Family Ties – Carrefour famille New Carlisle : un organisme de

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Family Ties – Carrefour famille New Carlisle : un organisme de
PRINTEMPS 2001
Volume 3 Numéro 1
Aussi dans ce numéro
L’intervention positive et concertée :
une approche en devenir pour une
famille ayant un jeune en difficulté de
comportements
9
Cultures et paternités
11
BULLETIN DE LIAISON DU CONSEIL DE DÉVELOPPEMENT DE LA RECHERCHE SUR LA FAMILLE DU QUÉBEC
REMERCIEMENTS À JACQUES ALARY
Comme on l’a annoncé dans le dernier bulletin, j’ai la lourde tâche de prendre la relève de M. Jacques Alary à la direction générale du Conseil. Au nom des
membres du conseil d’administration et du comité scientifique, je voudrais remercier sincèrement Jacques Alary pour son travail remarquable. Il a su donner
au Conseil de développement de la recherche sur la famille du Québec non seulement un élan et un souffle dont nous lui sommes tous redevables, mais aussi
une crédibilité certaine, une profondeur de développement, des réalisations de qualité … et de nombreux projets d’avenir. Merci, Jacques.
GILLES PRONOVOST
Action concertée pour le soutien et la promotion
de la recherche sur la famille et les responsabilités parentales
Le Conseil s’est associé à neuf autres partenaires dans la 3e Action concertée sur la famille. Il s’agit d’un programme de plus d’un million de dollars,
permettant d’offrir des subventions annuelles à des équipes universitaires pour la réalisation de projets de recherche d’une durée maximale de 3 ans. Les
projets doivent impérativement être réalisés en partenariat avec des milieux d’intervention et des organismes communautaires.
Pour plus d’information, consulter le site Internet du Fonds FCAR : http://www.fcar.qc.ca
RAPPORT DE RECHERCHE
Family Ties – Carrefour famille New Carlisle :
un organisme de soutien familial en Gaspésie
JOSÉE ARCHAMBAULT, AGENTE DE RECHERCHE, DIRECTION DE LA SANTÉ PUBLIQUE GASPÉSIE–ÎLES-DE-LA-MADELEINE
Cet article présente les résultats d’une
étude évaluative réalisée à la Direction
régionale de santé publique de la
Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine et publiée
en mai 20001. Cette étude visait à
comprendre et à décrire le fonctionnement, les pratiques et certains effets
d’un programme de soutien familial
offert par un organisme communautaire
de la Gaspésie : Family Ties – Carrefour
Famille New Carlisle. Une brève partie
des résultats est exposée ici, en vue de
faire connaître une initiative de notre
région qui démontre des effets positifs
au sein d’une petite communauté
anglophone.
Les résultats de cette étude ont fait
l’objet d’une première présentation
lors du colloque sur Les compétences
parentales tenu à Trois-Rivières le
27 octobre 2000.
Family Ties2 est un organisme communautaire
qui offre des services de garderie éducative,
d’entraide et de soutien aux familles anglophones de New Carlisle qui vivent dans des
conditions difficiles. Les services ont pour
mission de favoriser le bien-être des familles et
des enfants. Le projet fut implanté à New
Carlisle en 1995 à partir d’une idée de haltegarderie éducative (Munchkin Mansion).
Depuis les débuts de Munchkin Mansion, les
principaux objectifs poursuivis par les intervenants sont : de préparer les enfants en vue
d’une meilleure intégration sociale et scolaire,
et d’outiller les parents pour qu’ils puissent
exercer efficacement leur rôle parental. Au fil
des ans, plusieurs autres services se sont greffés
à Munchkin Mansion pour ainsi former le
réseau de services qu’est Family Ties –
Carrefour Famille New Carlisle. Aujourd’hui,
en plus des enfants d’âge préscolaire et de
leurs parents, Family Ties accueille également
une clientèle d’enfants qui fréquentent l’école
primaire ainsi qu’une clientèle de jeunes de
l’école secondaire, leur offrant des ateliers de
lecture, de devoirs ainsi que des
2
activités sociales et sportives.
P R É S E N TAT I O N
5
Être parents d’enfants
en difficultés scolaires
7
RECENSION
Être parents en
situation d’immigration
Deuxième partie
11
Cultures et
paternités
RAPPORT DE RECHERCHE
SUITE DE LA PAGE COUVERTURE
Family Ties – Carrefour famille New Carlisle :
un organisme de soutien familial en Gaspésie
I. Caractéristiques de la population
anglophone de la Gaspésie
Plusieurs municipalités en bordure de la
péninsule gaspésienne sont peuplées
majoritairement ou en partie seulement de
communautés anglophones. Les caractéristiques socio-économiques de ces
communautés ne sont pas réjouissantes.
Cette minorité vit au sein d’une population
présentant, elle aussi, un profil socioéconomique préoccupant. En effet, l’ensemble de la Gaspésie connaît un taux de
vieillissement sans cesse en croissance et une
économie en décroissance. Selon les données du recensement 1996, la péninsule
gaspésienne compte une population totale
de 90 440 personnes. Les Gaspésiens
unilingues anglais comptent au nombre de
9 680 personnes, soit 10,7 % de la
population totale de la Gaspésie (DRHC,
Gauvin, 1999 inédit).
V O L U M E
3
•
N U M É R O
1
Dans la municipalité de New Carlisle, située
dans la Baie des Chaleurs, la population
anglophone représente 61 % de la population totale (1 538 habitants), soit 938
citoyens anglophones. Les caractéristiques
socio-économiques des familles anglophones de cette municipalité sont
empreintes de nombreux facteurs de
pauvreté, on pense notamment au taux
élevé de chômage et d’assistance sociale, à
l’isolement social des familles et à la
monoparentalité. Certaines familles faisant
partie de cette communauté sont en fait
parmi les plus pauvres de tout le territoire
de la MRC de Bonaventure. Au-delà de la
pauvreté économique, la communauté ne
dispose pas non plus de structure permettant d’assurer un soutien social aux
familles vivant une situation difficile. Avant
la mise sur pied de Munchkin Mansion, la
communauté anglophone ne disposait
d’aucun service de garderie, ni de réseau
d’entraide pour la garde des enfants, ni de
groupe de soutien pour les parents.
2
Sans l’appui de la communauté, les
conséquences d’une situation familiale
difficile sur le développement et la santé des
enfants peuvent être nombreuses : retards
de développement, problèmes d’apprentissage et d’adaptation, détresse psychologique, etc. (Mailloux, 1996 inédit). Or, les
circonstances d’échange entre les intervenants3 du secteur de New Carlisle ont
favorisé l’élaboration d’un projet de soutien
et de prévention pour la population
anglophone qui n’obtenait, jusque-là,
aucun soutien familial communautaire.
Des programmes de soutien familial
s’adressant à une clientèle de parents et
d’enfants de deux à quatre ans ont été mis
sur pied au Québec au cours des dix
dernières années. À ce jour, peu de ces
programmes à deux générations ont fait
l’objet d’évaluation, néanmoins, les résultats de certains travaux démontrent que les
programmes ouverts simultanément à la
clientèle d’enfants et de parents ont une
plus grande efficacité que les programmes
s’adressant à une seule clientèle (PalacioQuintin et Coderre, 1998; Painchaud et coll.
1998). La majorité des programmes de
prévention adressés aux familles poursuivent des objectifs qui visent, auprès des
parents, le développement des compétences parentales (Laflamme et ses
collaborateurs, 1991) et la rupture de
l’isolement. Auprès des enfants, la majorité des interventions vise le développement
de l’estime de soi chez l’enfant, et le
développement de l’intégration sociale
et scolaire (Tafarodi et Swann, 1995). Ce
sont les principales variables sur lesquelles
nous nous sommes penchées pour l’évaluation du programme offert par Family
Ties. Avant de décrire ce programme, nous
présentons en quelques lignes la démarche
méthodologique que nous avons empruntée pour cette étude.
II. Objectifs et méthodologie de
recherche
Les objectifs poursuivis dans cette étude
visaient, dans un premier temps : 1) à comprendre le fonctionnement de l’organisme
dans la communauté anglophone de New
Carlisle; 2) à comprendre le processus par
lequel la clientèle s’approprie les actions
posées. Dans un deuxième temps, l’étude
avait pour objectif : 1) d’analyser les effets
du programme sur l’isolement vécu par les
parents et sur leurs compétences parentales;
2) d’analyser les effets du programme sur
l’estime de soi, l’intégration sociale et
scolaire des enfants qui ont fréquenté
Munchkin Mansion.
Pour chacun des objectifs de recherche,
nous avions plusieurs sources d’information
différentes de même qu’une variété d’outils
de collecte de données. D’abord, des
entrevues individuelles ont été réalisées
avec la coordonnatrice, l’animatrice et
l’assistante, qui constituent l’équipe de
ressources humaines de Family Ties. Ces
entrevues en profondeur ont permis de
décrire le fonctionnement de la ressource.
Ensuite, un questionnaire a été distribué à
toutes les mères qui participent ou ont
participé à Family Ties depuis la mise sur
pied de l’organisation. Ce questionnaire
visait, notamment, à fournir des données
qualitatives et quantitatives sur les
caractéristiques de la clientèle, la
participation des mères aux activités et les
raisons pour lesquelles elles y participent.
Par ailleurs, des entrevues individuelles ont
été réalisées avec quelques mères qui ont
participé ou qui participent à Family Ties et
avec des intervenants du milieu qui sont
impliqués dans l’organisation. Tout au long
de cette collecte des données, différentes
mesures ont été prises afin d’assurer la
confidentialité des informations recueillies.
Les enfants d’âge scolaire qui ont fréquenté
la ressource alors qu’ils avaient entre deux
et cinq ans ont également participé à un
court entretien individuel réalisé à l’école.
Cet entretien visait à en connaître plus sur
les points suivants : l’estime de soi des enfants; l’intégration sociale par la présence
d’un réseau d’amis; le bien-être dans son
entourage; l’appréciation de soi; le sentiment de compétence en lien avec les
relations sociales, les activités scolaires et
sportives. Cet outil d’enquête a été inspiré
des outils utilisés par Boivin et ses
collaborateurs (1995) [Revised Class Play,
Masten, Morison & Pelligrini, 1985; SelfPerception Profile for Children, Harter, 1985;
Loneliness and Social Dissatisfaction Questionnaire, Asher & Wheeler, 1985].
Les données recueillies par entretien et par
questionnaire ont été regroupées pour
chaque personne participante. Elles ont
ensuite été analysées qualitativement et de
façon à comprendre chaque cas. Une analyse horizontale permettant de croiser et de
comparer des données d’un informateur à
l’autre a permis d’approfondir l’analyse. Les
étapes d’analyse visant à classifier l’information et à croiser les données ont été
réalisées avec un appui informatique dans le
logiciel Access. Nous invitons les lecteurs qui
veulent en savoir davantage sur notre
méthodologie de recherche à consulter la
version intégrale du rapport de recherche.
Dans la section qui suit, nous présentons les
principaux résultats de cette recherche.
III. Principaux résultats de recherche :
Le fonctionnement des
programmes de Family Ties
Nous retrouvons dans la structure de Family
Ties une série de services qui se divisent en
quatre volets : un premier volet s'adresse à
SUITE DE LA PAGE 2
3
Programme enfant
Family Ties a vu le jour avec la mise sur pied
d'un centre (daycare) semblable à une garderie
éducative. Cette garderie s'appelle Munchkin
Mansion et elle est destinée aux enfants
anglophones de New Carlisle (et la région) qui
ont entre deux et cinq ans. Ce programme est
offert gratuitement du mois de septembre au
mois de juin. Les enfants peuvent fréquenter
la garderie à raison de quatre demi-journées
par semaine, soit le matin ou l'après-midi selon
leur âge. Il y a un groupe d’enfants de deux à
trois ans qui fréquente Munchkin Mansion le
matin et un groupe d’enfants de trois à cinq
ans qui fréquente la ressource l’après-midi.
Entre quatorze et vingt enfants participent
quotidiennement. Les activités de Munchkin
Mansion, en avant-midi, visent davantage la
socialisation de l’enfant. En après-midi, les
enfants sont plus vieux et les activités visent
plutôt l’acquisition de connaissances.
Fonctionnement et déroulement des activités de
Munchkin Mansion
Pour qu'un enfant puisse fréquenter la
garderie éducative Munchkin Mansion, un de
ses parents, plus généralement la mère, doit
s'impliquer, à raison d'une demi-journée par
semaine, dans l'animation des activités en
apportant son soutien à l'animatrice en
charge. Les mères coaniment les activités
destinées aux enfants. Le programme de la
garderie comporte une période de stimulation
intellectuelle et développementale de l’enfant
en prévision d’une meilleure préparation pour
l’école. Cette période, appelée Circle Time,
consiste à transmettre aux enfants des
connaissances de base tels l'alphabet, les
chiffres, les couleurs, les noms. Chaque
semaine, un thème est choisi pour les activités
de Munchkin Mansion et permet d'aborder des
sujets variés avec les enfants : les saisons, les
sentiments, les amis, les fêtes, la famille, le
corps, la nutrition, etc. Au total, une quarantaine de thèmes différents sont abordés en
cours d’année.
Pendant sa présence à Munchkin Mansion, à
tous les jours, l'enfant réalise un bricolage
différent. Puis, chaque jour, une histoire est
lue aux enfants pour les habituer à rester
calmes, à se concentrer, à écouter et à
développer le goût pour la lecture. L’histoire
choisie aura généralement un lien avec le
thème de la semaine, de façon à ce que
l’animatrice puisse ensuite amener les enfants
à échanger sur l’histoire. Des jeux et des
chants, généralement associés au thème de la
semaine, font aussi partie de l'animation
quotidienne de Munchkin Mansion. Les jeux
effectués visent à stimuler le développement
moteur et intellectuel des enfants.
Chaque jour, on offre une collation équilibrée
aux enfants. En plus de fournir un bon
exemple alimentaire, la période de la collation
est une bonne occasion, pour les enfants,
d’échanger entre eux autour d’une table. Pour
la collation, une contribution financière de 5 $
par mois est demandée aux parents. Ce coût
est la seule contribution monétaire qui leur est
demandée.
Programme parent
Les activités qui s’adressent aux parents
gravient principalement autour du service de
garderie éducative, Munchkin Mansion. Mis à
part la garderie, le programme adressé aux
parents est constitué de différentes activités
sociales et d’information qui visent à briser leur
isolement, à acquérir de nouvelles connaissances parentales, à élargir leur réseau de
soutien et à offrir un peu de répit. Nous
présentons, dans un premier temps, les
activités de Family Ties qui s’adressent aux
parents dans le cadre de Munchkin Mansion,
puis nous présenterons celles qui se déroulent
en dehors du cadre de Munchkin Mansion.
Fonctionnement et déroulement des activités
pour les parents
D'abord, dans le cadre de Munchkin Mansion,
les parents ne reçoivent pas uniquement un
service de répit pendant que leur enfant est à
la garderie. Les mères ont aussi la responsabilité de s'impliquer dans les activités éducatives adressées aux enfants en s'engageant à
donner une demi-journée par semaine de leur
temps pour aider l'animatrice. En avant-midi
comme en après-midi, deux mères sont généralement présentes pour aider l'animatrice (il y
a environ huit enfants par demi-journée et la
garderie est ouverte à raison de quatre
journées par semaine). Un horaire est constitué de façon à ce que les mères aient, en
équipe, la responsabilité d’une journée de la
semaine qui leur convient. Elles ont, néanmoins, la possibilité d'interchanger avec une
mère d'une autre journée si, pour une raison
ou une autre, elles ne peuvent être présentes
ce jour-là.
Cette implication hebdomadaire permet aux
mères de prendre le temps d’échanger entre
elles. Elles peuvent ainsi faire la connaissance
d'autres mères, d'échanger de manière
informelle sur différents sujets relatifs à leurs
préoccupations familiales, de briser leur
isolement, d'apprendre de nouvelles choses sur
leur enfant, de donner leur soutien à
l’organisation et de développer des compétences dans l’interaction avec les enfants.
En plus de leur présence régulière à Munchkin
Mansion, pendant une semaine au cours du
mois, les mères des enfants qui sont inscrits
sont responsables de la planification et de
l’animation des activités de la garderie. Avec
Parent Week, en équipe de deux, les mères
planifient les activités (les bricolages, les jeux,
une chanson et une histoire) et préparent le
matériel nécessaire pour animer leur demijournée.
De plus, une fois par mois, les mères des
enfants qui sont inscrits à Munchkin Mansion
se rencontrent lors d’une assemblée de parents
(Parent Meeting). Les mères qui ont un enfant
à Munchkin Mansion, en avant-midi ou en
après-midi, s'engagent à être présentes lors de
ces assemblées puisqu’elles sont le point de
rencontre de toutes les mères (entre douze et
dix-huit mères selon le nombre d’enfants
inscrits). À chaque début d'assemblée, on
discute des faits saillants, on planifie une
activité spéciale ou une sortie pour les enfants
pour le mois à venir et on fait des mises au
point sur le fonctionnement de l’organisation.
Ces assemblées permettent aux mères de
s’impliquer directement dans la prise de
décision et dans le fonctionnement de
Munchkin Mansion. En plus d’être le moment
pour les participantes de transmettre des
commentaires sur des activités qui se sont
déroulées ou des idées d’activités à réaliser, les
assemblées offrent également l’occasion de
discuter de certains problèmes personnels et
d’obtenir du soutien et des conseils des autres
mères. L’assemblée dure généralement près
d’une heure, après quoi une personneressource (travailleuse sociale, infirmière…) est
invitée à faire une présentation d’environ une
heure, sur un sujet qui intéresse les mères
(discipline auprès de l’enfant, hygiène des
enfants, sécurité à la maison…).
Par ailleurs, une fois par mois, les mères 4
V O L U M E
une clientèle d'enfants de deux à cinq ans, un
deuxième volet s'adresse aux parents de ces
enfants, un troisième volet, que nous n’aborderons pas dans cet article, s'adresse aux
jeunes d'âge scolaire et aux adolescents de la
communauté, enfin un quatrième volet
s'adresse à la communauté en général. Tous
ces services sont dispensés dans un bâtiment de
trois étages situé au centre de la petite ville de
New Carlisle et qui est maintenant la propriété
de Family Ties. Le rez-de-chaussée est l’unique
étage aménagé à l’heure actuelle.
3
•
N U M É R O
1
RAPPORT DE RECHERCHE
RAPPORT DE RECHERCHE
SUITE DE LA PAGE 3
impliquées dans Munchkin Mansion se
regroupent pour vivre ensemble une
activité sociale. Ces activités sont prévues
lors de l’assemblée de parents (Parent
Meetings) et sont organisées par la
coordonnatrice ou par les mères qui
proposent de les faire.
Aussi, certaines mères qui sont impliquées
dans Munchkin Mansion, et d’autres mères
dont les enfants ont déjà fréquenté
Munchkin Mansion, ont formé un groupe
de cuisine et de jardin collectif. Pour ce qui
est de la cuisine collective, les deux groupes
sont constitués d’environ sept mères. À tous
les mois, les membres de chaque groupe se
rencontrent une première fois pour planifier les menus et les achats, puis une
seconde fois pour cuisiner et partager les
portions. Ces portions nourrissent environ
60 personnes pendant cinq jours.
En ce qui a trait au jardin collectif, il s’agit
d’un lopin collectif qui est entretenu par
une équipe de mères durant la saison
estivale. Les légumes et les herbes qui en
proviennent servent principalement à la
cuisine collective. Les mères ont pris en
charge la coordination du projet. Elles préparent le lopin, planifient la plantation,
entretiennent tout au long de la saison,
récoltent et gèrent la conservation des
légumes pour les saisons à venir.
Également, des activités de financement
sont mises de l'avant pour payer les activités
sociales de l'organisation ou encore pour
financer l'achat d'un accessoire tel qu'un
téléviseur pour Munchkin Mansion ou un
congélateur pour le groupe de cuisine collective. Ces collectes de fonds demandent la
participation des parents afin de pouvoir
réaliser des activités en groupe ou pour
améliorer le fonctionnement de Family Ties.
Effets chez les parents
Chez les parents qui ont participé pendant
une période significative, nos informatrices
soulèvent différents types d'appui que leur
a apporté l'organisation. Nous retenons
plusieurs aspects qui sont tous liés à une
augmentation du sentiment de bien-être du
parent et qui viennent l’appuyer dans son
rôle et comme individu. Nous avons observé
que les mères qui ont participé, ou qui
participent encore, sur une base régulière,
aux activités de Munchkin Mansion durant
une période d’au moins une année :
• acquièrent des habiletés sociales qui les
aident à se créer un réseau d’amis à
l’école;
• reçoivent un soutien personnel, familial
et parental en s'impliquant dans Family
Ties;
• développent l’estime de soi et témoignent le respect des autres dans leurs
différences;
• développent un réseau de soutien avec
les intervenants de Family Ties et avec les
mères impliquées;
• acquièrent une disposition à l’apprentissage en étant déjà habitués à une
certaine routine, à être attentifs, à se
concentrer, à suivre des directives et à
être en présence d’un groupe d’enfants
de leur âge;
• développent de nouvelles compétences
et une motivation pour faire des choses;
• reçoivent un répit qui leur permet
d'expérimenter de nouvelles choses et de
prendre les dispositions pour réaliser des
rêves (ex.: retour à l'école);
• sortent d'un isolement et s'impliquent
davantage dans leur vie communautaire
(ex.: avec Munchkin Mansion, l'école
prend un autre sens pour les parents. Elle
n'est plus un établissement inaccessible,
elle prend plutôt un sens familial et
communautaire où les parents ont une
place);
• développent la capacité d’observer et
d’encourager les améliorations et les
apprentissages de leur enfant. Ce qui
semble être d’un apport bénéfique pour
l’intégration scolaire des enfants.
Les effets de Family Ties
V O L U M E
3
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N U M É R O
1
Effets chez les enfants
4
Précisons d'ores et déjà qu'il nous a été
difficile, sinon impossible, de mesurer les
effets de Family Ties auprès de la clientèle
qui n'a participé que quelques mois (un à
trois mois). Il a été impossible de le faire,
d'une part, parce qu’un bon nombre de ces
parents n'ont pas répondu à notre demande
de participation à l’étude et, d'autre part,
parce que nous estimons que leur participation n'a pas été complète dans
l’organisation. Il serait plutôt difficile de
comprendre les effets des programmes
auprès d'une clientèle qui n'a pas tiré profit
de tout le potentiel qu'offre la ressource.
enfants qui ont fréquenté Munchkin
Mansion et ceux qui ne l’ont pas fréquenté,
mais dont les parents ont été recrutés, cette
section de nos données ne nous permet pas
de tirer de conclusions claires au sujet des
effets du programme. Néanmoins, d’un
point de vue général, nos résultats nous
indiquent que les enfants qui ont fréquenté
Munchkin Mansion assidûment pendant
une période de plus d’un an :
La partie de notre étude qui s’adressait aux
enfants et qui visait à cibler certains effets
de Munchkin Mansion nous a aussi fourni
des données positives pour l’organisation.
L’évaluation des effets d’un programme
chez les enfants se révèle être une analyse
des plus difficiles, notamment parce qu’ils
vivent une période intense de changements
et qu’ils sont influencés par d’innombrables
éléments. D’autres chercheurs au Québec se
sont aussi confrontés à ces difficultés (Ethier
et coll., 1995). En ce qui a trait à la relation
qui peut être faite entre les résultats des
• ne se retrouvent pas parmi les enfants les
plus isolés et/ou rejetés par les autres
enfants de leur classe;
• témoignent d’un bon sentiment de
compétence et d’un bien-être dans leur
entourage.
IV. Conclusion
Nous n’avons pu, dans ces quelques pages,
faire qu’une brève description d’une partie
des programmes de Family Ties et des effets
que les activités peuvent avoir sur la
clientèle de parents et d’enfants de moins
de cinq ans. Nous n’avons pu présenter
l’incroyable organisation logistique que
nécessite Family Ties pour fonctionner avec
aussi peu de ressources humaines et
financières4. Néanmoins, nous avons mis en
lumière une initiative gaspésienne qui est
une source d’inspiration pour les organismes communautaires offrant du soutien
aux familles et souhaitant favoriser l’engagement des parents dans la communauté.
Les interventions de Family Ties, qu’elles
soient dirigées vers les parents, vers les
enfants de moins de cinq ans ou vers les
enfants d’âge scolaire, aident à développer,
chez ces groupes, le sens de la communauté.
En s’impliquant dans Family Ties, les
membres de la communauté développent
une attitude de participation et de
partage. L’engagement des parents 5
P R É S E N TAT I O N
SUR LA RÉUSSITE SCOLAIRE ET À LA FACULTÉ DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION DE L’UNIVERSITÉ LAVAL
PAR VIRGINIE HOULE ET MÉLANIE BEAUBIEN, ÉTUDIANTES À LA MAÎTRISE À L’UNIVERSITÉ LAVAL
Dans le cadre du colloque Compétences
et expériences de soutien à l'exercice des
rôles parentaux, tenu à Trois-Rivières en
octobre dernier, le professeur Égide
Royer a soulevé plusieurs questions
concernant les besoins des jeunes en
difficulté et a proposé certains éléments
de réponse. Le professeur Royer a alors
affirmé que la réussite scolaire n'est pas
seulement une question de caractéristiques familiales, de niveau socioéconomique ou de pratiques parentales.
La qualité de l'enseignement et des
services offerts par l'école est une
variable très importante dont bien peu
de décideurs font état. Virginie Houle et
Mélanie Beaubien, étudiantes à la
maîtrise à l'Université Laval, présentent
ici un résumé de la communication de
Monsieur Royer.
pouvant qualifier les mêmes individus? Un
parent peut-il se demander si son jeune recevra
des services de plusieurs programmes
différents? Y a-t-il possibilité d'harmoniser et
de coordonner les services offerts dans ces
divers programmes? Est-il vraiment nécessaire
d'identifier nominalement des enfants pour
pouvoir gérer un contrat de travail et leur
offrir des services?
Au préscolaire, dans quelle mesure
l'intervention précoce est-elle une forme
d'investissement de première importance en
adaptation scolaire? En lien avec cet aspect,
croyons-nous vraiment les données qui supportent le fait qu'un dollar investi en prévention équivaut à six dollars dépensés en
interventions ultérieures? Doit-on offrir,
comme aux États-Unis, des services en adaptation scolaire aux jeunes de trois ans et à leurs
familles?
Questions
Malgré 25 ans de services éducatifs destinés
aux élèves handicapés ou en difficulté
d'apprentissage (ÉHDAA), un certain nombre
de questions demeurent d'actualité. Plusieurs
de ces interrogations concernent directement
les parents de ces jeunes en difficulté. Quelle
est la relation entre l'abandon scolaire, l'échec
scolaire, l'analphabétisme et l'adaptation
scolaire? Dans les faits, s'agit-il de termes
et des jeunes dans l’organisation et dans
le déroulement des activités est une des
principales forces qui caractérisent l’organisme. •
4
1 Pour avoir plus d’information sur cette étude ou sur Family
Ties, vous pouvez communiquer avec la Direction de la
santé publique de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine au
418-368-2443.
2 Depuis sa mise sur pied en 1995, l’organisme Family Ties –
Carrefour Famille New Carlisle s’est mérité le prix AndréTétrault en 1997, le prix Hommage Bénévolat-Québec 2000
et a été finaliste pour le prix Persillier-Lachapelle 1998 et
1999.
3 Ces intervenants proviennent des différents organismes
locaux suivants : CLSC-CHSLD, Centre Jeunesse, Centre de
réadaptation, Commission scolaire Eastern-Shores, CAB,
CASA.
4 Family Ties, qui fonctionne avec un budget annuel très
restreint, est le seul organisme anglophone reconnu et
subventionné par la Régie régionale de la santé et des
services sociaux Gaspésie – Îles-de-la-Madeleine dans le
Doit-on repenser la collaboration interorganismes en ce qui concerne la prévention
des difficultés et les services offerts aux élèves
en difficulté ou handicapés? Au niveau des
actions, faut-il identifier ce qui peut être fait
pour mettre fin au manque chronique de
concertation entre la justice, les services
sociaux, policiers, éducatifs, ainsi qu'entre les
services de réadaptation et de désintoxication
qui mine les interventions auprès des jeunes en
cadre du programme «Soutien aux organismes
communautaires». Family Ties est aussi le seul organisme
anglophone en Gaspésie qui reçoit une subvention de
Centraide Gaspésie. Family Ties a aussi reçu, au cours de
l’année 1999, un appui financier des organismes et des
programmes suivants : Programme d’aide à l’action
concertée (PAAC), Mesures de soutien à l’emploi (provenant
du CRCD), différentes fondations, appui à l’insertion sociale.
Par ailleurs, l’organisation reçoit des dons de la
communauté et organise aussi des activités de financement.
difficultés importantes de comportement? En
ce sens, l'école doit-elle être la plaque
tournante, la base, l'environnement privilégié
pour offrir des services éducatifs, sociaux et de
santé aux jeunes et à leurs familles? La façon
dont les parents peuvent s'y retrouver doit
également être envisagée. Sont-ils vraiment
considérés comme des partenaires? Plusieurs
questions sont posées quant à la pertinence et
au type de plan d'intervention à élaborer. Par
exemple, doit-on maintenir l'obligation du
plan d'intervention pour tous les ÉHDAA et les
élèves à risque?
Dans les nouveaux programmes d'études mis
en place, a-t-on vraiment prévu des mécanismes d'adaptation des contenus et des
stratégies d'enseignement pour les ÉHDAA?
Ces nouveaux programmes, et l'adaptation de
manuels scolaires, pour les ÉHDAA, doivent-ils
tenir compte du profil de ces jeunes et de leur
réalité? Aussi, pour créer et soutenir un lien
avec la famille d'un élève, doit-on utiliser un
langage de collaboration ou avoir recours à un
jargon lié aux aspects éducatifs?
Certains se questionnent à savoir si le support
aux parents, par rapport au rendement scolaire
de l'enfant, est bien adapté. Au niveau de la
formation des enseignants, ce type de support
devrait constituer un élément essentiel.
Une autre interrogation concerne 6
ETHIER, L. et coll. (1995). Évaluation de l’impact à court terme
d’un programme d’intervention éco-systémique pour
familles à risque de négligence, Rapport de recherche
présenté au Conseil québécois de la recherche sociale par le
Groupe de recherche en développement de l’enfant et de la
famille, Université du Québec à Trois-Rivières.
LAFLAMME, M.K. et GRAIN (1991). L’environnement clinique
du programme d’intervention en négligence (cahier 4).
Direction Enfance-Famille, Direction des services professionnels. 73 p.
Références bibliographiques :
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Carlisle : Étude sur le fonctionnement et les effets d’un
programme de soutien pour des familles anglophones de la
Gaspésie. Rapport de recherche, Régie régionale de la santé
et des services sociaux Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine,
Direction de la santé publique, Gaspé, 111 p.
BOIVIN, M., F. VITARO et C. GAGNON (1995). Trajectoire de développement des difficultés relationnelles et comportementales à l’élémentaire : persistance, généralisation et
perceptions de soi associées, Rapport de recherche déposé
au Conseil québécois de la recherche sociale, Groupe de
recherche sur l’inadaptation psychosociale chez l’enfant,
Université Laval.
PAINCHAUD, R., D. GUERIN et L. ROCHELEAU (1998). Dessinemoi un avenir. Les CLSC et la prévention auprès des enfants
de 0 à 12 ans et de leur famille, Direction de la santé
publique du ministère de la Santé et des Services sociaux.
PALACIO-QUINTIN, E. et R. CODERRE (1998). Évaluation de
l’efficacité des projets visant la clientèle des enfants 0-5 ans,
Centre de recherche sur les services communautaires,
Faculté des sciences sociales, Université Laval, Sainte-Foy.
TAFARODI, R.W. et W.B. SWANN (1995). «Self-Liking and SelfCompetence as Dimensions of Global Self-Esteem : Initial
Validation of a Measure» Journal of Personality Assessment,
volume 65, numéro 2, p. 322-342.
N U M É R O
•
3
ÉGIDE ROYER, PROFESSEUR ET CHERCHEUR AU CENTRE DE RECHERCHE ET D’INTERVENTION
V O L U M E
Être parents d'enfants
en difficultés scolaires
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5
P R É S E N TAT I O N
SUITE DE LA PAGE 5
Être parents d'enfants en difficultés scolaires
d'ailleurs la formation des maîtres. Avec
seulement deux cours (cinq crédits) offerts
en quatre années de formation pour
devenir enseignant au préscolaire et au
primaire, les maîtres sont-ils bien préparés
pour adapter leur enseignement aux jeunes
en difficulté?
Dans le cas où un enfant doit avoir recours à
un service spécifique à l'intérieur ou à
l'extérieur de l'école, il peut parfois être
difficile pour les parents de savoir à qui ils
doivent s'adresser et où se situent les
ressources. Lorsque les services nécessaires
pour un élève ne sont pas présents en milieu
scolaire ou qu'ils ne correspondent pas à la
qualité attendue, l'école doit-elle laisser la
responsablilté aux parents de les rechercher
eux-mêmes?
Voilà bien des questions.
Où en sommes-nous?
V O L U M E
3
•
N U M É R O
1
L'enseignement est-il toujours suffisant? S'il
ne l'est pas, quels sont les services
complémentaires essentiels pour favoriser la
réussite scolaire des ÉHDAA? Ce type de
service devrait viser à rejoindre les besoins
des familles. Doivent-ils être gratuits ou une
contribution parentale devrait-elle être
exigée?
Au niveau des ressources
disponibles, comment situer, entre autres,
les services sociaux, de pédopsychiatrie et
d'orthophonie offerts par les centres
hospitaliers, les CLSC et les centres jeunesse?
Pour ce qui est de la déprofessionnalisation
dans les écoles, croyons-nous vraiment que
plus un problème est complexe, moins le
personnel doit être qualifié? Comment
expliquer, alors, qu'une formation de quatre
ans soit exigée pour devenir enseignant et
qu'une formation technique au collégial
soit suffisante pour intervenir auprès des
jeunes qui présentent les besoins les plus
complexes? Peut-on affirmer, dans certains
cas, être en présence d'un problème de
qualité de l'enseignement? Est-ce l'enseignement et l'environnement scolaire qui
sont quelques fois de mauvaise qualité ou
est-ce les caractéristiques de l'élève qui sont
en cause? Les jeunes en difficulté
apprennent-ils mieux dans certaines écoles?
Une amélioration de la qualité de
l'enseignement pourrait-elle faire en sorte
que certains de ces élèves cesseraient d'être
identifiés comme ÉHDAA?
6
De nos jours, il y a une reconnaissance
généralisée du besoin d'accentuer et de
renforcer la collaboration avec les parents.
Il y a aussi une tendance très nette à
favoriser l'intégration des ÉHDAA dans les
systèmes d'enseignement ordinaire et
évaluer tous les types de services adaptés.
En effet, les parents doivent être en mesure
d'obtenir des réponses à des questions telles
que «Combien de jeunes en difficulté de
comportement qui ont fréquenté votre
école spéciale ont complété leur
secondaire?» Il importe de réitérer que le
pourcentage d'intégration n'est pas
considéré comme un indicateur valable en
adaptation scolaire quant aux apprentissages réalisés et à l'insertion sociale d'un
jeune. Il faut davantage se centrer sur des
indicateurs tels que la réussite du
secondaire, l'habileté à lire, la compétence
pour utiliser sa pensée, développer de
nouvelles habiletés, ainsi que les aptitudes
pour occuper un emploi.
Le redoublement à la maternelle et au
primaire est fortement remis en question.
Malgré tout, certains jeunes ont besoin de
plus de temps pour atteindre les objectifs
d'apprentissage et des solutions plus
créatives que la reprise d'année devront
être proposées. La transition au secondaire,
quant à elle, doit faire l'objet d'une
planification fine et sur mesure. Les parents
doivent tenir compte des commentaires
émis par les professionnels de l'école.
Lorsqu'un parent entend «votre enfant
n'est pas prêt, il sera en cheminement
particulier temporaire l'an prochain», un
travail en étroite collaboration avec les
professionnels est de mise afin d'assurer un
cheminement scolaire adéquat au jeune
concerné.
Il nous faut favoriser la réussite. Pour ce
faire, il faut viser plus loin que l'intégration,
c'est-à-dire se demander dans quelle mesure
l'école contribue à instruire, à socialiser et à
qualifier un élève. Il est préférable d'améliorer les services aux élèves à risque de
manière continue et non catégorielle. Il
faut aussi être proactif et non réactif. La
plasticité développementale et un rapport
coût-bénéfice extrêmement favorable soutiennent ces affirmations. La formation
continue des enseignants doit être repensée
puisque certains modèles ne fonctionnent
pas. Pour ce faire, la formation initiale des
enseignants doit être revue en ce qui
concerne la façon d'adapter l'enseignement
et le développement de la compétence
sociale. Il est également fondamental de
reconnaître expressément les parents
comme de véritables partenaires et de faire
de l'école la plaque tournante des services
offerts aux jeunes et à leurs familles. Il est
absolument nécessaire, dans cette optique,
que les professionnels et les enseignants
apprennent davantage à travailler en
étroite collaboration avec les parents.
Conclusion
Si la réussite représente un but à atteindre,
accepter d'en être en partie imputables est
essentiel. Un droit de recours doit être
instauré pour les jeunes et leurs parents
lorsque les services éducatifs ne correspondent pas à la qualité attendue ou que
les droits inaliénables d'un élève à l'éducation sont brimés. Il s'agit donc, pour les
institutions d'enseignement, de reconnaître la nécessité d'un protecteur de l'élève
ou d'un médiateur. Les orthopédagogues,
les psychologues, les psychoéducateurs
passent, mais les parents restent. C'est cette
réalité qui doit guider notre collaboration
avec les parents. •
LE 8e CONGRÈS
DE L’ASSOCIATION
INTERNATIONALE
DE FORMATION ET DE
RECHERCHE
EN ÉDUCATION FAMILIALE
SE TIENDRA À
SAINT-SAUVEUR-DES-MONTS,
DU 18 AU 21 AVRIL PROCHAIN.
Le programme provisoire prévoit
cinq conférences, sept symposiums, et
au-delà d’une centaine de
communications.
On peut se procurer toutes les
informations pertinentes
sur le site du Congrès au :
http://congres8aifref.uqam.ca
P R É S E N TAT I O N
DEUXIÈME PARTIE
MARIE-LYNE ROC, INTERVENANTE AU CLSC CÔTE-DES-NEIGES
LA PRATIQUE AUPRÈS DES FAMILLES
REVENDICATRICES AU STATUT DE RÉFUGIÉ
Le présent article se veut surtout une
illustration de notre pratique comme
travailleuse sociale auprès des familles
revendicatrices au statut de réfugié. À travers
l’histoire de Mme B. et de sa famille, nous
soulèverons certains des bouleversements, des
difficultés et des changements que vivent les
familles au cours du processus d’adaptation à
la terre d’accueil et de l’intervention auprès de
cette clientèle.
LE CONTEXTE DE PRATIQUE : SARIMM
Né il y a un peu plus de 45 ans et intégré au
CLSC Côte-Des-Neiges depuis 1997, le Service
d’Aide aux Réfugiés et aux Immigrants du
Montréal Métropolitain (SARIMM) dessert une
clientèle de nouveaux arrivants dont le statut
est précaire et aux prises avec de graves
difficultés souvent inhérentes à la migration.
Composé de trois grandes équipes de travail
(accueil, prise en charge à court terme et prise
en charge à long terme), le SARIMM offre, plus
précisément, des services d’évaluation,
d’orientation, de référence, d’assistance,
d’accompagnement, de représentation et de
suivi psychosocial auprès des familles en
situation de grande vulnérabilité, des mineurs
non accompagnés de leurs parents, de
personnes victimes ou témoins de la violence
organisée (torture, viol).
EXPÉRIENCE CLINIQUE AUPRÈS DES
FAMILLES RÉFUGIÉES : LE CAS DE MME B.
La référence et les données factuelles
obtenues sur la famille
Mme B. est originaire de la République
démocratique du Congo. Âgée de 36 ans, elle
est mère de six enfants âgés entre 18 et 8 ans.
Elle arrive au Canada en décembre 1999 et
revendique aux frontières le statut de réfugié.
Sans argent, ne sachant où aller, elle et ses
enfants sont orientés par les autorités de
l’immigration au YMCA où, comme plusieurs
requérants au statut de réfugié, ils seront
hébergés jusqu’à ce qu’ils entament les
démarches nécessaires pour s’installer au
Canada en attente que l’on détermine si,
effectivement, ils correspondent à la définition
de réfugiés au sens de la Convention.
Aidée des assistantes sociales du SARIMM au
YMCA, Mme B. entreprend les démarches
obligatoires : examen médical, rencontre avec
l’avocat, présentation à MRCI (immigration du
Québec), rencontre avec le bureau d’aide
sociale et recherche d’appartement. La
recherche d’appartement est particulièrement
difficile, puisque non seulement Mme B. ne
connaît pas la ville, mais aussi elle s’exprime
difficilement en français pour discuter avec les
propriétaires qui, quant à eux, se montrent
fort réticents sinon s’objectent à louer un
appartement à une mère monoparentale avec
six enfants, nouvellement arrivée au Canada et
bénéficiaire de la sécurité du revenu. Elle finit
par dénicher un logement en banlieue de
Montréal. Informée que le SARIMM offre une
aide financière aux familles ayant plus de trois
enfants, elle s’y présente afin de rencontrer
une travailleuse sociale qui l’aidera à obtenir
cette mesure de soutien.
Mme B. nous est donc référée suite à sa
rencontre avec une travailleuse sociale de
l’accueil. Nous procédons à l’évaluation de sa
situation afin d’identifier ses besoins et de
déterminer des services à mettre à sa disposition pour lui venir en aide.
ÉVALUATION PSYCHOSOCIALE
L’histoire migratoire et personnelle de la
famille
Mme B. dit avoir fui le Congo par mesure de
sécurité pour elle et ses enfants. Son mari était
un militantiste qui s’opposait au régime en
place. Après avoir été la cible de plusieurs
menaces, son mari aurait été détenu puis
exécuté par les militaires. Craignant pour sa vie
et celle de ses enfants, Mme B., avec l’aide des
membres de la famille élargie, arrive à vendre
ses biens et à utiliser toutes ses économies pour
obtenir des faux documents de voyage et fuir
vers le Canada.
Au pays, Mme B. était ménagère. Son mari
était le pourvoyeur de la famille et voyait aux
démarches administratives. Mariée à 17 ans,
Mme B. s’en est toujours remise à son mari
pour prendre les décisions importantes. Si elle
voyait aux soins des enfants et au bon fonctionnement de la maisonnée, il en revenait
surtout à son mari de voir à la discipline des
enfants. Il était l’autorité reconnue par la famille.
N U M É R O
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V O L U M E
Être parents en situation d’immigration
3
LA PREMIÈRE PARTIE TRAITÉE PAR LE DOCTEUR JEAN-FRANÇOIS SAUCIER A PARU DANS
RECHERCHES SUR LA FAMILLE VOLUME 2 NUMÉRO 4 ET A FAIT L’OBJET D’UNE COMMUNICATION
AU COLLOQUE SUR LES COMPÉTENCES PARENTALES TENU À TROIS-RIVIÈRES LE 27 OCTOBRE 2000.
1
7
La situation actuelle et les besoins
présentés
Mme B. se sent dépassée et se dit inquiète pour
son avenir et celui des ses enfants. Elle se doit
de se montrer forte, mais elle est souvent
découragée et déprimée. Il y tant à faire, tant
à connaître, à apprendre. Mme B. se doit de
voir à toutes les démarches : inscription des
enfants à l’école; rencontres avec l’avocat;
assurer les besoins de la famille. Heureusement, elle peut compter sur les aînées
pour l’aider, notamment sa fille de 18 ans qui,
scolarisée, parle le français et semble plus
facilement comprendre les codes et la subtilité
de la langue. Mme B. s’en remet souvent à elle
pour des conseils et prendre des décisions.
Les besoins de Mme B. et de sa famille sont, à
cette étape, surtout d’ordre primaire, la famille
étant dans un registre de survie : installation,
inscription des enfants à l’école, régularisation
du statut d’immigration, familiarisation avec le
nouveau milieu de vie.
Les objectifs alors visés dans l’intervention vont
dans ce sens :
• soutenir et accompagner la famille à travers
le processus d’intégration et de régularisation du statut d’immigration;
• faciliter le processus d’établissement de la
famille;
• briser l’isolement de la famille;
• soutenir la famille sur le plan financier avec
une mesure d’aide financière du SARIMM.
LE PROCESSUS D’INTERVENTION EN
REGARD DU PROCESSUS D’INTÉGRATION
DE LA FAMILLE
Le passage du mode de survie au mode
d’établissement : l’émergence de la
problématique de l’adaptation
différentielle
Après sept mois au Canada, Mme B. a le
sentiment que rien ne va plus. Ses filles de 16,
15 et 13 ans développent des comportements
de plus en plus inquiétants : heures d’entrée et
de sortie non respectées, ne font pas part de
leurs allées et venues, se montrent de plus en
P R É S E N TAT I O N
SUITE DE LA PAGE 7
Être parents en situation d’immigration
plus insolentes, n’écoutent plus ses conseils
ni ceux de l’aînée, ont des comportements
de promiscuité sexuelle et des fréquentations douteuses.
Mme B. a le sentiment d’avoir perdu le
contrôle. Elle se sent peu outillée pour
encadrer ses filles dans un milieu qui lui est
encore inconnu, dont elle ne maîtrise pas les
codes, les moeurs et les coutumes. Elle tente
de reprendre le contrôle en imposant des
règles plus rigides. Parfois, par crainte
d’être signalée à la DPJ comme l’en ont
menacé ses filles à plusieurs reprises, elle
démissionne laissant ses jeunes filles faire le
choix de leurs désirs. De leur côté, ces
dernières prennent goût à cette liberté
encore nouvelle. Elles savent bien que leur
mère est peu familière avec la vie au
Canada. Elles manipulent souvent l’information ou utilisent les mensonges pour se
dérober de l’autorité. En même temps, elles
tentent de jongler avec leur identité, à la
fois congolaise et québécoise.
LA MÉDIATION FAMILIALE ET LA
NÉGOCIATION D’UN NOUVEAU MODE
DE FONCTIONNEMENT RESPECTUEUX
DE L’HÉRITAGE CULTUREL ET DE LA
RÉALITÉ ACTUELLE
Afin d’aider Mme B. et ses enfants à
traverser la crise et à trouver un mode de
fonctionnement respectueux à la fois des
valeurs culturelles et de la réalité nouvelle,
nous avons exploré avec eux la situationproblème en la recadrant dans le contexte
global de la migration. À cet effet, l’utilisation du génogramme a permis, tant à
Mme B. qu’à ses enfants, de se raconter, de
verbaliser sur les pertes, les changements et
les nombreux deuils que tous avaient eu à
faire face. Ce fut également une opportunité pour Mme B. de partager pour la
première fois devant ses enfants ses
inquiétudes, ses préoccupations mais aussi
ses souhaits à travers le projet migratoire.
Pour les enfants, l’exploration de l’histoire
familiale et migratoire était une opportunité pour nommer les souffrances, particulièrement la perte du père et du réseau à
travers la migration.
Si ce recadrage nous a permis de situer et
nommer les zones de fragilité de la famille,
il a également mis en lumière les forces de
Mme B. et de ses enfants, notamment leur
capacité et leur courage à surmonter les
difficultés et leur volonté commune de
trouver les outils pouvant les aider à
retrouver l’équilibre au sein de la famille.
Un autre objectif visé dans nos rencontres
avec la famille était de rétablir l’autorité
parentale de Mme B. au sein de la famille. À
cet effet, la valorisation de Madame dans
son rôle et ses capacités parentales; la
reconnaissance de son autorité auprès des
enfants; l’information et la sensibilisation
quant à la double identité culturelle des
jeunes, le fonctionnement du système
scolaire, les différentes lois; l’orientation de
celle-ci vers des cours de francisation ont été
autant de moyens pour aider la mère à
retrouver son pouvoir comme parent et
d’être davantage outillée pour offrir un
encadrement adéquat aux enfants et de
comprendre leur réalité propre.
CONCLUSION
Si le cas de Mme B. illustre les nombreux
changements, les contraintes et les réajustements auxquels doivent faire face les
familles en situation d’immigration, il
démontre également les importantes forces
qu’ont les individus à travers le processus de
migration et d’adaptation. Trop souvent,
l’intervention auprès de ces familles est
centrée sur les zones de fragilité plutôt que
sur ses capacités à trouver un nouvel
équilibre. Le recadrage des situations dans
le contexte global de la migration, la
validation des sentiments éprouvés face aux
changements vécus, la reconnaissance des
capacités de chacun des membres de la
famille sont autant de stratégies qui peuvent l’aider à comprendre sa situation
actuelle et préserver ou maintenir son
équilibre. C’est souvent à travers des interventions souples, ouvertes et créatives que
nous pouvons découvrir et apprécier la
richesse et le bagage des familles, avoir une
compréhension plus juste de leur situation
et les aider dans leur transition et leur
redéfinition. •
LE COLLOQUE «VISION DE LA FAMILLE»
À Montréal s’est tenu les 1er et 2 février dernier le colloque "Visions de la famille". Ce colloque était organisé par une équipe de
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3
•
N U M É R O
1
recherche Partenariat famille, financée par le CQRS (Conseil québécois de la recherche sociale), et qui regroupe autant des
8
chercheurs universitaires que des chercheurs du milieu de la santé et des services sociaux ainsi que des intervenants
communautaires. Riche en contenu, riche en débats, diversifié en termes de participants, voilà une initiative qui témoigne des
rapports de plus en plus nombreux entre les chercheurs et les intervenants. On peut consulter les documents de ce colloque sur le
site internet de l’équipe : (http://partenariat-familles.inrs-culture.uquebec.ca)
P R É S E N TAT I O N
CÉLINE MORAND, INTERVENANTE SOCIALE ET CO-CHERCHEURE EN INTERVENTION,
CENTRE DE SANTÉ PORTNEUF, MISSION CLSC
Les difficultés d’adaptation sociale et les
problèmes de comportement chez les
adolescents constituent une préoccupation
importante de notre société, notamment en
raison de leur impact sur les conditions de vie
des jeunes.
Plusieurs chercheurs ont souligné la nécessité
de mettre en place, pour les jeunes qui
manifestent des problèmes de comportement,
des interventions globales qui impliquent
directement les agents sociaux qui ont le plus
d’impact sur la vie de ces jeunes. Cette recommandation vise particulièrement les parents
qui sont les personnes les plus engagées dans
un soutien à long terme des jeunes en
difficulté. Il est pourtant surprenant que
l’effet du soutien parental sur l’efficacité des
programmes d’entraînement aux habiletés
sociales ait fait l’objet de si peu d’études bien
contrôlées, alors qu’il est plausible qu’une
partie des problèmes de maintien et de
généralisation des apprentissages réalisés par
des jeunes en difficulté de comportement
provienne d’un manque de soutien explicite
des parents.
facteurs suivants : un enfant difficile, des
habiletés parentales faibles ou marginales ou
des parents dépassés par des circonstances
extérieures difficiles (chômage, séparation,
conflit conjugal, alcoolisme ou dépression).
Dans les familles où les compétences parentales sont plus déficitaires, on assiste à la
transmission de valeurs de croyances et de
normes qui expliquent des lacunes éducatives
sur le plan de l’encadrement, de la connaissance et de la réponse aux divers besoins
de développement de l’enfant. L’influence
parentale, entre autres le style et les pratiques
parentales, est ciblée par des recherchistes
comme des variables déterminantes dans la
réussite scolaire. D’ailleurs, à titre d’illustration, on observe que dans la moitié des
familles où l’on intervient à la suite d’abus
physiques ou de négligence grave, un enfant
présentera plus tard des troubles de
comportement ou des problèmes de délinquance. Dans de tels contextes, l’association
entre le développement de problèmes de
comportement et certaines variables familiales
ne fait pas de doute.
forces dans l’adversité avec le plus de
ressources possible». La typologie suivante
nous sert d’indicateurs pour l’identification des
familles résiliantes.
CARACTÉRISTIQUES RÉSILIANTES
Facteurs de protection
• les croyances du système familial : capacité
de faire face à l’adversité; regard extérieur
positif, transcendance et spiritualité;
• l’organisation des modèles familiaux : flexibilité, connectivité, ressources économiques
et sociales;
• le processus de communication : clarté,
ouverture à l’expression des émotions, collaboration à la résolution des problèmes;
• une bonne relation entre le parent et
l’enfant (discipline, communication, acceptation des différences);
• le maintien d’un rituel familial;
L’action auprès des parents et des intervenants
scolaires, de même que sur le mésosystème
famille-école, devient nécessaire afin d’améliorer les contacts entre ces deux microsystèmes, la qualité des relations entre ces
deux systèmes étant un facteur important de la
réussite de l’élève.
• la confrontation proactive dans la résolution
des problèmes.
Les travaux confirment ce que nous avions
identifié depuis quelques années, soit
l’importance de la dynamique familiale dans
l’apparition des comportements difficiles et le
besoin de plusieurs parents d’être mieux
outillés pour y faire face. De plus, ce modèle
explicatif corrobore ce que nous percevions, à
savoir l’intérêt d’une concertation avec l’école
pour favoriser une modification de
comportement chez le jeune.
De notre expérience clinique ainsi que dans la
littérature, nous avons été à même d’observer
que les familles se distinguent les unes des
autres de par leurs facteurs de protection et
pour tous leurs membres. Nous les retrouvons
donc regroupés dans le tableau suivant à partir
d’une gamme d’auteurs provenant du secteur
professionnel/recherche.
En résumé, les familles sont des réseaux sociaux
où les membres sont liés affectivement et
exercent les uns et les autres un contrôle
mutuel. Cette approche est de rassembler les
principaux membres de la famille ayant des
difficultés parents-adolescents de dimension
clinique et de cheminer vers la résolution des
problèmes identifiés.
L’approche diversifiée par l’identification des
familles fait partie des indicateurs de succès
pour l’intervention. Cette étape préalable au
processus d’intervention vous guidera concernant les stratégies d’intervention à privilégier
en fonction des types de familles.
L’apparition, l’augmentation et le maintien de
conduites antisociales constituent un processus
qui est enclenché par la combinaison des
Dans le cadre de notre programme, nous
adoptons la définition de la famille résiliante
comme étant «la capacité à rebondir avec les
Dans cette première phase, où les parents et les
adolescents en rencontres familiales prennent
conscience de leurs difficultés, nous procédons
à l’identification de leurs forces pour créer
l’ouverture au changement lorsqu’ils procèdent à la cueillette des données pour
constituer l’histoire de la famille afin de
trouver des domaines où les membres ont
atteint un certain degré de réussite.
L’angle de changement sera perçu 10
Au Québec, depuis quelques années, nous
avons mené des travaux de recherche sur
l’intervention en milieu scolaire auprès
d’adolescents présentant des troubles du
comportement. Rapidement, nous en sommes
venus à inclure l’entraînement aux habiletés
sociales dans nos plans de recherche. Dans le
but d’accroître la généralisation et le maintien
des acquis, nous recherchions l’implication des
agents d’éducation de l’école, de même que
celle des parents des adolescents visés.
• le minimum de conflits durant l’enfance;
• l’absence de divorce durant l’adolescence;
N U M É R O
•
3
L’intervention positive et concertée :
une approche en devenir pour une famille ayant
un jeune en difficulté de comportements
V O L U M E
COMMUNICATION FAITE AU COLLOQUE SUR LES COMPÉTENCES PARENTALES TENU À TROIS-RIVIÈRES LE 27 OCTOBRE 2000
1
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P R É S E N TAT I O N
SUITE DE LA PAGE 9
L’intervention positive et concertée :
une approche en devenir pour une famille
ayant un jeune en difficulté de comportements
positivement, c’est-à-dire leur compétence à
faire des choix qui sont bons pour eux. Nous
pouvons procéder à ce moment au consensus familial. Ce premier aspect est un
contrat d’entente mutuelle qui mobilise
positivement les membres de la famille.
Selon une perspective systémique, nous
savons que la famille est un système
structuré où chaque membre possède sa
place hiérarchique et exerce une influence
affective pour favoriser ou non le changement. Il faut alors obtenir un consensus
sur la trajectoire de réussite contenant les
alternatives de changement. Cette première
partie du programme ne peut s’effectuer
que dans l’intimité d’un partage familial,
qui est, selon nous, une force du
programme.
supportés et stimulés dans leurs apprentissages par leurs pairs puisqu’ils ne sont pas
à leur première expérience sans échecs; la
négociation des conflits et le mode de
communication des membres, ces éléments
étant très souvent une source de problème
avec un adolescent en difficulté de
comportement.
La seconde étape du modèle se veut
facultative, selon le besoin de chaque
famille. Elle vise la consolidation des
habiletés dans la négociation des conflits et
leur mode de communication. Ainsi,
l’adolescence est une étape de vie où le
jeune a un besoin d’autonomie, de
distanciation de ses parents et d’appartenance à un groupe de pairs. En ce qui
concerne les parents, ils ont besoin, avec un
jeune en difficulté de comportement, d’être
PROGRAMME P.E.C.
(En préparation)
(Pratiquer ensemble nos compétences)
Habiletés parentales
Habiletés sociales
pour les adolescents
V O L U M E
3
•
N U M É R O
1
Volet familial
10
Volet groupe
Volet groupe
Maintien des acquis
Collaboration école – famille – CLSC – CJ
RECENSION
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N U M É R O
1
Cultures et paternités
NATHALIE DYKE ET JEAN-FRANÇOIS SAUCIER
Publié à l’été 2000 dans la collection
Pluriethnicité/Santé/Problèmes sociaux des
Éditions Saint-Martin, Cultures et paternités
est un petit ouvrage intéressant à plus d’un
égard. De manière accessible, le livre rend
compte d’une recherche exemplaire effectuée
à la demande du CLSC Côte-des-Neiges auprès
de couples provenant de différentes aires
culturelles et vivant une grossesse au Québec.
En fait, le lecteur y verra une bonne illustration
de ce que les sciences sociales ont de mieux à
offrir en recherche appliquée dans le domaine
de la santé et des services sociaux. L’arrimage
qui s’effectue depuis plusieurs années entre la
recherche universitaire et les besoins des
organisations et des intervenants se concrétise
ici en une recherche exploratoire qualitative
qui apporte un éclairage nouveau dans
l’appréhension de l’immigration, de la famille
et de la santé au Québec. En somme, un triplé
des enjeux sociétaux de la dernière décennie.
Le devenir père
Le sujet de la recherche reposait sur les
représentations de la paternité chez des
couples appartenant à trois groupes ethnoculturels. Il s’agissait de mieux connaître les
caractéristiques de la paternité en cours
«parmi trois modèles culturels» et de comprendre comment ces modèles culturels
«influencent l’exercice de la paternité chez les
hommes en situation d’immigration». Les
réponses obtenues à ces questions permettraient selon les auteurs de la recherche de
«recadrer» la conception de l’intervention
pour les pères dans un contexte de pluralité
culturelle.
Des entrevues en profondeur ont été
effectuées auprès de pères et de mères
haïtiens, vietnamiens et québécois au sixième
mois de grossesse de la mère et quatre mois
après la naissance de l’enfant. Le moment de
la grossesse a été choisi comme événement
pivot pour la sélection des couples parce qu’il
introduit la question de la redéfinition des
rôles parentaux et aussi, parce qu’à cette
occasion le CLSC offre un encadrement et
répond à de nombreuses demandes d’aide de
la part des parents. Au total 36 couples ont
participé à l’enquête de type ethnométhodologique (grille d’entrevue semistructurée). Les entrevues ont été réalisées par
des assistants de même origine ethnoculturelle, de même sexe que le répondant et
parlant la langue d’origine des couples.
L’intérêt de l’ouvrage se trouve concentré aux
chapitres 3 et 4 qui passent en revue les
réponses des informateurs aux questions
concernant les dimensions reliées à la grossesse
et à l'insertion sociale de l’enfant à naître : le
désir d’enfant, les préférences de sexe, les nom
et prénom, la période de la grossesse,
l’accouchement, la période postnatale, les
projets pour l’enfant, les rôles de père et de
mère, le modèle perçu de père idéal (et sa
concrétisation chez un proche) ainsi que les
écueils rencontrés dans l'actualisation du rôle
de père après la naissance.
La paternité n’est pas une île
En paraphrasant Renée B.-Dandurand1, on
peut dire que les résultats de cette enquête
indiquent une avenue aux intervenants sociaux
et médicaux : la paternité n’est pas une île et
c’est davantage l’insertion sociale des familles
immigrantes et des familles québécoises,
insertion stable et significative des deux
partenaires, qui influence positivement l’accomplissement du rôle de père, son engagement auprès du nouveau-né et dans la
famille, plutôt qu’un modèle culturel de père
plus ou moins bien défini.
Que disent ces pères et ces mères ? Et bien,
que l’identification à un modèle de père idéal
est une véritable construction sociale. Au
départ, elle puise ses sources dans les modèles
culturels des sociétés d’appartenance. Si cela
est particulièrement vrai pour les familles
immigrantes (arrivées au Québec depuis moins
de 15 ans pour les fins de l'étude) pour qui les
modèles de paternité sont plus clairement
définis et orientés, il l’est aussi pour les couples
québécois. À ce point de départ cependant,
s’ajoute la nécessaire adaptation aux
conditions sociales que rencontrent les familles
dans leur existence et leur mode de vie
québécois.
Il est remarquable que les auteurs aient résisté
à la tentation de comparer les familles
immigrantes aux familles québécoises. Ce qui
ressort plutôt de l'analyse, ce sont les difficultés d'adéquation entre le rôle réel et le
rôle prescrit pour les pères de chacun des
groupes ethnoculturels, en référence à leurs
propres normes d'une paternité adéquate.
Ajoutons cependant, comme cela avait été
soulevé dans d'autres enquêtes portant sur
plusieurs groupes culturels, que les familles
immigrantes tendent à rejeter le modèle de
père québécois tel qu'ils le perçoivent dans la
société québécoise contemporaine.
Dans le dernier chapitre de l'ouvrage, les
auteurs examinent à partir de leurs résultats de
recherche, quels devraient être les enjeux
d'une intervention du système de santé en
période périnatale auprès des pères immigrants. Ils en viennent à la conclusion que les
parents, immigrants comme non immigrants,
recherchent fondamentalement une condition
familiale satisfaisante. «Ce qui rend la tâche
laborieuse pour les familles immigrantes, alors
qu'hommes et femmes essaient d'atteindre ce
difficile but, c'est l'adaptation à leur nouveau
contexte socioculturel. Par conséquent, il est
impérieux de faire attention de ne pas
attribuer à la culture ou à l'ethnicité des problèmes qui relèvent, d'une part, de l'adaptation à la parentalité et, d'autre part, à
l'acculturation.» (p. 128). Il ne serait donc pas
souhaitable de concevoir un programme
d'intervention différent pour les pères immigrants des pères québécois. Enfin, les
auteurs soulèvent avec justesse le préjugé qui
fonde bien des interventions destinées aux
pères, selon lequel leur compétence parentale
est inadéquate (ils sont passifs, ne s'engagent
pas assez, sont moins compétents que les
femmes…).
LECTRICE : MARIE-THÉRÈSE LACOURSE
PROFESSEURE
CÉGEP FRANÇOIS-XAVIER-GARNEAU
1 Du titre de l’article de B.-Dandurand, «La famille n’est pas
une île» dans Le Québec en jeu, sous la direction de Gérard
Daigle, Montréal, IQRC/PUM, 1992.
APPEL DE COMMUNICATIONS
POUR LE SIXIÈME SYMPOSIUM
DE RECHERCHE SUR LA FAMILLE
TROIS-RIVIERES,
er
1 - 2 NOVEMBRE 2001
On peut obtenir des informations
sur l’appel de texte et télécharger le
formulaire sur le site Internet
du Conseil au :
http://www.uqtr.uquebec.ca/cdrfq/
V O L U M E
3
•
MONTRÉAL, ÉDITIONS SAINT-MARTIN, 2000, 143 P.
Bourse de recherche de
doctorat sur le thème
de la famille
CONCOURS 2001
est le bulletin de liaison du Conseil de
développement de la recherche sur la famille du
Québec. Le Conseil a pour mission de promouvoir
la recherche sur la famille et de contribuer à la
Une fois par année, le Conseil de développement de la recherche sur la famille du Québec
offre une bourse de recherche de 5 000 $ à une étudiante ou à un étudiant dont le sujet de
recherche pour la thèse de doctorat porte sur la famille. La bourse est remise à la fin
d’octobre à l’occasion du colloque ou du symposium de recherche sur la famille.
diffusion et à la mise en application de ses
résultats dans les milieux de pratique.
Le bulletin est publié trois fois par année et le
prix de l’abonnement est de 15 $ pour trois
CONDITIONS D’ADMISSION
➔
être citoyen canadien,
➔
être effectivement inscrit dans une université,
➔
avoir un sujet de thèse de doctorat officiellement accepté,
➔
avoir un directeur ou une directrice de thèse formellement désigné(e).
numéros. La reproduction de son contenu est
autorisée pourvu que la source soit mentionnée.
Les articles signés n’engagent que la
responsabilité de leurs auteurs.
Éditeur
Conseil de développement de la recherche
Faire parvenir les documents suivants à l’adresse mentionnée ci-dessous :
sur la famille du Québec
1455, boulevard du Carmel, Trois-Rivières
➔
une preuve de citoyenneté canadienne,
➔
une preuve d’inscription dans un programme de doctorat d’une université,
➔
une attestation de l’acceptation officielle du projet de recherche par le ou la
responsable du programme,
➔
la description du sujet de la recherche pour la thèse incluant le titre, un résumé de la
problématique, du cadre théorique et de la méthodologie, un exposé des retombées
potentielles pour l’avancement de la pratique ou de la politique concernant la famille,
l’échéancier de réalisation, l’état d’avancement des travaux et le nom du directeur ou
de la directrice (maximum 5 pages),
➔
un curriculum vitae (maximum 2 pages),
➔
la lettre d’appui du directeur ou de la directrice de recherche,
➔
un relevé des notes obtenues à la maîtrise et au doctorat,
➔
les coordonnées complètes de l’étudiant ou de l’étudiante.
(Québec) G8Z 3R7
Comité de rédaction
Carl Lacharité, responsable du comité scientifique
Ruth Laliberté Marchand, membre du
conseil d’administration
Marie-Thérèse Lacourse, professeure,
CEGEP Garneau
Gilles Pronovost, directeur général du CDRFQ
Graphisme
Lucile Baril
DATE LIMITE
Imprimerie
Imprimerie Trifluvienne
V O L U M E
3
•
N U M É R O
1
Les personnes intéressées sont invitées à faire parvenir la documentation
pertinente au plus tard le 15 août 2001 en 11 exemplaires, à l’attention de :
12
Monsieur Gilles Pronovost, directeur général
Conseil de développement de la recherche sur la famille du Québec
1455, boulevard du Carmel
Trois-Rivières (Québec) G8Z 3R7
Dépôt légal
Bibliothèque nationale du Québec
Téléphone : (819) 373-3300
Télécopieur : (819) 373-3946
Bibliothèque nationale du Canada
ISSN : 1481-0271