Bulletin de ASCM. février 05.pub
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N°10 2005 2005 EL BADIL 1425 (L’alternative) éditorial Bonne Année 1426 Incha Allah ! ASCM N Sommaire: 1 1 2 2 2 3 3 4 4 Oui très chers frères et sœurs, passer de l’an 1425 à 1426 devrait tous nous rappeler le voyage (el Hijra) du Prophète Muhammad (sws) de la Mecque à Médine, car c’est de là que commence notre calendrier. Nous devons nous remémorer ce moment particulier de notre histoire, le transmettre et l’enseigner à nos enfants incha Allah. Rappelons-nous que le Prophète Muhammad (sws) a fait cette Hijra, car il ne pouvait plus continuer à transmettre la parole de Dieu à la Mecque sans être oppressé lui et sa communauté. Alors il a du partir, sur l’ordre de Dieu, pour Médine pour exécuter librement et pleinement la mission Divine qui lui a été confiée. Cette occasion qui nous permet de nous remémorer les raisons de cette Hijra devrait aussi nous faire réfléchir sur nous même, sur notre comportement vis-à-vis des autres. En effet nous devrions nous poser quelques questions quant à cela. Eston a l’origine d’une quelconque oppression, envers nos proches, nos voisins, nos amis etc… ?. Nos proches nous craignent ils ou nous aiment ils sans nous craindre ? Suis-je responsable d’une injustice ? ...Une occasion annuelle pour faire le bilan de notre comportement à ne pas manquer. Très chers frères et sœurs, le 10 février 2005 nous serons le 1er de Muharram 1426 et ça sera le Nouvel an Musulman. Soyons attentif à cette date . "Koullou am wa antoum bikhaïr" (portez-vous bien, chaque année). Rappel du calendrier lunaire musulman d’Orly Association Socioculturelle des Musulmans -Éditorial. -Rappel du calendrier... -Invocations/Évocations -Soumission et liberté... -En bref… -Soi positif et change... -Invocations/Évocations. -"Le ciel dans un tapis" Le saviez-vous? ous venons de fêter il y’a un mois le passage de l’année 2004 à 2005 de l’ère chrétienne ou nous avons exprimé nos vœux à toutes et a tous. C’est bien ! Mais savezvous que nous allons bientôt passer de l’année 1425 à 1426 de l’ère musulmane ? Sera-t- il un moment particulier ou allons-nous laisser cet évènement passer et repasser sans aucune considération ? les jours de la semaine: Dimanche : Youm el Ahad - Lundi : Youm el Thani - Mardi : Youm el Thaleth - Mercredi : Youm el Arbiâ - Jeudi : Youm el Khamis - Vendredi : Youm el Djoumouâ - Samedi : Youm el Essabt . Le jour le plus important est vendredi : « O vous qui croyez ! quand on appelle à la Prière, le vendredi, accourez à l'invocation d'Allah… »(Sourate 62/9) Les mois dans l’ordre et leur nombre de jours: Muharram (30) - Safar (29) - Rabi' al-awwal (Rabi I) (30) - Rabi' al-thani (Rabi' II) (29) - Jumada al-awwal (Jumada I) (30) - Jumada al-thani (Jumada II) (29) - Rajab (30) - Shaâban (29) ; Ramadan (30) - Chawwal (29) - Dhu al Qi'da (30) - Dhu al Hijja (29 ou 30). « Le nombre de mois, auprès d'Allah, est de douze [mois], dans la prescription d'Allah, le jour où Il créa les cieux et la terre. Quatre d'entre eux sont sacrés : telle est la religion droite...» (Sourate 9/36) Page 2 Invocations/Évocations L 'enseignement rapporté du Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa sallam) à ce sujet comporte notamment les éléments suivants: La récitation du "Tasbîh" qui avait été enseigné à Fâtima (radhia Allâhou anha) et qui consiste à réciter 33 fois "Soubhânallah", 33 fois "Alhamdoulillâh" et 34 fois "Allâhou Akbar" - (Cette pratique facilite, Incha Allah, la réalisation des tâches quotidiennes) La récitation du verset du Trône (Sourate 2 / Verset 255) - (Cette pratique accorde, Incha Allah, une protection contre l'influence de Chaytân) La récitation des deux derniers versets de la Sourate "Al Baqarah" - (Cette pratique permet, Incha Allah, d'obtenir une récompense comparable à celle de l'accomplissement de la prière de la nuit, suivant l'interprétation retenue par certains savants) La récitation des sourates "Il Ikhlâs", "Al Falaq" et "An Nâs" (Sourate 112, 113 et 114): Après avoir récité ces sourates, le Prophète (sallallâhou alayhi wa sallam) soufflait dans ses mains et les passait sur les parties de corps qu'il pouvait atteindre; il répétait cette action en trois fois - (Cette pratique accorde, Incha Allah, une protection contre les effets de la magie et de la sorcellerie.) La lecture de l'invocation suivante (entre autres): "bi ismika Allâhoumma amoûtou wa ahyâ" (Avec Ton Nom, Ô Allah, je meurs et je vis). (Bôukhâri) Wa Allâhou A'âlam (Réf: "Fiqh ous Sounnah" - Volume 2 / Page 105) Soumission & liberté, comment est-ce possible ? L e mot Islam signifie à la fois paix et soumission. D’un point de vue matérialiste on se demande comment, alors que la soumission est issue d’un rapport de force, on peut vivre en paix en soi et avec autrui ? La soumission en Islam est la soumission à celui qui est Parfait (El Kamel) et Absolu. Celui qui nous a créé et qui a tout créé. Il ne s’agit pas de soumission à une créature, elle même imparfaite. De par sa perfection, Dieu est celui sur qui on peut compter à tout moment (El Wakil) et qui est le parfait connaisseur de toute chose (El Alim). Donc on donne une totale confiance à Celui qui sait tout et qui a pouvoir sur toute chose et c’est à ce moment que l’on réalise qu’en acceptant les règles qu’Il nous ordonne nous avançons vers le bonheur et que nous ressentons en nous une tranquillité d’esprit et une paix intérieure. Cette paix intérieure nous pousse vers la générosité car nous acquérons notre indépendance vis à vis des aspects matériels d’ici bas (qu’il faut apprendre à apprécier à leur juste valeur, sans plus) pour nous soumettre à la Perfection. Cette soumission s’accompagne d’une protection et d’une subsistance pour le monde d’ici bas ce qui confirme et accroît notre tranquillité d’esprit. Alors que toute créature est soumise à Dieu car elle est créée par Dieu qu’elle le reconnaisse ou non, celle qui atteint le bonheur est celle qui l’accepte, qui agit selon les lois de Dieu car en se soumettant à Dieu elle se libère de la tyrannie des hommes . l’homme soumit à Dieu est l’homme libre. "Chez Riad" Sandwicherie HALAL Contrôlée AVS 81 avenue des Martyrs de Chateaubriand 94310 Orly 01 48 84 10 54 En bref... Départ du CFCM Dounia Bouzar vient de démissionner du Conseil français du culte musulman, dont elle était membre qualifiée. Cette anthropologue, ancienne éducatrice dans le Nord et convertie à l’islam, avait été choisie pour sa connaissance des jeunes musulmans. Mais le décalage avec les officiels était trop grand. « Le 31 décembre, j’ai fait un bilan, raconte-t-elle, et je me suis rendu compte que pour être cohérente avec moi-même, je devais partir. Je travaille sur les conditions d’émergence des musulmans nés en France et cela n’est jamais évoqué au CFCM, qui ne traite que des questions techniques. » Le besoin de mosquée en Ile-deFrance Pas un trimestre sans qu’un nouveau projet de mosquée ne voit le jour en Ile-de-France. Une tendance qui répond à un manque certain de lieux de culte musulmans en général, de lieux adaptés en particulier. « Un tiers des salles de prière de la région sont situées dans des foyers de travailleurs, précise Idriss Elouanali, président de La Boussole, association qui édite L’Annuaire des mosquées de France. Celles-ci sont en principe réservées aux résidents et interdites aux femmes. » (…) L’annuaire recense près de 400 lieux de prière en Ile-deFrance, il en faudrait au moins deux fois plus, selon La Boussole. Inauguration de la mosquée de Corbeil-Essone (91) Après 8 années de travaux, la mosquée de Corbeil, située dans le quartier des Tarterets, vient enfin d’ouvrir ses portes fin janvier. Entièrement financée par les fidèles, elle a été inaugurée en présence des autorités locales et départementales. 48 exclusions d’élèves pour port de signes religieux à l’école. Un total de 48 élèves ont été exclus depuis la rentrée scolaire pour port de signes religieux à l’école. Il s’agit de jeunes musulmanes et, dans trois cas, de jeunes Sikhs portant un sousturbans. Selon le ministre de l’éducation nationale, François Fillon, « près de 1 500 élèves manifestaient ostensiblement une appartenance religieuse en 2004. Cette année, 639 ont été recensés ». Toujours selon le ministre, « plus de 550 de ces situations ont trouvé une solution pour le dialogue ». Une soixantaine de situations litigieuses ont été réglées par des inscriptions dans le privé ou au centre national d’enseignement à distance. Page 3 Soit positif et change quelque chose autour de toi P ersonne de nous n’est satisfait de la situation de la communauté musulmane. On est tous affectés quand on regarde tous les jours dans les informations, l’oppression exercée sur les musulmans en Palestine, en Irak ou dans d’autres coins du monde. Mais ce sentiment n’est pas suffisant pour changer cette réalité amère. La grande majorité des musulmans, quel que soit leur âge, sont semblable à cette personne qui veut bouger mais qui se trouve enchaîné par la négativité, le manque de sérieux, l’ignorance et l’absence d’objectif dans la vie. Et si on arrive à briser la plus dangereuse des chaînes, celle de la passivité et de la négativité, on aura accompli une grande transition. Généralement on distingue deux types de comportements positifs : Le premier : lorsque tu vois un mal ou un danger intervient pour le corriger ou informes en les responsables … Le deuxième : qui est le plus important, c’est quand tu vois que le bien n’est pas fait ou qu’il manque quelque part, fais-le sans le dire à personne puisque tu es en mesure de le faire. Être positif signifie être capable d’effectuer des apports, être actif, agir et rendre service à la société à chaque instant. Chaque fois que tu bouges, tu crées de la valeur ajoutée dans tous les domaines, au sein de ta famille, de ta communauté, à l’école, au lycée, à l’université, au travail… Tu pourras proposer des suggestions à tes responsables au travail, à ton père à la maison, à ton entourage… Et dès aujourd’hui, ces mots disparaîtront de notre vocabulaire : « de quoi je me mêle »… « je suis incapable de »… « je ne peux pas »… « ce n’est pas moi qui va changer le monde ». Mais bien sûr que c’est toi qui va le changer ! même si tu ne le vois pas dans l’immédiat. Sache qu’à chaque fois que tu as le sentiment d’avoir bien agit quelque part, tu viens de contribuer à changer ce monde. La vie ne change-t-elle pas grâce aux hommes et aux femmes ? En toute franchise, nous nous sommes habitués à la passivité. Connaissez vous la différence entre passivité et positivité? C’est bien la différence entre le zéro et le un, entre la nuit et le jour… C’est la différence stipulée dans le verset 76 de sourate « Al-nahl » où Dieu dit : «et Allah propose en parabole deux hommes : l’un d’eux est muet, dépourvu de tout pouvoir et totalement à la charge de son maître; quel que soit le lieu où celui-ci l’envoie, il ne rapporte rien de bon. Serait-il l’égal de celui qui ordonne la justice et qui est sur le droit chemin.» Ce verset décrit le passif comme étant celui qui est "à la charge de" et celui qui est positif comme celui qui "ordonne la justice". Le verset nous interroge aussi "est-il l’égal"? Les musulmans à l’heure actuelle sont-ils les égaux des musulmans à l’époque de la prospérité de la civilisation islamique ? Nous allons tous rencontrer Dieu le jour du jugement dernier. Aimeriez-vous qu’IL vous dise que vous étiez à la charge des autres ? Nous voudrions laisser nos empreintes dans tous les domaines. Chez nous, dans la rue, à l’université, au travail…Et nous voudrions réformer… Le jour du jugement dernier, tu rencontreras Dieu qui sait ce que tu as changé, que tu es devenu une personne positive et active au service de la société. " Le Ciel dans un tapis " B eaucoup d’entre nous se sont déjà demandés ce que représentent les motifs que nous voyons dans les tapis aussi bien à la maison que dans les mosquées. Ces séries de formes géométriques sont elles des œuvres d’art ou de simples décors ? Y-a-t-il un message artistique derrière cet espace de formes et de couleurs sur lequel nous nous prosternons tous les jours ? Quel est le rapport avec l’Islam ? L’exposition "Le Ciel dans un Tapis" à l’institut du monde arabe nous permet de répondre à ces questions mais nous donne surtout l’occasion d’admirer une cinquantaine de tapis tissés du XV au XVIIIè siècle en provenance d’Égypte d’Iran ou encore de l’Empire Ottoman. On y découvrira la variété des styles et des messages portés à travers ces pièces uniques mais aussi la manière dont elles ont inspiré certains artistes occidentaux de la Renaissance. Cette exposition est ouverte tous les jours jusqu’au 31 mars à l’Institut du Monde Arabe. ASCM Association Socioculturelle des Musulmans d’Orly 9, avenue Marcel Cachin - 94310 Orly - tél./fax 01 58 42 91 80 - E-mail [email protected] Président: Mokrane Saïdi Secrétaire: Mohamed Guebi Trésorier: Mostapha Assafi Contactez l’équipe de la rédaction [email protected] L’Émir Abd El Kader V oici comment décrit Bugeaud, gouverneur général d’Algérie, décrit l’émir Abd El Kader au lendemain de sa rencontre avec lui, dans une lettre envoyée au comte Molé, président du Conseil : « Il est pâle et ressemble assez au portrait qu’on a souvent donné de Jésus Christ » (Paul Azan, l’Emir Abd El Kader, Paris 1925). Il faut dire que Bugeaud a décelé quelque chose de grand et d’exceptionnel chez l’émir. Abd El Kader, ben Mehyédine al-Hassani, né en 1808 à la Guetna de l’oued al-Hammam à l’ouest de Mascara (Algérie), appartenait à une famille de double noblesse, puisque ses aïeux dirigeaient la confrérie Kadiriyya et descendaient d’une origine chérifienne. Il a reçu dès son jeune âge une éducation religieuse solide. Très vite, le jeune Abd El Kader devient un soldat de l’Islam pour défendre sa patrie et essayer de créer un Etat indépendant. Si ce dessein politique a échoué pour diverses raisons ; son parcours spirituel d’homme de la voie, par-contre, a bel et bien réussi et lui a valu d’être consacré aujourd’hui comme le vrai fondateur de l’Algérie. Pour plus de commodité, il est judicieux de partager la vie de ce grand homme en trois périodes : En 1832, il est proclamé « Sultan des Arabes » par quelques tribus de l’Oranie en s’imposant sur les milices de l’ancien bey turc, et en menant la guerre contre les Français pendant quinze ans. Ces hauts faits lui ont permis d’étendre son autorité sur les provinces d’Oran, d’Alger, du Titteri et même dans le constantinois. L’ébauche de cet Etat islamique avec des dirigeants issus de l’aristocratie religieuse a suscité la méfiance de quelques tribus. Abd El Kader a réformé son jeune État par la création d’une armée de 10000 soldats, rétribuée par la dîme canonique (zakât). Mais, vu l’infériorité numérique de son armée, Abd El Kader ne pouvait gagner la guerre, alors il s’est réfugié au Maroc où il a réussi à convaincre le sultan Moulay Abderrahmân de le soutenir dans sa guerre contre la puissance coloniale française. Mais le sultan se ravisa après les bombardements de Tanger et la défaite de l’armée marocaine à la bataille d’Isly en 1844 ; et il a retiré son soutien à son protégé, et celui-ci de se rendre en 1847. La deuxième période de la vie de l’émir l’a passe emprisonné en France cinq années, après le manquement aux promesses qui lui ont été faites par le gouvernement de Guizot puis ceux de la II e République, de le transporter avec les siens à Alexandrie. Mais beaucoup de français lui ont témoigné amitié et respect, et en tête de ceux-là le prince-président LouisNapoléon, qui en 1852 vint lui-même lui annoncer sa liberté pour s’établir à Brousse en Turquie. La troisième et dernière période de sa vie, l’émir la passe dans le Proche-Orient, c’est-à-dire de 1852 à 1883. C’est sous le magistère d’Ibn Arabi que s’ouvre et se ferme cette dernière phase au prés du Cheikh Al Akbar. C’est cette période d’exil qui est la plus riche sur le plan spirituel, mais, paradoxalement elle n’a pas intéressé suffisamment les historiens. Nous découvrons un homme magnanime, voué à l’étude et la dévotion qui sait parler le langage des cœurs comme il a su manier les armes auparavant. Ce n’est certainement pas une vocation tardive, ni une reconversion d’un héros des champs de bataille. Depuis tout jeune, l’émir s’adonnait régulièrement à la prière, l’étude et l’oraison. A la fois humaniste, philosophe, politique, diplomate, révolutionnaire et militaire, l’homme appelait au dialogue des civilisations.