LE SYSTÈME BANCAIRE EN FRANCE
Transcription
LE SYSTÈME BANCAIRE EN FRANCE
43 LE SYSTÈME BANCAIRE EN FRANCE Une banque est une entreprise dont l’activité porte sur une marchandise particulière : la monnaie. Dans une économie marchande, c’est-à-dire dans laquelle les échanges sont payés de façon monétaire, l’ensemble de ces entreprises, reliées entre elles et formant ainsi un « système », joue un rôle… capital. LES FONCTIONS DU SYSTÈME BANCAIRE q Des fonctions de financement Les banques exercent un rôle dans le financement des activités économiques en octroyant des crédits aux ménages et aux entreprises. Dans cette optique, elles prêtent de l’argent, qu’elles ne possèdent pas nécessairement au départ (financement par création monétaire) ou dont elles disposent (financement non monétaire sur ressources d’épargne). Dans ce dernier cas, elles servent d’intermédiaires financiers entre les éparComment les banques gnants et les emprunteurs en transformant gagnent-elles de l’argent ? des ressources à court terme (les dépôts à vue pour quelques jours qui ont pu être Les résultats de l’activité d’intermédiaréalisés à leurs guichets sur un comptetion représentent aujourd’hui les deux courant) en ressources à long terme. tiers des recettes des banques, ce qu’on appelle le produit net bancaire. Ceci n’est possible que dans la mesure Le reste est constitué pour l’essentiel où la probabilité que tous les déposants de commissions, frais de tenue de veuillent récupérer leurs fonds en même compte, coût de la carte Bleue, frais temps est très faible, du fait de la sur opérations de change… Les confiance qu’ils accordent au système. banques aimeraient bien augmenter la q Une fonction de gestion des moyens de paiement part de ces rentrées, quitte à accepter une (petite) rémunération des dépôts à vue. Les commissions ne dépendent en effet pas de l’évolution – très fluctuante ces dernières années – des taux d’intérêt. Conserver aujourd’hui son argent chez soi n’est ni rationnel, ni sécurisant. De plus, au-delà de 1 500 €, les salaires Enfin, dernière source de revenu pour les banques, les activités dites de mardoivent être versés par chèque ou vireché : les banques placent une partie des ment ; or, les banques de dépôt sont les fonds mis à leur disposition en actions seules sociétés ayant le droit de recevoir ou en obligations sur les marchés finandes dépôts pour une durée inférieure à ciers et en tirent des revenus. deux ans. C’est dire l’importance du rôle des banques dans les opérations de « service de caisse » qui comprennent l’ensemble des services matériels offerts aux clients en rapport avec les dépôts réalisés (gestion des moyens permettant la sécurité de ces dépôts et la circulation de la monnaie, réalisation des opérations de change, tenue des comptes clients et conseils de placement…). 100 LA STRUCTURE ET L’ÉVOLUTION DU SYSTÈME BANCAIRE q La structure actuelle Depuis la loi bancaire de 1984, on distingue les établissements financiers habilités à recevoir du public des dépôts à vue ou à moins de deux ans, des autres établissements de crédit à caractère bancaire mais ne pouvant pas collecter des dépôts à court La Banque de France terme et qui se procurent donc leurs ressources sur les marchés financiers ou Créée en 1800, elle s’impose comme monétaires ou qui se financent par émisunique émetteur du billet de banque en sions obligataires. Dans la première caté1848, ce qui lui vaut le titre de « grand gorie, on trouve les « banques » inscrites à argentier de France ». Nationalisée en 1945, puis profondément réorganisée l’AFB (Association française de banques), par la loi de 1973, elle est la banque telles que le Crédit lyonnais, BNP-Paribas, des banques et doit, à ce titre, veiller la Société générale… On y trouve égaleau bon fonctionnement et à la sécurité ment les banques à statut mutualiste et des systèmes de paiement, donc assurer la liquidité du système bancaire. coopératif (Banques populaires, Crédit Jusqu’en 1993, elle restait subordonmutuel, Crédit agricole), les Caisses née au gouvernement. Elle est désord’épargne et de prévoyance, ainsi que le mais intégrée dans le Système euroCrédit municipal. Ces deux catégories ont péen de banques centrales et constitue procédé à des rapprochements voire des un relais de la Banque centrale européenne dans la conduite de la politique fusions (par exemple Crédit agricole et monétaire communautaire. Crédit lyonnais). Dans la seconde catégorie, on place les « sociétés financières », parfois filiales de grandes banques de dépôt, de groupes de distribution ou encore de groupes industriels et les « institutions financières spécialisées », telles que le Crédit foncier de France ou Anténial; elles sont spécialisées dans des activités, telles que le crédit bail, le crédit à la consommation ou dans des activités de gestion de titres. q Les évolutions depuis les années quatre-vingt-dix Jusqu’au milieu des années quatre-vingt, le secteur bancaire était marqué par un fort interventionnisme et réglementé par les pouvoirs publics; mais avec la vague libérale, les privatisations se sont accélérées. Celles-ci vont de pair avec la déréglementation qui touche le secteur : à partir de 1986, l’ouverture des guichets n’est plus réglementée; de même, l’encadrement du crédit est supprimée en 1987. Enfin, on assiste à une déspécialisation dans le secteur, tous les établissements pouvant désormais faire les opérations de crédit de leur choix. En outre, alors qu’il était dominant dans le financement de l’économie, le rôle des banques dans l’activité de financement de l’économie a été progressivement concurrencé par l’explosion des marchés financiers. Ainsi, les prêts bancaires n’ont-ils contribué que pour à peine 10 % dans le financement des agents non financiers depuis le début des années quatre-vingt-dix. Mais il est vrai que cette période a été propice au désendettement des agents qui cherchaient à utiliser davantage leurs propres ressources d’épargne. Sans doute faut-il voir dans cette évolution l’origine d’une diversification des activités des banques vers l’assurance, ainsi qu’une forte tendance à la concentration que le marché unique et l’avènement de l’euro ont par ailleurs stimulée. 101