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COMMENTAIRE
Services économiques TD
1 mars 2013
LES VENTES DE VÉHICULES AU CANADA DEVRAIENT
DEMEURER ROBUSTES, MAIS LEUR CROISSANCE SERA
LIMITÉE
Faits saillants
• Les ventes de véhicules au Canada ont atteint un sommet de dix ans en 2012, tout près du record
établi en 2002.
• Plusieurs facteurs sont encore en place pour garder les ventes de véhicules à de solides niveaux,
comme la demande de remplacement de véhicules, le lancement de nouveaux modèles et les prix
élevés des véhicules d’occasion.
• Toutefois, les possibilités de croissance de ces ventes seront vraisemblablement limitées. La faible
demande comprimée, la croissance anémique de l’emploi, le ralentissement du marché de l’habitation
et l’endettement élevé des consommateurs devraient restreindre la demande lors des deux prochaines
années.
• Nous prévoyons une croissance à peu près nulle des ventes au Canada en 2013 et en 2014.
L’année 2012 a été excellente pour les ventes de véhicules au Canada. Non seulement les ventes de
véhicules neufs sont revenues à leurs niveaux d’avant la récession, mais elles ont atteint un sommet de
dix ans à 1,677 million d’unités, tout près du record établi en 2002. Les ventes ont été plus fortes que
ce que la plupart des experts avaient prévu, ce qui a accru l’optimisme à l’égard du secteur. De fait, si
elles continuent sur leur lancée, elles pourraient atteindre un sommet record cette année. Toutefois, bien
que nous prévoyions que 2013 sera une autre bonne année pour les ventes de véhicules, il nous paraît
peu probable que la croissance de 5,7 % observée l’an dernier se répète. En effet, le scénario qui nous
paraît le plus probable est une modeste croissance de 1 % en 2013, suivie d’une légère baisse en 2014.
Revue de 2012
Au début de l’année, les ventes ont été stimulées par le redressement des livraisons de véhicules
japonais qui avaient été réduites en raison du séisme et du tsunami. De fait, après avoir vu leurs parts
de marché diminuer en 2011, les constructeurs automobiles Toyota et Honda sont revenus en force l’an
dernier, chacun de ceux-ci gagnant un peu plus d’un point de pourcentage du marché, en grande partie
aux dépens de GM et Ford. En conséquence, bien que Chrysler soit parvenu à conserver ses gains de l’an
dernier, la part de marché combinée des trois grands de l’automobile de Detroit est retombée sous les
45 %. Ford, Chrysler et GM sont néanmoins demeurés les constructeurs automobiles qui ont enregistré
les plus fortes ventes au Canada.
Vers la fin de l’année, le lancement de nombreux modèles de véhicules nouveaux ou redessinés pour
l’année 2013 a contribué à l’augmentation de la clientèle dans les salles d’exposition des véhicules neufs,
ce qui s’est traduit par des ventes accrues. Mais, le facteur qui a le plus soutenu les ventes a probablement
été les conditions de crédit extrêmement favorables. Non seulement les taux d’emprunt sont demeurés
très abordables, mais les prêteurs ont offert des options de financement très attrayantes, dont des prêts à
Dina Ignjatovic, économiste 416-982-2555
Services économiques TD | www.td.com/economics
TABLEAU 1
VENTES DE VÉHICULES LÉGERS PAR MARQUE AU CANADA
EN 2012
Var. sur 1 an
Part de marché
%
↑/
%
Ford
↓
0.0
16.5
0.9
Chrysler
5.5
14.5
0.0
GM
-6.6
13.5
1.8
Toyota
18.8
10.6
1.2
Hyundai
5.4
8.1
0.1
Honda
22.0
7.9
1.1
Kia
19.5
4.6
0.5
Nissan
-4.5
4.4
0.5
Sources : DesRosiers Automotive Reports, Ward's Automotive
GRAPHIQUE 1 : VENTES DE VÉHICULES
PAR PROVINCE, 2012
Î.-P-.É.
Saskatchewan
C.-B.
Alberta
Terre-Neuve
Nouv.-Écosse
Manitoba
Canada
Ontario
Québec
Var.en%sur1an
Nouv.-Brunswick
0%
5%
10 %
15 %
20 %
Source:DesRosiersAutomotiveConsultants
plus long terme. En effet, 58 % des nouveaux prêts-auto en
2012 comportaient une durée d’au moins 72 mois, comparativement à un peu moins de 40 % en 2010 et à seulement
15 % en 2007. La croissance sur quatre trimestres des prêts
des banques à charte pour l’achat de voitures s’est élevée
à 11 % au troisième trimestre de 2012 (dernières données
disponibles), ce qui est supérieur à la moyenne de 4 % observée de 2000 à 2007.
Forte accélération des ventes dans les provinces de
l’Ouest
Bien que les ventes aient augmenté dans toutes les provinces, la croissance a varié d’une province à l’autre. Elles ont
été particulièrement robustes dans les provinces de l’Ouest,
riches en ressources, la Colombie-Britannique, l’Alberta
et la Saskatchewan enregistrant chacune une croissance de
10 %. C’est toutefois l’Île-du-Prince-Édouard qui s’est classée au premier rang, avec une hausse de 15 % pour l’année.
1 mars 2013
Le Nouveau-Brunswick, le Québec et l’Ontario ont affiché
une croissance inférieure à la moyenne nationale (voir le
graphique 1). Les ventes ont atteint des sommets records en
Saskatchewan et au Manitoba en 2012, tandis qu’en Ontario
et au Québec – qui représentent ensemble plus de 60 % des
ventes totales au pays –, elles ont été inférieures d’environ 9
% et 5 % à leurs sommets de tous les temps, respectivement.
Pour la troisième année d’affilée, les ventes de véhicules
utilitaires légers (VUL) ont été plus fortes que les ventes
de voitures, les premières comptant pour près de 55 %
des ventes totales. Fait intéressant, cette préférence pour
de plus gros véhicules s’est produite pendant une période
d’augmentation tendancielle des prix de l’essence, le prix
moyen de l’essence dans les deux dernières années ayant été
plus élevé que jamais par le passé. Ce phénomène s’explique
en partie par la vigueur des ventes dans les provinces de
l’Ouest, où les VUL sont très populaires – ils représentent
plus de 70 % des ventes en Alberta et en Saskatchewan –,
ainsi que par la solide croissance de 10 % des mises en chantier de logements l’an dernier, ce qui a stimulé la demande
de camionnettes.
De plus, il semble qu’il y ait eu un déplacement de la
demande en faveur des véhicules de luxe, puisque les gros
véhicules utilitaires sport (VUS) de luxe et les VUS compacts de luxe ont enregistré les plus fortes croissances l’an
dernier, soit 34 % et 25 %, respectivement. La croissance
combinée des segments des véhicules de luxe, des gros
véhicules et des VUS a été de 10 % en 2012, soit plus que
celle de tout autre sous-segment. Étant donné que les prix
affichés des véhicules de cette catégorie sont plus élevés,
leur forte croissance est sans doute attribuable en partie aux
GRAPHIQUE 2 : DEMANDE DE REMPLACEMENT
ET DEMANDE SUPPLÉMENTAIRE DE VÉHICULES
2.0
Millionsd’unités
Demandesupplémentaire
Demandederemplacement
1.8
Prévisions
1.6
1.4
1.2
1.0
0.8
0.6
0.4
0.2
0.0
94
96
98
00
02
04
06
08
10
12
14
Sources:StatistiqueCanada,HaverAnalytics,DesRosiersAutomotiveConsultants,
ServiceséconomiquesTD.
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GRAPHIQUE 3 : DEMANDE COMPRIMÉE AU CANADA
70
Ventepar100personnesenâgedeconduire
65
60
55
Moyennehistorique
50
45
1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012
Sources:DesRosiersAutomotiveConsultants,HaverAnalytics,
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intéressantes options de financement offertes aux consommateurs. En effet, si les prêteurs sont disposés à accroître
la durée des prêts, les consommateurs peuvent acheter des
véhicules plus chers (véhicules de luxe, gros véhicules ou
les deux) en payant les mêmes mensualités que s’ils achetaient un véhicule moins cher avec un prêt de moins longue
durée. Tant que ces mesures incitatives sont en place, cette
tendance devrait se poursuivre.
Les ventes de véhicules au Canada devraient
demeurer robustes…
Les ventes de véhicules au Canada devraient demeurer
assez solides, grâce à quelques facteurs. Il existe toujours
une certaine demande de remplacement sur ce marché.
Les consommateurs canadiens conduisent les véhicules
qu’ils ont achetés à l’état neuf pendant huit ou neuf ans en
moyenne. Et la proportion des véhicules de huit ans et plus
circulant sur les routes du Canada est d’un peu plus de 50 %.
Par conséquent, la demande de remplacement sera un important facteur favorable aux ventes de véhicules, puisqu’elle
devrait représenter environ les deux tiers des ventes totales,
une proportion semblable à la moyenne historique. Le reste
des ventes sera constitué de la demande supplémentaire,
laquelle dépend de la croissance de la population (de la
population en âge de conduire, en particulier), qui devrait
diminuer dans les deux prochaines années, et du taux de
possession de véhicules, qui devrait demeurer stable. En
conséquence, la demande supplémentaire devrait soutenir
modestement les ventes de véhicules.
De plus, l’abordabilité devrait demeurer élevée. Les prix
sont encore au-dessous de leurs niveaux d’avant la récession (en termes réels) et les taux d’intérêt ne devraient pas
1 mars 2013
augmenter avant le second semestre de 2014. Compte tenu
également des plus longues durées des prêts, les consommateurs continueront de profiter des prix intéressants des
véhicules neufs au cours des 18 ou 24 prochains mois.
En outre, les nombreux modèles de véhicules nouveaux
ou redessinés pour l’année 2013, qui avaient stimulé les
ventes au second semestre de 2012, devraient également
soutenir les ventes de véhicules neufs cette année.
Enfin, bien que les véhicules d’occasion livrent habituellement une certaine concurrence aux véhicules neufs, les
prix des véhicules d’occasion devraient demeurer plutôt
élevés en raison d’une offre restreinte. Étant donné ces prix
élevés et les intéressantes options de financement offertes
pour les véhicules neufs, les consommateurs qui rechercheraient normalement un véhicule d’occasion pourraient
envisager l’achat d’un véhicule neuf.
…mais leur croissance sera limitée
Même si les ventes de véhicules devraient demeurer
assez robustes, la croissance des ventes sera limitée. Étant
donné la vigueur récente des ventes et le fait qu’elles se
situent presque à leur précédent sommet, le marché est
probablement quelque peu saturé. De fait, le volume des
ventes par rapport à la population en âge de conduire donne
à penser qu’il n’existe pas une forte demande comprimée
sur ce marché (voir le graphique 3).
De plus, les indicateurs économiques ne semblent pas
fortement favoriser la croissance des ventes au cours des
prochaines années. Le marché de l’emploi a été étonnamment vigoureux au second semestre de 2012, compte tenu
de la faible croissance économique, mais celle-ci fera
GRAPHIQUE 4 : VENTES DE VÉHICULES
LÉGERS AU CANADA
1,800
Unités(milliers)
Prévisions
1,700
1,600
1,500
1,400
1,300
1,200
1,100
1,000
2000
2002
2004
2006
2008
2010
2012
2014F
Sources:WardsAuto.com;prévisionsdesServiceséconomiquesTDen
datedejanvier2013.
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vraisemblablement ses effets au premier semestre de 2013.
On prévoit que seulement 10 000 à 15 000 emplois seront
créés chaque mois cette année, ce qui est beaucoup moins
que lors des années ayant précédé la récession. De plus,
après avoir été très robuste après la récession, le marché
des logements neufs au Canada – qui est habituellement
fortement corrélé avec les ventes de véhicules – devrait
ralentir quelque peu dans les prochaines années. Les mises
en chantier devraient diminuer de 10 à 15 % par rapport à
2012, tandis que les ventes et les prix des logements neufs
devraient être stables ou afficher une tendance descendante
d’ici 2015. Par conséquent, les ventes de véhicules commerciaux – grosses camionnettes et fourgonnettes – qui
ont atteint un sommet record en 2012, après deux années
de forte croissance, pourraient ralentir dans les deux prochaines années.
La popularité grandissante des programmes de partage
de véhicules devrait également avoir une incidence défavorable sur les ventes de véhicules. Le partage de véhicules
peut être une option intéressante pour les consommateurs
qui n’ont pas besoin d’utiliser une voiture tous les jours
ni même toutes les semaines. Bien que les promoteurs de
ces programmes doivent acheter des véhicules neufs pour
les louer, ce qui ajoute aux ventes, il pourrait en résulter
une diminution des taux de possession de véhicules, ce qui
nuirait aux ventes au total.
Le facteur le plus susceptible de limiter les ventes de
véhicules dans les prochaines années est probablement
l’endettement élevé des consommateurs canadiens. Le ratio
global de la dette au revenu se situe à un niveau record de
163 %, et les consommateurs ont lentement commencé à
tenir compte des avertissements de la Banque du Canada
et du ministère des Finances. Bien que les ventes de véhicules se soient très bien maintenues au cours des derniers
mois malgré la plus grande prudence des consommateurs,
les possibilités de croissance de ces ventes seront vraisemblablement limitées. En outre, lorsque les taux d’intérêt
commenceront à augmenter vers la fin de 2014, le financement ou la location d’un véhicule sera moins intéressant.
De même, si les prêteurs décident de réduire la durée des
prêts offerts, cela pourrait également restreindre la demande
de véhicules.
La vigueur des ventes au cours des deux dernières années est surtout attribuable aux provinces de l’Ouest, qui ont
profité de la forte expansion du secteur pétrolier. Toutefois,
comme les producteurs de pétrole au Canada reçoivent
un prix fortement réduit pour leur pétrole, l’expansion
économique dans ces provinces pourrait ne pas être aussi
forte qu’elle ne l’a été auparavant. En effet, bien que l’on
prévoie que la croissance économique dans cette région sera
supérieure à la moyenne nationale, elle devrait diminuer
dans les prochaines années. De plus, en raison de la robuste
croissance économique dans les provinces de l’Ouest, le
ratio de la dette au revenu a augmenté plus rapidement dans
cette région qu’ailleurs au pays, ce qui donne à penser que
la croissance du crédit à la consommation devrait ralentir
dans cette partie du pays. En conséquence, la croissance
des ventes dans ces provinces, qui a été impressionnante
récemment, pourrait commencer à ralentir. Les provinces
du Centre du Canada pourraient compenser une partie de
cette baisse, étant donné la croissance inférieure des ventes
de véhicules récemment enregistrée dans ces provinces,
mais les Ontariens sont fortement endettés eux aussi, ce
qui porte à croire qu’ils pourraient restreindre leurs gros
achats à court terme.
En conclusion
Dans l’ensemble, nous prévoyons que les ventes de
véhicules demeureront robustes, mais que leur croissance
sera limitée. Même si certains facteurs favoriseront les
ventes de véhicules, comme la demande de remplacement
de véhicules, les prix élevés des véhicules d’occasion et
le lancement de nouveaux modèles, de nombreux autres
facteurs restreindront la demande. La croissance anémique
de l’emploi, le ralentissement du marché de l’habitation et,
peut-être surtout, l’endettement élevé des consommateurs,
limiteront vraisemblablement la croissance des ventes de véhicules neufs dans les deux prochaines années. Nous prévoyons que les ventes de véhicules au Canada n’augmenteront
que légèrement cette année, pour atteindre 1,695 million
d’unités – soit le deuxième niveau le plus élevé de tous les
temps. En 2014, toutefois, les ventes devraient légèrement
diminuer, pour s’établir à 1,685 million d’unités.
1 mars 2013
Dina Ignjatovic
Économiste
416-982-2555
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1 mars 2013
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