André Leroy

Transcription

André Leroy
André Leroy
Journal intime du 29 Mai au 16 Juin 1950
André Leroy était âgé de 23 ans au moment où il rédigeait les pages de son journal
intime transcrites ci-après. Il était en deuxième année de Droit après avoir étudié au
séminaire deux années de philosophie et une année de théologie. Il était actif également au
Cercle Théâtral où il retrouvait amis et amies, dont la séduisante Nicole Glaudot. Le
Cercle biblique, qu’il fréquentait, répondait à ses préoccupations religieuses.
La transcription a conservé les nombreuses abréviations.
Les ajouts postérieurs, parfois datés, apparaissent sous cette forme : (ajout)
29/5/1950
S’abandonner à soi-mê pour quelques minutes, déposer cette lourdeur qui pèse chaude
et serrée sur les yeux, arracher ce cœur qui bat furieusement, fuir tout, ce pénible
physiologique et ce travail à quoi il faut s’atteler, sans écart, sur une route monotone
en montée, aux lointains sans terme.
Remonter d’un désir inducteur du désir actuel qui m’obsède et que je ne puis réaliser
sans dommage.
Diner (déjeuner) avec M. (Marie, ma sœur) : conversation triste. Une vie qui ne va nulle part : « je
suis ce que je suis et c’est trop tard. Cela ne sert à rien de devenir neurasthénique ».
Que faire pour elle ? Comment lui faire sentir sans le dire que je sais sa souffrance et
que je comprends le pourquoi de cette vie informe.
1
Discussion « l’art d’aimer ». J’arrive difficilement à en faire comprendre. Je n’ose parler
que par sous-entendus.
Préférer le non-engagement et tout ce dont il prive à un engagement définitif aux
risques de déceptions.
30/5/50
Si tte. la m. (morale) cath. est impossible (pour quelqu’un), si elle rompt l’équilibre de ses
facultés…, mais, s’il est cath. ça n’a pas bcp. d’importance qu’il soit un peu fou,
pourvu qu’il garde la foi. (Les cath. pensent bien rarement de cette façon. 20.9.69.)
31/5/50
Etudier le remords, mais il me faut tourner la pg.
« Seigneur, ceci fut le fait de ma fatigue et non du cœur que je stimule à vous servir ».
« Seigneur, voyez ce que je suis… »
≠ Remords devt. Dieu, de ce qui avait été commis. Je savais que devt. Dieu, j’étais
naturellement pécheur et que je cherchais authentiquement et activement sa Volonté.
= Ms, que l’Egl. me tourmentait, ce qu’elle exigeait de moi, ce qui était à faire… et que
je faisais pcq. il fallait être aussi un serviteur loyal de l’Egl. de ce que je croyais qu’elle
me prescrivait au nom de Dieu. Je le faisais aussi pcq. je savais que ds des actes, il était
bon que j’exprime que j’étais persuadé de n’être que pécheur, impur… devant Dieu ; le
péché confirmait cette inép ? devant le Sacré, il ne me créait pas impur devant Dieu..
Je croyais bien que le Seigneur m’aimait, ms que je savais que j’en étais peu digne, que
c’était un don que je ne comprenais pas bien, comme toute « l’économie du Salut »
m’apparaissait si étrange.
______
Ce train qui partait Samedi passé, emportant Nicole et le trimestre achevé, les
souvenirs restent brûlants ds ma poitrine qui les cuit.
Le voyage au Maroc est décidé depuis hier, ma joie d’un gros souci liquidé ne fut pas
grd. tant la fatigue et l’angoisse de devoir étudier étaient grandes.
(Alinéa marqué au Bic rouge en marge.) Nos amitiés du cercle se continuent : on se dit slt. entre
nous : quelle réussite ce cercle théâtral !
Etudier avec des œillères jour après jour, ss se demander si on ne va pas oublier.
Ce soir : calme et paix à travers ma fenêtre ouverte. J’achève une relecture du droit
romain.
(Alinéa marqué au Bic rouge en marge.) J’étudie et si je ne réussis pas, c’est déjà accepté ; je me dis
toujours j’ai déjà connu et assimilé tant d’échecs, un de plus ou un de moins… « A la
grâce de Dieu… » dit tj. F. (François ; mon meilleur Ami depuis les humanités)
2
Je voudrais remercier Dieu dans un hymne de ferveur, comme dans le temps, pour
tout ce que cette année m’a apporté… Jubilation, jubilation : Cantate Dominis
Canticum novum, jubilate Deo nostro, qua muravillia fecit nobis…
Quand je suis dans une allégresse intense, je finis tj. par penser, depuis quelque temps,
à J.C. (Jean Collart) la fç dont il a accepté de ne pas pouvoir aller au Maroc… magnifique !
Mais l’angoisse à cause du travail de demain est revenue…
Plus tard. Du jardin de l’école sociale, monte l’Alleluia de Haendel (derrière chez nous)
Je voudrais que la rlg. donne aux h. un surcroît de joie, de bonheur, d’énergie… qu’elle
épanouisse, qu’elle les aide… cette m. (merde) cath. sent le renfermé, le timoré, …
même cent de ses principes imposés sous peine de péché mortel me semblent si
étouffants. Mais, n’est qu’un culte de la terre, sur la terre n’est-elle pas divine ? L’émoi
mystique c’est pour des appelés ou pour ceux qui en ont le goût ou en sentent
l’attirance ou le devoir…
____
Y a-t-il quelque chose qui s’oublie plus vite que les souffrances par où on a passé et la
douloureuse attente d’un futur incertain ? Si je pouvais me souvenir combien j’ai désiré
pr ce 17 Mars et l’année passée la réussite de mon examen ! (2003, 3 janvier : 17 Mars 1950,
représentation du Rendez-vous de Senlis)
Cultiver la confiance en soi : le bonheur lui serait possible, mais il a
besoin d’être enviable, admirable, d’être sympathique.
(Alinéa marqué en marge au Bic rouge) « Tu ne sais pas ce que peut faire de nous une première
éducation puritaine. Elle vous laisse au cœur un ressentiment dont on ne peut plus se
guérir… Si j’en juge par moi, acheva-t-il en ricanant…
Gide. Les Faux-monnayeurs. N.R.F. 1925 p. 474 1
« Vivre sans but, c’est laisser disposer de soi l’aventure… J’ai svt pensé, interrompit
Edouard (l’écrivain) (que) … ceux-là comptent qui se lancent dans l’inconnu. On ne
découvre une terre nouvelle sans consentir à perdre de vue, d’abord et longtemps, tout
rivage… » >< côtoyons qui craignent le large
Edouard encore (p. 449) « il est bon de suivre sa pente, pourvu que ce soit en
montant ».
X « C’est tj. quand une femme se montre le plus résignée qu’elle paraît la +
raisonnable » p. 406 (cf. 138) (7.6.1950)
(25-3-52 C’était mon adresse.)
3/6 1950
Droit Romain depuis 3 jours.
(1)
Besoin de « battre sa nourrice » dit Du Bos.
3
(marqué au Bic rouge en marge)
Fatigue nerveuse, exacerbation de ma libido.
4/6/1950
Jouer un rôle ; cert. rôles que je crois (mot illisible) jour, je voudrais les jouer, et les
jouer avec perfection, avec un art étonnant ; je me livrai peut-être bien à jouer un rôle,
je serais fidèle à la comédie pr fidélité à un engagement ; mais je ne vois aucun rôle qui
s’imposerait que je joue
(Une ligne et demie biffée)
Jouir de ce qu’on fait, pas de l’effet qu’on fait sur autrui ; juger ce qu’on a fait et pas de
l’effet qu’on a senti créer.
L’odeur des vêtements.
5/6/1950
Recueillons le passé : ce retour de Leffe à la moitié de ces vacances de Pâques de la
seconde après le trou d’Aquin (une grotte), avant cette semaine d’étude de J.O.C., avec Jean
E. (Jean Ertrykx, compagnon de séminaire devenu prêtre) et P. Gautier (Pierre Gautier, ayant quitté comme moi) cette
descente du rocher le long dl corde… retour en taxi, conversation avec cette femme
de 28 ans (±) qui venait de quitter son mari qui avait repris une ancienne liaison pdt.
Qu’elle allait revoir sa famille, .. en Flandre ..
- « Qu’est-ce que vous lisez »
- Des mystiques » (effectivement : de la Prière de St-Alphonse de Ligori : un
mystique !)
Et tous les détails de la séparation qui sortaient au milieu des larmes ; son voyage à la
mer avec une amie et sa rencontre des Anglais ; on enlève sa bague et on flirte.
Elle rentrait ds son appartement à Bruxelles, seule (je portai sa valise jusqu’au train qu’elle prenait gare du
Luxembourg, ds le sens inverse du mien.)
Le camp de Patronage à Bois-Seigneur-Isaac : R.J. (René Jallée, compagnon de seminaire devenu prêtre avant
de se marier plus tard) et ce fameux secret de mon passé qu’il devait me révéler ; cette nuit où il
faisait froid… L’autre (René Jallée) qui couchait avec la veuve, mère du (René Jallée).
Pourquoi en avait-il une tête de déterré ? C’était au nom d’1 principe ordre du Chtn.
Que je le désapprouvais et aussi pcq. cela semblait l’empêcher de se faire un bel avenir,
suivre tt. Mon être, tout mon désir l’approuvait…
__
Me goûter moi-même à travers les livres ;
__
Le souvenir d’une volupté parfaite.
__
« Nic, vous avez entendu, ds. Le mariage, c’est le mari qui commande »
4
La soirée che A.Le. (Arlette Leduron du Cercle théâtral) « Maman… les coffres-fort ne
suivent pas les corbillards. La vieille « qourje ».
Le Bain du mardi à 11 h : l’anneau, les gros monsieurs et Nic.
Cette fin du 3e trimestre.
Ce que peut faire le fait d’avoir vécu de belles heures ensemble…
Que de fois, je me dit tt. seul, en riant : « Oh ! c’est bon » en songeant à qqch. De drôle… »
Depuis des semaines, je dirai des mois : pas la moindre inquiétude de rlg. Ps de scrupules de
conscience à cause de tels péchés que j’aurai pu commettre… est-ce pcq je ne pratique plus ?
Je n’ai ps été à la messe le jour de Pentecôte, les parents n’étaient ps là…
Il me semble et je me le suis dis +s fois que si je me remettais à pratiquer, ce serait pour le
plaisir et non ou pour un intérêt personnel : de paraître tel, de faire choc… « il est
sincèrement cath. et il n’est pas… disons : m m… »
Ce n’est ps que je ne continue pas de me pencher sur ma vie et de m’occuper de la ts. de la mieux
promouvoir -- ; ce n’est pas que le probl. rlg. ne garde bcp. de mon intérêt.
6/6/1950
Garder en réserve cette lecture de Casanova pour un autre jour,
d’Horace qu’on sort de derrière les fagots.
comme
la bonne bouteille
F. (François, mon meilleur Ami) me dit tantôt au T.L. combien j’ai l’air de verser ds le
subjectivisme ; on parle de l’indissobulité du mariage : le pt de vue obj. Et le pt de vue subj
Soit, si le mariage est absolument indissoluble, mais il importe qu’on y trouve une possibilité
suffisante de satisfaction de ses désirs érotiques. Ce n’est ps le rôle des prêtres et de l’Egl.
D’éduquer à l’art d’aimer. Mais il ne faut pas que l’Egl. Ferme les portes par un interdit
prescriptoire : tout cela est du côté du péché ; une seule chose importe qu’on fasse l’acte (mot
illisible) prétendue volonté de la nature…
Si toute l’éducation est donnée par des prêtres, qui éduquera à l’art d’aimer ?
Mais peut-être cette recherche d’épuiser les potentialités jouitives du temporel, même ds
certaines limites n’est-elle guère compatible avec l’esprit chrétien, peut-être conduirait-elle au
péché ?
Le devoir conjugal de la femme ne comprend-t-il pas de réaliser ses virtualités voluptueuses ?
Et celui de l’homme de les éveiller avec une délicatesse qui ressort à la vertu de charité ? La
chasteté ≠ n’est pas la continence, mais ds la morale cath., la continence doit y prendre place
beaucoup trop grande : pourquoi va-t-elle s’immiscer avec des défenses, jusque ds les relat.
intimes ds le mariage ? Elle crée des malaises, des retenues, des défenses surtt. chez la femme,
qui souvent l’empêche de s’épanouir. N’est-il pas malheureux qu’on puisse seulement
exhorter les gens à respecter ces interdictions, au sujet des relations conjugales et qu’on doive
5
continuellement le faire, surtt. pour les prêtres au confessionnal, alors qu’il y a tant d’autres
choses à quoi il faudrait entraîner les conjoints pour qu’ils pratiquent jusque ds l’intimité de
cette charité chrétienne prévenante, compréhensive des désirs d’autrui, un peu folle, pleine
d’initiatives drôles, sans préjugé grognons, méprisant (un mot illisible) cette sagesse
« standardisante »…, ouverte, réceptive, inventive, fantastique, …
On se retrouve ici devant le probl. des attitudes devant les puissances terrestres, qu’on peut
qualifier de chrétiennes. L’idée des casuistes jésuites du XVII scl de restreindre les exigences
catégoriques de la morale est-elle condamnable ? Leurs justifications étaient souvent mauvaises,
mais la tendance n’est-elle pas légitime : il faut éviter que la vie morale soit toute faite de
conformités obligées pour laisser le plus de place possible aux expressions des tendances
humaines.
Réflexions tantôt sur la mort : tous jours, quand on est un peu attentif, on se voit mourir un
peu : ce qu’on fut, on ne le sera + jamais et ce qu’on voudrait avoir fait, on n’aura + jamais
l’occasion de le faire… Mais que sera-ce quand on aura cessé de croître : la vieillesse, la
ménopause pour la femme… Relire Horace
« Eheu fugaces, Postume Postume labuntur anni ne pietas moram rugis et instanti senectae
adferet indomitaeque morti »
Odes L. II, XIV 2
Même l’espérance d’un au-delà n’empêche pas des vivre cette diminution : que de ruines il
peut y avoir autour d’une foi qui reste vivante !
N’y aura-t-il plus à la fin que la foi et l’espérance qui compteront et la charité qui demeurera ?
N’y aura-t-il que ses traces en autrui et des choses, parfois des chefs d’œuvre qui durent
encore quelque temps ? Ce qu’on se sera acquis sera-t-il tout perdu avec ce corps qui
meurt ? : espérance d’un nouveau corps qui réveillera tout ce qui fut bon dans l’ancien, (be)aux
rêves fous !
Je suis aujourd’hui écœuré de songer à ces songeries : la seule chose qui me semblerait
intéressante pour le moment serait qu’on puisse avoir une nouvelle vie dans un autre monde,
mais que (m’)importe que mon aventure sur cette terre soit l’unique : je ne le saurai pas.
L’exposé d’une plénitude auprès de Dieu m’attire aussi, mais pourquoi aujourd’hui s’enfoncer
ds les pressentiments, ds la « présentation, qu’on peut en avoir, se perdre en Dieu… si en
laissant les plaisirs et les joies qu’offrent les jours ?
Construire un ordre objectif, un état qui marche bien, mais si on (n)empêche ps la guerre et si
les gens n’en sont pas heureux ?J
Avoir une conscience en fait, pouvoir dire : me voici, je n’agis ps contre des certitudes
intimes ; « je suis ma conscience », je n’étouffe rien, … c’est beaucoup ; mais on peut avoir
27.11.2015 Traduction
Hélas fugaces, Postume, Postume
Elles fuient les années
Et la piété ne peut retarder
Que la vieillesse avec ses rides et menaçante
N’apporte l’inéluctable mort
2
6
une conduite qui scandalise des bien-pensants et en m temps, une conscience sincère, de
celles qui nous privent la sympathie par leur franchise.
Je n’oserais ps dire tout ce que je fais à tt le monde et tout ce que je pense, mais je crois que
quelqu’un d’ouvert et d’intelligent pourrait en entendre l’aveu sans crier à la perversion.
7/6/1950
« Vous feriez, vous, un bon mari, plein d’attentions pour sa femme,… » 3
L’Hyperthyroïdie recommence : battements de cœur, mal aux glandes que je (sens) tendues,
gonflées, au bas du cou.
« A vrai dire, je ne sais pas ce que je pense de lui. Il n’est pas longtemps le mê. Il ne s’attache
à rien, mais rien n’est plus attachant que fuite… Son être défait et se refait sans cesse. On
croit le saisir.. C’est Protée. Il prend la forme de qu’il aime. Et, lui-mê, pour le comprendre, il
faut l’aimer. »
Gide les Faux-Monnayeurs, p. …(Laura d’Edouard).
Devoir d’épanouissement ?
_
Ces jours, où il reste que la fatigue
9/6/1950
Hier, soirée avec J.C. 4 (un mot illisible), 2 bouteilles de vin, une bougie, dernier tram 11,
lecture d’extraits de Zola (la Bête humaine).
Permettre à l’autre de deviner qu’on souffre de la solitude et qu’(on) (un mot illisible) d’y avoir
échappé – une après-midi .. j’ai (perçu) cela tantôt ds une remarque de J.V.G. 5 : » ils auraient pu
prévenir. » N.Gl 6 et J.J.G. 7 qu’ils allaient au bain… J’ai dj moi-mê ressenti cela avec une
pointe si acérée et parfois lancinante de souffrance.
Sentir, déguster l’odeur de ses doigts, chez un intellectuel !
Prendre le temps de courtiser
Prendre le temps de courtiser ; refuser de s’affirmer trop soi-mê…
10/6/1950
« Il n’y a de véritable maturité sexuelle que chez la femme qui consent à se faire chair ds le
trouble et le plaisir »
3
Mme de Bondt. (épouse d’un membre du Cercle Biblique)
4
Jean Collart, un de mes meilleurs amis.
5
Jacques Vandegraaf
Nicole Glaudet
Jean-Jacques Gaudissart
6
7
7
Deuxième Sexe T.II p 155. (N.R.F. 1949).
Voilà une formule que j’aurais voulu avoir plutôt dans la bouche ; c’est exactement ce j’aurais
voulu dire l’Σ jour à M. 8 et aussi lors de cette conversation avec A. La, A. Lo et A. B 9 pdt les
« vases grecs » sur l’amour et le mariage (exposition)
Je ne puis me retenir de savourer ce souvenir : il faisait beau, il y avait à l’horizon la soirée
chez Arlette, les Σ écoutaient les propos de Martin 10 sur les vases grecs, de nouveau le cercle
théâtral affirmait son existence et son indépendance… ce cercle « qui avait traîné les jeunes
filles dans la boue », « qui avait déshonoré le renom de las Faculté »…
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Assis (sur) une banquette de salle d’attente d’un juge, « Elle était frêle entre eux, il la sentait
d’une tendresse soumise ; et la tiédeur légère qui émanait de cette femme, pdt. Bien longue
attente l’engourdissait lentement, tout entier »
Zola, La Bête Humaine (Fasquelle) p 106
« Elle, .. Ayant tjs été très riche, se montrait d’un désintéressement absolu » .. etc.. p 116.
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Une femme qui vous dit qu’elle est malheureuse en ménage, … l’amener à confesser cela,
être le confident de ses déceptions, la voilà, pas loin d’être séduite.
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Gide, Si le grain ne meurt
Lirai-je ce passage à J.C.
N.R.F. 1921 p 209
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« Ah ! je voudrais exténuer l’ardeur de ce souvenir radieux ! – et.. p215.
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Marie, voir 29 mai 1950 – 8-1-2003
9 Arlette Laduron, Anne Losdyck et André Bation
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Professeur de latin
8
8
/2/6/50
Hier soir, réunion du cercle théâtral : 7h-¼, place Poelaert, - il n’y avait pas de programme, il
faut dire : voilà, ns faisons, ceci, si cela vous plaît vous venez ; « nous faisons » c.à.d. que
quelques-uns doivent avoir un projet qui leur plaît, on noyaute autour.
Rencontre de J.V.P. avec une petite amie : « liberté, liberté, lui dis-je. J’en reçois un délicieux
sourire.
Mauvaise humeur dl Σ ! (c’était Arlette)
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13/6/50
Tél. de J.V.P. : me dit : ça (m’)a fait plaisir, ton « liberté, liberté ».
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14/6/50
Gâcher sa joie, son aisance physique, un projet d’étude, pour s’irriter sur un désir. L’heure est
passée ; il n’y a ps. De retour, seule reste la sérénité ds. l’effort de se reprendre.
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Ne voulant la désirer, je la juge, nt. dvt. autrui, j’essaie de comprendre ce qui la fait si attirante
[ǿ Nic. Gl. ?] (Nicole Glaudot)
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Lu le passage à J.C. : j’en suis revenu de tt cela, me dit-il, avec réticence ; je n’ai pas insisté.
Lui ai-je fait sentir que je trouvai cela très beau ?
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Je devine chez R. 11 dl perplexité et dl souffrance : il étudie d’un effort maximum, mais il y a
trop de matière et il est trop tard : c ? l’aider pr l’avenir ; ne pas lui reprocher le passé, ne pas
laisser échapper cet atroce : je te l’avais dit, je t’avais prévenu…
15/6/1950 Garder le souci l’objectivité, svt. Refuser de se prononcer ; gare aux diatribes
passionnées ; tjr situer ce qu’on trouve ridicule ; il y a de ces choses que de prime abord, je
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(Robert, mon frère)
9
trouve ridicules ; être prêt situer ce ridicule devant autrui. Ne pas faire passer sa mauvaise
humeur, sa nausée du matin
être un politicien.
16/6/1950
Etudier la notion d’épanouissement. A.G. n’est pas un étudiant épanoui : solitude, travail
intellectuel intense, rationaliste, … santé ?
W.P. n’est pas une femme épanouie : malheureuse en ménage.
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Que signifie pour moi ne ps faire de tort à autrui sur le plan des convictions, des croyances,
des certitudes, des opinions ? Ne dire à autrui que ce qui peut l’enrichir dans sa ligne ?
Ne pas troubler son épanouissement, ses sources de joie, d’énergie, de valeur humaine,
sociale, …
Ne ps en faire un « possédé », cfr ce que je notais il y a quelque temps.
Dans quelle mesure dois-je manifester l’état d’ensemble de mes convictions et ntdt d’absence
de cert. convictions ?
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