Je suis gong

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Je suis gong
Je suis gong Ce titre d’un poème d’Henri Michaux, support de dramaturgie d’un court métrage vu lors de la première rencontre nationale des départements pour la Culture dédiée à « L’accès des jeunes aux pratiques artistiques et culturelles » les 22 et 23 novembre dernier, nous servira de thème d’inspiration pour ce « Retour sur »… Une belle organisation et presque 250 personnes témoignent de l’intérêt de la question posée. Le gong, instrument qui évoque immédiatement la résonance ‐ celle de ces deux journées riches d’échanges et de rencontres ‐ et la réverbération du son initial après l’impact de la mailloche ‐ celui de la parole d’élus ou de conseillers qui souhaitent relever le défi à l’échelon départemental ‐ puis l’écho du son initial après la fin du son ‐ celui des mots entendus tout au long de ces deux journées lors de plénières ou d’ateliers. Résonance Le thème choisi et les trois premières interventions lors de l’ouverture de cette rencontre ont fait surgir différents angles d’approche face la question de l’accès des jeunes aux pratiques artistiques et culturelles. Traité par Frédéric Micheau lors d’une enquête réalisée par l’institut de sondage OpinionWay, on comprend rapidement que l’accès aux pratiques artistiques et culturelles peut aussi s’envisager sous l’angle de la consommation de biens culturels (découverte et achat de produits culturels, consommation de musique et de vidéos clips sur le Web…). Permanence de l’histoire lorsque l’on constate que la famille et l’école sont les deux premiers acteurs cités par les jeunes de l’enquête comme lieu de culture. Changement important lorsqu’on lit que le média le plus important pour les jeunes est maintenant Internet et non plus la télévision comme dans les générations précédentes. Autre résonance dans les propos tenus par Olivier Galland, sociologue, qui interroge dans un premier temps la Jeunesse comme Culture : culture de l’apparence, valorisation des relations entre pairs, renforcement de l’identité sexuée à l’adolescence. La résonance la plus forte dans les propos d’Olivier Galland sera, sans conteste pour nous, les relations avec les autres plus importantes pour les jeunes que ce que l’on fait ensemble : « On choisit d’abord ses amis et on voit ensuite si on fait ou non quelque chose avec eux ». Facebook incarne bien ce constat. Dans un second temps, le sociologue interroge la Culture des Jeunes. Sans surprise, il constate l’éclectisme juvénile et l’hybridation des pratiques culturelles, parle des jeunes technophiles et de leur préférence pour des médias expressifs et interactifs et souligne aussi la distance croissante Compte‐rendu rédigé par Géraldine Toutain, directrice artistique de la Mission Voix du lab et Gaël Blanchard, chargé de projets au lab. Première rencontre nationale des Départements pour la culture à Paris les 22 et 23 novembre 2016 qu’ils prennent avec la culture scolaire, de même que leur désir d’expérimentation favorisant l’éclosion de nouvelles pratiques amateurs. De nombreuses résonances également dans la dernière intervention, celle d’Alain Kerlan, philosophe de l’éducation et auteur de Un collège saisi par les Arts, qui décrit comme un observateur extérieur l’expérience poursuivie dans un collège de l’Hérault de quatre années d’une classe artistique expérimentale avec des résidences d’artistes à raison de six heures par semaine. Ces résonances sont livrées ici sans commentaire : ‐
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L’art, entre « l’âme de Hegel » et les « vaches du Wisconsin » (entre le supplément d’âme et de meilleures compétences dans d’autres domaines que l’art). L’évaluation n’est pas (seulement) la solution, elle est (aussi) le problème. L’expérience esthétique en partage. L’improvisation comme « expérience d’accordage ». La scène ou « l’autonomie ensemble ». L’important dans la résidence d’artiste : plus encore que la pédagogie, la démarche. Le « triangle d’apprentissage mutuel » = élèves, enseignants, artistes Et après ? Qu’en restera‐t‐il ? Plaidoyer pour un suivi à long terme Réverbération ‐
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Défi, expérimentation, décloisonnement, responsabilité…ces mots persistent aussi dans la bouche des élus de différents niveaux de collectivités. Les exemples de démarches et de projets s’enchaînent, de Vitry‐sur‐
Seine au Val de Marne, en passant par l’Ardèche. Nourrir la culture de la créativité des jeunes Donner à la jeunesse la place dans la construction des politiques La politique publique ne se construit pas simplement sur un rapport d’offre et de demande. Il est essentiel d’intégrer le développement des capacités de chacun. C’est ce que défend Raoul L’Hermitier, conseiller départemental pour l’Ardèche, dans un projet culturel autour de La Caverne ornée du Pont d'Arc classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Inscrit dans la démarche Paideia des droits culturels, ce projet implique un ensemble de partenaires et les habitants afin de renforcer l’identité culturelle de territoires très ruraux. Dans la salle, des mains se lèvent. ‐
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Les politiques publiques semblent déconnectées du vivant Comment les jeunes imaginent leur avenir ? Compte‐rendu rédigé par Géraldine Toutain, directrice artistique de la Mission Voix du lab et Gaël Blanchard, chargé de projets au lab. Première rencontre nationale des Départements pour la culture à Paris les 22 et 23 novembre 2016 ‐
Comment travailler la transversalité entre collectivités ? Le livre de Bernard Lahire La culture des individus est plusieurs fois cité comme référence incontournable (800 pages !). ‐
Les droits culturels semblent être une réponse, un cheminement dans les méthodes de travail et de croisement entre les différents services des collectivités territoriales. Inscription des droits culturels dans la loi NOTRe : a‐t‐on réellement conscience de la portée de cet article ? Echo Tout au long de cette rencontre, des intervenants mais aussi des participants ont pris la parole. Ci‐
dessous et dans le désordre, des mots qui questionnent, des phrases qui font rêver, d’autres qui inquiètent parfois, des questions qui ouvrent des pistes… ‐
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Notre époque : une période extrêmement critique, un temps historique incertain « Etre présent pour éclairer le chemin du futur » Jouer d’un instrument de musique (comme si « chanter » n’était pas aussi faire de la musique) Mots associés spontanément par les jeunes à Culture : Arts et Connaissances La jeunesse comme une phase d’expérimentation entre la définition de soi et soi dans la société Les élèves/les apprenants, les élèves/les pratiquants (les « doers » ?), apprentissage/pratique ? Les artistes‐enseignants, les chercheurs‐enseignants, les musiciens‐pédagogues ? Prise en compte des droits culturels avec ce que chacun porte en lui Une équipe d’enseignants d’écoles de musique qui se saisirait avec les élèves des technologies numériques pourrait faire repenser le temps d’enseignement Une évolution des usages et des fonctionnements trop lente au regard de l’évolution des pratiques Rôle des départements par rapport aux expérimentations dans un cadre d’enseignement spécialisé : trouver, imaginer, soutenir des exemples inspirants plutôt que des modèles Dans le chant de ma colère il y a un œuf Et dans cet œuf, il y a ma mère, mon père et mes enfants, Et dans ce tout il y a joie et tristesse mêlées, et vie. Grosses tempêtes qui m'avez secouru, Beau soleil qui m'a contrecarré, Il y a haine en moi, forte et de date ancienne, Et pour la beauté on verra plus tard. Je ne suis, en effet, devenu dur que par lamelles ; Si l'on savait comme je suis resté moelleux au fond. Je suis gong et ouate et chant neigeux, Je le dis et j'en suis sûr. Henri Michaux (1899‐1984) Compte‐rendu rédigé par Géraldine Toutain, directrice artistique de la Mission Voix du lab et Gaël Blanchard, chargé de projets au lab. Première rencontre nationale des Départements pour la culture à Paris les 22 et 23 novembre 2016