enjeux et défis mutations développement
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Le magazine du DLR 015 014 DOSSIER ECONOMIE CIRCULAIRE enjeux et défis mutations développement Congrès DLR : Caché derrière p4 48h pour trouver un emploi ! p 34 Professionnels du matériel d’entreprise et de services au BTP et à l’industrie Carburant & mise en conformité p 45 juin 2014 édito Sonia Dubès Soyons optimistes ! Nous sommes déjà au milieu de l’année 2014… Et si c’était pour nous l’occasion de voir l’année à moitié pleine plutôt qu’à moitié vide ? De faire preuve d’optimisme ? Certes, les difficultés existent. Nos entreprises dépendent de la conjoncture, de la politique de nos gouvernants, de la fiscalité du pays, de nos clients, de nos fournisseurs, de nos salariés et probablement de nombreux autres facteurs que nous ne savons ou ne pouvons pas toujours identifier ni maîtriser. Mais nos entreprises dépendent aussi et surtout de nous, les dirigeants. De notre vision du monde, de nos peurs du changement ou de notre appétence aux changements, de notre capacité d’adaptation et d’anticipation… Bien sûr, il nous est impossible à nous seuls de tout prendre en main. Du reste, le vouloir serait déjà une erreur, car nous sommes parfois le premier frein à l’évolution de nos structures. Alors que faire ? Il n’y a pas de solutions miracles, cela serait bien trop simple. Mais nous pouvons nous former (cela aide à la remise en cause, à trouver de nouveaux chemins), éveiller notre curiosité, échanger dans des associations de chefs d’entreprise, dans des clubs, dans la fédération du DLR, nous engager. Le repli sur soi est source d’enfermement, de pessimisme, de protectionnisme. Au contraire, regardons ce qui se fait ailleurs (autres pays, autres secteurs d’activité, confrères), remettons-nous en cause. Le monde évolue… le DLR, vous, moi, nos équipes devront changer et s’adapter. Le monde d’hier avait ses avantages et ses inconvénients. Le monde d’aujourd’hui et de demain sera ce que nous voulons bien en faire, avec ses opportunités, ses risques, ses peines, ses joies. Soyons honnêtes avec nous-mêmes : c’est ce qui génère l’adrénaline pour surmonter tous les défis qui nous attendent. Notre activité est en mutation, elle s’ouvre à de nouveaux métiers. Nous sommes des chefs d’entreprise, des patrons et fiers de l’être. Il est donc de notre responsabilité d’engager les changements nécessaires. Bien à vous, Sonia Dubès Le Magazine du DLR ■ 015 014 1 2 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR sommaire INDEX DES ANNONCEURS AG2R LA MONDIALE ATN GENIE FRANCE 4 - ÉVÉNEMENT 49e congrès du DLR 12 - NOS RÉGIONS Tour d’horizon de l’activité dans nos régions 16 - NOS MÉTIERS Distribution Location Manutention 24 - ÉCONOMIE Conjoncture 2013 & 2014 28 - DOSSIER La "révolution" de l'économie circulaire en marche 34 - NOS ACTIONS Promotion des métiers Forum DLR Social Maintenance, sécurité, qualité, environnement Juridique & Fiscal 47 - INTERNATIONAL ERA, une indispensable présence à Bruxelles 48 - VOS RENDEZ-VOUS HAULOTTE France INTERMAT KAESER COMPRESSEURS MCS France (Logiciels) MISTRAL INFORMATIQUE MOVA ENERGY MTA - MUTP Salon MANUTENTION 2014 SMABTP TVH WIRTGEN France Yanmar Construction Equipment Europe [email protected] 015 014 Retrouvez des compléments d’infos, vidéos, photos, liens… sur votre magazine en ligne sur dlr.fr ! SEDL pour le compte de DLR, fédération nationale des Distributeurs, Loueurs et Réparateurs de matériels de bâtiment, de travaux publics et de manutention. 19, rue de l’Université – 93160 Noisy-le-Grand Tél. : 01 49 89 32 32 [email protected] / www.dlr.fr Direction de la publication : Hervé Rebollo Rédaction en chef : Florence Dupont-Pruvost Coordination et PAO : Octave - www.octave-alto.com Photos : DLR © Photothèque © Christophe Francalanci (p.1 à 15, 40) © Carole Bachmann (p.47) © Octave 2014 / © 123RF Cluckva – Tintin 75 © François Delebecque L’équipe du DLR Impression : M&C - www.matieresetcouleurs.com (Magazine imprimé sur papier certifié PEFC) Rédaction : Isabelle Masure - Philippe Genet Christophe Marques & Nicolas Bouzou, Asterès pour la rubrique ECONOMIE Publicité : Isabelle Lejeune Tél. : 01 49 89 32 39 ISSN : 1771-3366 Le Magazine du DLR ■ 015 014 3 événement 600 professionnels au 49e congrès du DLR Thierry Watelet Avec le thème "Caché derrière", le DLR a entretenu le mystère sur le 49e congrès, organisé les 27 et 28 mars 2014 au parc Chanot de Marseille et qui a réuni environ 600 participants. Le congrès du DLR est le rendez-vous incontournable pour les 500 membres adhérents des secteurs représentés par la Fédération. Cette rencontre annuelle des acteurs de la distribution, de la location et de la réparation de matériels de bâtiment, travaux publics et manutention permet d’échanger et de s’informer sur les problématiques propres aux métiers et plus globalement sur l’environnement économique et social. Le thème de la 49e édition du congrès était des plus énigmatiques et s’intitulait : Caché derrière. "Il y a ce que l’on voit et ce que l’on croit voir. Nous avons le choix de prendre une voie plutôt qu’une autre, d’aller chercher ce qui est caché derrière et c’est ce que nous vous proposons au cours de ce congrès", indiquait en préambule Sonia Dubès, présidente du DLR. Une introduction proche d’un sujet de devoir philosophique et justement, le DLR avait convié Heinz Wismann, philologue, philosophe, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), à apporter son regard sur les différentes interventions de la première journée du congrès. Autre regard et esprit de synthèse, celui de Thierry Watelet, brillant chef d’orchestre de ces deux jours, maître dans l’art d’analyser, de résumer, d’orienter les débats et de faire le lien entre les différentes interventions. Eric Frèche, président de la délégation SudEst du DLR, en tant que "régional de l’étape", a ouvert le congrès en évoquant le vrai Marseille, celui qui se cache derrière les clichés et les idées reçues, loin de "Plus belle la vie" et du grand banditisme. "Notre région sait 4 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR montrer le visage de la réussite. Marseille, capitale européenne de la culture en 2013, personne n’y croyait et pourtant les chiffres de fréquentation parlent d’eux-mêmes : le MuCEM, 2 millions d’entrées ; la soirée d’ouverture, 420 000 personnes ; TransHumance, 330 000 personnes ; le Pavillon M, 1 million de visiteurs". L’exemple de la culture, auquel Eric Frèche a associé celui du pôle d’affaires, du pôle universitaire, etc… La région Provence-Alpes-Côte d’Azur est l’un des principaux marchés régionaux pour les métiers représentés par le DLR : les entreprises de la profession implantées en région PACA emploient 3 250 personnes, soit 9% des effectifs recensés en France. Derrière le titre mystérieux du congrès se sont dévoilés des intervenants éclairés sur des sujets aussi variés que les nouvelles méthodes commerciales, l’innovation à travers les âges, les business models et leur nécessaire évolution, les avancées dans la recherche sur le cerveau, la marche à suivre en cas de contrôle fiscal… Des adhérents du DLR étaient invités à témoigner de leurs expériences et à prendre part au débat à l’issue des interventions. Mais le congrès est également pour les professionnels l’occasion de présenter leurs entreprises, leurs savoir-faire, leurs spécificités. L’espace exposants et partenaires comptait 70 stands. En tout, près de 600 personnes ont participé sur les deux jours au 49e Congrès du DLR, qui, en assemblée générale, a procédé à la réélection de Sonia Dubès au poste de présidente de la Fédération. 015 014 VIDÉO 49e congrès du DLR La nécessaire adaptation des techniques de vente Gérard Baillard prix, etc... Ils arrivent chez vous avec une idée très précise du modèle, du coût, de l’utilisation. Le client fait son choix, il est autonome et il y a préméditation de l’achat. Ce qui l’intéresse en arrivant dans votre entreprise, c’est le prix que vous allez lui proposer. Google enregistre, Gérard Baillard, créateur et dirigeant de chaque seconde, 850 000 nouvelles recherches. Mercuri International Business Partners, Youtube permet de voir la présentation en libre expert APM sur le développement commercial accès d’un produit. Le combat est déséquilibré. et les nouvelles méthodes de vente, en a fait Linkedin, qui comptait 238 millions de membres la brillante démonstration, dépassant le simple en 2012, est un réseau social fabuleux pour constat et livrant ses conseils pour s’adapter à trouver des clients". cette révolution commerciale. Les entreprises ne peuvent plus ignorer ces "Je viens témoigner de ma vie de vendeur. outils qui ont engendré une modification Je suis en instance de divorce commercial. profonde des réflexes des consommateurs. En l’espace de trois décennies, le client a profondément changé, il est maintenant… Reprendre le leadership connecté", lançait l’expert en introduction de Pour autant, Gérard Baillard n’annonce pas la son intervention. fin du commercial. Le vendeur du siècle dernier Les exemples de changements d’attitudes est obsolète, alors vive le vendeur du 21e siècle ! et d’habitudes des clients liés aux nouvelles "La fonction commerciale a de belles heures technologies ne manquent pas : "Au siècle devant elle, à condition de changer les pratiques dernier, quand vous vouliez rallumer votre et de mettre les nouvelles technologies à notre chaudière et qu’elle ne démarrait pas, service. Nous devons reprendre la main sur les vous preniez les pages jaunes papier et autonomistes, maîtriser la relation, faire de vous recherchiez un plombier chauffa- l’ascendant personnel, analyser la situation et giste. Aujourd’hui, 92% des Français vont créer de la complexité, du doute. Le vendeur aller sur Google pour consulter des forums doit trouver les avantages concurrentiels et spécifiques. C’est redoutable". avoir l’art de révéler les besoins du client. Bref, il doit reprendre le leadership". Si Google est utilisé par les clients pour chercher une solution à un problème, le moteur Pour Gérard Baillard, la relation humaine reste de recherche l’est aussi pour se renseigner indispensable mais elle doit être accompagnée sur un produit, une entreprise. "Avec ces nou- par les nouvelles technologies. "Il faut faire veaux outils technologiques, des clients d’un évoluer vos outils de vente. Le vendeur, nouveau genre ont fait leur apparition : les aujourd’hui, consacre seulement 20% autonomistes. Selon la définition du Petit de son temps à la vente, contre 42% aux Robert, "l’autonomiste fait preuve d’indépen- déplacements, 31% aux tâches administradance et se passe de l’avis d’autrui". Dans votre tives et 7% à d’autres tâches. Aujourd’hui, domaine d’activité, quand on tape sur Google on peut travailler à distance grâce au web "location de pelle mécanique", on obtient meeting. Skype est plus utilisé à des fins 2 120 000 pages indexées. Il existe des forums personnelles que professionnelles. Techniquesur les engins de chantier et les travaux publics. ment, l’entreprise peut l’utiliser mais ce n’est Les clients ont les moyens de comparer, de pas encore entré dans les mentalités". choisir leur engin en fonction de l’usage, du Les nouvelles technologies ont profondément révolutionné les techniques de vente, obligeant le vendeur à adapter ses méthodes et sa relation client. "Il faut également utiliser les nouveaux outils de vente : la présentation de l’entreprise et de ses offres aura plus d’impact sur tablette et faite par le dirigeant lui-même. On peut intégrer des vidéos explicatives techniques. Et pour les références, des témoignages vidéo de clients auront du poids". Alors à la question initiale : à quoi ressemblera le vendeur de demain ? Gérard Baillard répond "un technophile charismatique. Les technophiles sont nombreux mais le charisme est de l’ordre de l’inné, de l’aptitude". "Le vendeur de demain sera technophile et charismatique." Le Magazine du DLR ■ 015 014 5 événement L’innovation est devenue un argument de vente Heinz Wismann La société est en quête permanente d’innovation. Dans le monde de la technologie, de l’entreprise, de la politique, des médias, l’innovation s’affiche partout et d’aucuns prétendent même qu’elle est l’une des clés de la sortie de crise. Que se cache-t-il derrière l’innovation ? Comment a-t-elle été appréhendée par les civilisations passées ? L’innovation est-elle forcément source de progrès ? Le consommateur court-il après l’innovation ou la nouveauté ? Pour décrypter cette notion complexe qu’est l’innovation, le DLR avait fait appel à un expert de renom en la personne d’Heinz Wismann, philologue, philosophe, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). "La nouveauté a été, pendant des siècles, un sujet d’angoisse. Les sociétés traditionnelles interprétaient le progrès non pas comme une innovation mais comme la redécouverte d’une perfection oubliée, une réédition de l’ancien. La rupture s’est produite en Europe au 15e siècle à la faveur d’un événement majeur, la découverte de Copernic : la terre n’est plus au centre de l’univers". Ce nouvel ordre du monde met fin à des certitudes ancestrales et entraîne la société à changer de perspective. "Pour conjurer cette angoisse du nouveau, Thomas More, en 1516, invente l’utopie. L’utopie, c’est déplacer le sens de ce qui arrive du passé vers le futur. Ce critère est le progrès. Cette perspective du progrès subordonne l’innovation de l’avancée". C’est sur cette même idée, selon laquelle les progrès, les sciences et les techniques doivent résoudre les problèmes, que s’est construit le mouvement des Lumières. L’innovation pour l’innovation Pourtant, au 19e siècle, cette idéologie du pro- 6 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR grès est remise en cause. "Soudain, en France et en Angleterre, surgissent, dans la population éprise de progrès, des gens qui s’insurgent contre l’idée de progrès sur la base de la réflexion suivante : si je place mon existence dans la perspective du progrès, les générations futures vivront mieux que moi. Cette population postmoderne vise le "Paradise now", une perfection accessible dans le présent". L’innovation, se suffisant à elle-même, s’est alors découplée du progrès. "Pour ne pas suivre la voie ascendante du progrès, cette population va briser la routine. Par exemple, ils brisent la continuité du vêtement, qui jusqu’alors était statutaire". C’est la création du Dandysme, de la Bohême. Cette rupture va également impulser les grandes avant-gardes artistiques. "Il s’agit de faire des choses inédites, vécues intensément et de ne pas perfectionner ce qui existe déjà". L’innovation pour l’innovation, et donc dissociée du progrès, est devenue un argument de vente. Heinz Wismann a repris, pour illustrer son propos, un slogan rendu populaire par l’humoriste Coluche pour une lessive lavant "plus blanc que blanc". "Vous ne pouvez pas faire une plus grande promesse", soulignait le philosophe. Le publicitaire s’évertue à faire du nouveau en "habillant autrement" le même produit. L’argument de vente est alors plus la nouveauté que l’amélioration ou l’innovation. Le consommateur est mû par l’envie du nouveau et pas nécessairement du mieux. L’obsolescence programmée des produits répond à ce mode de consommation. Le consommateur veut avoir l’opportunité de changer, pas forcément pour un produit plus innovant mais simplement nouveau. "Vers quoi se dirige une société dans laquelle on produit de mieux en mieux ? Quelle perspective va l’emporter ? Pour l’instant je vois surtout la séduction de la nouveauté l’emporter et ce en dépit de l’épuisement des ressources naturelles et psychiques. Il faut choisir entre ces deux logiques. En refusant ce succès instantané, on s’inscrit dans le long terme, une satisfaction morale. On accepte la nouveauté articulée à un progrès", concluait Heinz Wismann. "Le consommateur est mû par l’envie du nouveau et pas nécessairement du mieux." 49e congrès du DLR Des business models en permanente mutation R. Pain, P. Kowalyk, O. Borie, G. Tiberghien l’ensemble des terrains a été aménagé pour préserver l’environnement. Nous avons cinq ateliers dédiés à des pièces précises. Toutes les machines sont lavées, dépolluées, avant d’être déconstruites. Nous récupérons systématiquement l’ensemble des liquides que nous retraitons. Nous recyclons les pneus, les batteries, tout ce qui est polluant". Les métiers de la distribution, de la location, Si le chiffre d’affaires de Codimatra est majode la réparation des matériels de BTP et de ma- ritairement réalisé à l’échelle nationale, la nutention n’échappent pas aux changements. société est partie à la conquête de clients Les business models doivent s’adapter pour étrangers. "En 2013, Codimatra a enregistré répondre à ces nouveaux défis. "Quand la crise une augmentation de 60% de ses chiffres à dure, est-ce toujours une crise ou une mutation ? l’export", indiquait Olivier Borie, directeur du Si c’est une mutation, nous ne reviendrons pas marketing. "Pour capter le client étranger, il en arrière. Nous allons assister à un tsunami faut communiquer avec lui. Il y a 2 ans et demi, d’innovations qui va transformer l’ensemble nous avons réalisé un nouveau site internet en de l’économie", prévenait Nicolas Bouzou, plusieurs versions linguistiques (espagnole, économiste et directeur du cabinet Asterès, en anglaise, russe et bientôt allemande). Nous introduction de la table ronde intitulée "Des diffusons notre offre de pièces de machines d’origine. Nous avons également réalisé un business models au futur plus-que-présent". film qui montre nos savoir-faire". Le site inTrois dirigeants ont témoigné de ternet a enregistré 70 000 visites en 2013. Un leur expérience accueil téléphonique multilingue, la formation Codimatra, entreprise basée à Agen, 60 sala- du personnel d’accueil et des commerciaux et riés et un chiffre d’affaires de 11 millions le recrutement d’équipiers parlant différentes d’euros, est spécialisée dans l’achat et la vente langues devraient permettre à Codimatra de de matériels et de pièces détachées d’occa- conforter sa présence à l’étranger. sion pour machines de travaux publics. Depuis Prendre de nouvelles orientations sa création en 1979, l’entreprise a fait évoluer stratégiques son activité. "Notre métier historique est l’achat de machines, leur déconstruction et la "Ces grandes vagues d’innovation sont des vente de pièces", présentait Philippe Kowalyk, vagues de régénération de l’économie. Ce sont le président. des vagues de destruction créatrice. L’innovaAujourd’hui, l’activité n’a pas fondamentale- tion génère de nouvelles activités qui remplament changé mais les méthodes ont nettement cent les anciennes. Tout le défi de l’entreprise évolué depuis 2007, année du rachat de l'entre- de ces 10 ou 15 prochaines années, c’est de prise par le groupe Dubreuil. "Nous avons mis montrer que vous, dirigeants d’entreprises qui en place un process non seulement industriel venez du monde ancien, vous allez entrer dans pour la déconstruction mais aussi éco-conve- le monde nouveau", analysait Nicolas Bouzou. nable. Aujourd’hui, nous travaillons avec une Le monde nouveau, l’entreprise Médimat-Méusine qui couvre dix hectares de terrain. Nous dibail, basée à Montpellier et forte d’une cenavons 14 hectares de stockage pour environ taine de salariés, y est entrée de plain-pied 700 machines. Tous les parcs sont drainés, en ajoutant à son activité initiale - la vente de L’entreprise doit s’adapter en permanence. La situation économique, la raréfaction des matières premières, les demandes des clients, les nouvelles lois du marché et les innovations sont autant d’éléments avec lesquels les dirigeants doivent composer et anticiper. matériels de travaux publics - un nouveau marché, celui du recyclage et de l’environnement. Fondée en 1979, l’entreprise doit faire face dès 1983 à la crise qui divise par 4 le marché. "Nous avions pour mission de conserver le savoirfaire pour lequel nous avions investi. Localement, il n’y avait plus grand-chose à faire alors nous nous sommes orientés là où il y avait de la demande, à savoir l’Afrique du nord et l’Espagne. Le choix de l’export vers ces pays a redonné alors une bonne santé à l’entreprise", relate Robert Pain, le PDG. L’entreprise prend coup sur coup deux nouvelles orientations : "la location pour accompagner la fermeture des sites miniers. Puis, au début des années 2000, nous avons commencé à travailler autour des métiers du recyclage, concassage et criblage mobiles". "Nous avions fait le tour de notre marché initial, notre marge de progression se trouvait ailleurs. Nous sommes sur une niche de marché qui nous amène au-delà de nos deux régions d’origine. Le personnel travaille aux deux tiers sur la nouvelle activité et à un tiers sur l’ancienne. Nous nous sommes adaptés à l’environnement, nous ne faisons que répondre à la demande de nos clients". Les drones arrivent sur le marché Les chefs d’entreprises doivent non seulement savoir s’adapter au marché et anticiper les nouvelles activités mais également innover. "Les deux grandes valeurs que doivent avoir à mon sens les entrepreneurs sont une grande ouverture d’esprit sur les autres et une projection permanente vers l’avenir. Il ne faut pas refouler la réalité mais au contraire s’adapter, innover à petite échelle, procéder par un mécanisme d’essais et d’erreurs. Il faut s’intéresser aux innovations et se demander ce qu’elles peuvent changer pour son entreprise", conseillait Nicolas Bouzou. C’est exactement en suivant cette logique que Grégoire Tiberghien a créé son entreprise, Le Magazine du DLR ■ 015 014 7 événement Grégoire Tiberghien Locadrone. Le jeune homme était en déplacement professionnel à Londres pour les Jeux Olympiques quand il a vu son premier drone utilisé pour filmer l’événement sportif. "L’utilisation de ce drone donnait une perspective tout à fait innovante. Je me suis dit qu’il y avait sûrement quelque chose à faire en utilisant cette nouvelle dimension pour rendre des services. Il existe tous types de drones mais cela reste des aéronefs télépilotés. Ils servent principalement pour la production audiovisuelle mais le marché technique est en pleine croissance", confiait le jeune chef d’entreprise. Les drones, équipés d’un capteur différent en fonction de leur mission, peuvent réaliser des inspections techniques d’ouvrages, de bâtiments ; mesurer la pollution atmosphérique, les besoins en azote des cultures ; surveiller des sites industriels, des réseaux électriques, de transport… "Il ne s’agit pas simplement de recueillir des données, le plus important est de les interpréter. Il y a énormément de possibilités. Nous sommes devant une feuille blanche qu’on est en train d’explorer", s’enthousiasmait Grégoire Tiberghien. L’arrivée des drones sur le marché concurrence incontestablement la nacelle élévatrice sur la partie inspection des ouvrages et bâtiments. "Le drone intervient en amont : au lieu de déplacer une nacelle, il va permettre très rapidement de vérifier et de faire une analyse avant de pouvoir venir avec une nacelle réaliser les travaux nécessaires", estimait le dirigeant de Locadrone, qui a déjà été contacté par un loueur de matériels pour proposer ses services à des clients en tant qu’opérateur. Le déve- loppement de l’activité, s’il est incontestable, passera par l’amélioration et la création de capteurs adaptés aux besoins. "C’est un marché qui est promis à un énorme avenir". "Il ne faut pas refouler la réalité mais, au contraire, s’adapter et innover." Comment CHRONO Flex et Haulotte ont fait face à la crise Même si les procédés sont différents, le groupe Haulotte et l’entreprise CHRONO Flex ont basé leur "stratégie de crise" en définissant les mêmes priorités : les clients et les salariés. Jérôme Jambut et Alexandre Saubot, respectivement directeur général de CHRONO Flex et du groupe Haulotte, étaient invités à témoigner lors de la seconde table ronde du congrès sur le thème de "L’infini choix des voies". L’entreprise nantaise CHRONO Flex, leader français du dépannage de flexibles hydrauliques, a mis en place un système d’organisation basé sur ses équipes. Depuis janvier 2012, le sacro-saint modèle pyramidal ne s’y applique plus et a laissé place à un modèle s’appuyant sur "la libération de la prise d’initiative des collaborateurs". Les échelons hiérarchiques sont supprimés et les équipes, organi- 8 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR sées par région, sont désormais responsables de leur activité avec comme unique objectif la satisfaction du client. Cette révolution est née d’un traumatisme : "En 2009, le chiffre d’affaires chute de 34%, ce qui a pour conséquence un plan social qui marque profondément l’entreprise. A partir de ce moment, nous avons engagé une réflexion visant à faire en sorte que plus jamais nous ne revivions cette situation", indiquait Jérôme Jambut. Pendant plus d’un an, l’ensemble de la direction et des équipes a construit le modèle correspondant à l’entreprise. "Le 7 janvier 2012, nous avons fait notre premier "saut en parachute" avec la réunion de lancement rassemblant les 250 salariés. Au lieu d’un grand monologue et de la présentation des chiffres de l’entreprise, nous avons commencé par leur poser des questions pour tenter de trouver ensemble des solutions afin de supprimer les managements intermédiaires". Et, comme chez CHRONO Flex la parole n’est pas détenue exclusivement par la direction, deux collaborateurs sont intervenus pour donner leur vision. "Au cours de cette réunion, nous avons redessiné nos régions au plus près des réalités de terrain. Nous avions toute liberté. Une fois les régions définies, il a fallu désigner des capitaines ; j’ai été nommé capitaine de la région Côte d’Azur par mes collègues. Ils ne sont pas devenus pour autant mes subordonnés, je fais toujours le même travail, seulement je suis le porte-parole de la région par rapport au siège", confiait Grégory Penica. Yann Gueuvin, commercial, a quitté CHRONO Flex en 2010, après 7 années de fonctionnement pyramidal, et a réintégré l’entreprise "libérée". "C’est complètement différent aujourd’hui : nous pouvons donner nos idées, nous sommes écoutés. Avant, nous avions des chefs et il fallait passer par eux. Maintenant, l’équipe toute entière est responsable de son secteur". 49e congrès du DLR Alexandre Saubot Dans cette nouvelle configuration, le rôle du directeur aussi a évolué, il est devenu leader. "Un leader est au service de son équipe alors qu’un manager pense que son équipe est à son service", lançait Jérôme Jambut. Outre l’organisation interne, l'entreprise a également révolutionné le système de rémunération : "Depuis le 1er mars 2013, le système de rémunération est basé sur le partage du pourcentage de résultat pour l’ensemble des collaborateurs de l’entreprise. Une région cumule en plus une prime collective". Quant aux effets de ce nouveau modèle, Jérôme Jambut est prudent. "Nous pensons pouvoir récolter les résultats de ces actions dans 3 ou 4 ans". Comme CHRONO Flex, le groupe Haulotte, spécialisé dans la nacelle élévatrice et le chariot télescopique, a été malmené par la crise. "Les choses vont mieux mais pas encore bien. Nous avons fait notre premier résultat positif l’an dernier après quatre ans de perte. Le marché de la nacelle, entre le prin- temps 2008 et 2009, a été divisé par 4. Nous avons dû, au plus fort de la crise, fermer une usine, licencier 1000 personnes sur 2500. Le tsunami qui est passé sur Haulotte était très fort, mais nous nous y étions préparés avec comme objectifs de préserver notre capacité de R&D ainsi que la confiance de nos clients. Nous nous sommes accrochés à ces deux objectifs, nous avons réduit tout le reste et attendu que ça passe", indiquait Alexandre Saubot. La vision du chef d’entreprise sur la situation économique en France est plutôt négative : "L’environnement business ne peut que s’améliorer ". Pour autant le groupe a une petite moitié de ses effectifs, la moitié de ses usines et le cœur du groupe dans l’Hexagone. Mais "ailleurs" n’est pas pour autant le paradis. Avec 20 filiales dans le monde, le directeur général a fait l’expérience des différents systèmes en vigueur : problème de main-d’œuvre au Mexique, d’une administration "tentaculaire" au Brésil, de "l’augmentation de l’inflation, la fuite devant l’argent" en Argentine... Face à ces situations diverses, le groupe Haulotte maintient le cap pour ses clients mais aussi pour ses équipes. "L’entreprise a une responsabilité visà-vis de ses équipes qui n’y sont pour rien dans cette crise". "Un leader est au service de son équipe alors qu’un manager pense que son équipe est à son service." Contrôle fiscal : ne vous fâchez pas ! Le contrôle fiscal est source de stress et de questionnements pour le chef d’entreprise, c’est pourquoi les adhérents du DLR ont été nombreux à questionner Jean-Philippe Delsol, avocat fiscaliste, sur le sujet. L’expert a livré quelques "trucs et ficelles", même si l’exercice laisse peu de marges de manœuvre. "Par rapport à un contrôle fiscal, je ne connais pas de recette miracle mais une règle générale qui est essentielle : faites en sorte que votre organisation soit claire, que, sans délai ni difficulté, vous sachiez répondre aux questions et fournir les documents demandés. Quand le contrôleur comprend qu’il a en face de lui des gens clairs, il sait qu’il ne trouvera pas grand-chose". Pour Jean-Philippe Delsol, toute restructuration fiscale d’une entreprise est susceptible d’entraîner un contrôle de l’administration, "surtout quand on restructure à l’étranger et notamment au Luxembourg. Il faut s’y préparer". Loin des clichés caricaturaux du chef d’entreprise réfractaire ou au contraire mielleux, l’avocat conseille une attitude coopérative. "Il faut recevoir normalement le contrôleur. Il est toujours souhaitable que le patron soit présent le premier jour pour engager la conversation. Mais il n’a pas forcément besoin d’être là durant tout le contrôle s’il a un directeur administratif et financier ou un chef comptable qui a la capacité de fournir les éléments". Il faut fournir ni plus ni moins que ce qui est demandé. "Il n’est pas nécessaire de se lancer dans de grandes explications, surtout si elles ne sont pas claires et peuvent susciter d’autres questions. Normalement, le contrôle se fait sur pièces et sur place mais il est possible d’autoriser le contrôleur à emporter des copies desdites pièces". La coopération n’empêche pas le chef d’entreprise, en cas de points de vue divergeants, de défendre sa position. "Ne vous fâchez pas mais discutez toujours, il ne faut jamais abandonner la partie. La vision de l’administration est une chose, la vôtre en est une autre, pour autant qu’elle soit défendable, qu’elle ne soit pas artificielle. Si vous n’êtes pas d’accord avec les conclusions du contrôle, il ne faut pas hésiter à aller au contentieux car vous avez de vraies chances de gagner". Philippe Delsol a rappelé l’importance des notions de bonne foi, mauvaise foi et manœuvre frauduleuse en fonction desquelles le taux de redressement varie de 10, 40 à 80%. "Mais là encore, si vous n’êtes pas d’accord avec la qualification, vous pouvez la contester". Le Magazine du DLR ■ 015 014 9 événement Le cerveau, une inépuisable fabrique de neurones Pierre-Marie Lledo "Le 21e siècle est celui du cerveau : il n’y a pas une semaine, un mois sans que de grandes découvertes soient faites et modifient radicalement la vision que nous avons du cerveau". Pierre-Marie Lledo, professeur à Harvard, directeur de recherche au CNRS et chef de l’unité de recherche Perception et Mémoire à l’Institut Pasteur, a dévoilé la machine cachée derrière nos pensées, nos décisions, nos émotions. Le professeur a tordu le cou à de fausses idées sur le cerveau et notamment celle très répandue qui veut que le cerveau ne progresserait plus après 25 ans, qu’à partir de cet âge il perdrait sa capacité à produire de nouveaux neurones. "En laboratoire, nous avons trouvé, dans des cerveaux de plus de 89 ans, des bébés neurones, nés juste avant le décès des personnes". Mais la création à tous les âges de neurones est conditionnée par "cinq lois qui relèvent du bon sens" : •"Toujours se placer dans la peau d’un éternel apprenant, rester humble et se dire qu’on ne connaît rien, s’ouvrir à la complexité du monde et s’en émerveiller. •Lutter contre la pollution sonore et visuelle : "l’infobésité". Nous sommes bombardés d’informations qui nous font savoir et non comprendre. À nous d’être proactifs. •Lutter contre l’usage chronique des psychotropes. Ces molécules sont une béquille chimique qu’il faut abandonner pour traiter non plus la forme mais le fond. Les personnes qui prennent de façon chronique des somnifères ou des anxiolytiques voient les risques de développer des maladies neurodégénératives multipliés par 7. •Lutter contre la sédentarité : il nous faut au minimum satisfaire le besoin de notre cerveau d’avoir un corps dynamique environ dix à douze minutes par jour. Quand nous avons une activité physique, les muscles engagés dans cette activité vont libérer des substances 10 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR chimiques pour inciter des terminaisons nerveuses à avoir plus d’impulsions électriques au niveau local. Combien de solutions avons-nous trouvées en marchant alors qu’au bureau on était bloqué sur le problème ? •Développer son cerveau social. Si, sur les quatre premiers facteurs, vous avez une prise, ce dernier dépend des autres. Des parties de votre cerveau ne s’activent qu’au contact des autres, c’est le support de l’empathie et de la compassion". Si les avancées dans le domaine sont incontestables, le cerveau n’a pas dévoilé tous ses mystères : "Aujourd’hui, nous connaissons 10 à 15% du fonctionnement du cerveau". Le cerveau compte trois modules. Le tronc cérébral, responsable des comportements primitifs assurant nos besoins fondamentaux, régit ce qui est communément appelé les instincts de base dont l’instinct de conservation : "C’est la partie de notre cerveau qui doit engager des actions rapides. Quand on appartient à une espèce, on a un certain nombre de répertoires de dangerosités ou au contraire de conditions que l’on va rechercher". Le deuxième module gère nos émotions. "Sans émotion, nous ne pouvons pas apprendre". Le troisième module, qui est le propre de l’humain, est le cortex. "Cette structure nous permet de déconstruire le monde extérieur, nous avons tous des représentations internes". Pierre-Marie Lledo en a fourni la preuve en image, une image en noir et blanc qui, selon les personnes, figure deux visages blancs ou des colonnes noires. "Le cerveau crée une réalité interne. Cette information est traitée avec l’intellect et vous y mettez aussi une dimension affective. Enfin, les croyances influeront aussi sur l’interprétation. Votre cerveau rajoute de l’information quand il n’en a pas assez". Si le cortex est le propre de l’homme, d’autres spécificités le caractérisent. "Notre cerveau nous permet d’échapper à la flèche du temps. Grâce à lui, vous pouvez ouvrir une parenthèse et vous rappeler ce que vous avez vécu. Cette capacité de revenir en arrière permet d’éviter de reproduire les échecs passés, de renouveler les expériences positives". Le cerveau humain est soumis au jeu des changements de l’environnement : l’homme est la seule espèce sur la planète à pouvoir radicalement changer l’environnement dans lequel il évolue. "Personne d'autre, sur la planète, ne peut en six ou sept heures changer de saison. L’être humain est condamné à vivre dans un monde qui, par essence, est dynamique. Nous devons faire en sorte que notre cerveau soit capable de se reconfigurer très rapidement. Nous voyons poindre aujourd’hui les troubles de la mal-adaptation. Tous les sujets qui ne savent plus s’adapter à ce monde sombrent dans les 4 troubles de l’humeur que sont le burn-out, le stress chronique, l’anxiété, la dépression. Les personnes qui vont être capables de s’adapter sont celles dont le cerveau se nourrit de cette dynamique. Alors, échappez à la routine, cherchez toujours à être surpris. La surprise, l’émerveillement, la connaissance sont les facteurs qui vont nourrir votre cerveau et vont permettre à un cerveau de 85 ans d’être un éternel adolescent !". "Il faut toujours se placer dans la peau d’un éternel apprenant, rester humble et se dire qu’on ne connaît rien, s’ouvrir à la complexité du monde et s’en émerveiller." 49e congrès du DLR 015 014 Le Magazine du DLR ■ 015 014 11 la vie des régions Tour d’horizon de l’activité dans nos régions DLR Comme chaque année, les présidents régionaux du DLR présentent leur vision économique et les perspectives de nos professions. Retour sur une période qui, bien sûr, donne des changements assez semblables d'une région à l'autre, impact macroéconomique oblige, mais en même temps présente quelques particularités, notamment suite aux intempéries que les adhérents du DLR ont subies différemment. Région Sud-Est "Marseille Provence, Capitale européenne de la culture, une vraie réussite structurante" "2013 dans la région a notamment connu la réussite de "Marseille Provence, Capitale européenne de la culture", vrai succès et projet structurant, avec la création de nombreux bâtiments, se réjouit Éric Frèche, Frèche Location. La location a été affectée par un mauvais 1er trimestre 2013 difficile à rattraper, notam- ment dû aux intempéries, et une activité qui varie de -2% à +4%, en fonction des entreprises. 2014 se présente sous de meilleurs auspices ! Dans la distribution, la situation est un peu moins lisible. Traditionnellement, le Sud-Est n’a pas de gros concessionnaires, mais des structures plus petites. Les fermetures liées à la crise ont entraîné une redistribution des cartes. Les réseaux ne sont pas encore reconstitués et il manque de très belles marques. Il y a donc une certaine fragilité de la distribution du matériel de TP, avec une évolution des concessionnaires vers, probablement, de plus en plus de services pour se déconnecter un peu du volume des ventes. Malgré cela, le métier semble résister à la crise, mais nous n'avons absolument aucune visibilité. Pour les grands chantiers, nous bénéficions encore d'Euroméditerranée, plus gros projet 12 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR de réhabilitation de centre-ville européen : 70 milliards d'euros investis, 35 000 emplois, 200 000 m2 de bureaux. Nous avons également la rocade qui doit relier le nord à l'est de la ville. Dans l’ensemble, la Côte d'Azur se porte relativement bien, mais les Alpes restent une région assez excentrée et toujours un peu en devenir. Pour terminer sur une note sympathique, Marseille a accueilli le Congrès national DLR 2014. Nous avons eu le plaisir de nous retrouver dans un moment détendu, avec de l'énergie. Petit à petit, tout le monde intègre que cette crise est un changement de paradigme et que la profession fait son maximum pour en sortir par le haut." Région Ouest "Une région qui vit plus tardivement les effets de la crise" Président de Loire Océan Manutention depuis 10 ans, Jean-Louis Lécluse, nouveau président régional Ouest, a la volonté, par cette fonction, de rendre à la fédération ce qu'il a su y trouver. "Notre région est dynamique. J'ai coutume de dire qu'elle a 20 ans de retard et que ce retard se retrouve aussi dans les effets de la crise chez nous. Malheureusement, c'est moins vrai sur la fin 2013 et le début 2014, car on observe des défaillances de grandes entreprises régionales, comme FagorBrandt et SKF. Nous sommes également soumis aux aléas de grands donneurs d'ordres comme les chantiers navals STX, avec des périodes d'activités pleines et d'autres vides. Nous sommes poussés par quelques grands chantiers comme la LGV Atlantique, l’aéroport Notre-Dame-des-Landes, gros espoir régional d'activités pour nos entreprises, et le grand parc éolien offshore La Baule-le Pouliguen (plus d'1 milliard d'euros). Les aléas climatiques sur le grand Ouest ont eu peu d'impact sur les activités de manutention, contrairement au TP et à la construction qui se sont retrouvés à l’arrêt. Enfin, le 1er semestre 2014 est soumis au flottement pré-électoral. Tout ceci a eu un effet sur l'activité en retardant certaines décisions, notamment dans le TP. Pour la manutention, c'est très peu perceptible car il y aura toujours des palettes à bouger, même si les produits sont fabriqués à l'étranger. Dans l'Ouest, nous avons encore des fondamentaux économiques assez sains et il semble que les grands noms du BTP recommencent à investir en 2014, alors qu'ils avaient fortement réduits depuis 2011." Région Sud-Ouest "Le bonus démographique joue en notre faveur" Pour Frédéric Garin, GEM Distribution, "après la chute de 2009, le niveau initial ne s’est pas rétabli les années suivantes, même s’il était malgré tout satisfaisant en 2010-2011. 2012 et 2013 sont passées sur un niveau plus bas. Il y a donc de grosses attentes pour 2014 mais, au vu du 1er trimestre, l'espoir se tourne finalement vers 2015. En cette année électorale, le niveau de chantiers est globalement assez bas avec une exception pour Bordeaux. De grands projets ont été lancés avec des financements publics/privés et n'ont pas été arrêtés : le grand stade, la ligne LGV, le quartier d'affaires autour de la gare de Bordeaux, l'autoroute Bordeaux-Pau, etc... Le Sud-Ouest reste donc globalement plus dynamique que la moyenne en termes de grands travaux, même si la diminution des permis de construire est semblable à celle observée au niveau national. Par ailleurs, la démographie est positive dans notre région et nombreux sont ceux qui souhaitent venir y vivre. Ce bonus démographique joue en notre faveur ! Néanmoins, une grande partie de la région est onéreuse à couvrir car il n'y a pas assez de densité d'activités au km2, les distances coûtent cher et la représentation commerciale est assez compliquée. Heureusement, des frémissements se font sentir et nous sommes optimistes pour 2015." suite page 14 Les présidents s'expriment Jean-Louis Lécluse, président de la région Ouest : "Les grands noms du BTP semblent revenir vers les investissements. Selon les groupes, il est difficile de savoir quel sera le choix stratégique pour le futur : location ou acquisition. Nous pensions que les clients allaient délaisser les ateliers pour passer beaucoup plus en full service, mais cette évolution n’est pas ressentie dans le TP." Yannick Matton, président de la région NormandieNord : "Ce qui est assez étonnant, c'est que l'on trouve toutes les situations dans les mêmes secteurs d'activité : des clients plutôt optimistes avec un bon carnet de commande et d'autres qui n'ont une visibilité que sur 1 à 2 semaines. Il est donc vraiment difficile de généraliser." Bernard Escande, président de la région Centre-Est : " La satisfaction de l'offre va conduire à accentuer la concentration au moins chez les généralistes. Face aux grands groupes du BTP, les entrepreneurs indépendants qui ont tenu le choc car ils étaient innovants, travailleurs, avec des relations, pourraient être tentés de valoriser leur patrimoine en vendant, notamment s'ils arrivent à la fin de leur carrière professionnelle." Denis Poisson et Vincent Lemoine co-présidents de la région île-de-France : "Nous vivons la chute de la production de logements et du nombre de permis de construire, illustration de la politique gouvernementale et de la frilosité des banques. Cela nous impacte, y compris dans le TP, car les secteurs sont en partie liés." Frédéric Garin, président de la région Sud-Ouest : "À noter l'importance de la personnalité d'un maire et de son équipe municipale sur l'économie locale et les entreprises. Bordeaux a une évolution forte depuis une dizaine d'année. De grands chantiers ont été entrepris, avec beaucoup de partenariats et de financements publics/privés et tout cela porte ses fruits aujourd'hui, la ville est complétement renouvelée. On peut dire que c'est réussi à 95%. Cela donne une très belle aura vis-à-vis de l'extérieur et permet d'attirer des talents, des compétences, des décideurs." Pierre Tilly, président de la région Est : "Depuis près de 5 ans, il y a une tendance forte : la valeur d'usage et l'affectation des moyens et des capacités d'investissement de nos clients sur leur métier principal et sur leur capacité de production principale. Or, chez des grands groupes nationaux, l'outil de production principal n'est pas le matériel : cela peut être une carrière, une centrale à béton ou une centrale d'enrobé. Donc, il y a effectivement un glissement assez fortement ressenti vers la location, avec une préférence pour la moyenne et la longue durée adossée à des contrats de service." Eric Frèche, président de la région Sud-Est : "Marseille Provence, Capitale européenne de la culture a représenté deux bonnes nouvelles. La première, c'est que cela a été un vrai succès en terme de fréquentation, d'animation et de cohésion de la population autour de l'évènement, sans générer de faits divers. Il y avait un gros scepticisme des Marseillais concernant notre capacité à organiser une manifestation comme celle-là. La seconde bonne nouvelle, c'est que ceux qui prédisaient l'effondrement de l'économie ont eu tort. Cette année est terminée, 2014 est là et nous constatons que l'élan a perduré et que tout ne s'est pas arrêté au 31 décembre 2013." Le Magazine du DLR ■ 015 014 13 la vie des régions Région Est Région Normandie-Nord Région île-de-France "Un "rallye" sur la prise de commandes de gros matériels en tout début 2014" "Le pire n’est jamais certain !" "Une baisse d'activité entre -2 et -3%, et jusqu'à -5% pour certaines entreprises" Pour Pierre Tilly, de Tilly Manutention, "l’année 2013 n'a pas été trop mauvaise, quels que soient les métiers. Dans la distribution, les chiffres sont à peu près similaires, avec une progression sur le SAV. Les gros matériels de TP observent une baisse d’environ 5%, compensée en partie en volume par la vente de compacts, mais pas forcément en chiffre d'affaires. On constate également que le marché de la mini pelle et du chariot télescopique est très dynamique. En manutention industrielle, le marché reste neutre en volume pour 2013. Pour le début de 2014, on a senti une forte poussée sur la prise de commandes de gros matériels. Mais la vision pour l'année 2014 est floue, avec les municipales, le contexte éventuellement déflationniste européen et les incertitudes liées aux évolutions réglementaires. Pour la location, 2013 est également étale par rapport à 2012, avec une légère augmentation des investissements chez les clients loueurs, qui avaient repoussé leurs achats de matériel. 2014 démarre relativement bien, essentiellement en raison de la météo clémente cet hiver. On note enfin un glissement assez fortement ressenti vers la location en général, avec une préférence sur la moyenne et longue durée (36, 48, 60 mois) adossée à des contrats de service. C'est une tendance forte, et en particulier depuis le milieu de l'année 2013. Il y a peu de grands projets à venir sur la région Est. Les chantiers TGV sont terminés et le doublement de l'A31, entre Luxembourg et Toul, est toujours sans décision de lancement. TerraLorraine, la plateforme-showroom pour les entreprises chinoises commerçant en Europe, comprenant un bâtiment de 180 000 m2, est en projet mais le financement reste très flou." 14 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR Pour Yannick Matton, Philippe TP, "2013 a été moyen, presque équivalent à 2012, malgré les intempéries de début d’année. Le premier semestre 2014 est particulier avec les municipales, le gel de nombreuses décisions et l’annulation de certains chantiers suite aux changements de municipalités. La météo a été assez favorable au 1er trimestre 2014, facteur important pour le BTP, mais les carnets de commandes ne sont pas pleins et l'activité est assez tendue. Pour la location, le 1er trimestre 2014 est moins bon qu'espéré avec 5% de croissance, probablement plus due à la météo qu'à l'activité. La distribution, quant à elle, est à l'équilibre par rapport à 2013. Il n'y a actuellement plus de grands projets, seulement de petits aménagements et des entretiens de voirie. Beaucoup de grands groupes nationaux de BTP travaillent localement pour obtenir de nouveaux chantiers et occuper leurs équipes. Cela impacte la vie des PME, concurrencées sur leur propre terrain, car elles n’ont pas les moyens de tenir financièrement face à ces grandes entreprises. Au final, si 2014 est égale à 2013, nous serons satisfaits car les clients sont aujourd’hui dans l'incertitude, ce qui n'est pas favorable aux investissements, alors que nous sommes justement dans des métiers à investissements lourds... Autre phénomène important, l'aspect tendu de la trésorerie des entreprises. L'entrepreneur qui se lance en ce moment, ou dont la trésorerie est limitée, ne va trouver aucun banquier pour le suivre. Mais je suis un optimiste et je garde espoir. J'espère que 2015 verra la sortie de cette ambiance morose." Pour Denis Poisson, Groupe Poisson, et Vincent Lemoine, Chastagner Location, co-présidents, "le BTP, en 2013, est en légère baisse par rapport à 2012, en moyenne entre -2 et -3%, avec des disparités selon les métiers, jusqu'à -5% pour certaines entreprises. La région souffre de l'absence de grands chantiers, hormis quelques-uns, davantage liés au bâtiment qu'aux TP, comme la Canopée des Halles ou le regroupement du ministère de la défense. Nos entreprises ressentent aujourd'hui le ralentissement de fin 2013 avec une baisse d’activité sur ce 1er semestre 2014. Si les projets ne manquent pas, les financements peinent à suivre. Une évolution va peut-être suivre les élections municipales, mais cela prendra du temps. Pour le bâtiment, 2014 va probablement être à l’image de son 1er trimestre, avec peu de visibilité, et devrait se terminer entre 0 et 5% au maximum, si certains chantiers démarrent d'ici la fin de l'année. 2015 devrait enfin voir une évolution, avec peut-être des travaux de voirie engagés par les nouvelles municipalités. Nous retrouverions alors un peu plus de visibilité. À noter que les interventions en nacelles-élévation pour des entreprises de déménagement à l'international sont plus importantes sur les derniers trimestres. Certains professionnels ont doublé leur chiffre d'affaires, car des foyers à bon pouvoir d’achat s’expatrient." Région Centre-Est "Une bagarre terrible sur les prix de vente de l'heure louée" Pour Bernard Escande, Matwork, "2013 a été difficile pour le TP ainsi que pour le bâtiment, la construction de maisons individuelles notamment, avec une baisse de volume qui entraîne les entreprises à différer leurs investissements. Celles qui sautent le pas renouvellent leurs parcs avec moins de machines, ce qui est favorable à la location. L'offre étant plus importante que la demande, y compris en location, il y a une concurrence impitoyable sur les prix de vente de l'heure louée. Cette bagarre sur les prix n'a jamais été aussi vive, et les loueurs sont à un seuil de rentabilité peu viable, qui va prochainement créer des difficultés. La manutention allait bien, mais ce secteur est aujourd’hui confronté au manque d'investissements des entreprises. L'activité de notre région, quant à elle, est surtout dominée par la grande agglomération de Lyon, pôle économique en constante activité. Parmi les grands chantiers, il y a l'élargissement de l'autoroute qui traverse Clermont-Ferrand et la création d’un axe entre l'A71 et Vichy, mais surtout le nouveau centre de recherche de Michelin, qui représente environ 70 000 m2 de bureaux d'étude. Pour le 1er trimestre 2014, les élections municipales bloquent des marchés. Par ailleurs, la densification de l'urbain et la prise en charge de chantiers plus petits, nécessitant plus de technicité, est une nouvelle tendance. On le constate notamment dans le domaine des réseaux, avec comme conséquence des changements de comportement de nos clients." Régions Outre-Mer Martinique e t G u ya n e : beaucoup de questions avant l'évolution poAndré Dorn litique de 2015 "2013 n'a pas connu d’évolution de l’activité, ni de repli", indique André Dorn, gérant de AGRI-TP Maintenance, concessionnaire Hitachi et réparateur de matériel TP et agricole. "Aucun grand chantier n'a permis de rebond du secteur en Martinique, qui connaît toujours une grave crise. La Guyane est restée dynamique, malgré la fin des grands travaux pour le lanceur Soyouz. La Guadeloupe, quant à elle, est demeurée plus constante et plus dynamique". "2014 connaît un léger rebond d'activité. Ceci est notamment dû aux travaux du tramway de la Martinique, qui mobilisent les grands groupes, et au fait que les PME ont retrouvé un peu d’activité dans le logement et les TP. D'autre part, le parc matériels, très peu renouvelé depuis 2009 à cause du manque d’activité, doit maintenant être remplacé. Nous pensons maintenir cette petite relance dans les TP, mais cela reste fragile. Ainsi, la réforme institutionnelle de 2015 en Martinique et Guyane inquiète les investisseurs. Ces collectivités territoriales seront notamment dotées d’une assemblée et d’un conseil exécutif et se gèreront comme les conseils régionaux métropolitains. Mais personne ne sait vraiment quand et comment cela se fera, ni avec quels moyens financiers. Ce statut n’existe pas ailleurs et sa mise en place pose question. En Métropole, on évoque beaucoup le fait que la location pourrait remplacer l'achat des matériels. Ici, beaucoup de TPE et de PME ont leurs propres machines, car nous avons un modèle économique très différent. Ces secteurs bénéficient d’aides à l'investissement (CEE, Région, défiscalisation, etc.) et il n'y a pas d’intérêt à louer." EN GRANDE HAUTEUR... AVEC LES SATELLITES Il est des régions dont le nom marque l'imagination. La Guyane en fait Gilles Rialland partie. Gageons que l'un des enfants du pays, Amazone Loc, nouvel adhérent DLR 2014, saura également développer sa notoriété sous la houlette de Gilles Rialland, son dirigeant. Amazone Loc est née de sa volonté de proposer des matériels de chantier fonctionnels à des prix économiques. L'objectif est de fournir des tarifs attractifs, tant à la vente d'occasion qu'à la location, sur des matériels révisés et entretenus avec une disponibilité maximale pour garantir la maîtrise des chantiers. Gilles Rialland n'en est d'ailleurs pas à son coup d'essai puisqu'il dirige le groupe GLS, créé en 1988, présent sur tous les grands segments : manutention, terrassement, compactage, élévation de personnes (notamment pour Arianespace et jusqu'à 40 m), transport-logistique et enfin construction modulaire, avec des ensembles fabriqués entièrement en Guyane et adaptés aux contraintes locales des sites isolés de ce territoire (kits solaires photovoltaïques, cuves de récupération pluviale). Pour compléter cette boulimie de développement, notre nouvel adhérent a organisé, en 2013, le 1er salon du matériel BTP en Guyane lors du 25e anniversaire de son entreprise. Crise, vous avez dit crise ? 015 014 Le Magazine du DLR ■ 015 014 15 nos métiers la distribution Distribution : évolution ou révolution ? Une révolution est-elle en marche ? Lors de la Journée de la Distribution, Philippe Brissonneau, directeur matériel monde chez Colas, a ébranlé les esprits en présentant l'évolution de son groupe dans la gestion des parcs de machines : moins d'achats, plus de service et de réactivité. Un autre futur se dessine… fonctionne, c'est-à-dire rentable et performant dans son organisation. En même temps, ce service doit être humain, car la relation de service est éminemment une relation humaine ; chaque salarié ayant un contact avec un client doit en avoir les compétences. Il faut donc un accompagnement des entreprises dans une transition vers des services à haute valeur ajoutée. "Ce n'est pas parce que les machines fonctionnent bien qu'il faut oublier le service aprèsvente (SAV)", explique Philippe Brissonneau aux participants présents. "Il est clair que le SAV va devenir une data d'excellence. Et les distributeurs sont probablement condamnés à proposer du matériel d'appoint pour dépanner leurs clients qui n'admettront plus de machines à l'arrêt. Nous ne sommes plus dans la détention d'un parc, mais dans la détention du service d'un parc. Les distributeurs devront avoir un parc à commercialiser, et, à côté, un parc pour soutenir des actions dans une temporalité complètement différente. Ceux qui n'auront pas cela disparaîtront. Ce sera bien sûr à contractualiser. Et cette contractualisation va conduire ce phénomène commercial vers une nouvelle relation clientfournisseur au travers de l'usage du matériel." Toute entreprise qui fabrique, vend ou loue du matériel a forcément un SAV. Mais notre étude** montre qu'il en existe plusieurs types : Le DLR a anticipé ces interrogations avec des formations à la gestion des services aprèsvente, proposées depuis juillet 2013*. Laurent Mellah, cofondateur de CEPHEUS Group qui anime ces sessions, nous présente ce SAV "data d'excellence" : "La concurrence est aujourd’hui exacerbée, avec de fortes pressions sur les prix de vente des matériels et des marges compressées, alors que les coûts commerciaux, marketing et communication ne cessent d’augmenter. Une évidence s’impose aux professionnels : les possibilités de gains de marge se trouvent ailleurs, et principalement dans les services. Pour aller vers de nouveaux modèles économiques basés sur le service, la première étape est d'avoir un service après-vente qui 16 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR • Le SAV "mal nécessaire" subi par l'entreprise, qui est le "pompier de service" avec plus de 80% des interventions en curatif réclamé par les clients. Ce SAV représente généralement moins de 10% du chiffre d'affaires global. • Le SAV "centre de profits" : l'entreprise se dit qu'elle pourrait gagner un peu d'argent sur ce poste, ou au moins qu'il soit à l'équilibre. Elle va donc structurer cette fonction, avec un compte d'exploitation spécifique, et créer quelques contrats pour rentrer dans une logique de fidélisation des clients. Ce SAV va représenter entre 10 et 40% de son chiffre d'affaires. "Nous ne sommes plus dans la détention d'un parc mais dans la détention du service d'un parc." Le Magazine du DLR ■ 015 014 17 nos métiers • Le SAV "service clients" : l'entreprise a décidé d'être proactive. Elle veut rentabiliser son SAV, satisfaire et fidéliser ses clients, développer des prestations récurrentes avec des contrats de maintenance, d'entretien, etc. Ce SAV représente de 40 à 80% du CA général de l'entreprise. Avoir un SAV semble évident, comme il paraît normal de s'occuper de ses clients. Sauf que les entreprises vont souvent soigner la relation commerciale et agir pour que tout se passe bien jusqu'à la livraison. Mais la difficulté, c'est l’après. On ne met pas du tout les mêmes moyens en œuvre car on oublie qu'un client se garde dans le temps. Souvent l'entreprise met plus de moyens et d'énergie à gagner des clients qu'à les conserver. Selon les études, il est communément admis que gagner un client coûte entre 5 et 10 fois le coût de l’action menée pour en conserver un. Il est donc primordial de développer une relation durable. Et le SAV est le meilleur outil pour cela. D'autant plus que, dans le monde des techniques et des technologies, les équipements sans pannes n'existent pas. Le matériel se dégrade et a besoin d'entretien. Les pièces s'usent, les pannes se produisent, et il est possible de gérer cela par des plans d'entretien préventif mis en place dans le cadre du SAV. tout prix pour vendre plus. De ce fait, lorsqu'un distributeur propose un contrat de service à un client, celui-ci se demande pourquoi il devrait le payer alors qu'il l'avait plus ou moins gratuitement jusque-là. Cette mécanique de satisfaction sans contrepartie ne créée pas de processus de fidélisation. L'entreprise dévalorise elle-même son savoir-faire en maintenance et suivi après-vente, puisque ce qui ne coûte rien ne vaut rien. Il faut donc tout reprendre à zéro et rééduquer les clients. C'est ce process que le DLR a mis en place pour ses adhérents avec la formation CEPHEUS. L'étude CEPHEUS montre que dans le monde du matériel roulant du BTP et de l'agricole, environ 73% des SAV rentrent dans la catégorie "mal nécessaire" et 15% des SAV sont à l'équilibre. Toutes ces entreprises perdent de l'argent sur leur SAV ou au mieux n'en gagnent pas ! Retrouvez le programme et inscrivez-vous sur www.dlr.fr, rubrique Emploi-Formation. Autre point particulier de la vente du matériel roulant BTP-agricole, c'est l'habitude de faire des cadeaux en proposant une négociation de type : "vous m'achetez X machines et je vous offre le contrat de service, je vous étends gratuitement la garantie". Le service est offert plutôt que d’être valorisé. La culture des techniciens les conduit à satisfaire les clients à 18 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR Chacun doit construire son modèle en s'inspirant de bonnes pratiques, sans "copier-coller", car il n'y a pas un seul modèle de SAV, mais autant qu’il existe d’entreprises. Il faut étudier comment positionner son SAV dans sa stratégie, avec quel type de relation et de fidélisation. Il sera alors possible de développer des offres et un modèle organisationnel et économique adapté, incluant les personnels. Le principe qui doit prévaloir dorénavant est un modèle économique basé sur les usages engendrés par la vente des produits et non plus sur le seul acte de vente. * La prochaine session sur le SAV se tiendra en novembre/décembre 2014. ** Les enjeux du SAV en France - État des lieux - Janvier 2014. la distribution "73% des entreprises qui vendent du matériel roulant au BTP et à l'agricole perdent de l'argent sur leur SAV ou au mieux n'en gagnent pas." Le Magazine du DLR ■ 015 014 19 nos métiers Travaux publics et bâtiment : l’embellie n’est pas pour 2014 2014 ne sera pas l’année de l’éclaircie économique, comme l’ont clairement indiqué Anne Bourget et Eric Quinton, respectivement économistes à la FNTP et à la FFB, lors de la Journée de la Location. "Les principaux maîtres d’ouvrage dans le domaine des travaux publics sont les collectivités locales qui représentent 44% de notre activité, notamment avec l’investissement des communes et des intercommunalités. En cette année d’élections municipales, nous anticipons un recul assez marqué puisque nous atteindrions -8%". Les finances des collectivités locales sont à la baisse, tout comme leurs capacités d’autofinancement. Parmi les autres donneurs d’ordre publics, l’État ne représente plus que 3% de l’activité. "L’État intervient principalement dans l’entretien des routes nationales. Pour une durée de vie optimale des couches de surface, il faut compter une quinzaine d’années. Depuis 2011, cette périodicité de renouvellement s’allonge pour des raisons économiques à 25 ans", indiquait Anne Bourget. La suspension de l’Écotaxe, qui vise notamment à subventionner l’Agence de Financement des Infrastructures de Transport de France, devrait avoir des incidences sur les grands projets. La commission Mobilité 21 procède à la hiérarchisation de ces opérations structurantes, dont certaines pourraient être ajournées ou même abandonnées. En revanche, le secteur des travaux publics devrait pouvoir compter sur les grands opérateurs publics. Deux chantiers LGV en cours et le contournement de Nîmes-Montpellier en perspective, la montée en puissance des investissements sur le réseau électrique et des transports urbains dynamiques devraient permettre de soutenir l’activité. Les travaux publics en janvier et février 2014 ont progressé de 2,6%. "Cette évolution s’explique notamment par des conditions climatiques favorables qui n’ont pas perturbé l’avancement des chantiers, les derniers souffles de l’effet élections municipales. Les difficultés du secteur demeurent néanmoins prégnantes : le niveau d’activité, même s’il est en progression sur un an, est particulièrement faible. L’année 2013 n’est pas un bon point de comparaison : il s’agit de la période la moins favorable pour les sociétés de TP des dix dernières années. Le manque de commandes reste préoccupant, surtout du côté de la clientèle publique", analyse le cabinet Asterès dans le baromètre du 1er trimestre 2014 pour le DLR. "Le bâtiment va continuer de s’éroder mais faiblement, avec une baisse contenue à -0,4%", annonçait Éric Quinton. Le bilan du premier trimestre, réalisé par Asterès, confirme cette tendance. "Les mises en chantier de logements neufs sont restées en repli par rapport à la même période de l’année précédente (-11%). Les perspectives dans la construction résidentielle restent mal orientées. Les mises en chantier de locaux continuent de soutenir l’activité du bâtiment (+4%). Bien que la croissance de ce segment ait ralenti au cours des trois derniers trimestres, les anticipations d’activité demeurent favorables". La location au cœur de la mutation économique Les entreprises de location doivent savoir adapter leur management pour répondre à la nouvelle donne économique. "La location est promise à un grand avenir mais nécessite une réflexion sur les business models". L’économiste Nicolas Bouzou est réputé pour son franc-parler et c’est donc sans aucun détour qu’il a abordé la situation économique actuelle et future dans le cadre de la 21ème Journée de la Location. Il prévient : "La vraie question n’est pas : quand allons-nous sortir de la crise ? Mais plutôt : comment doisje adapter mon entreprise à ce nouvel environnement économique ?". Plus qu’une crise, c’est 20 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR une profonde mutation qui s’opère à l’échelle mondiale. "Ce n’est pas la première crise de cette ampleur. Et le scénario est toujours le même. Trois phénomènes sont liés : récession de l’activité économique, crise bancaire, crise des finances publiques. Mais l’économie retrouve un nouvel équilibre par les vagues d’innovations. L’innovation transforme l’économie. Le grand économiste Joseph Schumpeter disait en 1912 : "Le nouveau ne sort pas de l’ancien, mais apparaît à côté de l’ancien, lui fait concurrence jusqu’à le ruiner". Les professionnels de la location doivent relever le défi de l’innovation et de l’adaptation. L’économie d’usage et de location est au premier plan de ce nouveau modèle. Et les loueurs de matériels en général ont tout à y gagner. La possession d’un bien n’est plus une fin en soi, l’usage et le service priment. "Vous avez le savoir-faire et vous êtes très bien placés pour aborder ce nouveau cycle. Nous rentrons dans une logique de durabilité des biens et, à ce titre, un secteur va renaître, celui de la réparation". Il faudra donc de plus en plus compter avec la location. Une aubaine pour les loueurs "historiques" mais ce phénomène entraîne également une multiplication des offres de location, une concurrence accrue et l’arrivée de nouveaux profils d’acheteurs proches de ceux de la grande distribution. la location Bertrand Carret et Sonia Dubès Défendre ses prix pour augmenter ses profits Face à ces nouvelles réalités, Armand Lefebvre, dirigeant de la société FABER Développement, a livré aux 170 professionnels, réunis à l’occasion de la Journée de la Location, des conseils en management. "Il vous faut inclure dans le pilotage de vos entreprises la défense des marges et des prix dans un environnement de plus en plus concurrentiel et face à des clients de plus en plus exigeants. Défendre sa rentabilité passe par la baisse des coûts fixes. En les baissant de 1%, l’impact est de 2,3% sur le résultat net de l’entreprise". Autre piste proposée : vendre plus. "Une hausse de 1% des ventes génère en moyenne une augmentation de 3,3% des revenus. Mais ce n’est pas toujours facile dans ces périodes où l’on constate au mieux une stagnation. Travailler sur les coûts variables a un impact plus important. Mais ce qui est de loin le plus positif est de réussir à défendre ses prix. Selon une étude menée par Harvard Business School, une hausse des prix de 1% augmenterait en effet de 11,1% le profit d’une entreprise", expliquait l’expert. A contrario, céder sur ses prix a des conséquences importantes sur les profits et les marges brutes de l’entreprise. D’où l’importance de savoir mener les négociations avec fermeté et finesse en valorisant le savoirfaire et le service de son entreprise. "Au cours d’une négociation, vous devez crédibiliser votre entreprise, démontrer son expertise, défendre ses prix, traiter les objections et négocier en obtenant des contreparties. Le but de l’entretien pour vous, comme pour le client, est de parvenir à un accord". Abolir la hiérarchie Les chefs d’entreprise sont invités à opérer des changements dans la relation client mais également dans le management de leur société. Et qui de plus convaincant dans ce domaine que JeanFrançois Zobritz, ancien dirigeant de la Fonderie FAVI, véritable révolutionnaire du management. Avec l’humour qui le caractérise, il a partagé sa vision du fonctionnement de l’entreprise basé sur les collaborateurs qui sont sa véritable richesse, à savoir les ouvriers et les commerciaux. Dans les années 1980, ce précurseur a aboli, au sein de sa société, les échelons hiérarchiques et a responsabilisé les salariés. Un modèle qui fonctionne et qui a fait depuis des émules, à l’image de l’entreprise nantaise CHRONO Flex, spécialiste du dépannage de flexibles hydrauliques sur engins de chantier. "Les professionnels de la location doivent relever le défi de l’innovation et de l’adaptation." Les loueurs encouragés à proposer du full service "Nous ne sommes pas encore à l’époque du tout-location", affirme Didier Thévenard, directeur matériel du groupe Eurovia et animateur général des comités matériel à la Fédération Nationale des Travaux Publics (FNTP). Même si la location de matériels de travaux publics est une réalité pour le groupe, elle ne concerne qu’une partie des matériels. "Nous avons deux sources de matériels : notre parc propre et une source locative. Nous achetons principalement le gros matériel fondamental et nous faisons appel aux loueurs pour le petit matériel. Nous externalisons également en délégation de travaux à des sous-traitants pour des opérations bien spécifiques (balayage, rabotage, petit terrassement…)", confie Didier Thévenard. Un système historique pour Eurovia mais qui est loin d’être figé. Chaque situation est analysée. "Nous évaluons la valeur ajoutée à posséder le matériel et, si ce n’est pas le cas, nous n’avons pas de raison de l’acheter. Ce qui est disponible chez des loueurs, nous le louons. L’un ou l’autre n’est pas plus ou moins économique, nous agissons en fonction de l’offre, du contexte". D’un pays à l’autre, Eurovia procède différemment : "Au Royaume-Uni, par exemple, nous nous positionnons davantage sur du service, ce qui induit plutôt la possession de petit matériel. En Amérique du Nord, les chantiers sont plus importants et nous louons du gros matériel sur de la courte durée". Le groupe s’adapte à la zone géographique, à l’activité et à l’offre. "Le bon sens prime. Ainsi, nous louerons à plein temps sur des sites industriels fixes où nous sommes sûrs d’avoir de l’activité car les prix de location seront sûrs. Pour des chantiers furtifs, le loueur sécurisera ses prix, et il sera alors plus intéressant de posséder. C’est l’usage qui oriente le choix. L’économie d’usage et le coût total de possession entrent toujours en ligne de compte". Le directeur matériel du groupe Eurovia regrette que "les fournisseurs français ne sachent pas très bien faire des offres clé-en-main, full service avec entretien, plus modulables et sans engagement avec des organismes financiers", ce qui représente un frein à la location. Le service, l’entretien des machines, les disponibilités, les modalités de location sont autant de critères incontournables dans le choix des clients. Le Magazine du DLR ■ 015 014 21 nos métiers Face aux "poids lourds" de la manutention, la PME tire son épingle du jeu Cédric Bremard L’entreprise de matériels de manutention Charles Service, basée en Seine-et-Marne, mise sur l’appui de sa marque premium, la proximité avec ses clients, le service et la réactivité pour se différencier des grands groupes de la profession. Avec 35 collaborateurs, un chiffre d’affaires oscillant entre 6 et 6,5 millions d’euros, deux agences (à Chelles et à Sainte-Geneviève-desBois), l’entreprise Charles Service n’appartient pas à la catégorie "poids lourds" de la manutention. Pourtant, la société basée à Chelles est bien implantée dans le secteur de l’Île-deFrance et développe son activité. Cédric Bremard a, depuis sa reprise de l’entreprise en 2010, donné une nouvelle impulsion en engageant de nombreux changements. "Charles Service a été fondée en 1946. Initialement, l’activité portait sur la fabrication de remorques et très rapidement, l’entreprise a fait de la vente de chariots élévateurs. Quand j’ai repris la société, une seule marque, Yale, était distribuée. Le service après vente représentait 70% de l’activité. Les collaborateurs étaient donc logiquement plutôt des techniciens que des commerciaux", relate le dirigeant. Sous l’impulsion de Cédric Bremard, Charles Service a vécu de nombreuses évolutions. Outre Yale, l’entreprise est désormais également distributeur des marques JCB, JLG (nacelles élévatrices), Ausa (chariots tout terrain), Simaï (tracteurs électriques). "Notre objectif est le service aux clients, trouver la solution technique et répondre à leurs demandes. Il a fallu former les équipes à ces nouveaux produits, que ce soit au niveau de la vente comme du SAV. Nous avons renforcé notre équipe commerciale. Aujourd’hui, nous sommes capables de répondre à toutes les demandes de nos clients." L’activité de l’entreprise se partage entre la vente de neuf et d’occasion, la réparation, la 22 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR maintenance toute marque, le SAV, la location longue durée, le rayonnage et l’aménagement d’entrepôt. Vécue en pleine période de réorientation de l’activité, la crise n’a pas trop impacté Charles Service. "Nous avons enregistré une progression de chiffres justement car nous développions la partie commerciale de l’activité". La société concentre son activité exclusivement sur l’Île-de-France. "Il y a beaucoup d’utilisateurs sur ce secteur et notre marge de progression est importante". La typologie des clients de l’entreprise est diverse : sur la partie service après vente, Charles Service travaille en majorité pour des clients "historiques" ; sur l’activité commerciale, une nouvelle clientèle a été conquise. Charles Service fournit aussi bien des petites entreprises que des grosses structures. La location longue durée représente environ 40% du chiffre d’affaires. "Cette tendance est liée à des problématiques de trésorerie mais ce n’est pas l’unique raison. Les clients veulent externaliser le problème du matériel, ne plus se charger de l’entretien en interne. C’est un vrai changement d’habitude et cela nécessite, entre le prestataire et le client, une relation sur le long terme". Et la relation-client, le service de proximité, la réactivité constituent de véritables atouts pour des entreprises de la taille de Charles Service, qui se démarquent ainsi des grands groupes concurrents. "Notre difficulté est de proposer des financements équivalents à ceux que peuvent offrir des groupes. Le financement ne fait pas toujours la différence, c’est un des éléments qui entrent en ligne de compte, mais pas le seul. Parmi les arguments que nous pouvons opposer, il y a notre capacité d’adaptation plus aisée aux clients. Nous essayons de trouver des solutions au cas par cas. La connaissance de nos clients nous démarque. Dans les petites entreprises, la décision peut être prise dans la journée, ce qui n’est pas le cas dans les grosses structures. Nous sommes dans l’opérationnel plus que dans la politique interne. De plus, nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur le réseau d’un grand constructeur comme Yale. Tout seuls avec une marque non premium, nous aurions plus de difficultés à rivaliser. Nous bénéficions de l’appui de cette marque pour nous ouvrir vers de grands comptes", estime Cédric Bremard. "Nous sommes dans l’opérationnel plus que dans la politique interne." la manutention La concurrence chinoise n’est pas encore pour demain L’ombre de la concurrence chinoise plane depuis plusieurs années sur le monde du matériel de manutention et de BTP. Les inquiétudes des distributeurs et des loueurs sontelles fondées ? L’arrivée en masse des machines chinoises sur le marché européen en général, et français en particulier, n’est pas pour demain, comme l’expliquait clairement Paul Howard, économiste au sein du cabinet Off Highway Research, lors de la 13ème Journée de la Distribution. "La structure du marché en Europe, avec plus de 50% occupé seulement par les mini-pelles et les télescopiques, ne correspond pas à la production en Chine, qui est en surcapacité de fabrication de pelles sur chenilles et de chargeuses sur pneus. Les produits à écouler ne répondent pas à la demande du marché européen". Mais cette inadéquation entre le marché et la production n’est pas le seul frein à une arrivée immédiate du matériel chinois en Europe. Les constructeurs chinois doivent également se conformer aux normes européennes, et cette adaptation entraînera un surcoût de fabrication de ces machines nécessitant alors une mécanique de précision. Une analyse que partage Renaud Buronfosse, délégué général du Cisma, syndicat des équipements pour la Construction, les Infrastructures, la Sidérurgie et la Manutention. "Les constructeurs chinois sont maintenant bien conscients que, pour vendre en Europe, il faut du matériel de qualité et aux normes. Alors ils achètent les composants en Europe. Pour proposer des prix compétitifs, il ne leur reste plus que la maind’œuvre, mais elle ne représente pas la partie la plus importante dans la construction des matériels de BTP". Des organisations telles que le Cisma veillent à éviter l’utilisation sur le territoire français d’engins non conformes aux normes européennes. "Sur chaque salon, nous faisons sys- tématiquement des contrôles toutes marques et nous demandons, le cas échéant, la pose d’un panneau spécifiant les matériels ne pouvant être vendus sur le territoire européen". Le Cisma apporte également son appui technique aux services de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF). L’indispensable réseau de distribution Les constructeurs de "l’Empire du milieu" doivent régler d’autres points pour conquérir le marché européen : l'absence de réseau de distribution, un service après-vente inexistant et les difficultés à trouver des pièces détachées freinent leur implantation. "Leur difficulté aujourd’hui est de disposer d’un réseau de distribution. Et il n’y a pas énormément de concessionnaires sur la place qui ont les moyens financiers, techniques et humains pour représenter des marques. Le constructeur doit apporter à son réseau de concessionnaires la formation, les bonnes notices, un appui promotionnel, l’accès aux pièces…", indique Renaud Buronfosse. Aujourd’hui, quelques marques chinoises sont présentes en France via les importateurs ou avec des filiales françaises. Un autre phénomène est à noter : le rachat par des constructeurs chinois d’entreprises européennes. "Ils achètent à la fois la technologie, le réseau, le nom et développent ensuite d’autres produits". Sur le marché des matériels de manutention dits simples tels que les transpalettes, les chariots, on voit apparaître des produits chinois. Une tendance qui ne se vérifie pas pour les matériels de travaux publics plus perfectionnés. À terme, les fabricants chinois vont-ils investir le marché européen ? "Il n’y a aucune raison que cela ne se fasse pas, mais on note une surcapacité de production partout. À mon sens, il y a déjà beaucoup trop de marques. Le marché européen s’est un peu tassé et ne représente plus, par rapport aux pays émergents, l’avenir. C’est une zone mâture qui a besoin de matériels de renouvellement, de produits sophistiqués pour lesquels les constructeurs chinois devront être au niveau". Si les entreprises chinoises ne sont pas encore des concurrents menaçants en Europe, leur prédominance sur le marché africain pénalise les constructeurs européens. "En Afrique, la question de l’empreinte environnementale et des normes ne se pose pas. Les constructeurs européens ont du mal à vendre dans ces pays face à du matériel chinois moins onéreux", conclut Renaud Buronfosse. "Les produits à écouler ne répondent pas à la demande du marché européen." Le Magazine du DLR ■ 015 014 23 économie Conjoncture 2013 et 2014 Les performances des fournisseurs de matériel de BTP concordent avec la situation difficile du secteur de la construction Après une dégradation continue en 2012, le climat des affaires dans le bâtiment s’est stabilisé à un niveau bas au second semestre 2013. L’objectif du gouvernement de construire 500 000 logements par an s’est avéré trop ambitieux. La cible a été largement manquée en 2013 : seules 332 000 habitations nouvelles ont été mises en chantier (-4% par rapport à 2012). La situation a été plus favorable sur le segment des locaux professionnels, avec une hausse de 16% des surfaces mises en chantier. Résidences et locaux compris, le chiffre d’affaires des entreprises du bâtiment s’est replié de 4% en 2013. Côté travaux publics, malgré un effet favorable attendu avant les élections municipales, l’activité a stagné en 2013 (-0,6% par rapport à 2012, d’après les données de la FNTP). 24 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR Chiffre d’affaires (en milliards d’euros) 6 5,63 5,64 5 4 3,94 4,98 4,98 3,70 3,81 3,81 1,85 2,00 1,96 2012 2013e 4,18 3,65 3,60 4,89 3,17 3,27 1,59 1,59 2009 2010 2011 Location Manutention 2 1,95 1,91 1 0 2007 2008 Distribution Source : bilans DLR 3 Evolution du Chiffre d'affaires (variation d'une année sur l'autre en %) 20% 10% 0% 0% 0% -2% -10% -20% -30% -40% 2008 2009 2010 2011 2012 2013e Source : bilans DLR 2013 a été une année "blanche" pour les trois professions du DLR. Les enquêtes annuelles de la fédération, les Bilans, indiquent en effet une stabilité du chiffre d’affaires pour la Distribution et la Location de matériel de BTP (+0% par rapport à 2012). Le chiffre d’affaires de la Manutention a baissé de 2%, ce qui équivaut également à une stabilité, comparé aux évolutions à deux chiffres observées par le passé. Le marché de la Distribution s’établit donc une fois de plus à 5 milliards d’euros. Cinq années après le décrochage des ventes en 2009, la profession n’a toujours pas retrouvé son volume d’activité d’avant-crise. La Location a, quant à elle, représenté un marché de 3,8 milliards d’euros en 2013, soit 4% de plus que le pic de 2008. Enfin, le chiffre d’affaires de la Manutention s’est élevé à 2 milliards d’euros, soit un montant comparable à celui de 2008. Le chiffre d’affaires des fournisseurs de chariots de manutention s’est légèrement contracté mais cette évolution s’explique, en partie, par un effet "contrecoup" : les performances commerciales ont été correctes lors des deux années précédentes (respectivement +16% et +8%) alors même que la conjoncture des secteurs clients – industrie, commerce et transport de fret – s’était détériorée. Les acquisitions de chariots en 2011 et 2012 ont été motivées par un mouvement de renouvellement du parc existant qui s’est logiquement estompé par la suite. En 2013, les professions du DLR n’ont pas coupé dans les effectifs en dépit de la stagnation de l’activité. L’emploi a même légèrement progressé dans la Location (+1,4%) et dans la Manutention (+1%). Sans réduction suffisante des charges fixes, le résultat net de ces deux secteurs s’est affaibli en 2013 pour s’établir respectivement à 3,4% et à 2,4% du chiffre d’affaires. Les réponses à l’enquête "Bilan de la Distribution" ont été insuffisamment nombreuses et précises cette année pour établir une estimation robuste du résultat net sectoriel. Compte tenu d’une stabilité des effectifs employés par les Distributeurs, le résultat net pourrait avoir été relativement stable (le Bilan 2014 permettra de revenir sur ce point). Les performances des métiers du DLR en 2014 ne devraient pas sensiblement s’éloigner de celles de 2013 Au premier trimestre, les professions du DLR ont enregistré une légère hausse du chiffre d’affaires. La météo n’est toutefois pas étrangère à ce petit sursaut : cette année, les conditions climatiques ont été favorables à l’avancement des chantiers alors qu’il y a un an, elles avaient été source d’importants retards. Les fournisseurs de matériel de BTP ne se laissent pas tromper par les performances du premier trimestre. Les anticipations restent en effet mal orientées. "L'année 2013 a été une année "blanche" pour les trois professions du DLR." La croissance économique française devrait lentement repartir (+1% en 2014 après +0,3% Le Magazine du DLR ■ 015 014 25 économie "Les sociétés de construction devraient cette année encore endurer un manque criant de commandes." 26 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR Résultat net ( en % du chiffre d'affaires) 8% 7% distribution BTP 6% location BTP 5% distribution/location/ manutention 4% 3,4% 3% 2,4% 2% Sources : Bilans DLR. n.d. 1% 0% 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013e Résultat net rapporté au chiffre d’affaires PIB 6% Construction (valeur ajoutée en volume) 4% 2% 1,0% 1,5% 0 prév. PIB -2% -4% -6% -8% 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 Source : Insee, prévisions Asterès. en 2013). La reprise est toutefois précaire. Les sociétés de construction devraient cette année encore endurer un manque criant de commandes. On relève en effet cinq facteurs anxiogènes pour ce secteur : 1. La construction de logements neufs demeure faible et ne devrait pas fortement repartir cette année ; 2. L’effet des élections municipales n’opère plus. L’année sera vraisemblablement "blan- che" en termes de commandes communales ; 3. L’écotaxe ne rapportera rien à l’Etat en 2014 et son avenir est incertain. Or cette fiscalité est censée financer 800 millions d’euros de travaux par an ; 4. Les dotations de l’Etat aux administrations locales vont être amputées de 10 milliards d’euros sur 3 ans. Les collectivités pourraient anticiper ce trou budgétaire en gelant dès cette année des projets d’investissement ; 5. La réorganisation des cartes administratives et les jeux de pouvoir à la suite de la réforme territoriale pourraient perturber durant un temps la mise au point de nouveaux projets d’investissement. Même si le processus de reprise économique est très lent en France, il est engagé. 2014 pourrait donc bien être une nouvelle année de stabilité pour les trois professions du DLR. Les entreprises doivent tenir bon car, au-delà des remous de 2014, les vents conjoncturels pourraient être plus favorables en 2015, même si le souffle manquera vraisemblablement encore de puissance. Surtout, la visibilité sera plus forte, ce qui facilitera les choix d’investissement. D’ici là, les dirigeants d’entreprise doivent continuer de surveiller les coûts et d’optimiser l’organisation de leur(s) établissement(s). Lorsque la conjoncture se redressera enfin, ces efforts seront récompensés par un bond appréciable du résultat net. "2014 pourrait bien être une nouvelle année de stabilité pour les trois professions du DLR." Le Magazine du DLR ■ 015 014 27 dossier Économie circulaire, le nouveau modèle économique la raréfaction des ressources naturelles doit conduire à une écoconception du produit, à une utilisation modérée des ressources non renouvelables, à la prise en compte en amont du traitement des ressources renouvelables et à la valorisation des déchets comme potentielles Le 21e siècle signe la fin du modèle de déveressources. loppement économique qui a prévalu depuis la révolution industrielle, à savoir la produc- Les exemples dans différents domaines tion linéaire à partir de matières premières, prouvent que l’économie circulaire est déjà sans souci de durabilité et d’épuisement des une réalité. Ainsi, une société d’impression a ressources. Ce schéma a montré ses limites et créé un circuit de collecte de cartouches usées d’aucun aujourd’hui ne peut nier qu’il a conduit dont l’ensemble des composants est intégré au tarissement des matières premières. Nos dans des cartouches neuves alors qu’auparaprélèvements sur les ressources naturelles vant ces composants étaient détruits. Dans le excèdent largement la capacité de la terre à monde agricole aussi, l’économie circulaire a les régénérer et à absorber les déchets pro- sa place. Une coopérative betteravière dans duits. La réduction des impacts environnemen- l’Aube s’est associée à une entreprise du BTP taux, telle qu’elle a été engagée suite à la prise qui réutilise, sur ses chantiers, le sable qui a de conscience collective, ne pourra suffire à servi au lavage des betteraves. Des solutions rétablir l’équilibre. Un changement en profon- écologiques et économiques indéniables. deur de notre schéma économique, une véri- L’usage plutôt que la possession table révolution se dessine. Le modèle de pro -duction linéaire - extraire, fabriquer, consom- Si les industriels doivent repenser la concepmer, jeter – ne peut perdurer et le concept tion et le cycle de vie du produit, pour les d’économie circulaire tend à lui succéder. consommateurs aussi, l’économie circulaire Économie circulaire, un terme auquel plus entraîne des changements profonds des habipersonne ne peut échapper et ce nouveau tudes de consommation. Oublier la case déchèmodèle économique en devenir mobilise, aux terie comme seule issue à la défection d’un quatre coins de la planète, instances politiques, objet ! Les produits seront conçus pour durer, associations de protection de l’environnement pour être réparés, démantelés et utilisés à et industriels. Des organisations spécifiques, d’autres fins. Le consommateur devra se poser à l’image de l’Institut de l’économie circulaire la question du besoin et de la simple envie. en France, naissent dans les pays industrialisés Bien sûr, il est possible de changer son télévipour organiser la "révolution de l’économie seur au profit d’un modèle plus performant, à la qualité d’image supérieure, mais plutôt que circulaire". de jeter l’ancien, pourquoi ne pas le vendre ou Réduire, réutiliser, recycler le donner ? Comme dans la nature, l’économie circulaire La possession d’un bien tend à n’être plus une s’appuie sur un cycle au sein duquel les dé- fin en soi. Pour preuve le succès des Vélib’ et chets produits par les uns deviennent matières autre Autolib’, ou encore des sites internet premières pour les autres, pour former un proposant de la location de petit outillage ou écosystème limitant les pertes. Ce nouveau d’électroménager. Quand on sait que le temps modèle bouscule totalement l’idée même de d’utilisation d’une perceuse sur toute sa durée conception et de production. Etre conscient de de vie est de douze minutes, quel est l’intérêt L’économie circulaire doit permettre de préserver les ressources naturelles tout en satisfaisant les besoins des consommateurs toujours plus nombreux. 28 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR de s’équiper individuellement plutôt que d’en partager l’usage ? Ces nouveaux services de partage démocratisent le principe d’économie de fonctionnalité, qui consiste à proposer la vente d’un usage plutôt que du bien lui-même. L’économie de fonctionnalité s’inscrit totalement dans les principes de l’économie circulaire. Et là encore, nous avons dépassé la phase d’expérimentation : Xerox fait payer les photocopies plutôt que les photocopieurs ou encore Michelin propose à ses clients de ne plus payer les pneus mais les kilomètres parcourus. Le passage à l’économie circulaire nécessitera une évolution des comportements et des business models. "La possession d'un bien tend à n'être plus une fin en soi." Lexique Écoconcevoir : prendre en compte les impacts environnementaux d’un produit tout au long de son cycle de vie (de sa production à sa destruction). Économie de fonctionnalité : vendre l’usage d’un produit plutôt que le produit luimême. Recycler : réutiliser les matières premières issues des déchets, soit pour des produits similaires soit pour d’autres types de produits. Réemploi : opération par laquelle des substances, matières ou produits qui ne sont pas des déchets, sont utilisés de nouveau pour un usage identique à celui pour lequel ils avaient été conçus. la "révolution" de l'économie circulaire en marche "La location est un premier pas vers l’économie de fonctionnalité qui entre dans le concept de l’économie circulaire" Grégory Giavarina, délégué général de l’Institut de l’économie circulaire*, nous propose sa vision de ce nouveau modèle économique et son application possible dans les secteurs de la distribution, de la location et du service pour le matériel destiné au BTP et à l’industrie. Qu'entend-on par économie circulaire ? Grégory Giavarina. L’économie circulaire est un modèle économique, social et environnemental dont l’objectif ultime est de parvenir à découpler la croissance économique de l'épuisement des ressources naturelles par la création de produits, services, modèles d’affaires et politiques publiques innovants. Il s’agit par exemple de rallonger les flux de matières (réemploi, recyclage) et de produits (écoconception sans composé toxique ni obsolescence programmée, réparation, réutilisation puis recyclage) tout au long de la vie du produit ou service. Ce modèle repose sur la création de boucles de valeur positives à chaque utilisation ou réutilisation de la matière ou du produit avant destruction finale. Il met notamment l'accent sur de nouveaux modes de conception, production et consommation, le prolongement de la durée d’usage des produits, l’usage plutôt que la possession de biens, la réutilisation et le recyclage des composants. La gestion des déchets ne peut plus se réduire à une conséquence du modèle de production actuel. L’optimisation de l’utilisation des ressources par une écoconception pensée en amont transforme la gestion des déchets en une simple étape de la boucle matière. L’économie circulaire concrétise l’objectif de passer d’un modèle de réduction d’impact à un modèle de création de valeur, positive sur un plan social, économique et environnemental. En quoi la location des biens s'inscrit-elle dans cette notion d'économie circulaire ? En quoi ce nouveau mode économique modifiera-t-il les habitudes des clients et des entreprises ? G. G. La location est un premier pas vers l’économie de fonctionnalité qui rentre dans le concept de l’économie circulaire. Privilégier l’achat de l’usage plutôt qu’un produit contribue à la réduction de l’utilisation des ressources naturelles. G. G. L’économie de fonctionnalité bouleverse des décennies d'habitudes de production et de consommation. Le changement le plus important pour les entreprises concerne leur business model puisqu’il ne s’agit plus de vendre des biens mais leur usage. Pour les consommateurs, le principal enjeu est le passage de la possession d’un bien à sa seule utilisation. Tout le monde n’est pas prêt, mais on constate que les mentalités changent. Quelle est la différence entre économie de fonctionnalité et économie de location ? G. G. L’économie de fonctionnalité, qui vise à optimiser l’utilisation – ou la fonction – des biens et services, se concentre sur la gestion des richesses existantes, sous la forme de produits, de connaissances ou encore de capital naturel. L’objectif économique en est de créer une valeur d’usage la plus élevée possible pendant le plus longtemps possible, tout en consommant le moins de ressources matérielles et d’énergie possible. Le but est d’atteindre ainsi une meilleure compétitivité et une augmentation des revenus des entreprises. Dans le cas de l’économie de location, les produits sont très souvent les mêmes que ceux proposés à la vente. L’économie de fonctionnalité impose de travailler sur la durabilité des produits, leur réparation, leur réutilisation et leur recyclage en fin de vie. Comment l'économie circulaire peut-elle être déclinée dans la branche de la distribution, de la location et de la réparation de matériels BTP et de manutention ? *www.institut-economie-circulaire.fr "L'économie de fonctionnalité bouleverse des décennies d'habitudes de production et de consommation." G. G. Les secteurs qui travaillent dans la location sont, a priori, les plus à même de passer à une offre "économie de fonctionnalité", mais cette transition nécessitera probablement un accompagnement important pour convaincre à la fois les producteurs et les consommateurs de son intérêt. Le Magazine du DLR ■ 015 014 29 dossier Les distributeurs s’adaptent au passage de la propriété à l’usage La location fait désormais partie intégrante de l’offre de services proposée par une grande majorité des distributeurs de matériels de BTP et de manutention. Plus qu’une mutation du marché liée à la crise économique, c’est un véritable changement sociétal qui s’opère dans le domaine de la distribution. La crise n’a été que le révélateur de ce tournant vers la location pris par la profession. "La crise a accéléré la mutation du marché des matériels. Je pense que nous ne reviendrons pas en arrière. Il faut être réactif et suivre ce changement. Il ne s’agit pas d’un deuxième métier mais plutôt d’un métier complémentaire", analyse Pierre Tilly, dirigeant du Groupe Tilly et président de la région Est de la fédération DLR. L’économie circulaire, la valeur d’usage sont passées du concept à la réalité dans ce domaine d’activité. Les entreprises utilisatrices privilégient l’usage à la propriété. "Avoir des machines c’est bien, mais il faut surtout s’en servir. Chez Colas, nous avons 65 000 collaborateurs et autant de machines ; tout est hyper mécanisé mais le but n’est pas de garder des matériels en stand-by. Une nouvelle philosophie d’approche du matériel se met en place. Nous passons de la propriété à l’usage, vers l’externalisation de la possession des matériels. Vous devrez avoir le parc nécessaire au soutien des actions dans une temporalité donnée. Autrefois, il fallait six mois pour réunir les matériels nécessaires à un chantier en Afrique. À présent, il nous les faut pour demain", témoignait Philippe Brissonneau, directeur du matériel du groupe Colas, lors de la journée Distribution du DLR. Vision confirmée par Pierre Tilly : "Les clients n’ont plus besoin d’un parc de matériels hétérogènes et variés. Il y a évidemment des machines de production qui sont utilisées quotidiennement et pour lesquelles il est plus intéressant d’investir, mais le parc est complété au coup par coup par de la location. Pour des matériels généralistes sans accessoire parti- 30 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR culier, les clients font appel aux sociétés de location traditionnelles. Et dans ce domaine, nous ne pouvons pas et nous ne voulons pas lutter contre les grands majors de la location en France. En revanche, sur du matériel plus spécifique, nous avons notre carte à jouer". Un savoir-faire incontestable récentes pourront être proposées, l’objectif des distributeurs n’étant pas, à la différence des loueurs, d’exploiter les machines au maximum. Les distributeurs s’appuient, pour développer cette nouvelle offre, sur leur savoir-faire, la proximité et la relation-client. "Que l’on soit loueur ou distributeur, nous faisons tous le même métier, à savoir la mise à disposition d’un matériel spécifique lié au besoin du client. Ce qui nous différencie ? C’est le savoirfaire. La moitié, voire les trois quarts de nos effectifs sont des techniciens. Ils suivent des formations de haut niveau et sont expérimentés sur les machines que nous distribuons. Notre offre de location est systématiquement adjointe à une offre de services complémentaires", poursuit le dirigeant du Groupe Tilly. Les distributeurs louent essentiellement à leurs clients habituels. C’est d’ailleurs pour répondre à leurs demandes que les entreprises de distribution ont intégré la location. "Des clients souhaitaient disposer ponctuellement d’un matériel que nous avions dans notre stock d’occasion. La location permettait d’accéder à leurs demandes. Au début, des membres de nos équipes répondaient à cette demande supplémentaire et géraient les entrées et les sorties de matériels. Nous en étions aux balbutiements. Aujourd’hui, l’offre est organisée, nous avons intégré de nouveaux métiers similaires à ceux de la location : commerce de l’offre, gestion de parcs, etc… Cette activité a donc été créatrice d’emplois", relate Pierre Tilly. "Les distributeurs s'appuient, pour développer cette nouvelle offre, sur leur savoir-faire, la proximité et la relation client." Autre effet lié à l’intégration de l’activité location : la possibilité pour les distributeurs de disposer d’une offre de matériels d’occasion plus attractive. Auparavant, les distributeurs revendaient essentiellement les matériels repris aux clients suite à une vente. Avec le développement de la location, des machines plus Il ne s’agit donc pas d’une guerre ouverte entre distributeurs et loueurs, les enjeux, l’approche, les services n’étant pas les mêmes. la "révolution" de l'économie circulaire en marche Ce que disent les commandes publiques sur l’évolution du marché Afin de mieux appréhender le marché, la fédération DLR a missionné le groupe Vecteur Plus, leader français dans le domaine de la veille commerciale, pour réaliser une étude de marché sur les matériels de manutention et de TP dans le secteur public en France. Vecteur Plus recense, étudie et analyse les appels d’offres émanant des structures publiques dans les secteurs d’activité propres au DLR. "Notre groupe produit des visions analytiques des marchés. Cette activité d’Intelligence Marchés vise à objectiver le marché. Les professionnels ont une vision parfois faussée et ce type d’étude permet de mettre des chiffres derrière un ressenti, une vue subjective. Il s’agit de voir comment se comportent les donneurs d’ordre dans le secteur public", indique Hervé Chevallier, responsable du service Intelligence Marchés de Vecteur Plus. Les données et les résultats sont autant d’éléments utiles aux adhérents de la fédération pour détecter des opportunités et de nouveaux clients, anticiper de nouvelles tendances. L’étude porte sur deux périodes de référence : le long terme, sur la période 2008-2013, et le court terme, trimestre par trimestre échu. "En France, sur 330 000 marchés publics par an, 40% concernent du BTP pur. Une grosse part d’activité est liée à ces métiers". Les marchés publics étudiés dans le cadre de la commande du DLR ont pour objet l’achat et la location de matériels de BTP et de manutention. Il s’agit principalement de matériels destinés à l’entretien de la voirie, des espaces verts, des bâtiments et à l’environnement. "La commune est le plus gros opérateur public, c’est elle qui passe le plus de marchés. Elle intervient beaucoup sur son territoire en direct. Mais la volumétrie est faible et cela ne représente pas un marché très important", souligne Hervé Chevallier. Les marchés publics sont soumis à de nombreuses influences extérieures. Ainsi, les chiffres du premier trimestre 2014 révèlent une baisse de 9% du marché des matériels de travaux publics et de manutention dont l’une des explications tient aux élections municipales : les communes ont considérablement diminué les publications d’appels d’offres (-23%) sur cette période. "Les élections municipales bloquent la commande publique pendant deux mois. Cette baisse du marché est plus sensible sur les achats que sur la location. Il est vrai que, dans les périodes difficiles, le choix va plutôt se porter sur la location". Mais elle reste de manière générale plus marginale. Les structures intercommunales plus présentes Les professionnels du secteur doivent de plus en plus compter avec les communautés de communes et les communautés d’agglomérations : entre le premier trimestre 2013 et le premier trimestre 2014, la proportion de ces collectivités sur l’ensemble des donneurs d’ordre est passée de 9,71 à 12,85%. Les transferts de compétences, jusqu’alors exercées par les communes, l’élargissement des territoires intercommunaux et le développement de la mutualisation voulus dans le cadre de la réforme des collectivités, sont des facteurs à prendre en compte et qui ont des répercussions sur les marchés. La rationalisation de l’achat sera bientôt la norme, et les matériels seront achetés en moins grand nombre, mais pour une utilisation décuplée. Concernant les autres donneurs d’ordre publics, Hervé Chevallier note que "les conseils généraux ont des difficultés financières et vont limiter les investissements. En revanche, l’Etat continue à avoir un niveau de commande intéressant sur ce marché et ce n’est pas le cas pour les autres secteurs". Une petite embellie du marché, sans doute due en partie aux matériels utilisés dans le domaine de l’environnement. La multiplication des déchèteries, l’augmentation des centres de tri et d’enfouissement des déchets, nécessitent des équipements spécifiques (bennes, compacteurs, chariots, etc.). S’agissant de l’économie circulaire, le spécialiste remarque : "Aujourd’hui, les acheteurs publics sont de plus en plus exigeants sur le prix et la qualité de l’achat. Ils veulent avoir une vision sur le long terme de leurs équipements : ils sont plus exigeants sur l’usage et sur le coût du matériel". "L'État continue à avoir un niveau de commande intéressant, notamment dans le domaine de l'environnement." Le Magazine du DLR ■ 015 014 31 dossier Location et collectivités publiques : l'impossible équation du FCTVA ? MAG2 a rencontré Joël GIRAUD, député des Hautes-Alpes, auteur d'une question écrite au gouvernement sur le Fonds de Compensation de la TVA (FCTVA)* qui "exclut la possibilité laissée aux collectivités de recourir à la location de véhicules industriels". Extrait de cet entretien. "En tant qu’élu local, toutes les problématiques ayant trait à la TVA et son remboursement m’intéressent. Or, petit à petit, on observe un glissement comptable des opérations d’investissement réalisées par les collectivités vers les opérations de fonctionnement, ce qui permet notamment de ne plus rembourser la TVA. La question sur les notions d’investissement et de fonctionnement se pose, car le fonctionnement n’est alors plus une habitude sociétale et devient une catégorie fiscale dans laquelle l’État et les services fiscaux placent un maximum de choses pour éviter ce remboursement de TVA… Ceci est notamment vrai pour tout ce qui relève de la location de matériel car une collectivité n'a pas forcément besoin d'un parc permanent d'engins. Dans une région de montagne telle que les Hautes-Alpes, les collectivités doivent gérer le déneigement et l'entretien de voiries dans des conditions très difficiles, avec des coûts de gestion et de maintenance considérables lorsqu’elles sont dans un système d’investissement car ceux-ci, du fait de leur nature même, échappent au giron du FCTVA. A contrario, la location de courte ou de longue durée présente de nombreux avantages. Pour reprendre l’exemple ci-dessus, un chasse-neige ne sert pas en été. La question de l’achat se pose alors car la collectivité est confrontée à son stockage, son entretien et son amortissement si elle en fait l’acquisition. Or, la location est considérée par le FCTVA comme relevant des frais de fonctionnement. Sa TVA n’est donc pas remboursée, contraignant les collectivités dans leurs prises de décisions, car elles ont 32 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR intérêt fiscalement à acheter. Ceci est une stupidité monumentale. Actuellement, nous ne sommes pas dans un cercle vertueux pour la gestion de certains aspects de nos territoires, et c’est la raison pour laquelle j’ai interpellé le ministre du budget. Nous sommes dans un cycle où, au lieu de coller aux usages, nous collons à la fiscalité. Puisque notre société s’oriente vers une transition des usages - pour ne pas l'appeler transition énergétique - avec une meilleure gestion de l'argent public, il ne doit pas y avoir de "gap" fiscal entre l'acquisition et la location pour un usage rigoureusement identique. La réussite est conditionnée par cela ! Il me paraît alors essentiel de définir les choses par les usages, pour ensuite définir un régime fiscal. Il faut oublier cette notion de fonctionnement-investissement. À la limite, le seul investissement réalisé est d'étendre les garages pour stocker les machines achetées, que les collectivités sont obligées de remiser une grande partie de l’année. Et cela vire au ridicule absolu ! Selon moi, nous sommes à la croisée des chemins : si l'on veut parler de transition énergétique et d'économie circulaire, on ne peut le faire qu'en revisitant notre fiscalité. On ne transforme pas la société en considérant que c'est la fiscalité qui transforme la collectivité. C'est d'abord l'usage qui transforme la société, il faut de ce fait une fiscalité adaptée à cet usage. Et ce changement d'usage, je l'appelle de mes vœux." * Seules sont éligibles au FCTVA les dépenses constitutives d'un investissement réel : il faut une opération non répétitive (non renouvelable à intervalle régulier) permettant l'entrée d'un nouvel élément destiné à rester durablement dans le patrimoine, ou ayant pour effet d'augmenter sensiblement la valeur ou la durée probable d'utilisation d'un bien existant. Ne sont pas éligibles au FCTVA les dépenses de fonctionnement, même d'un montant important, telles que la réparation de véhicules, la maintenance, les frais de formation, le leasing, … Source : Notice FCTVA, Préfecture Pas-de-Calais, Direction des collectivités territoriales. "S'il s'agit de fonctionnement, il n'y a pas de remboursement de TVA. On a donc intérêt fiscalement à acheter, ce qui est une stupidité monumentale." 015 014 DOC la "révolution" de l'économie circulaire en marche Collectivités locales : substituer la location à l'investissement ? MAG2 a sollicité l’avis de Michel Bouvier, professeur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, président de la FONDAFIP* et fondateur de la Revue Française de Finances Publiques, sur la problématique terrain mise en lumière par Joël Giraud, député des Hautes-Alpes. "Au début des années 70, la TVA a constitué un point de friction important entre l’État et les collectivités locales. Ces dernières, compte tenu de l’importance croissante de leurs investissements, ont fini par réclamer son remboursement. La revendication était inévitable car, depuis les années 60, les collectivités locales ont participé à la modernisation du pays et réalisé d’importants travaux d’urbanisme, de voirie, d’assainissement ainsi que des acquisitions d'équipements destinés aux loisirs. De ce fait, les dépenses d’investissement et de fonctionnement liées ont tenu une place de plus en plus grande dans les budgets locaux. Les effets des chocs pétroliers de 1973 et 1976 sur les finances publiques ont également conduit l'État à faire davantage appel aux collectivités locales. Pour satisfaire les élus, un Fond d’Équipement des Collectivités Locales (FECL) a été créé et, avec lui, une subvention destinée à compenser la TVA grevant le coût de leurs investissements. Les sommes octroyées n’étaient alors pas considérées comme un remboursement, mais comme une subvention d’équipement. En 1978, ce FECL est devenu Fonds de Compensation pour la TVA (FCTVA) et un lien a été établi entre la dotation versée et les dépenses d’investissements réalisées. Le FCTVA, qui ne relève pas du droit fiscal, permet de procéder à une compensation quasi totale de la TVA acquittée sur les équipements (sur base d'un taux de 20%). Le mécanisme du FCTVA fait depuis longtemps l’objet de critiques, la plus courante ayant trait à l’absence de prise en compte des dépenses de fonctionnement. En effet, depuis sa création, les comportements des collectivités lo- cales se sont modifiés. On observe notamment une tendance générale qui voit se substituer la location de matériel à son acquisition. En d’autres termes, la culture de l’usage des biens tend à changer considérablement. Ceci conduit à s’interroger sur la pertinence du FCTVA tel qu’il a été conçu et continue de fonctionner aujourd’hui, notamment d’un périmètre d’application qui exclut le remboursement de la TVA sur la location de biens d’équipement. Une autre considération doit aussi être rappelée : normalement exclues du champ de la TVA, les collectivités locales peuvent cependant y être assujetties dans le cadre de l’exploitation d’un service donnant lieu au paiement d’une redevance. Aujourd’hui inscrites dans un modèle de gestion publique qui s’est considérablement rapproché de celui de l’entreprise, elles ont une culture très éloignée de celle qui prédominait durant les "trente glorieuses". Dès lors, pourquoi ne pas les reconnaître comme des acteurs économiques à part entière et élargir le régime TVA à l’ensemble de leurs activités, ce qui les ferait éventuellement bénéficier d’un crédit d’impôt ?" *Organisation internationale visant à promouvoir les échanges entre universitaires, professionnels et décideurs politiques autour des questions de finances et de fiscalité. Le Magazine du DLR ■ 015 014 33 nos actions JDM 2014 : "48h pour trouver un métier !" Les 21 et 22 mars 2014, la 2e édition des Journées du Matériel s'est tenue dans l'objectif de promouvoir les formations et métiers de la maintenance des matériels de travaux publics et de manutention. Organisées par des adhérents de la région Ouest et la fédération, en partenariat avec les collectivités locales et les acteurs publics et privés de l'enseignement, ces JDM avaient décidé de faire la part belle aux essais mécaniques, avec un atelier sous chapiteau, découpé en 8 pôles. Excellente occasion de présenter aux jeunes, à leurs familles et aux personnes en reconversion professionnelle, des spécialités techniques encore trop mal (re)connues. "Tout-en-un", c'est le sentiment qui se dégage de cette manifestation : découverte, formation, utilisation, emploi. Les néophytes trouvaient là la possibilité de découvrir les nombreux matériels prêtés par les adhérents, de comprendre les formations et de se confronter à leur utilisation, sur simulateurs et aux manettes d'engins bien réels. Complément indispensable, des entreprises régionales et nationales présentaient près de 200 postes sur les quelques 1 500 à pourvoir au plan national. En effet, chaque année, les professions du DLR doivent faire face à une pénurie de recrutement. Et il n'est pas exceptionnel qu'une entreprise cherche pendant de nombreux mois avant de réussir à pourvoir des postes en attente. Il faut donc, à chaque occasion, montrer et valoriser les métiers de la maintenance auprès des jeunes, bien sûr, mais également (et peut-être surtout) de leurs familles pour éviter un refrain trop connu en France : "mon enfant n'ira pas dans les métiers manuels". Pourtant, quelle évolution depuis la mauvaise et passéiste image du mécanicien travaillant 34 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR dans l'huile et la boue, avec sa clé à molette et sa cotte sale ! D'où cette action qui vise à présenter la réalité de métiers techniques méconnus. D'autant plus que cette criante pénurie est économiquement problématique, car les clients des professions du DLR sont exigeants. Ils veulent des interventions rapides et des maintenances efficaces sur les matériels et ne supportent pas d'être en retard sur un chantier. Et lorsque le personnel fait défaut, les entreprises deviennent moins compétitives. Former et embaucher n'est donc pas seulement un acte immédiat de la RSE*. Accueillir aujourd'hui des jeunes en stage ou en apprentissage, c'est aussi préparer les recrutements et le développement de demain. C'est d'ailleurs pour cela que des entreprises présentaient aux visiteurs de nombreuses offres d'emplois de postes vacants, à pourvoir localement. L'action des responsables RH et recrutement présents sur le stand du DLR a eu un double avantage pour ces Journées du Matériel destinées à valoriser les formations et l'emploi dans la profession. Tout d’abord, il ne faut jamais manquer une opportunité de rencontrer des candidats potentiels en expliquant les besoins des entreprises aux visiteurs, notamment ceux en reconversion professionnelle. Ensuite, et surtout, il est indispensable de montrer aux jeunes visiteurs, et aux parents ou enseignants qui les accompagnent, que les formations présentées conduisent effectivement à des emplois. Il est en effet vital de rappeler le constat de nos professions : le besoin en personnel est constant chaque année, de par les départs en retraite et grâce aux entreprises qui continuent à recruter malgré la situation économique générale compliquée. Les Journées du Matériel sont donc l’occasion pour la profession de mettre en avant ce signal extrêmement positif : "en choisissant cette filière, vous trouverez les formations et les Votre contact : Florence Dupont-Pruvost - 01 49 89 32 33 - [email protected] promotion des métiers débouchés". De surcroît, des emplois non délocalisables, permettant de travailler dans des entreprises locales qui peuvent embaucher des jeunes sortant des lycées de leur secteur. Ces "48H pour trouver un métier !" présentent également une filière qui permet d'évoluer sur le plan national, voire à l'international pour certaines entreprises. Du CAP à l’école d'ingénieur, en passant par le Bac pro, le BTS et la licence pro selon le profil des jeunes, le cursus est complet. De même que peuvent s'ouvrir les possibilités de carrière comme mécanicien d'atelier, technicien itinérant, chef d'atelier, directeur technique, voire dirigeant d'entreprise. Mais si l'offre de formation est suffisante et bien structurée, il n'y a pas assez de jeunes dans les classes. Et c'est pour apporter leurs témoignages que lycéens et apprentis étaient présents sur les stands et dans les challenges sous chapiteau. Il est en effet important que les jeunes visiteurs de ces deux journées rencontrent et échangent avec des élèves en poste et en formation. Les apprentis sont d'excellents témoins pour promouvoir la qualité et l'intérêt de ces métiers, et c'est en même temps valorisant pour eux. Cette manifestation répond donc à un besoin réel, grâce à des chefs d'entreprises qui préfèrent la réflexion proactive à l'attente désabusée. * Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) 015 014 Témoignages de DRH de la profession, mobilisés dans le cadre des JDM 2014. Le Magazine du DLR ■ 015 014 35 nos actions promotion des métiers Opération séduction avec les Journées Pour l’Orientation Organisées par le lycée Kastler de Dourdan (91) les 4 et 5 avril derniers, les Journées Pour l'Orientation 2014 (JPO) sont l'exemple des manifestations auxquelles le DLR participe pour promouvoir les métiers et filières de formation. Le but : présenter aux jeunes une voie professionnelle et leur future formation, en permettant aux entreprises présentes de faire connaître leurs métiers et, pourquoi pas, recruter de futurs apprentis. Destinée à un public large de collégiens, lycéens, étudiants, l'édition 2014 a accueilli entre 3500 et 4000 élèves venus découvrir de nombreuses filières professionnelles et des métiers différents, où le chômage n'existe pratiquement pas mais qui ne séduisent malheureusement pas les jeunes. Ces JPO ont été coordonnées par Stéphane Battais, chef de travaux du lycée Kastler. Pour lui, "cela permet également aux visiteurs de voir que ces métiers sont technologiques, loin de l'image dévalorisante classique des métiers manuels. Aujourd'hui, les formations et les entreprises utilisent beaucoup d'outils informatiques et électroniques de diagnostic et de réglage qui demandent des compétences techniques plus pointues qu'auparavant, avec une pénibilité moindre, ce qui permet d'accueillir sans problèmes des jeunes filles". Les JPO 2014 de Dourdan accueillaient également la sélection régionale Île-de-France des Olympiades des Métiers. Le but est de faire concourir des jeunes en leur faisant diagnostiquer et réparer des pannes. 13 candidats dont 2 jeunes filles ont travaillé devant un jury composé d'enseignants des filières concernées et de professionnels, chefs d'atelier et responsables techniques d'entreprises. Philippe Cledy, responsable de l'organisation des épreuves sur ces 2 jours, précise que "chaque machine est mise intentionnellement en panne, en visant essentiellement des diagnostics électriques 36 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR et hydrauliques". Réservée au machinisme agricole jusqu'en 2012, la participation de la maintenance des matériels et de ses jeunes candidats aux Olympiades reste encore une nouveauté. Ce sont dorénavant deux heures d'épreuves sur des matériels agricoles, de TP, de manutention et de parcs et jardins pour les concurrents, qu'ils soient en formation ou déjà en emploi, à condition qu'ils n'aient pas encore 21 ans. S'il est vrai que chaque jeune découvre là certains matériels qu'il n'a jamais vus, Philippe Cledy explique que "vu qu’ils maîtrisent les fondamentaux, ils sont censés dominer cette épreuve". Et Stéphane Battais rappelle un point important : "D'un point de vue stratégie de maintenance, la réflexion et la méthodologie générale restent les mêmes. Ce n'est pas le matériel lui-même qui compte, mais l'analyse et la démarche de maintenance". Parmi les partenaires de l’événement, des entreprises accueillaient les visiteurs. CFE LOCATION, adhérente du DLR, a présenté les métiers liés à la maintenance du matériel et mis à disposition des engins pour les Olympiades. Comme de nombreuses sociétés du secteur, elle a du mal à recruter des mécaniciens TP et explore toutes les possibilités pour faire connaître ces postes. Même si Christine Dury, codirigeante de CFE LOCATION, reconnaît que l'image de l'apprentissage et des métiers manuels s'améliore, ils n'ont encore pas bonne presse. Pour elle, cette vision française est préjudiciable car "ce sont des formations relativement courtes qui présentent l'intérêt d'avoir des débouchés en terme d'emploi, ce qui est essentiel. Donc, il faut que nous, professionnels et futurs employeurs, fassions le maximum pour promouvoir la formation professionnelle". Adepte de l'accueil des apprentis, solution permettant de concilier découverte de l'entreprise et formation théorique dans les établissements scolaires, Christine Dury voit dans ces Olympiades la même logique : "faire connaître les métiers de la maintenance mécanique. C'est un bon vecteur de communication pour mettre en lumière nos métiers, pour les valoriser auprès des jeunes, ce qui reste difficile malgré tous les efforts". Mais la formation et l'apprentissage ne sont pas uniquement des facteurs de progression des élèves. C'est également une voie manifeste de maintien et de développement des entreprises puisqu'ils permettent de pourvoir des postes en attente. Christine Dury précise : "cette situation de pénurie de techniciens nous bloque car nous sommes obligés de faire appel à de la sous-traitance, plus chère et dont nous ne maîtrisons pas parfaitement le timing et la prestation. Ensuite, le manque de mécaniciens fait que nous remettons en service nos machines plus lentement que prévu. Nous manquons de fait des affaires car le matériel n'est pas prêt ! D'où une limitation de notre développement". Enfin, puisque qu'une formation adaptée conduit bien à un emploi, la codirigeante de CFE LOCATION assume le rôle social concret de son activité : "l'accompagnement de la formation fait également partie de la responsabilité sociale des entreprises au sens large. D'autant plus que c'est un rôle local : nous sommes des acteurs locaux qui permettons aux jeunes, aux salariés, d'avoir des emplois près de chez eux. C’est aussi très important. D'autant que ces emplois ne risquent pas d'être délocalisés !". 015 014 Témoignages de Jennifer Morel et Ghislain Lamy, apprentis en Maintenance des matériels. "Présenter des métiers où le chômage n'existe pratiquement pas." Votre contact : Florence Dupont-Pruvost - 01 49 89 32 33 - [email protected] forum Forum DLR : "sas d'intégration" au DLR pour les nouveaux adhérents Le Forum DLR fait peau neuve sous l'impulsion de Sonia Dubès. Près de 40 membres se réunissent deux fois par an pour accueillir les nouveaux venus et partager sur leurs métiers. La prochaine rencontre "new-look" se déroulera à la rentrée 2014 à Quiberon, succédant à Bordeaux en 2013. Cette dernière fut l'occasion de rencontrer et d’échanger avec Yvan Gavriloff, expert en innovation, et Jérôme François, tonnelier, prix de l'audace créative 2009. Vincent Galzin, dirigeant de SNM et nouvel adhérent, y a participé. Nous l'avons rencontré pour recueillir ses impressions et savoir pourquoi il a décidé de rejoindre le DLR "C’est en tant que dirigeant de concession Renault Trucks que j’ai pris conscience de l’importance du réseau, et que je suis notamment devenu membre du CJD (Centre des Jeunes Dirigeants d'entreprise). Adhérer au DLR était donc pour moi une évidence : représentation de mon métier, échanges avec des confrères qui ont les mêmes préoccupations, rompre l'isolement du dirigeant, partager de bonnes pratiques et, finalement, créer ce réseau indispensable lorsque l'on s'interroge sur sa stratégie et son développement, tout en se sentant membre d'un groupe. J'ai eu la chance d'être invité au Forum et je veux remercier mes collègues pour leur accueil. J’avais effectivement l'impression de faire partie d'une famille. C'était assez fort. De plus, l'intervenant et les visites étaient de qualité, ce qui a permis beaucoup de partage. C'est vraiment plus simple pour moi, car j’ai aujourd'hui la possibilité de prendre contact ou d'échanger avec différentes personnes en France, en cas de besoin ou de déplacement. Ce club apporte de nombreuses choses intéressantes. Être trente autour d'une table facilite les échanges. De plus, comme entrepreneur, je me trouve face à la 2e ou 3e génération d'enfants ou de petits-enfants qui ont repris des sociétés. À un moment ou à un autre, ils se sont posé les mêmes questions que moi. Cela répond donc complètement à mes attentes." Vous avez la double vision Adhérent DLR/CJD. Que dire aux dirigeants qui craignent de rencontrer des concurrents et perdre des marchés ? "Échanger avec des confrères ne m'a jamais fait perdre un client. C'est sans doute la meilleure réponse ! Ensuite, on n'est pas obligé de communiquer avec tout le monde. Si l’on est parfois en concurrence sur des secteurs identiques, on se rend vite compte que la segmentation de clients n’est pas tout à fait la même et l'important, c'est la façon de développer nos entreprises. Personne au DLR ne me semble être là pour prendre les clients d’un autre, mais pour faire progresser son entreprise et échanger des "best practices". Nous ne partageons pas nos carnets d'adresses ou nos informations. Par contre, ceux qui restent isolés perdent l'occasion de découvrir ce qui pourrait justement les aider dans leur développement. Le réseau, l'entraide, sont très importants. Le chef d'entreprise ne doit pas rester seul. Adhérent du CDJ, j’échange sur les pratiques de management. Pour une question métier, j'appelle la fédération ou des collègues de la profession. C'est vraiment un réseau d'entraide, et je ne peux qu'encourager ce type d'adhésion !" 015 014 Le Magazine du DLR ■ 015 014 37 nos actions social Le bilan social 2012 marqué par la nouvelle classification des emplois Le bilan social 2012 est un véritable outil pour les négociations collectives de la branche. L’enquête annuelle réalisée auprès des entreprises adhérentes au DLR permet de dégager les grandes tendances sur la taille des entreprises et leur implantation sur le territoire national, les effectifs, la pyramide des âges, l’ancienneté, les salaires, le turn over, la durée annuelle du travail… Les entreprises adhérentes, conscientes de l’importance de ces données, sont, chaque année, plus nombreuses à participer à cette enquête. Ainsi, le bilan social 2012 s’appuie sur les retours de 102 entreprises soit environ le quart des entreprises adhérentes. "Plus le panel est important et plus les négociations peuvent se faire au plus près des intérêts des entreprises. Afin de faciliter le travail de collecte pour les entreprises, nous avons développé un outil qui leur permet d’extraire directement une partie des données de leur DADS", indique MariePierre Gagny-Gorce, directrice des affaires sociales au DLR. Pour la première fois, une des entreprises d’envergure adhérente à la fédération, LOXAM, a répondu à l’enquête. "La participation de LOXAM est très positive. Du fait de l’importance des effectifs, 3 700 salariés, les données de cette entreprise sont exploitées partiellement dans le cadre de l’enquête pour ne pas créer un déséquilibre artificiel. Mais la prise en compte de ces informations consolide un certain nombre de données notamment démographiques". 2012 est une année particulière puisqu’elle a vu la mise en œuvre de la nouvelle classification conventionnelle des emplois au 1er novembre. Les données analysées sont "mixtes" : certaines entreprises ont transmis au DLR leurs données avec l’ancienne classification, d’autres les données avec la nouvelle, et enfin une minorité les données portant sur 38 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR les deux. Une très nette cohérence de profils entre l’ancienne et la nouvelle classification est constatée. "Cette nouvelle classification ne révèle pas de changements fondamentaux. Il n’y a pas de modification essentielle si ce n’est un glissement vers un coefficient supérieur au profit de la catégorie ouvriers-employés. Pour les entreprises, c’est un vrai outil de gestion des ressources humaines". Une première photographie sur l’utilité des emplois repères a pu être établie. Cette nouvelle classification permettra d’affiner encore les éléments des situations individuelles des salariés de la branche, notamment en matière de niveaux de rémunération et de durée et d’organisation du temps de travail. départ à la retraite. La diminution du nombre de jeunes est plus inquiétante. Les entreprises en forment moins à nos métiers. Les contrats de génération devraient permettre de favoriser l’embauche nécessaire des jeunes. Les entreprises doivent poursuivre les efforts pour intégrer les juniors et permettre l’acquisition de compétences nouvelles ainsi que le transfert des savoir-faire des salariés seniors". L’enquête révèle une baisse notable du taux de turn-over, passant de 23% en 2011 à 15,3% en 2012, le taux le plus bas depuis cinq ans. "Cela s’explique par un besoin de sécurité des salariés : ils hésitent beaucoup plus à changer d’entreprise". S’agissant du nombre d’heures travaillées en 2012, il a légèrement diminué par rapport à Moins de jeunes et plus de seniors 2011, qui avait enregistré une forte hausse de Autre fait notable que fait ressortir le bilan la durée du travail. Néanmoins, la dusocial 2012 : la baisse de représentation des rée annuelle, 1912 heures en moyenne jeunes dans l’entreprise (11,9% des effectifs par salarié, reste largement supérieure à la contre 13,4% en 2011) et l’augmentation im- durée légale. Le secteur professionnel utilise portante du taux d’emploi des plus de 50 ans largement les outils de flexibilité négociés en (17,5% des effectifs contre 15,7% en 2011). matière de durée et d’organisation du temps "L’augmentation des plus de 55 ans au sein des de travail. entreprises est liée au recul de l’âge légal de Votre contact : Marie-Pierre Gagny-Gorce - 01 49 89 32 38 - [email protected] Le Magazine du DLR ■ 015 014 39 nos actions Arrêts maladie et complémentaire santé pour tous La thématique de la santé a constitué l’essentiel de la huitième rencontre du club DLRH, à Marseille, en marge du Congrès du DLR. Une vingtaine de dirigeants et de responsables des ressources humaines représentant des entreprises de tailles diverses des trois secteurs d’activité a bénéficié de l’expertise du service social de la Fédération sur les droits et obligations du salarié et de l’entreprise en cas de maladie. La journée s’est poursuivie par un thème d’actualité : le choix et la gestion de la complémentaire santé applicable à l’ensemble des salariés à compter du 1er janvier 2016. Les chefs d’entreprise et leur service des ressources humaines doivent fréquemment faire face à des arrêts maladie avec toutes les conséquences qui en découlent. Le DLR est souvent sollicité à ce sujet. La gestion des arrêts maladie, leurs incidences sur l’organisation des services, la suspension du contrat de travail pendant l’arrêt, la possibilité de rompre ou non le contrat de travail, l’acquisition des congés payés et l’ancienneté durant ces périodes sont autant de points qui ont été détaillés par Sandra Sznajder et Charlotte Nguyen-Suc, juristes chargées des questions sociales au DLR. En voici quelques extraits : Le salarié doit informer son employeur, dans les meilleurs délais, de son absence. Il doit fournir, dans les trois jours, un arrêt maladie. "En l’absence de justificatif, vous pouvez mettre en œuvre votre pouvoir de sanction. La jurisprudence admet un licenciement après plusieurs mises en demeure de reprendre le travail et plusieurs jours d’absence non justifiés". L’employeur peut émettre des doutes sur un arrêt maladie (production d’un faux, arrêt "remanié"…) et le contester mais il ne peut en aucun cas apprécier son bienfondé. "Vous pouvez faire procéder à une contre-visite par un organisme externe spécialisé qui sera chargé de vérifier que l’arrêt est justifié et si le salarié respecte ses horaires de sortie. En 40 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR fonction des résultats de la contre-visite, l’employeur peut être fondé à cesser le versement du complément de salaire lui incombant." Le salarié en arrêt maladie a une obligation de loyauté, c’est-à-dire qu’il doit communiquer tous les éléments nécessaires au bon fonctionnement de l’entreprise ; il n’a pas le droit de concurrencer son employeur pendant son arrêt maladie. En revanche, s’il exerce une autre activité non concurrentielle, il est dans son droit. mois d’ancienneté au cours d’une année civile en cas de suspension de son contrat de travail pour maladie ou accident non professionnel. En matière de prévoyance, l’employeur devra maintenir le salaire net au premier jour de l’arrêt maladie et ce pour tous les salariés, quels que soient leur contrat de travail ou le type d’arrêt. La subrogation pour maintien de salaire, fréquemment pratiquée dans les entreprises, ne peut pas être dénoncée au cas par Les spécialistes du DLR ont alerté les chefs cas. d’entreprise quant aux avantages en nature La mutuelle pour tous accordés aux salariés et à leur utilisation durant La seconde partie de cette rencontre DLRH un arrêt maladie. "Est-ce que ces biens (ordina- était consacrée à une présentation, par Isabelle teur, téléphone portable, véhicule de fonction) Neuvialle, responsable des assurances de persont à usage strictement professionnel ou sonnes chez Delta assurances, de la généralisamixte ? Cela doit être clairement précisé dans tion de la couverture complémentaire santé à les contrats de travail. Si le bien est à usage tous les salariés. professionnel, le salarié malade doit le remettre La généralisation de la couverture complémenà l’entreprise. Si l’usage est mixte, le matériel taire santé, prévue par la loi sur la sécurisation est considéré comme un élément de rémuné- de l’emploi du 14 juin 2013, impose aux emration et le salarié le conservera pendant son ployeurs d’assurer à tous les salariés une couarrêt maladie sauf si une clause contractuelle verture collective minimale des frais de santé est prévue et sous certaines conditions". d’ici le 1er janvier 2016. L’entreprise, quelle que Des tableaux "d’équivalence" permettent de cal- soit sa taille, doit en financer la moitié du coût. culer les congés payés en fonction du nombre Une négociation a été ouverte au niveau de la d’arrêts maladie pendant l’année. L’ancienneté branche. "Un ou plusieurs organismes pourest également impactée : "la convention collec- raient être recommandés dans la convention tive SDLM prévoit que le salarié acquiert trois collective. Les partenaires sociaux travaillent Votre contact : Sandra Sznajder – 01 49 89 32 37 – [email protected] club DLRH sur des garanties afin de négocier un régime digne de ce nom", précisait Marie-Pierre GagnyGorce, directrice des affaires sociales au DLR. Isabelle Neuvialle a balayé ce sujet très vaste en commençant par rappeler les grands principes et les textes fondateurs de la protection sociale en France. Les entreprises ont le choix du régime de frais de santé et de son périmètre. Les grands postes de dépenses portent sur l’hospitalisation, les frais médicaux, la pharmacie, les frais dentaires, l’optique. La généralisation de la complémentaire santé devra comprendre un socle minimal de garanties. "La contribution de l’employeur doit être fixée à un taux et un montant uniformes pour l’ensemble des salariés ou des catégories dites objectives de salariés. Ces catégories sont à définir par l’entreprise selon des critères précis". Le type de contrat, le niveau de garanties, la démographie du groupe à assurer, la zone géographique, détermineront le tarif. La généralisation de la complémentaire santé permettra à tous les salariés de bénéficier d’une protection sociale complémentaire ; elle constitue par ailleurs un élément de rémunération indirecte. "La loi impose d’assurer à tous les salariés une couverture collective minimale des frais de santé d’ici le 1er janvier 2016." Le Magazine du DLR ■ 015 014 41 maintenance sécurité, qualité environnement nos actions La prévention des risques professionnels à la loupe Le DLR a conduit, pour la première fois en 2013, une enquête sur la prévention des risques professionnels auprès des entreprises du secteur. La loi impose aux chefs d’entreprise, quel que soit le nombre de salariés, de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé des travailleurs ainsi qu’évaluer et prévenir les risques encourus au sein de l’entreprise. Cette obligation règlementaire est lourde pour les entreprises qui peuvent trouver appui auprès des services de l’inspection du travail, de la caisse d’assurance maladie, d’organismes privés spécialisés et, bien sûr, des fédérations patronales. Le DLR, conscient de l’enjeu que constitue pour les entreprises la prévention des risques professionnels, a lancé pour la première fois en 2013, une enquête en ligne visant à connaître les pratiques relatives à la sécurité dans les entreprises du secteur. 110 sociétés - distributeurs, loueurs, réparateurs de matériel de BTP ou de manutention, adhérentes ou non à la fédération - ont répondu aux questions du Baromètre de la sécurité 2013, ce qui constitue un panel représentatif et diversifié en termes d’effectifs et d’activité. "La manière dont la prévention des risques est gérée dans les entreprises du secteur est une donnée essentielle pour que le DLR puisse représenter au mieux la profession auprès des ministères, de la CNAM, de l’INRS…", estime la fédération. Cet instantané de la situation des entreprises interrogées en matière de prévention des risques professionnels révèle que 95% d'entre elles ont conscience que leurs collaborateurs peuvent être concernés par un accident lié à leur activité. Et la réalité le confirme puisqu’au cours des trois dernières années, 65% des entreprises du panel ont été touchées par un accident ayant entraîné un arrêt de travail de cinq jours au moins et 25% déclarent avoir reconnu une maladie professionnelle de leurs salariés. Au-delà du constat, le DLR a collecté des élé- 42 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR ments en matière de prévention des risques. Il en ressort que "les politiques de prévention au sein des entreprises visent en premier lieu à respecter la réglementation en vigueur (plus de 90%), éviter les conséquences pénales (plus de 60%), réduire les cotisations accidents du travail (près de 50%) mais aussi, pour près de 40% d’entre elles, atteindre le zéro accident". 86% des entreprises interrogées estiment que le comportement des salariés est le facteur prédominant dans le risque d’accident de travail. 44% des entreprises pensent que les accidents sont dus au manque de formation des salariés. Viennent ensuite l’inexpérience des "juniors" et le recours à l’intérim. Les risques évalués pour 90% des entreprises interrogées Les entreprises sont conscientes du rôle qu’elles ont à jouer dans la prévention des risques et essaient de se donner les moyens de mettre en place des mesures efficaces. La moitié des sociétés interrogées estime que l’encadrement et les salariés sont assez impliqués dans la prévention. Dans plus de la moitié des entreprises, une personne est dédiée à la prévention des risques. Depuis le 7 novembre 2002, l’employeur doit établir un Document Unique (DU) d’évaluation des risques professionnels. 90% des entreprises ont réalisé l’évaluation des risques. 15% des Documents Uniques seulement sont produits en externe. En revanche, l’actualisation annuelle de l’évaluation des risques n’est encore pas entrée dans les mœurs : 16% des entreprises n’ont pas mis à jour leur DU. Elles se tiennent quasiment toutes informées de l’évolution de la règlementation. Les sources d’information privilégiées sont la fédération professionnelle (70%), suivie d’Internet (50%) et de la presse (50%). 30% des entreprises disposent d’un abonnement à une veille règlementaire. Une marge de progression importante existe au niveau de la formation du personnel aux secours : seulement 68% des entreprises ont du personnel formé Sauveteur Secouriste du Travail, 20% ont réalisé un exercice incendie et 18% ont un dossier technique amiante. Ces trois éléments sont pourtant des obligations règlementaires. "Les résultats de cette enquête seront compilés dans une étude qui servira de support aux actions de lobbying menées par le DLR ainsi qu’à la mise en place par la fédération d’une offre de services en adéquation avec les besoins des entreprises. Ils serviront aussi de "matériaux de base" dans la constitution d'un dossier de demande de mise en place d'une Convention Nationale d'Objectif (CNO) entre le DLR et la CNAM", annoncent les responsables de la fédération. Existe-t-il une personne ou un service dédié à la prévention des risques dans votre entreprise ? moins de 10 salariés Aucune 10-49 salariés Un service 50-99 salariés 100-499 salariés Une personne 500 salariés et plus 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% pourcentage d’entreprises Votre contact : Julie Duval - 01 49 89 32 41 - [email protected] Le Magazine du DLR ■ 015 014 43 nos actions maintenance sécurité, qualité environnement Le label SE+, une véritable politique d’entreprise dans les domaines de la sécurité et de l’environnement La sécurité et l’environnement sont au cœur des préoccupations des dirigeants. La prise en compte de ces deux domaines dans la vie de l’entreprise répond non seulement à des obligations réglementaires mais est également considérée comme source de progrès et d’évolution. La mise en œuvre d’une politique d’entreprise allant dans ce sens véhicule auprès des clients une image positive. Si la majorité des entrepreneurs est convaincue de l’intérêt des actions en faveur de l’environnement et de la sécurité, la mise en application opérationnelle est souvent source d’appréhension. La fédération DLR, soucieuse d’apporter à ses adhérents des outils adaptés à leur profession, propose, depuis 2011 sous sa forme actuelle, un label Sécurité Environnement, visant à sensibiliser les chefs d’entreprises à la prévention des risques et à les aider à mettre en place une véritable politique répondant à ces problématiques. Ce label s’articule autour de 186 exigences, réparties en 9 catégories (politique sécurité et environnement, gestion du personnel, documentation légale, évaluation des risques, situations d’urgence, bâtiments, équipements, environnement, affichage). Deux niveaux de certification distincts ont été créés : le niveau SE, qui regroupe toutes les obligations réglementaires et les exigences techniques et le niveau SE+, qui intègre en outre des notions de management de la sécurité et de l’environnement. "Les entreprises sont labellisées SE ou SE+ selon leur faculté à réduire le nombre d’accidents du travail, à respecter l’environnement, à évaluer leurs acquis et leurs lacunes, à répondre aux exigences de leurs clients, à bien communiquer et à être des acteurs engagés pour le secteur professionnel auprès du grand public", indique le DLR. À ce jour, quatre entreprises adhérentes sont labellisées et autant sont en cours de réflexion. "Nous remarquons un intérêt grandissant, notamment depuis que de 44 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR grands clients des TP ont commencé à évoquer ce label dans certains de leurs documents. Nous sommes donc de plus en plus questionnés par les entreprises potentiellement candidates à ce label. À noter que certaines sont déjà engagées dans des procédures de certification plus lourdes comme l'ISO ou le MASE", indique Hervé Rebollo, secrétaire général du DLR, qui invite les PME et les TPE, pour qui le label SE+ est particulièrement adapté, à s'en emparer. La labellisation est validée par une commission du DLR spécialement dédiée. Le label est obtenu pour une durée de deux ans maximum et soumis à des audits réguliers réalisés par des organismes indépendants. Mais avant d’obtenir ce label, les entreprises doivent engager un travail important d’analyse de l’existant : étudier les pratiques professionnelles, détecter les risques, analyser les accidents de travail, contrôler l’application de la législation et des règles d’hygiène… Puis la phase de définition de la politique sécurité et environnement est lancée. Elle passe par la mise en place d’outils opérationnels, de propositions d’amélioration et d’évolution des pratiques, de sensibilisation des équipes. label SE+ très pertinent car basé sur des éléments pratiques, les documents étant réduits au suivi des lois. L’obtention du label SE+ est tout simplement l’aboutissement d’une prise en compte à tous les niveaux de la prévention et de l’environnement. Les salariés suivent des règles simples, dictées par les fiches de postes pour effectuer leur travail, chaque chose doit être à sa place et généralement il y a des gains de temps", indique Rémy Guilhem. En moyenne, deux années de travail préparatoire sont nécessaires avant l’obtention du label. "Nous suivons le rythme de l’entreprise. Dans tous les cas, il est primordial que la direction et les cadres de l’entreprise soient les moteurs du dispositif". GIPAO accompagne actuellement les sociétés COLBER en région parisienne, SOVELOC en Auvergne, ALLMAT à Grenoble. "Toutes seront prêtes en 2015 à postuler au label. Il y a de forts enjeux sur la prévention et l’environnement. À terme, les grands donneurs d’ordre prendront tous en compte ces éléments, notamment dans les contrats cadres", conclut le gérant. Des sociétés spécialisées dans la prévention Ce chantier d’envergure peut être réalisé en interne, notamment avec l’appui d’un responsable QSE, mais les entreprises peuvent également faire appel à des sociétés spécialisées dans la prévention des risques au travail, telles que la société GIPAO, basée à Mimizan. "Nous nous sommes intéressés au Label SE+ du DLR en 2008 car la société lyonnaise de location, Toploc, souhaitait le mettre en œuvre avec notre logiciel, PREVEN (Prix de l’innovation du salon PREVENTICA 2008), qui permet de simplifier la gestion de la prévention et de l’environnement", explique Rémy Guilhem, le gérant de GIPAO. "Nous étions habitués à d’autres référentiels ou normes plus ou moins chronophages sur la partie administrative et avons trouvé le Rémy Guilhem Votre contact : Julie Duval - 01 49 89 32 41 - [email protected] juridique & fiscal La distribution de carburant soumise à réglementation Même si la vente de carburant ne constitue pas le cœur de métier des loueurs de matériels de bâtiment, de travaux publics et de manutention, elle fait néanmoins partie des services facturés et reste soumise à une réglementation ancienne et... pas toujours respectée. L’ordonnance du 18 octobre 1945 impose que les volumes vendus soient mesurés au moyen d’instruments de mesure légaux, certifiés conformes et soumis à des contrôles réglementaires réguliers. "Un rappel à la réglementation a été jugé nécessaire par les directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRECCTE) suite à une série de contrôles effectués chez les loueurs de véhicules et de matériels de travaux publics. Ces contrôles ont mis en avant de nombreuses non conformités", indique Hervé Rebollo, secrétaire général du DLR. Fédérations, entreprises de location et services de la direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services se sont rencontrés pour échanger sur ce sujet et sensibiliser les entreprises concernées. "Ces échanges ont eu lieu fin 2011 et, même si nous avons réussi à obtenir des délais, les loueurs doivent bel et bien mettre en conformité leurs pompes à carburant. Des entreprises ont commencé à réaliser les investissements nécessaires", poursuit-il. L’utilisation d’un instrument de mesure légal est obligatoire en cas de facturation d’une quantité de carburant. Il est toujours possible de proposer des forfaits de carburant aux clients, mais cette solution est très marginale, les clients, dans leur grande majorité, souhaitant qu’une facture détaillée leur soit délivrée. Autre possibilité : l’utilisation légale d’un instrument vérifié d’une station-service. Mais en aucun cas, les loueurs ne peuvent se baser sur la jauge d’un véhicule pour effectuer leur facturation. Ce que dit la loi "Un instrument de mesure est légal, dès lors que sa conformité aux exigences réglementaires a été établie, selon les procédures d’évaluation de conformité en vigueur et qu’il est à jour de ses obligations réglementaires de contrôle en service. Les EMLAE (ensembles de mesurage de liquides autres que l’eau) en service doivent subir, chaque année, un contrôle qui comprend une vérification et une révision périodiques en application de l’arrêté catégoriel du 28 juin 2002, effectuées par des organismes agréés indépendants. Si le contrôle est favorable, l’organisme agréé appose sur l’instrument une vignette verte avec la date de validité de l’instrument. Chaque instrument doit disposer d’un carnet métrologique à jour, sur lequel les vérificateurs et réparateurs inscrivent leurs interventions. Des contrôles réguliers sont réalisés sur les différents types d’instruments de mesure par les agents de l’Etat. En cas de manquement, des procès-verbaux peuvent être dressés, avec mise à l’arrêt des matériels concernés". Des spécialistes aux côtés des loueurs pour la mise en conformité La société ALOREM est spécialisée dans la conception, la fabrication et l’installation de cuves pour le stockage et la distribution de carburants. "Notre entreprise est proche des loueurs de matériels BTP depuis plus de 10 ans. Nous les équipons également en cuves pour le transport de carburants. C’est donc assez naturellement qu’ils sont revenus vers nous pour la mise en conformité de leurs équipements de stockage. Les contrôles effectués par les DIRRECTE ont accéléré le marché", indique Roy Pélissier, le directeur commercial de la société. L’entreprise, basée dans la région lyonnaise, propose un service complet : de l’audit des installations au montage des appareils homologués. "Notre métier principal est la fourniture d’ensembles cuve et système de distribution prêt à l’emploi. Nous proposons du clé en Votre contact : Hervé Rebollo – 01 49 89 32 32 – [email protected] main", poursuit Roy Pélissier. Les 4 non-conformités les plus fréquemment rencontrées sont des cuves à paroi simple au lieu de double, les appareils non homologués pour la revente de carburant, les distances de sécurité non respectées, l’absence de séparateurs hydrocarbures. Le coût de l’investissement par installation peut varier de 5 000 à 10 000 €. La société intervient dans toute la France et les pays francophones. En interne, elle compte une vingtaine de collaborateurs et fait appel à des sous-traitants en fonction des demandes. Le chiffre d’affaires de l’entreprise s’élevait à 5 millions d’euros en 2013, les dirigeants espèrent une augmentation de 10% pour cette année. "L’entreprise est en cours de certification Iso 9001. Une nouvelle branche, ALOREM Environnement, vient d’être créée et propose des systèmes de récupération et de tri des déchets, des absorbants et des systèmes de rétention de liquides dangereux ou polluants", précise le directeur commercial. "Même si nous avons réussi à obtenir des délais, les loueurs doivent bel et bien mettre en conformité leurs pompes à carburant." Le Magazine du DLR ■ 015 014 45 nos actions L’entreprise Hertz Equipment s’est engagée dans la mise en conformité des cuves et pompes à carburant pour l’ensemble de son activité (location de véhicules légers et de matériels BTP). Quel a été le facteur déclencheur de cette initiative ? Bruno Kloeckner, directeur général de Hertz Equipement France. Depuis quelques années les sociétés de location dans de nombreux secteurs d’activités font face à des besoins de mise en conformité. La nonconformité pose des problèmes d’exploitation car les installations des loueurs sont régulièrement contrôlées par les douanes et/ou les sociétés de certification qui sont chargées de vérifier la conformité des cuves et des pompes. Outre les risques liés à l’environnement pour lesquels nous investissons en permanence, ces contrôles peuvent donner lieu à des contraventions et parfois même une mise à l’arrêt. Comment avez-vous appréhendé cette "campagne" de mise en conformité ? B. K. Nous avons décidé de lancer conjointement les travaux de mise en conformité pour la branche location de voitures et la branche équipement. Nous avons mis en place un plan d’investissement sur trois ans pour la totalité du réseau. Nous avions une volonté de rationalisation. Quelles sont les installations pour l’activité équipement ? Alexandre Ledezert, responsable hygiène sécurité environnement. Le parc se compose de 10 cuves enterrées et 68 cuves aériennes. La mise en conformité des cuves aériennes s’est faite sur trois ans. Pour les cuves enterrées, les travaux se poursuivront jusqu’en 2015. Nous avons retenu la société Alorem pour l’activité équipement. La politique de Hertz en matière d’environnement est d’essayer de retirer toutes les cuves enterrées au profit de cuves aériennes, car le suivi, l’entretien et la protection de l’environnement sont facilités. Quel a été le coût pour l’entreprise ? Existe-t-il des aides incitatives de l’Etat ? Sylvie CAYOT, responsable de la mainte- juridique & fiscal nance immobilière pour Hertz Equipement et Hertz France. Pour le remplacement des cuves aériennes, le budget a été de 200 000 € par an et pour les cuves enterrées, 150 000 € par an. Aucune aide de l’Etat n’est prévue puisqu’il s’agit d’installations privatives. Hertz est proactive dans ce domaine. Comment expliquez-vous que Hertz ait été l’un des premiers loueurs de matériels à s’engager dans la mise en conformité de ses installations de distribution de carburant ? B. K. La différence avec nos concurrents est que nous avons les deux activités (voiture et matériel). Ainsi, les obligations pour la branche location de véhicules légers ont entraîné une démarche conjointe. Aujourd’hui, sur l’Hygiène, la sécurité et l’environnement, nous faisons beaucoup de progrès et je ne conçois pas de retour en arrière. De plus, pour être référencés par des clients comme les grands groupes de construction, la mise en conformité de nos installations constitue désormais un prérequis dans leurs cahiers des charges. UNE PLATEFORME POUR PRÉVENIR LES IMPAYÉS Le retard ou le défaut de paiement des factures par les clients peut être à l’origine de difficultés de trésorerie pour les entreprises. Aucun domaine d’activité n’est épargné. Et pour faire face, rien de tel que de s’appuyer sur ses réseaux. C’est ce que propose le DLR, depuis mai 2013, à ses adhérents au travers de la plateforme DLRCODINF Prévention/Recouvrement. Le DLR s’est associé à CODINF (groupement associatif d’entreprises qui, depuis près de 40 ans, défend la loyauté des transactions commerciales) pour mettre en place ce système fondé sur la mutualisation des informations concernant les impayés déposées anonymement par les membres de la plateforme. L’adhésion à ce service, au tarif forfaitaire de 50 € par an spécialement négocié par le DLR, donne accès à "la consultation illimitée de tous les incidents de paiement collectés par le réseau de partenaires du CODINF (plusieurs milliers de signalements) et les radiations du registre du commerce, notamment dues aux jugements de procédures collectives". En moins d’un an, la plateforme DLRCODINF a dépassé la centaine d’entreprises adhérentes. 015 014 46 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR Votre contact : Hervé Rebollo – 01 49 89 32 32 – [email protected] international L'ERA, une indispensable présence à Bruxelles Carole Bachmann Depuis décembre 2013, Carole Bachmann est la nouvelle directrice du secrétariat de l'ERA (European Rental Association)*, organisation représentative des intérêts de la location au niveau européen. Elle est en charge de la gestion quotidienne de l'association, de ses activités et de l'équipe, en collaboration avec Michel Petitjean, secrétaire général de l'ERA. Diplômée de l'ESSEC, trilingue français - anglais - allemand, Carole Bachmann est bien connue de nombreux intervenants du secteur de la location en Europe. En effet, après avoir commencé sa carrière chez Arthur Andersen Audit, puis au sein du Groupe Bull, elle a été successivement EMEA (Europe-Middle East-Africa) business development manager et directrice générale EMEA chez WYNNE Systems, fournisseur de solutions de logiciels pour la location. Elle a dernièrement été membre de l'équipe de direction du groupe LOXAM, leader européen de la location de matériel, et responsable de son audit interne. MAG2 : "Quelles sont vos premières impressions sur la perception de la location professionnelle par les instances européennes ?" Jusqu’en 2006, le secteur de la location professionnelle d’équipement n’était pas représenté à Bruxelles et était mal connu par les instances européennes. Au moment de la création de l’ERA, il est apparu que de plus en plus de décisions politiques, fiscales et règlementaires avaient lieu au niveau européen. Installer le siège de l’ERA à Bruxelles allait de soi car son rôle est de faire connaître le métier de la location aux instances européennes, et d’y défendre les intérêts de nos métiers. D’autres professions comme les constructeurs, les entrepreneurs, etc. l’avaient bien compris et avaient déjà adopté cette stratégie. Son implantation bruxelloise vient aussi du fait que de plus en plus de sociétés de location travaillent dans différents pays européens et avaient donc besoin d’une plateforme. Seule une association européenne est capable d’accélérer la convergence des marchés et de stimuler ainsi celui de la location. Dès sa création, d’autres associations européennes nous ont approchés afin d’établir des relations de travail, ce qui a été une preuve supplémentaire de l’importance de notre présence à Bruxelles. Il est indéniable que les pays scandinaves et le Royaume-Uni sont plus avancés que les pays du Sud de l’Europe sur ce thème mais c’est bien la force de l’ERA de pouvoir communiquer les "best practices" des uns à l’ensemble des membres. Au final, c’est la profession entière qui en bénéficie. Nous surveillons de près ce que Bruxelles fait dans le domaine de la sustainability car il est essentiel que nous puissions réagir, intervenir, informer nos membres quand un sujet nous semble important pour la profession. Sur quels dossiers travaillez-vous actuellement ? Nous préparons actuellement un rapport sur la sustainability dans notre industrie, dans le but d’avoir un outil de communication adapté aux demandes de nos clients, mais aussi à nos démarches auprès des institutions, qu’elles soient européennes ou nationales. Nous avons également en permanence des actions en partenariat avec des associations très influentes au niveau européen, comme le CECE. Depuis 8 ans, grâce à des actions menées en partenariat avec d’autres associations, comme le CECE (Committee for European Construction Equipment) ou la FIEC (Fédération européenne de l'Industrie de la Construction), mais aussi à des travaux avec le CEN (Comité Européen de Normalisation), l’ERA a réussi à s’imposer comme la "voix" de la location de matériel en Europe. Un phénomène intéressant est également à souligner : la location devient un sujet très intéressant pour les instances européennes du fait de l’importance donnée à la sustainability (ou développement durable). Ainsi, en L’ERA représente près de 4 700 entreprises, parfois en novembre 2012, deux ouvrages ont été publiés : *direct, et est porte-parole de 14 associations nationales. le premier, de la députée européenne néer- www.erarental.org landaise Judith Merkies, intitulé "The Lease Society, the End of Ownership" et le deuxième, du Wuppertal Institute for Climate, "Leasing Society", commandité par le Parlement Européen. Ces deux ouvrages vantent les mérites de la location dans le cadre de la sustainability. Location et valeur d'usage/sustainability : s'agit-il d'une même conception au niveau européen ou existe-t-il des réalités différentes selon les pays ? Des réalités différentes mais un vrai intérêt au niveau européen, comme je l’ai dit précédemment. Depuis mi-2013, l’ERA a remis en place le Comité Sustainability car il ne fait aucun doute que c’est une priorité pour nos membres. Votre contact : Hervé Rebollo – 01 49 89 32 32 – [email protected] "Depuis 8 ans, l'ERA a réussi à s'imposer comme "la voix" de la location de matériel en Europe." Le Magazine du DLR ■ 014 013 47 vos rendez-vous 11 au 13 septembre 2014 - SALON B&TP Salon réservé aux professionnels issus des métiers liés aux travaux publics VIABON (28) www.salonbettp.com 7 au 9 octobre 2014 - PREVENTICA Salon dédié à la qualité de vie au travail et à la sécurité des organisations NANTES www.preventica.com 7 au 9 octobre 2014 - INTEROUTE&VILLE Exposition des matériels, équipements, matériaux et solutions pour les infrastructures et la mobilité durable EUREXPO LYON www.interoute-ville.com 22 au 24 octobre 2014 - ARTIBAT Le salon de la construction de l’Ouest RENNES www.artibat.com 29 au 31 octobre 2014 - JDL MED 2014 Les journées méditerranéennes du levage, de la manutention, du transport, du portuaire et du colis lourd MARSEILLE – CHANOT www.jdlmed.com 4 au 7 novembre 2014 - MAINTENANCE EXPO Le salon de toutes les solutions maintenance PARIS NORD VILLEPINTE www.maintenance-expo.com 6 au 8 novembre 2014 - INNOBAT Le salon des professionnels du Bâtiment et des Travaux Publics BIARRITZ www.saloninnobat.com 17 au 20 novembre 2014 - MANUTENTION Le rendez-vous des professionnels de la filière Manutention : Équipements & Systèmes, Intralogistique, Stockage PARIS NORD VILLEPINTE www.all4pack.fr/salon-manutention 2 décembre 2014 14ème Journée Nationale de la Distribution 22ème Journée Nationale de la Location SALONS DE L’AVEYRON – PARIS www.dlr.fr 26 et 27 mars 2015 - 50ème Congrès DLR Congrès des distributeurs, loueurs et réparateurs de matériels de bâtiment, travaux publics et manutention CNIT – PARIS LA DÉFENSE www.dlr.fr 20 au 25 avril 2015 - INTERMAT Exposition internationale de Matériels et Techniques pour les Industries de la Construction et des Matériaux PARIS NORD VILLEPINTE www.intermatconstruction.com 48 015 0 1 4 ■ Le Magazine du DLR