Qu`y a t-il sous la surface de la SSVP? (pdf, 258,22 Ko)

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Qu`y a t-il sous la surface de la SSVP? (pdf, 258,22 Ko)
Qu’y a-t-il sous la surface de la Société de Saint Vincent de Paul?
L’estime dont la Société de Saint Vincent de Paul bénéficie auprès du public s’est manifestée par un accroissement des
dons au cours de ces dernières années de récession tandis que nombres d’autres organismes de bienfaisance méritants
voient leurs revenus décliner, car les gens ont tout simplement moins à donner. Cependant, la Société souffre également de
perceptions moins positives telles que le fait que les membres appartenant à la Société sont majoritairement âgés, comme
moi, également du fait que nous sommes profondément conservateurs et que nous sommes une organisation nettement
catholique, à un moment où l’Eglise souffre d’une désaffection grave pour un certain nombre de raisons.
La Société est arrivée en Irlande en 1844, juste avant la Famine et compte actuellement plus de 10 000 membres dans 1 000
conférences. Globalement, la Société dépense plus de €70 M par an pour venir en aide aux plus démunis.
Notre objectif, en tant que membres de la Société de Saint Vincent de Paul, est de créer un lien d’amitié avec tous ceux qui
sont dans le besoin. Ceux qui cherchent de l’aide peuvent être submergés de dettes par leurs créanciers, ou bien peuvent
avoir à faire face à une dépense imprévue pour des besoins d’éducation ou de santé, à un déménagement, à un deuil, ou
pour toute autre raison, ou bien il est possible qu’ils se sentent seuls ou qu’ils rencontrent des difficultés dans leurs
relations et qu’ils aient simplement besoin d’une oreille attentive.
Quelle que soit la difficulté, notre réponse est, pour 2 d’entre nous, d’aller rendre visite à cette personne à son domicile, de
nous asseoir à ses côtés, d’écouter son histoire et de poser toutes les questions nécessaires afin d’évaluer ses besoins,
avant de suggérer une solution à sa situation. Il peut s’agir pour nous de leur indiquer les aides sociales auxquelles ils ont
droit, ou bien de leur dire d’aller voir l’Assistante sociale de la Communauté pour une aide ponctuelle, ou de leur fournir
des bons pour l’alimentation ou les vêtements, ou bien un chèque émis à l’ordre de « An Post » pour les factures de gaz ou
d’électricité, ou bien encore d’aller au « Money Advice and Budgeting Service » (Service de Conseil pour le Budget et la
gestion de l’argent). MABS peut fournir l’aide d’experts dans l’élaboration d’un budget familial réaliste adapté à leurs
besoins spécifiques ou bien la possibilité de renégocier le remboursement de leur dette. Si MABS propose un plan financier
pour faire sortir une personne de sa dette dans un certain laps de temps, nous contribuerons souvent à réaliser des
paiements de façon régulière dans le but d’accélerer le processus et d’encourager cette personne à liquider sa dette.
Bien sûr, le danger dans cette façon de venir en aide est que la personne en devienne dépendant et qu’elle revienne
constamment vers nous, réduisant ainsi notre disponibilité pour d’autres qui ont besoin de notre assistance de manière
plus urgente. Notre second objectif est donc de nous efforcer de rendre auto-suffisants ceux que nous aidons, afin qu’ils
puissent s’en sortir par eux-mêmes et qu’ils n’aient pas de nouveau besoin de faire appel à nous– au moins jusqu’à ce que
la prochaine urgence se fasse sentir. Ceci peut constituer un message difficile à faire passer dans certains cas et requiert
une certaine précision dans notre évaluation ainsi qu’une certaine cohérence dans notre approche qui peut s’avérer aussi
dure pour le membre de la Société de saint Vincent de Paul que pour celui qui recherche notre aide. Dire « non » n’est
jamais facile, mais encourager la dépendance ne constitue pas réellement une aide en soi pour quiconque.
Notre troisième objectif en tant que Société est de lutter pour la justice sociale. Il est reconnu que la pauvreté et l’inégalité
ne sont pas de simples accidents mais que ces grands maux proviennent de l’injustice sociale, qui doit être traitée à sa
racine. La Société de saint Vincent de Paul est apolitique dans le sens de la non-appartenance à un parti, mais cela ne nous
empêche pas de prendre une part active, aux côtés d’autres groupes communautaires et bénévoles, à la revendication de
structures sociales plus justes – particulièrement en termes d’accès à l’éducation, à l’emploi, au logement et à la santé – et
de meilleures mesures anti-pauvreté adressées à tous ceux, particilièrement les enfants, qui subissent des inégalités. Nous
critiquons régulièrement les politiques des gouvernements à cet égard et nous suggérons des améliorations et des
alternatives.
La Conférence est l’unité locale de la Société, basée sur la paroisse. Outre la visite à domicile, qui représente le principal
travail de la Société, certaines Conférences se consacrent à la visite de prisonniers ou de patients dans les hôpitaux. Il existe
également des Conférences spéciales qui fournissent des pensions pour les sans-abri ou des logements à loyer modéré, ou
bien qui gèrent des centres de ressources communautaires ou qui collectent et vendent des vêtements d’occasion dans nos
magasins vincentiens, ou bien encore qui dirigent des garderies ou qui organisent des vacances pour des enfants et des
personnes âgées qui autrement ne pourraient pas partir.
Tout ce que nous discutons lors des visites et des réunions est traité de façon strictement confidentielle, car si vous aviez à
rechercher l’aide de la SVP, vous n’aimeriez pas non plus que tout le monde soit au courant.
Je viens de donner ma démission en tant que Président de la Conférence de St. Andrew et de St. Mary à Pearse Street après
presque six années, alors j’aimerais vous faire partager mon témoignage personnel sur ce que signifie l’appartenance à la
SVP pour moi et sur ce que cela implique.
Alors que notre image de « vieux shnocks » ne semble pas avoir porté préjudice aux donations, il se peut qu’elle ait quelque
chose à voir avec la baisse du nombre de jeunes recrues qui auraient pu nous rejoindre. A mesure que les membres actuels
de la Société prennent de l’âge, nombre d’entre eux sont retraités et ont maintenant le temps de « donner quelque chose
en retour ». Il est par conséquent crucial pour toutes les Conférences qu’elles soient conscientes de la nécessité de passer
les responsabilités et le relai à des membres plus jeunes.
L’image conservatrice, « respectable » de la SVP a été associée avec le profil correspondant aux plus âgés de ses membres.
Mais c’est également le résultat du type de personnalité de ceux qui joignent la Société car ce sont des citoyens
responsables, qui se sentent concernés par les problèmes qu’ils voient autour d’eux, mais qui sont naturellement prudents
quand il s’agit de placer l’argent des autres pour résoudre ces problèmes. Bien sûr, ces qualités peuvent également mener
au type de radicalisme qui inspira le jeune étudiant de 21 ans, Frédéric Ozanam, à fonder la Société.
Grattez la surface d’une Conférence SVP aujourd’hui et vous trouverez des personnes qui, contrairement à la vaste majorité
de leurs concitoyens, se sont assises dans des roulottes de roms, qui comptent des émigrants musulmans parmi leurs amis
ou qui entrent dans les prisons pour faire savoir aux prisonniers qu’ils ne sont pas des marginaux. Outre ces expériences
enrichissantes pour la vie de chacun, les membres de la SVP ont également la satisfaction de soulager les épaules des autres
du poids du désespoir et des soucis, souvent en les orientant dans la bonne direction et parfois simplement en leur
fournissant les moyens pour acheter de la nourriture ou pour payer une facture.
Vous pouvez vous sentir comme le Père Noël parfois, mais d’autres fois, les décisions sont dures : respecter le souhait d’une
femme mourante d’aller à Lourdes – oui ; ou permettre à une mère de dépenser 500 Euros dans la robe de première
communion de sa fille car elle croit que celle-ci devrait avoir une robe aussi belle que toute autre fille de son âge – non ;
remplacer la caravane d’une personne âgée qui a brûlé – oui ; donner des bons à une mère qui a remis son livret
d’allocations familiales à un créancier illégal et qui refuse d’aller au MABS – non. L’épreuve cruciale, spécialement lorsqu’il
s’agit de sommes importantes, est de se demander si les donneurs approuveraient notre décision.
Bien sûr, si vous faites partie de ceux qui donnent de l’argent, vous vous devez de conserver un certain scepticisme, car il y
aura toujours des personnes qui profiteront de la situation. Toute Conférence s’inquiète de commettre l’erreur de donner à
une personne qui n’a pas réellement besoin de notre aide mais qui a du « culot », le sentiment qu’on lui doit quelque chose
ou tout simplement manque suffisamment de scrupules pour la réclamer. Nous nous préoccupons davantage de
commettre une erreur encore plus grave qui serait de laisser passer des personnes ayant désespérément besoin de notre
aide mais qui, par amour propre, ignorance ou en raison de leur incapacité à faire face aux choses, ne font pas appel à nous.
C’est la raison pour laquelle nous faisons connaître nos services à échelle locale et nationale et ce pourquoi nous
maintenons le contact avec des éducateurs sociaux, des professeurs, des assistantes sociales, le MABS et avec d’autres
entités qui sont en mesure de nous orienter vers eux.
Tout ceci m’amène à notre « éthos catholique » - qui je pense est devenu, au cours des dernières années, une philosophie
plus chrétienne. Evidemment, le précepte chrétien fondamental d’aimer son prochain, c’est-à-dire d’aimer tout le monde,
est à la base de tout ce que nous faisons. Cependant, nous sommes conscients du fait que la charité est une composante de
base de toutes les grandes religions du monde et que les non-chrétiens ne sont donc pas exclus interdits d’adhésion à la
Société de Saint Vincent de Paul. Nous sommes une organisation laïque dans sa structure et sa gouvernance; le président
récite les prières au début et à la fin de chaque réunion en préparation psychologique de ce qui va suivre.
Tandis que nous avons des prières avec un but spécifique lors des réuniones de nos Conférences, nous ne sommes pas tous
des « bigots », mais nous constituons un échantillon de la population irlandaise, certains allant à la messe, d’autres pas, et
avec une grande variation entre les deux. Je me placerais quelque part dans le « no man’s land » entre la foi et l’espérance,
mais je pense qu’une église digne de ce nom devrait être une sorte de prise de courant, où les individus se connectent et se
rechargent avent de retourner dans le monde pour continuer à vivre leur idéal chrétien.
De Navan, David Lawlor est un ancient journaliste et directeur des relations publiques. Il a donné une conférence
au personnel des « Sollicitudes pour les Réfugiés » dans leurs bureaux à Mount Street, Dublin, sur ce sujet.
David a des diplômes en sciences sociales et en histoire. Son livre, ‘Divine Right? The Parnell Split in Meath’
(« Droit divin ? La Division Parnell à Meath”) a été publié en 2007 par Cork University Press.

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