Forum des solidarités d`Agen

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Forum des solidarités d`Agen
FORUM D’AGEN
Forum des solidarités d’Agen :
Bilan de la 22ème édition du Forum d’Agen
• Le Forum des Solidarités Nord-Sud d’Agen était consacré
cette année au thème "Enfants des Rues", sujet au centre
des préoccupations sociales pour le développement.
Porteurs de projets, responsables associatifs, réseaux
spécialisés, éducateurs de rue étaient réunis pour
témoigner de leurs actions à travers le monde. Parmi eux,
Brother James (Nanban), Athanase Rwamo (OPDE, Burundi)
Alphonse Tay (UNESCO), Joël Rousseau (ESPPER),
Martine Berge (REPPER), Bernard Pirot (Auteuil International)
ou encore Edwin de Boeve (Dynamo International).
Les débats ont permis des échanges d’expériences sur
la formation des éducateurs de rue, l’accompagnement
des enfants et leur insertion durable dans la société.
Des recommandations ont été formulées à cette occasion
et un véritable consensus s’est dégagé sur les moyens
à mettre en œuvre pour lutter plus efficacement contre
ce phénomène qui doit être une priorité pour les Objectifs
Du Millénaire pour le Développement.
• La projection en avant-première du film du cinéaste
Patrice Leconte "Dogora, ouvrons les yeux", magnifique ode
au Cambodge présentée par Yves Meaudre (Enfants du
Mékong) et Patrick Edel, a été un grand moment
où le Père Ceyrac et Patrice Leconte firent partager
leur émotion.
Débats et ateliers ont aussi traité de l’indépendance
de l’action humanitaire, du retour des volontaires,
des cofinancements, du montage de micro-projets. Parmi
les intervenants : Benoît Miribel (Action contre la Faim),
François Huchet (SOGAMA), Antoine Vaccaro (TBWA nonprofit), Jean-Pierre Farjon (ministère des Affaires
étrangères), Xavier Boutin (IECD), Jean Robin (FIDESCO)
Philippe Vallet (CRCC de Paris), Jean-Daniel Balme (SCD) ou
encore Joseph Zimet (AFD)…
• La soirée de clôture a été l’occasion pour l’Agence
des Micro-Projets et Anne d’Orgeval de remettre
les dotations des Solidarités Nord-Sud aux différents
lauréats en présence de Jean-Pierre Farjon et de François
d’Arthuys. Des vidéos illustrant les réalisations d’anciens
lauréats ont également été projetées, dressant une "palette
extraordinaire d’expériences vécues" selon un participant.
Jean-Pierre Girardier, président de CALAO, résumait
le sentiment général en rappelant qu’il avait été frappé par
"la qualité des intervenants et des projets présentés lors
du Forum". Cependant, sa nouvelle coordinatrice Céline
Rossini, en dresse un bilan mitigé en raison de la faible
fréquentation du public confirmant la nécessité de repenser
la vocation "grand public" du Forum.
Conclusions et recommandations
Du Forum des Solidarités Nord-Sud
La 22ème édition du Forum a fourni
un cadre approprié de concertation
et d’échange d’expériences entre
les différents intervenants sur le
terrain, venus d’horizons très divers.
Photo © Afghanistan demain
Les participants ont pu aborder tous les
points essentiels qui touchent à
la problématique des enfants de la rue
à travers les expositions dans
les stands et les différentes conférences.
Ils ont mis au grand jour les différentes
difficultés auxquelles ils sont confrontés
au quotidien ; ils ont partagé leurs
échecs et leurs succès.
Ils ont également émis des recommandations
qu’ils
souhaiteraient
voir
développées
pour
diminuer
sensiblement
le
développement
du phénomène "enfants des rues", qui
est devenu un vrai problème de société.
Les participants ont aussi constaté
que les associations qui s’occupent
des enfants de la rue sont de petites
structures, seules capables de conduire
une approche personnelle des enfants
"les yeux dans les yeux", mais qui,
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FORUM D’AGEN
Enfants des rues
supérieur des jeunes formés, confiés
à leur responsabilité. Il revient alors
aux associations de continuer à suivre
voire
accompagner
les
jeunes
"ex-enfants de la rue" dans leur
premier emploi pour éviter toute
dérive de l’employeur et toute fausse
route de ce jeune.
2. La formation des éducateurs
des rues.
Les participants au Forum d’Agen
ont constaté que la formation
des éducateurs de rue constitue
une priorité impérieuse pour réussir
véritablement l’intégration des enfants
de la rue dans la société d’une façon
durable.
Ils demandent la reconnaissance
internationale des éducateurs
de rue par la définition d’un statut,
par une sélection rigoureuse
de ces éducateurs et par une
rémunération digne, face aux
risques de leur métier.
Ils demandent l’organisation annuelle
ou bi-annuelle d’un séminaire de
formation à large échelle sous l’égide
d’institutions du genre UNICEF,
UNESCO ou Guilde Européenne du
Raid, des Responsables des Projets
et des éducateurs de rue.
Photo © Aventure
Ce séminaire viendrait définir des
stratégies globales de formation
des éducateurs de rue, il définirait
également les modalités de formation,
la recherche et l’appel des fonds
pour y parvenir.
justement du fait de leur petite taille,
n’ont pas suffisamment de moyens
pour faire face aux exigences de leurs
programmes et n’attirent pas assez
l’attention sur leurs actions.
Les participants ont formulé
les recommandations suivantes :
1. La réinsertion socio-économique des enfants de la rue.
Les participants ont constaté que la
réinsertion socio-économique des
enfants des rues reste la seule issue
digne, pertinente et prospère pour leur
assurer un avenir meilleur.
Ils demandent que des moyens
substantiels soient mobilisés pour
l’appui aux programmes mis en place
et, dans une large mesure, de donner
priorité
aux
micro-crédits
qui
soutiendraient les activités professionnelles des jeunes formés, à travers
des ONGs et des Organisations de
micro-finances.
D’autres fonds seraient déployés pour
appuyer les jeunes embauchés dans
des entreprises locales, tout en faisant
comprendre à ces dernières que cet
argent doit être géré dans l’intérêt
Ce séminaire encouragerait aussi
la constitution la plus large possible
d’un réseau mondial pour obtenir
un réel travail en synergie.
3. L’appui aux budgets de
fonctionnement des associations
Les participants au Forum d’Agen
souhaiteraient que ceux qui optent pour
le financement des investissements ou
la mise en place des infrastructures
appuient également les programmes
par des budgets de fonctionnement pour
une durée d’au moins deux ans.
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Les bailleurs de fonds privés et
les
institutions
publiques
sont
vivement encouragés à prendre
conscience de cette requête sous
peine de voir mourir les associations
devant l’incapacité de faire vivre
ou d’assumer ce qu’ils ont construit.
Mener à bien un projet pour reconstruire un enfant de la rue (foyer,
atelier, école…) ça n’est pas seulement
construire un cadre adapté mais
c’est aussi, et surtout, donner à
ce cadre une vie, une âme.
par Athanase Rwamo, OPDE (Burundi)
et Joël Rousseau, ESPPER (France)
L’accompagnement de l’enfant
Le travail auprès des enfants des rues est
un engagement à long terme, qui part du premier
contact dans la rue et doit déboucher sur l’insertion
socio-professionnelle. Il s’agit ici de s’interroger sur
la problématique éducative à travers l’accompagnement des enfants.
L’accompagnement de l’enfant, c’est d’abord l’écoute.
Il est essentiel que les enfants soient acteurs de leur vie,
qu’ils soient considérés comme des individus à part entière
et donc que les associations s’inscrivent dans une démarche
participative, et ce à tous les niveaux. Considérer l’enfant
comme acteur, c’est comprendre que l’institution ne peut
rien imposer, elle ne peut que respecter les décisions
de l’enfant (même si son choix est de ne pas quitter la rue)
et donner des indications, les solutions ne pouvant venir
que de l’environnement de l’enfant. Il est donc important
de mettre en place une stratégie ouverte, en constante
évolution, pour mieux l’adapter aux particularités,
aux besoins et à la motivation de l’enfant. Une stratégie
pour laquelle il n’y a jamais d’échec mais des erreurs
de parcours, qui obligent à prévoir des tremplins pour
rebondir. Les méthodes et les supports pédagogiques
vont donc être en constante évolution, et élaborés
de façon interactive, afin notamment de s’appuyer sur
les compétences acquises dans la rue.
Trois stratégies concernant le suivi de l’enfant peuvent être
distinguées, toutes trois étant intimement liées :
- L’approche dans la rue
- L’approche dans les centres
- L’approche via la communauté
1. L’approche participative dans la rue
Photo © Sipar
Il est important de comprendre que certains enfants ne
souhaitent pas quitter la rue et ne sont pas prêts à intégrer
un centre ou à retourner dans leur famille. Le processus
de resocialisation de l’enfant ne peut se faire que dans
la durée, et il est important de comprendre et de prendre en
compte le sentiment de liberté qu’ils éprouvent dans la rue.
C’est le choix qu’a fait le Centre Énergie à Madagascar,
qui s’appuie sur l’envie des enfants à être reconnus comme
les autres, et valorise leur créativité. Aux problèmes, ils ont
leurs solutions qu’il faut respecter. Ils savent vivre
en groupe et sont capables d’inventer leurs propres outils.
Certes, il faut être conscient qu’une majorité de ces jeunes
ne réintègrera pas sa famille et ne retournera pas à l’école,
mais ce qu’il faut avant tout c’est axer le travail sur
la motivation et la responsabilisation. Il faut mettre en
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Photo © Enfants du Mékong
Un consensus s’est dégagé autour
du fait qu’on ne peut pas construire
un Centre d’accueil ou un Centre de
formation professionnelle sans tenir
compte des salaires des éducateurs
ou du budget pour la prise en charge
des enfants concernés.
FORUM D’AGEN
avant la complémentarité des différentes structures,
la flexibilité des solutions proposées et une alternative au
système scolaire traditionnel (qui représente souvent
une situation d’échec pour l’enfant). Ainsi certains ont
réalisé leur rêve et sont devenus potiers, bâtisseurs ou
encore animateurs, et à leur tour ils aident d’autres enfants.
2. L’approche dans les centres
Certes, la réinsertion au sein de la famille est toujours
privilégiée, mais quand elle n’est pas envisageable,
les centres sont une solution alternative pour établir un
projet de vie avec les enfants. Il existe plusieurs types de
centres : les centres d’hébergement mais aussi des milieux
ouverts, où l’enfant peut venir quand il en éprouve le besoin.
Dans les centres, à la dimension "accompagnement"
s’ajoute donc celle de l’accueil. De manière générale, il ne
faut surtout pas assister l’enfant mais l’accompagner, ce qui
signifie aussi lui inculquer des devoirs et ceci est d’autant
plus vrai lorsque les jeunes doivent vivre dans un centre.
Drop in Center
FONDATION VIRALNIE
Il s’agit d’un centre d’accueil provisoire entre la rue ou
la prison et les centres d’hébergement. C’est un sas
d’entrée dans l’optique d’une resocialisation :
réunification familiale.
La réhabilitation se fait en 5 activités :
1. Jeux sportifs interactifs (mise en situation) dont
l’objectif est de redonner des valeurs de référence
(repères spatiaux/temporels).
2. Building Class (soutien scolaire), pour les préparer à
retourner à l’école (on ne joue pas sur la connaissance,
mais on lui redonne confiance en ses capacités, et on
recréé une atmosphère de classe).
Là encore, il est indispensable de les responsabiliser. Cela
passe souvent par un système d’autogestion des foyers ou
des centres (gestion de l’argent, de la nourriture,
de l’entretien…). La vie en centre est l’occasion d’échanges
de savoir, mais aussi d’échanges avec l’extérieur au
quotidien. C’est donc une étape de resocialisation et surtout
de valorisation pour les enfants, par la prise de responsabilités, comme au sein de la fondation Virlanie, où
les 16-17 ans forment le "junior staff" et accompagnent
les plus jeunes. Cette démarche s’inscrit dans la volonté de
former des citoyens actifs et responsables de leur devenir.
3. Peinture sur tee-shirt (art thérapie), dont l’objectif
est de laisser s’exprimer la créativité de l’enfant (cela
permet également d’exprimer des traumatismes), de
l’amener à se concentrer sur une tâche et d’être
revalorisé par une activité rémunératrice.
Mais cette resocialisation n’est pas toujours facile pour
les enfants qui connaissent la "liberté de la rue". Suivre
les règles de base est parfois trop contraignant. Plusieurs
solutions ont été mises en place, comme un centre
provisoire qui offre aux enfants une période transitoire
d’adaptation (voir encadré sur le Drop in Center de
la Fondation Virlanie), ou encore une approche en terme
de contrat pour redonner des règles et des valeurs (chaque
contrat étant fait avec l’enfant, au cas par cas),
c’est l’approche privilégiée par la Fondation Nanban en Inde.
5. Bibliothèque et jeux de société, afin d’attiser la
curiosité de l’enfant (de passif à actif), et de permettre
de créer une atmosphère familiale et de s’autogérer en
situation de groupe.
4. Activité piscine, totalement récréative, qui fait office
de "carotte" pour se libérer du travail de la semaine.
Elle permet également le renforcement de la cohésion
et est très positive dans le travail auprès des enfants
handicapés.
Dans certains cas, le centre est un passage obligé, comme
par exemple pour les enfants victimes d’abus sexuels,
qui nécessitent une approche plus spécifique. Au processus
d’autonomisation, de responsabilisation, de valorisation,
s’ajoute un réapprentissage de son corps qui passe
nécessairement par l’expression des traumatismes. Virlanie
a créé un centre spécifique pour les petites filles, suite
à leur demande, car au-delà d’un besoin de protection,
beaucoup d’entre elles supportent très difficilement
la présence masculine.
3. L’approche via la communauté
Photo © PSE
Il est rare que le départ du foyer soit brutal, on assiste
davantage à une alternance entre la rue et le foyer,
une acclimatation à la rue avant la décision de vivre dans
la rue. Les causes qui amènent les enfants à ce choix sont
nombreuses et parfois il s’agit davantage de frustration
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que d’une réelle révolte, non perçue par la famille.
Il est donc primordial de faire un travail préventif
de consolidation de la structure familiale.
Mais cette action au sein de l’environnement de l’enfant
doit être réalisée tout au long du travail de reconstruction
de l’enfant. En effet, la communauté immédiate doit
absolument être traitée comme un acteur, même si cela est
parfois difficile car l’association peut entrer en compétition
avec les familles trop pauvres, en offrant des conditions
aux enfants qu’elles ne peuvent pas leur donner (électricité,
nourriture, jeux…). Les associations doivent donc impliquer
la communauté, et plus particulièrement les mères,
dans les actions qu’elles mènent. La communauté
est capable de trouver des solutions et de les mettre
en œuvre, souvent il suffit pour la rendre actrice de
la sensibiliser sur différents thèmes (santé, éducation,
sexualité…). En Inde, par exemple, les enfants victimes
d’abus sexuels le sont souvent au sein de leur propre
famille. Il existe une caste particulière où c’est le droit
de la famille. Ce type de drame aboutit souvent à
une prostitution dans la rue des enfants abusés.
Les responsables de la Fondation Nanban ont abordé
ce sujet délicat avec les femmes pendant plusieurs
semaines, et ce sont les femmes qui ont décidé d’agir
en dénonçant ou en provoquant des conflits directs
avec les familles concernées. L’association s’est éclipsée,
elle n’est pas intervenue directement, elle a juste permis
à la communauté d’agir.
L’approche communautaire ne doit pas se limiter à
la communauté immédiate. L’action peut également être
à destination des professionnels, des ministères et
de la population de manière plus générale, car eux aussi
peuvent être acteurs pour lutter contre le phénomène
des enfants des rues.
D’un point de vue juridique, on se rend compte que souvent
il n’y a pas de législation spécifique pour les mineurs et,
s’il en existe, qu’elle n’est pas forcément appliquée.
Les enfants des rues sont souvent stigmatisés, et aucune
différence n’est faite entre les enfants délinquants et
des enfants victimes. Le travail auprès de la communauté
consiste ici en une formation des professionnels
de la justice, des policiers, qui ont souvent peu
de connaissance de la législation spécifique qui s’applique
aux enfants et qui, surtout, peuvent être des relais précieux
pour identifier des enfants victimes (de la prostitution ou
de la drogue). C’est l’approche que le BICE vise à développer.
À plus grande échelle, on peut également travailler
à changer le regard de la population sur ces enfants
ou même briser certains tabous pour annihiler certaines
pratiques, comme en Asie où perdure la croyance que des
rapports sexuels avec une personne vierge porte chance
dans les affaires.
Quelle que soit la solution retenue, il ne faut surtout pas
oublier que les enfants des rues peuvent être acteurs
de leur vie, si on leur en laisse le choix, et qu’il faut croire
en la force de la communauté pour résoudre les problèmes.
La formation des éducateurs de rue
Photo © Afghanistan demain
Cette séance plénière avait pour
objectif de revenir sur le rôle
de l’éducateur de rue, sur ses
compétences et sa formation.
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1. État des lieux
En premier lieu, il est important
de noter que l’éducateur de rue est
l’élément central du travail auprès
des enfants des rues.
C’est lui qui va porter un regard,
une attention quotidienne sur l’enfant
et l’accompagner dans sa vie.
C’est surtout lui qui aura le premier
contact personnel avec l’enfant.
Ce contact est décisif car il marque
le début d’une histoire qu’ils vont
construire ensemble.
Ce premier contact est d’autant plus
difficile, qu’il doit parfois se faire dans
l’urgence, les enfants étant parfois
interpellés par des personnes qui
nourrissent de mauvaises intentions.
À ce titre, on peut citer l’exemple de
l’association Ashalayam, qui travaille
dans la gare de Calcutta, où des rabatteurs vont à la rencontre de ces enfants
perdus, qui souvent arrivent de la
campagne, pour alimenter des réseaux
de prostitutions ou esclavagistes.
Il faut donc pouvoir mettre en place
un accueil de l’enfant dans les premières
heures où il arrive dans la rue.
Le rôle des éducateurs est donc
primordial : ils doivent être accessibles
tout au long du travail qui va être mis
en place avec l’enfant. Ce dernier doit
pouvoir, à tout moment, prendre
contact avec son éducateur.
On pourrait logiquement penser que
ce rôle est confié à des spécialistes
mais les différentes interventions
montrent que ce n’est pas toujours,
voire rarement le cas. En effet, il s’agit
d’éducateurs ou d’animateurs peu
formés, ayant des parcours d’expériences différents, souvent des anciens
enfants des rues. L’exemple du Centre
Énergie à Madagascar est à ce titre
très parlant. Des jeunes, remis debout
par une méthode adaptée, se sont pris
en main et ont souhaité, à leur tour,
intervenir auprès d’autres jeunes.
Le Centre a donc mis en place
une formation et inventé un nouveau
et devra même être un communicant,
pour sensibiliser l’opinion publique
dans l’objectif de mobiliser des
fonds notamment.
Les éducateurs ne sont donc pas
forcément, au début, des spécialistes.
Certes, l’essentiel réside dans l’adaptation vis-à-vis de l’enfant. L’éducateur
doit avant tout avoir des qualités de
cœur et d’engagement, mais les débats
ont montré la nécessité de former ces
acteurs. Quand il s’agit d’accompagner
l’enfant, il faut qu’en parallèle d’un
engagement, d’un militantisme et
de l’amour, indispensables, se pose
la question du professionnalisme et de
la capitalisation.
Une formation théorique parallèle
est donc nécessaire, surtout dans
le cas où l’éducateur est confronté à
une pathologie. Cette formation
est d’autant plus nécessaire que
"l’approche rue" présente des limites.
Il ne faut pas écarter le fait
que l’éducateur se retrouve parfois
dans des situations très difficiles
d’un point de vue psychologique et
sécuritaire. Certains éducateurs ressentent un malaise et parfois même
craquent parce qu’ils ne croient plus
eux-mêmes dans le changement
de l’enfant. Au Brésil, par exemple,
certains éducateurs se sont trouvés
confrontés à des menaces de mort
de la part des enfants, ou encore
à Calcutta, des éducateurs ne savaient
plus comment réagir face à des
centaines d’enfants. Dans ces cas, il
est nécessaire de donner des solutions
aux éducateurs de rues, les soutenir
pour qu’ils conservent cette force et ce
volontariat indispensables, pour qu’ils
puissent continuer à travailler dans
un contexte difficile tout en gardant
un rapport de qualité avec l’enfant.
Les méthodes mises en place sont
souvent la résultante de la pratique.
C’est parce qu’ils ont été confrontés au
manque de réponses et d’alternatives
que les éducateurs ont dû se remettre
en cause et trouver des réponses,
en fonction de la réalité. Les
éducateurs doivent alors adopter
au quotidien une stratégie aménagée
et ensuite conceptualiser avec une
approche plus systémique.
Le rôle de l’éducateur, confronté à des
situations très différentes, est donc
complexe et il doit être compétent
dans différents domaines. Il devra être
à la fois psychologue, sociologue,
il devra connaître la législation sociale
du pays, la Constitution nationale
Photo © PSE
3. Quelle serait la formation
adaptée ? La réalité ? L’idéal ?
Les former pourquoi ?
L’erreur à ne pas commettre serait
de plaquer au Sud une formation du
Nord, peu adaptée aux problématiques
du Sud et plus particulièrement à celle
des enfants des rues. La formation
est souvent établie par rapport aux
questionnements des associations
et des jeunes. Il s’agit donc d’une
formation par concertation, avec
des personnes pas forcément expérimentées. Certains psychologues ou
éducateurs sociaux se sont formés
avec des gens qui travaillaient dans
la rue depuis des années. Il s’agit donc
de confronter une réalité vécue à
la théorisation.
Des définitions ont pu être données sur
la base de l’expérience, mais les
échanges et la capitalisation sont
nécessaires. Les associations doivent
donc avoir une approche en terme
de capitalisation, afin de valoriser
les richesses, reprendre des idées
intéressantes. La stratégie recom-
Photo © Point-Cœur
Dans le travail de l’éducateur,
l’abordage est le plus important.
Il va devoir favoriser un rapport de
confiance, pour permettre l’instauration d’un système éducatif dans un
contexte de rejet. Dans ce processus,
il est primordial de comprendre la rue
et son évolution. Les associations
ne sont pas le bon "concurrent" de la
rue. Les enfants ont créé leurs propres
repères dans la rue, ils y ont acquis
des valeurs et l’éducateur va devoir
apporter des réponses dans un cadre
de projet de vie, en tenant compte de
ce que leur apporte la rue. L’éducateur
est donc un ingénieur socio-urbain,
à la fois un gestionnaire de rue, un
gestionnaire de situations de groupe
et de sa position dans une dynamique
générale.
Photo © Enfants du Mékong
2.
Quelles
compétences
doivent-ils avoir ? Quels besoins
en terme de formation ?
Photo © Noor
métier, celui d’éducateur de rue. Cette
méthode est maintenant reconnue,
et d’autres associations sont venues
s’y former.
Photo © Dynamo International
FORUM D’AGEN
AVENTURE
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FORUM D’AGEN
mandée est donc un questionnement
global avec l’ensemble des acteurs
locaux et internationaux. Au niveau
local, le travail en réseau va permettre
de
mobiliser
un
maximum
de
personnes et trouver des solutions.
En Inde, cette approche a permis de
mettre en place la "Childline", numéro
d’appel gratuit mis à disposition
des enfants en détresse 24h/24 ; elle
a commencé à Bombay en 1996, puis
a été reprise dans d’autres régions.
À Madagascar, au centre Énergie,
des
policiers
et
des
gardiens
pénitenciers viennent se former.
Ces initiatives ont permis également
de faire évoluer le regard des policiers
sur ces enfants. Au niveau international, l’idée serait une réflexion
collective pour la mise en place
d’une formation de base universelle
avec des modules opérationnels
adaptés aux contextes. Plusieurs
expériences dans ce sens sont déjà en
cours, des échanges entre éducateurs
de rues issus de différents pays sont
organisés, afin de leur permettre
d’analyser leurs réussites et leurs
échecs, de prendre du recul. À Rufisque,
une première tentative de travail de
réseau a été faite pour la formation
des éducateurs de rues. Parallèlement
le travail de réseau est absolument
nécessaire pour le lobbying, toutes les
associations sont les témoins privilégiés
pour interpeller les pouvoirs publics.
L’insertion professionnelle
L’insertion économique est une
gageure. Trouver un emploi pour
les jeunes est déjà en général
difficile, ça l’est encore plus pour
les enfants des rues, qui éprouvent
une réelle difficulté à s’adapter
au monde du travail (notamment du
fait de la contrainte des horaires).
Travailler auprès des enfants des
rues pour leur insertion nécessite
de prendre du recul par rapport
à cette thématique. En effet,
l’insertion sous-entend que l’enfant
s’adapte aux structures. Il est
donc préférable de parler d’intégration sociale, au sens large,
car cette notion laisse envisager
une adaptation réciproque.
Il faut parallèlement à l’intégration
au sein des structures, l’adaptation
des structures aux nouvelles
configurations. Le problème est
que dans tous les pays, les lieux
d’expression
font
défaut,
et
la parole est indispensable.
1. La question
du choix
Lorsque
l’on
parle
de
suivi
et d’accompagnement de l’enfant,
un certain consensus se dégage :
travail dans la rue, recherche de
réinsertion familiale, prise en charge
dans des unités d’accueil avec
implication participative. Comme cela
a été noté à plusieurs reprises,
l’insertion commence le plus souvent
par la réinsertion familiale. Il est
primordial de s’appuyer sur les compétences de l’enfant et de la famille. Tout
commence alors par une évaluation,
puis l’accompagnement familial peut
être mis en place (administratif et légal,
conseil familial, assistance économique avec
notamment le micro-crédit) et vient enfin,
dans les cas les plus favorables,
la "formation professionnelle".
Avec l’insertion professionnelle se pose
la question du placement de l’enfant et
La difficulté des situations auxquelles
sont confrontés les éducateurs nécessite absolument une formation.
Parallèlement, il est indispensable que
cette formation soit reconnue au niveau
local, mais aussi au niveau international,
pour éviter la précarité. Le rôle
des
éducateurs
est
primordial,
et il est nécessaire que ceux-ci
soient rémunérés à hauteur de leurs
compétences. Malheureusement, cet
aspect fait rarement l’objet d’une
priorité au niveau des financements.
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AVENTURE
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Photo © Ashalayam
Le travail de réseau permet également
de faire reconnaître le travail des éducateurs de rue. À Madagascar, la
formation du Centre Énergie est validée
par un diplôme reconnu par le ministère
de la population et l’association a pour
objectif de mettre en place une
formation d’éducateur spécialisé, reconnue dans toute la région de l’Océan
Indien.
FORUM D’AGEN
2. Modalités d’actions
Les formations
Pour donner une formation qualifiante
à des jeunes défavorisés, il est indispensable de prendre en compte ses
compétences et son environnement.
L’idée est de lui donner une formation
suffisante pour qu’il puisse gagner sa
vie honorablement. Cette formation
ne doit pas être trop longue car pour
ces enfants souvent la formation
représente un manque à gagner. Il ne
faut pas oublier que parfois la rue peut
amener aux enfants un revenu relativement important. Il est donc important
de valoriser le jeune et de travailler
sur l’importance d’avoir un métier.
De plus, former ces jeunes ce n’est
pas uniquement leur apporter une
compétence technique mais c’est aussi
leur apporter certaines valeurs.
L’apprentissage technique vient donc
compléter la restructuration de l’enfant.
La formation doit permettre une mise
en application des compétences
acquises par l’apprentissage. À la
différence du système occidental, dans
la grande majorité des cas, il n’y a pas
de secteur formel. Les solutions
doivent alors être recherchées au sein
du secteur informel.
Souvent le jeune est mis en apprentissage chez un artisan, mais
ce système efficace au Nord n’est pas
transposable au Sud. Les artisans
locaux n’ont pas forcément de
pédagogie adaptée et surtout l’enfant
est souvent corvéable à merci.
Certaines associations, ne pouvant
pas compter sur l’apprentissage, ont
trouvé une alternative par la création
de leurs propres ateliers. Pour
pérenniser un programme il faut miser
par la formation de formateurs.
Toutefois il est important de s’inscrire
dans une logique de travail en réseau.
Une seule association ne peut pas tout
faire. Même si la formation professionnelle s’intègre dans une logique plus
large d’insertion, le travail social et
le suivi de l’apprenti ne peut être
assuré seulement par un formateur.
Il est essentiel de s’associer à d’autres
associations, d’autres centres mais
aussi avec les entreprises. Des
partenariats étroits avec le milieu
professionnel
est
indispensable.
Ce milieu doit être tenu au courant de
ce qui est fait et être associé à la mise
en place de la formation. Il est
important de faire reconnaître la
qualité des formations. Jean-Pierre
Vaganay, qui a mis en place des
centres de formations aux métiers du
bâtiment au Cambodge, est confronté
à un autre problème. Les formations
sont
tellement
reconnues
(sur
les dernières promotions, 100%
d’intégration contre seulement 30%
pour la première promotion) que
les jeunes sont débauchés et quittent
la formation avant de l’avoir achevée.
Ici encore, une concertation permanente entre le centre de formation et le
milieu professionnel est indispensable.
Photo © Partenaires
donc celle de son choix. Ces enfants
n’ont pas suivi le cursus traditionnel,
souvent par manque d’intérêt ou parce
qu’ils ont mal été orientés. Il faut donc
comprendre comment l’enfant a évolué,
cerner son profil et ses compétences
pour éviter de tomber dans le piège
de lui donner des compétences
inadaptées. Il est donc nécessaire
de partir des compétences initiales et de
les transposer dans une activité positive.
Mais il est important de prendre
également en considération l’environnement de l’enfant.
Quels métiers ?
La question des débouchés professionnels doit être centrale lorsque l’on
parle d’insertion durable de l’enfant.
On peut regretter qu’il n’y ait pas assez
de réflexion autour de cette question.
L’étude de marché doit donc être
la première étape pour un projet
de formation professionnelle.
Au Cambodge par exemple, le secteur
du bâtiment est très porteur comme
celui du tourisme. C’est la raison
pour laquelle l’association Pour un
Sourire d’Enfant a mis en place une
formation hôtelière, en s’appuyant sur
les personnes les plus compétentes
dans le domaine : l’École hôtelière de
Lausanne. D’autres formations ont été
mise en place sur le même principe :
Filière de la coiffure, en partenariat
avec l’école de l’Oréal de Bangkok,
filière d’école de jardinage avec l’école
d’horticulture d’Angers, mécanique
auto avec Norauto. Autre exemple,
à Kinshasa, un déficit de transports
(pas de taxi, ni de bus) a amené l’association Auteuil International à mener
une réflexion sur la mise en place
d’une activité de taxi-moto. Il est donc
primordial de coller aux besoins locaux
avant de mettre en place une formation.
Les financements
La formation et la réinsertion professionnelle coûtent cher. Chaque année,
des réorientations de stratégie sont
opérées à cause des échecs rencontrés.
Plusieurs approches existent. Parfois,
les enfants se constituent en coopérative et délivrent des prestations aux
entreprises (contrats passés avec
des entrepreneurs). Le plus souvent
les enfants sont d’abord payés par
les ONGs, avec l’espoir de bénéficier
d’une embauche future. Le centre
de formation aux métiers du bâtiment
de Phnom Penh, monté par la Guilde
Européenne du Raid, est pratiquement
autofinancé par ses activités. Les associations qui s’occupaient initialement
des enfants participent au financement
de la formation et le reste vient des
chantiers écoles. Jean-Pierre Vaganay
précise qu’il est nécessaire d’être
vigilant dans cette démarche de
chantier-école car il ne faut pas se poser
en concurrent du secteur formel.
Souvent il s’agit plutôt d’un travail
de sous-traitance, ou encore de
chantiers pour d’autres associations
qui ne pourraient pas se permettre
de faire appel aux entreprises
traditionnelles.
Dans la majorité des cas cependant,
la question du financement des frais de
fonctionnement reste pour une
très grande majorité d’associations
très problématique.
AVENTURE
N°103
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CHARTE
Charte des projets associatifs de
Préambule
Monter un projet de solidarité internationale, alors que le monde du développement se professionnalise, ne s’improvise
pas. Pourtant, chaque année de nombreux jeunes partent sur le terrain avec en tête un projet plus ou moins construit,
sans trop connaître les réalités auxquelles ils vont se confronter.
Cette méconnaissance débouche parfois sur des projets dont les conséquences sont à l'opposé du but recherché. Parmi
eux, ceux basés sur des collectes et pouvant déboucher sur des trafics (notamment les médicaments) ou une saturation
en produits inadaptés, ou ceux basés sur des dons et qui, ne s'intégrant pas dans une structure adaptée, entraînent une
déresponsabilisation de la population visée, sont particulièrement à proscrire. À cela s’ajoute le caractère instable et la
grande volatilité du milieu étudiant, qui, s’ils ne sont pas suffisamment pris en compte, peuvent s’avérer être un véritable
handicap pour un projet de solidarité internationale demandant parfois un engagement sur plusieurs années.
Au sein de Solidarités Étudiantes, nous avons fait le choix d’accompagner les jeunes dans leur volonté de s’engager dans
la solidarité internationale. Notre démarche est simple : conseils techniques et partage d’expériences.
Il ne s’agit pas, au travers de cette charte, de vous fournir un guide méthodologique pour monter un projet, mais de vous
inciter à réfléchir tout au long de la mise en place de votre action. En vous engageant à respecter la Charte des projets
associatifs de Solidarités Étudiantes, vous acceptez de rentrer dans une logique de réflexion et de concertation, démarche
de plus en plus reconnue comme un gage de qualité auprès des différents acteurs de solidarité internationale.
Trois phases pour un projet
1. Tout projet de développement doit commencer par une phase de conception. Elle est primordiale car elle a pour objet
de comprendre le contexte local, identifier les besoins pour définir la thématique d’intervention au regard de la capacité
de l’association à mener à bien le projet choisi. Cette phase se déroule lors d’une mission exploratoire (ou diagnostic), elle
conditionne les phases suivantes et plus globalement le succès du projet.
Trop souvent cette étape est négligée, voire omise, cependant elle mérite toute votre attention et l’implication de toute
l’équipe.
2. La mise en œuvre du projet suit directement la définition de la thématique d’intervention. Elle concerne la
spécification de l’action à mettre en œuvre. Cette étape se fera en étroite collaboration avec le terrain puisqu’il s’agit de
définir les objectifs, les moyens les plus appropriés à mettre en œuvre (compte tenu des données humaines, techniques
et financières), la répartition des tâches et des responsabilités, le calendrier et le financement avec comme but premier la
pérennisation du projet.
3. Le suivi du projet intervient chronologiquement à la fin du processus, toutefois, pour être efficace, il sera préparé en
amont. Cette démarche d’évaluation a pour objet de juger de la pertinence et de l’efficacité des actions mises en place.
Elle pourra mener à un réajustement ou une réorientation des actions. Les porteurs de projet devront donc déterminer au
préalable des indicateurs de suivi, pour réaliser au mieux cette auto-évaluation.
Rencontrer, échanger, partager sont les leitmotivs autour desquels
s’organise un projet, et ce toujours dans une optique de pertinence
sur le terrain.
46
AVENTURE
N°103
CHARTE
S'ouvrir pour mieux s'engager
4. La prise de recul sur votre projet est essentielle. Elle doit
déboucher sur une réflexion globale sur la teneur de
votre engagement et de votre projet du point de vue
géopolitique, éthique ou méthodologique.
Pour plus d’efficacité, cette réflexion doit être menée en
concertation avec d’autres associations et pourra aboutir au
montage de projets groupés.
5. Il arrive que soient montés dans un même lieu deux
projets similaires, faute de renseignements préalables. Ces
“doublons” représentent autant de fonds qui pourraient être
utilisés autrement.
Il se peut également qu’une tentative de projet similaire ait
été menée sans succès. Il faut alors se renseigner sur les
raisons possibles de l’échec et repenser son propre projet.
En évitant de reproduire ce qui a été fait, vous
gagnerez d'autant en efficacité.
6. L’ouverture aux témoignages et expériences de
techniciens ou de spécialistes au Nord comme au Sud
permet d’affiner ses connaissances dans un domaine
d’action spécifique.
Il vous faut multiplier les compétences, ce qui peut
parfois vous amener à confier une partie de la réalisation du
projet à ceux qui sont les plus compétents pour le faire.
Travailler ensemble
Nord-Sud
7. Un projet ne peut pas être élaboré unilatéralement au
Nord. Associer la population locale à toutes les phases
du projet est la garantie d’un projet réaliste, correspondant
aux besoins exprimés.
8. Avoir une bonne compréhension du milieu est
indispensable. Les différents aspects de l’environnement
doivent être systématiquement étudiés, car ils auront un
impact sur l’action menée, qu’ils soient d’ordre
géographiques, socio-économiques, politiques, culturels…
9. Votre projet doit s'appuyer sur un partenaire qui peut
être de nature différente (association locale, comité
villageois, groupement de femmes…), mais toujours
représentatif de la population locale.
Il sera le plus à même de le gérer en collaboration avec
l’association du Nord et sera son interlocuteur privilégié.
Le partenariat devra se faire sur le principe de la
réciprocité et il conviendra de bien définir les
responsabilités de chacun et de répartir les rôles.
10. Savoir utiliser et faire appel aux compétences locales
est important. Non seulement solliciter des spécialistes
locaux est une garantie que les techniques utilisées seront
en parfaite adéquation avec les conditions de vie sur place
(climat, culture, tradition, matériaux disponibles sur place)
mais, dans certain cas, c’est aussi un moyen de valoriser et
de réhabiliter un savoir-faire local oublié au profit de
techniques du Nord.
Travailler ensemble
Nord-Nord
11. Savoir s’entourer au Nord est aussi important.
L’objectif est de rechercher les compétences nécessaires au
projet, mais que l’équipe ne possède pas. Il peut s’agir
d’experts (hydrauliciens, médecins, architectes…), de
professionnels d’ONGs et plus généralement les personnes
présentant la spécialité recherchée.
12. Les échanges entre ONGs sont très porteurs
et permettent de mener au Sud des actions plus
pertinentes et efficaces.
Un projet ne peut tirer que des bénéfices d’une prise
de connaissance des expériences et des savoir-faire
d’autres ONGs qui œuvrent dans les mêmes domaines et/ou
dans la même région.
13. Les réseaux associatifs existants peuvent aussi
assurer un rôle de “conseil” auprès des nouveaux projets.
Tout en permettant à leurs membres de se réunir et
de bénéficier mutuellement de leurs expériences, de leurs
contacts, de leurs réflexions… ils proposent souvent
des cycles de formations, adaptés aux besoins de
leurs adhérents.
Ils sont également très souvent propices à la création
de synergies et au rapprochement d’associations pour
mener des projets en commun. Ce sont des lieux où votre
projet étudiant pourra s'enrichir efficacement.
AVENTURE
N°103
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LISTE DES RAPPORTS
Liste des rapports de stages
des boursiers Solidarités Étudiantes
2003
Barnabé BAKARY
Mise en place d’une Caisse Communautaire d’Épargne et
de Crédit Agricole, Bénin.
Laetitia BONNET
"Making Rights Real" (Rendre les droits réels), travail
de recherche sur les droits de réfugiés, Pretoria, Afrique
du Sud.
Céline RIVIÈRE
Ethnobotanique : Préservation de la biodiversité et
valorisation de l’usage des plantes médicinales dans
la région Nord de Madagascar.
Gaëlle SAINTIVE
Impact socio-économique du micro-crédit UCODEP et
pratiques féminines de gestion du crédit : enquête
sociologique, Burkina Faso.
Nathalie BOQUIEN
Étude de l’impact de la consommation de biscuits protéinés
sur le développement de jeunes enfants et formation
des villageoises à la fabrication de ces biscuits, Inde.
Cécile de BOSSCHÈRE
Étude et élaboration d’outils de suivi pour un projet de
micro-finance à Pune, Inde.
Sophie DUPONT
Mission juridique au sein du South Asian Human Rights
Documentation Center, New Delhi, Inde.
Claire-Marie GENESTAR
Étude de l’aviculture malienne, dans les régions de Kayes,
Bamako, Sikasso, Segou, Mopti et Tombouctou.
Blandine MONNIER
Diagnostic d’un périmètre irrigué dans la zone haute
de Tixan, Équateur.
2004
Matthieu AUDOIN
Tourisme Rural Communautaire : mission de repérage,
Nicaragua.
Albert-Emmanuel DURAND
Hydraulique villageoise et gestion de l’eau à Anjouan,
Comores.
Cécile COUTANT
"Espace Shababi" : redynamisation d’un foyer de jeunes,
Ouani, Comores.
Audrey GUYOT
Analyse de la filière café du département de Sucre :
propositions pour le développement et la commercialisation
de cafés spéciaux, Venezuela.
Bulletin d’abonnement et d’adhésion
à retourner à : la Guilde - 11 rue de Vaugirard - 75006 Paris
(règlement par chèque à l’ordre de la Guilde Européenne du Raid)
Nom . . . . . .
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Code Postal .
Tél. . . . . . .
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Adhère à la Guilde Européenne du Raid
Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
E-mail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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• Équipe : 46 euros (+ 4 euros par personne
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supplémentaire à partir du 3ème équipier)
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30 euros
75 euros
Autre : . . . . . . . . . . . . . euros
Joint son règlement de . . . . . . . . . . . . . euros à l’ordre de la Guilde.
Date : . . . . . . . . . . . . .
*Association reconnue d’utilité publique donnant la possibilité pour les particuliers de déduire du montant de leur impôt 66% des dons et cotisations.
Un reçu fiscal est adressé pour les dons et sur demande pour les cotisations (abonnement non inclus).
La Guilde Européenne du Raid – 11 rue de Vaugirard 75006 Paris – Tél. : 01 43 26 97 52 / Fax : 01 46 34 75 45 – [email protected]
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AVENTURE
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