enjeux et défis mutations développement

Transcription

enjeux et défis mutations développement
Le
magazine
du
DLR
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DOSSIER
ECONOMIE CIRCULAIRE
enjeux et défis
mutations
développement
Congrès DLR :
Caché derrière
p4
48h
pour trouver
un emploi !
p 34
Professionnels du matériel d’entreprise et de services au BTP et à l’industrie
Carburant
& mise
en conformité
p 45
juin 2014
édito
Sonia Dubès
Soyons optimistes !
Nous sommes déjà au milieu de l’année 2014… Et si c’était pour nous l’occasion de voir l’année à moitié pleine
plutôt qu’à moitié vide ? De faire preuve d’optimisme ?
Certes, les difficultés existent. Nos entreprises dépendent de la conjoncture, de la politique de nos gouvernants, de la fiscalité du pays, de nos clients, de nos fournisseurs, de nos salariés et probablement de nombreux autres facteurs que nous ne savons ou ne pouvons pas toujours identifier ni maîtriser.
Mais nos entreprises dépendent aussi et surtout de nous, les dirigeants. De notre vision du monde, de nos peurs
du changement ou de notre appétence aux changements, de notre capacité d’adaptation et d’anticipation…
Bien sûr, il nous est impossible à nous seuls de tout prendre en main. Du reste, le vouloir serait déjà une erreur,
car nous sommes parfois le premier frein à l’évolution de nos structures.
Alors que faire ? Il n’y a pas de solutions miracles, cela serait bien trop simple. Mais nous pouvons nous former
(cela aide à la remise en cause, à trouver de nouveaux chemins), éveiller notre curiosité, échanger dans des
associations de chefs d’entreprise, dans des clubs, dans la fédération du DLR, nous engager.
Le repli sur soi est source d’enfermement, de pessimisme, de protectionnisme. Au contraire, regardons ce
qui se fait ailleurs (autres pays, autres secteurs d’activité, confrères), remettons-nous en cause. Le monde
évolue… le DLR, vous, moi, nos équipes devront changer et s’adapter.
Le monde d’hier avait ses avantages et ses inconvénients. Le monde d’aujourd’hui et de demain sera ce que
nous voulons bien en faire, avec ses opportunités, ses risques, ses peines, ses joies. Soyons honnêtes avec
nous-mêmes : c’est ce qui génère l’adrénaline pour surmonter tous les défis qui nous attendent.
Notre activité est en mutation, elle s’ouvre à de nouveaux métiers. Nous sommes des chefs d’entreprise,
des patrons et fiers de l’être. Il est donc de notre responsabilité d’engager les changements nécessaires.
Bien à vous,
Sonia Dubès
Le Magazine du DLR ■
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sommaire
INDEX DES ANNONCEURS
AG2R LA MONDIALE
ATN
GENIE FRANCE
4 - ÉVÉNEMENT
49e congrès du DLR
12 - NOS RÉGIONS
Tour d’horizon de l’activité
dans nos régions
16 - NOS MÉTIERS
Distribution
Location
Manutention
24 - ÉCONOMIE
Conjoncture 2013 & 2014
28 - DOSSIER
La "révolution" de l'économie circulaire
en marche
34 - NOS ACTIONS
Promotion des métiers
Forum DLR
Social
Maintenance, sécurité, qualité, environnement
Juridique & Fiscal
47 - INTERNATIONAL
ERA, une indispensable présence
à Bruxelles
48 - VOS RENDEZ-VOUS
HAULOTTE France
INTERMAT
KAESER COMPRESSEURS
MCS France (Logiciels)
MISTRAL INFORMATIQUE
MOVA ENERGY
MTA - MUTP
Salon MANUTENTION 2014
SMABTP
TVH
WIRTGEN France
Yanmar Construction Equipment Europe
[email protected]
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SEDL pour le compte de DLR, fédération nationale
des Distributeurs, Loueurs et Réparateurs de matériels
de bâtiment, de travaux publics et de manutention.
19, rue de l’Université – 93160 Noisy-le-Grand
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L’équipe du DLR
Impression : M&C - www.matieresetcouleurs.com
(Magazine imprimé sur papier certifié PEFC)
Rédaction : Isabelle Masure - Philippe Genet
Christophe Marques & Nicolas Bouzou, Asterès
pour la rubrique ECONOMIE
Publicité : Isabelle Lejeune
Tél. : 01 49 89 32 39
ISSN : 1771-3366
Le Magazine du DLR ■
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événement
600 professionnels au 49e congrès du DLR
Thierry Watelet
Avec le thème "Caché derrière",
le DLR a entretenu le mystère sur
le 49e congrès, organisé les 27 et
28 mars 2014 au parc Chanot de
Marseille et qui a réuni environ
600 participants.
Le congrès du DLR est le rendez-vous incontournable pour les 500 membres adhérents
des secteurs représentés par la Fédération.
Cette rencontre annuelle des acteurs de la distribution, de la location et de la réparation de
matériels de bâtiment, travaux publics et manutention permet d’échanger et de s’informer sur
les problématiques propres aux métiers et plus
globalement sur l’environnement économique
et social.
Le thème de la 49e édition du congrès était des
plus énigmatiques et s’intitulait : Caché derrière.
"Il y a ce que l’on voit et ce que l’on croit voir.
Nous avons le choix de prendre une voie plutôt
qu’une autre, d’aller chercher ce qui est caché
derrière et c’est ce que nous vous proposons au
cours de ce congrès", indiquait en préambule
Sonia Dubès, présidente du DLR.
Une introduction proche d’un sujet de devoir
philosophique et justement, le DLR avait convié
Heinz Wismann, philologue, philosophe, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en
sciences sociales (EHESS), à apporter son regard
sur les différentes interventions de la première
journée du congrès.
Autre regard et esprit de synthèse, celui de
Thierry Watelet, brillant chef d’orchestre de ces
deux jours, maître dans l’art d’analyser, de résumer, d’orienter les débats et de faire le lien entre
les différentes interventions.
Eric Frèche, président de la délégation SudEst du DLR, en tant que "régional de l’étape",
a ouvert le congrès en évoquant le vrai Marseille, celui qui se cache derrière les clichés
et les idées reçues, loin de "Plus belle la vie"
et du grand banditisme. "Notre région sait
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montrer le visage de la réussite. Marseille,
capitale européenne de la culture en 2013, personne n’y croyait et pourtant les chiffres de fréquentation parlent d’eux-mêmes : le MuCEM,
2 millions d’entrées ; la soirée d’ouverture,
420 000 personnes ; TransHumance, 330 000
personnes ; le Pavillon M, 1 million de visiteurs".
L’exemple de la culture, auquel Eric Frèche a
associé celui du pôle d’affaires, du pôle universitaire, etc…
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur est l’un
des principaux marchés régionaux pour les
métiers représentés par le DLR : les entreprises
de la profession implantées en région PACA emploient 3 250 personnes, soit 9% des effectifs
recensés en France.
Derrière le titre mystérieux du congrès se sont
dévoilés des intervenants éclairés sur des sujets
aussi variés que les nouvelles méthodes commerciales, l’innovation à travers les âges, les
business models et leur nécessaire évolution,
les avancées dans la recherche sur le cerveau,
la marche à suivre en cas de contrôle fiscal…
Des adhérents du DLR étaient invités à témoigner de leurs expériences et à prendre part au
débat à l’issue des interventions.
Mais le congrès est également pour les professionnels l’occasion de présenter leurs entreprises, leurs savoir-faire, leurs spécificités.
L’espace exposants et partenaires comptait
70 stands. En tout, près de 600 personnes ont
participé sur les deux jours au 49e Congrès du
DLR, qui, en assemblée générale, a procédé à
la réélection de Sonia Dubès au poste de présidente de la Fédération.
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VIDÉO
49e congrès du DLR
La nécessaire adaptation
des techniques de vente
Gérard Baillard
prix, etc... Ils arrivent chez vous avec une idée
très précise du modèle, du coût, de l’utilisation.
Le client fait son choix, il est autonome et il y
a préméditation de l’achat. Ce qui l’intéresse
en arrivant dans votre entreprise, c’est le prix
que vous allez lui proposer. Google enregistre,
Gérard Baillard, créateur et dirigeant de
chaque seconde, 850 000 nouvelles recherches.
Mercuri International Business Partners,
Youtube permet de voir la présentation en libre
expert APM sur le développement commercial
accès d’un produit. Le combat est déséquilibré.
et les nouvelles méthodes de vente, en a fait
Linkedin, qui comptait 238 millions de membres
la brillante démonstration, dépassant le simple
en 2012, est un réseau social fabuleux pour
constat et livrant ses conseils pour s’adapter à
trouver des clients".
cette révolution commerciale.
Les entreprises ne peuvent plus ignorer ces
"Je viens témoigner de ma vie de vendeur.
outils qui ont engendré une modification
Je suis en instance de divorce commercial.
profonde des réflexes des consommateurs.
En l’espace de trois décennies, le client a
profondément changé, il est maintenant… Reprendre le leadership
connecté", lançait l’expert en introduction de
Pour autant, Gérard Baillard n’annonce pas la
son intervention.
fin du commercial. Le vendeur du siècle dernier
Les exemples de changements d’attitudes est obsolète, alors vive le vendeur du 21e siècle !
et d’habitudes des clients liés aux nouvelles "La fonction commerciale a de belles heures
technologies ne manquent pas : "Au siècle devant elle, à condition de changer les pratiques
dernier, quand vous vouliez rallumer votre et de mettre les nouvelles technologies à notre
chaudière et qu’elle ne démarrait pas, service. Nous devons reprendre la main sur les
vous preniez les pages jaunes papier et autonomistes, maîtriser la relation, faire de
vous recherchiez un plombier chauffa- l’ascendant personnel, analyser la situation et
giste. Aujourd’hui, 92% des Français vont créer de la complexité, du doute. Le vendeur
aller sur Google pour consulter des forums doit trouver les avantages concurrentiels et
spécifiques. C’est redoutable".
avoir l’art de révéler les besoins du client. Bref, il
doit reprendre le leadership".
Si Google est utilisé par les clients pour
chercher une solution à un problème, le moteur Pour Gérard Baillard, la relation humaine reste
de recherche l’est aussi pour se renseigner indispensable mais elle doit être accompagnée
sur un produit, une entreprise. "Avec ces nou- par les nouvelles technologies. "Il faut faire
veaux outils technologiques, des clients d’un évoluer vos outils de vente. Le vendeur,
nouveau genre ont fait leur apparition : les aujourd’hui, consacre seulement 20%
autonomistes. Selon la définition du Petit de son temps à la vente, contre 42% aux
Robert, "l’autonomiste fait preuve d’indépen- déplacements, 31% aux tâches administradance et se passe de l’avis d’autrui". Dans votre tives et 7% à d’autres tâches. Aujourd’hui,
domaine d’activité, quand on tape sur Google on peut travailler à distance grâce au web
"location de pelle mécanique", on obtient meeting. Skype est plus utilisé à des fins
2 120 000 pages indexées. Il existe des forums personnelles que professionnelles. Techniquesur les engins de chantier et les travaux publics. ment, l’entreprise peut l’utiliser mais ce n’est
Les clients ont les moyens de comparer, de pas encore entré dans les mentalités".
choisir leur engin en fonction de l’usage, du
Les nouvelles technologies ont
profondément révolutionné les
techniques de vente, obligeant
le vendeur à adapter ses méthodes
et sa relation client.
"Il faut également utiliser les nouveaux outils
de vente : la présentation de l’entreprise et de
ses offres aura plus d’impact sur tablette et
faite par le dirigeant lui-même. On peut intégrer
des vidéos explicatives techniques. Et pour les
références, des témoignages vidéo de clients
auront du poids".
Alors à la question initiale : à quoi ressemblera le
vendeur de demain ? Gérard Baillard répond "un
technophile charismatique. Les technophiles
sont nombreux mais le charisme est de l’ordre
de l’inné, de l’aptitude".
"Le vendeur
de demain sera
technophile et
charismatique."
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événement
L’innovation est devenue
un argument de vente
Heinz Wismann
La société est en quête permanente
d’innovation. Dans le monde de la
technologie, de l’entreprise, de la
politique, des médias, l’innovation
s’affiche partout et d’aucuns prétendent même qu’elle est l’une des
clés de la sortie de crise.
Que se cache-t-il derrière l’innovation ? Comment a-t-elle été appréhendée par les civilisations passées ? L’innovation est-elle forcément
source de progrès ? Le consommateur court-il
après l’innovation ou la nouveauté ?
Pour décrypter cette notion complexe qu’est
l’innovation, le DLR avait fait appel à un expert
de renom en la personne d’Heinz Wismann,
philologue, philosophe, directeur d’études à
l’Ecole des hautes études en sciences sociales
(EHESS).
"La nouveauté a été, pendant des siècles, un
sujet d’angoisse. Les sociétés traditionnelles
interprétaient le progrès non pas comme une
innovation mais comme la redécouverte d’une
perfection oubliée, une réédition de l’ancien.
La rupture s’est produite en Europe au 15e
siècle à la faveur d’un événement majeur, la
découverte de Copernic : la terre n’est plus au
centre de l’univers".
Ce nouvel ordre du monde met fin à des certitudes ancestrales et entraîne la société à
changer de perspective. "Pour conjurer cette
angoisse du nouveau, Thomas More, en 1516,
invente l’utopie. L’utopie, c’est déplacer le sens
de ce qui arrive du passé vers le futur. Ce critère est le progrès. Cette perspective du progrès subordonne l’innovation de l’avancée".
C’est sur cette même idée, selon laquelle les
progrès, les sciences et les techniques doivent
résoudre les problèmes, que s’est construit le
mouvement des Lumières.
L’innovation pour l’innovation
Pourtant, au 19e siècle, cette idéologie du pro-
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grès est remise en cause. "Soudain, en France
et en Angleterre, surgissent, dans la population éprise de progrès, des gens qui s’insurgent contre l’idée de progrès sur la base de la
réflexion suivante : si je place mon existence
dans la perspective du progrès, les générations
futures vivront mieux que moi. Cette population postmoderne vise le "Paradise now", une
perfection accessible dans le présent". L’innovation, se suffisant à elle-même, s’est alors
découplée du progrès.
"Pour ne pas suivre la voie ascendante du
progrès, cette population va briser la routine.
Par exemple, ils brisent la continuité du vêtement, qui jusqu’alors était statutaire". C’est
la création du Dandysme, de la Bohême. Cette
rupture va également impulser les grandes
avant-gardes artistiques. "Il s’agit de faire des
choses inédites, vécues intensément et de ne
pas perfectionner ce qui existe déjà".
L’innovation pour l’innovation, et donc dissociée du progrès, est devenue un argument de
vente. Heinz Wismann a repris, pour illustrer
son propos, un slogan rendu populaire par
l’humoriste Coluche pour une lessive lavant
"plus blanc que blanc". "Vous ne pouvez pas
faire une plus grande promesse", soulignait
le philosophe. Le publicitaire s’évertue à faire
du nouveau en "habillant autrement" le même
produit.
L’argument de vente est alors plus la nouveauté que l’amélioration ou l’innovation. Le
consommateur est mû par l’envie du nouveau
et pas nécessairement du mieux. L’obsolescence programmée des produits répond à ce
mode de consommation. Le consommateur
veut avoir l’opportunité de changer, pas forcément pour un produit plus innovant mais
simplement nouveau. "Vers quoi se dirige une
société dans laquelle on produit de mieux en
mieux ? Quelle perspective va l’emporter ?
Pour l’instant je vois surtout la séduction
de la nouveauté l’emporter et ce en dépit de
l’épuisement des ressources naturelles et psychiques. Il faut choisir entre ces deux logiques.
En refusant ce succès instantané, on s’inscrit
dans le long terme, une satisfaction morale. On
accepte la nouveauté articulée à un progrès",
concluait Heinz Wismann.
"Le consommateur est mû
par l’envie du
nouveau et pas
nécessairement
du mieux."
49e congrès du DLR
Des business models
en permanente mutation
R. Pain, P. Kowalyk, O. Borie, G. Tiberghien
l’ensemble des terrains a été aménagé pour
préserver l’environnement. Nous avons cinq
ateliers dédiés à des pièces précises. Toutes les
machines sont lavées, dépolluées, avant d’être
déconstruites. Nous récupérons systématiquement l’ensemble des liquides que nous retraitons. Nous recyclons les pneus, les batteries,
tout ce qui est polluant". Les métiers de la distribution, de la location, Si le chiffre d’affaires de Codimatra est majode la réparation des matériels de BTP et de ma- ritairement réalisé à l’échelle nationale, la
nutention n’échappent pas aux changements. société est partie à la conquête de clients
Les business models doivent s’adapter pour étrangers. "En 2013, Codimatra a enregistré
répondre à ces nouveaux défis. "Quand la crise une augmentation de 60% de ses chiffres à
dure, est-ce toujours une crise ou une mutation ? l’export", indiquait Olivier Borie, directeur du
Si c’est une mutation, nous ne reviendrons pas marketing. "Pour capter le client étranger, il
en arrière. Nous allons assister à un tsunami faut communiquer avec lui. Il y a 2 ans et demi,
d’innovations qui va transformer l’ensemble nous avons réalisé un nouveau site internet en
de l’économie", prévenait Nicolas Bouzou, plusieurs versions linguistiques (espagnole,
économiste et directeur du cabinet Asterès, en anglaise, russe et bientôt allemande). Nous
introduction de la table ronde intitulée "Des diffusons notre offre de pièces de machines
d’origine. Nous avons également réalisé un
business models au futur plus-que-présent".
film qui montre nos savoir-faire". Le site inTrois dirigeants ont témoigné de ternet a enregistré 70 000 visites en 2013. Un
leur expérience
accueil téléphonique multilingue, la formation
Codimatra, entreprise basée à Agen, 60 sala- du personnel d’accueil et des commerciaux et
riés et un chiffre d’affaires de 11 millions le recrutement d’équipiers parlant différentes
d’euros, est spécialisée dans l’achat et la vente langues devraient permettre à Codimatra de
de matériels et de pièces détachées d’occa- conforter sa présence à l’étranger.
sion pour machines de travaux publics. Depuis
Prendre de nouvelles orientations
sa création en 1979, l’entreprise a fait évoluer
stratégiques
son activité. "Notre métier historique est
l’achat de machines, leur déconstruction et la "Ces grandes vagues d’innovation sont des
vente de pièces", présentait Philippe Kowalyk, vagues de régénération de l’économie. Ce sont
le président.
des vagues de destruction créatrice. L’innovaAujourd’hui, l’activité n’a pas fondamentale- tion génère de nouvelles activités qui remplament changé mais les méthodes ont nettement cent les anciennes. Tout le défi de l’entreprise
évolué depuis 2007, année du rachat de l'entre- de ces 10 ou 15 prochaines années, c’est de
prise par le groupe Dubreuil. "Nous avons mis montrer que vous, dirigeants d’entreprises qui
en place un process non seulement industriel venez du monde ancien, vous allez entrer dans
pour la déconstruction mais aussi éco-conve- le monde nouveau", analysait Nicolas Bouzou.
nable. Aujourd’hui, nous travaillons avec une Le monde nouveau, l’entreprise Médimat-Méusine qui couvre dix hectares de terrain. Nous dibail, basée à Montpellier et forte d’une cenavons 14 hectares de stockage pour environ taine de salariés, y est entrée de plain-pied
700 machines. Tous les parcs sont drainés, en ajoutant à son activité initiale - la vente de
L’entreprise doit s’adapter en permanence. La situation économique,
la raréfaction des matières premières, les demandes des clients,
les nouvelles lois du marché et les
innovations sont autant d’éléments
avec lesquels les dirigeants doivent
composer et anticiper. matériels de travaux publics - un nouveau marché, celui du recyclage et de l’environnement.
Fondée en 1979, l’entreprise doit faire face dès
1983 à la crise qui divise par 4 le marché. "Nous
avions pour mission de conserver le savoirfaire pour lequel nous avions investi. Localement, il n’y avait plus grand-chose à faire alors
nous nous sommes orientés là où il y avait
de la demande, à savoir l’Afrique du nord et
l’Espagne. Le choix de l’export vers ces pays a
redonné alors une bonne santé à l’entreprise",
relate Robert Pain, le PDG. L’entreprise prend
coup sur coup deux nouvelles orientations : "la
location pour accompagner la fermeture des
sites miniers. Puis, au début des années 2000,
nous avons commencé à travailler autour des
métiers du recyclage, concassage et criblage
mobiles".
"Nous avions fait le tour de notre marché
initial, notre marge de progression se trouvait ailleurs. Nous sommes sur une niche de
marché qui nous amène au-delà de nos deux
régions d’origine. Le personnel travaille aux
deux tiers sur la nouvelle activité et à un tiers
sur l’ancienne. Nous nous sommes adaptés à
l’environnement, nous ne faisons que répondre
à la demande de nos clients".
Les drones arrivent sur le marché
Les chefs d’entreprises doivent non seulement savoir s’adapter au marché et anticiper
les nouvelles activités mais également innover. "Les deux grandes valeurs que doivent
avoir à mon sens les entrepreneurs sont une
grande ouverture d’esprit sur les autres et
une projection permanente vers l’avenir. Il ne
faut pas refouler la réalité mais au contraire
s’adapter, innover à petite échelle, procéder
par un mécanisme d’essais et d’erreurs. Il faut
s’intéresser aux innovations et se demander ce
qu’elles peuvent changer pour son entreprise",
conseillait Nicolas Bouzou.
C’est exactement en suivant cette logique que
Grégoire Tiberghien a créé son entreprise,
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événement
Grégoire Tiberghien
Locadrone. Le jeune homme était en déplacement professionnel à Londres pour les Jeux
Olympiques quand il a vu son premier drone
utilisé pour filmer l’événement sportif. "L’utilisation de ce drone donnait une perspective
tout à fait innovante. Je me suis dit qu’il y
avait sûrement quelque chose à faire en utilisant cette nouvelle dimension pour rendre des
services. Il existe tous types de drones mais
cela reste des aéronefs télépilotés. Ils servent
principalement pour la production audiovisuelle mais le marché technique est en pleine
croissance", confiait le jeune chef d’entreprise.
Les drones, équipés d’un capteur différent en
fonction de leur mission, peuvent réaliser des
inspections techniques d’ouvrages, de bâtiments ; mesurer la pollution atmosphérique,
les besoins en azote des cultures ; surveiller
des sites industriels, des réseaux électriques,
de transport… "Il ne s’agit pas simplement de
recueillir des données, le plus important est de
les interpréter. Il y a énormément de possibilités. Nous sommes devant une feuille blanche
qu’on est en train d’explorer", s’enthousiasmait
Grégoire Tiberghien.
L’arrivée des drones sur le marché concurrence
incontestablement la nacelle élévatrice sur la
partie inspection des ouvrages et bâtiments.
"Le drone intervient en amont : au lieu de déplacer une nacelle, il va permettre très rapidement de vérifier et de faire une analyse avant
de pouvoir venir avec une nacelle réaliser les
travaux nécessaires", estimait le dirigeant
de Locadrone, qui a déjà été contacté par un
loueur de matériels pour proposer ses services
à des clients en tant qu’opérateur. Le déve-
loppement de l’activité, s’il est incontestable,
passera par l’amélioration et la création de
capteurs adaptés aux besoins. "C’est un marché qui est promis à un énorme avenir".
"Il ne faut pas
refouler la
réalité mais,
au contraire,
s’adapter et innover."
Comment CHRONO Flex et Haulotte ont fait face à la crise
Même si les procédés sont différents, le groupe Haulotte et l’entreprise CHRONO Flex ont basé leur
"stratégie de crise" en définissant
les mêmes priorités : les clients
et les salariés. Jérôme Jambut et
Alexandre Saubot, respectivement
directeur général de CHRONO Flex
et du groupe Haulotte, étaient invités à témoigner lors de la seconde
table ronde du congrès sur le thème
de "L’infini choix des voies".
L’entreprise nantaise CHRONO Flex, leader français
du dépannage de flexibles hydrauliques, a mis
en place un système d’organisation basé sur ses
équipes. Depuis janvier 2012, le sacro-saint modèle
pyramidal ne s’y applique plus et a laissé place à
un modèle s’appuyant sur "la libération de la prise
d’initiative des collaborateurs". Les échelons hiérarchiques sont supprimés et les équipes, organi-
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sées par région, sont désormais responsables de
leur activité avec comme unique objectif la satisfaction du client.
Cette révolution est née d’un traumatisme : "En
2009, le chiffre d’affaires chute de 34%, ce qui a
pour conséquence un plan social qui marque profondément l’entreprise. A partir de ce moment,
nous avons engagé une réflexion visant à faire en
sorte que plus jamais nous ne revivions cette situation", indiquait Jérôme Jambut.
Pendant plus d’un an, l’ensemble de la direction et
des équipes a construit le modèle correspondant
à l’entreprise. "Le 7 janvier 2012, nous avons fait
notre premier "saut en parachute" avec la réunion
de lancement rassemblant les 250 salariés. Au lieu
d’un grand monologue et de la présentation des
chiffres de l’entreprise, nous avons commencé
par leur poser des questions pour tenter de trouver ensemble des solutions afin de supprimer les
managements intermédiaires".
Et, comme chez CHRONO Flex la parole n’est pas
détenue exclusivement par la direction, deux collaborateurs sont intervenus pour donner leur vision.
"Au cours de cette réunion, nous avons redessiné
nos régions au plus près des réalités de terrain.
Nous avions toute liberté. Une fois les régions
définies, il a fallu désigner des capitaines ; j’ai été
nommé capitaine de la région Côte d’Azur par mes
collègues. Ils ne sont pas devenus pour autant mes
subordonnés, je fais toujours le même travail, seulement je suis le porte-parole de la région par rapport au siège", confiait Grégory Penica.
Yann Gueuvin, commercial, a quitté CHRONO Flex en
2010, après 7 années de fonctionnement pyramidal,
et a réintégré l’entreprise "libérée". "C’est complètement différent aujourd’hui : nous pouvons donner nos idées, nous sommes écoutés. Avant, nous
avions des chefs et il fallait passer par eux. Maintenant, l’équipe toute entière est responsable de son
secteur".
49e congrès du DLR
Alexandre Saubot
Dans cette nouvelle configuration, le rôle du directeur aussi a évolué, il est devenu leader. "Un leader
est au service de son équipe alors qu’un manager
pense que son équipe est à son service", lançait
Jérôme Jambut.
Outre l’organisation interne, l'entreprise a également révolutionné le système de rémunération :
"Depuis le 1er mars 2013, le système de rémunération est basé sur le partage du pourcentage de
résultat pour l’ensemble des collaborateurs de
l’entreprise. Une région cumule en plus une prime
collective".
Quant aux effets de ce nouveau modèle, Jérôme
Jambut est prudent. "Nous pensons pouvoir récolter les résultats de ces actions dans 3 ou 4 ans".
Comme CHRONO Flex, le groupe Haulotte, spécialisé
dans la nacelle élévatrice et le chariot télescopique,
a été malmené par la crise. "Les choses vont mieux
mais pas encore bien. Nous avons fait notre premier résultat positif l’an dernier après quatre ans
de perte. Le marché de la nacelle, entre le prin-
temps 2008 et 2009, a été divisé par 4. Nous avons
dû, au plus fort de la crise, fermer une usine, licencier 1000 personnes sur 2500. Le tsunami qui est
passé sur Haulotte était très fort, mais nous nous
y étions préparés avec comme objectifs de préserver notre capacité de R&D ainsi que la confiance de
nos clients. Nous nous sommes accrochés à ces
deux objectifs, nous avons réduit tout le reste et
attendu que ça passe", indiquait Alexandre Saubot.
La vision du chef d’entreprise sur la situation économique en France est plutôt négative : "L’environnement business ne peut que s’améliorer ". Pour
autant le groupe a une petite moitié de ses effectifs, la moitié de ses usines et le cœur du groupe
dans l’Hexagone. Mais "ailleurs" n’est pas pour
autant le paradis. Avec 20 filiales dans le monde, le
directeur général a fait l’expérience des différents
systèmes en vigueur : problème de main-d’œuvre
au Mexique, d’une administration "tentaculaire"
au Brésil, de "l’augmentation de l’inflation, la fuite
devant l’argent" en Argentine... Face à ces situations diverses, le groupe Haulotte
maintient le cap pour ses clients mais aussi pour
ses équipes. "L’entreprise a une responsabilité visà-vis de ses équipes qui n’y sont pour rien dans
cette crise".
"Un leader est
au service de
son équipe alors
qu’un manager
pense que son
équipe est à
son service."
Contrôle fiscal : ne vous fâchez pas !
Le contrôle fiscal est source de stress et de
questionnements pour le chef d’entreprise, c’est
pourquoi les adhérents du DLR ont été nombreux
à questionner Jean-Philippe Delsol, avocat fiscaliste, sur le sujet. L’expert a livré quelques "trucs
et ficelles", même si l’exercice laisse peu de
marges de manœuvre.
"Par rapport à un contrôle fiscal, je ne connais
pas de recette miracle mais une règle générale
qui est essentielle : faites en sorte que votre organisation soit claire, que, sans délai ni difficulté,
vous sachiez répondre aux questions et fournir
les documents demandés. Quand le contrôleur
comprend qu’il a en face de lui des gens clairs, il
sait qu’il ne trouvera pas grand-chose".
Pour Jean-Philippe Delsol, toute restructuration
fiscale d’une entreprise est susceptible d’entraîner un contrôle de l’administration, "surtout
quand on restructure à l’étranger et notamment
au Luxembourg. Il faut s’y préparer".
Loin des clichés caricaturaux du chef d’entreprise
réfractaire ou au contraire mielleux, l’avocat
conseille une attitude coopérative. "Il faut recevoir normalement le contrôleur. Il est toujours
souhaitable que le patron soit présent le premier
jour pour engager la conversation. Mais il n’a pas
forcément besoin d’être là durant tout le contrôle
s’il a un directeur administratif et financier ou un
chef comptable qui a la capacité de fournir les
éléments".
Il faut fournir ni plus ni moins que ce qui est demandé. "Il n’est pas nécessaire de se lancer dans
de grandes explications, surtout si elles ne sont
pas claires et peuvent susciter d’autres questions.
Normalement, le contrôle se fait sur pièces et sur
place mais il est possible d’autoriser le contrôleur
à emporter des copies desdites pièces".
La coopération n’empêche pas le chef d’entreprise, en cas de points de vue divergeants, de
défendre sa position. "Ne vous fâchez pas mais
discutez toujours, il ne faut jamais abandonner
la partie. La vision de l’administration est une
chose, la vôtre en est une autre, pour autant
qu’elle soit défendable, qu’elle ne soit pas artificielle. Si vous n’êtes pas d’accord avec les conclusions du contrôle, il ne faut pas hésiter à aller au
contentieux car vous avez de vraies chances de
gagner".
Philippe Delsol a rappelé l’importance des notions de bonne foi, mauvaise foi et manœuvre
frauduleuse en fonction desquelles le taux de
redressement varie de 10, 40 à 80%. "Mais là
encore, si vous n’êtes pas d’accord avec la qualification, vous pouvez la contester".
Le Magazine du DLR ■
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événement
Le cerveau, une inépuisable fabrique de neurones
Pierre-Marie Lledo
"Le 21e siècle est celui du cerveau :
il n’y a pas une semaine, un mois
sans que de grandes découvertes
soient faites et modifient radicalement la vision que nous avons du
cerveau".
Pierre-Marie Lledo, professeur à Harvard, directeur de recherche au CNRS et chef de l’unité
de recherche Perception et Mémoire à l’Institut
Pasteur, a dévoilé la machine cachée derrière
nos pensées, nos décisions, nos émotions.
Le professeur a tordu le cou à de fausses idées
sur le cerveau et notamment celle très répandue qui veut que le cerveau ne progresserait
plus après 25 ans, qu’à partir de cet âge il perdrait sa capacité à produire de nouveaux neurones. "En laboratoire, nous avons trouvé, dans
des cerveaux de plus de 89 ans, des bébés neurones, nés juste avant le décès des personnes".
Mais la création à tous les âges de neurones
est conditionnée par "cinq lois qui relèvent du
bon sens" :
•"Toujours se placer dans la peau d’un éternel
apprenant, rester humble et se dire qu’on ne
connaît rien, s’ouvrir à la complexité du monde
et s’en émerveiller.
•Lutter contre la pollution sonore et visuelle :
"l’infobésité". Nous sommes bombardés d’informations qui nous font savoir et non comprendre. À nous d’être proactifs. •Lutter contre l’usage chronique des psychotropes. Ces molécules sont une béquille
chimique qu’il faut abandonner pour traiter
non plus la forme mais le fond. Les personnes
qui prennent de façon chronique des somnifères ou des anxiolytiques voient les risques de
développer des maladies neurodégénératives
multipliés par 7.
•Lutter contre la sédentarité : il nous faut
au minimum satisfaire le besoin de notre cerveau d’avoir un corps dynamique environ dix
à douze minutes par jour. Quand nous avons
une activité physique, les muscles engagés
dans cette activité vont libérer des substances
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0 1 4 ■ Le Magazine du DLR
chimiques pour inciter des terminaisons nerveuses à avoir plus d’impulsions électriques au
niveau local. Combien de solutions avons-nous
trouvées en marchant alors qu’au bureau on
était bloqué sur le problème ?
•Développer son cerveau social. Si, sur les
quatre premiers facteurs, vous avez une prise,
ce dernier dépend des autres. Des parties de
votre cerveau ne s’activent qu’au contact des
autres, c’est le support de l’empathie et de la
compassion".
Si les avancées dans le domaine sont incontestables, le cerveau n’a pas dévoilé tous ses
mystères : "Aujourd’hui, nous connaissons 10 à
15% du fonctionnement du cerveau".
Le cerveau compte trois modules. Le tronc cérébral, responsable des comportements primitifs assurant nos besoins fondamentaux, régit
ce qui est communément appelé les instincts
de base dont l’instinct de conservation : "C’est
la partie de notre cerveau qui doit engager des
actions rapides. Quand on appartient à une
espèce, on a un certain nombre de répertoires
de dangerosités ou au contraire de conditions
que l’on va rechercher". Le deuxième module
gère nos émotions. "Sans émotion, nous ne
pouvons pas apprendre". Le troisième module,
qui est le propre de l’humain, est le cortex.
"Cette structure nous permet de déconstruire
le monde extérieur, nous avons tous des représentations internes". Pierre-Marie Lledo en a
fourni la preuve en image, une image en noir
et blanc qui, selon les personnes, figure deux
visages blancs ou des colonnes noires. "Le
cerveau crée une réalité interne. Cette information est traitée avec l’intellect et vous y
mettez aussi une dimension affective. Enfin, les
croyances influeront aussi sur l’interprétation.
Votre cerveau rajoute de l’information quand il
n’en a pas assez".
Si le cortex est le propre de l’homme, d’autres
spécificités le caractérisent. "Notre cerveau
nous permet d’échapper à la flèche du temps.
Grâce à lui, vous pouvez ouvrir une parenthèse
et vous rappeler ce que vous avez vécu. Cette
capacité de revenir en arrière permet d’éviter
de reproduire les échecs passés, de renouveler
les expériences positives".
Le cerveau humain est soumis au jeu des changements de l’environnement : l’homme est la
seule espèce sur la planète à pouvoir radicalement changer l’environnement dans lequel
il évolue. "Personne d'autre, sur la planète, ne
peut en six ou sept heures changer de saison.
L’être humain est condamné à vivre dans un
monde qui, par essence, est dynamique. Nous
devons faire en sorte que notre cerveau soit
capable de se reconfigurer très rapidement.
Nous voyons poindre aujourd’hui les troubles
de la mal-adaptation. Tous les sujets qui ne
savent plus s’adapter à ce monde sombrent
dans les 4 troubles de l’humeur que sont le
burn-out, le stress chronique, l’anxiété, la dépression. Les personnes qui vont être capables
de s’adapter sont celles dont le cerveau se
nourrit de cette dynamique. Alors, échappez
à la routine, cherchez toujours à être surpris.
La surprise, l’émerveillement, la connaissance
sont les facteurs qui vont nourrir votre cerveau et vont permettre à un cerveau de 85 ans
d’être un éternel adolescent !".
"Il faut toujours se placer dans la
peau d’un éternel
apprenant, rester
humble et se dire
qu’on ne connaît
rien, s’ouvrir à la complexité du monde et s’en émerveiller."
49e congrès du DLR
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la vie des régions
Tour d’horizon de l’activité
dans nos régions DLR
Comme chaque année, les présidents régionaux du DLR présentent
leur vision économique et les perspectives de nos professions. Retour
sur une période qui, bien sûr, donne
des changements assez semblables
d'une région à l'autre, impact
macroéconomique oblige, mais en
même temps présente quelques
particularités, notamment suite
aux intempéries que les adhérents
du DLR ont subies différemment.
Région Sud-Est "Marseille Provence, Capitale européenne de la culture, une vraie
réussite structurante"
"2013 dans la région a notamment connu la
réussite de "Marseille Provence, Capitale européenne de la culture", vrai succès et projet
structurant, avec la création de nombreux bâtiments, se réjouit Éric Frèche, Frèche Location.
La location a été affectée par un mauvais
1er trimestre 2013 difficile à rattraper, notam-
ment dû aux intempéries, et une activité qui
varie de -2% à +4%, en fonction des entreprises.
2014 se présente sous de meilleurs auspices !
Dans la distribution, la situation est un peu
moins lisible. Traditionnellement, le Sud-Est
n’a pas de gros concessionnaires, mais des
structures plus petites. Les fermetures liées
à la crise ont entraîné une redistribution des
cartes. Les réseaux ne sont pas encore reconstitués et il manque de très belles marques. Il
y a donc une certaine fragilité de la distribution du matériel de TP, avec une évolution des
concessionnaires vers, probablement, de plus
en plus de services pour se déconnecter un peu
du volume des ventes. Malgré cela, le métier
semble résister à la crise, mais nous n'avons
absolument aucune visibilité.
Pour les grands chantiers, nous bénéficions
encore d'Euroméditerranée, plus gros projet
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0 1 4 ■ Le Magazine du DLR
de réhabilitation de centre-ville européen :
70 milliards d'euros investis, 35 000 emplois,
200 000 m2 de bureaux. Nous avons également
la rocade qui doit relier le nord à l'est de la
ville. Dans l’ensemble, la Côte d'Azur se porte
relativement bien, mais les Alpes restent une
région assez excentrée et toujours un peu en
devenir.
Pour terminer sur une note sympathique, Marseille a accueilli le Congrès national DLR 2014.
Nous avons eu le plaisir de nous retrouver
dans un moment détendu, avec de l'énergie.
Petit à petit, tout le monde intègre que cette
crise est un changement de paradigme et que
la profession fait son maximum pour en sortir
par le haut."
Région Ouest
"Une région qui vit plus tardivement les effets de la crise"
Président de Loire Océan Manutention depuis
10 ans, Jean-Louis Lécluse, nouveau président
régional Ouest, a la volonté, par cette fonction,
de rendre à la fédération ce qu'il a su y trouver.
"Notre région est dynamique. J'ai coutume de
dire qu'elle a 20 ans de retard et que ce retard
se retrouve aussi dans les effets de la crise chez
nous. Malheureusement, c'est moins vrai sur la
fin 2013 et le début 2014, car on observe des
défaillances de grandes entreprises régionales,
comme FagorBrandt et SKF. Nous sommes également soumis aux aléas de grands donneurs
d'ordres comme les chantiers navals STX, avec
des périodes d'activités pleines et d'autres
vides. Nous sommes poussés par quelques
grands chantiers comme la LGV Atlantique,
l’aéroport Notre-Dame-des-Landes, gros espoir
régional d'activités pour nos entreprises, et le
grand parc éolien offshore La Baule-le Pouliguen (plus d'1 milliard d'euros). Les aléas climatiques sur le grand Ouest ont eu peu d'impact
sur les activités de manutention, contrairement au TP et à la construction qui se sont
retrouvés à l’arrêt. Enfin, le 1er semestre 2014
est soumis au flottement pré-électoral.
Tout ceci a eu un effet sur l'activité en retardant certaines décisions, notamment dans le
TP. Pour la manutention, c'est très peu perceptible car il y aura toujours des palettes à
bouger, même si les produits sont fabriqués à
l'étranger.
Dans l'Ouest, nous avons encore des fondamentaux économiques assez sains et il semble
que les grands noms du BTP recommencent à
investir en 2014, alors qu'ils avaient fortement
réduits depuis 2011."
Région Sud-Ouest
"Le bonus démographique joue en
notre faveur"
Pour Frédéric Garin, GEM Distribution, "après la
chute de 2009, le niveau initial ne s’est pas rétabli les années suivantes, même s’il était malgré
tout satisfaisant en 2010-2011. 2012 et 2013 sont
passées sur un niveau plus bas. Il y a donc de
grosses attentes pour 2014 mais, au vu du 1er
trimestre, l'espoir se tourne finalement vers
2015.
En cette année électorale, le niveau de chantiers est globalement assez bas avec une exception pour Bordeaux. De grands projets ont été
lancés avec des financements publics/privés et
n'ont pas été arrêtés : le grand stade, la ligne
LGV, le quartier d'affaires autour de la gare de
Bordeaux, l'autoroute Bordeaux-Pau, etc... Le
Sud-Ouest reste donc globalement plus dynamique que la moyenne en termes de grands
travaux, même si la diminution des permis de
construire est semblable à celle observée au
niveau national. Par ailleurs, la démographie
est positive dans notre région et nombreux
sont ceux qui souhaitent venir y vivre. Ce bonus
démographique joue en notre faveur !
Néanmoins, une grande partie de la région est
onéreuse à couvrir car il n'y a pas assez de densité d'activités au km2, les distances coûtent cher
et la représentation commerciale est assez compliquée. Heureusement, des frémissements se
font sentir et nous sommes optimistes pour 2015."
suite page 14
Les présidents s'expriment
Jean-Louis
Lécluse,
président de la
région Ouest :
"Les grands noms du
BTP semblent revenir
vers les investissements. Selon les groupes, il est difficile de savoir quel sera le choix stratégique pour le futur :
location ou acquisition. Nous pensions que les
clients allaient délaisser les ateliers pour passer beaucoup plus en full service, mais cette
évolution n’est pas ressentie dans le TP."
Yannick Matton,
président
de la région
NormandieNord :
"Ce qui est assez étonnant, c'est que l'on trouve
toutes les situations dans les mêmes secteurs d'activité : des clients plutôt optimistes avec un bon
carnet de commande et d'autres qui n'ont une visibilité que sur 1 à 2 semaines. Il est donc vraiment
difficile de généraliser."
Bernard Escande,
président
de la région
Centre-Est :
" La satisfaction de
l'offre va conduire à
accentuer la concentration au moins chez les généralistes. Face aux
grands groupes du BTP, les entrepreneurs indépendants qui ont tenu le choc car ils étaient
innovants, travailleurs, avec des relations,
pourraient être tentés de valoriser leur patrimoine en vendant, notamment s'ils arrivent à
la fin de leur carrière professionnelle."
Denis Poisson
et Vincent Lemoine
co-présidents de la région
île-de-France :
"Nous vivons la chute de la production de logements et du nombre de permis de construire,
illustration de la politique gouvernementale et
de la frilosité des banques. Cela nous impacte,
y compris dans le TP, car les secteurs sont en
partie liés."
Frédéric Garin,
président
de la région
Sud-Ouest :
"À noter l'importance
de la personnalité d'un
maire et de son équipe
municipale sur l'économie locale et les entreprises. Bordeaux a une évolution forte depuis
une dizaine d'année. De grands chantiers ont
été entrepris, avec beaucoup de partenariats
et de financements publics/privés et tout cela
porte ses fruits aujourd'hui, la ville est complétement renouvelée. On peut dire que c'est
réussi à 95%. Cela donne une très belle aura
vis-à-vis de l'extérieur et permet d'attirer des
talents, des compétences, des décideurs."
Pierre Tilly,
président de la
région Est :
"Depuis près de 5 ans, il
y a une tendance forte :
la valeur d'usage et
l'affectation des moyens
et des capacités d'investissement de nos clients
sur leur métier principal et sur leur capacité
de production principale. Or, chez des grands
groupes nationaux, l'outil de production principal n'est pas le matériel : cela peut être une carrière, une centrale à béton ou une centrale d'enrobé. Donc, il y a effectivement un glissement
assez fortement ressenti vers la location, avec
une préférence pour la moyenne et la longue
durée adossée à des contrats de service."
Eric Frèche,
président de la
région Sud-Est :
"Marseille Provence,
Capitale européenne de
la culture a représenté deux bonnes nouvelles.
La première, c'est que cela a été un vrai succès
en terme de fréquentation, d'animation et de
cohésion de la population autour de l'évènement, sans générer de faits divers. Il y avait un
gros scepticisme des Marseillais concernant
notre capacité à organiser une manifestation
comme celle-là. La seconde bonne nouvelle,
c'est que ceux qui prédisaient l'effondrement
de l'économie ont eu tort. Cette année est
terminée, 2014 est là et nous constatons que
l'élan a perduré et que tout ne s'est pas arrêté
au 31 décembre 2013."
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la vie des régions
Région Est
Région Normandie-Nord
Région île-de-France
"Un "rallye" sur la prise de commandes de gros matériels en tout
début 2014"
"Le pire n’est jamais certain !"
"Une baisse d'activité entre -2 et
-3%, et jusqu'à -5% pour certaines
entreprises"
Pour Pierre Tilly, de Tilly Manutention, "l’année
2013 n'a pas été trop mauvaise, quels que
soient les métiers. Dans la distribution, les
chiffres sont à peu près similaires, avec une
progression sur le SAV. Les gros matériels de
TP observent une baisse d’environ 5%, compensée en partie en volume par la vente de
compacts, mais pas forcément en chiffre d'affaires. On constate également que le marché
de la mini pelle et du chariot télescopique est
très dynamique.
En manutention industrielle, le marché reste
neutre en volume pour 2013. Pour le début
de 2014, on a senti une forte poussée sur la
prise de commandes de gros matériels. Mais
la vision pour l'année 2014 est floue, avec les
municipales, le contexte éventuellement déflationniste européen et les incertitudes liées aux
évolutions réglementaires.
Pour la location, 2013 est également étale par
rapport à 2012, avec une légère augmentation
des investissements chez les clients loueurs,
qui avaient repoussé leurs achats de matériel.
2014 démarre relativement bien, essentiellement en raison de la météo clémente cet hiver.
On note enfin un glissement assez fortement
ressenti vers la location en général, avec une
préférence sur la moyenne et longue durée (36,
48, 60 mois) adossée à des contrats de service.
C'est une tendance forte, et en particulier depuis le milieu de l'année 2013.
Il y a peu de grands projets à venir sur la région
Est. Les chantiers TGV sont terminés et le doublement de l'A31, entre Luxembourg et Toul,
est toujours sans décision de lancement. TerraLorraine, la plateforme-showroom pour les
entreprises chinoises commerçant en Europe,
comprenant un bâtiment de 180 000 m2, est en
projet mais le financement reste très flou."
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0 1 4 ■ Le Magazine du DLR
Pour Yannick Matton, Philippe TP, "2013 a été
moyen, presque équivalent à 2012, malgré les
intempéries de début d’année. Le premier semestre 2014 est particulier avec les municipales,
le gel de nombreuses décisions et l’annulation
de certains chantiers suite aux changements de
municipalités.
La météo a été assez favorable au 1er trimestre
2014, facteur important pour le BTP, mais les carnets de commandes ne sont pas pleins et l'activité est assez tendue.
Pour la location, le 1er trimestre 2014 est moins
bon qu'espéré avec 5% de croissance, probablement plus due à la météo qu'à l'activité. La
distribution, quant à elle, est à l'équilibre par
rapport à 2013.
Il n'y a actuellement plus de grands projets,
seulement de petits aménagements et des entretiens de voirie. Beaucoup de grands groupes
nationaux de BTP travaillent localement pour
obtenir de nouveaux chantiers et occuper leurs
équipes. Cela impacte la vie des PME, concurrencées sur leur propre terrain, car elles n’ont pas
les moyens de tenir financièrement face à ces
grandes entreprises.
Au final, si 2014 est égale à 2013, nous serons satisfaits car les clients sont aujourd’hui dans l'incertitude, ce qui n'est pas favorable aux investissements, alors que nous sommes justement
dans des métiers à investissements lourds...
Autre phénomène important, l'aspect tendu de
la trésorerie des entreprises. L'entrepreneur qui
se lance en ce moment, ou dont la trésorerie est
limitée, ne va trouver aucun banquier pour le
suivre.
Mais je suis un optimiste et je garde espoir. J'espère que 2015 verra la sortie de cette ambiance
morose."
Pour Denis Poisson, Groupe Poisson, et Vincent
Lemoine, Chastagner Location, co-présidents,
"le BTP, en 2013, est en légère baisse par rapport à 2012, en moyenne entre -2 et -3%, avec
des disparités selon les métiers, jusqu'à -5%
pour certaines entreprises. La région souffre
de l'absence de grands chantiers, hormis
quelques-uns, davantage liés au bâtiment
qu'aux TP, comme la Canopée des Halles ou le
regroupement du ministère de la défense. Nos
entreprises ressentent aujourd'hui le ralentissement de fin 2013 avec une baisse d’activité sur ce 1er semestre 2014. Si les projets ne
manquent pas, les financements peinent à
suivre. Une évolution va peut-être suivre les
élections municipales, mais cela prendra du
temps.
Pour le bâtiment, 2014 va probablement être à
l’image de son 1er trimestre, avec peu de visibilité, et devrait se terminer entre 0 et 5% au
maximum, si certains chantiers démarrent d'ici
la fin de l'année. 2015 devrait enfin voir une
évolution, avec peut-être des travaux de voirie
engagés par les nouvelles municipalités. Nous
retrouverions alors un peu plus de visibilité.
À noter que les interventions en nacelles-élévation pour des entreprises de déménagement
à l'international sont plus importantes sur les
derniers trimestres. Certains professionnels
ont doublé leur chiffre d'affaires, car des foyers
à bon pouvoir d’achat s’expatrient."
Région Centre-Est
"Une bagarre terrible sur les prix
de vente de l'heure louée"
Pour Bernard Escande, Matwork, "2013 a été
difficile pour le TP ainsi que pour le bâtiment,
la construction de maisons individuelles notamment, avec une baisse de volume qui entraîne
les entreprises à différer leurs investissements.
Celles qui sautent le pas renouvellent leurs
parcs avec moins de machines, ce qui est favorable à la location. L'offre étant plus importante
que la demande, y compris en location, il y a une
concurrence impitoyable sur les prix de vente
de l'heure louée. Cette bagarre sur les prix n'a
jamais été aussi vive, et les loueurs sont à un
seuil de rentabilité peu viable, qui va prochainement créer des difficultés. La manutention allait
bien, mais ce secteur est aujourd’hui confronté
au manque d'investissements des entreprises.
L'activité de notre région, quant à elle, est surtout dominée par la grande agglomération de
Lyon, pôle économique en constante activité.
Parmi les grands chantiers, il y a l'élargissement
de l'autoroute qui traverse Clermont-Ferrand et
la création d’un axe entre l'A71 et Vichy, mais
surtout le nouveau centre de recherche de
Michelin, qui représente environ 70 000 m2 de
bureaux d'étude.
Pour le 1er trimestre 2014, les élections municipales bloquent des marchés. Par ailleurs, la
densification de l'urbain et la prise en charge de
chantiers plus petits, nécessitant plus de technicité, est une nouvelle tendance. On le constate
notamment dans le domaine des réseaux, avec
comme conséquence des changements de comportement de nos clients."
Régions
Outre-Mer
Martinique
e t G u ya n e :
beaucoup de
questions avant
l'évolution poAndré Dorn
litique de 2015
"2013 n'a pas connu d’évolution de l’activité, ni
de repli", indique André Dorn, gérant de AGRI-TP
Maintenance, concessionnaire Hitachi et réparateur de matériel TP et agricole. "Aucun grand
chantier n'a permis de rebond du secteur en Martinique, qui connaît toujours une grave crise. La
Guyane est restée dynamique, malgré la fin des
grands travaux pour le lanceur Soyouz. La Guadeloupe, quant à elle, est demeurée plus constante
et plus dynamique".
"2014 connaît un léger rebond d'activité. Ceci
est notamment dû aux travaux du tramway de la
Martinique, qui mobilisent les grands groupes, et
au fait que les PME ont retrouvé un peu d’activité
dans le logement et les TP. D'autre part, le parc
matériels, très peu renouvelé depuis 2009 à
cause du manque d’activité, doit maintenant être
remplacé. Nous pensons maintenir cette petite
relance dans les TP, mais cela reste fragile. Ainsi,
la réforme institutionnelle de 2015 en Martinique
et Guyane inquiète les investisseurs. Ces collectivités territoriales seront notamment dotées
d’une assemblée et d’un conseil exécutif et se
gèreront comme les conseils régionaux métropolitains. Mais personne ne sait vraiment quand
et comment cela se fera, ni avec quels moyens
financiers. Ce statut n’existe pas ailleurs et sa
mise en place pose question.
En Métropole, on évoque beaucoup le fait que la
location pourrait remplacer l'achat des matériels.
Ici, beaucoup de TPE et de PME ont leurs propres
machines, car nous avons un modèle économique
très différent. Ces secteurs bénéficient d’aides
à l'investissement (CEE, Région, défiscalisation,
etc.) et il n'y a pas d’intérêt à louer."
EN GRANDE HAUTEUR... AVEC LES
SATELLITES
Il est des régions
dont le nom marque
l'imagination. La
Guyane en fait
Gilles Rialland
partie. Gageons que
l'un des enfants du pays, Amazone Loc,
nouvel adhérent DLR 2014, saura également développer sa notoriété sous la
houlette de Gilles Rialland, son dirigeant.
Amazone Loc est née de sa volonté
de proposer des matériels de chantier
fonctionnels à des prix économiques.
L'objectif est de fournir des tarifs attractifs, tant à la vente d'occasion qu'à la
location, sur des matériels révisés et
entretenus avec une disponibilité maximale pour garantir la maîtrise des chantiers. Gilles Rialland n'en est d'ailleurs
pas à son coup d'essai puisqu'il dirige le
groupe GLS, créé en 1988, présent sur
tous les grands segments : manutention,
terrassement, compactage, élévation de
personnes (notamment pour Arianespace
et jusqu'à 40 m), transport-logistique
et enfin construction modulaire, avec
des ensembles fabriqués entièrement
en Guyane et adaptés aux contraintes
locales des sites isolés de ce territoire
(kits solaires photovoltaïques, cuves de
récupération pluviale). Pour compléter
cette boulimie de développement, notre
nouvel adhérent a organisé, en 2013, le
1er salon du matériel BTP en Guyane lors
du 25e anniversaire de son entreprise.
Crise, vous avez dit crise ?
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Le Magazine du DLR ■
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nos métiers
la distribution
Distribution : évolution ou révolution ?
Une révolution est-elle en marche ?
Lors de la Journée de la Distribution, Philippe Brissonneau, directeur
matériel monde chez Colas, a ébranlé
les esprits en présentant l'évolution
de son groupe dans la gestion des
parcs de machines : moins d'achats,
plus de service et de réactivité. Un
autre futur se dessine…
fonctionne, c'est-à-dire rentable et performant dans son organisation. En même temps,
ce service doit être humain, car la relation de
service est éminemment une relation humaine ;
chaque salarié ayant un contact avec un client
doit en avoir les compétences.
Il faut donc un accompagnement des entreprises dans une transition vers des services à
haute valeur ajoutée.
"Ce n'est pas parce que les machines fonctionnent bien qu'il faut oublier le service aprèsvente (SAV)", explique Philippe Brissonneau aux
participants présents. "Il est clair que le SAV va
devenir une data d'excellence. Et les distributeurs sont probablement condamnés à proposer du matériel d'appoint pour dépanner leurs
clients qui n'admettront plus de machines à
l'arrêt. Nous ne sommes plus dans la détention
d'un parc, mais dans la détention du service d'un
parc. Les distributeurs devront avoir un parc à
commercialiser, et, à côté, un parc pour soutenir
des actions dans une temporalité complètement
différente. Ceux qui n'auront pas cela disparaîtront. Ce sera bien sûr à contractualiser. Et cette
contractualisation va conduire ce phénomène
commercial vers une nouvelle relation clientfournisseur au travers de l'usage du matériel."
Toute entreprise qui fabrique, vend ou loue du
matériel a forcément un SAV. Mais notre étude**
montre qu'il en existe plusieurs types :
Le DLR a anticipé ces interrogations avec des
formations à la gestion des services aprèsvente, proposées depuis juillet 2013*. Laurent
Mellah, cofondateur de CEPHEUS Group qui
anime ces sessions, nous présente ce SAV "data
d'excellence" :
"La concurrence est aujourd’hui exacerbée, avec
de fortes pressions sur les prix de vente des
matériels et des marges compressées, alors que
les coûts commerciaux, marketing et communication ne cessent d’augmenter. Une évidence
s’impose aux professionnels : les possibilités de
gains de marge se trouvent ailleurs, et principalement dans les services.
Pour aller vers de nouveaux modèles économiques basés sur le service, la première
étape est d'avoir un service après-vente qui
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• Le SAV "mal nécessaire" subi par l'entreprise,
qui est le "pompier de service" avec plus de
80% des interventions en curatif réclamé par
les clients. Ce SAV représente généralement
moins de 10% du chiffre d'affaires global.
• Le SAV "centre de profits" : l'entreprise se dit
qu'elle pourrait gagner un peu d'argent sur ce
poste, ou au moins qu'il soit à l'équilibre. Elle va
donc structurer cette fonction, avec un compte
d'exploitation spécifique, et créer quelques
contrats pour rentrer dans une logique de fidélisation des clients. Ce SAV va représenter entre
10 et 40% de son chiffre d'affaires.
"Nous ne
sommes plus
dans la détention d'un parc
mais dans
la détention du service d'un parc."
Le Magazine du DLR ■
015
014
17
nos métiers
• Le SAV "service clients" : l'entreprise a
décidé d'être proactive. Elle veut rentabiliser
son SAV, satisfaire et fidéliser ses clients, développer des prestations récurrentes avec des
contrats de maintenance, d'entretien, etc. Ce
SAV représente de 40 à 80% du CA général de
l'entreprise.
Avoir un SAV semble évident, comme il paraît
normal de s'occuper de ses clients. Sauf que
les entreprises vont souvent soigner la relation
commerciale et agir pour que tout se passe
bien jusqu'à la livraison. Mais la difficulté,
c'est l’après. On ne met pas du tout les mêmes
moyens en œuvre car on oublie qu'un client
se garde dans le temps. Souvent l'entreprise
met plus de moyens et d'énergie à gagner des
clients qu'à les conserver. Selon les études, il
est communément admis que gagner un client
coûte entre 5 et 10 fois le coût de l’action
menée pour en conserver un. Il est donc primordial de développer une relation durable. Et
le SAV est le meilleur outil pour cela. D'autant
plus que, dans le monde des techniques et des
technologies, les équipements sans pannes
n'existent pas. Le matériel se dégrade et a besoin d'entretien. Les pièces s'usent, les pannes
se produisent, et il est possible de gérer cela
par des plans d'entretien préventif mis en
place dans le cadre du SAV.
tout prix pour vendre plus. De ce fait, lorsqu'un
distributeur propose un contrat de service
à un client, celui-ci se demande pourquoi il
devrait le payer alors qu'il l'avait plus ou moins
gratuitement jusque-là. Cette mécanique de
satisfaction sans contrepartie ne créée pas de
processus de fidélisation. L'entreprise dévalorise elle-même son savoir-faire en maintenance et suivi après-vente, puisque ce qui
ne coûte rien ne vaut rien. Il faut donc tout
reprendre à zéro et rééduquer les clients.
C'est ce process que le DLR a mis en place
pour ses adhérents avec la formation CEPHEUS.
L'étude CEPHEUS montre que dans le monde
du matériel roulant du BTP et de l'agricole,
environ 73% des SAV rentrent dans la catégorie "mal nécessaire" et 15% des SAV sont à
l'équilibre. Toutes ces entreprises perdent de
l'argent sur leur SAV ou au mieux n'en gagnent
pas !
Retrouvez le programme et inscrivez-vous sur
www.dlr.fr, rubrique Emploi-Formation.
Autre point particulier de la vente du matériel
roulant BTP-agricole, c'est l'habitude de faire
des cadeaux en proposant une négociation
de type : "vous m'achetez X machines et je
vous offre le contrat de service, je vous étends
gratuitement la garantie". Le service est offert
plutôt que d’être valorisé. La culture des techniciens les conduit à satisfaire les clients à
18
015
0 1 4 ■ Le Magazine du DLR
Chacun doit construire son modèle en s'inspirant de bonnes pratiques, sans "copier-coller",
car il n'y a pas un seul modèle de SAV, mais
autant qu’il existe d’entreprises. Il faut étudier
comment positionner son SAV dans sa stratégie, avec quel type de relation et de fidélisation.
Il sera alors possible de développer des offres
et un modèle organisationnel et économique
adapté, incluant les personnels. Le principe qui
doit prévaloir dorénavant est un modèle économique basé sur les usages engendrés par la
vente des produits et non plus sur le seul acte
de vente.
* La prochaine session sur le SAV se tiendra en
novembre/décembre 2014.
** Les enjeux du SAV en France - État des lieux
- Janvier 2014.
la distribution
"73% des entreprises
qui vendent
du matériel roulant au BTP
et à l'agricole
perdent de l'argent
sur leur SAV
ou au mieux
n'en gagnent
pas."
Le Magazine du DLR ■
015
014
19
nos métiers
Travaux publics et bâtiment :
l’embellie n’est pas pour 2014
2014 ne sera pas l’année de l’éclaircie économique, comme l’ont clairement indiqué Anne Bourget et Eric
Quinton, respectivement économistes à la FNTP et à la FFB, lors
de la Journée de la Location.
"Les principaux maîtres d’ouvrage dans le
domaine des travaux publics sont les collectivités locales qui représentent 44% de notre
activité, notamment avec l’investissement
des communes et des intercommunalités. En
cette année d’élections municipales, nous anticipons un recul assez marqué puisque nous
atteindrions -8%". Les finances des collectivités locales sont à la baisse, tout comme leurs
capacités d’autofinancement.
Parmi les autres donneurs d’ordre publics, l’État
ne représente plus que 3% de l’activité. "L’État
intervient principalement dans l’entretien des
routes nationales. Pour une durée de vie optimale des couches de surface, il faut compter une
quinzaine d’années. Depuis 2011, cette périodicité de renouvellement s’allonge pour des raisons
économiques à 25 ans", indiquait Anne Bourget.
La suspension de l’Écotaxe, qui vise notamment
à subventionner l’Agence de Financement des
Infrastructures de Transport de France, devrait
avoir des incidences sur les grands projets. La
commission Mobilité 21 procède à la hiérarchisation de ces opérations structurantes, dont
certaines pourraient être ajournées ou même
abandonnées.
En revanche, le secteur des travaux publics
devrait pouvoir compter sur les grands opérateurs publics. Deux chantiers LGV en cours et le
contournement de Nîmes-Montpellier en perspective, la montée en puissance des investissements sur le réseau électrique et des transports urbains dynamiques devraient permettre
de soutenir l’activité.
Les travaux publics en janvier et février 2014
ont progressé de 2,6%. "Cette évolution s’explique notamment par des conditions climatiques favorables qui n’ont pas perturbé l’avancement des chantiers, les derniers souffles de
l’effet élections municipales. Les difficultés du
secteur demeurent néanmoins prégnantes : le
niveau d’activité, même s’il est en progression
sur un an, est particulièrement faible. L’année
2013 n’est pas un bon point de comparaison :
il s’agit de la période la moins favorable pour
les sociétés de TP des dix dernières années.
Le manque de commandes reste préoccupant,
surtout du côté de la clientèle publique", analyse le cabinet Asterès dans le baromètre du 1er
trimestre 2014 pour le DLR.
"Le bâtiment va continuer de s’éroder mais faiblement, avec une baisse contenue à -0,4%",
annonçait Éric Quinton. Le bilan du premier
trimestre, réalisé par Asterès, confirme cette
tendance. "Les mises en chantier de logements
neufs sont restées en repli par rapport à la
même période de l’année précédente (-11%).
Les perspectives dans la construction résidentielle restent mal orientées. Les mises en chantier de locaux continuent de soutenir l’activité
du bâtiment (+4%). Bien que la croissance de
ce segment ait ralenti au cours des trois derniers trimestres, les anticipations d’activité
demeurent favorables".
La location au cœur
de la mutation économique
Les entreprises de location doivent
savoir adapter leur management
pour répondre à la nouvelle donne
économique.
"La location est promise à un grand avenir
mais nécessite une réflexion sur les business
models". L’économiste Nicolas Bouzou est réputé pour son franc-parler et c’est donc sans
aucun détour qu’il a abordé la situation économique actuelle et future dans le cadre de la
21ème Journée de la Location. Il prévient : "La
vraie question n’est pas : quand allons-nous
sortir de la crise ? Mais plutôt : comment doisje adapter mon entreprise à ce nouvel environnement économique ?". Plus qu’une crise, c’est
20
015
0 1 4 ■ Le Magazine du DLR
une profonde mutation qui s’opère à l’échelle
mondiale. "Ce n’est pas la première crise de
cette ampleur. Et le scénario est toujours le
même. Trois phénomènes sont liés : récession
de l’activité économique, crise bancaire, crise
des finances publiques. Mais l’économie retrouve un nouvel équilibre par les vagues d’innovations. L’innovation transforme l’économie.
Le grand économiste Joseph Schumpeter disait
en 1912 : "Le nouveau ne sort pas de l’ancien,
mais apparaît à côté de l’ancien, lui fait concurrence jusqu’à le ruiner".
Les professionnels de la location doivent relever
le défi de l’innovation et de l’adaptation. L’économie d’usage et de location est au premier plan
de ce nouveau modèle. Et les loueurs de matériels en général ont tout à y gagner. La possession d’un bien n’est plus une fin en soi, l’usage et
le service priment. "Vous avez le savoir-faire et
vous êtes très bien placés pour aborder ce nouveau cycle. Nous rentrons dans une logique de
durabilité des biens et, à ce titre, un secteur va
renaître, celui de la réparation".
Il faudra donc de plus en plus compter avec la
location. Une aubaine pour les loueurs "historiques" mais ce phénomène entraîne également
une multiplication des offres de location, une
concurrence accrue et l’arrivée de nouveaux
profils d’acheteurs proches de ceux de la grande
distribution.
la location
Bertrand Carret et Sonia Dubès
Défendre ses prix pour augmenter
ses profits
Face à ces nouvelles réalités, Armand Lefebvre,
dirigeant de la société FABER Développement, a
livré aux 170 professionnels, réunis à l’occasion
de la Journée de la Location, des conseils en
management. "Il vous faut inclure dans le pilotage de vos entreprises la défense des marges
et des prix dans un environnement de plus en
plus concurrentiel et face à des clients de plus
en plus exigeants. Défendre sa rentabilité passe
par la baisse des coûts fixes. En les baissant
de 1%, l’impact est de 2,3% sur le résultat net
de l’entreprise". Autre piste proposée : vendre
plus. "Une hausse de 1% des ventes génère en
moyenne une augmentation de 3,3% des revenus. Mais ce n’est pas toujours facile dans ces
périodes où l’on constate au mieux une stagnation. Travailler sur les coûts variables a un
impact plus important. Mais ce qui est de loin le
plus positif est de réussir à défendre ses prix.
Selon une étude menée par Harvard Business
School, une hausse des prix de 1% augmenterait en effet de 11,1% le profit d’une entreprise",
expliquait l’expert. A contrario, céder sur ses
prix a des conséquences importantes sur les
profits et les marges brutes de l’entreprise. D’où
l’importance de savoir mener les négociations
avec fermeté et finesse en valorisant le savoirfaire et le service de son entreprise. "Au cours
d’une négociation, vous devez crédibiliser votre
entreprise, démontrer son expertise, défendre
ses prix, traiter les objections et négocier en
obtenant des contreparties. Le but de l’entretien
pour vous, comme pour le client, est de parvenir
à un accord".
Abolir la hiérarchie
Les chefs d’entreprise sont invités à opérer des
changements dans la relation client mais également dans le management de leur société. Et qui
de plus convaincant dans ce domaine que JeanFrançois Zobritz, ancien dirigeant de la Fonderie
FAVI, véritable révolutionnaire du management.
Avec l’humour qui le caractérise, il a partagé sa
vision du fonctionnement de l’entreprise basé sur
les collaborateurs qui sont sa véritable richesse, à
savoir les ouvriers et les commerciaux. Dans les
années 1980, ce précurseur a aboli, au sein de sa
société, les échelons hiérarchiques et a responsabilisé les salariés. Un modèle qui fonctionne et qui
a fait depuis des émules, à l’image de l’entreprise
nantaise CHRONO Flex, spécialiste du dépannage
de flexibles hydrauliques sur engins de chantier.
"Les professionnels
de la location
doivent relever
le défi de l’innovation et
de l’adaptation."
Les loueurs encouragés à proposer
du full service
"Nous ne sommes pas encore à l’époque du
tout-location", affirme Didier Thévenard, directeur matériel du groupe Eurovia et animateur
général des comités matériel à la Fédération
Nationale des Travaux Publics (FNTP). Même si la
location de matériels de travaux publics est une
réalité pour le groupe, elle ne concerne qu’une
partie des matériels.
"Nous avons deux sources de matériels : notre
parc propre et une source locative. Nous achetons principalement le gros matériel fondamental et nous faisons appel aux loueurs pour
le petit matériel. Nous externalisons également
en délégation de travaux à des sous-traitants
pour des opérations bien spécifiques (balayage,
rabotage, petit terrassement…)", confie Didier
Thévenard.
Un système historique pour Eurovia mais qui est
loin d’être figé. Chaque situation est analysée.
"Nous évaluons la valeur ajoutée à posséder le
matériel et, si ce n’est pas le cas, nous n’avons
pas de raison de l’acheter. Ce qui est disponible
chez des loueurs, nous le louons. L’un ou l’autre
n’est pas plus ou moins économique, nous agissons en fonction de l’offre, du contexte".
D’un pays à l’autre, Eurovia procède différemment : "Au Royaume-Uni, par exemple, nous
nous positionnons davantage sur du service,
ce qui induit plutôt la possession de petit matériel. En Amérique du Nord, les chantiers sont
plus importants et nous louons du gros matériel sur de la courte durée". Le groupe s’adapte
à la zone géographique, à l’activité et à l’offre.
"Le bon sens prime. Ainsi, nous louerons à plein
temps sur des sites industriels fixes où nous
sommes sûrs d’avoir de l’activité car les prix de
location seront sûrs. Pour des chantiers furtifs,
le loueur sécurisera ses prix, et il sera alors
plus intéressant de posséder. C’est l’usage qui
oriente le choix. L’économie d’usage et le coût
total de possession entrent toujours en ligne de
compte".
Le directeur matériel du groupe Eurovia regrette
que "les fournisseurs français ne sachent pas
très bien faire des offres clé-en-main, full service avec entretien, plus modulables et sans
engagement avec des organismes financiers",
ce qui représente un frein à la location. Le service, l’entretien des machines, les disponibilités,
les modalités de location sont autant de critères
incontournables dans le choix des clients. Le Magazine du DLR ■
015
014
21
nos métiers
Face aux "poids lourds"
de la manutention,
la PME tire son épingle du jeu
Cédric Bremard
L’entreprise de matériels de manutention Charles Service, basée en
Seine-et-Marne, mise sur l’appui de
sa marque premium, la proximité
avec ses clients, le service et la
réactivité pour se différencier des
grands groupes de la profession.
Avec 35 collaborateurs, un chiffre d’affaires
oscillant entre 6 et 6,5 millions d’euros, deux
agences (à Chelles et à Sainte-Geneviève-desBois), l’entreprise Charles Service n’appartient
pas à la catégorie "poids lourds" de la manutention. Pourtant, la société basée à Chelles
est bien implantée dans le secteur de l’Île-deFrance et développe son activité.
Cédric Bremard a, depuis sa reprise de l’entreprise en 2010, donné une nouvelle impulsion
en engageant de nombreux changements.
"Charles Service a été fondée en 1946. Initialement, l’activité portait sur la fabrication de remorques et très rapidement, l’entreprise a fait
de la vente de chariots élévateurs. Quand j’ai
repris la société, une seule marque, Yale, était
distribuée. Le service après vente représentait
70% de l’activité. Les collaborateurs étaient
donc logiquement plutôt des techniciens que
des commerciaux", relate le dirigeant.
Sous l’impulsion de Cédric Bremard, Charles
Service a vécu de nombreuses évolutions.
Outre Yale, l’entreprise est désormais également distributeur des marques JCB, JLG (nacelles élévatrices), Ausa (chariots tout terrain),
Simaï (tracteurs électriques). "Notre objectif
est le service aux clients, trouver la solution
technique et répondre à leurs demandes. Il a
fallu former les équipes à ces nouveaux produits, que ce soit au niveau de la vente comme
du SAV. Nous avons renforcé notre équipe commerciale. Aujourd’hui, nous sommes capables
de répondre à toutes les demandes de nos
clients."
L’activité de l’entreprise se partage entre la
vente de neuf et d’occasion, la réparation, la
22
015
0 1 4 ■ Le Magazine du DLR
maintenance toute marque, le SAV, la location
longue durée, le rayonnage et l’aménagement
d’entrepôt.
Vécue en pleine période de réorientation de
l’activité, la crise n’a pas trop impacté Charles
Service. "Nous avons enregistré une progression de chiffres justement car nous développions la partie commerciale de l’activité".
La société concentre son activité exclusivement sur l’Île-de-France. "Il y a beaucoup
d’utilisateurs sur ce secteur et notre marge de
progression est importante". La typologie des
clients de l’entreprise est diverse : sur la partie
service après vente, Charles Service travaille
en majorité pour des clients "historiques" ;
sur l’activité commerciale, une nouvelle clientèle a été conquise. Charles Service fournit
aussi bien des petites entreprises que des
grosses structures.
La location longue durée représente environ
40% du chiffre d’affaires. "Cette tendance est
liée à des problématiques de trésorerie mais
ce n’est pas l’unique raison. Les clients veulent
externaliser le problème du matériel, ne plus
se charger de l’entretien en interne. C’est un
vrai changement d’habitude et cela nécessite,
entre le prestataire et le client, une relation sur
le long terme".
Et la relation-client, le service de proximité, la
réactivité constituent de véritables atouts pour
des entreprises de la taille de Charles Service,
qui se démarquent ainsi des grands groupes
concurrents. "Notre difficulté est de proposer des financements équivalents à ceux que
peuvent offrir des groupes. Le financement ne
fait pas toujours la différence, c’est un des éléments qui entrent en ligne de compte, mais pas
le seul. Parmi les arguments que nous pouvons
opposer, il y a notre capacité d’adaptation plus
aisée aux clients. Nous essayons de trouver des
solutions au cas par cas. La connaissance de
nos clients nous démarque. Dans les petites
entreprises, la décision peut être prise dans la
journée, ce qui n’est pas le cas dans les grosses
structures. Nous sommes dans l’opérationnel
plus que dans la politique interne. De plus, nous
avons la chance de pouvoir nous appuyer sur
le réseau d’un grand constructeur comme Yale.
Tout seuls avec une marque non premium, nous
aurions plus de difficultés à rivaliser. Nous bénéficions de l’appui de cette marque pour nous
ouvrir vers de grands comptes", estime Cédric
Bremard.
"Nous sommes dans
l’opérationnel plus que dans la politique interne."
la manutention
La concurrence chinoise
n’est pas encore pour demain
L’ombre de la concurrence chinoise
plane depuis plusieurs années sur
le monde du matériel de manutention et de BTP. Les inquiétudes des
distributeurs et des loueurs sontelles fondées ?
L’arrivée en masse des machines chinoises sur
le marché européen en général, et français
en particulier, n’est pas pour demain, comme
l’expliquait clairement Paul Howard, économiste au sein du cabinet Off Highway Research,
lors de la 13ème Journée de la Distribution. "La
structure du marché en Europe, avec plus de
50% occupé seulement par les mini-pelles et
les télescopiques, ne correspond pas à la production en Chine, qui est en surcapacité de
fabrication de pelles sur chenilles et de chargeuses sur pneus. Les produits à écouler ne répondent pas à la demande du marché européen".
Mais cette inadéquation entre le marché et la
production n’est pas le seul frein à une arrivée
immédiate du matériel chinois en Europe. Les
constructeurs chinois doivent également se
conformer aux normes européennes, et cette
adaptation entraînera un surcoût de fabrication de ces machines nécessitant alors une
mécanique de précision.
Une analyse que partage Renaud Buronfosse,
délégué général du Cisma, syndicat des équipements pour la Construction, les Infrastructures,
la Sidérurgie et la Manutention. "Les constructeurs chinois sont maintenant bien conscients
que, pour vendre en Europe, il faut du matériel
de qualité et aux normes. Alors ils achètent les
composants en Europe. Pour proposer des prix
compétitifs, il ne leur reste plus que la maind’œuvre, mais elle ne représente pas la partie
la plus importante dans la construction des
matériels de BTP".
Des organisations telles que le Cisma veillent
à éviter l’utilisation sur le territoire français
d’engins non conformes aux normes européennes. "Sur chaque salon, nous faisons sys-
tématiquement des contrôles toutes marques
et nous demandons, le cas échéant, la pose
d’un panneau spécifiant les matériels ne pouvant être vendus sur le territoire européen".
Le Cisma apporte également son appui technique aux services de la Direction Générale de
la Concurrence, de la Consommation et de la
Répression des Fraudes (DGCCRF). L’indispensable réseau de distribution
Les constructeurs de "l’Empire du milieu" doivent
régler d’autres points pour conquérir le marché
européen : l'absence de réseau de distribution, un
service après-vente inexistant et les difficultés à
trouver des pièces détachées freinent leur implantation.
"Leur difficulté aujourd’hui est de disposer d’un
réseau de distribution. Et il n’y a pas énormément
de concessionnaires sur la place qui ont les moyens
financiers, techniques et humains pour représenter des marques. Le constructeur doit apporter à
son réseau de concessionnaires la formation, les
bonnes notices, un appui promotionnel, l’accès aux
pièces…", indique Renaud Buronfosse.
Aujourd’hui, quelques marques chinoises sont présentes en France via les importateurs ou avec des
filiales françaises. Un autre phénomène est à noter :
le rachat par des constructeurs chinois d’entreprises européennes. "Ils achètent à la fois la technologie, le réseau, le nom et développent ensuite
d’autres produits".
Sur le marché des matériels de manutention dits simples tels que les transpalettes, les chariots, on
voit apparaître des produits chinois. Une tendance
qui ne se vérifie pas pour les matériels de travaux
publics plus perfectionnés.
À terme, les fabricants chinois vont-ils investir le
marché européen ? "Il n’y a aucune raison que cela
ne se fasse pas, mais on note une surcapacité de
production partout. À mon sens, il y a déjà beaucoup trop de marques. Le marché européen s’est
un peu tassé et ne représente plus, par rapport aux
pays émergents, l’avenir. C’est une zone mâture qui
a besoin de matériels de renouvellement, de produits sophistiqués pour lesquels les constructeurs
chinois devront être au niveau".
Si les entreprises chinoises ne sont pas encore des
concurrents menaçants en Europe, leur prédominance sur le marché africain pénalise les constructeurs européens. "En Afrique, la question de
l’empreinte environnementale et des normes ne se
pose pas. Les constructeurs européens ont du mal
à vendre dans ces pays face à du matériel chinois
moins onéreux", conclut Renaud Buronfosse.
"Les produits
à écouler ne
répondent pas
à la demande
du marché
européen."
Le Magazine du DLR ■
015
014
23
économie
Conjoncture 2013 et 2014
Les performances des fournisseurs
de matériel de BTP concordent
avec la situation difficile du secteur de la construction
Après une dégradation continue en 2012, le
climat des affaires dans le bâtiment s’est stabilisé à un niveau bas au second semestre 2013.
L’objectif du gouvernement de construire 500
000 logements par an s’est avéré trop ambitieux. La cible a été largement manquée en 2013
: seules 332 000 habitations nouvelles ont été
mises en chantier (-4% par rapport à 2012). La
situation a été plus favorable sur le segment
des locaux professionnels, avec une hausse de
16% des surfaces mises en chantier. Résidences
et locaux compris, le chiffre d’affaires des entreprises du bâtiment s’est replié de 4% en 2013.
Côté travaux publics, malgré un effet favorable
attendu avant les élections municipales, l’activité a stagné en 2013 (-0,6% par rapport à 2012,
d’après les données de la FNTP).
24
015
0 1 4 ■ Le Magazine du DLR
Chiffre d’affaires
(en milliards d’euros)
6
5,63
5,64
5
4
3,94
4,98
4,98
3,70
3,81
3,81
1,85
2,00
1,96
2012
2013e
4,18
3,65
3,60
4,89
3,17
3,27
1,59
1,59
2009
2010
2011
Location
Manutention
2
1,95
1,91
1
0
2007
2008
Distribution
Source : bilans DLR
3
Evolution du Chiffre d'affaires
(variation d'une année sur l'autre en %)
20%
10%
0%
0%
0%
-2%
-10%
-20%
-30%
-40%
2008
2009
2010
2011
2012
2013e
Source : bilans DLR
2013 a été une année "blanche" pour les trois professions du DLR.
Les enquêtes annuelles de la fédération, les Bilans, indiquent en effet
une stabilité du chiffre d’affaires
pour la Distribution et la Location
de matériel de BTP (+0% par rapport à 2012). Le chiffre d’affaires
de la Manutention a baissé de 2%,
ce qui équivaut également à une
stabilité, comparé aux évolutions
à deux chiffres observées par le
passé.
Le marché de la Distribution s’établit donc
une fois de plus à 5 milliards d’euros. Cinq
années après le décrochage des ventes en
2009, la profession n’a toujours pas retrouvé
son volume d’activité d’avant-crise. La Location a, quant à elle, représenté un marché de
3,8 milliards d’euros en 2013, soit 4% de plus
que le pic de 2008. Enfin, le chiffre d’affaires de
la Manutention s’est élevé à 2 milliards d’euros,
soit un montant comparable à celui de 2008.
Le chiffre d’affaires des fournisseurs de chariots de manutention s’est légèrement contracté mais cette évolution s’explique, en partie,
par un effet "contrecoup" : les performances
commerciales ont été correctes lors des deux
années précédentes (respectivement +16% et
+8%) alors même que la conjoncture des secteurs clients – industrie, commerce et transport
de fret – s’était détériorée. Les acquisitions de
chariots en 2011 et 2012 ont été motivées par un
mouvement de renouvellement du parc existant qui s’est logiquement estompé par la suite.
En 2013, les professions du DLR n’ont pas coupé
dans les effectifs en dépit de la stagnation
de l’activité. L’emploi a même légèrement
progressé dans la Location (+1,4%) et dans la
Manutention (+1%). Sans réduction suffisante
des charges fixes, le résultat net de ces deux
secteurs s’est affaibli en 2013 pour s’établir
respectivement à 3,4% et à 2,4% du chiffre
d’affaires. Les réponses à l’enquête "Bilan de
la Distribution" ont été insuffisamment nombreuses et précises cette année pour établir
une estimation robuste du résultat net sectoriel. Compte tenu d’une stabilité des effectifs
employés par les Distributeurs, le résultat net
pourrait avoir été relativement stable (le Bilan
2014 permettra de revenir sur ce point).
Les performances des métiers du
DLR en 2014 ne devraient pas sensiblement s’éloigner de celles de
2013
Au premier trimestre, les professions du DLR
ont enregistré une légère hausse du chiffre
d’affaires. La météo n’est toutefois pas étrangère à ce petit sursaut : cette année, les conditions climatiques ont été favorables à l’avancement des chantiers alors qu’il y a un an, elles
avaient été source d’importants retards. Les
fournisseurs de matériel de BTP ne se laissent
pas tromper par les performances du premier
trimestre. Les anticipations restent en effet
mal orientées.
"L'année 2013 a été
une année "blanche"
pour les trois professions
du DLR."
La croissance économique française devrait
lentement repartir (+1% en 2014 après +0,3%
Le Magazine du DLR ■
015
014
25
économie
"Les sociétés de construction
devraient cette
année encore endurer un
manque criant
de commandes."
26
015
0 1 4 ■ Le Magazine du DLR
Résultat net
( en % du chiffre d'affaires)
8%
7%
distribution BTP
6%
location BTP
5%
distribution/location/
manutention
4%
3,4%
3%
2,4%
2%
Sources : Bilans DLR.
n.d.
1%
0%
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013e
Résultat net rapporté au chiffre d’affaires
PIB
6%
Construction (valeur ajoutée en volume)
4%
2%
1,0%
1,5%
0
prév. PIB
-2%
-4%
-6%
-8%
2007
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
Source : Insee, prévisions Asterès.
en 2013). La reprise est toutefois précaire. Les
sociétés de construction devraient cette année
encore endurer un manque criant de commandes.
On relève en effet cinq facteurs anxiogènes pour ce secteur :
1. La construction de logements neufs demeure faible et ne devrait pas fortement repartir cette année ;
2. L’effet des élections municipales n’opère
plus. L’année sera vraisemblablement "blan-
che" en termes de commandes communales ;
3. L’écotaxe ne rapportera rien à l’Etat en
2014 et son avenir est incertain. Or cette fiscalité est censée financer 800 millions d’euros de
travaux par an ;
4. Les dotations de l’Etat aux administrations
locales vont être amputées de 10 milliards
d’euros sur 3 ans. Les collectivités pourraient
anticiper ce trou budgétaire en gelant dès
cette année des projets d’investissement ;
5. La réorganisation des cartes administratives et les jeux de pouvoir à la suite de la réforme territoriale pourraient perturber durant
un temps la mise au point de nouveaux projets
d’investissement.
Même si le processus de reprise économique
est très lent en France, il est engagé. 2014
pourrait donc bien être une nouvelle année de
stabilité pour les trois professions du DLR. Les
entreprises doivent tenir bon car, au-delà des
remous de 2014, les vents conjoncturels pourraient être plus favorables en 2015, même si le
souffle manquera vraisemblablement encore de
puissance. Surtout, la visibilité sera plus forte,
ce qui facilitera les choix d’investissement. D’ici
là, les dirigeants d’entreprise doivent continuer
de surveiller les coûts et d’optimiser l’organisation de leur(s) établissement(s). Lorsque la
conjoncture se redressera enfin, ces efforts
seront récompensés par un bond appréciable
du résultat net.
"2014 pourrait bien être
une nouvelle année
de stabilité pour
les trois professions
du DLR."
Le Magazine du DLR ■
015
014
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dossier
Économie circulaire,
le nouveau modèle économique
la raréfaction des ressources naturelles doit
conduire à une écoconception du produit, à
une utilisation modérée des ressources non renouvelables, à la prise en compte en amont du
traitement des ressources renouvelables et à
la valorisation des déchets comme potentielles
Le 21e siècle signe la fin du modèle de déveressources.
loppement économique qui a prévalu depuis
la révolution industrielle, à savoir la produc- Les exemples dans différents domaines
tion linéaire à partir de matières premières, prouvent que l’économie circulaire est déjà
sans souci de durabilité et d’épuisement des une réalité. Ainsi, une société d’impression a
ressources. Ce schéma a montré ses limites et créé un circuit de collecte de cartouches usées
d’aucun aujourd’hui ne peut nier qu’il a conduit dont l’ensemble des composants est intégré
au tarissement des matières premières. Nos dans des cartouches neuves alors qu’auparaprélèvements sur les ressources naturelles vant ces composants étaient détruits. Dans le
excèdent largement la capacité de la terre à monde agricole aussi, l’économie circulaire a
les régénérer et à absorber les déchets pro- sa place. Une coopérative betteravière dans
duits. La réduction des impacts environnemen- l’Aube s’est associée à une entreprise du BTP
taux, telle qu’elle a été engagée suite à la prise qui réutilise, sur ses chantiers, le sable qui a
de conscience collective, ne pourra suffire à servi au lavage des betteraves. Des solutions
rétablir l’équilibre. Un changement en profon- écologiques et économiques indéniables.
deur de notre schéma économique, une véri- L’usage plutôt que la possession
table révolution se dessine. Le modèle de pro
-duction linéaire - extraire, fabriquer, consom- Si les industriels doivent repenser la concepmer, jeter – ne peut perdurer et le concept tion et le cycle de vie du produit, pour les
d’économie circulaire tend à lui succéder. consommateurs aussi, l’économie circulaire
Économie circulaire, un terme auquel plus entraîne des changements profonds des habipersonne ne peut échapper et ce nouveau tudes de consommation. Oublier la case déchèmodèle économique en devenir mobilise, aux terie comme seule issue à la défection d’un
quatre coins de la planète, instances politiques, objet ! Les produits seront conçus pour durer,
associations de protection de l’environnement pour être réparés, démantelés et utilisés à
et industriels. Des organisations spécifiques, d’autres fins. Le consommateur devra se poser
à l’image de l’Institut de l’économie circulaire la question du besoin et de la simple envie.
en France, naissent dans les pays industrialisés Bien sûr, il est possible de changer son télévipour organiser la "révolution de l’économie seur au profit d’un modèle plus performant, à
la qualité d’image supérieure, mais plutôt que
circulaire".
de jeter l’ancien, pourquoi ne pas le vendre ou
Réduire, réutiliser, recycler
le donner ?
Comme dans la nature, l’économie circulaire La possession d’un bien tend à n’être plus une
s’appuie sur un cycle au sein duquel les dé- fin en soi. Pour preuve le succès des Vélib’ et
chets produits par les uns deviennent matières autre Autolib’, ou encore des sites internet
premières pour les autres, pour former un proposant de la location de petit outillage ou
écosystème limitant les pertes. Ce nouveau d’électroménager. Quand on sait que le temps
modèle bouscule totalement l’idée même de d’utilisation d’une perceuse sur toute sa durée
conception et de production. Etre conscient de de vie est de douze minutes, quel est l’intérêt
L’économie circulaire doit permettre
de préserver les ressources naturelles tout en satisfaisant les besoins
des consommateurs toujours plus
nombreux.
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0 1 4 ■ Le Magazine du DLR
de s’équiper individuellement plutôt que d’en
partager l’usage ? Ces nouveaux services de
partage démocratisent le principe d’économie
de fonctionnalité, qui consiste à proposer la
vente d’un usage plutôt que du bien lui-même.
L’économie de fonctionnalité s’inscrit totalement dans les principes de l’économie circulaire. Et là encore, nous avons dépassé la phase
d’expérimentation : Xerox fait payer les photocopies plutôt que les photocopieurs ou encore
Michelin propose à ses clients de ne plus payer
les pneus mais les kilomètres parcourus. Le passage à l’économie circulaire nécessitera
une évolution des comportements et des business models.
"La possession
d'un bien tend
à n'être plus
une fin en soi."
Lexique
Écoconcevoir : prendre en compte les impacts environnementaux d’un produit tout au
long de son cycle de vie (de sa production à sa
destruction).
Économie de fonctionnalité : vendre
l’usage d’un produit plutôt que le produit luimême.
Recycler : réutiliser les matières premières
issues des déchets, soit pour des produits similaires soit pour d’autres types de produits.
Réemploi : opération par laquelle des substances, matières ou produits qui ne sont pas
des déchets, sont utilisés de nouveau pour un
usage identique à celui pour lequel ils avaient
été conçus. la "révolution" de l'économie
circulaire en marche
"La location est un premier pas vers l’économie de fonctionnalité qui entre
dans le concept de l’économie circulaire"
Grégory Giavarina, délégué général
de l’Institut de l’économie circulaire*, nous propose sa vision de ce
nouveau modèle économique et son
application possible dans les secteurs de la distribution, de la location et du service pour le matériel
destiné au BTP et à l’industrie.
Qu'entend-on par économie circulaire ?
Grégory Giavarina. L’économie circulaire
est un modèle économique, social et environnemental dont l’objectif ultime est de parvenir à découpler la croissance économique de
l'épuisement des ressources naturelles par
la création de produits, services, modèles
d’affaires et politiques publiques innovants.
Il s’agit par exemple de rallonger les flux de
matières (réemploi, recyclage) et de produits
(écoconception sans composé toxique ni obsolescence programmée, réparation, réutilisation
puis recyclage) tout au long de la vie du produit
ou service.
Ce modèle repose sur la création de boucles
de valeur positives à chaque utilisation ou
réutilisation de la matière ou du produit avant
destruction finale. Il met notamment l'accent
sur de nouveaux modes de conception, production et consommation, le prolongement
de la durée d’usage des produits, l’usage
plutôt que la possession de biens, la réutilisation et le recyclage des composants. La
gestion des déchets ne peut plus se réduire à
une conséquence du modèle de production
actuel. L’optimisation de l’utilisation des ressources par une écoconception pensée en
amont transforme la gestion des déchets en une
simple étape de la boucle matière.
L’économie circulaire concrétise l’objectif de
passer d’un modèle de réduction d’impact à un
modèle de création de valeur, positive sur un
plan social, économique et environnemental.
En quoi la location des biens s'inscrit-elle dans cette notion d'économie circulaire ?
En quoi ce nouveau mode économique modifiera-t-il les habitudes
des clients et des entreprises ?
G. G. La location est un premier pas vers
l’économie de fonctionnalité qui rentre
dans le concept de l’économie circulaire.
Privilégier l’achat de l’usage plutôt qu’un
produit contribue à la réduction de l’utilisation
des ressources naturelles.
G. G. L’économie de fonctionnalité bouleverse
des décennies d'habitudes de production et de
consommation. Le changement le plus important pour les entreprises concerne leur business model puisqu’il ne s’agit plus de vendre
des biens mais leur usage. Pour les consommateurs, le principal enjeu est le passage de la
possession d’un bien à sa seule utilisation. Tout
le monde n’est pas prêt, mais on constate que
les mentalités changent.
Quelle est la différence entre économie de fonctionnalité et économie de location ?
G. G. L’économie de fonctionnalité, qui
vise à optimiser l’utilisation – ou la fonction
– des biens et services, se concentre sur la
gestion des richesses existantes, sous la forme
de produits, de connaissances ou encore de
capital naturel. L’objectif économique en est
de créer une valeur d’usage la plus élevée
possible pendant le plus longtemps possible,
tout en consommant le moins de ressources
matérielles et d’énergie possible. Le but est
d’atteindre ainsi une meilleure compétitivité et
une augmentation des revenus des entreprises.
Dans le cas de l’économie de location, les produits sont très souvent les mêmes que ceux
proposés à la vente. L’économie de fonctionnalité impose de travailler sur la durabilité des
produits, leur réparation, leur réutilisation et
leur recyclage en fin de vie.
Comment l'économie circulaire
peut-elle être déclinée dans la
branche de la distribution, de la location et de la réparation de matériels BTP et de manutention ?
*www.institut-economie-circulaire.fr
"L'économie de
fonctionnalité
bouleverse des décennies
d'habitudes de
production et de
consommation."
G. G. Les secteurs qui travaillent dans la location
sont, a priori, les plus à même de passer à une
offre "économie de fonctionnalité", mais cette
transition nécessitera probablement un accompagnement important pour convaincre à la fois les
producteurs et les consommateurs de son intérêt.
Le Magazine du DLR ■
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29
dossier
Les distributeurs s’adaptent
au passage de la propriété à l’usage
La location fait désormais partie
intégrante de l’offre de services
proposée par une grande majorité
des distributeurs de matériels de
BTP et de manutention. Plus qu’une mutation du marché liée à la crise
économique, c’est un véritable changement
sociétal qui s’opère dans le domaine de la distribution. La crise n’a été que le révélateur de ce
tournant vers la location pris par la profession.
"La crise a accéléré la mutation du marché des
matériels. Je pense que nous ne reviendrons
pas en arrière. Il faut être réactif et suivre ce
changement. Il ne s’agit pas d’un deuxième métier mais plutôt d’un métier complémentaire",
analyse Pierre Tilly, dirigeant du Groupe Tilly et
président de la région Est de la fédération DLR.
L’économie circulaire, la valeur d’usage sont
passées du concept à la réalité dans ce domaine d’activité. Les entreprises utilisatrices
privilégient l’usage à la propriété. "Avoir des
machines c’est bien, mais il faut surtout s’en
servir. Chez Colas, nous avons 65 000 collaborateurs et autant de machines ; tout est hyper
mécanisé mais le but n’est pas de garder des
matériels en stand-by. Une nouvelle philosophie
d’approche du matériel se met en place. Nous
passons de la propriété à l’usage, vers l’externalisation de la possession des matériels. Vous
devrez avoir le parc nécessaire au soutien des
actions dans une temporalité donnée. Autrefois,
il fallait six mois pour réunir les matériels nécessaires à un chantier en Afrique. À présent, il
nous les faut pour demain", témoignait Philippe
Brissonneau, directeur du matériel du groupe
Colas, lors de la journée Distribution du DLR.
Vision confirmée par Pierre Tilly : "Les clients
n’ont plus besoin d’un parc de matériels hétérogènes et variés. Il y a évidemment des
machines de production qui sont utilisées
quotidiennement et pour lesquelles il est plus
intéressant d’investir, mais le parc est complété
au coup par coup par de la location. Pour des
matériels généralistes sans accessoire parti-
30
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0 1 4 ■ Le Magazine du DLR
culier, les clients font appel aux sociétés de
location traditionnelles. Et dans ce domaine,
nous ne pouvons pas et nous ne voulons pas
lutter contre les grands majors de la location
en France. En revanche, sur du matériel plus
spécifique, nous avons notre carte à jouer".
Un savoir-faire incontestable
récentes pourront être proposées, l’objectif des
distributeurs n’étant pas, à la différence des
loueurs, d’exploiter les machines au maximum.
Les distributeurs s’appuient, pour développer cette nouvelle offre, sur leur savoir-faire,
la proximité et la relation-client. "Que l’on
soit loueur ou distributeur, nous faisons tous
le même métier, à savoir la mise à disposition d’un matériel spécifique lié au besoin du
client. Ce qui nous différencie ? C’est le savoirfaire. La moitié, voire les trois quarts de nos
effectifs sont des techniciens. Ils suivent des
formations de haut niveau et sont expérimentés sur les machines que nous distribuons.
Notre offre de location est systématiquement
adjointe à une offre de services complémentaires", poursuit le dirigeant du Groupe Tilly.
Les distributeurs louent essentiellement à leurs
clients habituels. C’est d’ailleurs pour répondre
à leurs demandes que les entreprises de distribution ont intégré la location. "Des clients
souhaitaient disposer ponctuellement d’un
matériel que nous avions dans notre stock
d’occasion. La location permettait d’accéder
à leurs demandes. Au début, des membres de
nos équipes répondaient à cette demande
supplémentaire et géraient les entrées et
les sorties de matériels. Nous en étions aux
balbutiements. Aujourd’hui, l’offre est organisée, nous avons intégré de nouveaux métiers
similaires à ceux de la location : commerce de
l’offre, gestion de parcs, etc… Cette activité a
donc été créatrice d’emplois", relate Pierre Tilly.
"Les distributeurs s'appuient, pour développer
cette nouvelle
offre, sur leur savoir-faire, la proximité et la relation client."
Autre effet lié à l’intégration de l’activité location : la possibilité pour les distributeurs de
disposer d’une offre de matériels d’occasion
plus attractive. Auparavant, les distributeurs
revendaient essentiellement les matériels
repris aux clients suite à une vente. Avec le développement de la location, des machines plus
Il ne s’agit donc pas d’une guerre ouverte
entre distributeurs et loueurs, les enjeux,
l’approche, les services n’étant pas les mêmes.
la "révolution" de l'économie
circulaire en marche
Ce que disent les commandes publiques
sur l’évolution du marché
Afin de mieux appréhender le marché, la fédération DLR a missionné
le groupe Vecteur Plus, leader français dans le domaine de la veille
commerciale, pour réaliser une
étude de marché sur les matériels
de manutention et de TP dans le
secteur public en France.
Vecteur Plus recense, étudie et analyse les appels d’offres émanant des structures publiques
dans les secteurs d’activité propres au DLR.
"Notre groupe produit des visions analytiques
des marchés. Cette activité d’Intelligence Marchés vise à objectiver le marché. Les professionnels ont une vision parfois faussée et ce
type d’étude permet de mettre des chiffres
derrière un ressenti, une vue subjective. Il s’agit
de voir comment se comportent les donneurs
d’ordre dans le secteur public", indique Hervé
Chevallier, responsable du service Intelligence
Marchés de Vecteur Plus. Les données et les
résultats sont autant d’éléments utiles aux
adhérents de la fédération pour détecter des
opportunités et de nouveaux clients, anticiper
de nouvelles tendances.
L’étude porte sur deux périodes de référence :
le long terme, sur la période 2008-2013, et le
court terme, trimestre par trimestre échu. "En
France, sur 330 000 marchés publics par an,
40% concernent du BTP pur. Une grosse part
d’activité est liée à ces métiers".
Les marchés publics étudiés dans le cadre de la
commande du DLR ont pour objet l’achat et la
location de matériels de BTP et de manutention.
Il s’agit principalement de matériels destinés à
l’entretien de la voirie, des espaces verts, des
bâtiments et à l’environnement.
"La commune est le plus gros opérateur public, c’est elle qui passe le plus de marchés.
Elle intervient beaucoup sur son territoire en
direct. Mais la volumétrie est faible et cela ne
représente pas un marché très important",
souligne Hervé Chevallier.
Les marchés publics sont soumis à de nombreuses influences extérieures. Ainsi, les
chiffres du premier trimestre 2014 révèlent une
baisse de 9% du marché des matériels de travaux publics et de manutention dont l’une des
explications tient aux élections municipales :
les communes ont considérablement diminué les publications d’appels d’offres (-23%)
sur cette période. "Les élections municipales
bloquent la commande publique pendant deux
mois. Cette baisse du marché est plus sensible
sur les achats que sur la location. Il est vrai que,
dans les périodes difficiles, le choix va plutôt
se porter sur la location". Mais elle reste de
manière générale plus marginale. Les structures intercommunales
plus présentes
Les professionnels du secteur doivent de plus
en plus compter avec les communautés de
communes et les communautés d’agglomérations : entre le premier trimestre 2013 et le premier trimestre 2014, la proportion de ces collectivités sur l’ensemble des donneurs d’ordre est
passée de 9,71 à 12,85%. Les transferts de compétences, jusqu’alors exercées par les communes,
l’élargissement des territoires intercommunaux
et le développement de la mutualisation voulus dans le cadre de la réforme des collectivités, sont des facteurs à prendre en compte et
qui ont des répercussions sur les marchés. La
rationalisation de l’achat sera bientôt la norme,
et les matériels seront achetés en moins grand
nombre, mais pour une utilisation décuplée.
Concernant les autres donneurs d’ordre publics, Hervé Chevallier note que "les conseils
généraux ont des difficultés financières et vont
limiter les investissements. En revanche, l’Etat
continue à avoir un niveau de commande intéressant sur ce marché et ce n’est pas le cas pour
les autres secteurs". Une petite embellie du
marché, sans doute due en partie aux matériels
utilisés dans le domaine de l’environnement. La
multiplication des déchèteries, l’augmentation
des centres de tri et d’enfouissement des déchets, nécessitent des équipements spécifiques
(bennes, compacteurs, chariots, etc.). S’agissant de l’économie circulaire, le spécialiste remarque : "Aujourd’hui, les acheteurs
publics sont de plus en plus exigeants sur le
prix et la qualité de l’achat. Ils veulent avoir une
vision sur le long terme de leurs équipements :
ils sont plus exigeants sur l’usage et sur le coût
du matériel".
"L'État continue à avoir
un niveau
de commande intéressant, notamment dans le domaine
de l'environnement."
Le Magazine du DLR ■
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dossier
Location et collectivités publiques :
l'impossible équation du FCTVA ?
MAG2 a rencontré Joël GIRAUD,
député des Hautes-Alpes, auteur
d'une question écrite au gouvernement sur le Fonds de Compensation
de la TVA (FCTVA)* qui "exclut la
possibilité laissée aux collectivités
de recourir à la location de véhicules industriels". Extrait de cet
entretien.
"En tant qu’élu local, toutes les problématiques
ayant trait à la TVA et son remboursement
m’intéressent. Or, petit à petit, on observe un
glissement comptable des opérations d’investissement réalisées par les collectivités vers
les opérations de fonctionnement, ce qui permet notamment de ne plus rembourser la TVA.
La question sur les notions d’investissement et
de fonctionnement se pose, car le fonctionnement n’est alors plus une habitude sociétale
et devient une catégorie fiscale dans laquelle
l’État et les services fiscaux placent un maximum de choses pour éviter ce remboursement
de TVA…
Ceci est notamment vrai pour tout ce qui relève
de la location de matériel car une collectivité
n'a pas forcément besoin d'un parc permanent
d'engins. Dans une région de montagne telle
que les Hautes-Alpes, les collectivités doivent
gérer le déneigement et l'entretien de voiries
dans des conditions très difficiles, avec des
coûts de gestion et de maintenance considérables lorsqu’elles sont dans un système
d’investissement car ceux-ci, du fait de leur
nature même, échappent au giron du FCTVA. A
contrario, la location de courte ou de longue
durée présente de nombreux avantages. Pour
reprendre l’exemple ci-dessus, un chasse-neige
ne sert pas en été. La question de l’achat se
pose alors car la collectivité est confrontée à
son stockage, son entretien et son amortissement si elle en fait l’acquisition. Or, la location
est considérée par le FCTVA comme relevant
des frais de fonctionnement. Sa TVA n’est donc
pas remboursée, contraignant les collectivités
dans leurs prises de décisions, car elles ont
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0 1 4 ■ Le Magazine du DLR
intérêt fiscalement à acheter. Ceci est une stupidité monumentale.
Actuellement, nous ne sommes pas dans un
cercle vertueux pour la gestion de certains
aspects de nos territoires, et c’est la raison
pour laquelle j’ai interpellé le ministre du budget. Nous sommes dans un cycle où, au lieu
de coller aux usages, nous collons à la fiscalité. Puisque notre société s’oriente vers une
transition des usages - pour ne pas l'appeler
transition énergétique - avec une meilleure
gestion de l'argent public, il ne doit pas y avoir
de "gap" fiscal entre l'acquisition et la location
pour un usage rigoureusement identique. La
réussite est conditionnée par cela ! Il me paraît
alors essentiel de définir les choses par les
usages, pour ensuite définir un régime fiscal. Il
faut oublier cette notion de fonctionnement-investissement. À la limite, le seul investissement
réalisé est d'étendre les garages pour stocker
les machines achetées, que les collectivités
sont obligées de remiser une grande partie de
l’année. Et cela vire au ridicule absolu !
Selon moi, nous sommes à la croisée des chemins : si l'on veut parler de transition énergétique et d'économie circulaire, on ne peut
le faire qu'en revisitant notre fiscalité. On ne
transforme pas la société en considérant que
c'est la fiscalité qui transforme la collectivité.
C'est d'abord l'usage qui transforme la société,
il faut de ce fait une fiscalité adaptée à cet
usage. Et ce changement d'usage, je l'appelle
de mes vœux."
* Seules sont éligibles au FCTVA les dépenses constitutives
d'un investissement réel : il faut une opération non répétitive (non renouvelable à intervalle régulier) permettant
l'entrée d'un nouvel élément destiné à rester durablement
dans le patrimoine, ou ayant pour effet d'augmenter sensiblement la valeur ou la durée probable d'utilisation d'un
bien existant.
Ne sont pas éligibles au FCTVA les dépenses de fonctionnement, même d'un montant important, telles que la réparation de véhicules, la maintenance, les frais de formation,
le leasing, …
Source : Notice FCTVA, Préfecture Pas-de-Calais, Direction
des collectivités territoriales.
"S'il s'agit de
fonctionnement,
il n'y a pas de
remboursement
de TVA. On a donc intérêt fiscalement
à acheter, ce qui est une stupidité
monumentale."
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DOC
la "révolution" de l'économie
circulaire en marche
Collectivités locales : substituer la location à l'investissement ?
MAG2 a sollicité l’avis de Michel
Bouvier, professeur à l’Université
Paris 1 Panthéon-Sorbonne, président de la FONDAFIP* et fondateur
de la Revue Française de Finances
Publiques, sur la problématique
terrain mise en lumière par Joël
Giraud, député des Hautes-Alpes.
"Au début des années 70, la TVA a constitué un
point de friction important entre l’État et les
collectivités locales. Ces dernières, compte
tenu de l’importance croissante de leurs investissements, ont fini par réclamer son remboursement. La revendication était inévitable car,
depuis les années 60, les collectivités locales
ont participé à la modernisation du pays et
réalisé d’importants travaux d’urbanisme, de
voirie, d’assainissement ainsi que des acquisitions d'équipements destinés aux loisirs. De ce
fait, les dépenses d’investissement et de fonctionnement liées ont tenu une place de plus
en plus grande dans les budgets locaux. Les
effets des chocs pétroliers de 1973 et 1976 sur
les finances publiques ont également conduit
l'État à faire davantage appel aux collectivités
locales.
Pour satisfaire les élus, un Fond d’Équipement
des Collectivités Locales (FECL) a été créé et,
avec lui, une subvention destinée à compenser
la TVA grevant le coût de leurs investissements.
Les sommes octroyées n’étaient alors pas
considérées comme un remboursement, mais
comme une subvention d’équipement. En 1978,
ce FECL est devenu Fonds de Compensation
pour la TVA (FCTVA) et un lien a été établi entre
la dotation versée et les dépenses d’investissements réalisées. Le FCTVA, qui ne relève pas
du droit fiscal, permet de procéder à une compensation quasi totale de la TVA acquittée sur
les équipements (sur base d'un taux de 20%).
Le mécanisme du FCTVA fait depuis longtemps
l’objet de critiques, la plus courante ayant trait
à l’absence de prise en compte des dépenses
de fonctionnement. En effet, depuis sa création, les comportements des collectivités lo-
cales se sont modifiés. On observe notamment
une tendance générale qui voit se substituer
la location de matériel à son acquisition. En
d’autres termes, la culture de l’usage des biens
tend à changer considérablement. Ceci conduit
à s’interroger sur la pertinence du FCTVA tel
qu’il a été conçu et continue de fonctionner
aujourd’hui, notamment d’un périmètre d’application qui exclut le remboursement de la
TVA sur la location de biens d’équipement. Une
autre considération doit aussi être rappelée :
normalement exclues du champ de la TVA, les
collectivités locales peuvent cependant y être
assujetties dans le cadre de l’exploitation d’un
service donnant lieu au paiement d’une redevance. Aujourd’hui inscrites dans un modèle de
gestion publique qui s’est considérablement
rapproché de celui de l’entreprise, elles ont
une culture très éloignée de celle qui prédominait durant les "trente glorieuses". Dès lors,
pourquoi ne pas les reconnaître comme des
acteurs économiques à part entière et élargir
le régime TVA à l’ensemble de leurs activités,
ce qui les ferait éventuellement bénéficier d’un
crédit d’impôt ?"
*Organisation internationale visant à promouvoir les
échanges entre universitaires, professionnels et décideurs
politiques autour des questions de finances et de fiscalité.
Le Magazine du DLR ■
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014
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nos actions
JDM 2014 : "48h pour trouver un métier !"
Les 21 et 22 mars 2014, la 2e édition des Journées du Matériel s'est
tenue dans l'objectif de promouvoir les formations et métiers de
la maintenance des matériels de
travaux publics et de manutention.
Organisées par des adhérents de
la région Ouest et la fédération, en
partenariat avec les collectivités
locales et les acteurs publics et
privés de l'enseignement, ces JDM
avaient décidé de faire la part belle
aux essais mécaniques, avec un
atelier sous chapiteau, découpé
en 8 pôles. Excellente occasion de
présenter aux jeunes, à leurs familles et aux personnes en reconversion professionnelle, des spécialités techniques encore trop mal
(re)connues.
"Tout-en-un", c'est le sentiment qui se dégage
de cette manifestation : découverte, formation,
utilisation, emploi. Les néophytes trouvaient là
la possibilité de découvrir les nombreux matériels prêtés par les adhérents, de comprendre
les formations et de se confronter à leur utilisation, sur simulateurs et aux manettes d'engins bien réels. Complément indispensable,
des entreprises régionales et nationales présentaient près de 200 postes sur les quelques
1 500 à pourvoir au plan national. En effet,
chaque année, les professions du DLR doivent
faire face à une pénurie de recrutement. Et
il n'est pas exceptionnel qu'une entreprise
cherche pendant de nombreux mois avant de
réussir à pourvoir des postes en attente.
Il faut donc, à chaque occasion, montrer
et valoriser les métiers de la maintenance
auprès des jeunes, bien sûr, mais également
(et peut-être surtout) de leurs familles pour
éviter un refrain trop connu en France : "mon
enfant n'ira pas dans les métiers manuels".
Pourtant, quelle évolution depuis la mauvaise
et passéiste image du mécanicien travaillant
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0 1 4 ■ Le Magazine du DLR
dans l'huile et la boue, avec sa clé à molette
et sa cotte sale ! D'où cette action qui vise à
présenter la réalité de métiers techniques
méconnus. D'autant plus que cette criante
pénurie est économiquement problématique,
car les clients des professions du DLR sont exigeants. Ils veulent des interventions rapides et
des maintenances efficaces sur les matériels
et ne supportent pas d'être en retard sur un
chantier. Et lorsque le personnel fait défaut, les
entreprises deviennent moins compétitives.
Former et embaucher n'est donc pas seulement un acte immédiat de la RSE*. Accueillir
aujourd'hui des jeunes en stage ou en apprentissage, c'est aussi préparer les recrutements
et le développement de demain.
C'est d'ailleurs pour cela que des entreprises
présentaient aux visiteurs de nombreuses
offres d'emplois de postes vacants, à pourvoir
localement. L'action des responsables RH et recrutement présents sur le stand du DLR a
eu un double avantage pour ces Journées du
Matériel destinées à valoriser les formations
et l'emploi dans la profession. Tout d’abord, il
ne faut jamais manquer une opportunité de
rencontrer des candidats potentiels en expliquant les besoins des entreprises aux visiteurs,
notamment ceux en reconversion professionnelle. Ensuite, et surtout, il est indispensable
de montrer aux jeunes visiteurs, et aux parents
ou enseignants qui les accompagnent, que
les formations présentées conduisent effectivement à des emplois. Il est en effet vital
de rappeler le constat de nos professions : le
besoin en personnel est constant chaque année, de par les départs en retraite et grâce aux
entreprises qui continuent à recruter malgré
la situation économique générale compliquée.
Les Journées du Matériel sont donc l’occasion
pour la profession de mettre en avant ce signal
extrêmement positif : "en choisissant cette
filière, vous trouverez les formations et les
Votre contact : Florence Dupont-Pruvost - 01 49 89 32 33 - [email protected]
promotion des métiers
débouchés". De surcroît, des emplois non délocalisables, permettant de travailler dans des
entreprises locales qui peuvent embaucher
des jeunes sortant des lycées de leur secteur.
Ces "48H pour trouver un métier !" présentent
également une filière qui permet d'évoluer sur
le plan national, voire à l'international pour
certaines entreprises. Du CAP à l’école d'ingénieur, en passant par le Bac pro, le BTS et la
licence pro selon le profil des jeunes, le cursus
est complet. De même que peuvent s'ouvrir
les possibilités de carrière comme mécanicien
d'atelier, technicien itinérant, chef d'atelier,
directeur technique, voire dirigeant d'entreprise. Mais si l'offre de formation est suffisante
et bien structurée, il n'y a pas assez de jeunes
dans les classes. Et c'est pour apporter leurs
témoignages que lycéens et apprentis étaient
présents sur les stands et dans les challenges
sous chapiteau. Il est en effet important que
les jeunes visiteurs de ces deux journées
rencontrent et échangent avec des élèves en
poste et en formation. Les apprentis sont d'excellents témoins pour promouvoir la qualité
et l'intérêt de ces métiers, et c'est en même
temps valorisant pour eux.
Cette manifestation répond donc à un besoin
réel, grâce à des chefs d'entreprises qui préfèrent la réflexion proactive à l'attente désabusée.
* Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE)
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Témoignages de DRH de la profession,
mobilisés dans le cadre des JDM 2014.
Le Magazine du DLR ■
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35
nos actions
promotion
des métiers
Opération séduction avec les Journées Pour l’Orientation
Organisées par le lycée Kastler de
Dourdan (91) les 4 et 5 avril derniers, les Journées Pour l'Orientation 2014 (JPO) sont l'exemple
des manifestations auxquelles le
DLR participe pour promouvoir les
métiers et filières de formation. Le
but : présenter aux jeunes une voie
professionnelle et leur future formation, en permettant aux entreprises présentes de faire connaître
leurs métiers et, pourquoi pas, recruter de futurs apprentis.
Destinée à un public large de collégiens, lycéens, étudiants, l'édition 2014 a accueilli entre
3500 et 4000 élèves venus découvrir de nombreuses filières professionnelles et des métiers
différents, où le chômage n'existe pratiquement pas mais qui ne séduisent malheureusement pas les jeunes.
Ces JPO ont été coordonnées par Stéphane
Battais, chef de travaux du lycée Kastler. Pour
lui, "cela permet également aux visiteurs de
voir que ces métiers sont technologiques, loin
de l'image dévalorisante classique des métiers
manuels. Aujourd'hui, les formations et les
entreprises utilisent beaucoup d'outils informatiques et électroniques de diagnostic et de
réglage qui demandent des compétences techniques plus pointues qu'auparavant, avec une
pénibilité moindre, ce qui permet d'accueillir
sans problèmes des jeunes filles".
Les JPO 2014 de Dourdan accueillaient également la sélection régionale Île-de-France des
Olympiades des Métiers. Le but est de faire
concourir des jeunes en leur faisant diagnostiquer et réparer des pannes. 13 candidats
dont 2 jeunes filles ont travaillé devant un jury
composé d'enseignants des filières concernées
et de professionnels, chefs d'atelier et responsables techniques d'entreprises. Philippe Cledy,
responsable de l'organisation des épreuves sur
ces 2 jours, précise que "chaque machine est
mise intentionnellement en panne, en visant
essentiellement des diagnostics électriques
36
015
0 1 4 ■ Le Magazine du DLR
et hydrauliques". Réservée au machinisme
agricole jusqu'en 2012, la participation de la
maintenance des matériels et de ses jeunes
candidats aux Olympiades reste encore une
nouveauté. Ce sont dorénavant deux heures
d'épreuves sur des matériels agricoles, de TP,
de manutention et de parcs et jardins pour les
concurrents, qu'ils soient en formation ou déjà
en emploi, à condition qu'ils n'aient pas encore
21 ans.
S'il est vrai que chaque jeune découvre là certains matériels qu'il n'a jamais vus, Philippe
Cledy explique que "vu qu’ils maîtrisent les
fondamentaux, ils sont censés dominer cette
épreuve".
Et Stéphane Battais rappelle un point important : "D'un point de vue stratégie de maintenance, la réflexion et la méthodologie générale
restent les mêmes. Ce n'est pas le matériel
lui-même qui compte, mais l'analyse et la démarche de maintenance".
Parmi les partenaires de l’événement, des entreprises accueillaient les visiteurs. CFE LOCATION, adhérente du DLR, a présenté les métiers
liés à la maintenance du matériel et mis à disposition des engins pour les Olympiades. Comme
de nombreuses sociétés du secteur, elle a du
mal à recruter des mécaniciens TP et explore
toutes les possibilités pour faire connaître ces
postes. Même si Christine Dury, codirigeante
de CFE LOCATION, reconnaît que l'image de
l'apprentissage et des métiers manuels s'améliore, ils n'ont encore pas bonne presse. Pour
elle, cette vision française est préjudiciable car
"ce sont des formations relativement courtes
qui présentent l'intérêt d'avoir des débouchés
en terme d'emploi, ce qui est essentiel. Donc,
il faut que nous, professionnels et futurs employeurs, fassions le maximum pour promouvoir la formation professionnelle".
Adepte de l'accueil des apprentis, solution permettant de concilier découverte de l'entreprise
et formation théorique dans les établissements
scolaires, Christine Dury voit dans ces Olympiades la même logique : "faire connaître les
métiers de la maintenance mécanique. C'est un
bon vecteur de communication pour mettre en
lumière nos métiers, pour les valoriser auprès
des jeunes, ce qui reste difficile malgré tous les
efforts".
Mais la formation et l'apprentissage ne sont
pas uniquement des facteurs de progression
des élèves. C'est également une voie manifeste de maintien et de développement des
entreprises puisqu'ils permettent de pourvoir
des postes en attente. Christine Dury précise :
"cette situation de pénurie de techniciens nous
bloque car nous sommes obligés de faire appel
à de la sous-traitance, plus chère et dont nous
ne maîtrisons pas parfaitement le timing et
la prestation. Ensuite, le manque de mécaniciens fait que nous remettons en service nos
machines plus lentement que prévu. Nous
manquons de fait des affaires car le matériel
n'est pas prêt ! D'où une limitation de notre
développement".
Enfin, puisque qu'une formation adaptée
conduit bien à un emploi, la codirigeante de
CFE LOCATION assume le rôle social concret de
son activité : "l'accompagnement de la formation fait également partie de la responsabilité
sociale des entreprises au sens large. D'autant
plus que c'est un rôle local : nous sommes des
acteurs locaux qui permettons aux jeunes, aux
salariés, d'avoir des emplois près de chez eux.
C’est aussi très important. D'autant que ces
emplois ne risquent pas d'être délocalisés !".
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Témoignages de Jennifer Morel et Ghislain Lamy,
apprentis en Maintenance des matériels.
"Présenter des métiers où le chômage n'existe pratiquement pas."
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forum
Forum DLR : "sas d'intégration" au DLR
pour les nouveaux adhérents
Le Forum DLR fait peau neuve sous l'impulsion de Sonia Dubès. Près de 40 membres se
réunissent deux fois par an pour accueillir les
nouveaux venus et partager sur leurs métiers.
La prochaine rencontre "new-look" se déroulera à la rentrée 2014 à Quiberon, succédant à
Bordeaux en 2013. Cette dernière fut l'occasion
de rencontrer et d’échanger avec Yvan Gavriloff, expert en innovation, et Jérôme François,
tonnelier, prix de l'audace créative 2009.
Vincent Galzin, dirigeant de SNM et
nouvel adhérent, y a participé. Nous
l'avons rencontré pour recueillir ses
impressions et savoir pourquoi il a
décidé de rejoindre le DLR
"C’est en tant que dirigeant de concession
Renault Trucks que j’ai pris conscience de l’importance du réseau, et que je suis notamment
devenu membre du CJD (Centre des Jeunes
Dirigeants d'entreprise). Adhérer au DLR était
donc pour moi une évidence : représentation
de mon métier, échanges avec des confrères
qui ont les mêmes préoccupations, rompre
l'isolement du dirigeant, partager de bonnes
pratiques et, finalement, créer ce réseau indispensable lorsque l'on s'interroge sur sa stratégie et son développement, tout en se sentant
membre d'un groupe.
J'ai eu la chance d'être invité au Forum et
je veux remercier mes collègues pour leur
accueil. J’avais effectivement l'impression de
faire partie d'une famille. C'était assez fort.
De plus, l'intervenant et les visites étaient de
qualité, ce qui a permis beaucoup de partage.
C'est vraiment plus simple pour moi, car j’ai
aujourd'hui la possibilité de prendre contact
ou d'échanger avec différentes personnes en
France, en cas de besoin ou de déplacement.
Ce club apporte de nombreuses choses intéressantes. Être trente autour d'une table facilite
les échanges. De plus, comme entrepreneur, je
me trouve face à la 2e ou 3e génération d'enfants ou de petits-enfants qui ont repris des
sociétés. À un moment ou à un autre, ils se
sont posé les mêmes questions que moi. Cela
répond donc complètement à mes attentes."
Vous avez la double vision Adhérent
DLR/CJD. Que dire aux dirigeants
qui craignent de rencontrer des
concurrents et perdre des marchés ?
"Échanger avec des confrères ne m'a jamais
fait perdre un client. C'est sans doute la meilleure réponse ! Ensuite, on n'est pas obligé de
communiquer avec tout le monde. Si l’on est
parfois en concurrence sur des secteurs identiques, on se rend vite compte que la segmentation de clients n’est pas tout à fait la même
et l'important, c'est la façon de développer nos
entreprises. Personne au DLR ne me semble
être là pour prendre les clients d’un autre,
mais pour faire progresser son entreprise et
échanger des "best practices". Nous ne partageons pas nos carnets d'adresses ou nos informations. Par contre, ceux qui restent isolés
perdent l'occasion de découvrir ce qui pourrait
justement les aider dans leur développement.
Le réseau, l'entraide, sont très importants. Le
chef d'entreprise ne doit pas rester seul. Adhérent du CDJ, j’échange sur les pratiques de management. Pour une question métier, j'appelle
la fédération ou des collègues de la profession.
C'est vraiment un réseau d'entraide, et je ne
peux qu'encourager ce type d'adhésion !"
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Le Magazine du DLR ■
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nos actions
social
Le bilan social 2012 marqué par la nouvelle classification des emplois
Le bilan social 2012 est un véritable outil pour les négociations
collectives de la branche. L’enquête
annuelle réalisée auprès des entreprises adhérentes au DLR permet
de dégager les grandes tendances
sur la taille des entreprises et leur
implantation sur le territoire national, les effectifs, la pyramide des
âges, l’ancienneté, les salaires, le
turn over, la durée annuelle du travail…
Les entreprises adhérentes, conscientes de
l’importance de ces données, sont, chaque année, plus nombreuses à participer à cette enquête. Ainsi, le bilan social 2012 s’appuie sur les
retours de 102 entreprises soit environ le quart
des entreprises adhérentes. "Plus le panel est
important et plus les négociations peuvent se
faire au plus près des intérêts des entreprises.
Afin de faciliter le travail de collecte pour les
entreprises, nous avons développé un outil qui
leur permet d’extraire directement une partie
des données de leur DADS", indique MariePierre Gagny-Gorce, directrice des affaires
sociales au DLR.
Pour la première fois, une des entreprises d’envergure adhérente à la fédération, LOXAM, a répondu à l’enquête. "La participation de LOXAM
est très positive. Du fait de l’importance des
effectifs, 3 700 salariés, les données de cette
entreprise sont exploitées partiellement dans
le cadre de l’enquête pour ne pas créer un déséquilibre artificiel. Mais la prise en compte de
ces informations consolide un certain nombre
de données notamment démographiques".
2012 est une année particulière puisqu’elle a
vu la mise en œuvre de la nouvelle classification conventionnelle des emplois au 1er novembre. Les données analysées sont "mixtes" :
certaines entreprises ont transmis au DLR
leurs données avec l’ancienne classification,
d’autres les données avec la nouvelle, et
enfin une minorité les données portant sur
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0 1 4 ■ Le Magazine du DLR
les deux. Une très nette cohérence de profils
entre l’ancienne et la nouvelle classification
est constatée. "Cette nouvelle classification ne
révèle pas de changements fondamentaux. Il
n’y a pas de modification essentielle si ce n’est
un glissement vers un coefficient supérieur
au profit de la catégorie ouvriers-employés.
Pour les entreprises, c’est un vrai outil de gestion des ressources humaines". Une première
photographie sur l’utilité des emplois repères
a pu être établie. Cette nouvelle classification permettra d’affiner encore les éléments
des situations individuelles des salariés de la
branche, notamment en matière de niveaux de
rémunération et de durée et d’organisation du
temps de travail.
départ à la retraite. La diminution du nombre de jeunes est plus inquiétante. Les entreprises en forment moins à nos métiers. Les contrats
de génération devraient permettre de favoriser l’embauche nécessaire des jeunes. Les
entreprises doivent poursuivre les efforts pour
intégrer les juniors et permettre l’acquisition
de compétences nouvelles ainsi que le transfert des savoir-faire des salariés seniors".
L’enquête révèle une baisse notable du taux
de turn-over, passant de 23% en 2011 à 15,3%
en 2012, le taux le plus bas depuis cinq ans.
"Cela s’explique par un besoin de sécurité des
salariés : ils hésitent beaucoup plus à changer
d’entreprise".
S’agissant du nombre d’heures travaillées en
2012, il a légèrement diminué par rapport à
Moins de jeunes et plus de seniors
2011, qui avait enregistré une forte hausse de
Autre fait notable que fait ressortir le bilan la durée du travail. Néanmoins, la dusocial 2012 : la baisse de représentation des rée annuelle, 1912 heures en moyenne
jeunes dans l’entreprise (11,9% des effectifs par salarié, reste largement supérieure à la
contre 13,4% en 2011) et l’augmentation im- durée légale. Le secteur professionnel utilise
portante du taux d’emploi des plus de 50 ans largement les outils de flexibilité négociés en
(17,5% des effectifs contre 15,7% en 2011). matière de durée et d’organisation du temps
"L’augmentation des plus de 55 ans au sein des de travail.
entreprises est liée au recul de l’âge légal de
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Le Magazine du DLR ■
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nos actions
Arrêts maladie et complémentaire santé pour tous
La thématique de la santé a constitué
l’essentiel de la huitième rencontre du
club DLRH, à Marseille, en marge du
Congrès du DLR.
Une vingtaine de dirigeants et de responsables
des ressources humaines représentant des
entreprises de tailles diverses des trois secteurs d’activité a bénéficié de l’expertise du
service social de la Fédération sur les droits et
obligations du salarié et de l’entreprise en cas
de maladie. La journée s’est poursuivie par un
thème d’actualité : le choix et la gestion de la
complémentaire santé applicable à l’ensemble
des salariés à compter du 1er janvier 2016.
Les chefs d’entreprise et leur service des ressources humaines doivent fréquemment faire
face à des arrêts maladie avec toutes les
conséquences qui en découlent. Le DLR est souvent sollicité à ce sujet. La gestion des arrêts
maladie, leurs incidences sur l’organisation des
services, la suspension du contrat de travail
pendant l’arrêt, la possibilité de rompre ou non
le contrat de travail, l’acquisition des congés
payés et l’ancienneté durant ces périodes
sont autant de points qui ont été détaillés par
Sandra Sznajder et Charlotte Nguyen-Suc,
juristes chargées des questions sociales au DLR.
En voici quelques extraits :
Le salarié doit informer son employeur, dans les
meilleurs délais, de son absence. Il doit fournir,
dans les trois jours, un arrêt maladie.
"En l’absence de justificatif, vous pouvez
mettre en œuvre votre pouvoir de sanction.
La jurisprudence admet un licenciement après
plusieurs mises en demeure de reprendre le travail et plusieurs jours d’absence non justifiés".
L’employeur peut émettre des doutes sur un
arrêt maladie (production d’un faux, arrêt
"remanié"…) et le contester mais il ne peut
en aucun cas apprécier son bienfondé. "Vous
pouvez faire procéder à une contre-visite
par un organisme externe spécialisé qui sera
chargé de vérifier que l’arrêt est justifié et si
le salarié respecte ses horaires de sortie. En
40
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0 1 4 ■ Le Magazine du DLR
fonction des résultats de la contre-visite, l’employeur peut être fondé à cesser le versement
du complément de salaire lui incombant."
Le salarié en arrêt maladie a une obligation
de loyauté, c’est-à-dire qu’il doit communiquer
tous les éléments nécessaires au bon fonctionnement de l’entreprise ; il n’a pas le droit
de concurrencer son employeur pendant son
arrêt maladie. En revanche, s’il exerce une autre
activité non concurrentielle, il est dans son droit.
mois d’ancienneté au cours d’une année civile
en cas de suspension de son contrat de travail
pour maladie ou accident non professionnel.
En matière de prévoyance, l’employeur devra
maintenir le salaire net au premier jour de
l’arrêt maladie et ce pour tous les salariés,
quels que soient leur contrat de travail ou le
type d’arrêt. La subrogation pour maintien de
salaire, fréquemment pratiquée dans les entreprises, ne peut pas être dénoncée au cas par
Les spécialistes du DLR ont alerté les chefs cas.
d’entreprise quant aux avantages en nature La mutuelle pour tous
accordés aux salariés et à leur utilisation durant La seconde partie de cette rencontre DLRH
un arrêt maladie. "Est-ce que ces biens (ordina- était consacrée à une présentation, par Isabelle
teur, téléphone portable, véhicule de fonction) Neuvialle, responsable des assurances de persont à usage strictement professionnel ou sonnes chez Delta assurances, de la généralisamixte ? Cela doit être clairement précisé dans tion de la couverture complémentaire santé à
les contrats de travail. Si le bien est à usage tous les salariés.
professionnel, le salarié malade doit le remettre La généralisation de la couverture complémenà l’entreprise. Si l’usage est mixte, le matériel taire santé, prévue par la loi sur la sécurisation
est considéré comme un élément de rémuné- de l’emploi du 14 juin 2013, impose aux emration et le salarié le conservera pendant son ployeurs d’assurer à tous les salariés une couarrêt maladie sauf si une clause contractuelle verture collective minimale des frais de santé
est prévue et sous certaines conditions".
d’ici le 1er janvier 2016. L’entreprise, quelle que
Des tableaux "d’équivalence" permettent de cal- soit sa taille, doit en financer la moitié du coût.
culer les congés payés en fonction du nombre Une négociation a été ouverte au niveau de la
d’arrêts maladie pendant l’année. L’ancienneté branche. "Un ou plusieurs organismes pourest également impactée : "la convention collec- raient être recommandés dans la convention
tive SDLM prévoit que le salarié acquiert trois collective. Les partenaires sociaux travaillent
Votre contact : Sandra Sznajder – 01 49 89 32 37 – [email protected]
club DLRH
sur des garanties afin de négocier un régime
digne de ce nom", précisait Marie-Pierre GagnyGorce, directrice des affaires sociales au DLR.
Isabelle Neuvialle a balayé ce sujet très vaste en
commençant par rappeler les grands principes
et les textes fondateurs de la protection sociale
en France. Les entreprises ont le choix du régime de frais de santé et de son périmètre. Les
grands postes de dépenses portent sur l’hospitalisation, les frais médicaux, la pharmacie, les
frais dentaires, l’optique. La généralisation de
la complémentaire santé devra comprendre un
socle minimal de garanties.
"La contribution de l’employeur doit être fixée
à un taux et un montant uniformes pour l’ensemble des salariés ou des catégories dites
objectives de salariés. Ces catégories sont
à définir par l’entreprise selon des critères
précis". Le type de contrat, le niveau de garanties, la démographie du groupe à assurer, la
zone géographique, détermineront le tarif.
La généralisation de la complémentaire santé
permettra à tous les salariés de bénéficier
d’une protection sociale complémentaire ; elle
constitue par ailleurs un élément de rémunération indirecte.
"La loi impose d’assurer
à tous les salariés
une couverture collective minimale des frais de santé
d’ici le 1er janvier 2016."
Le Magazine du DLR ■
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41
maintenance
sécurité, qualité
environnement
nos actions
La prévention des risques professionnels
à la loupe
Le DLR a conduit, pour la première
fois en 2013, une enquête sur la
prévention des risques professionnels auprès des entreprises du secteur.
La loi impose aux chefs d’entreprise, quel que
soit le nombre de salariés, de prendre toutes les
mesures nécessaires pour assurer la sécurité et
protéger la santé des travailleurs ainsi qu’évaluer et prévenir les risques encourus au sein de
l’entreprise.
Cette obligation règlementaire est lourde pour
les entreprises qui peuvent trouver appui auprès des services de l’inspection du travail, de la
caisse d’assurance maladie, d’organismes privés
spécialisés et, bien sûr, des fédérations patronales. Le DLR, conscient de l’enjeu que constitue
pour les entreprises la prévention des risques
professionnels, a lancé pour la première fois en
2013, une enquête en ligne visant à connaître les
pratiques relatives à la sécurité dans les entreprises du secteur.
110 sociétés - distributeurs, loueurs, réparateurs
de matériel de BTP ou de manutention, adhérentes ou non à la fédération - ont répondu aux
questions du Baromètre de la sécurité 2013, ce
qui constitue un panel représentatif et diversifié
en termes d’effectifs et d’activité. "La manière
dont la prévention des risques est gérée dans
les entreprises du secteur est une donnée
essentielle pour que le DLR puisse représenter
au mieux la profession auprès des ministères,
de la CNAM, de l’INRS…", estime la fédération.
Cet instantané de la situation des entreprises interrogées en matière de prévention des risques
professionnels révèle que 95% d'entre elles ont
conscience que leurs collaborateurs peuvent
être concernés par un accident lié à leur activité.
Et la réalité le confirme puisqu’au cours des trois
dernières années, 65% des entreprises du panel
ont été touchées par un accident ayant entraîné
un arrêt de travail de cinq jours au moins et 25%
déclarent avoir reconnu une maladie professionnelle de leurs salariés.
Au-delà du constat, le DLR a collecté des élé-
42
015
0 1 4 ■ Le Magazine du DLR
ments en matière de prévention des risques.
Il en ressort que "les politiques de prévention
au sein des entreprises visent en premier lieu à
respecter la réglementation en vigueur (plus de
90%), éviter les conséquences pénales (plus de
60%), réduire les cotisations accidents du travail (près de 50%) mais aussi, pour près de 40%
d’entre elles, atteindre le zéro accident".
86% des entreprises interrogées estiment que
le comportement des salariés est le facteur prédominant dans le risque d’accident de travail.
44% des entreprises pensent que les accidents
sont dus au manque de formation des salariés.
Viennent ensuite l’inexpérience des "juniors" et
le recours à l’intérim.
Les risques évalués pour 90% des
entreprises interrogées
Les entreprises sont conscientes du rôle
qu’elles ont à jouer dans la prévention des
risques et essaient de se donner les moyens
de mettre en place des mesures efficaces. La
moitié des sociétés interrogées estime que
l’encadrement et les salariés sont assez impliqués dans la prévention. Dans plus de la moitié
des entreprises, une personne est dédiée à la
prévention des risques.
Depuis le 7 novembre 2002, l’employeur doit
établir un Document Unique (DU) d’évaluation
des risques professionnels. 90% des entreprises ont réalisé l’évaluation des risques.
15% des Documents Uniques seulement sont
produits en externe. En revanche, l’actualisation annuelle de l’évaluation des risques n’est
encore pas entrée dans les mœurs : 16% des
entreprises n’ont pas mis à jour leur DU.
Elles se tiennent quasiment toutes informées de l’évolution de la règlementation. Les
sources d’information privilégiées sont la fédération professionnelle (70%), suivie d’Internet
(50%) et de la presse (50%). 30% des entreprises disposent d’un abonnement à une veille
règlementaire.
Une marge de progression importante existe
au niveau de la formation du personnel aux
secours : seulement 68% des entreprises ont
du personnel formé Sauveteur Secouriste du
Travail, 20% ont réalisé un exercice incendie
et 18% ont un dossier technique amiante. Ces
trois éléments sont pourtant des obligations
règlementaires.
"Les résultats de cette enquête seront compilés dans une étude qui servira de support
aux actions de lobbying menées par le DLR
ainsi qu’à la mise en place par la fédération
d’une offre de services en adéquation avec les
besoins des entreprises. Ils serviront aussi de
"matériaux de base" dans la constitution d'un
dossier de demande de mise en place d'une
Convention Nationale d'Objectif (CNO) entre le
DLR et la CNAM", annoncent les responsables
de la fédération.
Existe-t-il une personne ou un service dédié à la prévention des risques dans votre entreprise ?
moins de 10 salariés
Aucune
10-49 salariés
Un service
50-99 salariés
100-499 salariés
Une personne
500 salariés et plus
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
pourcentage d’entreprises
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Le Magazine du DLR ■
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43
nos actions
maintenance
sécurité, qualité
environnement
Le label SE+, une véritable politique
d’entreprise dans les domaines
de la sécurité et de l’environnement
La sécurité et l’environnement sont
au cœur des préoccupations des
dirigeants. La prise en compte de
ces deux domaines dans la vie de
l’entreprise répond non seulement à
des obligations réglementaires mais
est également considérée comme
source de progrès et d’évolution.
La mise en œuvre d’une politique d’entreprise
allant dans ce sens véhicule auprès des clients
une image positive. Si la majorité des entrepreneurs est convaincue de l’intérêt des actions
en faveur de l’environnement et de la sécurité,
la mise en application opérationnelle est souvent source d’appréhension.
La fédération DLR, soucieuse d’apporter à ses
adhérents des outils adaptés à leur profession,
propose, depuis 2011 sous sa forme actuelle, un
label Sécurité Environnement, visant à sensibiliser les chefs d’entreprises à la prévention
des risques et à les aider à mettre en place
une véritable politique répondant à ces problématiques. Ce label s’articule autour de 186
exigences, réparties en 9 catégories (politique
sécurité et environnement, gestion du personnel, documentation légale, évaluation des
risques, situations d’urgence, bâtiments, équipements, environnement, affichage). Deux niveaux de certification distincts ont été créés :
le niveau SE, qui regroupe toutes les obligations réglementaires et les exigences techniques et le niveau SE+, qui intègre en outre
des notions de management de la sécurité et
de l’environnement.
"Les entreprises sont labellisées SE ou SE+ selon leur faculté à réduire le nombre d’accidents
du travail, à respecter l’environnement, à évaluer leurs acquis et leurs lacunes, à répondre
aux exigences de leurs clients, à bien communiquer et à être des acteurs engagés pour le
secteur professionnel auprès du grand public",
indique le DLR. À ce jour, quatre entreprises
adhérentes sont labellisées et autant sont
en cours de réflexion. "Nous remarquons un
intérêt grandissant, notamment depuis que de
44
015
0 1 4 ■ Le Magazine du DLR
grands clients des TP ont commencé à évoquer
ce label dans certains de leurs documents.
Nous sommes donc de plus en plus questionnés par les entreprises potentiellement candidates à ce label. À noter que certaines sont déjà
engagées dans des procédures de certification
plus lourdes comme l'ISO ou le MASE", indique
Hervé Rebollo, secrétaire général du DLR, qui
invite les PME et les TPE, pour qui le label SE+
est particulièrement adapté, à s'en emparer.
La labellisation est validée par une commission
du DLR spécialement dédiée. Le label est obtenu pour une durée de deux ans maximum et
soumis à des audits réguliers réalisés par des
organismes indépendants.
Mais avant d’obtenir ce label, les entreprises
doivent engager un travail important d’analyse de l’existant : étudier les pratiques professionnelles, détecter les risques, analyser
les accidents de travail, contrôler l’application
de la législation et des règles d’hygiène… Puis
la phase de définition de la politique sécurité
et environnement est lancée. Elle passe par
la mise en place d’outils opérationnels, de
propositions d’amélioration et d’évolution des
pratiques, de sensibilisation des équipes.
label SE+ très pertinent car basé sur des éléments pratiques, les documents étant réduits
au suivi des lois. L’obtention du label SE+ est
tout simplement l’aboutissement d’une prise
en compte à tous les niveaux de la prévention
et de l’environnement. Les salariés suivent des
règles simples, dictées par les fiches de postes
pour effectuer leur travail, chaque chose doit
être à sa place et généralement il y a des gains
de temps", indique Rémy Guilhem. En moyenne,
deux années de travail préparatoire sont nécessaires avant l’obtention du label. "Nous suivons
le rythme de l’entreprise. Dans tous les cas, il
est primordial que la direction et les cadres de
l’entreprise soient les moteurs du dispositif".
GIPAO accompagne actuellement les sociétés COLBER en région parisienne, SOVELOC en
Auvergne, ALLMAT à Grenoble. "Toutes seront
prêtes en 2015 à postuler au label. Il y a de forts
enjeux sur la prévention et l’environnement. À
terme, les grands donneurs d’ordre prendront
tous en compte ces éléments, notamment dans
les contrats cadres", conclut le gérant.
Des sociétés spécialisées dans la
prévention
Ce chantier d’envergure peut être réalisé en
interne, notamment avec l’appui d’un responsable QSE, mais les entreprises peuvent également faire appel à des sociétés spécialisées
dans la prévention des risques au travail, telles
que la société GIPAO, basée à Mimizan. "Nous
nous sommes intéressés au Label SE+ du DLR
en 2008 car la société lyonnaise de location,
Toploc, souhaitait le mettre en œuvre avec
notre logiciel, PREVEN (Prix de l’innovation du
salon PREVENTICA 2008), qui permet de simplifier la gestion de la prévention et de l’environnement", explique Rémy Guilhem, le gérant de
GIPAO.
"Nous étions habitués à d’autres référentiels
ou normes plus ou moins chronophages sur
la partie administrative et avons trouvé le
Rémy Guilhem
Votre contact : Julie Duval - 01 49 89 32 41 - [email protected]
juridique
& fiscal
La distribution de carburant soumise à réglementation
Même si la vente de carburant ne
constitue pas le cœur de métier des
loueurs de matériels de bâtiment,
de travaux publics et de manutention, elle fait néanmoins partie des
services facturés et reste soumise
à une réglementation ancienne et...
pas toujours respectée.
L’ordonnance du 18 octobre 1945 impose que les
volumes vendus soient mesurés au moyen d’instruments de mesure légaux, certifiés conformes
et soumis à des contrôles réglementaires réguliers.
"Un rappel à la réglementation a été jugé
nécessaire par les directions régionales des
entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRECCTE)
suite à une série de contrôles effectués chez
les loueurs de véhicules et de matériels de travaux publics. Ces contrôles ont mis en avant de
nombreuses non conformités", indique Hervé
Rebollo, secrétaire général du DLR. Fédérations, entreprises de location et services de
la direction générale de la compétitivité, de
l’industrie et des services se sont rencontrés
pour échanger sur ce sujet et sensibiliser les
entreprises concernées.
"Ces échanges ont eu lieu fin 2011 et, même
si nous avons réussi à obtenir des délais, les
loueurs doivent bel et bien mettre en conformité leurs pompes à carburant. Des entreprises
ont commencé à réaliser les investissements
nécessaires", poursuit-il.
L’utilisation d’un instrument de mesure légal
est obligatoire en cas de facturation d’une
quantité de carburant. Il est toujours possible
de proposer des forfaits de carburant aux
clients, mais cette solution est très marginale,
les clients, dans leur grande majorité, souhaitant qu’une facture détaillée leur soit délivrée.
Autre possibilité : l’utilisation légale d’un instrument vérifié d’une station-service. Mais en
aucun cas, les loueurs ne peuvent se baser sur
la jauge d’un véhicule pour effectuer leur facturation.
Ce que dit la loi
"Un instrument de mesure est légal, dès lors
que sa conformité aux exigences réglementaires a été établie, selon les procédures d’évaluation de conformité en vigueur et qu’il est
à jour de ses obligations réglementaires de
contrôle en service. Les EMLAE (ensembles de
mesurage de liquides autres que l’eau) en service doivent subir, chaque année, un contrôle
qui comprend une vérification et une révision
périodiques en application de l’arrêté catégoriel du 28 juin 2002, effectuées par des organismes agréés indépendants. Si le contrôle
est favorable, l’organisme agréé appose sur
l’instrument une vignette verte avec la date
de validité de l’instrument. Chaque instrument
doit disposer d’un carnet métrologique à jour,
sur lequel les vérificateurs et réparateurs
inscrivent leurs interventions. Des contrôles
réguliers sont réalisés sur les différents types
d’instruments de mesure par les agents de
l’Etat. En cas de manquement, des procès-verbaux peuvent être dressés, avec mise à l’arrêt
des matériels concernés".
Des spécialistes aux côtés des
loueurs pour la mise en conformité
La société ALOREM est spécialisée dans la
conception, la fabrication et l’installation de
cuves pour le stockage et la distribution de
carburants. "Notre entreprise est proche des
loueurs de matériels BTP depuis plus de 10 ans.
Nous les équipons également en cuves pour le
transport de carburants. C’est donc assez naturellement qu’ils sont revenus vers nous pour
la mise en conformité de leurs équipements
de stockage. Les contrôles effectués par les
DIRRECTE ont accéléré le marché", indique Roy
Pélissier, le directeur commercial de la société.
L’entreprise, basée dans la région lyonnaise,
propose un service complet : de l’audit des
installations au montage des appareils homologués. "Notre métier principal est la fourniture d’ensembles cuve et système de distribution prêt à l’emploi. Nous proposons du clé en
Votre contact : Hervé Rebollo – 01 49 89 32 32 – [email protected]
main", poursuit Roy Pélissier. Les 4 non-conformités les plus fréquemment rencontrées sont
des cuves à paroi simple au lieu de double, les
appareils non homologués pour la revente de
carburant, les distances de sécurité non respectées, l’absence de séparateurs hydrocarbures. Le coût de l’investissement par installation peut varier de 5 000 à 10 000 €.
La société intervient dans toute la France et
les pays francophones. En interne, elle compte
une vingtaine de collaborateurs et fait appel à
des sous-traitants en fonction des demandes.
Le chiffre d’affaires de l’entreprise s’élevait
à 5 millions d’euros en 2013, les dirigeants
espèrent une augmentation de 10% pour cette
année. "L’entreprise est en cours de certification Iso 9001. Une nouvelle branche, ALOREM
Environnement, vient d’être créée et propose
des systèmes de récupération et de tri des
déchets, des absorbants et des systèmes de
rétention de liquides dangereux ou polluants",
précise le directeur commercial.
"Même
si nous avons réussi
à obtenir des délais,
les loueurs
doivent bel et bien
mettre
en conformité
leurs pompes à carburant."
Le Magazine du DLR ■
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nos actions
L’entreprise Hertz Equipment s’est
engagée dans la mise en conformité des cuves et pompes à carburant pour l’ensemble de son activité
(location de véhicules légers et de
matériels BTP).
Quel a été le facteur déclencheur de
cette initiative ? Bruno Kloeckner, directeur général de Hertz
Equipement France.
Depuis quelques années les sociétés de location
dans de nombreux secteurs d’activités font face
à des besoins de mise en conformité. La nonconformité pose des problèmes d’exploitation car
les installations des loueurs sont régulièrement
contrôlées par les douanes et/ou les sociétés
de certification qui sont chargées de vérifier
la conformité des cuves et des pompes. Outre
les risques liés à l’environnement pour lesquels
nous investissons en permanence, ces contrôles
peuvent donner lieu à des contraventions et parfois même une mise à l’arrêt. Comment avez-vous appréhendé cette
"campagne" de mise en conformité ?
B. K. Nous avons décidé de lancer conjointement les travaux de mise en conformité pour la
branche location de voitures et la branche équipement. Nous avons mis en place un plan d’investissement sur trois ans pour la totalité du réseau.
Nous avions une volonté de rationalisation.
Quelles sont les installations pour
l’activité équipement ?
Alexandre Ledezert, responsable hygiène
sécurité environnement.
Le parc se compose de 10 cuves enterrées et 68
cuves aériennes. La mise en conformité des cuves
aériennes s’est faite sur trois ans. Pour les cuves
enterrées, les travaux se poursuivront jusqu’en
2015. Nous avons retenu la société Alorem pour
l’activité équipement. La politique de Hertz en
matière d’environnement est d’essayer de retirer toutes les cuves enterrées au profit de cuves
aériennes, car le suivi, l’entretien et la protection
de l’environnement sont facilités. Quel a été le coût pour l’entreprise ?
Existe-t-il des aides incitatives de
l’Etat ?
Sylvie CAYOT, responsable de la mainte-
juridique
& fiscal
nance immobilière pour Hertz Equipement et
Hertz France.
Pour le remplacement des cuves aériennes, le
budget a été de 200 000 € par an et pour les
cuves enterrées, 150 000 € par an. Aucune aide de
l’Etat n’est prévue puisqu’il s’agit d’installations
privatives. Hertz est proactive dans ce domaine.
Comment expliquez-vous que Hertz
ait été l’un des premiers loueurs de
matériels à s’engager dans la mise
en conformité de ses installations de
distribution de carburant ?
B. K. La différence avec nos concurrents est
que nous avons les deux activités (voiture et
matériel). Ainsi, les obligations pour la branche
location de véhicules légers ont entraîné une
démarche conjointe. Aujourd’hui, sur l’Hygiène,
la sécurité et l’environnement, nous faisons beaucoup de progrès et je ne conçois pas de retour
en arrière. De plus, pour être référencés par des
clients comme les grands groupes de construction, la mise en conformité de nos installations
constitue désormais un prérequis dans leurs
cahiers des charges.
UNE PLATEFORME
POUR PRÉVENIR LES IMPAYÉS
Le retard ou le défaut de paiement des factures par les clients peut
être à l’origine de difficultés de trésorerie pour les entreprises.
Aucun domaine d’activité n’est épargné. Et pour faire face, rien de
tel que de s’appuyer sur ses réseaux. C’est ce que propose le DLR,
depuis mai 2013, à ses adhérents au travers de la plateforme DLRCODINF Prévention/Recouvrement. Le DLR s’est associé à CODINF
(groupement associatif d’entreprises qui, depuis près de 40 ans,
défend la loyauté des transactions commerciales) pour mettre
en place ce système fondé sur la mutualisation des informations
concernant les impayés déposées anonymement par les membres
de la plateforme.
L’adhésion à ce service, au tarif forfaitaire de 50 € par an spécialement négocié par le DLR, donne accès à "la consultation illimitée
de tous les incidents de paiement collectés par le réseau de partenaires du CODINF (plusieurs milliers de signalements) et les radiations du registre du commerce, notamment dues aux jugements
de procédures collectives". En moins d’un an, la plateforme DLRCODINF a dépassé la centaine d’entreprises adhérentes.
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international
L'ERA, une indispensable
présence à Bruxelles
Carole Bachmann
Depuis décembre 2013, Carole
Bachmann est la nouvelle directrice du secrétariat de l'ERA (European Rental Association)*, organisation représentative des intérêts
de la location au niveau européen.
Elle est en charge de la gestion quotidienne de
l'association, de ses activités et de l'équipe, en
collaboration avec Michel Petitjean, secrétaire
général de l'ERA.
Diplômée de l'ESSEC, trilingue français - anglais
- allemand, Carole Bachmann est bien connue
de nombreux intervenants du secteur de la
location en Europe. En effet, après avoir commencé sa carrière chez Arthur Andersen Audit,
puis au sein du Groupe Bull, elle a été successivement EMEA (Europe-Middle East-Africa)
business development manager et directrice
générale EMEA chez WYNNE Systems, fournisseur de solutions de logiciels pour la location.
Elle a dernièrement été membre de l'équipe de
direction du groupe LOXAM, leader européen
de la location de matériel, et responsable de
son audit interne.
MAG2 : "Quelles sont vos premières
impressions sur la perception de la
location professionnelle par les instances européennes ?"
Jusqu’en 2006, le secteur de la location professionnelle d’équipement n’était pas représenté
à Bruxelles et était mal connu par les instances
européennes.
Au moment de la création de l’ERA, il est apparu
que de plus en plus de décisions politiques, fiscales et règlementaires avaient lieu au niveau
européen. Installer le siège de l’ERA à Bruxelles
allait de soi car son rôle est de faire connaître le
métier de la location aux instances européennes,
et d’y défendre les intérêts de nos métiers.
D’autres professions comme les constructeurs,
les entrepreneurs, etc. l’avaient bien compris et
avaient déjà adopté cette stratégie.
Son implantation bruxelloise vient aussi du
fait que de plus en plus de sociétés de location travaillent dans différents pays européens
et avaient donc besoin d’une plateforme.
Seule une association européenne est capable
d’accélérer la convergence des marchés et de
stimuler ainsi celui de la location. Dès sa création, d’autres associations européennes nous
ont approchés afin d’établir des relations de
travail, ce qui a été une preuve supplémentaire
de l’importance de notre présence à Bruxelles.
Il est indéniable que les pays scandinaves et le
Royaume-Uni sont plus avancés que les pays
du Sud de l’Europe sur ce thème mais c’est
bien la force de l’ERA de pouvoir communiquer
les "best practices" des uns à l’ensemble des
membres. Au final, c’est la profession entière
qui en bénéficie.
Nous surveillons de près ce que Bruxelles fait
dans le domaine de la sustainability car il est
essentiel que nous puissions réagir, intervenir,
informer nos membres quand un sujet nous
semble important pour la profession.
Sur quels dossiers travaillez-vous
actuellement ?
Nous préparons actuellement un rapport sur
la sustainability dans notre industrie, dans le
but d’avoir un outil de communication adapté
aux demandes de nos clients, mais aussi à nos
démarches auprès des institutions, qu’elles
soient européennes ou nationales.
Nous avons également en permanence des actions en partenariat avec des associations très
influentes au niveau européen, comme le CECE.
Depuis 8 ans, grâce à des actions menées en
partenariat avec d’autres associations, comme
le CECE (Committee for European Construction
Equipment) ou la FIEC (Fédération européenne
de l'Industrie de la Construction), mais aussi
à des travaux avec le CEN (Comité Européen
de Normalisation), l’ERA a réussi à s’imposer
comme la "voix" de la location de matériel en
Europe.
Un phénomène intéressant est également à
souligner : la location devient un sujet très
intéressant pour les instances européennes
du fait de l’importance donnée à la sustainability (ou développement durable). Ainsi, en
L’ERA représente près de 4 700 entreprises, parfois en
novembre 2012, deux ouvrages ont été publiés : *direct,
et est porte-parole de 14 associations nationales.
le premier, de la députée européenne néer- www.erarental.org
landaise Judith Merkies, intitulé "The Lease
Society, the End of Ownership" et le deuxième,
du Wuppertal Institute for Climate, "Leasing
Society", commandité par le Parlement Européen. Ces deux ouvrages vantent les mérites
de la location dans le cadre de la sustainability.
Location et valeur d'usage/sustainability : s'agit-il d'une même
conception au niveau européen ou
existe-t-il des réalités différentes
selon les pays ?
Des réalités différentes mais un vrai intérêt au
niveau européen, comme je l’ai dit précédemment.
Depuis mi-2013, l’ERA a remis en place le Comité
Sustainability car il ne fait aucun doute que
c’est une priorité pour nos membres.
Votre contact : Hervé Rebollo – 01 49 89 32 32 – [email protected]
"Depuis 8 ans,
l'ERA a réussi
à s'imposer
comme "la voix"
de la location
de matériel
en Europe."
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vos rendez-vous
11 au 13 septembre 2014 - SALON B&TP
Salon réservé aux professionnels issus des métiers liés aux travaux publics
VIABON (28)
www.salonbettp.com
7 au 9 octobre 2014 - PREVENTICA
Salon dédié à la qualité de vie au travail et à la sécurité des organisations
NANTES
www.preventica.com
7 au 9 octobre 2014 - INTEROUTE&VILLE
Exposition des matériels, équipements, matériaux
et solutions pour les infrastructures et la mobilité durable
EUREXPO LYON
www.interoute-ville.com
22 au 24 octobre 2014 - ARTIBAT
Le salon de la construction de l’Ouest
RENNES
www.artibat.com
29 au 31 octobre 2014 - JDL MED 2014
Les journées méditerranéennes du levage, de la manutention,
du transport, du portuaire et du colis lourd
MARSEILLE – CHANOT
www.jdlmed.com
4 au 7 novembre 2014 - MAINTENANCE EXPO
Le salon de toutes les solutions maintenance
PARIS NORD VILLEPINTE
www.maintenance-expo.com
6 au 8 novembre 2014 - INNOBAT
Le salon des professionnels du Bâtiment et des Travaux Publics
BIARRITZ
www.saloninnobat.com
17 au 20 novembre 2014 - MANUTENTION
Le rendez-vous des professionnels de la filière Manutention :
Équipements & Systèmes, Intralogistique, Stockage
PARIS NORD VILLEPINTE
www.all4pack.fr/salon-manutention
2 décembre 2014
14ème Journée Nationale de la Distribution
22ème Journée Nationale de la Location
SALONS DE L’AVEYRON – PARIS
www.dlr.fr
26 et 27 mars 2015 - 50ème Congrès DLR
Congrès des distributeurs, loueurs et réparateurs de matériels de bâtiment, travaux publics et manutention
CNIT – PARIS LA DÉFENSE
www.dlr.fr
20 au 25 avril 2015 - INTERMAT
Exposition internationale de Matériels et Techniques pour les Industries de la Construction et des Matériaux
PARIS NORD VILLEPINTE
www.intermatconstruction.com
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