Fécondation in vitro d`ovocytes de poules ovulés in vitro
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Fécondation in vitro d`ovocytes de poules ovulés in vitro
FECONDATION IN VITRO D’OVOCYTES DE POULES OVULES IN VITRO Batellier Florence1, Couty Isabelle1, Olszanska Bozenna2, Stepinska Ursula2 et Brillard Jean Pierre1 1 2 INRA SRA, Equipe qualité des gamètes et des embryons - 37380 Nouzilly-FRANCE Institute of Genetics and animal breeding of Polish Academy of Sciences, Jastrzebiec- POLAND Résumé Chez les oiseaux, malgré un énorme potentiel biologique et économique, les méthodes de fécondation et d’ovulation in vitro sont encore très peu explorées. L’objectif de notre travail a été d’adapter une méthode de maturation et d’ovulation in vitro et de l’associer à la fécondation in vitro et à la culture in vitro des embryons (24 heures). Nous avons utilisé 57 poules Isabrown et nous avons recueilli 52 follicules péri-ovulatoires dont 27 (52%) pré-ovulatoires. Trente six ovocytes ont été inséminés après ovulation (16 ovocytes pré-ovulatoires n’ont pas ovulé in vitro). Trente et un (86%) embryons ont pu être observés à la loupe binoculaire, mais seuls 18 (58%) d’entre eux ont révélé la présence de noyaux dans les cellules. Les autres embryons qui semblaient avoir un développement normal ne contenaient que des cellules sans noyau. En conclusion, nous avons obtenu 50% (18/36) d’embryons nucléés à partir des ovocytes inséminés après ovulation. Ce résultat encourageant constitue une première étape vers la maîtrise des stades qui séparent l’ovulation de la production ex ovo d’un poussin. Introduction 1. Matériels et méthodes L’amélioration de la connaissance des mécanismes de fécondation et de développement embryonnaire précoce ainsi que du contrôle de la reproduction des animaux d’élevage ont largement contribué au développement des biotechnologies et de leurs applications. Dans les espèces avicoles, malgré un énorme potentiel biologique et économique, les méthodes de fécondation et d’ovulation in vitro restent encore très peu explorées. Plusieurs étapes doivent être distinguées au cours de la reproduction des oiseaux : ovogenèse, maturation ovocytaire, ovulation, fécondation, développement embryonnaire (précoce puis tardif) et éclosion. La maîtrise in vitro de ces différentes étapes doit permettre l’étude de leurs mécanismes. Parmi ces étapes, la culture in vitro des embryons à partir du stade « une cellule » jusqu’à l’éclosion est possible (Perry 1988), la maturation et l’ovulation in vitro ont été mises au point chez la caille par Olszanska et al (1996) et la fécondation in vitro réalisée par Nakanishi et al (1991). Plus récemment, la combinaison de ces différentes étapes : maturation, ovulation, fécondation et développement précoce in vitro a également été réalisée intégralement par Olszanska et al (1999, 2002) toujours chez la caille. L’objectif de notre travail a été l’adaptation de la combinaison des mêmes techniques chez la poule afin de disposer du matériel biologique nécessaire à l’étude des différents mécanismes qui accompagnent la fécondation. Nous avons utilisé 57 poules Isabrown âgées de 45 semaines et logées en cages individuelles munies d’un dispositif d’enregistrement de l’heure de ponte. Les poules ont été sacrifiées 10 à 15 minutes après la ponte. Nous avons alors prélevé l’ovocyte « périovulatoire », c’est à dire que nous avons recueilli l’ovocyte soit juste avant l’ovulation (sur l’ovaire), soit juste après l’ovulation (au niveau de l’infundibulum). Les ovocytes ovulés in vivo ont été recueillis directement dans le récipient décrit ci après. Pour les ovocytes pré-ovulatoires, nous avons ligaturé le follicule au niveau du pédoncule qui le relie à l’ovaire avant l’ovulation. Les ovocytes préovulatoires ont été maintenus en suspension (attachés au couvercle par leur pédoncule) dans un verre à pied à fond conique contenant du milieu de Dulbecco supplémenté par de la BSA (fraction V) et des antibiotiques (pénicilline et streptomycine). Les verres à pied ont ensuite été placés dans un incubateur à 41°C. Après ovulation in vitro, une insémination a été réalisée par dépôt de 20 µl de sperme dilué au 1/600 (soit une dose totale d’environ 200.106 spermatozoïdes) sur le disque germinal. Après 10 minutes d’incubation à 41°C, les ovocytes inséminés ont été rincés pour retirer les spermatozoïdes excédentaires puis placés 20 à 24 heures dans un incubateur à 41°C. Le jour suivant, les blastodermes ont été disséqués et observés sous une loupe binoculaire pour déterminer Cinquièmes Journées de la Recherche Avicole, Tours, 26 et 27 mars 2003 leur stade de développement selon la classification de Eyal Giladi et Kochav (1976). Les blastodermes ont ensuite été colorés par du Hoechst 342 sans fixation préalable puis observés en microscopie optique à fluorescence pour visualiser les noyaux. 2. Résultats Sur les 57 poules sacrifiées, nous avons recueilli 52 follicules dits « F1 ». Quatre ont été cassés lors du prélèvement et un a été confondu avec un follicule « F2 ». Nous avons donc obtenu un taux de collecte de 91.2%. Sur les 52 follicules « F1 » péri-ovulatoires : 27 (52%) ont été des follicules pré ovulatoires, 9 (17.3%) ont ovulé au moment de la dissection, 8 (15.4%) ont ovulé avant la dissection et ont été retrouvés avant leur entrée dans l’infundibulum, 7 (13.5%) ont été retrouvés dans l’infundibulum et 1 (2%) a été retrouvé dans le magnum. Sur les 27 follicules « F1 » pré-ovulatoires mis à maturer et ovuler in vitro, 11 (41%) ont ovulé alors que 16 (59%) n’ont pas ovulé. Les résultats concernant le pourcentage de développement embryonnaire et la présence de noyaux dans les blastodermes observés sont présentés dans le Tableau 1. Sur 11 ovocytes « ovulés in vitro » et inséminés, nous avons obtenu 9 développements embryonnaires (observés à la loupe binoculaire), un œuf cassé et un sans aucun développement. Sur 9 ovocytes ayant ovulé « juste au moment de leur prélèvement », nous avons obtenu 8 développements embryonnaires (observés à la loupe binoculaire) et un œuf sans aucun développement. Sur 8 ovocytes ayant déjà ovulé « au moment de la collecte » mais n’étant pas encore engagés dans l’infundibulum, nous avons obtenu 7 développements embryonnaires (observés à la loupe binoculaire), et un œuf cassé. Sur 7 ovocytes ayant déjà ovulé « au moment de la collecte » et recueillis dans l’infundibulum, nous avons obtenu 6 développements embryonnaires (observés à la loupe binoculaire), et un œuf cassé. Un seul ovocyte ayant pourtant été collecté 10 minutes après l’heure de ponte a été retrouvé dans le magnum. Nous n’avons pas observé de développement embryonnaire à partir de cet ovocyte. Enfin, le seul follicule F2 collecté, n’a pas ovulé in vitro et n’a pas été inséminé. Le Tableau 2 reprend les résultats du développement embryonnaire et de la présence des noyaux révélés par marquage au Hoechst 342. Trente six ovocytes ont été « inséminés » in vitro. Trente et un ont montré un développement embryonnaire après observation à la loupe binoculaire. Les stades de développement observés ont été : stade IX (1 embryon, sans présence de noyaux), stades IV à VI (22 embryons dont 15 ont présenté des noyaux par marquage au Hoechst 342), stade II (8 embryons dont 3 ont présenté des noyaux par marquage au Hoechst 342). Nos résultats sont très différents de ceux précédemment publiés par Olszanska et al (1999 et 2002). Nous confirmons ici des observations faites par Olszanska et al chez la caille, qui indiquent un retard quasi systématique du développement du jeune embryon issu de fécondation in vitro. En effet, le stade le plus avancé observé ici 24 heures après la fécondation est un stade IX (un seul cas sur 31 embryons), la majorité des embryons observés ayant seulement atteint le stade IV à VI. In vivo, 24 heures après la fécondation, les embryons ont atteint le stade X. Le pourcentage d’embryons se développant avec une apparence normale après fécondation et/ou ovulation in vitro est plus élevé dans notre travail que dans l’étude effectuée chez la caille (86% versus 35% respectivement). Le pourcentage d’embryons présentant effectivement des noyaux après marquage au Hoechst 342 est également plus élevé dans notre travail (58% versus 32% respectivement). Plusieurs différences sont à noter : notre travail a été réalisé sur l’espèce poule alors que le travail précédant a été réalisé sur la caille. Chez la poule, dans notre étude, le taux d’ovocytes ovulés au moment de la collecte des ovocytes et donc avant la mise en maturation in vitro a été plus élevé que dans le travail cité. Nous avons néanmoins utilisé tous ces ovocytes après ovulation in vivo afin de disposer d’un maximum de matériel à inséminer. Nous avons obtenu un résultat plus faible concernant le taux d’ovulation in vitro, sans doute dû en partie à notre manque d’expérience et en partie à un manque d’adaptation de la technique à l’espèce poule. Conclusion En conclusion, nous avons obtenu 50% (18/36) d’embryons nucléés à partir des ovocytes inséminés après ovulation. Ce résultat encourageant constitue une première étape vers la maîtrise des différents stades qui séparent l’ovulation de la production ex ovo d’un poussin. Références bibliographiques Eyal Giladi H. et Kochav S., 1976. Dev. Biol., 49., 321-337. Nakanishi A. et al, 1991. Mol. Repr. Dev., 28., 131135. Olszanska B. et al, 1996. British Poultry Sci., 37, 929935. Olszanska B. et al, 1999. Conférence Internationale sur la Reproduction des oiseaux, Tours, 22-24 septembre 1999. Olszanska B. et al, 2002. J. Exp. Zool., 292, 580-586. Perry M.M., 1988. Nature. 331, 70-72. TABLEAU 1 : Devenir des ovocytes à chaque étape expérimentale Réussite collecte Ovulation à la collecte 11 ⊕ (41%) 27 F1 (52%) 57 poules 53 ovocytes collectés (93%) MIV Cellules Noyaux 1 stade IX 5 stades IV 3 stades II 1 (-) 1 cassé (-) 3⊕ (-) (-) 5 stades IV 3 stades II 1 (-) 6 stades IV 1 stade II 1 cassé 5 stades IV 1 stade II 1 cassé 1 stade IV 0 4⊕ 1⊕ (-) 5⊕ 1⊕ F1 52 Follicules F1 (98%) 16 (-) 9 ovulent à la collecte (17.3%) 8 ont ovulé à la collecte (15.4%) 7 retrouvés dans l’infundibulum (13.5%) 1 dans le magnum (2%) 1 F2 0 4 perdus MIV : maturation in vitro F1 : follicule 1 (le plus gros sur la grappe ovarienne) TABLEAU 2 : Développement embryonnaire et présence de noyaux dans les embryons 36 inséminations réalisées Développement 1 embryon stade IX (2.7%) 22 embryons stades IV à VI (61.1%) 8 embryons stade II (22.2%) 2 sans développement (5%) 3 cassés (8.3%) Présence de noyaux (-) 15 (68%) ⊕ 7 (-) 3 (37.5%) ⊕ 5 (-) (-) 2⊕ 1⊕ 1⊕ ovocyte