Pour consulter le mémoire de Yann Le Floch
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Université Paris-Dauphine Département d’Éducation Permanente Master Économie et Gestion des Systèmes de Santé et de Protection Sociale Spécialité : Économie et Management des Services de Santé Formation continue (master 1) Les TIC*quel usage pour le *Technologie de l’Information et de la Communication travail des cadres de santé ? Yann LE FLOCH Année universitaire 2008-2009 Sous la direction de Véronique DUVEAU Université Paris-Dauphine Département d’Éducation Permanente Master Économie et Gestion des Systèmes de Santé et de Protection Sociale Spécialité : Économie et Management des Services de Santé Formation continue (master 1) Les TIC* quel usage pour *Technologie de l’Information et de la Communication travail des cadres de santé ? Yann LE FLOCH Année universitaire 2008-2009 Sous la direction de Véronique DUVEAU 1 Ce que j’entends, je l’oublie Ce que je vois, je le retiens Ce que je fais, je le comprends Proverbe chinois 2 SOMMAIRE INTRODUCTION........................................................................................................5 PARTIE 1 ...................................................................................................................7 1. LES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION (TIC), UN OUTIL POUR LES CADRES ?..................................................................8 1.1. LES TIC ........................................................................................................8 1.2. L’INFORMATIQUE........................................................................................9 1.2.1. L’informatique à l’hôpital ......................................................................10 1.2.2. L’informatique à l’AP-HP......................................................................11 1.2.3. L’informatique et les cadres .................................................................13 1.3. LE MANAGEMENT .....................................................................................14 1.3.1. TIC et management .............................................................................15 1.3.2. Les fonctions de manager du cadre de santé ......................................16 PARTIE 2 .................................................................................................................19 2. LES TIC, UNE AIDE POUR INFORMER ET S’INFORMER ?..........................20 2.1. INTERNET ..................................................................................................20 2.1.1. Internet, un goût de liberté ...................................................................22 2.1.2. Du Web 1.0 vers le Web 2.0 ................................................................23 2.1.3. Internet à l’hôpital.................................................................................25 2.2. INTRANET ..................................................................................................27 2.2.1. Intranet dans l’entreprise .....................................................................28 2.2.2. Intranet à l’hôpital.................................................................................29 2.3. L’INFORMATION ........................................................................................32 2.3.1. Dans l’entreprise ..................................................................................33 2.3.2. A l’hôpital .............................................................................................35 2.4. CONNAISSANCE .......................................................................................37 2.4.1. Les différentes sortes de connaissances .............................................38 2.4.2. Le management des connaissances....................................................43 2.5. SAVOIR ET COMPÉTENCE.......................................................................46 3 2.5.1. Les différentes sortes de savoirs .........................................................46 2.5.2. Connaissance et savoir pour développer des compétences................47 2.5.3. Compétence.........................................................................................48 PARTIE 3 .................................................................................................................51 3. LES TIC UNE AIDE POUR COMMUNIQUER ? ...............................................52 3.1. LA MESSAGERIE .......................................................................................52 3.1.1. Utilisation dans l’entreprise ..................................................................52 3.1.2. Utilisation par les cadres à l’hôpital......................................................55 3.1.3. L’avenir ................................................................................................57 3.2. LA COMMUNICATION................................................................................58 3.2.1. Les TIC comme outil de communication ..............................................58 3.2.2. Utilisation dans l’entreprise ..................................................................60 3.2.3. A l’hôpital pour les cadres de santé .....................................................62 3.3. LES TICS : UN PASSAGE DE L’ORAL A L’ÉCRIT.....................................63 3.3.1. TIC et nouvelle génération...................................................................63 3.3.2. Un exemple : l’université numérique ....................................................66 3.3.3. TIC et cadres de santé.........................................................................68 CONCLUSION .........................................................................................................70 TABLE DES ILLUSTRATIONS ...............................................................................72 ANNEXES ................................................................................................................73 Annexe n°1 : grille d’entretien .................... ............................................................74 Annexe n°2 : thème de recherche présenté sous forme de nuage de tags ...........76 Annexe n°3 : exemple page intranet collaborative... ..............................................77 Annexe n°4 : pyramide de la connaissance........... ................................................78 BIBLIOGRAPHIE.....................................................................................................79 4 INTRODUCTION De tout temps, l’homme a cherché à s’informer et communiquer. Il a toujours essayé de progresser sur les chemins de la connaissance et du savoir pour s’adapter à son environnement. Les technologies lui ont toujours été une aide pour progresser. Rousseau décrivait une sorte de cercle : « Le progrès des connaissances entraîne l’augmentation des besoins, qui entraîne l ‘augmentation des passions et des désirs et qui entraîne à son tour une augmentation des connaissances pour satisfaire ces besoins ». Cette capacité à créer du nouveau en s’appuyant sur de l’ancien, ce que les philosophes appellent la perfectibilité, est une caractéristique propre à l’homme, certains y voient même le propre de l’homme. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), apparues au XXIè siècle, repoussent encore plus les limites du temps et de l’espace. Les TIC, avec entre autre, Internet et le téléphone portable sont tellement présents dans notre quotidien, qu’ils sont presque devenus des biens de consommations courants pour ceux qui les possèdent. Ils créent également une fracture numérique entre les plus jeunes, nés avec le numérique et ceux qui l’ont découvert après. Les TIC sont tellement présents dans notre quotidien qu’ils envahissent autant la sphère privée, que professionnelle. Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET secrétaire d’État chargée de la prospective et du développement de l’économie numérique déclarait : « Internet est un moyen d’accéder à l’information, de communiquer et, audelà, un véritable organe social, dans la mesure où il nous permet d’accomplir une partie des opérations constitutives de notre appartenance à une société ». Cadre expert à la direction des soins du groupe hospitalier C de l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris (AP-HP), en charge des systèmes d’information et des outils informatiques, les TIC m’ont toujours intéressés. Il y a une quinzaine d’années cette technologie n’était pas encore développée. Mais l’information et la communication étaient déjà des enjeux majeurs pour l’hôpital. De nos jours les TIC ont envahi le monde professionnel et sont devenues indispensables. Notre façon de travailler a évolué et pour les spécialistes cette évolution n’en est qu’à ses débuts. Les TIC regroupent les techniques utilisées dans le traitement et la transmission des 5 informations, principalement de l'informatique, de l'Internet et des télécommunications. Nous avons choisi d’étudier les deux premiers domaines. Les télécommunications (téléphone fixe, téléphone portable, fax) n’étant pas à proprement parlé des nouvelles technologies (depuis 2000) elles ne seront pas étudiées. Mais qu’en est-il dans le monde hospitalier et notamment à l’AP-HP. A l’occasion de ce travail universitaire de recherche nous avons voulu savoir la place qu’occupent les TIC dans le travail des cadres de santé. Nos intuitions étaient les suivantes: • L’usage des TIC n’est pas dans la culture des cadres de santé ; • Les TIC sont –ils liés à une question d’âge, de génération ?; • Les cadres de santé n’ont pas la culture du partage de l’information et des connaissances ; • L’information est une donnée importante et stratégique dans les entreprises, comme le capital connaissance. Et à l’hôpital ? ; • L’information permet d’acquérir connaissance, savoir, compétence et expertise. Pour cela nous avons voulu savoir quel usage les cadres faisaient des TIC dans leur travail. Nous nous sommes entretenus (annexe n°1 : guide d’entretien) avec six cadres de santé (un homme et cinq femmes) du groupe hospitalier C (AP-HP). Nous avons interrogé deux cadres de moins de quarante ans (30 et 35 ans), deux entre trente et quarante ans (41 et 43 ans) et deux de plus cinquante ans (55 et 55 ans). Dans le cadre de ce mémoire, le sexe, l’année d’ancienneté et le lieu d’exercice, n’étaient pas des critères importants. Puis nous avons recherché, à travers des exemples, la place des TIC dans les entreprises. Ce travail se divise en trois parties. Une première présente les TIC, l’informatique et le management. Les deux suivantes mettront en lumière les deux avantages principaux des TIC. Tout d’abord les TIC comme aide pour informer et s’informer, puis les TIC comme aide pour communiquer. 6 PARTIE 1 7 1. LES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION (TIC), UN OUTIL POUR LES CADRES ? 1.1. LES TIC Depuis une dizaine d’années les TIC ont envahi notre univers, à la fois privée et professionnelle, au point de devenir un besoin vital. Mais quand on évoque les TIC, de quoi parle t-on ? « Les technologies de l'information et de la communication (TIC ou NTIC pour Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication) regroupent les techniques utilisées dans le traitement et la transmission des informations, principalement de l'informatique, de l'Internet et des télécommunications » (Wikipedia) « Les Technologies de l’information et de la communication (TIC) se fondent sur deux éléments techniques : La numérisation qui consiste à transformer un objet réel en un ensemble de données chiffrées (ou de points) ; la microélectronique, c’est-à-dire la fabrication de composants électroniques à l’échelle submicronique (…), ce qui permet la transformation de l’information utilisée ou fournie en information numérique facilement manipulable, communicable, stockable, restituable, etc. » (Rapport du Conseil économique, social et environnemental : « L'industrie, les technologies et les services de l'information et de la communication au cœur de l'avenir ») Il faut le rappeler, les TIC étaient appelées les NTIC, N pour nouveau. Cet article résume bien l’historique de ce mot. « Le sigle «NTIC», entré dans le vocabulaire courant, désigne les nouvelles technologies de l’information et des communications. D’extraction récente, il a connu une utilisation très répandue au tournant du millénaire, accompagnant l’éclosion puis l’explosion de la bulle financière dite de la «nouvelle économie. Rassemblant toutes les techniques et tous les appareils liés aux télécommunications et à l’informatique ainsi qu’à leurs applications, les NTIC ont été un grand sujet d’inquiétude et de ferveur quant à leurs impacts sur la vie quotidienne et la structure 8 des sociétés. Les craintes des conséquences de l’illettrisme technologique, de la fracture numérique, des bouchons sur les autoroutes de l’information ont été très présentes. De nouvelles organisations du travail et l’essor de l’administration électronique ont accompagné leur généralisation. Les NTIC n’étant plus si nouvelles, on préfère désormais les désigner par TIC, ou tout simplement par «le numérique». On pourrait aussi, au moins, pour certaines d’entre elles, les appeler les ANTIC car elles peuvent désormais être estimées anciennes. Le sigle n’a cependant pas encore pris. » (Julien DAMON : Les mots qui comptent) Figure 1 : occurrence du sigle « NTIC » dans les dépêches AFP Les TIC sont donc une technologie, une technique au service de l’information et de la communication. Cela nous ramène à définir un système d'information (abrégé SI) « C’est un ensemble de moyens techniques, administratifs, et humains qui servent à la collecte, au classement et à la transmission d'informations entre les membres d'une organisation (institution, entreprise, association,..) » (Wikipedia) 1.2. L’INFORMATIQUE Beaucoup de termes existent autour de l’informatique. Nous avons choisi d’en définir les plus importants. 9 INFORMATIQUE Nom féminin (de information et automatique) « Science du traitement automatique et rationnel de l'information considérée comme le support des connaissances et des communications. Ensemble des applications de cette science, mettant en œuvre des matériels (ordinateurs) et des logiciels. » MICRO-INFORMATIQUE Nom féminin. « Domaine de l'informatique relatif à la fabrication et à l'utilisation des microordinateurs. (Abréviation familière : micro.) » ORDINATEUR Nom masculin (latin ordinator, celui qui met en ordre, de ordinare) « Machine automatique de traitement de l'information, obéissant à des programmes formés par des suites d'opérations arithmétiques et logiques. » PC nom masculin (abréviation de l'américain personal computer) « Synonyme d’ordinateur personnel. » (Encyclopédie Larousse) Le site dico.fr propose une définition plus complète. « Néologisme construit à partir des mots information et automatique par P. Dreyfus en 1962. Il s'agit donc d'une discipline qui concerne le traitement automatique de l’information. La définition acceptée par l'Académie Française est la suivante : Science du traitement rationnel, notamment par machines automatiques, de l'information considérée comme le support des connaissances humaines et des communication dans les domaines techniques, économiques et sociaux. » (Dictionnaire informatique). 1.2.1. L’informatique à l’hôpital Comme dans beaucoup d’institutions, l’informatique est présent à l’hôpital au sein des directions des systèmes d’information. Le cœur de métier n’est plus centré seulement sur le matériel, mais sur tous ces composants. Les Systèmes d’information hospitaliers (SIH) sont centrés sur les processus de soins, mais la plupart ne communique pas entre eux et vers les partenaires extra 10 hospitaliers (médecin, para médicaux). En ce sens, le plan « hôpital 20121 » veut poursuivre la dynamique d'investissement et de modernisation des établissements hospitaliers. Parmi les deux catégories d’opération du plan, on retrouve l’accélération de la mise en oeuvre des Systèmes d’information hospitaliers (SIH) dès lors qu’elle correspond à une informatisation du processus de soins. Avec ce plan hôpital 2012, les pouvoirs publics engagent les hôpitaux et cliniques à prendre résolument le virage du numérique et du partage de l’information. Les soignants vont voir leurs pratiques professionnelles évoluées et les cadres de santé vont devoir accompagner ces changements. 1.2.2. L’informatique à l’AP-HP L’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) est dans la même configuration. Représentant le CHU d’Ile de France elle est composée de nombreux hôpitaux ou groupes hospitaliers (trente sept actuellement). Son système d’information comporte quatre domaines : • DOMAINE PATIENT Gère l’ensemble des projets relatifs à la gestion des patients. • DOMAINE PERSONNEL Gère l’ensemble des projets relatifs à la gestion du personnel. • DOMAINE GESTION HOSPITALIERE Regroupe l’ensemble des projets relatifs aux processus de gestions logistiques, économiques et financières. • DOMAINE GESTION DES CONNAISSANCES Regroupe l’ensemble des projets relatifs à la gestion du savoir sous ses diverses formes. Particularité de l’institution, le système d’information est à la fois centralisée, avec une direction centrale et localisée avec une direction chargée des systèmes d’informations dans chaque hôpital ou groupe hospitalier. Si dans le domaine des 1 Le plan hôpital 2012 est un plan pour les établissements hospitaliers publics et privés au service de la santé des patients et de l'excellence de la médecine française. Il succède au plan hôpital 2007. 11 soins les outils sont les mêmes, dans certains autres domaines ce n’est pas le cas. Notamment pour tout ce qui relève des TIC. De même chaque hôpital développe sa politique en terme de système d’information. C’est pourquoi certains hôpitaux sont plus avancés que d’autres. Mais l’institution a adopté un Nouveau Système d’Information (NSI) pour le SIAP (Système d’Information de l’Assistance Publique). Résolument tourné vers l’avenir, il se veut un outil participatif, collaboratif et commun pour l’ensemble des personnels. La nouveauté principale résidera dans l’unicité de ce système pour l’ensemble des onze futurs groupes hospitaliers (dont certains seront éloignés géographiquement). Le NSI reposera sur une organisation fédérative en 6 domaines : - Trois domaines fonctionnels : PATIENT – EIFEL (économie, finance, logistique et patrimoine) – RESSOURCES HUMAINES. - Trois domaines transversaux : PILOTAGE – INFRASTRUCTURE – PORTAIL. Les enjeux et les objectifs seront : - Transformer une informatique vue comme « administrative » en un système d’information dédié à l’action médicale et aux soins ; - Partager une information sécurisée, transmise de façon fiable et traçable ; - Construire des référentiels, un vocabulaire et des protocoles communs ; - S’assurer de l’intégration harmonieuse du Système d’information Clinique au Système d’information global. Il nous semble important d’apporter un éclairage à ses enjeux et objectifs. Contrairement à beaucoup d’institutions hospitalières (public ou privée) il n’y a pas de dossier de soins unique et informatique à l’AP-HP. Les données du dossier de soin médical, para médical, l’imagerie etc.…est en version papier et propre à chaque service. Ce qui ne permet pas une communication du dossier entre les hôpitaux et les partenaires extra hospitaliers. C’est pourquoi le dossier informatisé patient est un défi important pour l’institution et devra suivre le chemin du DMP (Dossier médicale Personnel). Les personnels, de plus en plus nomades, ne retrouvent pas les mêmes outils numériques d’un hôpital à l’autre. Certains hôpitaux se sont beaucoup 12 développés, d’autres non. Les moyens financiers peuvent être un frein au développement, mais l’absence de projet encore plus. Nous pouvons le constater des changements majeurs sont attendus, ils seront : - Intégrer l’outil informatique à la pratique quotidienne ; - Partager l’information au sein de l’AP-HP ; - S’ouvrir vers les autres établissements de soins et la ville ; - Optimiser et sécuriser la prescription ; - Apporter une aide à l’action médicale et aux soins. Les cadres de santé seront bien évidemment des acteurs indispensables pour accompagner ces changements. Par leurs fonctions d’encadrement des équipes de soins au quotidien ils mettront le projet en action. Outre l’apprentissage des outils c’est toute la philosophie des TIC qu’il faudra acquérir. On peut simplement regretter que pour cette stratégie du NSI il n’y ait pas eu de concertation des personnels concernés. 1.2.3. L’informatique et les cadres Les cadres interrogés ont associé l’outil informatique aux TIC. Les réponses données à la question « l’informatique cela vous sert à quoi » renvoient à des verbes d’action (communiquer, échanger, s ‘informer, travailler, rédiger, consulter, rechercher). Communiquer, échanger et s’informer sont les trois verbes qui sont le plus cités. Les deux premiers reviennent 5 fois sur 6 et s’informer quatre fois. A noter que trois cadres ont cité les trois verbes (dans trois catégories d’âge). Cela montre bien que l’informatique est un outil pour l’utilisation des TIC. Mais également que l’âge n’est pas un frein à l’utilisation de l’informatique. Les cadres utilisent l’informatique depuis peu sur leurs lieux de travail. La moyenne est de 3 ans. Tranche 30/40 30/40 40/50 40/50 + 50 + 50 d’âge ans Ans ans ans ans ans 3 ans 7 ans 10 ans 8ans 4 ans 5 ans Année d’ancienneté moyenne 5 ans 9 ans 13 4,5 ans Ce résultat est logique quand on regarde l’évolution de l’outil informatique à l’hôpital C. Marginalisé il y a encore quelques années, il a connu un véritable essor en six ans, pour devenir incontournable. Aussi bien pour le personnel soignant dans la gestion des soins au quotidien, que pour les cadres. Toutes les commandes (matériels, médicaments…) se font par informatique, les avis de réunion sont envoyés par mail… l’évolution n’est pas encore terminée, car l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris, avec le nouveau système d’information (NSI), va moderniser son outil informatique, L’informatique a changé la façon de travailler des cadres. Cinq sur six estiment : - « Que c’est une aide » ; - « Que c’est rapide » ; - « Que cela représente un gain de temps et c’est plus aisé ». De même les exemples donnés se réfèrent aux informations reçues. Ce qui correspond à la définition de l’informatique (traitement automatique de l’information). Pour un seul cadre l’informatique « a compliqué son travail ». Il explique « je n’ai pas la logique informatique, qui est virtuelle, mais la logique papier ». Cet engouement pour l’informatique s ‘explique par le changement des missions des cadres de santé qui ont évolué depuis la mise en place de la nouvelle gouvernance en 2007. Habituellement, les cadres encadraient une équipe soignante au sein d’une unité. Ces unités étant regroupées au sein d’un service dirigé par un cadre supérieur de santé. Leurs périmètres de travail s’est agrandi, par la mise en place des pôles (regroupement des services). Les cadres se sont retrouvés à gérer plusieurs unités, voir un ou plusieurs services. L’informatique et les TIC sont donc une aide dans leur travail au quotidien. En effet, aucun des cadres ne seraient prêts à revenir à zéro informatique et cinq sur six se définissent comme inconditionnel et le dernier comme réfractaire. En 2011, l’AP-HP va regrouper ses trente-sept hôpitaux pour former onze groupes hospitaliers. Les TIC seront encore plus une aide pour les cadres. 1.3. LE MANAGEMENT 14 1.3.1. TIC et management Toute fonction d’encadrement comporte une partie managériale. Cet entretien de Jean-Pierre Corniou, (Président d'EDS Consulting Services France) dans le journal les Enjeux-Les Echos, résume bien le challenge qui attend les entreprises. Enjeux-Les Echos : Quel est l'impact d'Internet sur le management ? Jean-Pierre Corniou : « Nous sommes dans un monde qui se transforme à une vitesse exponentielle. L'accès grand public à Internet ne date que d'une décennie à peine et pourtant, 18% de la population mondiale est aujourd'hui connectée. Le management s'en trouve transformé pour toutes les entreprises de la planète. Cellesci étaient construites sur un mode centripète : tout convergeait vers le centre, où était concentrée l'information. Internet rend les entreprises centrifuges : elles se déplacent vers leurs clients. Les systèmes hiérarchiques sont traversés par des flux transversaux. Internet, c'est d'abord et avant tout la messagerie électronique. Avant, le courrier était annoté, révisé, renvoyé ; le parapheur était important. Ce rituel, qui imposait une certaine lenteur, est remis en question, et avec lui, tout le mode hiérarchique. De plus, grâce à Internet, on peut retrouver des déclarations faites il y a cinq ans. Cette transparence crée un monde nouveau, qui est le contrepied d'un système reposant sur la maîtrise de l'information. » Enjeux : Avec le risque néanmoins d'une dictature de l'urgence... J-P.C. : « Effectivement, on est happé par le futur immédiat. (…) Nous sommes dans un mode hybride : les réunions de service existent toujours, tout comme les repas d'affaires, les voyages, les séminaires. En même temps, on envoie des mails 24 heures sur 24, on fait des visioconférences... Nous restons dans un système centralisé même s'il y a des ruptures dans les modes d'organisation. Aujourd'hui, on travaille mal dans les entreprises. Il y a un énorme besoin de repenser les processus de travail. Malheureusement, il n'y a pas d'éducation collective sur ce sujet. On a laissé dériver un vaste système d'information non structuré livré sans mode d'emploi. Alors qu'on a énormément travaillé sur l'optimisation du temps industriel, cette réflexion n'a pas été menée sur le temps tertiaire. Or les cols blancs sont devenus les O.S. de l'information. » Enjeux : A quoi ressemblera le management de demain dans un tel contexte ? 15 J-P.C. : « Il sera intéressant de voir l'arrivée dans les entreprises des générations nées après 1985 pour lesquelles la messagerie instantanée, le téléphone portable, les SMS, les forums, les chats, les réseaux sociaux sont naturels. Pour l'instant, ces outils ne sont pas reconnus comme des instruments d'entreprise. La deuxième évolution sera une fragmentation encore plus importante de la localisation des entreprises. (…). L'ère de l'immatériel n'a pas encore vraiment commencé. (…) » 1.3.2. Les fonctions de manager du cadre de santé Pour mener à bien leurs missions les cadres de santé devront développer de nombreuses compétences et notamment en ce qui concerne le management. Malheureusement il n’existe aucun texte officiel ou référentiel qui décrivent ces compétences, à part, le décret n°2001-1375 du 31 dé cembre 2001 portant statut particulier du corps des cadres de santé de la fonction publique hospitalière. Il est inscrit que les agents du grade de cadre de santé exercent : « Des fonctions correspondant à leur qualification et consistant à encadrer des équipes dans les unités fonctionnelles, services, départements ou fédérations des établissements. » C’est pourquoi nous avons pris, comme référence, le référentiel de compétences du cadre de santé, de l’institut de formation des cadres de santé (IFCS) de l’AP-HP. Elaboré en 2001, il décrit la compétence autour de cinq domaines d’activité. Fort de notre expérience, nous avons sélectionné pour chaque activité celles pour lesquels les TIC sont une aide dans la fonction managériale. O : ORGANISER ET S’ORGANISER (6 compétences sur 9) « ORGANISER » regroupe un ensemble d’activités transversales au service de plusieurs domaines d’activité et qui permet entre autres, de GÉRER LES INTERFACES, donc des zones de flou dont la maîtrise est décisive pour le cadre (Celui-ci à, en moyenne, 35 interlocuteurs par jour). « S’ORGANISER » fait référence aux capacités du cadre à gérer son temps, à gérer de multiples activités dans un même moment, à discerner l’essentiel de l’accessoire par exemple. 16 - O1 : Se distancie de la pratique. Entretien et développe ses compétences ; - O2 : Elabore des méthodes de travail (outils, tableaux…) ; - O4 : Se donne les moyens de recueillir les informations intéressantes pour le service, les traite et les diffuse ; - O5 : Contribue à l’application des directives médicales, ou des orientations institutionnelles en matière de formation ; - O6 : Résout les problèmes quotidiens ; - O7 : Constitue et entretient un réseau de partenaires internes et externes à l’hôpital. M : GERER LES MOYENS (2 compétences sur 5) Ce domaine est celui des approvisionnements, de la gestion des rendez-vous, des lits, des prestations. Il s’agit d’un domaine où le contexte influe fortement selon les structures et l’organisation de l’équipe de cadres. Les capacités d’anticipation et de réactivité des cadres y sont très sollicitées. - M3 : Commande en interne le matériel, organise la maintenance, contrôle la réception des commandes et assure le suivi de la consommation ; - M4 : Réagit et obtient des résultats en cas de rupture de stock. R : MANAGER LES RESSOURCES HUMAINES (5 compétences sur 7) C’est le domaine des effectifs, des compétences individuelles et collectives, du management au quotidien. C’est le domaine sensible, celui du risque inopiné, celui qui occulte pour certains la mission première du poste. - R1 : Anticipe et gère l’adéquation activité/ effectif ; - R2 : Établit des relations constructives avec les partenaires sociaux ; - R4 : Identifie, accompagne, évalue le développement des compétences individuelles et collectives ; - R5 : Organise et participe à la formation, évalue la fonction tutorale ; - R7 : Manage une équipe au quotidien : fixe les objectifs et en assure le suivi délègue, donne des retours au personnel, responsabilise, informe et communique. 17 E : EVALUER, AMELIORER, METTRE EN PLACE DES PROCEDURES (3 sur 6) C’est le domaine du contrôle et du suivi de la qualité des soins et des prestations. Il concerne la formalisation d’outils de gestion, l’évaluation des pratiques professionnelles et l’organisation d’une traçabilité des actes - E2 : Transmet des consignes et fait appliquer d’éventuelles mesures correctives en terme de sécurité des prestations (vigilances sanitaires, préventions des risques, sécurité des personnes et des biens, conditions de travail) ; - E5 : Contribue au développement des connaissances du personnel en matière de gestion des risques ; - E4 : contribue aux études et recherches professionnelles et médicales. B : ASSURER UNE RELATION DE QUALITÉ AVEC LES BENEFICIAIRES (0 compétence sur 7) Ce domaine est fondé sur la connaissance des besoins et des attentes des bénéficiaires et des moyens d’action disponibles. Il s’agit pour le cadre de se situer au plus près des patients et de leur famille ou des étudiants. C’est un domaine d’activité essentiel pour créer un climat de confiance indispensable aux soins et à la relation pédagogique. On retrouve 16 compétences sur 32, soit la moitié, pour lesquels les TIC sont une aide dans la fonction managériale. Le domaine de compétence où ils sont le plus représentés est organiser et s’organiser (6 sur 9) et manager les ressources humaines (5 sur 7). Cela représente le cœur de métier des cadres de santé. Le cadre manager aura besoin des TIC pour s’informer, acquérir des connaissances, des savoirs et des compétences et pour communiquer. C’est ce que nous allons développer dans les deux chapitres suivants. 18 PARTIE 2 19 2. LES TIC, UNE AIDE POUR INFORMER ET S’INFORMER ? 2.1. INTERNET Internet est d’abord un ensemble de réseaux reliés entre eux et dénommés la toile d’araignée (web en anglais). Organisé mondialement, ses utilisateurs y ont adopté le protocole TCP-IP (un protocole est une méthode standard qui permet la communication entre deux machines et TCP/IP est une suite de protocoles utilisés sur Internet. Il signifie Transmission Control Protocol / Internet Protocol). Comme une toile d’araignée, ce réseau est maillé et chaque entreprise qui s’y raccorde crée un nouveau lien. La simplicité du protocole de communication TCP-IP est l’une des raisons fondamentales de la création de l’Internet. L’esprit d’ouverture et de transparence de l’information portés par ses utilisateurs sont la clef du succès. Sur cette infrastructure, deux services fondamentaux sont disponibles : • La messagerie électronique et la mise à disposition d’informations textuelles, d’images, de vidéos sur des serveurs Web. • Le World Wide Web (www : préfixe très répandu d’une adresse de site web), par l’utilisation d’un langage unique appelé HTLM offre à tout utilisateur de l’Internet la possibilité de rechercher de l’information. L'idée révolutionnaire En 1962, alors que le communisme faisait force, l'US Air Force demande à un petit groupe de chercheurs de créer un réseau de communication militaire, capable de résister à une attaque nucléaire. Le concept de ce réseau reposait sur un système décentralisé, permettant au réseau de fonctionner malgré la destruction d'une une ou plusieurs machines. Paul Baran est considéré comme un des acteurs principaux de la création d'Internet. Il eu l'idée, en 1964, de créer un réseau sous forme de grande toile. Il avait réalisé qu'un système centralisé était vulnérable car la destruction de son noyau provoquait l'anéantissement des communications. Il mit donc au point un réseau hybride d'architectures étoilées et maillées dans lequel les données se déplaceraient de façon dynamique, en « cherchant » le chemin le moins encombré, et en «patientant» si toutes les routes étaient encombrées. Cette technologie fut appelée « packet switching ». 20 En août 1969, indépendamment de tout objectif militaire, le réseau expérimental ARPANET fut créé par l'ARPA (Advanced Research Projects Agency dépendant du DOD, Department of Defense) afin de relier quatre instituts universitaires (…) Le réseau ARPANET est aujourd'hui considéré comme le réseau précurseur d'internet. Il comportait déjà à l'époque certaines caractéristiques fondamentales du réseau actuel (…) C'est également en 1972 que le réseau ARPANET fut présenté pour la première fois au grand public, lors de la conférence ICCC (International Computer Communication Conference). A cette même époque, l'ARPA devint le DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) et le terme « internetting » est utilisé pour désigner l'ARPANET, devenant alors un embryon d'internet. World Wide Web (…) Fin 1990, Tim Berners-Lee met au point le protocole HTTP (Hyper Text Tranfer Protocol), ainsi que le langage HTML (HyperText Markup Language) permettant de naviguer à l'aide de liens hypertextes, à travers les réseaux. Le World Wide Web est né. Le courrier électronique En 1971, Ray Tomlinson mit au point un nouveau mode de communication : le courrier électronique. Par ailleurs, le caractère « @ » servait déjà à séparer le nom de l'utilisateur du nom de la machine dans les adresses. En juillet 1972, Lawrence G. Roberts améliora les possibilités ouvertes par Ray Tomlinson en développant la première application permettant de lister, de lire de manière sélective, d'archiver, de répondre ou de faire suivre un e-mail. Dès lors, la messagerie électronique n'aura de cesse de croître, pour devenir la principale utilisation du réseau des réseaux au début du XXIe siècle. Une étude du CREDOC de mars 2006, sur la diffusion d’Internet et de l’ordinateur, met en évidence que si le fossé numérique se réduit, il n’en reste pas moins important. Selon cette étude, « les cadres sont trois fois plus souvent connectés à Internet que les ouvriers, les diplômés du supérieur le sont cinq fois plus que les nondiplômés, l’écart entre les hauts et les bas revenus étant du même ordre ». L’ORDINATEUR 21 Tout d’abord, il faut noter l’accroissement, à la fois du nombre des utilisateurs (presque 33 millions de Français en 2008) et de la fréquence d’utilisation du microordinateur ; 64 % des personnes possédant un ordinateur « domestique » l’utilisent quotidiennement (mais curieusement 10 % des personnes n’utilisent jamais l’ordinateur qui se trouve chez elles). Le profil de l’utilisateur quotidien renvoie à une personne relativement jeune (18-39 ans), vivant seule, titulaire de diplômes du supérieur, cadre supérieur ou étudiant, dont les revenus mensuels sont plutôt élevés (supérieurs à 3 100 euros), habitant dans une grande agglomération. L’INTERNET On a vu que l’Internet était devenu plus que familier des foyers français. 66 % des «connectés» le font chaque jour. Selon le CREDOC, se sont donc près de 19 millions de personnes qui se connectent quotidiennement. Dans le monde scolaire, l’utilisation de l’Internet est plutôt « bihebdomadaire », alors que dans celui de l’entreprise la fréquence quotidienne est majoritaire pour ceux qui y ont accès. Cependant 65 % des actifs occupés n’utilisent pas l’internet sur leur lieu de travail : pourcentage qui s’améliore (si l’on peut dire) lentement. Ils étaient 70 % dans ce cas en 2004-2005. 2.1.1. Internet, un goût de liberté Nous le constatons, Internet est fondé sur la notion de réseau et offre une grande liberté. Mais cette liberté, comme toutes, à des limites. Les deux articles ci dessus l’illustrent bien. « La principale liberté que le réseau aura offerte aux utilisateurs est économique. Internet est une place de marché ou tout se vend, s’achète, s ‘échange, se compare. L’offre y est d’une telle abondance que la demande y règne en maître. Les sources d’information s’y sont multipliées (blogs, revues en ligne, site des journaux traditionnels etc.…). MAIS en tirer une information synthétique, fiable, et généraliste relève de la gageure. Internet nivelle tout. Tout est reporté, tout devient accessoire. Chacun est tenté d’aller vers ce qu’il connaît, ce qu’il aime. A l’étrange on préfère le familier. A l’inconnu, le connu. Internet devient ainsi une manière de miroir dans lequel chacun peut trouver ce et ceux qui lui ressemblent, ce et ceux qu’il 22 attend. Instrument d’ouverture à autrui rendu enfin possible, Internet serait devenu celui du repli sur soi nécessaire. Ce n’est pas l’unique paradoxe de cette invention. Car que devient la liberté d’agir à sa guise, de s’exprimer, de nouer connaissance, lorsque tout est archivé soit de manière publique, sur le web, soit de manière occulte et obligatoire, dans les serveurs des fournisseurs d’accès à Internet ou ceux des hébergeurs ? » (Stéphane FOUCART. Internet un goût de liberté). « (…) Le web rend les gens hypocrites, il incite à prendre des pseudonymes. C’est un monde de délation, intoxiqués de spams et de pubs. J’ai fait partie des imbéciles qui ont cru aux mirages de l’Internet, et de ce fait à la bonté naturelle de l’homme, à l’échange communautaire. « L’homme a travaillé le fer pas seulement pour les charrues, mais aussi pour les épées, idem avec les atomes et le net. » (Jean-louis MURAT) 2.1.2. Du Web 1.0 vers le Web 2.0 Internet a évolué en 10 ans. Nous sommes passés d’un web dit 1.0 à un web 2.0. Mieux qu’une définition, l’article d’Anicet MBIDA paru dans 01 informatique résume l’évolution. Le concept de Web 2.0 marque une nouvelle ère. Le Web n'est plus une collection de sites, mais une sorte de système d'exploitation pour applications Web. A terme, les services de Web 2.0 pourraient remplacer les applications bureautiques. Type de Web Période Technologies associées Web 1.0 Web 1.5 Statique 1994-1997. Dynamique. 1997-2003. Web 2.0 Collaboratif. 2003 Ajax, DHTML, XML, HTML, GIF. DHTML, ASP, CSS. Soap Les pages Web sont L’utilisateur devient Les pages Web sont construites à la volée contributeur. Il publie des documents des informations et Caractéristiques à partir d'une ou statiques rarement plusieurs bases de manipule les mis à jour. données. données. Figure 2 : évolution du web 23 « Françoise PISANI, spécialistes des NT et Dominique PIOTET, qui dirige la filiale américaine de l’atelier BNP Paribas estiment, dans leur ouvrage « Comment le WEB change le monde », qu’Il est temps de regarder Internet autrement. Avant on parlait d’autoroute de l’information, de débit, de tuyaux. Maintenant il faut penser « échanges » et « réseaux sociaux. » Le prodigieux succès des dits réseaux sociaux (Myspace, Facebook) en témoigne ». (Bertrand Legendre. Communiquer dans l’alchimie des multitudes) Comme définition du Web 2.0, nous retiendrons celle-ci : « A la différence du web 1.0 où la plupart des contenus étaient fournis par les professionnels de l’Internet (fournisseurs d’accès, annonceurs, marques, etc.), le web 2.0 se caractérise principalement par la prise de pouvoir des internautes. Grâce à de nouvelles plate-formes de diffusion, de nouveaux outils, et une accessibilité plus grande des technologies web, les internautes produisent aujourd’hui eux-mêmes leurs propres contenus et les diffusent massivement sur la toile, faisant ainsi concurrence aux producteurs et éditeurs professionnels. » (Site Internet nova terra) Des utilisations du Web 2.0 nous en définirons trois. WORKFLOW Définition (Français : Gestion électronique de processus) Outil décisionnel coopératif qui s'attache à optimiser et rationaliser les flux d'information et les procédures de travail. Exemple : on pourra mettre en place un circuit automatique de circulation et de validation des documents sous format électronique, nécessaires à l'activité de l'entreprise. BLOG Définition (Contraction de weblog) (Traduction officielle : bloc-notes) Carnets, journaux personnels en ligne qui permettent à un internaute de publier au jour le jour ses pérégrinations sur le Net ou de commenter l'actualité d'un sujet qui l'intéresse. WIKI Definition (Anglais :What I Know Is) Un Wiki est un site web dynamique dont tout visiteur peut modifier les pages à volonté. Il permet donc de communiquer ses idées rapidement. (…) 24 Le principe est simple : il s'agit d'un modèle coopératif de rédaction de documents. Concrètement, n'importe quel visiteur a la possibilité de modifier la page qu'il est en train de lire. Les modifications sont ensuite enregistrées et toutes les versions historiques restent accessibles (comme dans un logiciel de gestion de versions). (…) (wikipedia) Le web 2.0 représente le présent et déjà on évoque l’avenir avec le web 3.0. « Demain la tendance serait d’aller vers un Web non plus seulement d’informations, mais de connaissances. Il créera de la connaissance en nous assistant dans des tâches de recherche et de raisonnement. On parle de Web sémantique. Une connaissance c’est de l’information structurée, organisée. Cela peut aller d’un simple numéro de téléphone, jusqu’au parcours complet d’un individu ou à l’organisation d’un voyage. » (Serge Abiteboul, directeur de recherche à l’INRIA Saclay) Joël de Rosnay quant à lui va encore plus loin. Lors d’une présentation sur l’économie numérique il expliquait qu’il n’y avait pas deux mais quatre Web différents : - Internet 1.0 = Internet descendant ; - Internet 2.0 = les contenus générés par l’utilisateur ; - Internet 3.0 = Internet intuitif, sémantique ; - Internet 4.0 = web symbiotique, persuasif. Il livrait deux phrases-clé : « Demain on ne sera pas sur Internet mais dans Internet » et « Internet va devenir est vrai écosystème informationnel. » 2.1.3. Internet à l’hôpital Nous l’avons constaté, il existe plusieurs Web. Qu’en est-il à l’hôpital et notamment pour les cadres de santé ? L’assistance Publique Hôpitaux de Paris a son site « internet grand public » www.aphp.fr. Le site est destiné aussi bien aux professionnels qu’aux patients. Pour les premiers, on retrouve principalement des offres d’emploi. Pour le public, l’offre de soins y est développée. Ce site pourrait être qualifié de web 1.0. 25 Mais, l’évolution vers le web 2.0 est en cours. Notamment, avec le site de la mission aphp2014 www.aphp2014.fr, véritable site participatif et collaboratif, ouvert le 17 juin 2009. Son but est défini, par M. Benoît LECLERC, directeur général de l’AP-HP. « Espace de débat et de dialogue des personnels et usagers de l’AP-HP, ce site web participatif est accessible à tous, personnels, usagers et partenaires de l’AP-HP. Ses objectifs sont de recueillir et susciter opinions et débats, en préalable à l’adoption du plan stratégique 2010-2014. Ce site, réalisé à partir de témoignages de nombreuses personnes, a pour parti pris la liberté de ton, la franchise, et vous pouvez y aborder les sujets qui vous tiennent à cœur. » Figure 3 : site de la mission aphp2014 www.aphp2014.fr Les sujets abordés sont : l’accueil des patients, la valorisation du métier d’infirmière, le stress au travail, la reconnaissance des personnels, la recherche et le recrutement, les délais d’attente aux consultations. Enfin, ce site connaît un grand succès, puisqu’il a accueille son 300ème inscrit et compte un peu plus de 7000 visites en cinq semaines. 26 A l’hôpital, il faut d’abord le souligner, chaque cadre a accès à Internet en haut débit au moyen d’un ordinateur, souvent individuel. Deux cadres interrogés partagent un ordinateur avec un collègue. Néanmoins, chaque connexion sur un poste informatique peut se faire avec un code individuel. Pour cinq cadres sur six, Internet est associé à la recherche d’information. Les termes évoqués sont : - Recherche d’informations (deux) ; - Source documentaire (deux) ; - Pour m’informer (un). Un ne l’utilise pas d’une façon professionnelle car elle n’a pas le temps et « Internet est associé à quelque chose de ludique ». A la question « vous permet-il d’acquérir des connaissances ? » cinq cadres sur six on répondu oui. Ces connaissances sont toutes en lien avec le milieu professionnel (informations, documents, législation). Les connaissances sont donc une aide dans l’organisation du travail au quotidien. Il est à noté que les entretiens ont eu lieu avant la mise en ligne du site aphp2014 et que nous n’avons pas interrogé les cadres sur ce sujet. Enfin, tous les cadres interrogés font la différence entre Internet et intranet, expliquant que ce dernier est un réseau local. 2.2. INTRANET L'intranet est un réseau informatique utilisé à l'intérieur d'une entreprise ou de toute autre entité organisationnelle utilisant les techniques de communication d'Internet (IP, serveurs HTTP). Dans les grandes entreprises, l'intranet fait l'objet d'une gouvernance particulière en raison de sa pénétration dans l'ensemble des rouages des organisations. (…) Le concept d'intranet rejoint de plus en plus les projets de Poste de travail. Pour répondre aux besoins des utilisateurs dans leurs situations de travail professionnelles, l'intranet doit être conçu selon trois principes fondamentaux : − Toutes les ressources informatiques doivent être référencées et rendues accessibles aux ayants droit à partir d'un serveur Web ; chaque ressource doit 27 être associée à un groupe d'utilisateurs habilités d'une part et à un profil d'intérêt d'autre part − Tout utilisateur doit être identifié et authentifié dans un seul référentiel pour l'accès à l'ensemble des ressources ; dès l'authentification assurée, l'intranet doit être en mesure de propager la session de l'utilisateur pendant toute son activité sans qu'il ait besoin de s'identifier à nouveau − Des mécanismes de mises en avant (profiling) et d'alertes doivent être mises en place pour pousser l'information pertinente vers l'utilisateur et rendre ainsi plus efficace l'utilisation des ressources. Les projets intranet sont devenus au fil du temps de véritables projets de systèmes d'information et plus seulement d'outils de communication interne. (Wikipedia) 2.2.1. Intranet dans l’entreprise « PSA Peugeot Citroën c’est 65 000 collaborateurs connectés dans le monde entier, plus de 300 sites fédérés autour d'un portail personnalisable. Un groupe de co-pilotage entre la direction de la communication et la direction des systèmes d'information c’est mis en place. Ce groupe travaille autour de quatre axes : s'informer et mieux communiquer, alléger les tâches et gagner du temps, travailler ensemble, favoriser le retour d'expérience et se former. La personnalisation est un point très important car notre principal défi est que l'intranet devienne pour les collaborateurs un outil d'aide au quotidien. Le but de l'intranet est de faciliter l'accès à l'information. Le portail personnalisé est l'un des moyens d'atteindre cet objectif. La signature unique permet aussi de naviguer sur l'intranet sans avoir à s'identifier en permanence. Suivant son métier et sa fonction, l'utilisateur a accès ou non à certaines informations. (…) Un peu moins de la moitié des salariés n'y ont pas accès à l'intranet. Il s'agit principalement de personnes travaillant dans des sites de production. Nous privilégions pour ces sites la communication de proximité, c'est-à-dire principalement la communication orale entre un responsable d'unité et son équipe. Nous ne souhaitons pas mettre de l'intranet à toutes les sauces. Certains sites disposent néanmoins de bornes interactives avec des informations sur l'organisation du travail. C'est un autre mode de fonctionnement. 28 L'intranet pousse-t-il vers le zéro papier ? Nous essayons de rendre complémentaires l'utilisation du papier et celle de l'intranet. Nous menons donc une réflexion sur les cibles, les contenus appropriés et les supports utilisés. Nous cherchons aussi à éviter toute redondance. Mais je ne crois pas que les nouvelles technologies tuent un jour le papier. » (Bénédicte Alzati responsable Ecommunication chez PSA Peugeot Citroën) 2.2.2. Intranet à l’hôpital Comme beaucoup d’entreprises l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris a son propre réseau intranet. Son organisation, avec le siège et les différents groupes hospitaliers, offrent à la fois de nombreux sites, mais également une grande disparité. En effet, jusqu’à maintenant chaque hôpital était libre de conduire sa politique de développement de l’outil intranet. Certain l’ont beaucoup développé, d’autres peu, voire pas du tout. Le groupe hospitalier où ont été réalisés les entretiens, n’a véritablement développé son intranet que depuis quatre ans. Véritable outil de travail au quotidien, il permet principalement de passer des commandes, et recevoir des informations de la part de l’ensemble des directions. L’AP-HP a, depuis deux ans, commencé à moderniser les différents sites et surtout unifier leurs présentations, avec le NSI (domaine portail). A titre d’exemple, un futur groupe hospitalier de trois hôpitaux, a trois portails intranet différents. Dans quelques mois, ils auront la même chartre graphique et le même contenu, mais chacun gardera sa propre identité. Pour illustrer le développement du NSI et l’évolution vers un web 2.0 nous avons pris l’exemple du nouveau portail Intranet de l’AP-HP. (…) Le portail intranet a été développé pour offrir à l’ensemble des personnels des espaces d’information, de communication et mettre à leur disposition des outils de travail collaboratifs : Annuaire de l’ensemble des utilisateurs du SI de l’AP-HP, moteur de recherche, espaces réservés à des groupes de travail. C’est un outil qui permet, malgré les contraintes de distance et de temps, à chacun d’accéder plus facilement à l’information qui l’intéresse, de contribuer à des projets, groupes de travail (…) 29 Dès aujourd’hui on peut retrouver: - L’actualité institutionnelle ; - L’actualité de son établissement ; - L’annuaire complet du personnel de l’AP-HP en activité ; - Ses mails ; - Des espaces collaboratifs pour la gestion de vos projets professionnels ; - L’accès à l’application Mediweb pour les soignants de l’établissement. Au fur et à mesure de leur disponibilité : - Des applications de gestion et médicales ; - Les sites Intranet des autres hôpitaux ; - Des actualités métiers. Figure 4 : portail du Nouveau Système d’Information AP-HP A l’hôpital C, le portail est géré par un webmaster des services informatiques depuis 2005. Il offre des informations à l’ensemble des personnels. Avant 2005 le site existait mais n’offrait pas de véritables services. La direction des soins possède son propre site d’information depuis 2005. Géré par un cadre infirmier il propose des procédures, des avis et compte rendu de réunion, 30 un annuaire des cadres, etc. Enfin, le site va évoluer comme le portail intranet APHP. Nous avons demandé aux cadres leurs avis sur ce site. Les réponses peuvent être classées en trois parties : Un avis négatif : - « Je ne le trouve pas ergonomique, je ne trouve pas ce que je cherche » ; - « Ce n’est pas une aide, ce n’est pas assez documenté » ; - « Je ne suis allé qu’une fois, il devrait être plus riche ». Un avis positif : - « Je l’utilise c’est une aide » ; - « Il est pratique». Un manque d’habitude : - « Je n’y vais pas très souvent, ça ne me vient pas à l’idée de le consulter ». - « Je n’en ai pas l’utilisation, je n’ai pas le réflexe » ; Cela montre que les cadres ont besoin d’informations. Mais s’ils ont le réflexe Internet, ils n’ont pas celui Intranet. Cela est lié également aux outils proposés. Le site de la direction des soins n’est pas assez documenté et n’a pas de moteur de recherche. A la question de savoir si le site évolué vers plus de collaboratif, les cadres ont tous répondus oui. Un exemple leur a été proposé au cours de l’entretien (voir annexe n°3) avec un annuaire amélioré, reprenant le nom, l es coordonnées, une photo et les principales missions et compétences de la personne. Face à cette idée, ils ont tous été séduits. La perspective de mieux se connaître est revenue pour quatre cadres et pour deux, de partager le travail. Nous avons constaté que les cadres sont isolés dans leurs services, voire leurs unités. Les cadres ne se retrouvent qu’en réunions institutionnelles ou dans des groupes de travail. Depuis la nouvelle gouvernance et la mise en place des pôles les cadres ont agrandi leurs cercles professionnels. D’une unité, à un service ont est passé aux pôles. Le dimensionnement managérial des pôles peut aller de trois à vingt cadres. Enfin, il faut noter qu’il n’y a pas de collectifs cadres à l’hôpital C. Néanmoins, on peut s’interroger, est ce l’outil qui permet le 31 rapprochement ou la volonté humaine ? Une chose est certaine, dans les grands groupes hospitaliers, les TIC sont une aide, mais il faut un management efficace. 2.3. L’INFORMATION Internet et Intranet apportent des données qui permettent de s’informer et d’informer. Donnée nom féminin (de donner). « Ce qui est connu ou admis comme tel, sur lequel on peut fonder un raisonnement, qui sert de point de départ pour une recherche (surtout pluriel). Représentation conventionnelle d'une information en vue de son traitement informatique.» (Encyclopédie Larousse). Information, nom féminin. « Action d'informer quelqu'un, un groupe, de le tenir au courant des événements : La presse est un moyen d'information. Indication, renseignement, précision que l'on donne ou que l'on obtient sur quelqu'un ou quelque chose : Manquer d'informations sur les causes d'un accident. (Abréviation familière : info.) Tout événement, tout fait, tout jugement porté à la connaissance d'un public plus ou moins large, sous forme d'images, de textes, de discours, de sons. (Abréviation familière : info).» (Encyclopédie Larousse). « Faits et connaissances déduits des données. L'ordinateur manipule et génère des données. La signification déduite des données est l'information : c'est-àdire que l'information est une conséquence des données. Les deux mots ne sont pas synonyme bien qu'ils soient souvent utilisés l'un pour l'autre.» (Dictionnaire informatique). Informer, verbe transitif (ancien français enformer, du latin informare, décrire). « Faire savoir quelque chose à quelqu'un, le porter à sa connaissance, le lui apprendre. Donner à quelqu'un des informations, des renseignements au sujet de quelque chose ; renseigner. Avoir des renseignements, des informations, être au courant de quelque chose.» (Encyclopédie Larousse) S’informer verbe pronominal. 32 « Chercher, demander, prendre des renseignements, des informations : Informez-vous auprès du notaire avant d'acheter.» (Encyclopédie Larousse). 2.3.1. Dans l’entreprise Les informations sont une ressource fondamentale au sein de l’entreprise et joue un très grand rôle. « Soit en orientant les choix stratégiques adoptés par les dirigeants à un moment donné. Soit en modifiant progressivement les systèmes d’interprétation de tous les membres d’une organisation et donc à terme en influençant les décisions qu’ils prendront. Soit en enrichissant les processus de création de connaissances implicites et explicites qui constituent une ressource essentielle pour la réussite de l’entreprise. » Cela aboutit à un triple enjeu : − Etre capable d’identifier les besoins d’informations ; − De produire l’information nécessaire ; − De maîtriser les processus de circulation de l’information jugée utile à son niveau. MAIS certains parlent « de maladie de l’information » (LESCA 1995). Il dénonce les phénomènes de surcharge de l’information : − Dont certaines Infos ne sont d’aucune utilité ; − Dont certaines Infos sont imprécises, ambiguës et donneraient lieu à des interprétations différentes suivant les managers qui les utilisent ; − Dont certaines infos clefs ne seraient pas disponibles. En résumé, l’information est appelée à jouer un rôle capital dans les performances à court et moyen terme dans l’entreprise, mais sa production, sa circulation et son traitement sont loin d’être correctement maîtrisés. Les informations peuvent être classées selon leur finalité : L’information de fonctionnement, quotidien de l’organisation ; 33 indispensable au fonctionnement L’information d’influence, qui oriente les comportements des acteurs afin de les stimuler et de les coordonner ; L’information d’anticipation, au travers de laquelle les décideurs sont en mesure de voir venir à l’avance certains changements de l’environnement ; On peut identifier des flux d’informations différents : Ceux qui naissent à un point de l’entreprise pour aboutir à un autre point de celle-ci ; Ceux orientés de l’intérieur vers l’extérieur de l’entreprise ; Ceux enfin correspondant à des informations circulant de l’extérieur vers l’intérieur ; (Pierre Laurent BESCOS et Carla MENDOZA, « Manager cherche information utile désespérément »). L’information est vitale pour travailler. Elle permet de comprendre, apprendre, progresser et gagner en autonomie. « Francis PISANI, spécialiste des NT et Dominique PIOTET, qui dirige la filiale américaine de l’atelier BNP Paribas, estiment, dans « Comment le WEB change le monde » que : « Des millions d’internautes, jeunes pour la plupart, s’adonnent chaque jour à leur passion de la communication. Ceci à l’inverse de leurs parents qui préfèrent garder leur moi secret. Les « digital natives » ont tendance à diffuser une information aussitôt qu’ils la reçoivent. « Partager le savoir est le pouvoir » telle est leur devise. » Leur rapport à l’actualité n’est pas le même non plus que celui de leurs aînés. Volatiles, capricieux, exigeants et de moins en moins passifs. La simplicité de ces outils favorise l’expansion continue de la toile. Les auteurs parlent « d’alchimie des multitudes » pour désigner cet univers en perpétuel mouvement. Ils préfèrent cette expression à celle « d’intelligence collective » ou de « maoïsme digital». 34 Persuadés que la croissance économique de demain reposera sur ces outils (tel WIKIPEDIA) fondés sur une « co création » des savoirs, mais aussi des biens et des services.» (Bertrand Legendre. Communiquer dans l’alchimie des multitudes) 2.3.2. A l’hôpital Les cadres n’ont pas donné beaucoup de renseignements sur leurs rapports à l’information au quotidien. Disposant d’accès à Internet, Intranet, recevant pour la plupart des e-mails, ils reçoivent de l’information. Par les e-mails mais également par les newsletter qui sont devenues fréquentes à l’hôpital. Une newsletter, une infolettre (…) ou une cyber lettre au Canada, est un bulletin d'information envoyé de manière périodique par courrier électronique à une liste de diffusion regroupant l'ensemble des personnes qui y sont inscrites. La lettre d'information est un document pouvant aussi bien être envoyé par courrier électronique comme une newsletter qu'affichée sur un site Internet ou même sur un support papier. Il s'agit d'un document plus formel que la plupart des newsletters. (Journal officiel du 20 juin 2003). AP-HP INFO L’AP-HP diffuse sa propre newsletter : AP-HP info. les informations sont communiquées par la direction de la communication interne de l’AP-HP et l’essentiel de notre actualité adressées à tous les destinataires d’une adresse mail. Elle comporte des sujets d’actualité, de la communication institutionnelle, des liens hypertextes vers des documents. A l’hôpital C, les cadres sont également abonnés à une lettre d’information professionnelle : Hospimedia®. L’AP-HP diffuse également de l’information, aussi bien aux patients qu’aux professionnels. Depuis janvier 2009 l’institution a mis en ligne un site www.lewebzine.aphp.fr et une newsletter. M.Benoit LECLERCQ Directeur Général de l'AP-HP nous la présente : 35 « Les patients de l’AP-HP souhaitent un accès aux soins facilité par une meilleure organisation, mais ils aspirent aussi à une meilleure lisibilité et visibilité de son offre de soins. Besoin d’être mieux informés….comme en témoigne le nombre considérable de ceux qui fréquentent son site web : chaque jour, ils sont de l’ordre de 13000 visiteurs en quête d’information concernant un service ou une consultation, une pathologie ou un traitement. La santé est, en effet, devenue l’un des thèmes qui intéressent de plus en plus d’internautes recherchant des réponses médicales en navigant dans cette immense base d’information publique que constitue internet. C’est pourquoi, j’ai souhaité la création d’un magazine en ligne accessible à tous. Participer à la compréhension des enjeux, expliquer l’évolution des pathologies et des modes de prise en charge, associer le plus grand nombre d’usagers aux réflexions médicales et organisationnelles conduites, permettre une meilleure circulation dans une offre de soins particulièrement dense, faire connaître les innovations diagnostiques ou thérapeutiques en donnant la parole aux médecins, aux soignants et à tous les professionnels de l’hôpital qui concourent chaque jour à la qualité des soins, telle est la vocation du magazine en ligne. Conçu avec l’appui des représentants des usagers, il s’adresse aux internautes intéressés par l’univers de la santé et des hôpitaux. Actualisé chaque semaine, Le webzine de l’AP-HP ouvrira ses pages aux succès médicaux comme aux initiatives quotidiennes des professionnels de l’hôpital pour mieux faire connaître au public l'excellence des équipes et leur engagement quotidien auprès des malades.» Les cadres sont informés via Internet, Intranet mais ils peuvent aussi s’informer. Les mails permettent cette action en s’abonnant à des newsletter. La plupart des sites professionnels en proposent. Un autre moyen permet de recevoir de l’information, sont les flux RSS. L'usage le plus courant est de recevoir la liste des nouveaux articles publiés sur un blog ou un site d'informations, avec un résumé pour chaque article. Pour les recevoir, l'utilisateur doit s'abonner au flux à l'aide d'un agégateur ce qui lui permet de consulter rapidement les dernières mises à jour sans avoir à se rendre sur le site. 36 Cette technique à l’avantage de permettre de recevoir des informations par abonnement, sans allé consulter le site. Malheureusement pour des raisons techniques elle n’est pas disponible à l’hôpital C. Les cadres interrogés n’ont pas évoqué ces techniques. Nous l’avons constaté, les cadres sont dans l’action dans leur travail au quotidien. Il est difficile de se « poser » sans être interrompu. Cela ne facilite pas un travail de recherche d’information. Sans compter l’image encore ludique qu’offre un ordinateur à l’hôpital. Néanmoins, tous les cadres s’accordent à dire que l’information donne du pouvoir. Mais le véritable pouvoir c’est l’action qu’elle permet d’entreprendre. Les cadres se décrivent comme acteur : « plus on a d’information, plus on gagne du pouvoir.» L’information est un moyen d’avoir du pouvoir, mais cela reste sous le contrôle de l’humain. Cette phrase d’un cadre de santé le résume bien: « Chacun a le pouvoir de donner l’information, encore faut-il en avoir la volonté.» Si on analyse les réponses des cadres de l’hôpital on s’aperçoit que le pouvoir n’est pas dans le partage du savoir, comme le décrive les digital natives, mais dans le contrôle du pouvoir. Les cadres interrogés expliquent qu’ils partagent, échangent des informations avec leurs collègues. Néanmoins ces échanges sont centrés sur le service, le pôle. En dehors, les cadres n’échangent pas d’information. C’est comme s’ils reproduisaient des « mini intranet.» Cela renvoie à la notion de réseaux, propre à tous groupes humains. Une fois l’information acquise, chacun se l’approprie, ce qui permet d’acquérir de la connaissance. « Les abeilles butinent de ci de là les fleurs, mais ensuite elles font le miel, qui est tout à elles » (Montaigne). 2.4. CONNAISSANCE Après les données et l’information, nous retrouvons la ou les connaissances. Cette notion est souvent confondue ou regroupée avec le ou les savoirs pour ne faire qu’une. A l’occasion de ce travail de recherche nous les distinguerons bien. Par 37 contre, certains auteurs emploient aussi bien la connaissance que le savoir dans leurs articles. 2.4.1. Les différentes sortes de connaissances (…) Depuis de nombreux siècles, philosophes et scientifiques alimentent un débat passionné sur les origines et la nature profonde de la connaissance. Concept polysémique s’il en est, la connaissance fait l’objet de très nombreuses définitions (Blacker, 1995). Une revue de l’abondante littérature sur le sujet permet d’aborder la connaissance suivant cinq grandes dimensions (Charlot & Lancini, 2002) : - Dimension hiérarchique Dans cette approche, une distinction nette est réalisée entre les notions de donnée, d’information et de connaissance. Une donnée est un élément brut, hors de tout contexte. Une information est une donnée mise en contexte. Et une connaissance est une information comprise, c’est à dire assimilée et utilisée par un individu, qui permet d’aboutir à une action. - Dimension épistémologique Il s’agit ici de considérer la connaissance sous deux formes : explicite et tacite. Alors que la connaissance explicite est une connaissance facilement exprimable et transmissible, la connaissance tacite est fortement ancrée et indissociable des individus qui la détiennent. - Dimension d’objet Dans cette dimension, la connaissance est considérée comme un élément que l’on peut stocker et manipuler. Le concept de mémoire organisationnelle qui vise à formaliser les connaissances de l’organisation s’inscrit dans cette perspective. - Dimension processuelle La dimension processuelle se compose de deux perspectives. La première considère la connaissance comme une condition d’accès à l’information. Et la seconde comme une capacité à influencer des actions futures : Savoir pour agir. - Dimension des niveaux d’analyse et d’acteurs Il s’agit ici d’étudier la connaissance suivant différents niveaux d’analyses afin de distinguer : La connaissance individuelle, la connaissance de groupe, la 38 connaissance organisationnelle et la connaissance inter-organisationnelle. Il s’agit également d’étudier les interactions sociales entre ces niveaux pour comprendre comment les connaissances individuelles deviennent des connaissances collectives. (Gilles Balmisse. Le management des connaissances). La connaissance est souvent présentée comme l’un des éléments appartenant à une hiérarchie de concepts. (…) La donnée pourrait devenir une information ; l’information pourrait se transformer en connaissance et la connaissance pourrait atteindre le stade ultime de la sagesse. Les éléments traditionnellement présents dans cette hiérarchie sont les données, les informations et les connaissances. La sagesse est parfois située tout en haut de la pyramide, étant considérée comme le stade ultime de l’évolution cognitive. Figure 5 : la pyramide des connaissances - Les données sont constituées par les faits, les observations, les éléments bruts. Les données en elles-mêmes ont peu de signification si elles ne sont pas traitées. Elles se situent donc tout en bas de la hiérarchie. 39 - Situées au niveau intermédiaire de la pyramide, les informations consistent en données interprétées, porteuses de sens. Elles répondent aux questions du type : Qui ? Quoi ? Quand ? Où ? - Les connaissances appartiennent aux niveaux supérieurs de la pyramide. Elles répondent aux questions du type : pourquoi ? Comment ? En général, nous percevons, intuitivement, que la connaissance est différente des concepts précédents. Par exemple, la connaissance est « possédée » par un individu, ce qui n’est le cas ni pour l’information ni pour les données. La connaissance est internalisée par la personne qui la « formate » en fonction de son expérience, de son vécu et de ses perceptions du moment. En ce sens, la connaissance est éminemment personnelle et subjective. Même s’il existe une connaissance collective, celle-ci n’est jamais que la somme des connaissances individuelles. Elle peut être matérialisée dans des produits (technologie) et dans des supports multimédias (livres, films, etc.). (Site « GESTION DES CONNAISSANCES »). Suivant ce modèle, nous avons demandé aux cadres de classer ces notions, dans une pyramide (annexe n°4) de la moins importante à la plus importante. 1) Données ; 2) Information ; 3) Savoir ; 4) Connaissance ; 5) Compétence. Les réponses des six cadres de santé interrogés ont été les suivantes : Age 30 / 40 ans 30 / 40 ans 40 / 50 ans 40 / 50 ans + 50 ans + 50 ans Rang 1 information données données données information information Rang 2 données information information information données données Rang 3 savoir connaissance savoir savoir savoir savoir Rang 4 connaissance savoir Rang 5 compétence compétence connaissance connaissance connaissance connaissance compétence 40 compétence compétence compétence Il est à noter, si l’on considère qu’un savoir est une connaissance en action, que cinq cadres ont noté le contraire. Si l’on compare les réponses dans chaque tranche d’âge : - Les réponses des deux cadres de la tranche d’âge 30 / 40 ans sont inversées ; - Les réponses des deux cadres de la tranche d’âge 40 / 50 ans sont les mêmes mais ils ont inversé savoir et connaissance ; - Les réponses des deux cadres de la tranche d’âge + de 50 ans sont les mêmes mais ils ont inversé information et donnée. Le classement des réponses par rang est le suivant : DONNEES INFORMATION SAVOIR CONNAISSANCE COMPETENCE Rang 1 3 fois 3 fois 0 fois 0 fois 0 fois Rang 2 3 fois 3 fois 0 fois 0 fois 0 fois Rang 3 0 fois 0 5 fois 1 fois 0 fois Rang 4 0 fois 0 fois 1 fois 5 fois 0 fois Rang 5 0 fois 0 fois 0 fois 0 fois 6 fois Cela nous montre la difficulté d’interprétation entre une donnée et une information. Mais aussi entre une connaissance et un savoir. Par contre, la compétence pour tous les cadres reste le stade ultime. La psychologie cognitive distingue généralement entre deux types de connaissances : − La connaissance explicite ou savoir est une connaissance codifiée, qui est transmise dans un langage formel et structuré : le règlement du code de la route est un exemple de connaissance explicite ; la connaissance explicite correspond à l’acception du terme « savoir » dans la langue française ; − La connaissance tacite ou savoir faire est une connaissance personnelle, « qui réside dans la tête de l’individu » et qui ne peut pas toujours être articulée sous forme codée ; elle est implicite et fait appel à l’expérience et au savoir- 41 faire de la personne qui la possède ; non tangible, elle peut être difficile, voire impossible, à expliciter dans une forme exploitable par d’autres personnes. En fait, les savoirs implicites, contextuels, dictent une bonne partie de notre comportement. Les savoirs tacites ont également ceci de particulier qu’à partir d’un certain niveau d’expertise, l’individu lui-même n’est plus conscient de l’étendue de ses savoirs : il les met en pratique de façon automatique et intuitive, presque instinctive. Autrement, dit, comme l’explique Michael Polanyi, « nous connaissons plus que ce que nous pouvons exprimer » [POLANYI M., The Tacit Dimension, London, 1966, p.4] et la connaissance explicitée en mots et en chiffres ne reflète qu’une infime partie de nos savoirs. Dans la réalité quotidienne, la connaissance n’est pas statique mais dynamique. Elle passe en permanence d’un état de « connaissance tacite » à celui de « connaissance explicite » et vice-versa. (Site « GESTION DES CONNAISSANCES »). Gilles Balmisse directeur associé de knowledgeconsult, décrit les connaissances comme le fruit d’un cycle données – informations – connaissances. Figure 6: cycle données – informations - connaissances 42 2.4.2. Le management des connaissances Il existe de très nombreuses définitions relatives à la gestion des connaissances. La définition ci-dessous reflète, partiellement, toute la richesse de ce domaine car la gestion des connaissances se pratique plus qu’elle ne se définit. « La gestion des connaissances est l’ensemble des processus mis en place par une organisation afin de créer, capturer, gérer, partager et appliquer ses connaissances en vue d’atteindre ses objectifs stratégiques. (…) Au niveau d’une organisation, la démarche consisterait, en effet, à mettre en place les comportements, les processus et les technologies permettant : − De connaître individuellement ce que l’organisation connaît collectivement et de pouvoir l’appliquer ; − De connaître collectivement ce que chaque employé connaît individuellement et de le rendre applicable ; − De savoir reconnaître ce que l’organisation ne sait pas et de pouvoir l’apprendre. » (Site « GESTION DES CONNAISSANCES »). Ikujiro Nonaka et Hirotaka Takeuchi ont décrit le processus de création des connaissances comme un phénomène en spirale se déroulant en quatre phases [I. Nonaka, H.Takeuchi, The Knowledge-Creating Company, Oxford University Press, 1995]: Figure 7: la création de connaissances selon Nonaka et Takeuchi - La socialisation permet à un individu d’acquérir des connaissances tacites en étant en contact direct avec d’autres personnes ; 43 − L’externalisation est l’articulation des connaissances tacites en connaissances explicites : les personnes formalisent les connaissances en exploitant des métaphores, en développant des histoires, en concevant des modèles, en ayant recours à des analogies ; dès que la connaissance est explicitée, elle peut être modélisée et partagée sous une forme tangible ; − La combinaison implique l’ordonnancement des connaissances explicites ; Les moyens utilisés sont les langages de représentation des connaissances, la structuration des bases de données, etc. ; − L’internalisation est le processus qui permet de transformer la connaissance explicite en connaissance tacite, par exemple en menant sa propre expérience (en anglais ‘Learning by doing’). (Gestion des connaissances) Dans les entreprises, ce concept se développe. Pour favoriser le partage des innovations entre ses équipes dans le monde entier, le groupe Danone teste le concept de « vente d'idées » à la criée. Fin mars, lors de leur convention annuelle mondiale, les responsables de l'innovation chez Danone seront invités à ranger leur stylo pour faire leur... marché ! Pendant trois heures, une vingtaine d'entre eux, les « givers », vont devoir faire assaut de verve pour vendre les bonnes pratiques développées dans leur filiale. Les deux cents autres participants, les « takers », arpenteront les stands en quête d'idées à acheter au moyen de chèques factices. Baptisé « Market Place », le concept semble porter ses fruits. Testée en septembre 2003 auprès des responsables de l'approvisionnement, cette « vente d'idées » à la criée s'est depuis étendue à toutes les conventions métiers du groupe. Conviviale, l'initiative n'en est pas moins stratégique, précise Benedickt Benenati, responsable du projet au sein de la direction des ressources humaines. « Danone est cinq fois plus petit que ses concurrents (comme Nestlé ou Kraft). Nous devons être plus rapides qu'eux dans l'échange d'informations, en contournant les longs circuits hiérarchiques.» En pratique, les talons des chèques utilisés permettent de suivre les idées achetées et d'accompagner leur implantation locale. 44 Ce modèle serait-il envisageable à l’hôpital. Nous n’en sommes pas encore à ce stade. Les échanges se font de façon informelle au cours de réunion ou groupe de travail. Mais rien n’est instaurer institutionnellement. Par contre, concernant le partage des connaissances professionnels l’hôpital C met en place, avec la direction qualité, une gestion documentaire informatisé avec le logiciel BlueMedi© (BlueKanGo©). Ce logiciel sera mis en place à l’automne prochain. Véritable base documentaire, il permet la gestion de toutes les procédures de soins et autres. Celles-ci sont centralisées et accessibles par tous les utilisateurs. C’est un outil de coordination, de standardisation, de sécurisation, de communication des documents professionnels et institutionnels. Accessible 24H/24 365 jours/an c’est un outil commun permettant le partage des connaissances et des pratiques. Les cadres de santé interrogés adhérent tous à ce projet, en y voyant une solution pratique de partage. Figure 8 : copie d’écran du logiciel BlueMedi© (BlueKanGo©) 45 2.5. SAVOIR ET COMPÉTENCE 2.5.1. Les différentes sortes de savoirs « En français, le terme de savoir a un sens qui ne coïncide pas exactement avec celui de connaissances alors que par exemple l'anglais utilise « knowledge » dans tous les cas. (…) La psychologie cognitive distingue les savoirs des connaissances. Les savoirs sont des données, des concepts, des procédures ou des méthodes qui existent hors de tout sujet connaissant et qui sont généralement codifiés dans des ouvrages de référence, manuels, cahiers de procédures, encyclopédies, dictionnaires. » (Wikipedia) Savoir verbe transitif (latin populaire *sapere, avoir du discernement). « Avoir appris quelque chose, et pouvoir le dire, le connaître, le répéter. Être au courant de quelque chose, le tenir ou le donner comme vrai, réel. Avoir une connaissance étendue d'une matière qui peut s'enseigner, se transmettre. Avoir la capacité, après étude et apprentissage, de pratiquer, d'exercer une activité. Avoir des connaissances étendues, approfondies, avoir une grande expérience. » (Dictionnaire Larousse) Il est possible, en élargissant la réflexion notamment de DE KETELE (1986), de distinguer trois types d’activités du savoir. − Les savoir-reproduire consistent à pouvoir redire ou refaire un message, un geste, un acte appris ou donné, sans y apporter de transformation significative. La situation dans laquelle s’exerce l’activité est semblable à celle dans laquelle s’est réalisé l’apprentissage. − Les savoir-faire nécessitent par contre un travail de transformation d’un message, d’un geste, d’un acte donné ou non donné. La situation dans laquelle ils s’exercent n’est pas structurellement semblable à la situation qui a servi à leur apprentissage. − Les savoir-être manifestent quant à eux la façon d’appréhender sa propre personne, les autres, les situations et la vie en général, dans sa manière de réagir et d’agir. C’est la façon de se comporter face au changement, d’aborder 46 une situation nouvelle. Il s’agit en fait de comportements qui s’installent dans l’habituel. Pour Gérard Malglaive enseignant au CNAM, ils sont au nombre quatre : - Savoir théorique ou connaissances ; - Savoir procédural ; - Savoir de l’expérience ; - Savoir-faire. Pour illustrer le savoir faire, l’exemple de la société Harris est significatif. Cette société bretonne a relancé la production du savon noir « le Briochin », un savon noir crée en 1919 et dont la production a cessé dans les années 1950. Un dirigeant de la société expliquait : « Pour le fabriquer on a du remettre en fonction une cocotte spéciale et faire des essais multiples. Les ingrédients étaient connus mais le savoir faire avait disparu. » Il est important de définir également la capacité, qui l’état des savoirs dont dispose un individu hors de toute action. Les capacités sont en théorie, mobilisable dans une activité. 2.5.2. Connaissance et savoir pour développer des compétences Nous avons vu que la connaissance et le savoir sont liés. Ils permettent d’acquérir de la compétence. La compétence, c’est donc la mobilisation pour l’action : • des savoirs nécessaires à la compréhension de son contexte, (les connaissances), • des techniques, des méthodes, des procédures adaptées au résultat visé (les savoirs techniques) • des automatismes et des gestes nécessaires à la mise en œuvre de l’action (les savoir-faire) 47 • de l’expérience acquise nécessaire à leur régulation (les savoirs d’expérience) (François MINET) De même Guy Le Boterf propose une autre définition : « La compétence est la mobilisation ou l’activation de plusieurs avoirs, dans une situation et un contexte données. » Il distingue plusieurs types de compétences : - Savoirs théoriques (savoir comprendre, savoir interpréter) ; - Savoirs procéduraux (savoir comment procéder) ; - Savoir-faire procéduraux (savoir procéder, savoir opérer) ; - Savoir faire expérientiels (savoir y faire, savoir se conduire) ; - Savoir faire sociaux (savoir se comporter, savoir se conduire) ; savoir faire cognitifs (savoir traiter de l’information, savoir raisonner, savoir nommer ce que l’on fait, savoir apprendre). 2.5.3. Compétence « La compétence correspond à la mobilisation dans l’action d’un certain nombre de savoirs combinés de façon spécifique en fonction du cadre de perception que se construit l’auteur de la situation ». (R. Wittorski -1997) Connaissance et compétence La compétence désigne la capacité d’un individu à réaliser de façon satisfaisante une tâche déterminée. Dans le cadre professionnel, la compétence est considérée comme un ensemble d’aptitudes et de talents, de traits de personnalités et de connaissances acquises pour mener à bien les tâches assignées à un individu [C. Lévy-Leboyer, Le bilan de compétences, Editions d’Organisation, 1993]. Dans cette perspective, la connaissance est un sous-élément de la compétence, au même titre que les attitudes et les aptitudes. Les attitudes désignent les comportements que l’individu adopte en fonction des circonstances tandis que les aptitudes indiquent les talents ou encore les dispositions naturelles d’un individu. 48 Figure 9 : la compétence et les éléments qui la composent L’ensemble de ces éléments détermine la compétence ou l’incompétence d’une personne dans une activité ou une tâche spécifique. Par exemple, un manager compétent pourrait correspondre au profil suivant : il a les connaissances requises en gestion d’entreprise ; il a développé une expérience suffisante pour gérer avec efficacité les ressources dont il a la responsabilité ; il a une personnalité extravertie ; son attitude face à ses interlocuteurs est à la fois ferme et flexible et il a de réels talents de négociation en affaires. (Site Internet gestion des connaissances). La notion de compétence Parler de savoirs et de savoir-faire utilisés et produits par l’entreprise ne préjuge pas de la façon dont ces connaissances sont mises en œuvre au quotidien, dans des situations opérationnelles soumises à des contraintes techniques, économiques et psychosociologiques. De ce point de vue, on peut évoquer la notion de compétence comme la capacité des personnes à mettre en œuvre les savoirs et les savoir-faire constitutifs des connaissances de l’entreprise dans des conditions de travail données : le poste de travail, un rôle déterminé, une mission spécifique. Ainsi la compétence se réalise dans l’action : c’est un processus qui fait appel au savoir-être des personnes et à leurs attitudes éthiques (Grundstein, 1995). (Savoir en réseaux). Données, information, connaissances, savoirs, compétence, voici un schéma qui situe les concepts les uns par rapport aux autres. ( N. Vergnaud 2002) 49 Figure 10 : lien entre les notions de connaissance et compétence (Savoir en réseaux). Pour conclure cette partie nous reprendrons l’image de la cave à vins décrit par Jean-Louis ERMINE. Au préalable, il donne les définitions suivantes des notions de connaissance et de compétence : « La connaissance est la mise en œuvre de la compétence ». « La compétence est la ressource de la connaissance, la capacité de mettre en action des acquis théoriques. » « Maintenant imaginons qu’une entreprise est une grande cave à vins composée de plusieurs bouteilles, chacune d’entre elles représentant une personne de l’entreprise. L’étiquette qui se trouve sur la bouteille correspond à la compétence, tandis que la connaissance correspond au liquide qui y est contenu. Enfin, lorsque l’on parle d’expertise, on sous-entend que la bouteille a bien vieilli. Bien évidemment, toute la terminologie du vin peut être utilisée pour détailler davantage cet exemple ! On voit bien ici, à travers cet exemple, la difficulté de manipuler, de retrouver, de classer… l’information. Dans une cave à vins, on a beaucoup de bouteilles qui peuvent être classées selon différents critères (par casiers, par goûts, par année…) et il apparaît utile de cartographier les domaines de connaissance de l’entreprise et d’utiliser des outils spécifiques dédiés à la localisation d’experts. » (Savoirs en réseau) 50 PARTIE 3 51 3. LES TIC UNE AIDE POUR COMMUNIQUER ? 3.1. LA MESSAGERIE Une des innovations des TIC repose dans les nouvelles formes de messagerie et notamment les email. C’’est un anglicisme qui est formé à partir du préfixe e-, désignant electronic en anglais, et mail désignant courrier en anglais. "E-mail" désigne donc à proprement parler un courrier électronique. Désigne les messages échangés entre des utilisateurs par le moyen d'Internet, les messages sont stockés sur des serveurs avant d'être lus par les destinataires. On parle de courrier ou message électronique, d’émail, mail. Mais le vocabulaire du courrier électronique est défini au journal officiel du 20 juin 2003. Au Québec on utilise le terme « courriel », en France « mél » (comme tel pour téléphone). On distingue bien l’adresse de courrier électronique, du courriel et de la messagerie électronique. La définition du courriel étant : « document informatisé qu’un utilisateur saisit, envoie ou consulte en différé par l’intermédiaire d’un réseau. » 3.1.1. Utilisation dans l’entreprise L’e-mail est à la fois une source d’information, mais aussi de communication. « Une telle perspective nous permettra de souligner l’ambiguïté du courrier électronique, qui apparaît à la fois comme un outil d’efficacité communicationnelle (le fait de communiquer davantage et plus rapidement) et comme un ingrédient central de la surcharge informationnelle (le fait de recevoir plus d’information qu’il n’est possible de traiter sans porter préjudice à l‘activité). Nous verrons que cette ambiguïté est directement liée, non pas à des caractéristiques techniques intrinsèques de l’outil, mais à des usages précis et aux conditions de leur mise en œuvre. » (Jérôme DENIS & Houssem ASSADI) Dans ce chapitre les auteurs ont caractérisé brièvement les nombreuses manières de mobiliser l’e-mail à partir de leurs terrains pour illustrer cette plurifonctionnalité. Ils ont recensé six types d’usage qui dessinent un éventail de logiques d’action extrêmement large. 52 Les entreprises, grandes ou petites, disposent d’équipements communicationnels de plus en plus nombreux. A côté du téléphone fixe et du fax, la panoplie des technologies s’est enrichi du téléphone portable, de l’Intranet, des groupware ou de la messagerie électronique pour ne citer que les plus connues. Ces outils offrent des possibilités variées pour la communication à distance. Ils rendent possible une graduation plus ou moins fine entre usages synchrones où la communication se fait « en direct » entre les interlocuteurs et asynchrones, c’est-à-dire en temps différé. La communication par e-mail, tient une place importante dans l’ensemble de la communication en entreprise. Le caractère asynchrone du courrier électronique est, au regard de ses usagers, un atout fondamental qui permet notamment d’éviter l’aspect intrusif des communications synchrones. Enfin, la facilité de manipulation de l’outil, la rapidité avec laquelle un message peut être envoyé ou reçu, participent de l’importance qu’a pris cette forme de communication dans les entreprises. Dans un contexte d’accélération des rythmes de travail, cet argument n’est pas négligeable. La possibilité de multi adressage et la circulation de documents via l’utilisation de pièces jointes sont deux autres caractéristiques importantes du courrier électronique. Parce qu’il allège et, d’un certain point de vue, matérialise les relations (via les listes d’adresses, la possibilité de répondre en une seule fois à tous les destinataires d'un message...), il répond à une attente dans un monde du travail où, comme le montrent Boltanski & Chiapello, le réseau est devenu une figure centrale des relations. Les logiciels de messagerie électronique permettent également des sauvegardes informatiques. La circulation d’informations générales est une première dimension importante pour caractériser les usages. Celles-ci peuvent être inscrites dans le corps du texte ou contenues dans un document attaché. Elles sont généralement adressées à un nombre important de correspondants qui ne se sentent pas toujours directement concernés par leur propos. Le courrier électronique est également un support de coopération. Dans ce cas de figure, il permet de faire circuler et d’échanger sur des documents en cours d’élaboration souvent insérés en pièces jointes. (…) La coordination est une autre figure des usages de l’e-mail. Il ne s’agit plus alors pour les interlocuteurs de produire un travail commun, mais d’ajuster ou de 53 programmer leurs activités. Cet usage prend forme dans des échanges plus ou moins formels selon qu’ils concernent des situations professionnelles (réunions, groupes de travail...), para-professionnelles (déjeuners, pauses...), ou privées (loisirs, sorties...). (…). L’e-mail peut enfin être mobilisé à des fins de visibilité. Les informations qui circulent ne sont pas alors directement destinées à toutes les personnes qui le reçoivent. Parmi ces dernières, certaines, selon leurs importances dans l’organisation ou leurs positions hiérarchiques, se trouvent simplement informées de l’avancement d’un dossier ou d’un projet. (…). Ces figures de la communication électronique nous permettent de projeter six postures d’usage différentes selon deux axes, le nombre d’interlocuteurs d’une part (Messages mono- ou multidestinataires) et le degré de réciprocité des échanges d’autre part. Figure 11 : postures de la communication par e-mail Bien entendu, cette classification est partielle. La prise en compte d’autres dimensions caractérisant les e-mails échangés, telles que la distance physique entre les interlocuteurs, la nature de leur relation professionnelle, le mode d’organisation, etc, permettrait de dresser une typologie plus exhaustive. (Jérôme DENIS & Houssem ASSADI) 54 3.1.2. Utilisation par les cadres à l’hôpital Si Internet a changé les habitudes concernant l’information, le courrier électronique a changé la façon de communiquer des cadres. Ils reçoivent tous en moyenne entre dix et quinze mails par jour. Excepté pour un seul d’entre eux qui en reçoit une cinquantaine lié à ses missions transversales. Cela peut paraître peu, mais les cadres sont dans une fonction, certes qui évolue, mais qui reste toujours dite de « proximité. » Le mail n’a pas vraiment changé la façon de communiquer des cadres de santé mais a modifié les échanges, en permettant de répondre plus rapidement et en touchant un plus grand nombre. Cela permet de formaliser l’écrit et l’archivage également. Les mentalités évoluent puisque dans l’hôpital il y a sept ans, en tant que cadre, pour avoir une adresse mail, il fallait avoir l’autorisation du cadre supérieur du service. De même, les courriers étaient envoyés en version papier et distribués en interne sur l’hôpital. Les cadres ne différencient pas une information reçue par mail d’une information papier. L’avantage du mail, c’est qu’il permet de mettre en copie certains destinataires et notamment les supérieurs hiérarchiques. Le mail a également permis de diffuser plus largement les informations, sans compter l’insertion de pièces jointes. Tous les cadres ont mentionné la direction des soins comme émetteur. Les cadres ont toujours communiqué et le téléphone, l’oralité est toujours en vigueur. Le mail nécessiter de « se poser », d’écrire et de laisser une trace. Dans l’action, les cadres préfèrent le téléphone. Surtout que depuis quelques années, presque tous les cadres ont des téléphones portables professionnels. Par conséquent, le mail sera utilisé pour obtenir une réponse en différé. Il a l’avantage que l’on peut écrire à n’importe quel moment. L’origine des mails, confirme cette analyse, puisque ‘ils sont centrés sur le service, exception pour deux cadres qui ont répondu le pôle, car un cadre travaille en face à face avec son collègue dans le même bureau et l’autre travaille dans un pôle qui est le même service qu’avant. A la question « vous vivez comment avec le mail ? » les cadres ont donné les réponses suivantes concernant leurs utilisations des mails : 55 - Lus (6 cadres) - Triés/classés (5 cadres) - Archivés (4 cadres) - Imprimés (5 cadres) - Supprimés (2 cadres) - Enregistrés dans mon ordinateur (1 cadre) On le constate les cadres ne se contentent pas de lire, mais ils classent, archivent, enregistrent les mails. Cela montre l’importance qu’a pris ce moyen de communication. Pour les pièces jointes c’est plus facile en comparaison avec la télécopie ou l’envoi par courrier, si très volumineux). L’utilisation est proportionnelle également aux reformes de l’hôpital et aux changements de la fonction et du travail des cadres. Il est intéressant de noter la différence pour chacun : - « Les mails je les lis, mais répondre cela prend du temps. Donc quand c’est urgent je préfère répondre au téléphone. » - « Je lis les mails par intérêt et après importance et pas forcement le contraire. Le risque c’est d’être complètement noyé et de passer à travers le mail qu’il ne fallait pas rater. » - « Je l’ai très mal vécu, car je n’organisais pas du tout ma boite mail. » - « L’avantage c’est que tu peux envoyer une réponse tout de suite. » Enfin, deux cadres ne font pas de différence entre une information reçue par oral, par mail ou par écrit. Deux d’entre eux trouve que le mail aura tendance à officialiser ou formaliser (deux cadres de moins de 30 ans) et deux préfèrent le papier (deux cadres de moins de 50 ans) : - « Le papier écrit aura plus d’importance » ; - « L’information reçue par papier est plus officielle »). Dans les réponses des deux cadres qui ont entre trente et quarante ans, un ne fait pas de différence et l’autre oui dans le traitement de l’information. 56 3.1.3. L’avenir Plus rapide que l'e-mail, moins onéreuse que le téléphone, la messagerie instantanée s'impose comme le futur canal d'échange entre collaborateurs. (…) L'efficacité de l'e-mail n'est plus à prouver dans le monde de l'entreprise. Mais on ne peut nier aussi ses défauts : les messageries s'engorgent (notamment à cause du nombre croissant d'interlocuteurs en copie), le spam et les virus se développent, le suivi des e-mails peut devenir un redoutable consommateur de temps et, parfois, les messages urgents finissent par passer à la trappe. Face à ce constat, certaines entreprises ont recours, en complément, à un autre outil de communication : la messagerie instantanée. A mi-chemin entre l'e-mail (pour son caractère écrit) et le téléphone (pour son rythme d'échange), la messagerie instantanée répond à un nouveau besoin de communication dans l'entreprise. En permanence, les salariés peuvent se contacter, via une interface dédiée, dans une partie de "ping-pong écrit". « Le principal avantage de la formule est d'obtenir une réponse rapide de la personne contactée, estime Grégory Olivier, chef de produit MSN Messenger chez Microsoft. Les échanges consistent le plus souvent en des phrases courtes s'adressant à des personnes éloignées physiquement. » Des personnes pas si éloignées que ça dans certaines entreprises : au lieu de téléphoner ou de se déplacer, les salariés adeptes de la messagerie instantanée n'hésitent pas à communiquer via ce canal alors qu'ils ne sont séparés que de quelques mètres. D'autres entreprises vont encore plus loin dans le concept. Elles autorisent leurs collaborateurs à utiliser la messagerie instantanée avec les clients, les fournisseurs ou les partenaires. Tout dépend ici de la politique de l'entreprise, notamment en matière de sécurité informatique et d'autonomie des collaborateurs, mais aussi de la culture des salariés. « Le développement de la messagerie instantanée en entreprise passe d'abord par une utilisation personnelle, poursuit Grégory Olivier. Les 15-25 ans ont adopté cet outil. Ils vont ensuite le diffuser dans les entreprises quand ils intégreront la vie professionnelle. » 57 Le calcul n'a pas échappé aux acteurs du monde de l'informatique et de l'Internet. Aujourd'hui, Microsoft, IBM, Novell, Sun ou encore AOL adressent le marché de la messagerie instantanée en entreprise. Des solutions amenées à accueillir d'autres vecteurs de communication comme la vidéo, l'audio ou l'échange de fichiers. "C'est tout l'enjeu de la messagerie instantanée en entreprise, estime Grégory Olivier. Demain, cet outil pourra remplacer le téléphone, assurer les visioconférences et permettre le travail collaboratif." On l'a compris, la messagerie instantanée est amenée à sortir de la maison pour gagner l'univers de l'entreprise. Chaque jour, selon Radicati Group, 52 milliards de messages instantanés sont échangés dans le monde en entreprise. D'ici quatre ans, le trafic devrait flirter avec les 300 milliards de messages. Autant se préparer à la révolution. » (Site journal du net : Le Journal du Management) A l’hôpital peut-on en arriver à un tel usage ? Pour l’instant non, car « la matière première » des cades, ce sont les équipes soignantes au service des patients. Nous ne sommes pas avec du matériel, mais avec des humains. De même, la notion de productivité n’a pas les mêmes proportions à l’hôpital. Néanmoins, les problèmes rencontrés par l’usage de l’e-mail à l’hôpital sont les mêmes qu’en entreprise et devront être vite réglés. A l’hôpital, la solution ne passe pas forcement par de nouveaux outils mais peut-être davantage par des contacts pour améliorer la communication. C’est ce que nous allons étudier dans le chapitre suivant. 3.2. LA COMMUNICATION 3.2.1. Les TIC comme outil de communication La communication est le propre de l’homme. Son évolution a commencé avec le langage. Un rappel de cette évolution. « Je ne sais pas si Adam et Eve sont arrivés bébés sur la terre ou adultes, comme on nous les présente, mais je suis sûr que le premier acte qu’ils ont accompli était de communiquer. Peut-être par le regard, puis le geste, ensuite, ou en même temps, la parole. 58 Par conséquent, la communication est née avec le groupe, à partir de deux. Puis les groupes ont créé des moyens et des instruments de communication : la parole avec ses différentes modulations, la gestuelle, le langage conventionnel, le tronc d’arbre évidé, la musique avec les instruments les plus divers. Voici pour la communication intragroupe. Puis l’élément d’un groupe s’est aperçu que pour communiquer avec un élément de l’autre groupe, l’un devait apprendre le langage conventionnel de l’autre. Tant que ces systèmes ont régi les rapports entre les hommes "parlant le même langage", comme on dit, les hommes ont pu aisément communiquer puisque les moyens de communication des uns étaient accessibles aux autres. Ainsi, à travers le temps, les hommes et les peuples ont transmis des messages dont certains n’ont jamais été décodés, faute de communication. Exemples : les peintures rupestres, les mégalithes, les pyramides et, plus près de nous, le regard de La Joconde. Le message a toujours été le support de transmission de la connaissance. C’est la liaison communication savoir. Mais voilà que des groupes se sont mis à inventer de nouveaux moyens de transport à distance pour transporter des messages : la diligence et la poste, le train, puis l’utilisation de l’électricité, qui a donné naissance aux grandes vitesses de transmission des messages : la TSF, le téléphone ; puis est arrivé le courrier électronique, introduisant l’ère du numérique. Et voici le disque dur, qui toise du haut de ses mégabits les plus grandes bibliothèques, dont il peut transporter le volumineux contenu à distance avec la vitesse de la lumière. Le numérique est en train de créer un homme nouveau dans une civilisation nouvelle, la société de l’information, dans laquelle n’entre pas qui veut comme dans les premiers temps de l’humanité. Cette fois, il faut payer pour utiliser les équipements coûteux et complexes, ou rester isolé. Sous l’effet du grand décalage entre les évolutions économiques et technologiques, la société des hommes s’est mise à se diviser en deux groupes séparés par le fossé numérique, le Nord et le Sud. (…) (Abdoulaye WADE) 59 Nous le constatons la communication a comme base l’humain. Tout part de l’humain et de l’action qu’il entreprend. Apprendre la langue pour communiquer, c’est mettre en action ses connaissances et ainsi acquérir un savoir puis une compétence. La technologie n’a fait que l’améliorer en réduisant les distances. Les TIC, le numérique, sont dans la même ligne que la diligence, le téléphone à leur époque. Ils nécessitent également un apprentissage. Les progrès technologiques évoluent de plus en plus vite. La diffusion des TIC est allée très vite.. « (…) La vitesse de diffusion de ces technologies est impressionnante. À titre d’illustration, dans un récent rapport, la Banque mondiale se livrait à une comparaison de la vitesse de diffusion des principales novations techniques de l’ère industrielle. Selon cette étude, le chemin de fer a mis 126 ans pour atteindre 80 % des pays (disposant des informations statistiques permettant de suivre le progrès technique et sa diffusion à l’intérieur de leurs frontières), le téléphone 99 ans, l’électrification 78 ans, la télévision 59 ans, l’ordinateur personnel 24 ans l’usage d’internet 23 ans et le téléphone portable 16 ans ! » (BOUCHET, Hubert). 3.2.2. Utilisation dans l’entreprise « Et si, en matière de communication électronique, le meilleur était à l'intérieur ? (…) Car non seulement en matière de communication électronique le meilleur est à l'intérieur, mais le meilleur est également à venir. (…) Au fil des ans, l'intranet est un outil qui s'est largement répandu dans l'univers professionnel. Selon un sondage en ligne, près de 81 % des lecteurs du Journal du Management indiquent bénéficier aujourd'hui d'un intranet dans leur entreprise. Mais généralisation ne rime pas forcément avec satisfaction : Tandis que 48,3 % des lecteurs estiment que l'intranet a tout changé, 32,7 % jugent au contraire le résultat décevant. 60 Figure 12 : sondage un intranet dans mon entreprise Les entreprises les plus en pointe ont pris la mesure du problème : il ne suffit pas de déployer un intranet pour que la communication électronique interne se fasse. Encore faut-il proposer, dans une interface simple, les services et les contenus attendus par tous. Chez PSA Peugeot Citroën, l'équipe en charge de l'intranet a choisi de prendre le taureau par les cornes (lire l'interview de Bénédicte Alzati, responsable e-communication chez PSA). Pour satisfaire le plus grand nombre possible de salariés et susciter l'adhésion, le groupe automobile mise sur un intranet de nouvelle génération entièrement personnalisable. A chaque collaborateur d'y construire son propre univers de travail. Autre problème, celui de la diffusion. En "électronisant" sa communication interne, l'entreprise risque de laisser de côté une partie de ses salariés, ceux qui n'ont pas d'accès à un outil informatique. Une fracture qui peut devenir très vite délicate à gérer. "Pour mettre en place un intranet, il faut bien maîtriser les différentes contraintes, et notamment la non accessibilité, estime Vincent Fournout, directeur général de Textuel La Mine, agence de conseil et de production de contenus éditoriaux pour les services en ligne. Plutôt que de se lancer tête baissée, l'entreprise doit trouver des réponses. Du coup, le temps d'implantation d'un intranet est assez long, parfois un an." Pour assurer une diffusion la plus large possible de l'intranet, et en faire le cœur de leur communication interne, certaines entreprises comme Eurocopter ou Air France misent sur une solution alternative : les bornes interactives (lire l'article). Grâce à ces supports proposés en libre accès, tous les salariés peuvent disposer d'une fenêtre sur l'intranet maison. 61 Mais la nouvelle communication électronique interne ne se limite pas aux seuls intranet. Elle couvre également toute les échanges directs entre salariés. Dans ce domaine, l'e-mail devra d'ici quelques années affronter de sérieux concurrents. En premier lieu la messagerie instantanée, que beaucoup de spécialistes imaginent déjà comme la prochaine grande étape de la communication interpersonnelle (lire l'article). Autre candidat : le Wiki. Avec ces sites Web dynamiques, les salariés peuvent construire ensemble un document, qu'ils alimentent, qu'ils modifient au gré de leurs problèmes, de leurs idées. Une petite révolution dans le monde encore très discret du travail collaboratif (lire l'article). Au final, une question est sur toutes les lèvres : tous ces nouveaux outils, remplaceront-ils à terme la communication orale et le support papier ? "C'est peu probable, estime Vincent Fournout. Il est par exemple difficile de remplacer un magazine de communication interne d'une trentaine de pages avec de belles photos et que les salariés peuvent ramener chez eux. Nous allons donc plus vers une logique de complémentarité entre les différents supports, une circulation de l'information de plus en plus intense." D'un côté, le tableau d'affichage, les notes papiers et le journal d'entreprise. De l'autre, les Wikis, la messagerie instantanée et l'intranet. Deux mondes hermétiques en apparence, qui vont pourtant devoir apprendre à communiquer. (Site le journal du net). 3.2.3. A l’hôpital pour les cadres de santé Les cadres de santé utilisent principalement le téléphone comme moyen de communication au quotidien. Ils sont dans l’action et ce moyen de communication correspond à leurs usages quotidiens. Il est intéressant de noter que depuis quelques années le cadre est devenu encore plus nomade avec l’apparition des téléphones sans fil (DECT). Joignable à tout instant, il est dans l’action continue. Les cadres utilisent le fax également pour transmettre de l’écrit. Les mails sont réservés à une communication plus dans « le calme » et permet de communiquer avec plusieurs personnes et à distance. Il est intéressant de noter que pour la première fois cette année le président du conseil d’administration de l’AP-HP à adresser ses vœux aux personnels de l’AP-HP 62 par vidéo. Un mail a été envoyé à tous les utilisateurs d’une adresse e-mail avec un lien vers le site dailymotion. Signe que les équipements hospitaliers ne sont pas encore prêts pour le numérique beaucoup de personnels n’ont pas pu visionner cette vidéo. Quelques jours plus tard un mail contenant le texte était renvoyé. En effet, un grand nombre d’ordinateurs ne sont pas pourvus de cartes son ou graphique permettant de lire et entendre des vidéos. 3.3. LES TICS : UN PASSAGE DE L’ORAL A L’ÉCRIT 3.3.1. TIC et nouvelle génération Pour débuter ce chapitre, il nous a semblé intéressant et significatif de reproduire les paroles de la chanteuse DIAM’S dans sa chanson : « Ma France à moi ». « Ma France à moi elle parle en SMS, travaille par MSN, Se réconcilie en mail et se rencontre en MMS, » Ces TIC sont utilisés par les nouvelles générations. Les supports de communication pour les nouvelles générations ont changé. Les adolescents d’aujourd’hui n’ont pas connu le monde sans Internet. Ils sont ce que Marc PRENSKI (spécialistes des nouvelles technologies appliquées à l’éducation) appelle des « DIGITAL NATIVES » (70% des ados passent plus de deux heures par jour sur Internet). Digital natives concept car pour cette génération multimédia son cerveau aurait muté. A la différence de la plupart des adultes ils sont capables de suivre un film en menant trois conversations sur Internet tout en finissant un exercice de math. Autre caractéristique l’approche intuitive de l’informatique. Lorsqu’ils parlent beaucoup d’adolescent juxtapose faits et idées sans lien de causalité. Problème à l’école, les enseignants majoritairement des « DIDITAL MIGRANTS » (nés dans un univers papier) ne sont pas à l’aise dans le monde des Digital natives. Entre 1983 et 2000 le pourcentage d’élèves qui accordent de l’Internet aux contenus scolaires est passé de 33% à 21%. Il faut inventer des façons d’enseigner conservant les mêmes exigences mais faisant appel aux modes de fonctionnement développés par les Digital natives. Selon Pascal LARDELALIER enseignant à l’IUT de Bourgogne : 63 « Il nous faut travailler et faire travailler à partir de visuels. Nous avions le temps de la lecture, puis de la réflexion. Aujourd’hui on est dans le résumé. Face à eux l’enseignant se bat au nom des savoirs. » Conclusion : Face au Digital natives les enseignants ont-ils perdu la place centrale qu’ils occupaient hier ? Comme le remarque Karl FISH et Scott McLEOD deux enseignants d’une higth scool du Colorado. : « Chaque mois 2,7 milliards de recherche sont lancées sur GOOGLE. » A qui posait-on ces questions avant GOOGLE …» Résumé sur les digital native en chiffres : En moyenne ils ont 94 numéros de téléphone enregistré sur leur portable, 79 contacts sur SMS, 86 amis sur les sites communautaires. Sur 9 millions de blogueurs français, 85% sont des 15/25 ans, 34% des 12/15 ans et 23% des 16/19 ans gèrent quotidiennement leu blog 70% des ados passent plus de deux heures par jour sur Internet et un total quotidien de 4h17 devant un écran. (Maryline BAUMARO, « Apprendre avec un cerveau numérique »). Partout, dans le monde, pour les 13/24 ans qui ont accès à l’ordinateur, les liens sociaux passe par le web. En France, la messagerie instantanée (type MSN) attire 32 % des internautes (adolescent pour la plupart) et l’immense majorité des blogs personnels est tenue par des collèges et des lycéens pour qui l’usage des TIC est devenu aussi naturel que celui du téléphone ou de la télévision. Question : quels comportements auront à l’âge adulte ces enfants de la net génération ? Seront-ils plus sociaux, plus solidaires ? Leur réseau de sociabilité s’étend bien au-delà du réseau des contacts physiques. « Être fils de ou fille de … compte moins aujourd’hui qu’être en lien avec » constate Sylvie OCTOBRE (sociologue) Avec les communautés virtuelles, poursuit-elle, chacun prend conscience qu’il est un individu parmi des millions d’autres, mais aussi qu’il peut être contacté depuis le monde entier. Cela confère aux adolescents une légitimité nouvelle, qu’ils ne 64 trouvent ni en famille, ni dans le milieu scolaire. » Un « capital social » qui selon elle constituera un véritable avantage dans nos sociétés futures. A la transmission descendante, des parents aux enfants, s’est ainsi rajouté une transmission ascendante, des enfants aux parents… et une transmission horizontale entre pairs. Pour ces jeunes rompus à la toile les critères d’appartenance ne sont plus tant sociodémographiques (avoir tel âge, être de telle région ou dans telle classe) que relationnels. Se sentir unique tout en sachant qu’on n’est pas tout seul, n’est pas le rêve de tout le monde, et plus encore des adolescents ? Témoin le succès de Facebook (25 millions d’inscrits à ce jour), ce site de socialisation sur lequel lycéens et étudiants sont invités à décrire leur profil, et qui parie sur la simple envie d’échanger et de partager. Toutefois les enfants de la toile présenteront une tare majeure : à force d’être sollicités par mille chose à la fois, leur capacité de concentration se réduiront comme peau de chagrin. Qu’est ce qui sera le plus utile demain : être capable de se fixer longtemps sur une même activité ou gérer plusieurs taches en même temps ? Selon Mme OCTOBRE : « De nombreux métiers demanderont de plus en plus d’être polyactif. Le vrai enjeu concernera la hiérarchie de l’information. Pour réussir, il faudra de plus en plus avoir appris à trier, sélectionner et classer par ordre de pertinence la masse d’informations disponible sur le net. La, résideront la vraie difficulté et la vraie source d’inégalités. » Un terrain sur lequel l’éducation a un rôle majeur à jouer. » (Catherine Vincent, « Nés avec une souris à la main ») Les programmes scolaires évoluent et s’adaptent. L’éducation nationale a réagi sur ce sujet avec notamment le décret du 11 juillet 2006 relatif au socle commun de connaissances et de compétences et modifiant le code de l’éducation « Les sept compétences du socle commun. Le socle commun ne se substitue pas aux programmes de l'école primaire et du collège. Il en fonde les objectifs pour définir ce que nul n'est censé ignorer en fin de scolarité obligatoire. 65 Il s'organise en sept compétences et notamment la maîtrise des techniques usuelles de l'information et de la communication. Chacune de ces grandes compétences est conçue comme une combinaison de connaissances fondamentales, de capacités à les mettre en œuvre dans des situations variées et aussi d'attitudes indispensables tout au long de la vie. La maîtrise des techniques usuelles de l’information et de la communication La culture numérique implique l’usage sûr et critique des techniques de la société de l’information. Il s’agit de l’informatique, du multimédia et de l’Internet, qui désormais irriguent tous les domaines économiques et sociaux. Ces techniques font souvent l’objet d’un apprentissage empirique hors de l’école. Il appartient néanmoins à celle-ci de faire acquérir à chaque élève un ensemble de compétences lui permettant de les utiliser de façon réfléchie et plus efficace. Les connaissances et les capacités exigibles pour le B2i collège (Brevet informatique et Internet) correspondent au niveau requis pour le socle commun. Elles sont acquises dans le cadre d’activités relevant des différents champs disciplinaires. Connaissances : Les élèves doivent maîtriser les bases des techniques de l’information et de la communication (...). Capacités : La maîtrise des techniques de l’information et de la communication est développée en termes de capacités dans les textes réglementaires définissant le B2i : - S’approprier un environnement informatique de travail ; - Créer, produire, traiter, exploiter des données ; - S’informer, se documenter ; - Communiquer, échanger. (…) 3.3.2. Un exemple : l’université numérique L’université a compris tout l’intérêt de s‘adapter aux nouvelles générations. Dans son discours d’ouverture des assisses du numérique, Valérie Pécresse, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, déclarait le 29 mai 2008 : 66 « En effet, les jeunes qui rentrent aujourd'hui à l'université sont des «natifs du digital» ; Ils baignent dans les technologies de l'information depuis leur plus jeune âge, et apprennent beaucoup mieux avec ces technologies qu'avec une méthode traditionnelle de formation. Notre époque a l'immense privilège de vivre une révolution, dont nous commençons à peine à saisir toutes les conséquences. Partout, les habitudes changent, les réflexes les mieux établis se dissolvent devant la facilité avec laquelle nous accédons désormais à toutes les informations dont nous avons besoin à chaque instant. » Le plan de relance en faveur du développement du numérique à l’université, présenté par Valérie Pécresse le 20 juillet 2009, représente un effort exceptionnel de 16 millions d’euros. L’objectif est double : d’un part, améliorer les possibilités de connexion pour les étudiants dans les campus avec un réseau Wifi accessible gratuitement partout, d’autre part, généraliser les outils d’enregistrement de podcast2 dans les établissements d’enseignement supérieur. Le plan répond aux demandes des étudiants qui souhaitent plus de services numériques à l’université. Notamment des services pour la vie étudiante, des services pédagogiques et des facilités d’accès à Internet. Ils sont 95% à souhaiter que le Wifi gratuit soit généralisé dans l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur, et veulent avoir accès aux supports de cours, dialoguer facilement avec leurs enseignants, et pouvoir relire ou réentendre un cours sur Internet. Dans une interview sur la station de radio Europe 1, le 24 juillet dernier, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, déclarait : « Une seule loi celle de l’échange et du partage. » 2 Par podcasting, il faut entendre la fixation d’un contenu multimédia sur un fichier numérique (le podcast ou balado-diffusion) et sa diffusion grâce à internet. (…)) 67 Valérie Pécresse est également revenue sur le chantier numérique en œuvre dans les universités. 16 millions d'euros du plan de relance y seront consacrés. 10 millions seront investis dans la couverture wifi des campus et 6 millions dans le développement des équipements nécessaires à la diffusion des cours en podcast. « Il doit y avoir un grand volet innovation pédagogique. L'université doit se rapprocher beaucoup plus des étudiants et toucher un nouveau public. Je pense notamment aux salariés. Je pense à la formation tout au long de la vie", a précisé la ministre. Le numérique est une puissante innovation pédagogique. Cela permet de revoir les cours chez soi, et de se les approprier. (…). Donc 100% de couverture WIFI des universités et les cours en Podcast, qui est le polycopié du XXIe siècle ». Un exemple d’université numérique avec l’université européenne de Bretagne (UEB). Cette université est un pôle de recherche et d’enseignement supérieur crée en 2007 qui associe 21 universités, écoles, centres hospitaliers et organismes de recherche de la région Bretagne. Le rapprochement numérique de tous les sites de formation et de recherche dispersés sur le territoire breton permettra l’émergence d’un véritable campus numérique multipoints unique regroupant un potentiel de 72 000 étudiants et 6 000 enseignants-chercheurs, ingénieurs et administratifs. Le recours aux techniques et technologies numériques permet immédiatement et à terme de développer au sein de l’UEB des pratiques collaboratives de travail innovantes, pratiques collectives en temps réel ou différé de groupes de travail devenus insensibles aux distances géographiques séparant les différents laboratoires, équipes enseignantes et étudiants. Salles de visioconférence haute définition avec son spatialisé, salles de télé-présence, télé-amphis, murs d’images, outils de captation, d’archivage et d’exploitation des données numériques…seront quelques-uns des équipements qui vont être déployés. 3.3.3. TIC et cadres de santé Pour commencer ce chapitre, nous citerons le philosophe français, Bergson qui expliquait qu’il y avait deux sortes de religions : Les religions dynamiques transmise 68 par l’oralité, parce la parole évolue et les religions statiques, quand on entre dans le livre. A ce moment on écrit dans du marbre et on fixe les choses. Nous le constatons il y a deux façon de transmettre, soit par oral soit par écrit. Le grand changement qu’occasionnent les TIC c’est le passage de l’oral à l’écrit. Ecrire avec les TIC se rapproche de l’écriture sur le support papier. Pour parler, dialoguer, on utilisera la voix. Aujourd’hui on peut communiquer de façon rapide et directe par écrit avec les messageries instantanées, les forums ou les mails. Les cadres évoquent ce changement depuis le passage du temps de travail en 35 heures hebdomadaires. Jusqu’à maintenant il y avait souvent un cadre par équipe. La nouvelle gouvernance change l’organisation du travail de l’équipe d’encadrement ainsi que les transmissions. La plupart des cadres de santé sont issus de la filière infirmière. Dans cette profession l’oralité est beaucoup plus présente que l’écrit. La transmission des connaissances tacites se fait en institut de formation sur des supports écrits. Mais l’autre partie de l’apprentissage, le savoir faire explicite se transmet de façon orale sur les lieux de stage. De même, l’historique de la profession nous renseigne sur le rapport à l’écrit des cadres de santé. Il y en encore une centaine d’années les infirmières étaient des religieuses qui travaillaient sous l’autorité des médecins. Ces derniers, instruits, représentaient la connaissance et le savoir. Au fur et à mesure de leurs instructions, les infirmières ont acquis, elles aussi, connaissance et savoir. Les infirmières transmettent leur savoir par oral et les médecins par écrit. Est-ce du à leur formation universitaire ? La réponse viendra dans quelques années puisque la formation infirmière va faire son entrée à l’université en 2009 et celle des cadres de santé suivra. Les para médicaux transmettront sûrement davantage leurs expériences par des écrits. Et peut-être des images avec des supports numériques. 69 CONCLUSION Les informations et les connaissances qui permettent d‘acquérir des savoirs et des compétences sont des éléments vitaux pour l’homme comme pour toutes organisations. Les technologies de l’information et de la communication, avec l’outil informatique, sont une aide pour les acquérir. Elles permettent à la fois de s’informer, d’informer et de communiquer. Nous l’avons constaté, le monde de l’entreprise s‘est approprié ces technologies. Le mode de travail a changé et celui des cadres également. Dans le milieu hospitalier, les TIC sont présentes mais peu développées. Il est difficile de comparer une entreprise et un hôpital. Ce dernier n’est pas une entreprise à proprement parlé. Jacques Attali déclarait : « L’hôpital est une entreprise, pas au sens capitaliste, mais il constitue une organisation qui remplit un objectif. » Dans les hôpitaux on produit plus de services que de biens. La « matière première » reste l’humain, en l’occurrence le patient, avec des équipes de soins à son service. Le travail des cadres de santé est centré sur le management de ces équipes. L’âge n’est pas un frein à l’utilisation des TIC. Néanmoins, l’usage que l’on en fait n’est pas le même. L’arrivée prochaine des « digital natives » dans le monde du travail modifiera encore plus les choses. Les cadres de santé n’ont pas la culture des TIC, même s’ils se sont appropriés les outils. Ils sont consommateurs et pas acteurs d’Internet. Toutefois, ils se déclarent favorables au partage de l’information et des connaissances. Et c’est bien là tout le paradoxe. Le passage à l’écrit, l’utilisation de nouvelles technologies nous renseignent sur le métier des cadres de santé et son évolution. Les TIC sont un véritable analyseur de la fonction cadre. Ces nouvelles technologies sont amenées à se développer davantage dans le milieu hospitalier. Les cadres devront suivre cette évolution plutôt que de la subir et mieux comprendre l’intérêt de ces nouvelles technologies dans leur travail quotidien. La direction des soins est l’acteur principal qui chargé d’impulser ce changement. Elle doit agir en innovateur, au sens décrit par Norbert Alter dans « l’innovation ordinaire.» Un projet de management avec le Web 2.0 pourrait être mis en place avec l’outil intranet et les mails. Ce projet va dans le 70 sens du Nouveau système d’Information souhaité par l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris, lequel nécessite également un accompagnement et une formation. Ce projet aura des répercussions profondes sur les modes d’organisation actuelle. Estce que demain les cadres de santé seront prêts à adhérer à cette innovation et la mettre en œuvre ? La mission « cadres hospitaliers »3 dont les conclusions seront bientôt rendues apportera certainement des éléments de réponses. Pour conclure, laissons à Joël DE ROSNAY la conclusion de ce que doit être la philosophie des TIC, avec cette phrase prononcée au cours du colloque du centcinquantenaire de l’AP-HP : « SI TU NE SAIS PAS, DEMANDE. SI TU SAIS, PARTAGE» 3 Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la santé et des sports, a chargé Mme Chantal de Singly, directrice de l’Institut du Management de l’EHESP, de conduire une mission sur la formation, le rôle et la valorisation des cadres hospitaliers. Les conclusions de ce rapport seront rendues en septembre 2009. 71 TABLE DES ILLUSTRATIONS Figure 1 : occurrence du sigle « NTIC » dans les dépêches AFP ...............................9 Figure 2 : évolution du web .......................................................................................23 Figure 3 : site de la mission aphp2014 www.aphp2014.fr .........................................26 Figure 4 : portail du Nouveau Système d’Information AP-HP....................................30 Figure 5 : la pyramide des connaissances ................................................................39 Figure 6: cycle données – informations - connaissances ..........................................42 Figure 7: la création de connaissances selon Nonaka et Takeuchi...........................43 Figure 8 : copie d’écran du logiciel BlueMedi© (BlueKanGo©) .................................45 Figure 9 : la compétence et les éléments qui la composent......................................49 Figure 10 : lien entre les notions de connaissance et compétence ...........................50 Figure 11 : postures de la communication par e-mail.................................................54 Figure 12 : sondage un intranet dans mon entreprise ...............................................61 72 ANNEXES 73 Annexe n°1 : grille d’entretien Rappel thème : En quoi, le développement et l’usage des TIC, par la direction des soins à l’hôpital, permettraient aux cadres de santé d’échanger des informations et de partager des savoirs professionnels ? Slide nuage de tags rappel thème 1. INFORMATIQUE - L’informatique cela vous sert à quoi ? - Pouvez-vous me donner des exemples concrets? - Depuis combien de temps utilisez-vous l’informatique ? - Pouvez vous m’expliquer comment l’informatique a changé votre façon de travailler ? - Seriez vous prêt à revenir à « zéro » informatique ? - Si vous deviez vous définir par rapport à l’informatique ? (adjectif ou surnom) Slide exemples de définitions usagers TIC 2. TIC - Quel est la différence pour vous entre TIC et informatique ? Internet : - Qu’est ce que vous en faites ? - Vous permet t-il d’acquérir des connaissances ? Lesquelles par exemple - Vous permet t-il d’échanger des informations ? « - Vous permet t-il de partager des savoirs ? » - Sous quelle forme ? Intranet : - Quelle différence feriez vous entre Internet et Intranet ? - Connaissez-vous le site de la direction des soins INFODES ? Qu’en diriez vous ? - L’utilisez-vous, est ce une aide ? - Qu’en pensez-vous ? 74 - Vous permet t-il de partager des savoirs professionnels? LESQUELS - Pensez-vous qu’il puisse devenir collaboratif? Slide YLF avec photo E-mail : - Combien recevez-vous de mails par jour en moyenne ? - Vous vivez comment avec le mail ? Comment les classez-vous ? Qu’est ce que vous lisez, ne lisez pas ? Qu’est ce que vous imprimez, jetez ? - Leurs origines si vous pouvez les définir ? (Service, pôle, direction des soins, - Faites vous une distinction entre les informations par mail, papier et orale ? 3. DONNEES / INFORMATION / CONNAISSANCE / SAVOIR ET COMPÉTENCE Slide pyramide à classer du plus simple au plus complexe - Après ces définitions, pouvez-vous m’expliquer votre rapport à l’information au quotidien ? - Quel lien, existe t-il selon vous entre information et pouvoir ? - Quels sont les enjeux pour l’hôpital de demain en ce qui concerne les connaissances et les savoirs ? - Quels sont vos pratiques professionnelles concernant l’échange d’information et le partage des connaissances ? 4. DIRECTION DES SOINS - Elle pourrait gérer quoi, par rapport à tout ce que l’on a dit ? - Par rapport à l’échange d’information et le partage des savoirs ? - Exemple du logiciel de gestion documentaire Blue Médi. Slide copie écran blue médi (logiciel de gestion documentaire EN CONCLUSION Avez-vous envie de rajouter quelque chose à ce débat ? 75 Annexe n°2 : thème de recherche présenté sous forme de nuage de tags 76 Annexe n°3 : exemple page intranet collaborative GROUPE HOSPITALIER DIRECTION DES SOINS Nom prénom CADRE DE SANTE (filière infirmière) Poste téléphonique / é-mail photos MISSIONS : cadre expert chargé des systèmes d’information (référent NSI / gestion documentaire) des outils informatiques (site intranet de la direction des soins INFODES et futur site internet / responsable du logiciel IGEQSI) de la veille documentaire 77 Annexe n°4 : pyramide de la connaissance COMPETENCE DONNEE INFORMATION CONNAISSANCE SAVOIR 78 BIBLIOGRAPHIE 79 OUVRAGES • ALTER, Norbert. « L’innovation ordinaire ». Edition PUF, 2005. pages. • AUTHIER, Michel & LEVY, Pierre. « Les arbres de connaissances ». 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Pages 24 à 36. • LE MONDE DOSSIERS & DOCUMENTS. « Internet un goût de liberté ». N°382. Janvier 2009. Page I à VIII. • SCIENCES HUMAINES : - Mensuel « Des fourmis à Internet ». N° 169. mars 2006. Pages 33 à 54 ; - Mensuel « La pensée Internet ». N° 186. octobre 2007. Pages 38 à 53 ; - Mensuel « Géographie des idées, les nouveaux pôles de savoir ». N° 189. décembre 2007. Pages 28 à 57 ; - Hors série « La communication état des savoirs ». N°16. mars, avril 1997. Pages 6 à 76 ; - Hors série « La dynamique des savoirs ». N°24. mars, avril 1999. Pages 4 à 76 ; - Hors série « La société du savoir ». N°32. mars avril mai 2001. Pages 7 à 70 ; - Hors série « Qu’est ce transmettre ». N°36. mars avril mai 2002. Pages 6 à 84 ; - Hors série « Former, se former, se transformer ». N°40. mars avril mai 2003. Pages 6 à 78 ; WEBOGRAPHIE • ASSISTANCE PUBLIQUE HOPITAUX DE PARIS, CHU d’Ile de France. 82 http://www.aphp.fr/ http://www.aphp2014.fr/debat http://www.lewebzine.aphp.fr/ • BFD, société de conseil est spécialisée dans la Conception et l'Evolution des Systèmes d'Information. BFD Management accompagne ses clients dans la réussite des projets qui font appel à la gestion des connaissances. http://www.bfdmanagement.fr/Presentation/GererConnaissances.htm • BLOG de Emilie Ogez. http://www.emilieogez.com/ • BLOG de Francis Pisani . http://pisani.blog.lemonde.fr/ • BOOKS, journal qui traite de l’actualité par les livres. http://www.booksmag.fr/ http://www.booksmag.fr/magazine/d/internet-rend-il-encore-plus-bete.html • CEFIEC, comité d’entente des formations infirmières et cadres. http://www.cefiec.fr/ http://www.cefiec.fr/cefiec/Actualite/jn/Diapo_minet.pdf • CENTRE D’ANALYSE STRATEGIQUE. Organisme qui a pour mission d’éclairer le Gouvernement dans la définition et la mise en œuvre de ses orientations stratégiques en matière économique, sociale, environnementale ou culturelle. http://www.strategie.gouv.fr/ http://www.strategie.gouv.fr/IMG/pdf/ActesSocieteNumeriqueSolidaire.pdf • COMMENT CAMARCHE.NET, commentCamarche.net est un site qui se définit comme la porte d’entrée dans l’univers du Higt-tech. 83 http://www.commentcamarche.net • CREDOC centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie. http://www.credoc.fr/ http://www.credoc.fr/pdf/4p/191.pdf • DAILYMOTION, site de partage video. http://www.dailymotion.com/fr http://www.dailymotion.com/video/x80ap2_voeux-le-guen-aphp_news • DICOFR.COM, dictionnaire de l’informatique et d’Internet.. http://www.dicofr.com/ • EUROPE 1, site de radio. http://www.europe1.fr/layout/set/popupprint/content/view/popup/234695 • GESTION DES CONNAISSANCES, site sur la démarche en gestion des connaissances. http://www.gestiondesconnaissances.be/index.php • GILLES BALMISSE.COM, site de Gilles Balmisse, Fondateur et Directeur associé de KnowledgeConsult qui accompagne les organisations dans la mise en place de leurs démarches de management des connaissances et de veille. http://www.gillesbalmisse.com/v2/spip.php?article119 • LA FING, créée en 2000 par une équipe d’entrepreneurs et d’experts, la Fing a pour objet de repérer, stimuler et valoriser l’innovation dans les services et les usages du numérique http://www.fing.org/ 84 • LE BIEF, est une société de conseil et d'intervention qui travaillent dans le champ de l'éducation, de la formation, et de la gestion de projets. http://www.bief.be/index.php?s=3&rs=12&fuid=11&uid=52 http://www.bief.be/docs/publications/savoir_oui_mais_encore_070207.pdf • LE JOURNAL DU NET, site d’actualité économique et high-tech. http://www.journaldunet.com Dossier Intranet, messagerie instantanée, Wiki... Le big-bang de la communication interne, novembre 2003. http://www.journaldunet.com/management/dossiers/031115cominterne/ http://www.journaldunet.com/management/dossiers/031115cominterne/im.shtml http://www.journaldunet.com/management/dossiers/031115cominterne/lead.shtml • LES CLEFS DU WEB 2.0. Site dont le but est de donner les clés pour que chacun puisse à son tour devenir acteur de cette communauté. http://www.pmtic.net/cles_web2/index.php • JOURNAL OFFICIEL, édition du 20 juin 2003, sur le vocabulaire du courrier électronique. http://www.dglflf.culture.gouv.fr/cogeter/20-06-03-courriel.htm • LAROUSSE, encyclopédie Larousse. http://www.larousse.fr • LES ECCHOS.FR, journal d’économie, rubrique management. http://www.lesechos.fr/management/dossiers/300221019.htm • MINISTERE DE L’EDUCATION, http://www.education.gouv.fr/ Présentation du socle commun des connaissances et des compétences. Décret du 11 juillet 2006. http://media.education.gouv.fr/file/51/3/3513.pdf 85 • MINISTERE DE LA SANTE ET DU SPORT http://www.sante-sports.gouv.fr/ Présentation de la mission « cadres hospitaliers » http://www.sante-sports.gouv.fr/actualite-presse/pressesante/communiques/lancement-mission-cadres-hospitaliers.html • MINISTRE DE LA RECHERCHE ET DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR. http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/pid20001/accueil.html Présentation de l’université numerique. http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/pid21575/l-universite-numerique.html • NOVATERRA , NovaTerra propose à ses clients de délivrer leurs messages dans les domaines du web, du print et de l’audiovisuel. http://www.novaterra.fr/spip.php?page=glossaire#W • SAVOIRS EN RESEAU, blog d’Emilie OGEZ, thématiques : les médias sociaux, la cartographie d’information, l’entreprise 2.0, etc. http://www.savoirsenreseau.com http://www.savoirsenreseau.com/2007/05/23/connaissance-competence-etexpertise-l-image-de-la-cave-a-vins-par-jean-louis-ermine/ http://www.savoirsenreseau.com/2007/05/09/connaissances-et-competencesclarification-des-concepts/ • UNIVERSITE EUROPEENNE DE BRETAGNE, L'UEB entend consolider la Bretagne comme "région de la connaissance" au sein du concert européen de la recherche et de l'enseignement supérieur. http://www.ueb.eu/ • VIE PUBLIQUE.FR, site du débat public. http://www.vie-publique.fr/ http://www.vie-publique.fr/actualite/alaune/nouvelles-technologies-persistance-dufosse-numerique.html 86 • WIKIPEDIA, encyclopédie libre. http://fr.wikipedia.org/wiki/Accueil • 01.NET, l’actualité Higt-tech et 01.NETPRO en lien avec 01informatique, le magazine des professionnels. http://www.01net.com/article/294819.html 87