Techniques Photovoltaïques
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Techniques Photovoltaïques
Focus Mars 2011 Techniques Photovoltaïques : un nouvel éclairage Sommaire 1 Les modules photovoltaïques dans le domaine de la construction 4 I. Les technologies de cellules photovoltaïques 4 II. Evolutions des technologies du photovoltaïque 8 III. Les fabricants 10 IV. Les normes internationales à respecter 11 V. Expériences, performances et fiabilité 11 Conclusion 12 2 L’évaluation technique dans le domaine photovoltaïque 14 I. L’innovation dans le secteur du bâtiment 14 II. L’innovation photovoltaïque dans l’intégration au bâtiment 18 2 - Mars 2011 - SCOR Global P&C Introduction Pour la 4e matinée Décennale SCOR Global P&C, organisée le 8 juin 2010 à Paris, Jean Tuccella, Directeur de la spécialité Décennale de SCOR Global P&C, et son équipe ont souhaité évoquer auprès de leurs clients du marché français les techniques du photovoltaïque, qui sont largement médiatisées depuis quelques années, en particulier depuis les travaux du Grenelle de l’Environnement. Lors de son introduction, Jean Tuccella a évoqué l’essor des techniques photovoltaïques qui ont des atouts sur le plan environnemental tout en suscitant, par ailleurs, une certaine appréhension. Bien que les chiffres varient d’une publication à l’autre, il est possible de dégager une tendance sur la progression de l’énergie photovoltaïque : en 2007, 35 mégawatts crêtes étaient installés, 100 en 2008 et 250 en 2009. Ce chiffre aurait doublé en 2010 et atteindrait dans les prochaines années les 1 000 mégawatts crête. Pour les professionnels du risque et de l’assurance décennale, il est tout à fait essentiel de comprendre les fondamentaux de cette technique et d’en analyser les évolutions pour proposer des solutions assurantielles adaptées : cette matinée visait à explorer la dimension technique du photovoltaïque. La problématique juridique n’a pas été évoquée, puisqu’elle a été traitée lors de la 2e matinée Décennale organisée en 2008, au cours de laquelle il s’agissait de déterminer si les garanties obligatoires pouvaient être étendues à la production électrique (1). Afin de bien circonscrire la problématique du photovoltaïque, la matinée s’est déroulée en deux parties : • Une première partie était consacrée à la présentation de la technique photovoltaïque, son évolution et les tendances du secteur. L’idée selon laquelle nous sommes face à de nouveaux produits, de nouvelles technologies fait consensus ; il s’agit toutefois en tant que (ré)assureur de tenter de comprendre la nature d’un produit, ses applications afin de pouvoir l’assurer, d’où l’intérêt de bénéficier de l’éclairage d’experts du domaine. M. Jean-Pierre Joly, Directeur Général de l’Institut National de l’Energie Solaire (INES) a animé cette première partie. • La seconde partie a abordé l’évaluation des procédés d’innovation dans le domaine de la construction en se focalisant sur le photovoltaïque. Les techniques photovoltaïques en tant que telles sont anciennes, elles ont été développées entre 1950 et 1970. La nouveauté réside notamment dans l’application du photovoltaïque au secteur du bâtiment. Compte tenu du rôle majeur du Centre Scientifique des Techniques du Bâtiment (CSTB) qui participe activement à l’évaluation technique de ces procédés d’innovation, il était parfaitement légitime d’inviter ses représentants à faire une présentation. M. Pierre Carlotti, Adjoint au Directeur Technique du CSTB et M. José Fontan, Responsable du Département Enveloppe et Revêtements du CSTB ont donc animé la seconde partie de cette matinée. (1) Assurance construction et environnement : un nouveau défi. 1 LES MODULES PHOTOVOLTAÏQUES DANS LE DOMAINE DE LA CONSTRUCTION JEAN-PIERRE JOLY Directeur Général de l’INES L’Institut National de l’Energie Solaire (INES) a été créé en 2006, à l’initiative des pouvoirs publics. Il promeut et développe l’utilisation de l’énergie solaire en France, et plus particulièrement dans le secteur du bâtiment. Il a pour principales missions de former, d’innover et d’approfondir les connaissances relatives à l’énergie solaire et au photovoltaïque, et de résoudre les problématiques inhérentes à l’utilisation de cette énergie. L’INES a connu un essor rapide qui devrait se poursuivre au cours des prochaines années. Il compte actuellement 230 personnes et dispose de plus de 10 000 m2 de surface de laboratoire. La structure de l’INES regroupe plusieurs organismes de recherche : le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA), le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), l’Université locale de Savoie, le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB). L’institut accueillera prochainement la première société de certification française des modules photovoltaïques : Certisolis. Cet article présentera dans un premier temps : les technologies photovoltaïques, leur évolution et les fabricants. Puis, nous nous interrogerons dans un second temps quant à l’avenir de ces technologies en abordant les normes de la Commission Electrotechnique Internationale (IEC), la certification, les performances et les retours d’expérience. 4 - Mars 2011 - SCOR Global P&C I. Les technologies de cellules photovoltaïques PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT DU PHOTOVOLTAÏQUE Le photovoltaïque est un générateur électrique qui convertit la lumière (photons) en électricité grâce à l’utilisation d’un matériau semi-conducteur. Ce matériau semi-conducteur possède des propriétés électroniques particulières. Pour constituer un générateur photovoltaïque il faut, à partir de ce matériau, constituer une jonction avec d’un côté une couche supérieure présentant un excès d’électrons (zone dopée n) et une couche inférieure comportant un déficit d’électrons (zone dopée p) ou l’inverse. L’exposition du semi-conducteur au rayonnement solaire va créer un excès de charges électriques (photo-génération de charges électriques) dans les deux couches et la mise en contact de deux matériaux de propriété électronique différente va provoquer un champ électrique et une différence de potentiel qui va séparer les charges positives et négatives ainsi créées. Le mouvement des charges se traduit par un courant aux bornes du générateur. Il suffit ensuite d’adjoindre des contacts métalliques sur les zones n et p pour obtenir une diode. L’adjonction d’une structure de collection du courant (contacts métalliques) permet d’assurer le circuit des deux côtés de la jonction, en face avant et en face arrière. Schéma de principe d’une cellule photovoltaïque I Zone dopée n Zone dopée p I e- (A) Irradiation solaire (watt/m2) Pmax (watt) = VI Zone dopée n Voc Zone dopée p h+ Voc Il y a par ailleurs un traitement de surface qui permet de maximiser la collection de lumière, qui sert en quelque sorte d’antireflet, puisque l’objectif est que le maximum de lumière puisse pénétrer le module. C’est l’une des raisons pour lesquelles un module photovoltaïque est de couleur noire. In fine, cela se traduit, comme tout générateur électrique, par un courant et une tension qui peuvent être représentés sur une courbe courant/ tension. Notons que cette courbe sera d’autant plus élevée en courant et en tension (particulièrement en courant) que l’irradiation solaire est puissante. Les conditions climatiques varient en permanence. S’il n’y a pas de soleil direct mais qu’il y a une certaine luminosité, un générateur photovoltaïque pourra fonctionner, mais le courant sera plus faible que celui que l’on peut obtenir à partir d’un ensoleillement direct. Il est important de comprendre que l’onduleur(1) va non seulement transformer ce courant continu en courant alternatif, mais qu’il va par ailleurs chercher le point de puissance maximum puisque la puissance est le produit du courant et de la tension. Il existe un point sur la courbe qui maximise ce produit. L’onduleur cherchera en continu cet optimum. QUELLES SONT LES TECHNOLOGIES EN PRESENCE ? Le Silicium est actuellement le matériau le plus utilisé dans l’élaboration des cellules photovoltaïques. Il est décliné en deux filières. Une filière de Silicium dit « cristallin » et une filière de Silicium dit « en Couches Minces », qui fait appel au Silicium amorphe. Le Silicium cristallin signifie que les atomes sont ordonnés dans la matière tandis que, dans le Silicium amorphe, les atomes sont désordonnés. L’agencement des atomes déterminera les propriétés électroniques du Silicium qu’il soit cristallin ou amorphe. Il existe en outre une filière de matériaux dits « composés ». On trouve parmi ces matériaux le diséléniure de cuivre indium (le CIGS ou le CIS) et le tellurure de cadmium (CdTe). Ces matériaux sont commercialisés, malgré la présence de cadmium dans le tellurure de cadmium qui continue de soulever la polémique du fait de sa toxicité. Le développement de ces technologies est relativement ancien, les innovations actuelles portent davantage sur les procédés de fabrication de plus en plus pointus que sur le choix des technologies. (1) L’onduleur permet de transformer le courant de façon à le rendre semblable à celui du réseau d’électricité. Il a en outre une fonction de sécurité en écartant les risques d’électrocution lors des opérations de maintenance. SCOR Global P&C - Mars 2011 - 5 D’autres technologies sont en développement, telles que les cellules photovoltaïques organiques, qui sont encore peu commercialisées. Konarka, une compagnie américaine, commercialise cette technologie mais les secteurs visés sont ceux de l’alimentation de l’électronique portable. POURQUOI CHOISIR SPECIFIQUEMENT CES MATERIAUX? Un matériau photovoltaïque doit absorber la lumière du spectre solaire de l’infrarouge profond à l’ultraviolet profond. Il faut choisir un matériau qui a ce que l’on appelle une « bande interdite » adaptée au spectre solaire. Il doit être de haute qualité et d’une grande pureté afin d’éviter que les électrons ne se retransforment en chaleur durant leur transfert dans le matériau. Il faut noter que les exigences relatives à la qualité du matériau expliquent en partie le coût du photovoltaïque. Le Silicium cristallin Le Silicium cristallin constitue la filière historique et majoritaire. La chaîne de fabrication est assez complexe. Le Silicium est fabriqué à partir de quartz. Ce minéral est extrêmement abondant sur la croûte terrestre. C’est en fait de l’oxyde de Silicium, soit un composé de Silicium et d’oxygène. Pour obtenir du Silicium, le quartz est réduit avec du carbone, autrement dit du charbon de bois ou de la houille, qui sont également des matériaux abondants. Le Silicium est ensuite cristallisé en lingots puis découpé en tranches appelées « wafers ». C’est à partir de ces tranches de Silicium que sont fabriquées les cellules. Ces cellules vont être par la suite connectées en série et en parallèle puis intégrées dans un module. La lamination va protéger les cellules du monde extérieur, ce qui constitue un point essentiel pour la durabilité. Ensuite, ce sont les modules qui vont être connectés en série et en parallèle afin de réaliser un système complet. Ces quelques étapes résument la chaîne de fabrication des panneaux photovoltaïques au Silicium. 6 - Mars 2011 - SCOR Global P&C Un module standard au Silicium cristallin est donc composé d’une feuille polymère en face arrière qui permet de protéger le module et d’une face avant en verre, dont la composition se rapproche du verre courant. Il faut simplement retirer certaines impuretés afin que le verre soit transparent, en particulier dans l’ultraviolet. Le verre solaire est fabriqué par des technologies de verre plat assez traditionnelles. Les cellules sont connectées avec des connecteurs qui sont à leur tour soudés. Puis les cellules sont encapsulées dans une feuille polymère en général en EVA (éthylène-vinyleacétate) qui est réticulée pendant la lamination du module photovoltaïque. Les technologies Couche Mince La première technologie Couche Mince est aussi à base de Silicium mais utilisé dans sa structure amorphe. Les modules Couche Mince ont en général une structure analogue à ceux du Silicium cristallin avec verre solaire en face avant. Il existe toutefois des modules sans feuille de verre solaire commercialisés notamment par la société américaine Uni-Solar. Ce type de module se compose en surface d’une feuille de polymère et en face arrière d’une feuille d’acier. Dans le cas du Silicium amorphe, la fabrication se fonde sur des techniques de dépôt sous vide. Il s’agit de déposer de très fines couches par ces techniques de dépôt sous vide, puis de créer une jonction. Cette jonction requiert du Silicium de type p et de type n ainsi que d’autres couches telles qu’un oxyde transparent conducteur qui doit être lui aussi déposé par des dépôts sous vide. Ces couches sont extrêmement fines, le Silicium amorphe mesure en moyenne 500 nanomètres. Le tellurure de cadmium (CdTe) peut aller jusqu’à 6 micromètres d’épaisseur. Dans le cas du Silicium cristallin, ce sont des tranches infiniment plus épaisses, qui font en moyenne 180 micromètres d’épaisseur. Les technologies de ces deux filières sont très différentes. Dans le cas du Silicium cristallin, la fabrication consiste à produire des lingots qui seront sciés en tranches (wafers). En revanche, dans le cas du Silicium amorphe, la fabrication consiste en une technologie de dépôt sous vide. Par ailleurs, d’autres techniques de dépôt de Couches Minces font leur apparition, mais elles sont encore au stade embryonnaire. Les techniques de dépôt de Couches Minces sont utilisées dans le cas d’autres technologies et pas exclusivement pour le Silicium cristallin. Ces technologies Couche Mince varient d’un matériau à l’autre. Le marché actuel compte essentiellement trois matériaux : le Silicium amorphe, le diséléniure de cuivre indium et le tellurure de cadmium, les deux derniers étant des matériaux dits « composés ». • Le diséléniure de cuivre indium (CIGS ou CIS) est un matériau à base de cuivre, d’indium, de gallium et de sélénium. Ce matériau est le plus récent en termes de technologie sur le marché. Il est très prometteur car, en laboratoire, il est possible d’obtenir plus de 20 % de rendement sur de toutes petites cellules. Il est en revanche plus difficile de le faire passer au stade industriel de fort volume. A l’heure actuelle, il représente environ 1 % du marché, ce qui est très faible. Cette technologie possède toutefois un fort potentiel ce qui laisse présager qu’elle conquerra de nouvelles parts de marché et ce, malgré certaines difficultés de développement qui subsistent. • Le tellurure de cadmium est une technologie ancienne. L’activité de First Solar, leader mondial du photovoltaïque, repose sur ces technologies. Les cellules au tellurure de cadmium sont appliquées aux fermes solaires. Elles ne sont pas intégrées au secteur du bâtiment du fait de la toxicité du cadmium. Sur le marché actuel, le tellurure de cadmium a progressé et représente 7 ou 8 %. Il représentera bientôt 10 % du marché. Le Silicium amorphe occupe 3 à 4 % du marché. Le Silicium cristallin reste, quant à lui, la technologie la plus utilisée puisqu’elle représente 80 % du marché. EN QUOI LES COUCHES MINCES SONT-ELLES INTERESSANTES? A partir du Silicium de base sont fabriqués de gros blocs de Silicium cristallin appelés des « lingots », que l’on découpe en tranches (wafers) ensuite sont fabriqués les cellules, puis les modules. Dans de nombreux cas, ce sont des sociétés intégrées qui prennent en charge la fabrication, du lingot jusqu’au module. Il arrive cependant que des industriels se soient spécialisés sur un des éléments de la chaîne de production. Par exemple, les sociétés Fonroche ou Solairedirect, qui fabriquent des modules photovoltaïques, achètent les cellules à un fabricant de cellules qui fait appel à un autre fabricant pour les wafers. En résumé, au stade de développement technologique actuel, les deux filières qui dominent le marché sont le Silicium cristallin et les Couches Minces appelées inorganiques. Les rendements de production pour les Couches Minces s’étagent entre 6 et 12 %, ceux du Silicium cristallin s’étagent plutôt entre 12 et 19 %. La part des Couches Minces est de USD 7,13 milliards sur le marché en 2008. Le photovoltaïque concentré a des rendements élevés mais les cellules ont un coût élevé pour des applications usuelles, excepté si elles sont utilisées dans un mode spécifique de forte concentration. La lumière peut être concentrée sur de petites cellules. L’usage de ces cellules n’est pas adapté aux marchés européens et ce pour des raisons climatiques. Ces cellules requièrent en effet un fort taux d’ensoleillement direct. En termes d’évolution, il semble, selon certains analystes, que les Couches Minces observeront une progression se traduisant par un relatif accroissement de leurs parts de marché dans les quelques années à venir par rapport au Silicium cristallin qui restera majoritaire. Il est important de comprendre que, pour un installateur, les coûts ne se réduisent pas à l’achat des modules photovoltaïques ; il reste de nombreux coûts à prendre en considération tels que les coûts d’installation, les coûts des composants annexes (onduleur (1)), le coût de la connexion et les travaux sur site pouvant générer des frais importants. Il faut par ailleurs noter qu’une partie de ces coûts est largement proportionnelle à la surface installée. Le process de fabrication est plus simple. A titre d’exemple, la fabrication du CIS se décompose en treize étapes et s’effectue dans une seule usine. Celle du Silicium cristallin est complexe, elle nécessite vingtcinq étapes faisant intervenir parfois jusqu’à trois usines. (1) L’onduleur n’est certes pas l’élément le plus coûteux d’un système photovoltaïque mais il reste l’élément le plus fragile du système et celui qui a la durée de vie la plus courte. SCOR Global P&C - Mars 2011 - 7 Les Couches Minces moins chères au watt crête mais pénalisées par le faible rendement (€ /W ) ~3,5 €/W 3,5 ~3 €/W 3,0 Si-a (1,1 €/W ) 2,5 Si-c (1,3 €/W) 2,0 Photovoltaïque intégré au bâtiment (3 kW) 1,5 1,0 Fermes solaires (1 MW) 0,5 W/m2 0,0 Module 80 90 100 110 120 130 140 150 160 170 180 190 200 210 Les composants du système photovoltaïque (autres que les modules) versus la puissance délivrée par chaque module Projection des coûts du Silicium amorphe (technologie couche mince) (€/ W) en 2020 (rendement 12 %) Projection des coûts du Silicium cristallin (€ /W) en 2020 (rendement 18 %) Analyse de Dominique Sarti (INES) Les coûts d’installation varient en fonction de la puissance du module par mètre carré, qui est en fait liée au rendement de conversion. Le diagramme ci-dessus fait une projection des coûts du Silicium amorphe et du Silicium cristallin en 2020. Le Silicium amorphe (technologie Couche Mince) est à 1,1 euro par watt crête(1) et le Silicium cristallin est à 1,3 euro par watt crête. In fine, le Silicium cristallin bénéficie d’une densité de puissance élevée et ce malgré son coût élevé. Un système utilisant comme matériau le Silicium cristallin reviendra en définitive moins cher. En comparant la courbe (en orange) représentant les installations intégrées au bâtiment avec celle représentant les fermes solaires (en bleu), les différences de coût des matériaux indiquent une possible segmentation du marché. La Couche Mince serait en effet plus adaptée aux fermes solaires du fait de son coût plus faible et de son rendement. Le Silicium cristallin serait, quant à lui, plus adapté au secteur du bâtiment du fait de son rendement de conversion potentiel. Le Silicium cristallin restera vraisemblablement un matériau prisé, en particulier dans l’intégration bâtiment. En outre, les technologies Couche Mince CdTe et CIGS utilisent des matériaux dont les quantités disponibles risquent d’être limitées à long terme, en l’occurrence le tellure pour CdTe et l’indium pour le CIGS. Ces matériaux sont issus des mines de zinc et de cuivre et la quantité produite est donc liée aux besoins des marchés pour ces autres métaux qui ne progressent pas au même rythme. (1) Le watt crête est une unité de mesure de la puissance photovoltaïque fournie par une installation solaire dans des conditions nominales : 1 000 watts par mètre carré à une température de 28 °C. 8 - Mars 2011 - SCOR Global P&C II. Evolutions des technologies du photovoltaïque L’innovation en matière de photovoltaïque répond à un objectif majeur : la réduction des coûts. Le photovoltaïque est un secteur encore aidé, réduire les coûts permettrait de le rendre compétitif lorsqu’il ne sera plus subventionné. Modèle économique du photovoltaïque Evolution du prix en fonction de la production depuis 1979 (2009 $/W) Prix du module photovoltaïque (2009 $ /W ) 100 Tendance Couche Mince Tendance Silicium Couches Minces Silicium cristallin 1979 50 Pénurie de Silicium polycristallin 2007 2009 2009 1 1 10 100 1 000 10 000 1 000 000 100 000 Production cumulée du module (MW) © EPIA – All rights reserved L’industrie photovoltaïque existe depuis plusieurs décennies. Toutefois, les quantités produites étaient relativement faibles. Le modèle économique représenté dans le diagramme ci-dessus montre qu’à partir des années 1970 les coûts de production ont baissé proportionnellement aux quantités produites. Cette tendance se confirme aussi bien pour le Silicium cristallin que pour les Couches Minces, mais avec un décalage en valeur. La courbe de Silicium s’est écartée de la courbe de tendance à plusieurs reprises ; ceci s’explique par le fait qu’il y a eu des périodes de pénurie de Silicium purifié. Lorsque les deux courbes tendent à se confondre, c’est que le rapport entre l’offre et la demande est équilibré. La baisse des coûts de production que l’on constate sur cette courbe est liée à la quantité produite, la taille des usines de plus en plus développées, l’augmentation de la productivité et l’utilisation de nouvelles technologies. Les analystes s’accordent à dire qu’il est encore possible de réduire les coûts de cette technologie. Depuis son introduction, le photovoltaïque a réduit son coût grâce à des innovations incrémentales et cela sans changer de technologies. Les technologies dont il est question dans cet article ont toutes été développées entre 1950 et 1970, elles sont donc relativement anciennes. Elles ont été commercialisées dès ces années-là, en quantités faibles. Les quantités produites ont augmenté au fur et à mesure et ont constamment progressé. Le laboratoire américain the National Renewable Energy Laboratory (NREL) enregistre des rendements record en laboratoire avec ces technologies. L’INES travaille également sur de nouvelles technologies, notamment à base de matériau organique, qui sont plus récentes et qui continuent à fortement progresser. QUELS SONT LES MOTEURS DE REDUCTION DES COÛTS ? Plusieurs facteurs concomitants concourent à la réduction des coûts du photovoltaïque. Les coûts de purification des matériaux ont baissé, en particulier celui du Silicium. La fabrication d’une cellule requiert de moins en moins de Silicium purifié. Par conséquent, la quantité de grammes de Silicium par watt crête a diminué de façon significative. Cela présente un intérêt écologique puisqu’il y a de moins en moins d’énergie grise (1) dans le module. Les rendements de conversion ont augmenté. L’objectif fixé pour le Silicium cristallin est une augmentation de plus de 20 % en production. L’augmentation des cadences de production permettrait de diminuer le coût du kilowattheure. On peut aussi espérer diminuer le coût du kilowattheure en étendant la durée de vie à plus de 25 ans. (1) L’énergie grise correspond à la somme de toutes les énergies nécessaires à la fabrication des modules. SCOR Global P&C - Mars 2011 - 9 La réduction de l’épaisseur des tranches pourrait être aussi un moteur de réduction de coût et ce, à condition de maintenir le rendement de conversion. Une des difficultés tient à la tenue mécanique de ces tranches très fines. Structure PERL-PERT/PLUTO® (Passivated Emitter Rear Diffused) Type Suntech Doigt Par ailleurs, il existe de nouveaux procédés de fabrication de cellules de Silicium pour augmenter les rendements de conversion. Des sociétés telles que Suntech (Chine), Kyocera (Japon), Sun Power (EtatsUnis) et Sanyo (Japon) expérimentent ces technologies de haut rendement. L’objectif de ces sociétés est l’amélioration de la structure des cellules afin d’optimiser leur rendement, le but étant de pallier les pertes résistives. Structure à contacts arrières EWT (Emitter Wrap Through) Type Kyocera Pyramides inversées Texturation Emetteur en face avant Double couche antireflet p n+ n p-silicon Contact émetteur Oxyde (-200A) BSF (champ de surface arrière) Contact base Oxyde Contact arrière Structure à hétérojonction HIT (Heterojonction with Intrinsic Thin-layer) Type Sanyo Electrode p-type a-Si: ~ 0.01 µm Interface a-Si: ~ 0.01 µm n-type a-Si: ~ 0.01 µm Structure à contacts arrières RCC (Rear Contact Cell) Type Sunpower Texturation Substrat c-Si (CZ, n-type) Oxyde transparent conducteur n-Diffusion n-Metal p-Diffusion p-Metal Diffusion Les cellules PERL-PERT se caractérisent par une texturation en pyramides inversées, une double couche antireflet, une grille de contacts de surface limitée, un émetteur sélectif, une passivation par oxyde thermique et un BSF (Back Surface Field) localisé. La société Suntech s’est vivement inspirée de cette structure pour la fabrication des cellules solaires « Pluto ». Le taux de rendement de conversion atteindrait 19 % en production de masse. La structure EWT, utilisée notamment par la société Kyocera, est dotée d’un émetteur en face avant et de bus bars en face arrière. Ce procédé technologique est complexe, néanmoins il permet l’utilisation de matériaux de moyenne qualité et l’obtention de bons rendements. Sunpower a développé un procédé de contacts en face arrière (Rear Contact Cells). Les cellules fabriquées à partir de ce procédé ont leurs deux contacts électriques en face arrière. Cette structure facilite notamment la mise en module grâce à l’interconnexion coplanaire. Le rendement moyen des cellules RCC obtenu par Sunpower atteint 21,1 %. 10 - Mars 2011 - SCOR Global P&C La société Sanyo a, quant à elle, investi sur la technologie d’hétérojonction. Les cellules HIT (Heterojunction with Intrinsic thin-layer) se sont améliorées au cours des quinze dernières années. Ce procédé est intéressant dans la mesure où les cellules HIT sont moins sensibles aux variations de température, ce qui est compatible avec l’utilisation de substrats minces. Ainsi Sanyo a enregistré des résultats en laboratoire dépassant les 23 % de rendement, en production le taux de rendement est de 19,5 %. Toutes ces technologies constituent un raffinement des procédés de fabrication des cellules en Silicium et contribuent à cette démarche de réduction des coûts. Par ailleurs, les professionnels du secteur tentent de réduire les coûts d’installation mais aussi de réduire ce que l’on appelle « time for energy payback » qui correspond au temps de retour sur investissement photovoltaïque. III. Les fabricants Parmi les dix plus grands fabricants mondiaux de cellules solaires figure First Solar qui s’est spécialisé en tellurure de cadmium. Les neuf fabricants qui suivent se sont pour leur part spécialisés en Silicium cristallin. Kyocera, Sharp (Japon) et Q-Cells (Allemagne) comptaient parmi les leaders historiques de ces cinq dernières années. Ils sont à présent devancés par des firmes chinoises, notamment Suntech, Yingly Green Energy ainsi qu’une firme taïwanaise, Motech Industries. La firme américaine Sun Power n’occupe que la 7e place, ses produits sont principalement destinés au marché européen. Face à la demande croissante de l’Europe en matière de technologies photovoltaïques, le marché européen est devenu le plus attractif pour les fabricants du monde entier (environ 80 %). La fabrication en Europe demeure néanmois très largement inférieure à sa consommation. En France, on ne recense qu’un seul fabricant de cellules : Photowatt ; toutefois on compte de plus en plus de fabricants de modules. Il existe en effet près d’une dizaine d’initiatives parmi lesquelles Fonroche, Tenesol, FranceWatts. Par ailleurs, de nombreuses sociétés se sont spécialisées dans l’installation. Des analystes américains notent que les sociétés du secteur achètent dans la plupart des cas les cellules à l’étranger et fabriquent les modules à proximité des consommateurs et ce, pour des questions de logistique et de durabilité. Les fabricants de modules photovoltaïques ont intérêt à limiter le transport car les modules sont fragiles et volumineux. La durabilité est en outre tributaire de la mise en module. Ce choix peut augmenter le prix du module mais il permet de rassurer les consommateurs. Cette tendance s’observe en France et plus largement en Europe. IV. Les normes internationales à respecter La Commission électrotechnique internationale, organisation internationale de normalisation, a établi trois normes internationales incontournables en matière de photovoltaïque qui s’appliquent à la fois aux modules et aux fermes solaires. • La première norme concerne le Silicium cristallin (IEC 61215), il s’agit de la plus ancienne. • La deuxième norme est une déclinaison de la première qui est dédiée aux Couches Minces (IEC 61646). • La troisième norme porte sur la sûreté électrique (IEC 61730). De longues séries de tests ont été établies afin de veiller au respect de ces normes et vérifier la certification : des essais relatifs aux composants, des essais mécaniques, des essais électriques, des essais thermiques. Les modules sont soumis à des conditions difficiles, à des cycles plus ou moins violents pour vérifier leur performance et leur durabilité. Ces tests ont été perfectionnés et adaptés aux technologies photovoltaïques. Les tests sous ultraviolets ou sous irradiations sont, par exemple, spécifiques au photovoltaïque et les cycles d’exposition ont une durée et un ordre bien définis. Le perfectionnement de ces différents tests constitue un gage de qualité et de fiabilité des modules photovoltaïques. Les sociétés de certification disposent des équipements nécessaires à la réalisation de ces tests, à savoir des simulateurs solaires continus, des sun flashers, des chambres climatiques, des chambres UV, etc. Les tests servent à mesurer en particulier les watts crête. SCOR Global P&C - Mars 2011 - 11 A titre d’exemple, le flash va reproduire durant moins d’une seconde le spectre solaire et irradier le module de la façon la plus homogène possible. L’homogénéité de l’irradiation du module est une condition essentielle. Si un module photovoltaïque n’est pas irradié de façon homogène, cela impactera son rendement de conversion qui est tributaire du niveau d’irradiation. Au cours de cette irradiation, la courbe I(V)(courant-tension) sera mesurée pour évaluer le rendement maximum qu’il est possible d’obtenir dans ces conditions spécifiques. Le flash présente un intérêt certain puisque l’on reste à température ordinaire, ce qui permet généralement de s’affranchir de la sensibilité du module à la température, ce qui varie selon les technologies. Néanmoins, les conditions de ce test s’éloignent des conditions réelles. En effet, dans la réalité, le rayonnement solaire est continu. Le rendement en conditions réelles sera donc plus faible que celui mesuré en laboratoire. Il faut bien comprendre que le module ne peut atteindre le rendement de conversion mesuré en laboratoire que s’il est placé en plein soleil. Lorsque les conditions s’écartent de cette configuration « idéale », non seulement le rendement va différer de celui obtenu en laboratoire mais il peut en outre varier d’un module à l’autre. Autrement dit, la quantité de kilowattheures que vont produire deux modules qui ont la même quantité de kilowatts crête va varier en fonction du lieu où ces modules sont installés. Jusqu’alors, aucun organisme ne proposait de test de certification en France. Les professionnels s’adressaient à un organisme de certification essentiellement allemand, le TÜV Rheinland. Il s’agit d’un organisme de certification neutre et indépendant, implanté dans 60 pays. C’est pourquoi le CSTB et le Laboratoire National d’Essai (LNE) ont décidé de créer une filière de certification en France en partenariat avec le CEA qui débutera sur le site de l’INES qui est une filiale du CSTB et du LNE : Certisolis. Cet organisme de certification aura le support des laboratoires de l’INES et du CEA et pourra proposer des niveaux de certification spécifiques en plus des certificats IEC usuels. V. Expériences, performances et fiabilité Les systèmes photovoltaïques restent encore soumis à des incertitudes et à des risques. INCERTITUDES La durabilité des modules La durabilité des modules est un facteur qui influence fortement le prix du kilowattheure. Si la durée de vie des modules s’allonge en passant de 20 ans à 30 ans, la rentabilité des systèmes photovoltaïques sera améliorée, ce qui constituera une avancée importante. D’autant que la durée de vie actuelle des modules n’est qu’une estimation et varie selon les technologies. La précision du watt crête est relativement fiable sur le Silicium cristallin. Elle est en cours d’amélioration sur les Couches Minces, mais demeure moins fiable à cause des effets de vieillissement initiaux des Couches Minces. Les procédures sont en fait moins bien maîtrisées lorsqu’il s’agit des Couches Minces. Par ailleurs, il reste à approfondir les connaissances relatives aux mécanismes de dégradation. L’un des moyens d’avoir un véritable retour d’expérience est de placer les modules en environnement réel, et ainsi de disposer d’informations de long terme, ce qui nécessite du temps. Pour une technologie récente comme le CIS, des études montrent comment se sont comportés les modules CIS sur plusieurs années. Les professionnels pourront s’appuyer non seulement sur des normes mais aussi sur des tests en environnement réel de long terme. Production sur site et performance normalisée du module Il existe des incertitudes quant à la quantité de kilowattheures produite par le module et sur la connaissance de l’illumination du site. Pour pallier cela, l’INES a développé des procédures de mesure spécifiques, qui consistent à mesurer en continu la courbe I(V) du module ou du système complet en fonction de l’irradiation. D’une technologie à l’autre, on évalue ce que l’on appelle « la performance ratio » par rapport au watt crête. Des modèles électriques (courbes) permettent d’examiner les différentes caractéristiques du module : la résistance parallèle, la résistance série, les diodes principales ou secondaires, etc. Il est possible grâce à ces courbes de convoluer les réponses en fonction de l’irradiation avec l’histogramme d’irradiation d’un site ; si par exemple on a l’irradiation d’un site du sud de la France, en Provence, on corrèle 12 - Mars 2011 - SCOR Global P&C avec la réponse en irradiation et en température du module sous irradiation solaire. En groupant toutes ces informations, il est possible de prédire précisément le nombre de kilowattheures que le producteur d’électricité solaire va pouvoir produire par an. RISQUES Les modules photovoltaïques sont sensibles aux augmentations de température, les plus sensibles étant ceux au Silicium cristallin. Le rendement du module (la puissance) va baisser en fonction de l’augmentation de la température, ce qui peut aussi accélérer les mécanismes de défaillance et réduire la durabilité. C’est le paradoxe de l’intégration. Il faut donc améliorer la ventilation des modules, en particulier en toiture. De plus, les coefficients de température et la réponse en température des modules varient selon les technologies. Ce qui est vrai pour une technologie ne l’est pas forcément pour une autre. L’exemple du Silicium cristallin est révélateur. Le risque d’incendie est aussi à prendre en considération. En courant continu, si la connectique est mal montée, il peut y avoir des connecteurs qui se séparent et un effet d’arc qui sera maintenu, contrairement au courant alternatif. Il est donc important de veiller à ce que la connectique soit bien faite et fiable. L’INES développe actuellement des systèmes spécifiques permettant de détecter les arcs et de les prévenir par un petit système électronique qui est à l’arrière du module photovoltaïque. Ce système électronique pourra en outre avoir d’autres usages tels que la gestion des problèmes d’ombrage. Conclusion Le photovoltaïque ne connaîtra pas de révolution technologique mais plutôt des évolutions incrémentales qui permettront à terme de diminuer ses coûts. Il convient donc de s’appuyer sur les technologies existantes et sur leur retour d’expérience afin de procéder à leur amélioration. Les normes IEC accompagnent ces évolutions et constituent de ce fait un gage de qualité. Les progrès attendus aujourd’hui pour accroître la fiabilité des modules photovoltaïques sont la connaissance des causes de défaillances résiduelles et la création de dispositifs de prévention des risques. ECHANGES DE VUES DANS LA SALLE Quelles sont les prochaines évolutions des normes IEC 61-215, la dernière version datant de 2005 ? Dans le cas de l’envoi de plusieurs modules pour la certification, comment s’assurer de l’homogénéité de la qualité sur toute la production ? Dans le cadre d’une certification 61-215, lorsqu’un process industriel évolue, est-il obligatoire de le soumettre à une nouvelle certification ? Au sujet de la norme 61-215, la technologie semble suffisamment stabilisée pour être influencée par de grandes évolutions. En matière de certification, les lois française et allemande divergent. La certification initiale certifie huit modules, nommés « certificats TÜV ». Le LNE, par la voie de sa filiale Certisolis, a l’ambition d’élaborer une certification conforme au Code de la consommation, impliquant des contrôles de régularité jugés par des audits en usine et des tests adaptés. La mise en place d’un tel référentiel de certification implique cependant un délai. A terme, l’objectif poursuivi sera de garantir la pérennité des performances par un contrôle de constance de la production. Le référentiel devra s’adapter à la notion de certification de produit unique ou de gamme. Il devra définir les sauts technologiques qui nécessitent des essais de contrôle complémentaires, en fonction de leur importance. Des essais de contrôle complémentaires plus ou moins importants existent déjà au travers de la certification TÜV. Le TÜV est capable de certifier une gamme, par la certification de quelques types dans la gamme et l’établissement de lois d’interpolation pour les autres types. Concernant les Couches Minces : que dire des tests de vieillissement accéléré vis-à-vis du CIS ou du CdTe devant respecter la norme 61-646, cette norme n’étant pas adaptée à ces technologies ? Les Couches Minces sont encore soumises à évolution : elles ont besoin d’être un peu affinées, quant au préconditionnement et à la tenue sous humidité. Le facteur de risque est quelque peu plus élevé sur les Couches Minces. Il y a des marges d’incertitude plus grandes incitant donc à la prudence. Les fabricants français sont-ils essentiellement des fabricants de modules ? Au-delà de ces fabricants de modules, a t-on une adaptation aux bâtiments ? Une étude publiée par la FFSA citait effectivement 100 et 200 nouvelles sociétés créées pour produire des panneaux photovoltaïques ? SCOR Global P&C - Mars 2011 - 13 Les entreprises dont vous parlez ne produisent pas les modules en tant que tels mais ont développé leur propre kit de montage et d’installation, en achetant des modules sur le marché et en développant des méthodes spécifiques de fixation en toiture. Chacune a développé ses méthodes d’étanchéité et d’installation en toiture avec un large panel de possibilités. fixe les critères techniques pour le tarif d’intégration conformément aux arrêtés. L’un des critères plus difficiles à appliquer est la manière dont on vérifie que le champ photovoltaïque suit le plan de la couverture. Ceci soulève des problèmes concernant les profils drainants ou la gestion des impératifs d’étanchéité, de ventilation et d’esthétique. En revanche, pour la fabrication spécifique de modules, le marché ne compte qu’une petite dizaine d’entreprises en France mais devrait s’élargir. Par ailleurs, certaines sont intégrées et fabriquent leurs modules pour leur propre compte. Les systèmes de montage recouvrent de petites sociétés : couvreurs, façadiers, verriéristes. Elles se destinent plutôt au bâtiment industriel et au bâtiment agricole, ainsi qu’aux maisons individuelles pour une installation visant les trois kilowatts. La production et la prévision de production soulèvent encore des incertitudes quant au module lui-même, à son installation et au type de cellule. Comment assurer un retour sur production et sur investissement à un particulier ou à un investisseur ? Quelles sont les marges d’erreur ? Le système de tuiles photovoltaïques est un système en tuiles laminées, cadrées ou non, avec des cadres spécifiques permettant l’étanchéité ; ce sont en général des modules de petites dimensions qui sont installés sur les charpentes traditionnelles. Les nouvelles règles d’intégration permettent une multitude de systèmes : verrière ou tuile photovoltaïque. C’est le module qui assure l’intégralité de l’étanchéité. Le Comité d’Evaluation de l’Intégration au Bâti (CEIAB) 14 - Mars 2011 - SCOR Global P&C Le recours à un bureau d’études permet de minimiser les marges d’erreur en prévoyant le mode d’installation, de montage et de ventilation. Il est ainsi possible d’évaluer la perte en observant la ventilation et le montage, mais aussi le type de module choisi, l’exposition, la localisation du site et les données météorologiques afférentes. Demeureront les incertitudes de défaillance telles qu’un ombrage intempestif ou le dépôt d’une feuille sous le module, qui peuvent aussi être source de défaillances. Les modèles et les outils de simulation utilisés sont à cet égard relativement fiables. Les modèles complexes sont extrêmement fiables, mais les modèles simples assurent néanmoins des prédictions correctes. 2 L’EVALUATION TECHNIQUE DANS LE DOMAINE PHOTOVOLTAÏQUE PIERRE CARLOTTI, Adjoint au Directeur Technique du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) JOSE FONTAN, Responsable du Département Enveloppe et Revêtements du CSTB Le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) a été créé en 1947. Il s’agit d’un établissement public à caractère industriel et commercial placé sous la tutelle du ministre de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable, des Transports et du Logement. Le CSTB est un acteur public indépendant au service de l’innovation dans le bâtiment dont les activités principales sont la recherche, l’expertise, l’évaluation et la diffusion des connaissances. Le CSTB contribue à la promotion de la qualité et de la sécurité de la construction durable et ce, grâce aux compétences de ses 850 collaborateurs, de ses filiales et de ses réseaux de partenaires nationaux, européens et internationaux. I. L’innovation dans le secteur du bâtiment Avant d’aborder l’évaluation technique dans le domaine du photovoltaïque, il convient de rappeler quelques définitions fondamentales. Les termes invention et innovation sont souvent confondus. L’invention est une idée brevetable qui peut être pertinente ou non sur le plan technique ou économique. L’innovation correspond à un changement technique capable de modifier les conditions de la production et du marché. Le photovoltaïque illustre bien la différence entre ces deux termes. Comme le mentionne l’article de Jean-Pierre Joly, le photovoltaïque existe depuis plusieurs décennies. A l’heure actuelle, le photovoltaïque se trouve dans une phase d’innovation : les coûts de production diminuent, les procédés s’améliorent, mais cela ne présage aucunement qu’une révolution technologique ait lieu. Dans le secteur de la construction, on distingue les procédés traditionnels des procédés non traditionnels. Les procédés traditionnels désignent les techniques partagées par tous les acteurs. Les procédés traditionnels relèvent des DTU (Document Technique Unifié), une technique maîtrisée par tout artisan ou ouvrier du bâtiment qualifié dans sa spécialité. SCOR Global P&C - Mars 2011 - 15 On distingue par ailleurs les techniques courantes des techniques non courantes. Cette distinction introduit la notion d’assurabilité avec formalité ou sans formalité et dépend de l’avis de l’agence qualité construction. Les techniques courantes désignent les techniques assurées sans formalité. L’innovation peut porter sur : • les composants élémentaires du produit (matériaux, etc.). On peut par exemple inventer un nouveau type de revêtement sol avec un carrelage qui a un nouveau type de surfaçage, ce qui constituerait une innovation entrant dans la catégorie des composants élémentaires ; • les produits (assemblage de composants élémentaires) tels qu’un nouveau type de bloc béton utilisant un nouveau type de matériau, etc. ; • les modalités de dimensionnement et de calcul ; • la mise en œuvre. Les pratiques du marché français de la construction peuvent différer de celles des autres pays. Dans le cas de l’Allemagne, par exemple, il s’agit d’un marché fondé sur l’agrément. En Allemagne, on ne peut mettre sur le marché que des produits qui ont reçu l’autorisation de mise sur le marché. Alors qu’en France, toute personne peut légalement vendre des produits de construction. En France, aucun élément normatif n’impose au vendeur qui met un produit de construction sur le marché de connaître ce produit. Cela pose la question de la confiance des acteurs. En effet, pour être acceptée par les acteurs du marché français de la construction, l’innovation doit pouvoir convaincre qu’elle ne remet pas en cause la qualité et la sécurité durables du bâtiment dans lequel elle est intégrée, au-delà des qualités premières de cette innovation. Il est donc important de donner aux acteurs les éléments d’information permettant d’éclairer leurs choix et d’exercer leurs responsabilités en toute connaissance de cause et en toute indépendance. C’est dans ce contexte que le CSTB se propose de faciliter la diffusion des innovations en suscitant de la confiance parmi les acteurs et ce, par le biais de l’évaluation technique. L’évaluation technique telle que la pratique le CSTB se fonde sur des valeurs d’indépendance et de transparence. Le CSTB propose différents types de prestation selon le stade de développement du produit. • Le CSTB peut accompagner et aider à l’innovation lorsque le produit en est encore au stade de la R&D. Le CSTB peut en effet aider les acteurs à améliorer un procédé en les conseillant sur des aspects purement bâtimentaires. • Lorsque le procédé atteint une certaine maturité, la possibilité lui est donnée de commencer à pénétrer sur le marché grâce à deux méthodes : la méthode traditionnelle de l’avis technique (ATec), qui est l’évaluation de référence depuis 1970, et la méthode de l’appréciation technique d’expérimentation (ATEX), Les différents types d’évaluation selon le stade de développement du produit Rentabilité ID+ PI ATec R&D ATex Certifications « Point mort » Période de rentabilité négative Lancement 16 - Mars 2011 - SCOR Global P&C Cycle de vie du produit Croissance Maturité Déclin qui est plutôt adaptée au cas d’un chantier expérimental. Le procédé est jugé dans le contexte du chantier en fonction des compétences particulières de l’entreprise et des acteurs du chantier. • Le Pass’Innovation a été créé à la suite du Grenelle de L’Environnement. Il concerne les produits qui ont vocation à se développer. Ces produits pourraient être appelés des « préséries » ou des « premières séries ». Dans le domaine du photovoltaïque, le Pass’ Innovation est destiné à des procédés utilisés pour des habitations telles que les maisons individuelles, les immeubles ou pour des locaux techniques tels que des hangars agricoles. Initialement, le Pass’Innovation avait pour vocation de permettre l’utilisation de procédés ou de matériaux qui avaient fait leurs preuves à l’étranger en leur donnant accès au marché français et d’accélérer ensuite l’obtention d’avis techniques. L’étendue du Pass’Innovation a par la suite évolué en intégrant des produits spécifiquement français (tels que le photovoltaïque intégré au bâti) et où l’avis technique ne permettait pas une offre rapide sur le marché. Le photovoltaïque répondait précisément à ces critères. S’il existait une demande, il n’y avait en revanche pas d’offre suffisamment sécurisée par une procédure d’évaluation. Les tendances du marché de la certification enregistrent un essor rapide de l’ATec. Entre 1980 et 2000, sa croissance s’est ralentie du fait de la mise en place de l’ATEX en 1982. Sur le diagramme ci-dessus figurent les ATec, les ATEX délivrés depuis 2001 ainsi que les Pass’Innovation en cours d’acceptation. Le flux des avis techniques délivrés chaque année oscille entre 450 et 600 avis techniques délivrés. Ces derniers correspondent majoritairement à des cycles économiques. Ils peuvent cependant être aussi contra-cycliques ; à mesure que l’économie ralentit, les entreprises tendent à innover en se concentrant sur leur R&D, ce qui a pour conséquence d’augmenter les demandes d’avis techniques. On constate depuis les années 2006/2007 une croissance ininterrompue, interprétée comme un double effet de la répercussion de la crise économique et du Grenelle de l’Environnement. D’une part, et comme mentionné plus haut, la crise économique induit des efforts de R&D des entreprises, de l’autre, le Grenelle de l’Environnement agit comme une politique gouvernementale de poussée de l’innovation. Les ATEX sont quant à elles différentes car portant sur des ouvrages quelque peu exceptionnels. Leur nombre dépend du volume de maîtrises d’ouvrage engagé. Evolution de la certification depuis 2001 800 700 600 500 400 300 200 100 0 2001 2002 PI (devis acceptés) 2003 ATEX 2004 ATEC 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Chiffres au 5 février 2010 SCOR Global P&C - Mars 2011 - 17 De l’innovation vers le domaine traditionnel Normes, NF DTU Avis techniques Appréciation Technique d’Expérimenta tio Pass’Innovatio n n la réalisation du chantier. Le lancement d’une nouvelle innovation sur le marché passait alors par une expérimentation sur quelques chantiers, dans une relation de confiance entre le maître d’ouvrage, l’entreprise, les assureurs. Le Grenelle de l’Environnement a eu pour volonté de faire arriver les innovations beaucoup plus vite sur le marché, avec la création de préséries. La définition du Pass’Innovation a été alimentée par la Fédération Française des Sociétés d’Assurance (FFSA) en collaboration avec l’AIMCC (syndicat des produits de construction), la FFB (Fédération Française du Bâtiment) et la CAPEB (Confédération de l’Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment), dans un objectif de passage de l’innovation à l’avis technique. Le Pass’Innovation prend acte d’une expertise suffisante sur le projet, attestant de la maîtrise du risque, sans pour autant avoir l’ensemble des éléments en présence. Accompagnemen t Aide à l’innovat ion LE PASS’INNOVATION L’avis technique est une procédure définie par l’arrêté du 2 décembre 1969. Le demandeur de l’avis technique constitue un dossier avec l’aide d’un instructeur du CSTB qui le conseille. L’instructeur soumet ensuite le dossier à un groupe spécialisé de 20 à 30 experts du domaine concerné. La séance est présidée par une personne externe au CSTB qui anime le débat. Le rapporteur du groupe spécialisé est issu du CSTB. Il a pour mission de rappeler ce qu’on appelle la « doctrine du groupe spécialisé », à savoir de rappeler la direction dans laquelle doivent se tenir les débats pour juger les produits. La procédure du Pass’Innovation est une évaluation rapide qui se décompose en deux étapes. Dans un premier temps, le demandeur soumet un dossier qui sera analysé par un expert du CSTB. Ce dernier, si le dossier manque de pièces ou justificatifs, peut orienter le dossier vers un Pass’Innovation, plus ou moins négatif (rouge ou orange). Dans ce cas, le demandeur détient un bref délai pour corriger son dossier, qui fera l’objet d’une nouvelle analyse par le CSTB. L’attribution du « vert » désigne un risque limité, « orange » reconnaît qu’un procédé est intéressant sans pour autant que tous les risques ne soient encore levés. Le « rouge » quant à lui souligne l’importance des risques et la difficulté de les lever. Après quelques années d’exploitation, tout secteur professionnel devrait se diriger vers un Document Technique Unifié (DTU), c’est-à-dire sortir de l’avis technique pour entrer dans le domaine traditionnel. Le Pass’Innovation a été lancé en juillet 2008 et le nombre de demandes a considérablement évolué depuis 2009, expérimentant une forte croissance. Cependant, un tiers des demandes sont abandonnées. L’AVIS TECHNIQUE (ATEC) L’APPRECIATION TECHNIQUE D’EXPERIMENTATION Avant le Grenelle de l’Environnement, il n’y avait en amont que l’« ATEX » (l’appréciation technique d’expérimentation) qui était surtout adaptée aux chantiers expérimentaux et dont l’obtention conditionnait Il peut s’avérer que les demandes de Pass’Innovation ne soient pas pertinentes, du fait du manque de maîtrise ou d’expertise du demandeur dont le projet relèverait manifestement du DTU. Dans d’autres cas, les Pass’Innovations sont sollicités dans le simple objectif de répondre à un appel d’offres et la demande ne sera officielle qu’à la condition de remporter l’appel d’offres. Le coût d’un Pass’Innovation s’élève environ à 10 000 euros. Les petites et moyennes entreprises peuvent se faire aider pour le financement par les collectivités locales ou les agences de développement, ou l’OSEO (entreprise publique favorisant, entre autres missions, l’aide à l’innovation). 18 - Mars 2011 - SCOR Global P&C Répartition des Pass’Innovation par domaine (sur la totalité des contacts) 1% 7% 2% 2% 95 % 4% 5% Photovoltaïque Structure, maçonnerie, gros œuvre Procédé d’isolation 14 % Toiture, couverture, étanchéité Installation de génie climatique, chauffage Divers Revêtement de sol 20 % Cloisons et plafonds, second œuvre Récupération d’énergie Données au 22 mars 2009 La part de demandes de Pass’Innovation dans le domaine du photovoltaïque est prépondérante comme l’illustre le graphique ci-dessus. L’essentiel des dossiers soumis provient des entrepreneurs de PME. Par ailleurs, peu de demandes de la part d’entrepreneurs étrangers ont été enregistrées. Ceci pourrait s’expliquer par la volonté française de recourir au procédé d’intégration, ce contrairement, par exemple, à l’Allemagne. Le Pass’Innovation doit-il être une technique jugée a priori courante ou a priori non courante ? Les partisans d’une insertion rapide du photovoltaïque abondaient en faveur d’un classement en technique a priori courante. Cependant, et lors de discussions auxquelles ont notamment participé le ministère de l’Ecologie, de l’Energie, et du Développement durable et la Fédération Française des Sociétés d’Assurances, la solution qui s’est imposée est celle de la conservation de la logique de la technique non courante compte tenu du caractère simplifié du Pass’Innovation. L’avis technique met en effet en œuvre une analyse plus détaillée. Le Pass’Innovation est donc une technique non courante mais peut être indiquée différemment dans les contrats et ne pas être assimilée à une simple technique non courante qui ne fait l’objet de rien. LA CERTIFICATION L’une des spécificités de la France réside dans l’absence d’agrément, mais aussi dans l’existence d’une Responsabilité Civile Décennale. Cela a conduit à construire des avis techniques et des certifications de type ATEX et Pass’Innovation, évaluant le produit dans l’ouvrage, et le produit mis en œuvre. En parallèle, certains produits ne posant pas de problèmes particuliers d’intégration requièrent que l’on ait la connaissance de la qualité du produit et de la constance de qualité. La qualité intrinsèque du produit, indépendamment de sa mise en œuvre, est à cet égard tout aussi importante. D’autres configurations mettent en jeu une interaction entre la qualité du produit et sa mise en œuvre : il s’agit de la certification couplée avec un avis technique, où l’avis sur le produit mis en œuvre n’est valide que si le produit est de qualité suffisante. II. L’innovation photovoltaïque dans l’intégration au bâtiment En matière d’innovation dans le bâtiment, différents types d’évaluation interviennent selon le stade de développement du produit : l’avis technique (ATec), l’appréciation technique d’expérimentation, le Pass’ Innovation ou encore la certification. Il importe désormais de s’intéresser à l’application de ces process d’évaluation quant aux innovations ayant trait au photovoltaïque. Le photovoltaïque s’impose comme un procédé clé pour générer de l’électricité intégrée au bâtiment à partir du solaire. Le Grenelle de l’Environnement a fixé pour objectif que tous les bâtiments soient à énergie positive à l’horizon 2020. Aussi, la logique qui préside à cette démarche est de produire de l’électricité avec l’énergie disponible à proximité. En ce qui concerne les logements ou les maisons individuelles, le solaire plus encore que l’éolien ou le thermique apparaît comme l’élément le plus adapté en termes d’intégration au bâtiment et de poursuite des objectifs du Grenelle de l’Environnement. Il existe toutefois des exceptions à cette assertion ; par exemple, au Pays de Galles, zone connaissant de forts vents et beaucoup de nuages, il existe certaines maisons prototypes satisfaisant aux « énergies positives » grâce à des éoliennes de quinze mètres installées dans leur jardin. SCOR Global P&C - Mars 2011 - 19 La puissance crête est un aspect majeur à prendre en compte, et qui se réfère au kilowatt que l’on peut atteindre en conditions optimales d’ensoleillement, ce qui implique 1 000 watts par mètre carré. Sur site, ces conditions varient et influent logiquement sur la quantité de kilowattheures produite. Des cartes du potentiel solaire photovoltaïque peuvent être constituées, appuyant par ailleurs le caractère inégal du potentiel énergétique sur le territoire national, avec des cas extrêmes tels que les départements d’outre-mer. EXEMPLES DE MODULES Lorsqu’on traite de l’intégration du module au bâtiment, le module le plus courant est dit « standard ». Il s’agit d’un verre en face avant, d’un polymère en face arrière et de cellules encapsulées dans une résine. Il existe également le vitrage photovoltaïque ayant pour vocation architecturale d’être semi-transparent ou de faire des ombres. Le film photovoltaïque peut être posé en étant déroulé, ce qui induit une certaine souplesse. Il n’y a pas de distinction suivant les techniques de cellule. AVIS TECHNIQUE ET PASS’INNOVATION Le critère d’observation essentiel réside dans l’emploi du produit, du procédé dans son ouvrage. Dès lors que le procédé photovoltaïque se substitue à un élément d’enveloppe, il doit répondre aux mêmes exigences que celles habituellement demandées à l’élément d’enveloppe correspondant. En ce qui concerne la notion de ventilation, cet aspect est observé en tant qu’élément d’enveloppe et non en tant qu’élément photovoltaïque, prenant en compte son incidence sur la production. Lors de l’examen de certification, plusieurs aspects sont observés : • durabilité des matériaux ; • résistance aux contraintes climatiques ; • étanchéité à l’eau ou à l’air dans des cas particuliers (façades de verre par exemple) ; • sécurité des personnes sur le chantier ; • sécurité des usagers ; • ventilation minimale en sous-face des modules ; • non-perturbation du chemin des câbles électriques ; LA CERTIFICATION • faisabilité de la procédure de maintenance ; Certisolis certifie les performances conventionnelles, tout comme le TÜV (Technischer ÜberwachungsVerein, un organisme de contrôle et de normalisation allemand), qui est un acteur majeur basé en Rhénanie possédant 50 % de parts de marché et ayant racheté le laboratoire de l’Université d’Arizona. De nouveaux acteurs pénètrent l’Europe, tels le laboratoire américain Underwriters Laboratories (UL) en Allemagne ou le CSTB et le LNE français avec Certisolis pour filiale (en partenariat avec l’INES) qui vise à fournir des certifications « packagées ». Certisolis tend à être un guichet d’entrée de certification, tout comme les autres acteurs mentionnés plus haut, qui prend en compte les spécificités nationales existantes. A ce titre, la norme 61-215 est générale mais les essais de comportement au feu seront différents selon que l’on se trouve en Allemagne, en France ou aux EtatsUnis. L’objectif de Certisolis est de permettre une certification qui donne toutes les données d’entrée nécessaires à l’écriture d’un avis technique en toute confiance. • sécurité incendie pour tous les types de bâtiments. 20 - Mars 2011 - SCOR Global P&C Dans l’avis technique du Pass’Innovation, sera indiqué le domaine d’emploi pour lequel l’analyse a été menée. Cela n’implique pas l’interdiction du produit pour un domaine d’emploi plus exigeant, mais requiert des essais complémentaires. En ce qui concerne le tarif de rachat, il faut noter que l’Etat a voulu mettre fin à la spéculation en mettant en place le tarif de rachat semi-intégré ainsi que différentes contraintes telles que des limites de puissance. Le texte peut apparaître complexe sous certains aspects, laissant quelques incertitudes et expectatives. Un alinéa mentionne notamment que l’installateur doit fournir un certificat attestant qu’il satisfait aux avis techniques, Pass’Innovation en cas de technique courante. L’effet induit de cet arrêté est l’augmentation du nombre d’avis techniques ou de Pass’Innovation sollicités, alors que l’arrêté cherchait initialement à garantir une certaine qualité dans la production. Toute reproduction totale ou partielle de ce document doit faire l’objet d’une autorisation préalable du Responsable de la publication. – Crédits Photos : Thinkstock. Conception et réalisation : Responsable de la publication : Dominique Dionnet (Mme) SCOR Global P&C Stratégie & Développement [email protected] Focus N°ISSN 1638-3133 Mars 2011 SCOR 1, avenue du Général De Gaulle 92074 Paris-La-Défense CEDEX – France www.scor.com