The Clash est notre modèle
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The Clash est notre modèle
www.24heures.ch JEUDI 14 MAI 2009 FR.S. 2.40 (TVA 2,4% INCLUSE) € 1.60 No 111 Fondé en 1762 ESPIONNAGE PUNK-ROCK Green Day prend son envol vers de nouveaux sommets POINT FORT PAGE 3 CULTURE PAGE 38 376 OFFRES BONS PLANS L’été 2009 commence tôt et finira tard DR Alinghi infiltré dans son nid, à Villeneuve Norbert Eschmann, le dernier dribble TOURISME VAUDOIS PHILIPPE MAEDER-A Charles Favre président En reprenant les rênes de l’Office du tourisme vaudois, le conseiller national d’Echallens devra affronter un secteur en crise et répondre aux questions du Contrôle cantonal des finances. HOMMAGE Grande figure du football suisse et du journalisme romand, celui qui conjuguait de multiples talents est décédé hier. Son portrait, les réactions de ses amis, les photos d’une vie. LIRE EN PAGES 14 ET 15 PAGE 21 TEST DE PATERNITÉ Exhumation tardive Après un long combat judiciaire, un Genevois de 76 ans obtient le droit de faire déterrer la dépouille de son père présumé. PAGE 7 JARDIN Garanti sans poison Il existe des alternatives aux 130 tonnes de pesticides dispersés chaque année dans RÉGIONS nos espaces verts. Des faux billets PAGE 35 de 10, 20 et 50 francs découverts à Yverdon PAGE 22 A Etoy, le ballet des grues continue et Littoral Parc se remplit PAGE 23 Pas de chaos routier à la Sallaz, même sans la route de contournement PAGE 25 La Fête des couleurs reste un modèle d’intégration à Aigle PAGE 27 DONNEZ VOTRE AVIS é Faut-il autoriser les exhumations pour faciliter les tests de paternité? LIRE EN PAGE 7 Norbert Eschmann n’a jamais cessé de jouer au football. Après sa brillante carrière de professionnel en Suisse et à l’étranger, il était devenu journaliste à 24 heures. Et trois fois par semaine, il organisait des matches avec ses amis à Lausanne (photo prise par Philippe Dubath, l'un de ceux-ci, pour ses 65 ans). LAUSANNE, OCTOBRE 1998 PUBLICITÉ Une aiguière en piteux état ÉDITORIAL FEDERICO CAMPONOVO RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT L a Coupe de l’America a toujours été une affaire de gros sous. De tout temps, depuis le combat homérique entre Sir Thomas Lipton et Harold Vanderbilt en passant par les participations tonitruantes d’Alan Bond, Ted Turner ou Patrizio Bertelli, elle a attiré et opposé des milliardaires. Des marins et des industriels capables d’investir des sommes colossales pour se battre sur un plan d’eau, coque contre coque et le couteau entre les dents. Aujourd’hui, pendant qu’une nuée d’avocats internationaux se frotte les mains et assure ses vieux jours, la compétition s’est déplacée devant les tribunaux, où l’on se rend coup pour coup avec une brutalité et une mauvaise foi qui relèvent plus de l’esbroufe et du combat de coqs que d’un duel entre gentlemen. Alors qu’Ernesto Bertarelli avait réussi à populariser et promis de démocratiser la Coupe de l’America pour la rapprocher encore du public, la voilà devenue, avec la complicité acharnée de Larry Ellison, patron d’Oracle, une inextricable querelle juridique, gage absolu d’un désintérêt général. Comme si la possession d’une aiguière d’argent ou l’envie irrépressible de se l’approprier avaient bouleversé deux vies bien plus qu’une pluie de milliards. A n’en pas douter, cette bagarre de chiffonniers, qui cantonne tous les autres challengers au rôle d’observateurs inertes et sur laquelle planent désormais des soupçons d’espionnage, laissera des traces profondes dans une épreuve de légende. Vivement donc que les deux ego se mettent à l’eau dans leurs multicoques et que l’on s’attelle, dès 2011, à la reconstruction de la Coupe de l’America. <wm>10CAsNsjY0MDAy0rU0NrcwMgUA9CP70w8AAAA=</wm> <wm>10CEXKMQ6AIBAEwBdB9hbOA680UBELNb7AWPv_ysTGYroZwzXis7T1aJsLQIaarFCdysiSnJyiGR0qQqDOIiCq5ez_DksPO9CBExKf634BQEu-910AAAA=</wm> LIRE EN PAGE 3 BOURSE 10 | DÉCÈS 12-13 | PETITES ANNONCES 16 | COURRIER 19 | SUDOKU 24 | AGENDA 32 | CINÉMA 34 | TV 39 | MÉTÉO 40 CONTACTEZ-NOUS: rédaction 021 349 44 44 Fax 021 349 44 19 e-mail: [email protected] ABONNEZ-VOUS: 0842 824 124 Fax 021 349 31 69 PUBLICITÉ: 021 317 81 11 38 JEUDI 14 MAI 2009 24 HEURES CULTURE «TheClash est notre modèle» EXCLUSIF Après avoir écoulé 12 millions d’exemplaires de son American Idiot et conquis une nouvelle génération de fans, Green Day sort demain 21st Century Breakdown, opus punk-rock à forte teneur mélodique. Rencontre en formation serrée. FRANÇOIS BARRAS BERLIN M ai 2009, Berlin. Un étage du palace est réservé à l’événement médiatique du jour: Green Day est en ville. Studio télé, photographes, gardes du corps jusque dans les couloirs… C’est dit, le trio américain côtoie à nouveau les sommets. La faute à American Idiot, l’album écoulé à 12 millions de copies depuis sa sortie en 2004, lorsque Green Day a réussi l’exploit d’une seconde naissance, dix ans après avoir explosé les compteurs avec Dookie et ses 15 millions de ventes. Entre deux, un passage – relativement – à vide. Souvenir d’une première interview blasée à Avenches, en 2001, où les trois rockers accordèrent leur unique attention à un gros homard en plastique que le batteur Tré Cool, plus tard sur la scène de Rock Oz’Arènes, juchera au sommet de son crâne, avant d’asperger sa batterie d’essence et de craquer une allumette… DR Propres en ordre Recevant toujours en trio, le groupe donne une image aux antipodes de l’épisode broyard. Attentif, affable, le T-shirt Ramones bien repassé, Billie Joe Armstrong (voix et guitare), Mike Dirnt (basse) et Tré Cool vivent leurs personnages avec application: pour Billie Joe, celui du leader concerné par son époque («Par dépit ou par volonté, Obama veut réconcilier les Etats-Unis avec le monde»); pour Mike, celui du musicien sérieux, sans compromission avec le punk originel («Nos racines musicales communes, tout vient de là, tout finira là. Elles sont le ciment qui nous permet de sortir indemnes de nos engueulades»); pour Tré Cool, celui de l’indécrottable rigolo («J’aimerais jouer avec Michael Jackson! Enfin, avec le visage de Michael Jackson! Donne-moi juste deux heures et un scalpel»). Le mot «punk», cependant, ne sera jamais prononcé par des musiciens qui ont dû batailler ferme contre l’accusation de trahison portée par leurs premiers fans. Né de la scène rock indépendante, tumultueuse et marginale de la Californie du Nord, Green Day fut, avec the Offspring, le plus populaire héritier Tré Cool, Billie Joe Armstrong et Mike Dirnt (de g. à dr.). Issu des marges punk, le trio californien est devenu le géant d’une pop musculeuse. Douze millions d’American Idiot ont été vendus depuis 2004, dont 100 000 en Suisse. Billie Joe: «Nous avons toujours voulu être un grand groupe! Pop tout en restant capable de sortir les flingues!» de l’explosion Nirvana, qui ouvrit soudainement les ondes aux guitares abrasives. Aujourd’hui, rouler en voiture à travers les EtatsUnis radio allumée, c’est entendre du Green Day à longueur de journée, entre Aerosmith, Van Halen et Led Zeppelin. «J’aimerais jouer avec Michael Jackson! Enfin, avec son visage! Donne-moi juste deux heures et un scalpel» TRÉ COOL (GREEN DAY) Billie Joe assume: «Nous avons toujours voulu être un grand groupe! Pop tout en restant capable de sortir les flingues – de ce point de vue-là, the Clash est notre modèle. Tant mieux si nous plaisons au plus grand nombre, mon seul but est de ne jamais me sentir honteux de notre musique. J’ai toujours voulu écrire des chansons intemporelles. J’aime toujours autant jouer Basket Case.» Dehors, la nouvelle cargaison de tubes en germe dans 21st Century Breakdown a commencé sa propagation. Mike Dirnt: «Nous n’avons jamais été aussi confiants dans notre façon de composer et de travailler nos arrangements. Ne me parle plus d’étiquette, nous sommes des artistes plus que jamais capables d’aller où bon nous semble.» Révolution pour rire Radios, télés, internet, tous trois accueillent avec délectation les «punks» californiens, et tous trois leur survivront. Green Day prêche la révolution pour rire et, au «No future!» des Sex Pistols, préfère le «Yes we can!» d’Obama. Coupables d’être trop doués, les cancres continueront à cacher leurs talents d’orfèvres mélodistes sous des oripeaux de sales gamins. Et tant pis si leurs propres enfants ont désormais l’âge de leur public. Billie Joe Armstrong, 37 ans, tout sourire: «Mon fils était dans le pogo il y a un mois à Oakland. J’ai du bol: il a bon goût en musique! Qu’est-ce qu’un père peut demander de mieux à son fils?» £ » Les Beatles, invités fantômes des punks repentants ÉCLAIRAGE «Fini, les Beatles!» hurlait Joe Strummer en 1977 dans la chanson du même nom. Le leader de the Clash doit gigoter dans sa tombe à l’écoute de Last Night on Earth et Restless Heart Syndrom, deux titres du dernier Green Day à l’enveloppe mélodique si proche des Beatles qu’on les croirait signés John Lennon! Non d’une crête, et le credo punk, Billie Joe? «J’ai toujours adoré les Beatles! Je n’appellerais pas ces chansons un hommage, mais la recette mélodique de leur écriture m’a toujours influencé énormément – c’est un nec plus ultra. Cela dit, ils ont écrit tellement de chansons que sonner un jour comme l’une d’entre elles est une évidence mathématique!» Green Day, groupe anglais né par Le XXIe siècle entre coups de boule et caresses CRITIQUE «La formule pop est magique: la limite entre le nul et le génial ne repose sur rien! Pourquoi les quatre accords de Yesterday sont-ils si évidemment universels, et ces mêmes accords, différemment joués ou orchestrés, d’une platitude immense?» Billie Joe Armstrong résume le challenge de Green Day, qui écluse en trio ces plans intangibles où une harmonie commune devient hymne. 21 Guns, Viva la gloria, Last of the American Girls font ici le gros des pièces mid-tempo à prétention tubesque, alors qu’un second versant de l’album aligne les uppercuts power pop comme Know Your Enemy et American Eulogy. Le «concept album» de 18 titres en trois chapitres est surtout prétexte à une heureuse diversité musicale qui cite the Ramones (Christian Infernos, Murder City) comme the Beatles (Last Night on Mort d’un seigneur du théâtre populaire HOMMAGE KIPA Le dramaturge, comédien et metteur en scène Roger Planchon est décédé mardi. Roger Planchon, figure majeure du théâtre français du XXe siècle. VC4 Contrôle qualité C’est un homme-orchestre du théâtre français qui a été foudroyé par une crise cardiaque, mardi à Paris, en la personne de Roger Planchon, âgé de 77 ans. A la fois auteur, metteur en scène et comédien, directeur de théâtre et grand défenseur de la profession, Planchon était également réalisateur et «entrepreneur» de cinéma. Dans le sillage de Jean Vilar, Roger Planchon (né en 1931 à Saint-Chamond) représentait l’une des figures majeures du théâtre français de la seconde moitié du XXe siècle. Comédien et metteur en scène, il anima le légendaire Théâtre lyonnais de la Comédie avant de s’établir à Villeurbanne, dont le Théâtre de la Cité devint en 1972, sous l’appellation de Théâtre National Populaire (TNP), l’un des foyers les plus vivants de la création théâtrale française. Inspiré par Bertolt Brecht, Planchon aimait «dépoussiérer» les classiques (tel L’avare, de Molière, qu’il présenta à Lausanne en 1999) tout en abordant maints auteurs contemporains, de Michel Vinaver à Edward Bond ou Ingmar Bergman. Avec Patrice accident en Californie? «J’ai grandi avec the Who, the Jam, Queen, Iron Maiden… L’Angleterre a toujours eu de grands groupes – elle en a encore, on revient de tournée avec the Kaiser Chiefs. J’adore aussi Oasis, leur manière de lier la puissance du rock et la majesté de la mélodie, on ne sait pas faire ça aux Etats-Unis. Ou alors il y a longtemps, mais c’est mort.» F. B. Chéreau ou Georges Lavaudant, Bob Wilson ou Matthias Langhoff, le TNP acquit une renommée internationale dans les années 70-80. Phare de la décentralisation, Planchon fut le premier aussi à ouvrir sa maison à la danse, au jazz ou au cinéma. Au cinéma, précisément, Planchon avait joué dans une dizaine de films, dont Molière et Le retour de Martin Guerre, et signé (notamment) la réalisation de Dandin, en 1988, et de Louis l’enfant roi, en 1993. Comme écrivain, à part de nombreuses pièces, on lui doit aussi une biographie de Toulouse-Lautrec et de précieux mémoires intitulés Apprentissages. Refusant la direction du Théâtre de la Ville, à Paris, et celle de la Comédie-Française, Roger Planchon ne quitta la direction du TNP qu’en 2002 pour créer sa propre compagnie. Comme l’a rappelé son fils, Stéphane, il était encore en pleine activité: après avoir tenu un rôle dans Amédée ou comment s’en débarrasser, d’Ionesco, il envisageait de monter un spectacle sur Sade. JEAN-LOUIS KUFFER Déposez vos messages de condoléances sur hommages.ch Earth, Restless Heart Syndrom) et visite même la vélocité balkanique (Peacemaker). Punk? Oui, dans la tradition hétéroclite des Clash. Pas la pire référence. F. B. Green Day, 21st Century Breakdown, Warner (dès demain). En concert: Zurich, Hallenstadium, 8 novembre. Spécial Green Day demain soir (20h) sur Couleur 3. EN BREF Simon Rattle persiste PROLONGATION Le chef d’orchestre britannique Simon Rattle a annoncé hier qu’il resterait à la tête de l’Orchestre philharmonique de Berlin jusqu’en 2018. L’orchestre avait exprimé son souhait de voir le Britannique, âgé de 54 ans, conserver les rênes de la prestigieuse formation. AFP CORBIS GREEN DAY