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18 0123 dialogues Samedi 10 mai 2014 Jeu(x) de piste Médiateur Pascal Galinier D e la Pravda à Mélenchon en passant par Xavier Niel… C’est un étonnant jeu de piste auquel vous invite le médiateur cette semaine. Mais nos lecteurs ont parfois un incontestable sens de l’àpropos… Ces jours-ci, leurs courriers et commentaires en ligne résonnent – raisonnent – comme en écho à la (énième) crise que traverse leur journal, qui vient de voir démissionner avec fracas pas moins de sept rédacteurs en chef. Reste à savoir pourquoi. « Fidèle lecteur depuis de très nombreuses années, je préférerais être informé par ce que je considère encore comme mon journal, que par d’autres médias», regrette Jean-Claude Loth, de Villecresnes (Val-de-Marne). «Vous qui êtes prompts à dénoncer toute ingérence d’une quelconque autorité, que se passe-t-il? Bizarre, ce silence… Probable- ment est-ce pour “apporter au lecteur une information la plus complète possible” quand tout sera calmé…», nous moque Jean Bertrand, de Sancé (Saône-et-Loire). «Je ne m’attendais pas à un déballage spectaculaire, dit Bernard Edinger (Fontenayaux-Roses, Hauts-de-Seine). Mais alors, agir comme la Pravda dépasse tout entendement pour un journal qui a été dans le passé un des très grands titres de la presse française!» La Pravda, rappelons-le pour les plus jeunes, fut l’organe central de l’Union soviétique. Rappelons aussi qu’il n’est pas du ressort du médiateur d’informer les lecteurs sur les débats internes à l’entreprise, s’ils n’ont pas d’incidence sur le contenu de leur journal. Nos deux sociétés de rédacteurs – celle du quotidien et celle du site Internet – le feront en temps utile. La Société des lecteurs a déjà fait savoir l’inquiétude de ses adhérents. Et dans l’intervalle, nos confrères ne manqueront pas de faire leur métier de journalistes… «Il ne manque plus que le pastis et les boules de pétanque, et le conseil de surveillance sera un vrai “truc de potes”!», raille Rémi Sabonnadière (Grenoble). Le prochain conseil de surveillance s’annonce en effet aussi disputé qu’une partie de pétanque… Mais ce lecteur grenoblois ne pensait pas à cela en écrivant son courriel. Il réagissait au grand portrait de Xavier Niel publié la semaine dernière (Le Monde du 2mai). Ce qui n’a rien à voir. Quoique. Le titre de « une» annonçant la double page consacrée à ce personnage résumait l’intérêt de l’exercice journalistique : «L’irrésistible ascension de Xavier Niel ». C’est justement cela qui agace M.Sabonnadière. Mais aussi Sandrine Latournerie (Paris), «pas convaincue de la nécessité de nous informer si souvent des affaires passées, présentes et à venir de votre actionnaire ». Nous ne vous informons pas « si souvent » que vous le dites, chère lectrice. Juste au rythme de l’actualité, que M. Niel a quelque peu animée ces derniers temps, tant dans le métier qui a fait sa fortune, la téléphonie mobile, que – entre autres – dans les médias ou l’enseignement. Convenez que votre journal ne peut faire l’impasse sur un patron émergent aussi omniprésent. Fût-il notre actionnaire – « à titre personnel », selon la formule consacrée par la charte d’éthique et de déontologie du Monde. Le médiateur avait déjà évoqué ce dilemme en janvier2012, dans une chronique dont le titre disait la difficulté de l’exercice: « Mission impossible». Mission passionnante pour l’auteur de l’article, Jérôme Fenoglio, qui rappelle qu’il eut déjà la charge de portraiturer un autre actionnaire, Pierre Bergé, en 2010, lors de son entrée au capital du groupe LeMonde aux côtés de Matthieu Pigasse et de Xavier Niel. Concernant ce dernier, explique au médiateur notre grand reporter entre deux avions pour l’Ukraine et la Pologne, « le personnage déteste être mis en avant autrement que comme patron de Free. Actionnaire ou pas du Monde, le problème aurait été le même». C e portrait-enquête n’a du reste suscité que peu de courriers de lecteurs ; deux en tout et pour tout. Dont M.Sabonnadière, qui espérait mieux que «deux-trois petites critiques gentillettes. Comme si cela était tout à fait normal. Cela ne choque personne chez vous? » En guise de réponse, le médiateur vous renvoie à la formule finement ciselée par Jérôme Fenoglio dans ce fameux portrait: «Le vrai signe de la puissance est de dissuader les critiques de s’exprimer à découvert.» Notons cependant que ledit portrait n’a pas « dissuadé» nos internautes de « s’exprimer» : les commentaires en ligne sont au nombre de 44 à ce jour. Ils sont balancés. «Toute période de l’humanité a ses Rastignac… Tapie fut même ministre de Mitterrand…», soupire Christian Scholtès (Web, Mexico), mi-agacé mi-fasciné. Curieusement, ce sont les commentateurs anonymes qui disent le plus grand bien tant de l’article que du personnage Niel. Signe que les avis de nos lecteurs sont plus partagés que l’on croit quant à ce tycoon d’une nouvelle espèce, qui « dit l’époque» à sa façon; et quant à la révolution numérique qui s’impose, et qui est pour une bonne part à l’origine de la crise que traverse notre journal… Etonnant jeu de piste. Que viennent faire là les nouvelles accusations portées par Jean-Luc Mélenchon contre Le Monde (et contre Libération) ? Elles disent l’époque, elles-aussi... « Des attaques inacceptables», a clairement répondu Natalie Nougayrède (Le Monde du 7 mai). Faut-il y revenir? Le médiateur en fit déjà une chronique en octobre2012, lorsque le coprésident du Front de gauche traita l’un de nos journalistes de «terroriste repenti». Vous en êtes un autre, lui rétorquèrent quelques lecteurs. Fermez le ban ? Pas si simple. Le jeu de piste continue. Le fidèle Igor Deperraz (Bully, Seine-Maritime) en a débusqué une nouvelle, de piste. Celle des tupamaros, ce mouvement de guérilla urbaine sud-américain qui a porté au pouvoir son fondateur en Uruguay, en 2009. Et qui devrait être un modèle pour notre contempteur, estime ce lecteur: «José Mujica ne fait pas de belles phrases vengeresses sur la liberté et le capital. Pendant les gesticulations du Front de gauche, le président de l’Uruguay vient de libérer l’avortement et le cannabis. Mélenchon n’est pas un tupamaro». p [email protected] Mediateur.blog.lemonde.fr Courrier 0123 et Société Pour un autre permis de conduire présentent SAISO 2 N 3 * ,50 LE LIVRE dès jeudi 30 avril, le volume n ° 3 La Mule du coach de Dominique Sylvain, illustré par Jean-Philippe Peyraud L’éditorial mais plus encore son titre, « Le permis de conduire, trop lent, trop cher » (Le Monde du 5 mai), résume très bien le scandale de la situation. L’éditorial montre que le petit nombre d’inspecteurs du permis de conduire n’est que la partie émergée de l’iceberg. Toute la pédagogie est à revoir. Il faut poser le problème autrement: l’éducation routière fait partie des apprentissages fondamentaux de la vie en société. Pourquoi ne pas l’organiser gratuitement dans l’enseignement public (comme aux Etats-Unis)? Je suis sûr que les « décrocheurs», qui considèrent que l’école ne sert à rien et que « la vraie vie est ailleurs», la regarderaient d’un autre œil si elle leur délivrait ce précieux sésame. Le problème est économique, technique et pédagogique, certes ; mais il est surtout social. La période d’austérité budgétaire n’est pas favorable à l’ouverture du débat dans ces termes. Mais il faudra bien y arriver. Maurice Blanc, Strasbourg Organisation territoriale Trop de régions ? Une nouvelle inédite tous les 15 jours en kiosque 1. 03/04 Hervé Claude loustal La Volupté du billabong 2. 17/04 PHiliP le roy GöttinG Cannibales 3. 30/04 dominique sylvain Jean-PHiliPPe Peyraud La Mule du coach 4. 15/05 romain sloCombe Jean-Claude denis Le Corbeau 5. 28/05 marin ledun CHarles berberian Comme un crabe, de côté 6. 12/06 antHony Pastor Le Cri de la fiancée 7. 26/06 marCus malte andré Juillard Les Cow-boys 8. 10/07 marC villard Jean-CHristoPHe CHauzy Tango flamand 9. 24/07 Franz bartelt Honoré Sur mes gardes 10. 07/08 didier daeninCkx mako Les Pigeons de Godewaersvelde 11. 21/08 Jérémie Guez miles Hyman La Veuve blanche 12. 04/09 Jean-bernard Pouy FlorenCe CestaC La Capture du tigre par les oreilles 13. 18/09 sandrine Collette dominique Corbasson Une brume si légère EN PARTENARIAT AVEC * Les volumes de la collection sont vendus successivement, chacun pendant une semaine, au prix de 2,50 € en plus du Monde. Chaque élément peut être acheté séparément, à la Boutique du Monde, 80, bd Auguste-Blanqui, 75013 Paris. Voir conditions en magasin. Offre réservée à la France métropolitaine, sans obligation d’achat du Monde et dans la limite des stocks disponibles. Visuels non contractuels. Société éditrice du Monde, RCS Paris 433 891 850. © Blaz Kure - Fotolia.com © SNCF - G.Potier. Coordination Jfd System. A en croire les médias et la classe politique, l’erreur originelle dans la délimitation des régions a été de les faire trop petites et donc trop nombreuses. Ce serait un découpage par inadvertance, une bévue à corriger. En fait, il faut plutôt comprendre que les autorités qui ont organisé ce système territorial ne voulaient pas installer des régions trop vastes et trop puissantes, susceptibles d’affaiblir l’Etat. Il est vrai que lorsque l’on voit certains se dire « président de la région…», comme s’ils avaient été élus au suffrage universel, et non président d’un conseil régional, on peut raisonnablement juger que la génération politique précédente n’était pas aussi maladroite qu’on l’a cru. Denis Woronoff, Paris Education Y a-t-il un prof pour sauver la France ? Une brève parue dans Le Monde du 2 mai annonce que « la France ne parvient plus à recruter ses professeurs de mathématiques». Alors, le capes ne recrute plus ? Va-t-on s’étonner? A quoi sert un diplôme difficile à bac + 5 pour gagner à peine le smic et ensuite espérer une dizaine de petites promotions pendant quarante ans ? Voilà une honte franco-française. Cette tiers-mondisation du salaire des certifiés est aussi vraie pour les agrégés et encore plus pour les universitaires. La seule nouveauté, c’est le gel des salaires pendant sept ans : chiffre magique qui va sauver la France ? François Hollande parachève la politique de droite de son prédécesseur et les classes moyennes n’en finissent plus de s’enfoncer. Tout compte fait, dès qu’on a quelques diplômes, il vaut mieux travailler dans le privé ou s’expatrier. Hélène Polenzani, Paris Politique Histoire de marées… Selon François Hollande, « le redressement [des comptes] n’est pas terminé, mais le retournement [baisse significative du chômage ? Croissance économique? Réelles économies à qualité de services constants?] arrive» ! Nous sommes trop « habitués » à voguer de déficit en déficit si importants qu’on ne peut évacuer l’image de marée, de flux et de reflux. Certes, il est nécessaire de s’exprimer, mais les mots et les phrases « ciselés» par les fameux communicants nous laissent dubitatifs. Cette seconde partie du quinquennat (la première fut du gaspillage, et du temps perdu) ne peut en rester à se gargariser de mots et à évoquer des symboles trop souvent dénaturés par un opportunisme immédiat et médiocre. Grégoire Milopoulos, Bourges Culture Remous de la « vague bleue » L’article « La “vague bleue” des municipales suscite des inquiétudes dans le milieu culturel» (Le Monde du 5 mai) montre en particulier la situation à Roanne et à Saint-Etienne. Les deux nouveaux élus usent d’arguments fallacieux qui amènent pour l’un à renvoyer manu militari le directeur du théâtre de Roanne, pour l’autre à suspendre brutalement (à titre conservatoire) neuf employés, privés de leur mission à l’Opéra-Théâtre de Saint-Etienne. Ont-ils seulement conscience de l’image qu’ils donnent de leur commune et du département, déjà en mal de notoriété nationale ? Il est certain que leurs propos, affligeants de méconnaissance culturelle, resteront gravés dans les annales d’un bêtisier annuel. Jean Andersson, Saint-Etienne [email protected] http ://mediateur. blog. lemonde. fr