Hosanna !!! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur
Transcription
Hosanna !!! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur
« Hosanna !!! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » Un grand texte avait ouvert le cœur de sainte Thérèse de Jésus au 17ème siècle. C’était un texte de saint Jean d’Avila : « Audi filia et vide et inclina aurem tuam » (Ecoute, ma fille, et vois et incline ton oreille). Avec d’autres textes, voilà que la sainte d’Avila entre dans le Mystère de Celui qui va demeurer au cœur de sa vie. Elle le partagera avec ses sœurs et son fidèle ami saint Jean de la Croix. En ces jours-ci, voici que ce texte d’hier se colore de l’Evangile et des textes de ce dimanche. Ils invitent plus que jamais à une quasi mobilisation de tout notre être et de tous nos sens. Depuis plusieurs jours, les disciples ont quitté le Mont Thabor et voilà que Jésus monte à Jérusalem. Tout le monde s’y prépare. C’est Pessah, la pâque pour Israël ! On y célèbre le passage de la Mer Rouge et le départ de la terre d’esclavage. L’Egypte est loin derrière, et c’est Jérusalem qui porte le cœur de chaque fils d’Israël, de Jésus et de ses amis aussi. On a le cœur en fête et on chante le Grand Hallel, les Psaumes des Montées. Dans la foule qui va et vient, il y a des amis nouveaux de Jésus tel Zachée. On se souvient de ce petit bonhomme qui voulait voir Jésus, et qui se convertit non seulement à Jésus mais à la Charité envers les petits, les pauvres, les offensés. Il y en a tellement qui montent, et puis il y a ceux qui sont déjà là. Ils attendent le Messie. Parfois, nous aussi, nous le disons dans notre langage familier : « Eh ! Qu’est-ce que tu attends, le Messie ? ». On y lit une pointe amusée en pensant qu’il peut bien attendre car il fera nuit avant qu’il vienne... Mais si, cette fois, le Messie était ce jeune dont tout le monde parle ? Si, pour une fois, on se laissait surprendre par « ce qui vient » ?!? Si la Grâce de Dieu faisait que tout ce qui avait été dit dans la bouche de ce jeune homme était vrai ! Tout ce qu’on avait dit de lui était juste avant sa naissance et, depuis lors, depuis Bethléem, Nazareth, Cana, Betsaïde, Béthanie, Capharnaüm... Certainement, il en est ainsi encore aujourd’hui en Terre Sainte, et à Jérusalem. L’entrée du Christ à Jérusalem est un des sommets de la vie liturgique au Proche-Orient, et il faut voir la foi, la vie, l’ardeur de nos frères et sœurs qui tiennent en main les Rameaux ! On célèbre tout à la fois l’entrée en toute simplicité et en gloire du Christ dans la Ville Sainte, et déjà sa Passion. Nous serons vêtus de rouge ; couleur de fête, du don de l’Esprit et du sang versé. C’est la couleur de fête par excellence en Orient et, en tout cas, pour les Maronites. Dans bon nombre d’endroits, on fait appel à un âne. Le Curé est perché dessus à moins que ce ne soit un enfant ! Le Recteur de la Paroisse copte catholique de Paris, notre ami et parrain, Mgr Michel Chafik permet à ceux qui viennent dans sa paroisse de vivre ces instants autour de cette beauté spirituelle et liturgique..., et avec l’âne en sus. « Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute. Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé ». (Is 50) Le Seigneur qui monte à Jérusalem, rappelons-nous, a prévenu ses disciples qu’il devait monter à la Ville Sainte pour y célébrer la Pâque, qu’il serait arrêté, qu’il souffrirait et qu’il donnerait sa vie... au troisième jour, il ressusciterait. Il n’a rien caché de son intention, de la volonté du Père, et ne s’en n’est pas détourné même à Gethsémani. Il consent. Il accepte et obéit en faisant la volonté de Celui qui l’a envoyé dans ce Monde. Il laisse les gens vivre cette fête, crier, le voir comme un roi même si sa monture n’a pas fière allure. « Jésus, trouvant un petit âne, s’assit dessus, comme il est écrit : « Ne crains pas, fille de Sion. Voici ton roi qui vient, assis sur le petit d’une ânesse » (Jn 12). Cela, ses disciples ne le comprirent pas sur le moment ; mais, quand Jésus fut glorifié, ils se rappelèrent que l’Écriture disait cela de lui : c’était bien ce qu’on lui avait fait ». Jésus célèbrera dans quelques heures la Pâque dans la Salle haute dans laquelle, il y a peu de mois, une messe a été célébrée par le Saint Père. Que dire de la Passion ? Que faut-il ajouter à ce que l’on sait déjà ou que l’on croit savoir ? Peut-être faut-il porter plus aujourd’hui qu’hier cette question qui brûle mes lèvres et retourne mon cœur ? Ô Seigneur, qui es-tu pour moi ? Quel est ce roi de gloire que tu veux être pour notre monde et pour moi ? J’ai mis devant toi mon vêtement et mes draps d’étoffe. J’ai pris en main un rameau d’olivier, rameau de gloire, rameau de la terre de Palestine, rameau de la terre d’Israël... rameau de la paix au Proche-Orient et pour le monde, mais je ne sais que chanter aujourd’hui... Mon cœur se trouble parce que je sais que cette fête est illusoire et que demain (peut-être) mon cœur sera retourné comme une crêpe. Je serai contre le mur et contre moi-même, mes contradictions, mon manque de foi... Je crierai comme Marie de Magdala pour que tu sois délivré de la main de Pilate et de ceux de ton Peuple qui pensaient qu’en te donnant ton Nom s’effacerait de la mémoire du peuple ! Ô Jésus, combien je te regarde et combien je désire t’accompagner sur ce chemin, sur Ton chemin ; et bientôt sur la Via Dolorosa... Ô Jésus, laisse-moi chanter aujourd’hui et m’enivrer, laissemoi espérer seulement un peu car demain je sais que je devrai porter autre chose et un autre poids. Ce sera la nuit et ce sera le temps de la foi dans la nuit d’encre... Ce sera aussi un peu déjà le printemps qui point à l’horizon et qui chante la défaite de la camarde que l’on repousse à demain, loin de nous... Ouvre tes Portes, Jérusalem, et laisse entrer ton Roi de Gloire, Fils de David !!! Laisse-nous prier avec Lui pour la Paix, et que les songes de la nuit s’éloignent de nous et laissent sa Parole entrer dans nos cœurs ! Père Patrice Sabater Pardo, cm Valencia, Espagne Jour des Rameaux, le 29 mars 2015