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MAQ. NEWS Serre Mados/2 16/10/03 16:43 Page 2 LE COURRIER DU JARDIN “SERRE DE LA MADONE” - JARDIN HISTORIQUE CLASSÉ - N° 1 - JUIN 2001 Mahonia Qui était cet homme ? Qui était ce major Johnston dont nous sommes chargés de prolonger les volontés ? Il n'est pas inutile de nous poser la question si nous voulons savoir où nous allons. La réponse est simple, il ne reste pour ainsi dire rien du major, sinon quelques anecdotes, la plupart relatives à son mauvais caractère. Des compagnons d'expéditions botaniques en Asie se souviennent d'un vieux garçon maniaque. Pas un seul écrit pour exprimer ses intentions, décrire son projet. Non, il ne reste de lui que ses deux jardins de Hidcote Manor en Angleterre et Serre de la Madone en France. Nous devons donc les observer très attentivement pour reprendre l'ouvrage là où il a été abandonné. Entre temps, la nature, qui se soucie peu de nous, a continué son œuvre et quelques propriétaires intermédiaires ont laissé des empreintes assez faciles à corriger. On ne restaure pas un jardin comme on restaure un tableau, une statue, une architecture. Ce premier numéro de notre lettre d'informations fait donc appel à la sagacité de deux hommes, l'un botaniste, Franklin Picard, qui connaît sur le bout du doigt les jardins de la côte d'Azur, l'autre, architecte en chef des Monuments historiques, Pierre Antoine Gatier. Chacun à sa manière apporte des éléments de réflexion. D'autres vont suivre. Louisa Jones, l'écrivain des jardins, se livre en ce moment pour le compte du Conservatoire du Littoral à une recherche extensive sur Lawrence Johnston et ses jardins. Nous lirons ses révélations dans le prochain numéro de Mahonia et dans un livre à paraître dans quelques mois. Ainsi, tandis que Benoît Bourdeau et son équipe de jardiniers ressuscitent le jardin par leur travail minutieux et continu, nous voulons les accompagner avec des analyses, des expertises, des recherches multiples. Nous vous proposons par ailleurs de prendre connaissance du calendrier des travaux, de la fréquentation touristique, des recherches botaniques en cours, des spectacles, concerts et conférences de l'été et l'automne 2001. Serre de la Madone ne sera pas entièrement restauré avant deux ou trois ans, mais déjà il vit intensément. Je vous invite, vous aussi, à participer à l'aventure selon vos talents. Michael Likierman, président de l'Association. Mahonia siamensis CONSERVATOIRE DU LITTORAL MAQ. NEWS Serre Mados/2 16/10/03 16:43 Page 3 Carnet de jardin Stand aux floralies de Monaco Ça s’est passé hier... Pierre Reach, Masterclasses - 19 Août 2000 ◗ L’association a été invitée par le Garden Club de Monaco à participer au 4ème salon " Rêveries sur les Jardins " qui s’est tenu du 11 au 14 mai 2001 sur les terrasses du Casino. Un millier de dépliants distribué en 4 jours.. ◗ 12 mai 2001 : Visite de Mme Christine Lazerges, vice-présidente de l’Assemblée Nationale et présidente du Conservatoire du Littoral. ◗ Nombre total de visiteurs de février à fin avril 2001 : 1096 contre 662 en 2000. Depuis la réouverture du jardin le 11 février 2000, 4012 visiteurs ont été accueillis. ◗ 14 mai 2001: Installation du chantier pour la 1ère tranche de restauration des bâtiments : maison du gardien. Les travaux débuteront le 5 juin. La mémoire du jardin par Pierre Antoine Gatier e domaine de la Serre de la Madone aménagé par Lawrence Johnston à partir de 1924, classé d'office au titre de la loi sur les monuments historiques le 12 décembre 1990, a fait l'objet de plusieurs études préalables en vue de sa restauration. Ces études portant sur le clos et couvert et sur le jardin ont été commandées par la Direction Régionale des Affaires Culturelles. L'étude sur le jardin remise en novembre 2000 et approuvée depuis en commission supérieure des monuments historiques porte sur la totalité du jardin. Elle s’inscrit dans le prolongement d’une étude réalisée en 1992 sous la direction de Jean Claude Yvan Yarmola, architecte en chef des monuments historiques. L JARDIN “SERRE DE LA MADONE” - MENTON Les participants au Masterclasses Août 2000 Les rendez-vous de demain... Concerts Concertset conférence JUILLET ◗ 13 Donizetti. Dîner à 23H00 supervisé par Jacques Chibois. Andreas Scholl à 21H00. Dîner à 23H00 supervisé par Jacques AOÛT Chibois. Masterclasses dans le ◗ 20, 21 et 22 cadre du Festival de Don Pasquale de Musique de Menton. L’étude comportait plusieurs objectifs : • préciser la nature du paysage sur le site avant l’intervention de L. Johnston, identifier ses composantes végétales et hydrauliques, comprendre le fonctionnement du lieu, • déterminer la manière dont L. Johnston a réutilisé et réorienté les potentialités du site pour servir sa composition, • essayer de situer le jardin dans le mouvement paysager de l’époque, • identifier les différents espaces du jardin et les situer dans l’ensemble global de la propriété. Pour atteindre ces objectifs, l’étude a mêlé travail de terrain et travail sur les documents d’archives, publiques ou privées. Les archives concernant ce domaine sont rares. D'une part, L. Johnston a la réputation d’avoir peu écrit ou dessiné, d'autre part la gestion de ses biens mobiliers après sa mort s'est traduite par une dispersion presque irrémédiable. Septembre ◗ 15 Dans le cadre des Journées du Patrimoine, conférence par Pierre Lieutaghi : “La flore, témoin de l’évolution du paysage méditerranéen”. En revanche, à l’instar de nombreux jardins ou maisons du début du siècle, Serre de la Madone a bénéficié d’un intérêt de la part de photographes, amateurs ou professionnels, qui ont à différentes époques fixé scènes ou composition reflétant les transformations du jardin. Les campagnes de photographies aériennes réalisées à partir de 1948 donnent en outre d'intéressantes informations sur le domaine. Nous avons pu avoir accès aux différents fonds, publics ou privés suivants : fond Giletta, conservé aux archives photographiques du ministère de la culture. Giletta, photographe niçois a réalisé une campagne de photographies pour un numéro spécial de la Gazette illustrée des amateurs de jardins publié en 1936 sous la direction d'Ernest de Ganay sur les jardins du midi, fonds appartenant à Jacques Rodolphe de Wurstemberger, propriétaire de 1967 à 1986 qui contient de MAQ. NEWS Serre Mados/2 16/10/03 16:43 Page 4 L’ e s p r i t d e l a S e r r e … nombreuses photographies prises vers 1931, date d’acquisition de la maison principale et des photographies plus récentes montrant l'évolution de la végétation à la fin des années 1980, fond appartenant à un ancien jardinier Jacky Quarzi. L'étude du cadastre ancien et des matrices a permis de préciser la constitution du domaine et de mettre en évidence la durée de réalisation du projet conçu par L. Johnston. Un travail important d'archéologie de surface a été réalisé sur le domaine pour retrouver les traces des aménagements aujourd'hui disparus, réseau hydraulique, volière, escaliers ou cheminements, traces de taille sur les végétaux. Ce travail de recherche tous azimut et la confrontation des résultats ont permis de mieux comprendre la composition du jardin et son aménagement. Il illustre la méthodologie retenue pour l'approche d'un jardin historique contemporain et met en évidence, une nouvelle fois, l'importance d'une collaboration étroite avec les différents acteurs du jardin : témoins de sa réalisation, jardiniers, utilisateurs etc. Le parti de restauration proposé vise à retrouver et à assurer la pérennité de la composition initiale, assemblage d’éléments fonciers indépendants en un domaine aux différentes entités contrastées aux fonctions déterminées, tout en proposant des adaptations liés à son usage actuel ◆ Stand aux floralies de Monaco Le Mahonia notre emblème. horticulteur américain (le " Mc " veut dire " fils de "), peut sembler quelque peu obscur. Mais il suscite un écho plus prestigieux en France où le général Mc Mahon, descendant d'une famille irlandaise, s'est particupar William Waterfield lièrement illustré. C'est lui qui conduisit les troupes françaises armi les soixanteà la bataille de Sedan qui ne fut dix espèces de pas des plus glorieuses, mais Mahonia qui ont été dont on se souvient dans l'hisrécemment séparées du genre toire européenne. Plus tard, il Berberis, la plus spectaculaire est devint président de la peut-être le Mahonia siamensis, République. dont le nom est associé à celui Ainsi, le nom de notre de Serre de la Madone. Dans magazine, Mahonia, a une résoleur ouvrage Conservatory and nance non seulement à Menton indoor plants (vol. I, p. 23), Roger mais dans toute Phillips et la France et, plus Martyn Rix Une des plus loin encore, en mentionnent Irlande et aux que " cette belles plantes États-Unis ◆ belle espèce P de la Côte d’Azur… a été découverte par Kerr en Thaïlande, mais les spécimens cultivés dans le jardin de Lawrence Johnson [sic], près de Menton, ont été récoltés par luimême au Yunnan. À Menton, ils fleurissent en janvier et février. " Ils forment un magnifique ensemble dans les jardins de la ville (on en trouve un beau spécimen au Clos du Peyronnet, probablement originaire du jardin de Johnston et distribué par ses soins). Ils sont pour ainsi dire inconnus en dehors de cette zone. Cette rareté peut s'expliquer : l'espèce fleurissant en hiver, elle n'a pas intéressé les estivants ; elle est trop piquante pour les mains douces ; elle pousse trop lentement pour les retraités et elle est trop sensible au froid pour les jardiniers des régions moins clémentes. Néanmoins, avec son écorce profondément fissurée, ses grands épis floraux jaunes très parfumés et ses feuilles épineuses, c'est une des plus belles plantes de la Côte d'Azur. Son nom générique, Mahonia, en l'honneur de Bernard Mc Mahon (1775-1816), Special note for anglosaxon people : if Mc Mahon was not exactly wild geese, at least might be considered wild moorhen. JARDIN “SERRE DE LA MADONE” - MENTON MAQ. NEWS Serre Mados/2 16/10/03 16:43 Page 1 Témoignage... Vingt ans après par Franklin Picard e jardin Serre de la Madone représente, à divers titres, un cas exceptionnel dans l'histoire du jardinage et, en particulier, par ce qui a trait à l'introduction des végétaux exotiques sur la Côte d'Azur. Quand on visite ce jardin aujourd'hui, on ne réalise pas suffisamment quelles étapes ont jalonné son histoire. En ce qui me concerne, j'ai l'impression de l'avoir toujours connu. Ce qui est très curieux, c'est que, tout jeune, pendant les vacances de Pâques dans le Midi, j'allais respirer avec tant de joie le parfum du Jasminum polyanthum qui embaumait le jardin de ma grand-mère. J'ignorais alors que cette plante grimpante au parfum si suave avait été introduite par Lawrence Johnston à Serre de la Madone. Je me rappelle qu'au cours de ma première visite, vers la fin des années 1980, j'avais été particulièrement frappé par la grande hauteur de nombreux arbres ainsi que par l'atmosphère de fraîcheur, mais aussi de relatif abandon, qui L Serre de la Madone Propriété du Conservatoire du Littoral Jardin historique classé créé par Lawrence Johnson en 1924. 74, route de Gorbio 06500 Menton - France Tél. et Fax : (+33) 04 93 57 73 90 www.SerreDeLaMadone.com imprégnait les lieux. Quelques années plus tard, je fis une nouvelle visite avec Jean-Hubert Gilson qui s'occupait, à cette époque, des jardins de Menton et déployait un grand talent pour les faire connaître et apprécier. À l'annonce du classement de Serre de la Madone comme Monument historique, je ressentis à la fois un grand soulagement pour ce jardin menacé de disparition et la portée considérable de cette décision prise contre l'avis du propriétaire, ce qui n'était encore jamais arrivé en France pour un jardin. J'ai revu plusieurs fois Serre de la Madone et je ne puis m'empêcher de citer ici un certain nombre d'arbres et arbustes qui m'ont particulièrement intéressé parce qu'ils sont soit uniques en Europe, soit rarissimes, ou tout simplement superbes. Je pense ainsi à l'extraordinaire Quercus leucotrichophora, proche de l'entrée, dont je ne connais en Europe aucun spécimen aussi bien développé ; j'évoque le Calodendron capense avec ses fleurs si belles qu'elles rappellent les orchidées, les deux magnifiques Podocarpus (le P. gracilior est unique en France), l'énorme Magnolia Delavayi, le Pittosporum heterophyllum (bien identifié, tous les autres cultivés en France sous ce nom étant des P. truncatum), le Cupressus funebris, les Pittosporum floribundum aux fleurs jaunes et au parfum piquant (il en a existé au jardin botanique Les Cèdres, à SaintJean-Cap-Ferrat, avant le grand froid de 1985), et le Dichotonanthes tristaniicarpa de 70 ans ! Je croyais être le premier à l'avoir introduit en France jusqu'au jour où je fus détrompé en voyant le superbe spécimen de Serre de la Madone. Je pourrais en citer encore un grand nombre, depuis le magnifique Stenocarpus sinuatus jusqu'au luxuriant Oreopanax Epremesnilianus, mais je voudrais surtout dire combien je suis heureux de faire partie de cette nouvelle Association des amis de Serre de la Madone, car je sais que ce jardin est aujourd'hui entouré de beaucoup de respect et de compétences. L'enthousiasme et le talent de Benoît Bourdeau et de ses collaborateurs font vraiment plaisir à voir, et ce serait une grande joie pour moi, s'ils le souhaitent, d'apporter mon " grain de pollen " à cette magnifique aventure ◆ Ficus sycomorus “Mahonia” Lettre trimestrielle Directeur de la publication : Michael Likierman ISBN en cours Crédit photos : Benoit Bourdeau, C. Merle, Caroline Cambus. Réalisation graphique : Dynactis Impression : Graphique Service, impression sur du papier recyclable blanchi sans chlore Avec le concours de la Ville de Menton, du Conseil Général des Alpes-Maritimes, de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, du Ministère de la Culture et de la Fondation Electricité de France. CONSERVATOIRE DU LITTORAL