Couverture des besoins en vitamine A par la complémentation (deux
doses, 2005).
la stimulation immunitaire, la résistance à l’infection et la croissance et
le développement du système nerveux. Il réduit la gravité des diarrhées
aiguës lorsqu’il est administré en complément d’une solution orale de
réhydratation faiblement osmolaire. Une estimation récente indique que
20% de la population mondiale est à risque d’une consommation insuffisante de zinc. La figure 2 montre que seuls 46 pays ont intégré des mesures en matière de zinc dans leur politique nationale de santé infantile [3].
Il est donc nécessaire de faire progresser la complémentation en zinc et de
l’inclure dans toute politique nationale de prise en charge de la diarrhée.
La carence en iode est la principale cause évitable du retard mental et elle
augmente également les risques de mortalité infantile, de fausse couche
et de mortinatalité. Selon les estimations, 2 milliards d’adultes et 31,5%
d’enfants d’âge scolaire souffrent d’une insuffisance d’apports iodés dans le
monde. L’iodation du sel est un des meilleurs exemples d’enrichissement
alimentaire réussi pour le plus grand bénéfice de la santé intellectuelle des
nations [4]. Trente-quatre pays émergents ont atteint leur objectif d’iodation générale du sel et 38 autres pays sont considérés comme étant «sur la
bonne voie» pour l’élimination des maladies dues à une carence iodée [4].
Malgré ce progrès, nombre de pays demeurent à la traîne. En effet, dans
24 pays il n’y a pas eu d’amélioration de la couverture des besoins en iode,
2
Pays ayant intégré la complémentation en zinc dans leur politique nationale de
santé pédiatrique
Fig. 2. Pays ayant adopté une politique nationale de complémentation en zinc.
Tiré de Zinc Task Force, utilisant des données de l’UNICEF, de l’USAID et de l’OMS.
et dans certains cas elle a même diminué depuis le milieu des années 90.
Pour atteindre l’objectif d’une iodation universelle du sel, cette dernière
devrait faire l’objet d’une loi nationale et des fonds devraient être attribués
pour que la loi soit appliquée dans chaque pays [4]. Le fer est un minéral essentiel au développement et au fonctionnement du corps humain. A
l’échelle mondiale, environ 1,62 milliards de personnes sont anémiques, la
prévalence étant la plus élevée chez les enfants d’âge préscolaire (47%) et
les femmes enceintes (42%).
Il est donc essentiel d’assurer des apports suffisants en fer pendant
les premières années de vie, notamment par une complémentation par un
mélange de micronutriments (Sprinkles, etc.) [5].
En conclusion, les micronutriments comme la vitamine A, le zinc,
l’iode et le fer sont importants pour la croissance et la survie des enfants.
Etant donné la très grande prévalence des carences en micronutriments
chez les enfants dénutris dans les pays en voie de développement, le défi
consiste à mettre en œuvre des stratégies d’intervention alimentaires
tant chez le nourrisson que le jeune enfant, avec des micronutriments en
quantité adaptée.
3
Bibliographie
1
2
3
4
5
4
Black RE, Allen LH, Bhutta ZA, et al: Maternal and child undernutrition: global and
regional exposures and health consequences. Lancet 2008;371:243–260.
UNICEF: Vitamin A Supplementation: A Decade of Progress. New York, UNICEF,
2007.
UNICEF: Zinc for management of diarrhoea: consultation with pharmaceutical
manufacturers (presentation); origin-www.unicef.org/supply/files/4a-_Zinc_Jan_
Komrska_and_ Francisco_Blanco(1).pdf.
UNICEF: Sustainable Elimination of Iodine Deficiency: Progress since the1990
World Summit for Children. New York, UNICEF, 2008.
Stoltzfus RJ, Mullany L, Black RE: Iron deficiency anaemia; in Ezzati M, Lopez AD,
Rodgers A, Murray CLJ (eds): Comparative Quantification of Health Risks: Global
and Regional Burden of Disease Attributable to Selected Major Risk Factors. Geneva,
World Health Organization, 2004, pp 163–209.

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