3 décembre 2012 L`écho Républicain Alice Rabine
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3 décembre 2012 L`écho Républicain Alice Rabine
LUNDI 3 DECEMBRE 2012 Pays Drouais Alice, en solo, au pays des merveilles islandaises Mais l’absence de soleil pèserait sur son moral. - ECHO REPUBLICAIN Photo • • • Alice Rabine est partie toute seule, à 20 ans, pour découvrir les impacts de la crise financière sur la sociétéislandaise. Elle a obtenu une bourse qui encourage les jeunes à découvrir le monde. Pour Alice, ce voyage était un peu un défi. La jeune Drouaise n'aime pas la solitude. « Je pars souvent avec des amis. On est allés en Hollande à vélo, avec des tentes. Partir toute seule, c'est autre chose. J'ai voulu essayer. » C'est ainsi qu'Alice Rabine s'est retrouvée, le 18 juillet, à Reykjavik, avec une mission : découvrir les impacts de la crise financière de 2008 sur la société islandaise. À 20 ans, l'étudiante française doit se débrouiller toute seule : c'est le contrat passé avec l'association Zellidja, qui lui a octroyé une bourse de 600 € pour faire ce voyage thématique. « Pendant les trois premiers jours, on est un peu assommé. On se demande par où commencer. Et puis très vite, les choses se mettent en route. Les rencontres, quand on est seule, se font très facilement et sont plus profondes. » Une voyageuse, un guide et des policiers Alice n'avait guère eu le temps de préparer son voyage avant de s'envoler pour l'Islande, la préparation des concours l'avait pas mal occupée. Avec sa toile de tente et l'adresse d'un journaliste français en poche, elle est partie un peu le nez au vent. « Finalement, je n'ai pas vu les gens que j'avais prévu de voir. Mais j'ai fait des rencontres passionnantes que je n'aurais jamais pu faire si on était partis à plusieurs. » Alice va passer trois jours en compagnie d'éducateurs spécialisés auprès de personnes handicapées. « J'ai fait un bout de route avec une voyageuse d'une trentaine d'années qui m'a révélé les clefs pour faire de l'auto-stop. J'ai rencontré un type qui faisait le tour de l'Islande pour des guides touristiques. Ils savaient une foule de choses sur le pays. J'ai discuté avec des policiers. Ils ne sont que quatre cents pour toute l'Islande et ça suffit. Là-bas, personne ne ferme sa maison ou sa voiture. » Un pays hypersécurisé qui a permis à Alice de convaincre ses parents de la laisser partir seule. Un pays où tout le monde se connaît ou presque. « Les gens n'ont pas de nom de famille. Ils ont un prénom suivi de fils ou fille de. Dans les annuaires, on trouve les prénoms et les professions. Il y a même un site Internet pour vérifier quand on va se marier que les liens de consanguinité ne sont pas trop étroits », raconte Alice qui a constaté, du coup, que tous les Islandais sont farouchement hostiles à une entrée dans l'Europe par peur de perdre leur identité. « J'ai constaté aussi chez certains une inquiétude face à l'arrivée d'immigrés de l'Est. » Mais il y a des côtés plus attachants chez les Islandais et notamment cette influence que la crise financière de 2008 a eue sur eux et leur façon de vivre. « Quand on discute avec les Islandais, ils disent tous que leur société n'a pas changé mais qu'eux ont changé individuellement. » Alice a rencontré d'anciens commerciaux qui sont devenus des artistes. Elle a été impressionnée par ce peuple qui a été capable « de réécrire toute sa constitution en faisant participer les citoyens ». Elle a vu le maire de Reykjavik se travestir et défiler le jour de la Gay Pride. « C'est un ancien punk, un ancien clown. Par exemple, il a mis à disposition des jeunes un squat en plein centreville. Il y a des concerts tous les soirs mais tous les dimanches matin, les jeunes nettoient les lieux. Ils en ont la responsabilité. » Le soleil commence à se faire rare Elle a croisé beaucoup d'Islandais qui ont décidé « de travailler un peu moins, de passer plus de temps avec leur famille et leurs amis. Ils ont l'impression d'avoir seulement changé individuellement mais finalement, ils ont fait évoluer leur société. » Alice a aimé les paysages et les gens d'Islande. Mais quand elle a quitté le pays fin août, le soleil commençait à se faire plus rare. Et elle a compris qu'elle ne pourrait pas vivre une nuit de six mois. Valérie Beaudoin [email protected]