L`usage du temps dans l`écriture

Transcription

L`usage du temps dans l`écriture
www.cours-ecriture.org
Ateliers d’écriture en ligne - L’aimant littéraire
L’usage du temps dans l’écriture
DOSSIER SPECIAL
. «Pourquoi différer ? –
Ajoute-t-il avec indolence ? Si tu n’en profites
pas, il s’enfuit. Et quant
tu en auras profité, il
s’enfuira quand même :
aussi faut-il concurrencer la vélocité du temps
par la vitesse à en user
et, comme un torrent
rapide et saisonnier, y
puiser vivement. » et
aussi « Toute chose à
venir flotte dans l’incertain : vis dans l’immédiat.»
Sommaire :
Sondage des nouvellistes
Comment utilisez-vous le
temps pour lire et écrire ?
Dans ce numéro :
Dans ce numéro :
Le temps de la lecture 22
Comment fonctionnent
et de l’écriture
les consignes
« Dès que je serai en retraite, je me
mets à écrire. Dès que j’ai du temps,
je m’inscris à un atelier. Dès que j’aurais moins de problèmes, je pourrais
m’investir dans ce projet. Dès que j’ai
plus d’argent, je me paie des cours.
Peut-être avez-vous, vous aussi, tendance à différer le moment de vous
lancer et vous trouvez d’excellentes
raisons de ne pas agir et de ne pas
vous décider. Nous l’avons tous fait !
Il faut du temps pour relier le désir à
sa concrétisation, s’organiser, définir
ses motivations, ses projets et les
réaliser. Ce processus de maturation
va parfois à l’encontre d’un usage
plus judicieux du temps. Sénèque,
dans son ouvrage traitant de la brièveté de la vie, nous le rappelle :
Quelques siècles plus tard, la technologie numérique aidant, nous avons développé au quotidien ce concept de l’immédiateté : le clic a intégré notre quotidien.
Une question, une réponse dans l’instant, un désir et sa satisfaction immédiate… au risque d’oublier les règles de la
courtoisie et de perdre de vue les réalités humaines. Mais ces moyens nouveaux n’ont pas encore changé nos natures profondes. Nous avons tous besoin
de temps pour nous réaliser. Entre
l’inaction
et la suractivité
effrénée,
L’aimant littéraire s’est interrogé sur votre usage du temps dans l’écriture et a
proposé ce sujet de discussion sur son
forum. Cette lettre d’information vous
présente principalement des extraits de
ces échanges.
Bonne lecture !
Jocelyne Barbas
L’usage du temps en
Les
ateliers
consignes enrichies de
L’aimant littéraire
5
2
Gérer son temps
d’écriture
Consignes
et parcours
de formation
Citations d’auteurs
13
3
De la difficulté à se servir
d’une consigne
4
Mission Fragmenteus
4
Article intérieur
5
15
14
Page 2
Le sondage
Le temps de la lecture et de l’écriture
Atelier d’initiation
- Avez-vous besoin de
temps pour vous mettre
à écrire ?
- Combien de temps
consacrez-vous à l’écriture en moyenne par
semaine ? Et à la lecture ?
- Est-ce que cela vous
satisfait ou au contraire
est-ce que cela vous inquiète ?
« Le temps pour écrire une nouvelle ? Entre deux heures et cinq ans !
Avec des plages de temps longues et courtes, contigües ou disjointes… J’ai
une bonne vingtaine de nouvelles en réserve, dans des états d’avancement extrêmement divers. Certaines n’aboutiront jamais. Disons que j’accumule du matériau au fur et à mesure que les occasions se présentent,
mais je ne sais pas toujours ce qu’il en adviendra…Mes devises : laisser
faire ; laisser mûrir, prendre le temps et lui laisser le temps d’agir. Je n’écris pas « sur commande » , donc lorsque je m’y mets, c’est que j’ai quelque chose à écrire, et je n’ai pas besoin de beaucoup de temps pour m’y
mettre. Je peux passer plusieurs semaines sans écrire, puis une semaine à
écrire tous les jours au moindre temps libre, y compris la nuit si je suis «
mûr » ! C’est selon « l’inspiration du moment » qui peut être inexistante,
ou tellement envahissante que cela devient une obsession. Dans ce cas-là,
j’utilise tous les moments possibles pour essayer de mettre dans l’ordinateur tout ce qui se dégage de mon esprit en surchauffe. L’écriture est loin
d’être ma seule passion, et pour moi c’est un problème. »
Jean-Yves, France
Atelier de formation
« J’y consacre certainement une vingtaine d’heures surtout si j’y inclus les
lectures personnelles. Mon ordi est ouvert en permanence et les nouvelles
sur lesquelles je travaille sont ouvertes et disponibles sur un clic (toujours,
2 ou 3, à des étapes d’avancement différentes), alors : 10 minutes : parfait, pour noter une idée, lire ou relire une consigne, reformuler une idée,
corriger l’orthographe, travailler la caractérisation d’un personnage, aller
faire un saut sur le forum. 30 minutes : assez, pour travailler sur un plan,
finaliser un texte et le publier, réviser un paragraphe et le réécrire, trouver de nouvelles tournures de phrase pour mieux communiquer ce que je
veux dire, trouver des synonymes plus riches, intervenir sur le forum. 60
minutes : assez, pour relire une nouvelle et s’assurer qu’elle se tient, écrire un premier jet, élaborer un plan. 120 minutes et plus : alors là tout est
possible. »
Jocelyne Beaudet, première année de formation Québec
« J'ai besoin d'un temps pour écrire dans un cadre qui me convient ; souvent avec les "bruits du silence", une certaine luminosité et la présence de
mon chat quelque part… Parfois je n'écris rien pendant plusieurs jours et
ce n'est pas satisfaisant pour moi même si je sens que mes pensées s'agitent quand même à mon insu. Par contre, je lis tous les jours et je tente
de repérer des styles ou des formulations chez des écrivains qui m'attirent
(quand j'ai mon stylo et mon carnet sous la main!) Je dispose d'un espace
"écriture" réservé à la formation avec livres, ordinateurs et classeurs de
rangements des commentaires et nouvelles et références diverses mais
parfois j'ai l'impression d'empiler sans avoir le temps de relire tout ça et là
c'est plutôt frustrant »
Jocelyne Humeau, première année de formation, France
« Si l’on cumule le temps que j’y consacre en heures, cela représente 35
heures (ce n’est pas mon job….), voire souvent plus. La lecture pour moi
est primordiale et s’inscrit dans une forme de continuité avec l’écriture.
Lire les autres auteurs reste pour moi un des meilleurs moyens d’approcher l’écriture (la vraie) dans son ensemble. Celle qui a traversé les siècles
et qui aujourd’hui encore donne à rêver et nous permet de nous élever. »
Thierry Fariaut, première année de formation, France
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DOSSIER SPECIAL
Le temps de la lecture et de l’écriture
(suite)
« Pour me mettre à écrire, j’ai besoin de temps et surtout de calme. Il me
faut du temps pour m'apaiser et entrer en moi-même. Je parle là du
temps de l'écriture effective. Mais mon texte, ou plutôt mon sujet du moment est toujours dans ma tête. Je le promène partout, y pense, le nourris, le modifie à des moments les plus étonnants. J'ai un peu de mal à
évaluer le temps consacré à l'écriture effective. Je n'écris pas tous les
jours ; j'essaie pourtant mais ne désespère pas d'y arriver un jour ! Cela
ne me satisfait pas bien sûr, mais ne m'inquiète pas non plus. En revanche, je lis beaucoup et tous les jours. »
Marie-Françoise, première année de formation, France
« Tout dépend de mon imagination. Quand je commence à rédiger, j’ai
déjà 80 % de l’histoire en tête. J’écris le soir. Ma seule contrainte est d’être au calme.
Je consacre par semaine une dizaine d’heures de rédaction, deux à trois
heures de recherche documentaires. J’ai toujours beaucoup lu et étrangement depuis que j’ai commencé l’atelier je deviens plus exigeant, mes
centres d’intérêt changent, donc je lis moins.
Pour le moment, la seule chose qui m’inquiète, c’est quand je n’ai plus
d’idées. Donc là je sais qu’il est temps de faire un break. Plus de lecture,
plus d’écriture, je change complètement de stimuli,
donc cela devient sport, musique, expositions, sorties…
Je suis quelqu’un de génétiquement désorganisé. Donc je prends mon portable et j’écris tout simplement. Par contre je reste connecté car j’utilise
énormément la toile pour effectuer mes recherches. Je n’ai pas de « trucs
» particuliers pour la bonne raison que je ne pense jamais à les utiliser. »
Bruno Chambois, première année de formation, France
« Pour ce qui est de l’écriture personnelle, cela dépend beaucoup : le
maximum que je puisse donner sans mettre en danger ma carrière : une à
deux heures par jour en semaine, des dizaines d’heures durant le weekend . Je n’ai pas de règles parfaitement élaborées, mais l’appel est fort et
exhaustif, ma dernière soirée télé doit dater d’avant mon entrée dans l’Atelier de formation. Je n'imagine même pas pouvoir écrire sans lire, je lis
donc dès que je peux, et souvent par cycles sur des thèmes qui me sont
utiles ou me servent ici ou là dans l'existence ou l'écriture. »
Serge de la Torre, première année de formation, France
« Dès que j’ai un moment de libre je m’y mets. En moyenne, je consacre
plusieurs heures par semaine pour écrire. J’essaie d’être régulière mais ce
n’est pas toujours possible de m’astreindre à une heure par jour. Les
contretemps sont fréquents. Ce qui m’inquiète, c’est que l’écriture me
prend de plus en plus de temps dans ma vie quotidienne, quitte à laisser
tomber ma demi-heure de sport quotidienne. C’est presque devenu une
drogue, ce qui n’est pas forcément pour plaire à mon entourage. La lecture malheureusement me déçoit de plus en plus : sur les dix derniers livres
achetés, 9 n’ont pas passé le cap du premier chapitre. Dans le temps, je
me contentais d’une histoire bien menée, ou d’un témoignage. Désormais,
j’analyse, je suis devenue plus exigeante, je recherche les figures rhétoriques, le suspens... En ce moment, le seul qui a passé le cap, c’est « Le
cercle littéraire des éplucheurs de pommes de terre », là, je me régale ! »
Béatrice le Bon, deuxième année de formation, Liban
Béatrice le Bon, Liban
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Le temps de la lecture et de l’écriture
Marie André-Carton, Maroc
Frédéric Cabeza, France
(suite)
« Me mettre à écrire peut vouloir dire prendre le clavier et
taper un texte mais aussi prendre un crayon et écrire sur un
cahier.
Écrire sur un cahier est rapide,
il me faut pour cela être dans
de bonnes conditions, le plus
souvent à l’extérieur, en
contact avec le monde : ma
meilleure place : une terrasse
de café.
Passer à l’acte de l’écriture sur
écran me demande de passer par plusieurs étapes, il faut que je sache ce
que je veux écrire, donc avoir déjà travaillé les personnages, le contexte,
le synopsis, la structure et que pas mal de fragments soient déjà écrits.
Mais cela ne suffit pas il me faut le ton : la première phrase, le premier
paragraphe sont pour moi hyper important, c’est la note du départ, c’est ce
qui va rythmer le reste, l’ambiance doit se dégager quand j’ai trouvé la ou
les premières phases alors je peux commencer à pianoter et me laisser
aller dans le rectangle contraignant. »
Marie André-Carton, deuxième année de formation, Maroc
« J’écris en deux phases : d’abord, des idées, des mots, des phrases me
viennent à l’esprit. Je peux écrire dans le train ou le bus avant d’embaucher, j’ai toujours un carnet et un crayon avec moi. Emporté par l’inspiration et l’imagination aidant, je gratte le papier avec tout ce qui me passe
par la tête. Ensuite, de préférence le soir, voire la nuit, je remets tout en
ordre, j’agence, je relis, je réécris, je complète, devant mon ordinateur.
J’ai besoin d’être seul et toujours en musique (classique, hard rock, jazz,
c’est selon l’humeur). J’ai ainsi pu écrire des textes complets la nuit en
quelques heures seulement, avant relecture. Certains textes par contre me
prennent plusieurs semaines, voire plusieurs mois pour être aboutis. Je me
documente au maximum sur les sujets traités dans mes histoires pour éviter d’écrire n’importe quoi et de bloquer sur un domaine que je connais
mal.
J’écris tous les jours, mais pas forcément des pages entières. Parfois, quelques lignes seulement. En fait la consigne n°6 m’a appris à mieux gérer
l’écriture de mes textes. Je fais un plan, je décris les personnages, les
points importants de l’histoire ou de l’intrigue et ensuite je me lance dans
la rédaction.
Mes idées de sujet, je les trouve surtout dans l’actualité ou dans mes expériences personnelles. Jusqu’à présent, j’utilisais mal les consignes, j’écrivais un texte et ensuite je cherchais à quelle consigne le rapprocher. Maintenant je pars de la consigne pour créer le texte. Par contre, la limite des
6000 signes est un vrai défi. J’ai du mal à m’y contenir et du coup mon
style en pâtit. J’ai tendance à résumer mes histoires et le style devient
plat.
Je relis mes textes des dizaines de fois pour les réécrire mais jamais à
chaud. J’attends une à deux semaines car mon esprit critique à chaud n’est
pas toujours performant. J’ai besoin de recul temporel pour être objectif
sur mes textes. »
Frédéric Cabeza, première année de formation, France
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L’usage du temps en ateliers
Atelier d’initiation
« La stimulation et la structure que procure l’atelier me font gagner du
temps dans le sens que le temps consacré est plus productif. Moins de perte de temps à tenter d’écrire quelques choses sans trop savoir quoi, comment, pourquoi ou pour qui. »
Elsypt, France
« Ayant un métier avec beaucoup d’imprévus, et des réunions le soir, j’écris pendant le temps qui reste, ce qui explique aussi une certaine irrégularité. Si je sais que je vais être pris ( professionnellement) un soir, je m’accorde une pause le midi, et j’emporte avec moi mon bloc et mon stylo, sur
le coin de la table de restau, ou avec mon pique-nique, au cas où j’aurais
quelque chose à écrire. J’aime bien ces moments de calme et de solitude
relative… Le temps d’écriture, en ce qui me concerne est parfois ingérable
et impérieux. Si je laissais faire, à certains moments, il envahirait les autres activités. Me donner des limites est parfois une difficulté. Mes principales stimulations sont les retours des autres rédacteurs par les commentaires sur les textes. Je profite aussi largement des échanges par messages
privés (forum) ou mail avec quelques-uns d’entre eux, en fonction des
affinités et des appétits, mais j’essaie de veiller à ce que la vie du site soit
rendue au maximum. Il me semble avoir acquis modestement quelques
compétences qui effectivement me font gagner du temps, mais globalement « l’auto-formation » et la « co-formation » ne suivent pas forcément
les mêmes chemins que la formation dans un atelier directement piloté par
une professionnelle. Telles sont les règles du jeu.
La plupart du temps, les avis des lecteurs me motivent, mais pas toujours.
Une chose est certaine, c’est que des avis très critiques me touchent sur le
moment, mais ne me démotivent jamais. »
Jean-Yves , France
Le sondage
- Est-ce que les différentes stimulations de l’atelier d’écriture vous
donnent le sentiment de gagner du
temps dans votre démarche de
création de textes (consignes d’écriture et choix d’un sujet, les
échanges avec les autres nouvellistes (forum, message privé, chat…),
les encouragements reçus ? Les
nouvelles compétences d’écriture
acquises vous épargnent-elles des
efforts ?
- Combien de temps vous faut-il
pour lire et intégrer les consignes
d’écriture ? Et pour écrire une nouvelle ?
- Comment écrivez-vous dans l’atelier d’écriture ? Êtes-vous pressé
de poster au plus vite votre texte
ou prenez-vous le temps de fignoler vos nouvelles ? Rédigez-vous
par jets successifs ? La relecture et
correction ?
- Comment entretenez-vous votre
désir d’écrire ? Êtes-vous dépendant des avis ?
- Avez-vous tendance à vous angoisser si vous ne parvenez pas à
écrire dans les délais, ou au
contraire les échéances vous stimulent-elles ?
Atelier de formation
« Il faut encore que je me familiarise avec le fonctionnement de l’atelier.
J’écris depuis une quinzaine d’années en autodidacte et j’y ai pris des
(mauvaises ?) habitudes de travail que l’atelier de formation m’apprend à
pourfendre. Pas facile, mais le travail est intéressant et permet des remises
en question propices aux progrès.
Paradoxalement, avant de m’inscrire à l’atelier de formation, j’écrivais des
textes plus courts qu’aujourd’hui. L’écriture est un besoin et je n’ai pas à
me forcer ou à trouver des motivations. Les critiques négatives ne m’encouragent pas moins que les positives. Mais j’ai besoin de temps pour
aboutir un texte finalisé. A priori deux textes à produire par mois me paraissait beaucoup. Aujourd’hui je peux le faire, mais j’ai le sentiment que la
qualité de mes écrits est moins bonne lorsque j’ai peu de temps pour les
écrire. »
Frédéric Cabeza, première année de formation, France
Chronos, dieu du temps
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L’usage du temps en ateliers
Je considère la construction mentale de mon texte comme une phase d’écriture. La durée en est difficilement quantifiable. L’avantage est que le
cerveau est constamment disponible. Les consignes donnent un cadre de
travail, c’est bien, mais j’essaye de ne pas en être prisonnier.
Les retours des rédacteurs sont importants et me permettent de progresser mais j’avoue que je ne partage pas assez avec les autres nouvellistes.
Moi et les consignes cela fait deux, alors c’est dur. Donc je la relis autant
qu’il le faut pour l’intégrer. J’évalue son élasticité et celle de mon texte…
Puis je les adapte.
Pour les deux premiers textes, j’étais pressé de recevoir les avis des lecteurs. Puis, devant les remarques faites, je me suis dit qu’un peu plus de
travail et de relecture ne seraient pas inutiles. Comme je l’ai dit plus haut,
j’ai déjà le texte en tête, donc j’écris la nouvelle d’un seul jet. En général
trop long. (par ex.28 000 caractères pour « Pole dance pour un poulet »
Après, je relis, encore et encore, je supprime, je modifie. Quand j’ai le
nombre de lignes requis, je corrige. (merci Antidote) Le désir d’écrire
vient avec les idées. Pas d’idées, pas de désir. Donc pas d’angoisse ni de
stress.
Les avis ! Je prends ce qu’il y a de positif et de constructif, je laisse le
reste. »
Bruno Chambois, première année de formation, France
Jocelyne Humeau, France
« La liberté de choisir sa consigne est très importante ; je le fais souvent
en fonction des remarques et d'une progression qui se fait parfois à mon
insu. Les commentaires sont très formateurs et je trouve que les encouragements sont nécessaires à chaque fois. En effet, oser poster une nouvelle, c'est s'exposer, nu comme un vers et prendre un risque alors n'hésitons pas puisque nous sommes tous sur le même bateau.
Il est difficile d'estimer ce temps d’écriture d’une nouvelle : j'ai besoin de
relire la consigne plusieurs fois et sur un temps différent ; matin au lever,
la journée ou le soir parce qu'elle m'interpelle et m'oblige à la relire pour
ne pas oublier ce qui tente de m'échapper.
Pour l'instant c'est la lecture d'autres nouvelles (Gavalda, Buzzati...) qui
me nourrit. Un désir, je ne sais pas, une envie de découvrir et de savoir
où cela va me mener, oui. En fait je le vis comme une expérience très
enrichissante et je me laisse porter par ce qui arrivera. Pas facile, un peu
confus peut-être tout ça! Les avis me semblent importants dans la mesure où ils formulent des conseils pour progresser et un petit encouragement, ma foi, ça ne fait pas de mal !
Même s'ils sont source d'angoisse quand ma santé ne me permet plus
d'avancer, ils me soutiennent et m'obligent à me dépasser dans les périodes de doutes. «
Jocelyne Humeau, première année de formation, France
« Les consignes sont des chemins parfois malaisés, mais ce sont des chemins, toujours plus faciles à emprunter que de se créer un passage dans
le désert ou la forêt vierge.
J'ai lu toutes les consignes de la 1° année au moment de mon inscription.
Certaines m'ont paru "infaisables" pour moi : elles ne correspondent ni à
mes préoccupations, ni à mes lectures ; elles ne figurent donc pas dans
mon imaginaire. Aussi ai-je alors décidé de traiter les consignes dans l'ordre proposé par l'atelier pour éviter toute dérobade. Pour le moment je
m'y tiens. J'espère y arriver jusqu'au bout. Les retours et leur étude font
clairement progresser déjà par la prise de conscience du travail à faire,
et, encore une fois, par les pistes à suivre. Même si je n'arrive pas toujours à les assimiler toutes comme je coudrais, j'ai toujours l'impression
DOSSIER SPECIAL
L’usage du temps en ateliers
de profiter au moins un peu de la manne distribuée. J'essaie de me tenir à
deux textes par mois. Pour le moment, j'ai réussi... Je travaille environ 3
semaines à 1 mois chaque texte, mais c'est compris le travail mental.
Lorsque je commence un texte, je lis soigneusement la consigne et rédige
un premier jet plus ou moins rapidement suivant la consigne. Puis je garde
cela dans ma tête et la consigne dans mon sac toujours avec moi, avec un
petit carnet où je peux noter à tout moment une idée, un mot, une référence. De plus en plus souvent je fais quelques recherches (livres, dictionnaires, internet...). J'écris au stylo dans un cahier. Je rature, barre des
passages, fais des renvois. Bref, cela devient rapidement illisible. Alors je
tape un premier état que je tire sur papier brouillon et qui sera, à son tour,
annoté, raturé, modifié ; j'entoure les répétitions, les incohérences, etc.
Après plusieurs lectures, au final, le lis mon texte à voix haute, comme si
c'était quelqu'un d'autre qui l'avait écrit. Terrifiant ! A ne pratiquer que les
jours où l'on se sent très solide !!!
Le désir d’écrire est toujours là, je ne me pose pas la question. Quant aux
avis, bien sûr ils m'importent. Mais seulement dans la mesure où ils me
donnent des pistes de travail. Est-ce une dépendance ? Je ne crois pas.
Les échéances sont un grand stimulant. J'ai commencé par l'atelier d'initiation où il n'y a pas d'échéances. Je me suis laissé déborder par toutes les
propositions de la vie.
Les 2 textes par mois m'effrayaient. Mais à présent que j'ai sauté le pas, je
m'en félicite. Même si le résultat n'est pas toujours au rendez-vous, le seul
fait de vraiment travailler l'écriture est un vrai bonheur. J'essaie donc de
respecter les délais.
L'angoisse (le mot est un peu fort) viendrait plutôt de ne pas réussir à assimiler tous les retours de Pointàlaligne (Jocelyne Barbas) pour pouvoir les
mettre en pratique. Mais là encore, n'est-ce pas "une question de temps" ?
C'est ma perception aiguë de notre finitude qui me pousse sans cesse à ne
pas laisser "passer le temps" et à me dépasser moi-même. Il me semble
que sans cette finitude, aucune création ne serait possible...
Marie-Françoise, France, première année de formation
« Les consignes me permettent d’être cadrée. Surtout en deuxième année
où les consignes sont distillées à petites doses, contrairement à la première année où elles sont distribuées en une fois. Au début, j’écrivais une nouvelle sans me soucier de la forme. Maintenant, quand j’ai terminé une histoire, je me relis une dizaine de fois pour vérifier si j’ai utilisé différentes
formes de phrases, alterné phrases courtes et longues, vérifié la cohérence, etc. Ce qui me fait gagner du temps par contre, c’est d’avoir appris à
faire un plan et à structurer mon écriture.
Pour lire et intégrer les consignes, j’ai une technique sans doute propre à
moi : je recopie tout en « Word » et souligne ou surligne les choses essentielles. Parfois j’ajoute aussi des données extérieures. C’était le cas pour
les figures de style et l’écriture pour les enfants en particulier. Pour écrire
une nouvelle, il me faut 15 jours en moyenne. Certaines vont plus vite,
d’autres trainaillent davantage.
En général, j’essaie de fignoler mes nouvelles mais il y a toujours un moment où je n’en peux plus. Je poste et tant pis : advienne que pourra !
C’est toujours des jets successifs. J’écris, je relis, je réécris, je relis, jusqu’à être satisfaite. Je crois être enfin arrivée au résultat parfait… et puis
viennent les premiers commentaires : répétitions, fautes d’orthographe…
pas encore capable de tout vérifier, mais ça va de mieux en mieux !
C’est clair que quand les avis sont encourageants, ça me stimule davantage pour avancer. Mais j’accepte de mieux en mieux les remarques des autres nouvellistes et préfère de loin ceux qui sont constructifs et qui osent
me dire franchement ce qui ne va pas. Les échéances me stimulent, elles
créent un rythme. Je me suis fixée deux nouvelles par mois et j’y arrive. »
Béatrice Le Bon, seconde année de formation, Liban
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L’usage du temps en ateliers
Serge de la Torre
« L’atelier nous propose une structure, un rendu de texte minimal
régulier (6000 caractères tous les 15 jours à peu de choses près).
Notre écriture, elle, n’a pas ou pas forcément le même tempo
(Devrais-je rappeler le lien qu’elle peut avoir avec notre vie, notre
inspiration, notre assiduité, notre disponibilité, notre attention à cette
gestation intérieure du sujet de nos écrits…), nous avons besoin d’une structure, d’une attente extérieure, d’une sollicitation externe
pour qu’advienne notre création mais pour autant la vie jamais ne
s’arrête à cette structure.
Je suis conduit par les stimulations diverses à des « épreuves d’écritures » , que je ne me serai pas imposé moi-même, mais c’est le
propre de tout exercice et de toute formation que de conduire où on
ne serait pas allé naturellement, et c’est un pari sur l’effet que ces «
épreuves » produiront sur notre créativité future, au moment où
nous serons autonome 3ème année et suivantes, mais j’ai une certitude, c’est que je n’arriverai pas là comme je suis entré dans la formation.
Les nouvelles compétences d’écriture acquises m’épargnent des efforts non pas dans l’atelier d’écriture mais dans ma vie professionnelle-, j’écris plus vite, je vais à l’essentiel, et mes collègues s’étonnent que je sois celui qui propose d’enlever des mots aux écrits, moi
qui si longtemps m’étendait en longues phrases, qui j’en étais
convaincu gagnaient en compréhension quand elles gagnaient en
mots.
C’est une aventure à chaque fois que de lire et d’intégrer une consigne d’écriture, je les ai toutes déjà lues plusieurs fois, et toutes quelque part me travaillent déjà, mais lorsque j’en sélectionne une que je
veux travailler, alors tout est remis à zéro. Et j’ai assez vite une idée
qui germe en lien avec la consigne telle que je l’envoie, mais ce n’est
encore que le point de départ, car mille facteurs, littéraires, liées au
sujet, à la contrainte d’écriture, à mon inspiration, à mes humeurs,
limite des longueurs de textes… Tout cela va influer en positif ou non
sur mon travail et le stimuler ou me demander à mûrir jusqu’à ce
qu’au bout de la nième écriture et relecture, je me sente assez satisfait du résultat pour l’éditer. Il y a toujours pour moi, un facteur
d’adhésion affective, qui est là d’emblée ou se construit petit à petit.
Je suis de plus en plus exigeant au fur et à mesure, je ne peux plus
me satisfaire de ce que je faisais avant. Il me faut tenir compte de
plus en plus des différents défauts de mon écriture, relevés par les
échos reçus lors de mes envois précédents. Je relis beaucoup des
heures durant, jusqu’à ce que le texte me soit lisse et rond en bouche, quand je me le lis à moi-même, ensuite en général je le soumets à mon premier cercle de lecteurs et seulement ensuite, je le
poste après quelques lectures-réécritures supplémentaires.
Les avis me ravissent surtout quand ils sont bienveillants, et ils le
sont en règle général, même si je ne suis pas toujours en parfait accord avec ce qui m’est dit : je m’applique à les comprendre dans ce
qu’ils me disent. Mais certains silences sont aussi parlants que des
commentaires, et je dois faire avec tout cela, mais ce n’est pas ce qui
m’arrêtera. Le désir d’écrire pour moi s’entretient dans le fait d’écrire, dans la douce torture que représente l’écriture et dans la libération que représente un produit fini. Il me restitue une image de moi
renforcée, un sentiment d’avoir réussi à faire sortir quelque chose de
nouveau : je me regarde un peu autrement.»
Serge De La Torre, première année de formation, France
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L’usage du temps en ateliers
Pour lire et intégrer une consigne. Tout d’abord, je recopie à la main les
documents se rapportant à cette dernière. Cette prise en compte
‘’appuyée’’ permet de m’imprégner de l’univers du contexte proposé.
Pour écrire une nouvelle, il me faut en moyenne une à deux semaines. Je
développe plusieurs pistes puis au bout de quelques jours, je jette mon
dévolu sur l’une d’entre elles. Les stimulations dans l’atelier m’orientent
quant aux améliorations que je me dois d’apporter à mes écrits. Ce sont de
gentils coups de fouet qui remettent en question ce que je pensais être bon
ou correct. Ils permettent dans bien des cas de casser ma propre certitude
et de travailler non plus pour (quelque part) mon ego mais pour autrui,
chose plus ardue que de se complaire dans sa propre plénitude.
Pour les consignes d’écriture. Elles sont pour moi appropriées dans bien
des cas. De plus, contraint aux 6OOO signes il est important de veiller à se
maintenir dans les clous pour produire un récit de qualité et concis.
Cependant, certaines consignes dont le contenu ne m’intéresse pas Ecrire
sur des thèmes touchants la Mythologie, le Fantastique ou autre Fantasy
ne s’inscrit absolument pas dans mon univers littéraire. Les échanges avec
les autres nouvellistes ne peuvent qu’être bénéfiques. Connaître autrui,
celui ou celle avec qui l’on partage la même passion, est toujours intéressant et surtout enrichissant. Même si certaines discussions sont parfois
étrangères à ce qui nous occupe, ça gère !
Les nouvelles compétences acquises sont très précieuses. Elles me permettent de mieux me centrer sur la structure de mon texte. Je le regarde d’une façon différente et l’analyse non plus pour moi, mais plus en pensant à
ce que pourrait ressentir le lecteur. Elles me donnent aussi accès à un développement personnel qu’il soit technique et/ou linguistique que j’adapte
en temps réel sur les textes que je rédige.
Les retours postés sur mes écrits m’obligent à prendre soin de veiller à tenir compte des remarques formulées. Ils pointent de petits détails qui deviennent importants lorsque l’on s’y penche d’un œil nouveau. Ils forcent
souvent, et c’est bien, à la relecture et amènent par la force des choses à
la création de nouvelles versions. Au début, j’étais pressé, excité de poster
une nouvelle fraichement pondue. Avec le recul, je prends maintenant mon
temps. Je fignole, je corrige, je recommence,… avant toute publication.
Mon désir d’écrire s’entretien tout seul. J’ai tellement de choses à dire,
donc à écrire. Les avis sont importants mais uniquement s’agissant du
‘’contenant’’, techniques, et autres caractéristiques ou considérations littéraires. Le reste me regarde. »
Thierry Fariaut, première année de formation, France
Thierry Fariaut
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DOSSIER SPECIAL
L’usage du temps en ateliers
Nouchka Favez, Suisse
« Parfois il me faut quelques jours de réflexion pour me mettre à
écrire et parfois, je m’assois devant l’ordinateur et hop ! Ça démarre
tout de suite !
En principe je consacre 5 à 7 heures par semaine pour la lecture, je
voudrais vraiment faire plus, mais c’est difficile. Avant je lisais longtemps le soir au lit, mais maintenant avec l’âge… je m’endors et ça
m’énerve !
Concernant l’écriture c’est selon… mais je peux dire qu’environ 10 à
15 heures y sont consacrées. Il y a des semaines où mon temps est
moins compté et j’en profite pour écrire ou lire des textes consacrés
à l’écriture.
Je n’ai pas de trucs et j’ai la chance d’être à la « retraite mais active
et occupée » Quand j’ai envie d’écrire, j’écris et comme j’ai tout le
temps envie d’écrire…
Les consignes d’écriture sont excellentes. Elles proposent des sujets
et donnent des idées, si bien que me retrouvant sans consigne, je me
sens presque perdue !
Les échanges avec les autres nouvellistes sont très valorisants et
pleins de sagesse. Quoi de plus intéressant que de savoir qu’on est lu
et de recevoir un commentaire. Le forum aussi est un lien très appréciable et c’est enrichissant de connaître les aspirations et aussi les
soucis de nos « co-nouvellistes ».
Les nouvelles compétences acquises grâce aux retours de Pointalaligne (Jocelyne Barbas) sont une richesse et si on pense à appliquer
tous ses conseils et suggestions, je trouve que c’est vraiment un plus
dans l’écriture.
Selon les consignes, il me faut bien 2 à 3 jours pour intégrer ce qui
nous est demandé. Et puis, l’inspiration vient grâce aux sujets proposés.
Une dizaine de jours est nécessaire pour mettre mon texte au point.
Au début, j’écrivais, je relisais et je trouvais que tout était bien !
Maintenant, j’analyse, je relis, je corrige, je relis et je relis encore, je
change des mots, je reviens en arrière… J’attends un ou deux jours
pour laisser le tout décanter, et je relis pour la Xème fois ma nouvelle. Puis de guerre lasse !! Je me décide enfin à la publier sur le site !
Il me semble que j’ai beaucoup de choses à raconter, à écrire, à imaginer, parce que j’aime inventer des histoires en partant parfois de
faits réels ou vécus. J’ai de la chance d’avoir beaucoup d’imagination,
donc écrire devient presque une passion, mais aussi un jeu. J’ai un
plaisir fou dans cette explosion de mots qui s’alignent sur la feuille
blanche, presque à mon insu ! Les avis des autres me sont très utiles
et me comblent lorsque je sais que je suis lue, c’est pour cela que je
lis le plus possible les nouvelles publiées sur le site de formation. Je
ne fais pas de commentaires sur la forme en général, mais sur le
fond car c’est ce qui me touche le plus. »
Nouchka Favez, seconde année de formation, Suisse
DOSSIER SPECIAL
Page 11
L’usage du temps en ateliers
« J’ignore combien de temps je consacre à l’écriture,
c’est très variable. C’est cyclique. Mais j’ai toujours
une action d’écriture dans la journée.
Pour la lecture, cela n’a pas changé, ou presque, depuis l’adolescence. Je me lève toujours par un temps
de lecture qui varie d’une demi-heure à une heure. Je
mets quelques fois mon réveil une heure en avance
pour cela. Et je finis toujours la journée par la lecture.
Une heure minimum par jour. Je ne parle pas des lectures sur Internet : journaux, sites divers, site de l’Aimant et forum : ce qui prend aussi une heure au
moins.
« l’atelier a tout changé dans ma façon d’aborder
l’écriture. Une pression s’établit par l’édition de nouvelles des autres, par les commentaires, par le rythme imposé. Ces pressions m’obligent à finir une nouvelle.
Les nouvelles compétences d’écriture acquises ne
m’épargnent pas d’efforts dans le sens où je me sens
avancer et cet apprentissage demande beaucoup d’efforts. Plus ça avance et plus j’en découvre.
Le temps d’écriture des nouvelles reste variable. Cela
dépend de la consigne, quelques fois je cherche pendant plusieurs jours, d’autres fois cela me paraît évident. Je ne suis pas arrivé à finaliser certaines écritures, par exemple celle du fait divers, j’ai dû y passer
une vingtaine d’heures sans arriver à démarrer, j’ai
cumulé un nombre de notes importantes, de pistes,
etc. Mais cela ne m’a jamais satisfait. Par contre la
nouvelle en une page m’a demandé trois heures de travail en tout. Je
prends de plus en plus le temps de relire et corriger ma nouvelle avant de
la poster. J’ai regretté souvent au début de l’avoir mise en ligne trop vite.
Maintenant, j’ai plus de plaisir à la relire, à la corriger et d’aller vers un
certain accomplissement. Il y a d’abord un temps d’écriture et de réécriture par paragraphe et quand la nouvelle est finie, un temps de plus en
plus long mais aussi de plus en plus structuré de correction et de réécriture. J’y prends vraiment du plaisir.
J’entretiens mon désir d’écrire d’abord par lecture. En ce moment, je lis –
que dis-je ?- je savoure « Si par une nuit d’hiver, un voyageur » de Calvino : c’est une source inépuisable (j’ai l’impression d’avoir trouvé mon livre de chevet) de bonheur et d’envie d’écrire. La mer ! Et oui, il suffit
que j’entende une trompe de navire sortir du port pour avoir envie d’écrire : c’est Pavlovien ! Ne me demandez pas pourquoi, je n’en sais rien.
Le monde ! Les autres, les discussions, regarder vivre ou tout simplement
être parmi les autres. Le souk est un vivier.
Le voyage ! Aller marcher dans la montagne de l’Atlas ici, faire des découvertes, des nouveaux paysages, des villages, des personnes.
De moins en moins, je demande l’avis de mes lecteurs préférés, je les
écoute, c’est passionnant. Mais je ne m’en sens pas dépendante. J’en
tiens compte mais les avis me servent à savoir si j’ai réussi à toucher et à
retravailler pour y arriver.
J’ai toujours été sensible à l’urgence, j’ai longtemps fait partie des « paniaques », ceux qui deviennent efficaces au compte à rebours. Maintenant, j’ai besoin de fignoler. Le perfectionnisme me guette. »
Marie, seconde année de formation, Maroc
La littérature,
une formidable machine
à remonter temps
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DOSSIER SPECIAL
L’usage du temps en ateliers
La troisième année de formation :
Le temps de la création
Dominique Beck, France
« Tout d'abord, ce que j'en dis aujourd'hui, je n'aurais pas pu le dire
il y a peu de temps encore. Je suis en 3e année dans l'atelier de
formation ; plus de consignes, plus de béquilles, je suis seul maître à
bord et bien sûr l'usage de mon temps d'écriture est au cœur de la
question.
J'en avais déjà pris conscience pour d'autres choses, mais pour moi,
c'est sûr, il y des choses qui pour être bien faites doivent non pas
être vite faites, mais faites avec rapidité. C'est assez paradoxal car
l'écriture est à priori une activité lente, ralentie par ses gestes. Ceci
pour dire que mes temps d'écriture sont organisés en plages horaires
assez courtes, ce qui a été rendu possible par le fait que j'ai appris à
utiliser des outils comme le synopsis et le séquencier et d'autres documents préparatoires comme les fiches-personnages, les enchaînements d'actions... Même si je passe plusieurs heures par jour à écrire, je vais d'une tâche à l'autre, ce qui limite la fatigue et la baisse
d'efficacité. Le fait d'écrire peu à la fois réduit aussi le travail de relecture et de correction : le premier jet est moins "brut" et c'est appréciable quand le texte commence à être long.
J'ai moi aussi des échéances, et je sais que je n'ai pas le temps de
m'endormir.
Ce que j'aurais à dire sur ce sujet de l'usage du temps dans l'écriture ? Je dirais qu'écrire amène à des tâches variées, certaines quantifiables en durée et qui ont l'intérêt qu'on peut se dire "Ca, je l'ai
fait".
Mais en fait le temps d'écriture le plus stressant, et celui qui ne pardonne pas si on ne lui accorde pas assez d'intérêt, c'est le temps
d'avant l'écriture, tout ce qu'il faut avoir élaboré et tenir serré avant
de se sentir prêt à plonger et taper le premier mot de la première
phrase. J'ai appris à mes dépens ce qu'une erreur d'aiguillage peut
coûter, aussi je veille à avoir une vue plongeante (un regard d'aigle
serait mieux...) sur mon futur texte avant de commencer à rédiger.
Ce qui n'évite pas les accrocs...
Pour la lecture aussi je fragmente, j'ai toujours plusieurs livres en
chantier, autant littérature que livres sur la littérature.
Le désir d'écrire, je l'entretiens par la curiosité, je suis toujours à la
recherche d'un nouveau sujet. Avec toutes sortes de moyens, internet, visites de lieux insolites, reportages photos, avoir toujours un
œil et une oreille qui traînent. »
Dominique Beck, troisième année de formation, France
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DOSSIER SPECIAL
Gérer son temps d’écriture
Atelier d’initiation
« Parfois, je ne sais pas m’arrêter dans les relectures et corrections, jamais satisfait du résultat.
Souvent, je fais de nombreuses relectures successives avec un seul objectif à chaque fois ( ex : varier les synonymes avec le dico sous la main ;
ou vérifier les indices destinés à amener la chute ; ou vérifier les temps
des verbes ; ou reconstituer un plan précis. »
Le temps est un sujet d’angoisse omniprésent dans la vie quotidienne :
chronométré, mathématisé, injonctif, précis. De même que Le Chat ( Geluck) « Je me demande si ce n’est pas du temps perdu que d’essayer de
le rattraper ». Cependant ce qui est vrai dans la vie, est faux en écriture.
On peut le suivre, le violer, le distordre, le modifier, le maîtriser, le redéfinir, le rêver… Les possibilités sont infinies, au contraire du temps mathématisé défini par les physiciens. Non seulement on peut s’en libérer dans
l’écriture, mais on peu jouer avec et le traiter comme bon nous semble.
Le temps est LA ressource essentielle de L’écriture. »
Jean-Yves – France
Le sondage
-Comment vous organisezvous ?
- Avez-vous des trucs pour
mieux gérer le temps ?
- Qu’auriez-vous à dire sur
ce sujet de l’usage du
temps dans l’écriture ?
Atelier de formation
« L’idéal pour moi, c’est d’être seule. Je suis vite distraite par les bruits, le
téléphone, les conversations. Je me déconnecte d’Internet quand j’écris.
Ca m’évite d’être tentée de lire mes mails ! »
Béatrice Le Bon, deuxième année de formation, Liban
« L’usage du temps dans l’écriture ne doit pas se référer à une montre.
Mais plutôt à une nécessité intérieure que l’on a de livrer par écrit ce que
notre âme et aussi notre cœur ont à donner. Lorsque l’envie d’écrire se
fait pressante, peu importe le lieu ou l’heure, il faut y aller. Cette pression
temporelle assénée par notre société ne doit pas, si possible, venir entacher les plaisirs que l’on rencontre en narrant épisodes, anecdotes ou fictions qui traversent nos instants. L’écriture est une bulle de vie où se côtoient tous nos sens. C’est encore un des seuls endroits sur notre planète
(et ils en restent peu) qui ne soit pas pollué.
Alors essayons de le garder intact et ouvert ! »
Thierry Fariaut, première année de formation, France
Les "trucs" pour mieux gérer mon temps est de faire des choix (toujours
douloureux) dans tout ce qui n'est pas ma vie professionnelle, d'établir
une sorte de hiérarchie entre mes différentes envies, mes différents centres d'intérêts, hiérarchie qui varie selon mon "état" personnel. »
Marie-Françoise, première année de formation, France
« J’aime aller me promener dans la forêt où il n’y a pas âme qui vive, et
là je peux réfléchir et imaginer plein de choses. Je prends mon petit carnet et je note mes idées sinon, elles disparaissent au tournant du prochain sentier. De retour à la maison, je relis mes notes et voilà, j’utilise
celles qui me plaisent le plus. »
Nouchka Favez, deuxième année de formation, Suisse
« Avoir envie de tout faire, et le mieux possible, me suffit à me motiver à
faire les sacrifices nécessaires, alors nonobstant des résultats irréguliers
au final, je rejette tout ce qui ne va pas dans le sens de la nécessité et de
mes priorités de vie : famille et amis, travail, ….écrit. Je reste le plus souple possible entre les trois piliers, en fonction de ce qui se présente comme le plus important, sur le moment, sans rien vouloir sacrifier jamais,
jamais gagné, toujours à réviser. »
Serge De La Torre, première année de formation, France
« De plus en plus, je me donne
des petits objectifs : aujourd’hui,
je fais ça, des petites demiheures : pour une recherche,
pour un personnage, pour un paragraphe (mais c’est plus difficile).
Un temps pour intégrer, un temps
pour digérer et ensuite de la volonté pour s’y mettre.
Je dirais qu’il ne faut pas gâcher
son temps d’envie ou d’inspiration, il faut lui sauter dessus et le
poursuivre sans relâche. »
Marie André-Carton, deuxième
année de formation, Maroc
Page 14
Quelques citations d’auteurs sur leur usage du temps
«N’approchez pas la page blanche à
la légère. Si vous êtes capable de
prendre l’écriture au sérieux, nous
pouvons faire affaire.(…)
J’aime bien rédiger dix pages par
jour. (…)
Ce qui favorise le plus une production régulière, c’est une atmosphère de travail sereine. Il est difficile,
même pour un écrivain prolixe d’écrire dans un environnement où il
est sans cesse dérangé ou troublé.
Comme pour un exercice physique,
il vaut mieux commencer par ne
pas mettre la barre trop haute,
pour ne pas se décourager. Je vous
suggère 1000 mots par jour et,
comme je suis magnanime, je vous
accorde un jour sans par semaine,
au moins au début.
Votre boulot est de faire en sorte
que votre monsieur Muse sache où
vous trouvez tous les jours entre
neuf heures et treize heures ou entre dix-neuf heures et trois heure.
S’il le sait, je vous garantis que tôt
ou tard, il pointera le bout de son
nez en mâchonnant son cigare et
ouvrira son sac à magie. »
Stephen king, Mémoire d’un métier
« Ceux qui emploient mal leur
temps sont les premiers à se plaindre de sa brièveté : comme ils le
consument à s’habiller, à manger, à
dormir, à de sots discours, à se
résoudre sur ce qu’ils doivent faire,
ils en manquent pour leur affaire ou
pour leurs plaisirs ; ceux qui en
font un meilleur usage en ont de
reste. »
La Bruyère
« Mais dégager du temps n’est pas
qu’une affaire de possibilités, c’est
surtout une affaire de volonté. C’est
à vous de décider que vous êtes
écrivain, et que vous avez besoin
de temps pour écrire. Le problème
est le même que pour le sport.
Vous pouvez rester devant votre
télé à regarder des matchs de foot
en buvant de la bière et en vous
disant que vous allez vous inscrire
dans un club dès le mois prochain.
Ou bien, vous pouvez y aller tous
les dimanches, même quand il gèle
et qu’il vous faut vous lever à 6
heures. C’est juste une question de
volonté.
Personne n’aime se mettre au travail alors que le farniente est possible. C’est pourtant le seul moyen
de progresser. »
Gilbert Gallerne,
Que pensez de ce sondage ?
Le nombre de participations à cette
newsletter augmente et je remercie
tous les contributeurs du temps
passé à échanger des expériences
et à réfléchir ensemble.
Les comportements, les valeurs
changent avec le degré de formation ainsi que le regard porté sur
les œuvres et sur ses textes. Ces
transformations sont des signes
observables de cette formation.
L’enseignement le plus difficile reste l’acquisition de l’autonomie, la
perception réaliste du travail de
l’écriture et l’affirmation d’une démarche de création personnelle. Un
professionnel peut passer 70 % de
son temps à préparer son écriture,
rester des années sur un même
projet sans abandonner. Il aura
fallu pas moins de 19 ans à J.R.R
Tolkien pour écrire le Seigneur des
Anneaux. On pourrait multiplier les
exemples mais les livres écrits dans
la précipitation et l’urgence ne sont
pas généralement ceux que retiennent
les
lecteurs «
Le
temps ne respecte pas ce qui
se fait sans lui » assure Paul
Morand, dans son œuvre : L'homme pressé. Cet atelier d’écriture en
ligne ne peut que réhabiliter la valeur de l’effort et du temps nécessaire à la formation. Le passage de
l’intention à la concrétisation peut
s’avérer abrupt et c’est pour cette
raison que L’aimant littéraire a élaboré une formation vivante et interactive, à la fois collective et individualisée. Il s’agit de jalonner des
parcours de formation et des itinéraires de création. Cette formule à
distance, disponible à tout moment,
vous fait économiser des temps de
trajets et des contraintes horaires.
De même, vous restez maîtres de
votre implication et du temps que
vous voulez accorder à l’écriture.
Mais surtout, cette formation compresse en trois années un cheminement d’écrivain qui en demande au
moins 10 ! L’usage du temps en
atelier d’écrire est fructueux.»
Newsletter rédigée et mise en page par
Jocelyne Barbas
Ecrivain & animatrice
de l’atelier de formation
L’aimant littéraire
Ecrire et lire, ne sont-ils pas
deux manières de donner une
consistance au temps ?
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