Recommandations pour l`évaluation socio
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Recommandations pour l`évaluation socio
direction 3 des Transports terrestres Certu Certu É T I L I B O M T E T R O P S N A R 25 Recommandations pour l’évaluation socio-économique des projets de TCSP T r é f é r e n c e s Évaluation des transports en commun en site propre Certu Évaluation des transports en commun en site propre Recommandations pour l’évaluation socio-économique des projets de TCSP Collection Références Cette collection comporte les guides techniques, les ouvrages méthodologiques et les autres ouvrages qui, sur un champ donné assez vaste, présentent de manière pédagogique ce que le professionnel courant doit savoir. Le Certu s’engage sur le contenu. Le Certu publie aussi les collections: débats, dossiers, rapports d’étude, enquêtes et analyses. Catalogue des publications disponible sur http://www.certu.fr. Remerciements Ont contribué à la rédaction de ce document dans le cadre de groupes de travail: Bernard QUETELARD du CETE Nord-Picardie ; Jacques POYER du CETE Normandie-Centre; Thierry GOUIN du CETEde Lyon; Marc ALLART, Dominique AUVERLOT, Gaëlle BONNEFOND, François DUBOIS, Olivier NALIN et Jean RINCE de la DTT ; André LAUER Directeur du Certu; Maurice ABEILLE, Nicolas CROSSONNEAU, Christian LEBONDIDIER, Benoît THOME du Certu. Et plus particulièrement: Patricia VARNAISON REVOLLE, Thierry du CREST et Fabien DUPREZ du Certu; Olivier CORMIER du CETE Nord-Picardie. Les personnes suivantes ont également fait des commentaires, en particulier au cours de la journée organisée à cette occasion le 12 octobre 2000 : Pierre-Louis AUBERT de la RATP, Nadège BOURGIS de SYSTRA, Richard DARBERA de l’ENPC LATTS, Nathalie de la FOURNIERE de l’AUAT, Bruno FAIVRE D’ARCIER du LET, Françoise FOURNIER de la DGUHC, Catherine GANTER de la Communauté urbaine de Lille, Vincent GASCON de la SEMALY, Ronan GOLIAS du GART, Jacques VEINBERG de la RATP, Sylvie MATHON du CETE de Lille, Alain MEYERE du STP (maintenant STIF), Bernard SELIGMANN du CGPC et Éric TISON de la SNCF. Avertissement La plupart des calculs sont issus d’études ou de dossiers réalisés en francs. Tous ont été convertis en euros, avec un taux de conversion de 1 € = 6,55957 F, même pour les chiffres antérieurs à 1999. Par exemple, dans le tableau 5.11 page 67, vous trouverez des coûts en «euros 1977», recalculés avec le taux ci-dessus. Afin d’assurer la cohérence avec les résultats initialement obtenus en francs, les coûts unitaires réemployés dans les calculs sont donnés en euros avec une précision parfois supérieure au centime (ex: coût social global par voiture * km de 0,043 € (valeur 1990)). Sommaire Préface 5 Introduction 8 CHAPITRE 1 CHAPITRE 2 L’évaluation socio - économique d’un projet de TCSP 11 CHAPITRE 3 Les fondements et le sens du calcul économique 17 CHAPITRE 4 Les différents éléments de l’évaluation socio - économique 29 CHAPITRE 5 Des recommandations pour l’évaluation des différents impacts 35 Conclusion 75 Bibliographie 77 Annexes 83 Table des matières 139 5 Préface Le présent guide méthodologique de « Recommandations pour l’évaluation socio économique des projets de transports en commun en site propre » a pour objectif d’être un des outils d’un processus continu d’évaluation – a priori et a posteriori – des effets des infrastructures de transports en commun en site propre et notamment d’être une aide au processus de décision. Il a été précédé de deux documents : « Indicateurs transports pour l’analyse et le suivi des opérations » et « Méthodes d’observation des effets sur l’urbanisme et le cadre de vie», et il sera suivi d’un quatrième ouvrage sur la démarche d’ensemble de l’évaluation. Le présent document est le fruit d’un travail long et difficile qui a associé de très nombreuses personnes, y compris au cours d’une journée complète de travail consacrée à cet important et délicat sujet. Les débats ont été passionnés: Une évaluation socio - économique et surtout un bilan socio - économique ne sont- ils pas trop réducteurs par rapport à des réalités aussi complexes que les déplacements urbains, les influences réciproques entre les transports urbains et l’urbanisme, la qualité de la vie en agglomération, réalités qui ne sont pas et ne seront jamais monétarisées? Mais, à l’inverse, n’est-il pas nécessaire de disposer d’un instrument de mesure permettant de quantifier et, chaque fois que possible, de monétariser les avantages et les coûts liés au projet? Je ne peux mieux faire que citer ici quelques phrases de la remarquable introduction écrite par Monsieur Marcel BOITEUX à son rapport «Transports: choix des investissements et coût des nuisances» (Documentation française juin 2001): « Il apparaît en réalité que cette opposition entre les bilans socio - économiques et les analyses multicritères est largement factice, le résultat monétarisé d’un bilan ne prétendant pas plus dicter la décision que l’analyse multicritère n’impliquerait une pondération quasi uniforme des divers critères examinés. Mais l’intérêt de faire du bilan socio - économique non le critère mais le noyau de l’estimation de la valeur du projet, c’est de permettre une analyse des raisons pour lesquelles on est conduit à s’écarter de la solution à laquelle ce seul bilan aurait conduit, et de pouvoir ainsi chiffrer le surcoût de la décision». 6 L’évaluation et le bilan socio - économiques sont simplement une partie de l’effort de rationalité dans le processus de décision à qui ils permettent en outre d’être conforme au droit. Il convient d’ajouter que la représentation de l’utilité économique d’un projet ne saurait se réduire à la production d’indicateurs synthétiques face aux intérêts partiels des différents acteurs. Il est donc nécessaire que ces valeurs globales soient soigneusement décomposées et analysées selon les différents agents économiques et les différentes catégories sociales concernées et bien identifiées. Il est important de bien connaître qui sont les «gagnants» ou les «perdants» du projet. Enfin il est clair qu’un projet de Transports en Commun en Site Propre (TCSP) doit se situer dans le cadre d’une politique de Transports urbains préalablement définie dans un plan de déplacements urbains et il faudra donc vérifier la cohérence de ce projet avec la politique affichée. Le présent guide sera, je l’espère, d’une grande utilité pour tous les services qui préparent les décisions des responsables dans ce domaine essentiel pour la vie des habitants des agglomérations. Claude GRESSIER Président de la section « Affaires économiques» du Conseil général des Ponts et Chaussées 8 1 Introduction 1.1. Quelle évaluation et pour quoi faire ? Historiquement, c’est à la faveur du renouveau des transports publics urbains en France, à partir de 1970, que l'État a pris l’initiative de ce que l’on a appelé plus tard les études de suivi, dans le double souci d’apprécier l’usage fait de l’argent public et d’estimer si les solutions élaborées localement, tant sur le plan technique qu’organisationnel, pouvaient être généralisées. Étant également maître d’ouvrage pour des projets d'infrastructures nationales qui relèvent de sa compétence, l'État entend aussi être en mesure d’évaluer ses propres actions. L'évaluation d'un réseau de transport en commun en site propre, a priori comme a posteriori, sur les plans sociaux et économiques, vise à mieux comprendre les évolutions de la ville autour du TCSP, à mieux connaître son impact sur les déplacements de l'agglomération, et à mesurer son intérêt pour la collectivité. Les utilisations et la place de l’évaluation socio - économique sont développés dans le chapitre 2. 1.2. Un contexte juridique et réglementaire de plus en plus exigeant La Loi n° 82 - 1153 d’Orientation des Transports Intérieurs du 30 décembre 1982, dite LOTI, a institué plusieurs notions originales (droit au transport, efficacité économique et sociale, plan de déplacements urbains...) et a imposé dans son article 14 la réalisation d'évaluations socio économiques et de bilans des grands projets d’infrastructure. Le décret d’application de l’article 14 de la LOTI précise le contenu de l’évaluation et du bilan, et impose que l’évaluation a priori comme le bilan a posteriori soient soumis à des obligations de publicité. Elle pose quatre grands principes: • l’obligation d’une évaluation de l’efficacité socio - économique a priori; • l’utilisation de critères homogènes; • l’obligation d’une évaluation socio-économique a posteriori; • le rendu public des évaluations a priori et a posteriori. En 1996, la loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie est venue préciser que les études d'impact des infrastructures de transport, qui font partie de l'évaluation a priori, comprennent «une analyse des coûts collectifs des pollutions et nuisances et des avantages induits pour la collectivité ainsi qu'une évaluation des consommations énergétiques résultant de l'exploitation du projet, notamment du fait des déplacements qu'elle entraîne ou permet d'éviter». Par ailleurs, le 15 février 1993, le tribunal administratif de Rennes a annulé la déclaration d’utilité publique du projet de métro de Rennes pour insuffisance d’évaluation socio - économique tel que l’impose la LOTI. Le 4 décembre 1995, le Conseil d’État a confirmé le jugement. Les autorités responsables des transports publics ont effectivement pris en compte cet arrêt du Conseil d’État, qui a remis en cause le projet aujourd’hui inauguré, et qui sert de jurisprudence. Les différents dossiers de prise en considération et préalables à la Déclaration d’Utilité Publique devront donc en tenir compte. L’annexe 4 rappelle le cadre juridique de l’évaluation socio-économique. 1.3. Une méthodologie éprouvée en interurbain, à définir en milieu urbain L’évaluation socio - économique sur les projets routiers interurbains est une pratique ancienne au niveau national. La méthodologie est aujourd’hui I N T R O D U C T I O N solide en milieu interurbain et appliquée depuis de nombreuses années 1, la circulaire de la Direction des routes n°98-99 du 20 octobre 1998 a d’ailleurs récemment fixé de nouvelles règles pour l’évaluation socio-économique des investissements routiers, en cohérence avec le rapport BOITEUX de 1994 [commissariat général du plan, 1994] et l’instruction cadre IDRAC de 1995 [secrétaire d’État aux Transports, 1995]. En milieu urbain, où les interactions entre des projets de transport et le développement urbain sont très complexes, les évaluations socio-économiques des projets de TCSP n’ont pas de méthodologie éprouvée et n’ont pas fait l’objet, à ce jour, de guides de recommandations. C’est l’objectif de cet ouvrage que d’y contribuer en suggérant de retenir ce qui se rapproche de la meilleure pratique tout en restant réaliste. 1.4. Des pratiques hétérogènes, qu’il est nécessaire d’harmoniser L’analyse des pratiques actuelles en matière d’évaluation socio-économique appliquée aux projets de TCSP montre une hétérogénéité des pratiques qui ne permet pas de situer le projet par rapport à d’autres projets dans d’autres agglomérations. Nous avons étudié une dizaine de dossiers de demandes de subvention pour des projets de TCSP en province récemment instruits par les services de la direction des Transports terrestres. Suivant les agglomérations concernées, il peut s’agir des dossiers de Demande de Prise en Considération (DPC) ou des dossiers d’enquête préalable à la Déclaration d’Utilité Publique (DUP). L’analyse détaillée de ces dossiers figure en annexe 5. Les recommandations que nous formulons dans ce document, s’appuient très largement sur les enseignements que nous avons pu tirer des pratiques observées. Cet ouvrage est donc également un outil au service d’une harmonisation des pratiques. 9 1.5. Une approche thématique des méthodes d’évaluation Le Certu a entrepris, à l’initiative de la direction des Transports terrestres, l'élaboration de méthodes et d'outils pour un processus continu d’évaluation. L'objectif est de proposer aux décideurs des critères pertinents, relatifs aux effets socio-économiques des infrastructures de TCSP, avec le souci de pouvoir situer le projet par rapport à d’autres projets dans la même agglomération ou dans d’autres agglomérations. Le parti d'une approche thématique et concrète a été retenu: • thématique, en abordant, successivement, les différents thèmes de l'évaluation, pour pouvoir éditer périodiquement des ouvrages pratiques; • concrète, en s'appuyant sur les travaux réalisés dans les agglomérations ayant un TCSP en service et sur l'expérience des acteurs locaux. L'accent a été mis sur les objectifs initiaux du projet, qui constituent le référentiel de l'évaluation. Deux ouvrages sur l’évaluation des transports en commun en site propre précèdent ce document: • «Indicateurs transports pour l’analyse et le suivi des opérations », proposait un langage commun aux maîtres d’ouvrage, à travers une liste d’indicateurs, leur définition et leur méthode de recueil, dans les domaines du transport et de l’environnement; • « Méthodes d’observation des effets sur l’urbanisme et le cadre de vie » déclinait en fonction des objectifs initiaux du projet, des méthodes et des indicateurs, puis identifiait des sources à utiliser dans le domaine plus vaste et complexe de l’urbanisme. Ce troisième ouvrage s’attaque au sujet délicat et controversé de l’évaluation socio - économique des projets de TCSP. Cela ne signifie pas 1 pour autant que l’évaluation des projets d’infrastructure en milieu interurbain ne soulève aucun problème théorique: la mesure des impacts d’une autoroute ou d’un TGV sur l’aménagement du territoire ou sur le développement économique continue de faire débat. 10 I N T R O D U C T I O N Un quatrième ouvrage sur la démarche d’ensemble de l’évaluation est envisagé. C'est l’ensemble de ces publications qui devra former à terme un guide évolutif de l’évaluation des transports en commun en site propre, qui s'enrichira au fur et à mesure des développements méthodologiques susceptibles d'intervenir sur ces questions. 11 L’évaluation socio - économique d’un projet de TCSP L’évaluation socio - économique est une analyse des avantages et inconvénients d’un investissement pour la collectivité pendant la durée de vie de cet investissement. Elle permet de comprendre les enjeux liés au projet ainsi que son intérêt social et économique. L’évaluation socio-économique d’un projet de TCSP est une évaluation a priori qui s’inscrit dans un processus de décision. Elle permet de porter plusieurs éclairages sur les effets d’un projet dans le temps, d’en appréhender la complexité de manière organisée et la plus rigoureuse possible; ainsi elle prend en compte des aspects monétaires, environnementaux, sociaux. L’évaluation socio économique de projet n’est pas le seul élément qui concourt au choix des décideurs, mais est un outil au service du choix le plus judicieux possible. Les recommandations portées dans cet ouvrage, s’inscrivent dans cet esprit. • concertation préalable à la décision, outil de dialogue ; • préparation de l’évaluation a posteriori. Les principes que nous avons retenus dans cet ouvrage, nous semblent adaptés aux projets de TCSP. Ils s’inspirent des pratiques actuelles et répondent en partie aux questionnements des acteurs du système de transport. Nous les présentons ci-dessous. Ils sont en cohérence avec le rapport BOITEUX 2001 [commissariat général au plan, 2001] qui indique: «la tendance est bien aujourd’hui d’introduire des développements où sont comparés en termes monétaires chaque fois que possible, et selon des procédures de plus en plus normalisées, les avantages et les coûts liés au projet». L’évaluation socio-économique s’inscrit dans un processus de décision qui fait se rencontrer plusieurs acteurs aux intérêts parfois divergents. Elle oblige donc, par sa méthode rigoureuse, à décrire dans le détail le projet et ses effets dans le temps. Dans ce sens, elle participe donc à la transparence des choix publics, puisque l’évaluation socio - économique doit être présentée au public. 2.1. Les six utilisations de La première utilisation de l’évaluation socio économique est d’apporter une aide à la décision de réaliser ou non le projet envisagé. Parce que l’évaluation permet d’analyser et de mieux comprendre les effets dans le temps d’un projet sur la ville, de situer le projet par rapport à d’autres projets dans la même agglomération ou dans d’autres agglomérations, elle permet d’éclairer le choix du ou des décideurs finaux. L’évaluation socio-économique permet également d’optimiser le projet car elle est un outil de comparaison entre variantes : choix du tracé, de la technologie, de l’échéancier, etc. L’évaluation socio-économique s’inscrit dans une démarche réglementaire et juridique. Elle est un des éléments concourrant à l’établissement ou non de l’utilité publique du projet. L’annexe 4 rappelle le contexte juridique et réglementaire de l’évaluation socio-économique. l’évaluation socio - économique De manière générale, on peut reconnaître six utilisations à l’évaluation socio-économique: • aide à la décision; • optimisation des projets; • transparence/description du projet; • aide au contrôle de l’utilité publique; De ces deux derniers points, il résulte que l’évaluation socio-économique est utilisée dans les démarches de concertation préalable à la décision et constitue un outil de dialogue. On ne peut donc pas séparer l’évaluation socio-économique de la communication qui en est faite. En particulier, des conflits peuvent exister entre les recommandations rigoureuses et 2 12 L ’ É V A L U A T I O N S O C I O - É C O N O M I Q U E scientifiques qui peuvent être données et la difficulté d’interprétation des résultats par de non spécialistes. Ces problèmes de communicabilité seront soulignés dans le document. Enfin, l’évaluation socio - économique constitue la pierre angulaire de l’évaluation a priori d’un projet. Elle s’inscrit également dans un processus continu de l’évaluation, et à ce titre prépare les évaluations concomitantes et a posteriori qui doivent être faites après la mise en œuvre et pensées avant celle - ci. Ces deux derniers points seront plus abondamment abordés dans le prochain ouvrage de la série sur l’Évaluation des Transports en Commun en Site Propre, qui s’attachera à faire des recommandations sur le processus de l’évaluation dans son ensemble. D ’ U N P R O J E T D E T C S P au minimum l'ensemble du réseau de transports à l'échelle de l'agglomération, afin de tenir compte des conséquences du projet pour les différentes catégories d'utilisateurs de la ville, notamment en terme d'impacts sur l'environnement et sur les conditions d'accessibilité; • de la dimension temporelle: évolution de l'agglomération et du système de transports à moyen et long terme, dans la mesure où la nouvelle infrastructure TCSP s'inscrit dans le cadre de la constitution progressive d'un réseau de transports collectifs 2 et dans des tendances d'évolution structurelle du développement urbain, et où elle peut conduire à des modifications durables de la localisation des activités urbaines. L'évaluation doit être l'occasion de mesurer l'effet d’un TCSP, relativement aux objectifs que l'on souhaite atteindre pour le système urbain. 2.2. L’évaluation a priori : des éclairages par rapport à des objectifs 2 Ce point est particulièrement important dans le cas d'un projet TCSP, car il conduit en général à une nouvelle organisation de l'offre en transports collectifs autour d'un réseau armature, avec des effets de réseau importants. 3 DPC: dossier de demande de prise en considération auprès du ministère chargé des transports, réalisé par les autorités organisatrices de transport, en vue d’obtenir ultérieurement une subvention. Ces dossiers contiennent une évaluation socio-économique; ils ont servi de base de travail à l’élaboration de ce document. Les projets d'infrastructures de transports en milieu urbain relèvent de choix fondamentaux sur le devenir de la ville ; leur évaluation ne peut donc pas se limiter à la seule modification des flux de déplacements mais doit s'intégrer dans un contexte plus large, à savoir au niveau: • des objectifs de la politique urbaine de l'agglomération considérée, avec des orientations définies pour les différents domaines du système urbain: offre de transports et de stationnement pour les différents modes de déplacements, urbanisme, environnement et cadre de vie, cohésion sociale, etc. La récente loi sur la solidarité et le renouvellement urbains vient d’ailleurs renforcer l’importance des outils de planification urbaine et l’articulation entre aménagement et transport (Plan de Déplacements Urbains, Schéma de Cohérence Territoriale, etc.); • du territoire concerné : le périmètre d'étude ne doit pas se limiter à l'axe TCSP, mais considérer 2.2.1. Une évaluation par rapport à des objectifs L’évaluation a priori des investissements publics est comprise comme une évaluation par rapport à des objectifs: en matière de transport, il peut s’agir de réduire la congestion, desservir les quartiers défavorisés, lutter contre la pollution, etc. Ces objectifs peuvent être différents d’une agglomération à une autre, en fonction des politiques développées localement. Dans cet ouvrage, nous faisons des recommandations d’ordre général sur les objectifs les plus courants, en particulier ceux que l’on retrouve dans les lois à propos des TCSP (LOTI, loi sur l’air, loi SRU) et dans les dossiers que nous avons étudiés (DPC 3, dossier de DUP). Les recommandations faites peuvent donc être utilisées par l’autorité nationale ou locale en fonction de ses propres objectifs; les analyses peuvent également être complétées lorsque des objectifs spécifiques à l’agglomération font partie des critères de décision d’un projet. L ’ É V A L U A T I O N S O C I O - É C O N O M I Q U E 2.2.2. Articuler évaluation des politiques / évaluation des projets : l’évaluation de la cohérence Le document propose des recommandations sur l’évaluation socio-économique des projets de TCSP. Nous faisons l’hypothèse, dans cet ouvrage qu’un préalable a été réalisé: les objectifs politiques en matière de déplacements de l’agglomération ont été choisis par l’autorité locale; ils ont fait l’objet de débats et ont été intégrés dans un document officiel (PDU, SCOT, etc.). Ce n’est que lorsque ces objectifs ont été choisis, et évalués par ailleurs, que l’évaluation socio-économique d’un projet est possible. On ne pourra, par exemple, comparer des projets que s’ils répondent aux objectifs d’une même politique. Ainsi, un projet de métro qui libère de la voirie en surface, ensuite redistribuée aux voitures, n’est pas directement comparable à un projet de tramway qui restreint la circulation des voitures et crée de nouveaux espaces publics pour les piétons et les deux roues. En effet ces deux projets, tels qu’ils sont présentés de façon caricaturale, ne font à l’évidence pas partie d’une même politique de déplacements. L’articulation entre le projet et les objectifs politiques constitue l’évaluation de la cohérence [Faivre d’Arcier et al. 1994]. Au premier stade de l’évaluation a priori et avant l’évaluation socio-économique proprement dite, «la démarche consiste à vérifier en premier lieu la cohérence [du projet] proposé avec la nature du diagnostic (en quoi le projet envisagé répond-il aux problèmes repérés), puis en second lieu à s’assurer que les solutions envisagées sont cohérentes avec les objectifs politiques affichés». Cette évaluation de la cohérence se fait intuitivement et, à tort, n’est pas toujours formalisée. L’évaluation socio-économique de projet vient après l’évaluation de la cohérence. Elle se concentre sur l’analyse des effets selon un échéancier et se base sur D ’ U N P R O J E T D E T C S P 13 la comparaison avec un scénario de référence qui est le plus probable en l’absence de projet et qui ne passerait vraisemblablement pas l’analyse de cohérence. 2.2.3. Évaluation socio - économique et analyse multicritère ? L’objectif de ce guide est de porter des recommandations sur l’évaluation socio - économique des projets de TCSP; l’objectif n’est pas de donner la préférence à l’évaluation socio-économique sur l’analyse multicritère. Les deux approches sont parfois mises en opposition, l’une étant jugée trop subjective, l’autre trop agrégative; nous considérons qu’elles se complètent et n’ont pas les mêmes finalités. L’analyse multicritère est pertinente puisqu’elle correspond à une analyse par objectif et n’agrège pas. L’évaluation socio-économique et le bilan coûts/avantages inversement ont l’avantage d’être une approche que l’on peut plus facilement normaliser, et permettent de comparer des éléments a priori difficilement comparables. Les méthodes de l’évaluation socio-économique surtout dans leur partie calcul économique sont presque imposées par la théorie économique ; l’analyse multicritère dont les méthodes ont également été étudiées, consiste plus à faire dialoguer des acteurs pour qu’ils constituent eux - mêmes leur outil d’aide à la décision. 2.3. Quelques principes généraux de l’évaluation socio-économique retenus dans cet ouvrage 2.3.1. Évaluation qualitative et quantitative des impacts et bilan coûts / avantages Pour ne pas perdre toute la richesse des analyses que l’on peut faire sur les effets d’un projet de TCSP, nous recommandons que l’évaluation socio-économique 14 L ’ É V A L U A T I O N S O C I O - É C O N O M I Q U E en milieu urbain contienne une évaluation qualitative et quantitative des impacts et un bilan coûts / avantages propre au calcul économique. Ces deux analyses éclairent différemment le projet et participent mutuellement à la compréhension de la complexité des phénomènes en jeu. Le bilan coûts/avantages permet de vérifier la pertinence économique d’un investissement et de prendre en compte le long terme; l’évaluation qualitative et quantitative des impacts facilite la construction du dialogue entre les acteurs et permet de prendre en compte des phénomènes dans la durée que l’on ne sait pas ou pas bien monétariser mais qui revêtent une importance politique, urbanistique et sociale. D ’ U N P R O J E T D E T C S P de transport sur l’espace et son utilisation est un exemple d’un élément difficile à monétariser en milieu urbain. Par exemple, des aménagements comme le cours des 50 Otages à Nantes, la transformation des centres de Grenoble et de Strasbourg n’auraient sans doute pas été réalisés aussi vite ni de façon aussi importante sans le tramway. Les projets de tramway sont d’ailleurs aujourd’hui considérés comme des vecteurs d’aménagement des espaces et de transformation de la ville, et pas seulement comme des moyens de transport. Personne ne conteste l’effet catalyseur du tramway dans l’aménagement des espaces publics mais son estimation est particulièrement difficile. 2.3.3. La notion de scénario 2.3.2. Identifier, qualifier, quantifier, monétariser L’évaluation socio-économique d’un projet est une analyse formalisée des impacts d’un projet de TCSP. Tous les impacts ne revêtent pas la même importance politique, économique et sociale. Pour en juger mieux , ces impacts peuvent toujours être qualifiés. Nombres d’entre eux peuvent être quantifiés, ce qui apporte une dimension moins subjective à l’analyse. Enfin, certains impacts peuvent être monétarisés, c’est-à-dire transformés en valeurs monétaires, ce qui permet de comparer l’importance économique d’un impact par rapport à un autre. Parmi les impacts monétarisés, on peut encore distinguer les flux monétaires réels, financiers, des flux monétarisés, comme les gains de temps. Qualifier toujours, quantifier ensuite, monétariser quand on le peut, constitue donc la démarche d’ensemble de l’évaluation socio-économique d’un projet de TCSP. L’évaluation socio-économique des projets de TCSP ne peut pas se contenter des impacts monétarisables car il existe des éléments non négligeables que l’on ne sait pas monétariser de manière standard ou reconnue en milieu urbain. L’impact d’un projet Cette définition est rappelée ici pour mémoire ; la notion de scénario s’applique à tout processus d’évaluation, et pas seulement au calcul économique. L’évaluation socio - économique s’appuie sur la notion de scénarios. Ceux - ci sont les options ouvertes au maître d’ouvrage en ce qui concerne l’offre de services. Un scénario est une hypothèse d’investissements accompagnés de mesures d’exploitation qui s’inscrivent dans un échéancier. Il peut ainsi être caractérisé par des états différents de l’offre pour des horizons temporels différents. La description d’un scénario est complétée par des hypothèses externes. Le scénario de référence correspond à la situation optimisée la plus probable en absence du projet faisant l’objet de l’évaluation. Ce scénario ne comporte généralement pas d’investissement de développement. En revanche, il comporte souvent des investissements de maintenance et de renouvellement ainsi que des mesures d’exploitation qui permettent de ne pas dégrader la situation actuelle, voire de l’améliorer. L ’ É V A L U A T I O N S O C I O - É C O N O M I Q U E Le scénario de projet est caractérisé par les investissements envisagés par le maître d’ouvrage. Les scénarios alternatifs permettent de comparer le projet à des alternatives pertinentes telles que : • faire le projet à une autre date; • ne faire qu’une partie du projet ou le phaser; • utiliser une technologie différente; • modifier le tracé ou opter pour un autre projet de TCSP; • variantes. 2.3.4. Présenter des analyses par acteur et des analyses de risques et d’incertitudes En plus des analyses plus classiques des impacts d’un projet de TCSP que sont l’évaluation qualitative et quantitative des impacts et le bilan coûts/avantages, nous recommandons de réaliser des études de sensibilité (analyse de risques et analyse d’incertitudes), des analyses et des bilans par acteurs et des analyses géographiques car elles participent à la compréhension des enjeux liés au projet et apportent d’autres éclairages. L’objectif de ces analyses complémentaires est d’apprécier et de réduire les risques inhérents à toute décision sur une action publique. Les analyses par acteurs et géographiques permettent de mieux comprendre les impacts sur les différents acteurs, les enjeux sociaux et d’évaluer l’impact des politiques de compensations mises en œuvre. Les analyses de risques et d’incertitudes permettent de mieux cerner les risques liés au projet, c'est-à-dire les incertitudes induites par le contexte extérieur au projet ou par la méthode d’analyse elle - même. Les transformations récentes de l'urbanisation, qui traduisent un étalement urbain dans la plupart des agglomérations françaises, ont des conséquences importantes sur les performances D ’ U N P R O J E T D E T C S P 15 du système de transport : elles se traduisent par un allongement des distances parcourues, par une diversification des couples origine - destination des déplacements, par une moindre massification des flux, phénomènes qui favorisent l'usage de l'automobile et rendent moins performants, moins attractifs pour l'usager et plus coûteux pour la collectivité les transports en commun. Aujourd’hui cet impact important n’est pas quantifié, notamment parce que personne n’avait prévu l’ampleur de ce phénomène. Par ailleurs, les modèles de prévision de trafic ne font le plus souvent que reproduire les comportements passés et utilisent des paramètres entachés d’incertitudes. Par conséquent, il est important de définir des scénarios contrastés permettant d’affiner la prévision de la demande de déplacements et de définir l’intervalle de confiance des résultats liés. 2.3.5. Les indicateurs synthétiques de rentabilité Les indicateurs synthétiques de rentabilité ont des avantages et des inconvénients en termes de compréhension, d’analyse des projets, de communication, etc., (voir chapitre 5) et font l’objet de débats méthodologiques. Mais ces indicateurs sont cités dans le décret d’application de l’article 14 de la LOTI, qui impose donc leur calcul. En conséquence, nous recommandons aux auteurs de l’évaluation de bien mettre en avant leurs limites. Nous recommandons également, dans le chapitre 5, de ne pas donner un seul indicateur synthétique, mais plusieurs et sous forme de fourchette de valeur plutôt que d’une valeur absolue. En tout état de cause, les indicateurs synthétiques ne doivent pas être le seul critère de choix d’un investissement. 16 L ’ É V A L U A T I O N S O C I O - É C O N O M I Q U E 2.3.6. Coûts des études Le coût des études que nécessite l’évaluation socio - économique peut être important dans le budget d’une agglomération ; en particulier, si l’on souhaite être tout à fait rigoureux dans l’application des méthodes. Il est tout à fait évident qu’il faut adapter l’analyse et donc l’ampleur des études au coût du projet; il est également certain que les enjeux économiques et financiers justifient des dépenses conséquentes. Dans la pratique, il faut aussi se placer dans une perspective plus large : un recueil de données, un modèle, des outils développés dans le cadre du projet pourront être réutilisés dans d’autres études, diminuant d’autant les coûts à venir. Enfin, la circulaire relative aux aides de l’État aux transports collectifs de province de 2001 permet de subventionner à 50% les études d’évaluation des TCSP. D ’ U N P R O J E T D E T C S P 17 Les fondements et le sens du calcul économique Cette partie ne s’intéresse qu’au calcul économique proprement dit. Après avoir replacé cette méthode d’analyse de projets dans le cadre de l’évaluation socio-économique au sens large, on présente les principales connaissances théoriques utilisées dans le calcul économique. Une analyse des limites de cet outil conclut ce chapitre. 3.1. Les principes du calcul économique et sa place dans l’évaluation socio - économique Le calcul économique est un des éléments de l’évaluation socio - économique d’un projet. Dans le cadre général d’une évaluation, on cherche à qualifier et, si possible, à quantifier les différents éléments du projet. Le calcul économique se concentre, quant à lui, sur les éléments qui ont pu être quantifiés sous forme monétaire (voir § 3.2.2.). Il repose sur un bilan coûts/avantages du projet, qui met en regard touts les coûts et tous les avantages monétarisés, sur toute la durée de vie du projet (voir § 3.2.5.). Sont pris en compte: • toutes les composantes monétaires du projet, notamment les coûts d’investissement, d’entretien et d’exploitation; • mais aussi tous les éléments monétarisables, tels que les variations de temps de parcours, les accidents de la circulation ou certains impacts sur l’environnement. Contrairement au calcul financier, le calcul économique est mené en euros constants et hors frais financiers. Le calcul économique ne prend donc pas en compte, dans son utilisation traditionnelle, le mode de financement du projet : l’argent est supposé disponible sur le budget public. 3 3.2. Les connaissances théoriques élémentaires pour mener un calcul économique En France, l’État a produit des documents de référence sur les méthodes de calcul économique à appliquer dans le cadre de l’évaluation des projets de transport 4. Il s’agit notamment: • du rapport du Commissariat général du Plan Transport: pour un meilleur choix des investissements (dit rapport BOITEUX de 1994) [Commissariat Général du Plan 1994] et de son actualisation (dite rapport BOITEUX de 2001) [Commissariat Général du Plan 2001]; • de l’instruction cadre du 3 octobre 1995 du Secrétaire d’État aux Transports relative aux Méthodes d’évaluation économique des grands projets d’infrastructure de transport (dite instruction IDRAC) [Secrétaire d’État aux Transports 1995]; • de la circulaire n° 98 - 99 de la Direction des routes du 20 janvier 1998 concernant les Méthodes d’évaluation économique des investissements routiers en rase campagne [METL 1998]. Ces documents définissent de manière pragmatique les notions de calcul économique nécessaires pour mener à bien le bilan coûts/avantages d’un projet de transport. Le présent ouvrage est cohérent avec ces documents de référence. Ce chapitre a pour objectif de familiariser le lecteur avec les notions suivantes: • acteurs; • éléments du calcul économique; • hypothèses externes; • scénarios (scénario de référence, scénario de projet, scénario(s) alternatif(s)); • bilan coûts/avantages; • analyse par acteur; • surplus; • externalités; • actualisation; Pour des 4 approfondissements : théoriques, on renverra, par exemple, le lecteur à Principes d’économie des transports [Quinet 1998] ; Le calcul économique [Walliser 1990] ; Évaluer les politiques des transports [Bonnafous et al. 1977]. 18 L E S F O N D E M E N T S E T L E S E N S D U • indicateurs synthétiques (bénéfice actualisé net, taux de rentabilité interne, temps de retour sur investissement, etc.); • analyse d’incertitude sur l’environnement du projet; • analyse de risques sur les méthodes. 3.2.1. Acteurs Les acteurs sont des groupes de personnes, des institutions ou des entreprises, caractérisés par leur fonction ou leur situation. Un acteur adopte un comportement différent, mais aussi ressent des avantages différents d’un scénario d’offre à l’autre. On utilisera parfois le terme «acteur» pour désigner un groupe d’acteurs homogènes. L’auteur d’un déplacement en TCSP est un acteur que l’on peut isoler, qui bénéficie d’avantages à utiliser ce mode, mais cette même personne peut effectuer d’autres déplacements en voiture et apparaîtra, à ce titre, comme un autre type d’acteur bénéficiant d’autres avantages. Les différents acteurs concernés par un projet de TCSP sont, de manière non limitative: • les usagers qui empruntent le TCSP dans le scénario avec projet, parmi lesquels on distingue les usagers des TC dans le scénario de référence, les usagers reportés d’un autre mode, les usagers induits (c’est-à-dire ne se déplaçant pas dans le scénario de référence). L’analyse peut s’intéresser à des catégories plus fines et distinguer, par exemple, les usagers habitant (ou travaillant) dans certains quartiers, les personnes âgées, les membres des ménages non motorisés, etc. Ces catégories fines sont à déterminer en fonction des objectifs et des critères choisis pour évaluer le projet; • les usagers des autres modes de transport (voiture, taxi, autocar, …), qui peuvent être indirectement concernés (positivement ou négativement) par le projet de TCSP (nouveau partage de la voirie, diminution du trafic, etc.); C A L C U L É C O N O M I Q U E • l’autorité organisatrice des transports, en tant qu’elle finance les investissements et contribue à l’équilibre du budget d’exploitation, (les contribuables, les employeurs en tant qu’ils contribuent aux ressources de l’autorité organisatrice) et les autres collectivités locales qui peuvent participer au financement; • l’exploitant du TCSP; • les exploitants des autres réseaux de transports collectifs; • l’État; • les riverains de la (ou des) infrastructure(s) concernée(s) par le projet (ménages, entreprises, etc.) et qui supportent les impacts locaux. Si la variation de certains impacts est un critère important, on pourra distinguer différentes zones géographiques concernées; • la collectivité, qui est la somme de tous les agents concernés, à l’échelle d’un périmètre donné (l’agglomération, la région, la France). Le calcul économique établit un bilan coûts / avantages pour la collectivité, puis pour tous les sous - ensembles d’acteurs pertinents (les usagers des transports, l’autorité organisatrice, l’exploitant, les riverains d’une zone géographique donnée, etc.). 3.2.2. Éléments du calcul économique Les éléments à prendre en compte dans le calcul économique sont tous les coûts et avantages liés au projet que l’on sait monétariser et qui s’inscrivent dans un échéancier. Ces éléments devront être indépendants les uns des autres, de façon à éviter les doubles comptes dans l’établissement du bilan coûts/avantages. Pour un projet de TCSP, les éléments à prendre en compte dans le calcul économique sont, en règle générale, les suivants: L E S F O N D E M E N T S • les dépenses d’investissement et d’entretien du réseau de transport collectif (TCSP et autres systèmes du réseau de TC); • les dépenses d’exploitation du réseau de TC; • les recettes d’exploitation du réseau de TC; • les avantages des usagers des différents modes de transport; • les impacts sur l’environnement pour lesquels une monétarisation est possible. De manière courante, le calcul économique intègre une monétarisation des accidents de la circulation, du bruit, de la pollution atmosphérique locale et de l’effet de serre que le projet génère ou permet d’éviter. En France et dans le secteur des transports, la prise en compte des effets environnementaux dans le calcul économique repose, pour les études faites à la demande de l’État, sur les recommandations des rapports BOITEUX [Commissariat Général du Plan 1994, 2001]. 3.2.3. Hypothèses externes Un projet de transport s’intègre dans un cadre qui évolue et sur lequel le maître d’ouvrage n’a pas toujours prise. Les hypothèses que l’on fait sur ce cadre, ou hypothèses externes, doivent être bien définies; elles comprennent notamment: • les éléments de cadrage macro - économique (croissance, prix de l’énergie, etc.); • le type de développement urbain (localisation des habitants et des emplois, étalement urbain ou maîtrise de l’espace, développement de tel ou tel quartier, etc.); • les projets de transport qui ne dépendent pas de l’autorité organisatrice (voirie nationale, projets qui peuvent dépendre d’une autorité locale – transport ferroviaire régional, pistes cyclables, restrictions de voirie, etc.). E T L E S E N S D U C A L C U L É C O N O M I Q U E 19 seulement au calcul économique. Nous l’avons définie au § 2.3.3. La description d’un scénario est complétée par des hypothèses externes, définies dans le paragraphe précédent (§ 3.2.3.). 3.2.5. Bilan coûts / avantages Le bilan coûts/avantages présente tous les éléments de l’évaluation qui auront pu être monétarisés (voir § 3.2.2.) et leur somme. Ce bilan est présenté hors taxes, car les taxes correspondent à des transferts entre acteurs, et non à un coût supplémentaire pour la collectivité 5. Le bilan coûts / avantages présente, de manière systématique, les estimations monétaires des impacts d’un scénario par rapport au scénario de référence. Il permet donc de comparer des scénarios différents sur la base d’une méthode rigoureuse, bien que partielle (les éléments non monétarisables n’étant pas intégrés à ce bilan). 3.2.6. Analyse par acteur L’analyse par acteur complète le bilan coûts / avantages: elle permet d’identifier qui bénéficie et qui supporte les conséquences négatives du projet. Elle consiste à estimer l’ensemble des coûts et des avantages d’un projet, pour un acteur, un groupe d’acteurs ou un territoire donné (et non pour la collectivité dans son ensemble). Ce bilan est établi toutes taxes comprises, les taxes constituant un coût supplémentaire pour un acteur ou un groupe d’acteurs pris isolément. 3.2.4. Scénarios Cette notion est indiquée ici pour mémoire ; elle s’applique à tout processus d’évaluation, et pas L’analyse par acteur peut concerner, par exemple, le maître d’ouvrage, les autres collectivités, les usagers, un quartier, etc. Dans la pratique, 5 certains éléments du bilan coûts/avantages comportent des taxes ou d’autres transferts entre acteurs. Ainsi, le surplus des usagers du TCSP correspond à l’avantage brut réalisé grâce au TCSP diminué du prix TTC des titres de transport. Dans le bilan coûts/avantages, les recettes TTC des titres de transport doivent être retranchées dans les lignes correspondantes : en tant que transfert entre les usagers et l’AO d’une part (prix HT) et entre les usagers et l’État d’autre part (TVA à 5,5 % sur les titres de transport). 20 L E S F O N D E M E N T S E T L E S E N S D U C A L C U L É C O N O M I Q U E L’addition des analyses menées pour chaque acteur permet de reconstituer le bilan coûts / avantages, les transferts entres acteurs s’annulent (taxes, subventions, ventes de titres de transport, etc.). ordre décroissant, forment la courbe de demande. Pour un prix P 0 donné, la courbe de demande permet donc de connaître la quantité Q 0 du bien ou du service qui sera consommée (figure 3.1.). En pratique, l’établissement du seul bilan coûts/ avantages ne nécessite pas d’avoir mené l’analyse relative à chaque acteur 6. Cet approfondissement apparaît cependant nécessaire, car il met en évidence qui finance le projet et qui en bénéficie. La surface hachurée de la figure 3.1. donne la somme des surplus dont bénéficient les Q 0 consommateurs qui ont accepté de payer le prix P 0. Par convention, les consommateurs qui n’ont pas acheté le bien ou le service ont un surplus nul. La surface hachurée correspond donc au surplus des consommateurs. Cet agrégat mesure une forme de satisfaction des consommateurs. 3.2.7. Surplus Selon la théorie économique, chaque consommateur est prêt à payer, pour un bien ou un service donné, un prix p. Ce « consentement à payer » p varie d’un consommateur à un autre. Une fois connu le prix de vente P sur le marché, deux cas se présentent: • soit le prix du marché P est supérieur au consentement à payer p du consommateur. Dans ce cas, le consommateur renonce à ce bien ou à ce service ; • soit le prix du marché P est inférieur au consentement à payer p du consommateur. Dans ce cas, le consommateur paie le prix P et bénéfice d’un surplus (p - P). 6 Ainsi, le coût d’investissement sera pris en compte global.ement et hors taxes dans le bilan coûts/avantages. La prise en compte des taxes et subventions sera réservée à l’analyse par acteur: on fera alors apparaître la participation TTC des différentes collectivités locales ainsi que les taxes encaissées et les subventions accordées par l’État. L’analyse par acteur réclame donc une connaissance plus fine des circuits et des modes de financement du projet que le bilan coûts/avantages. À titre d’exemple, si le prix de vente de la collection Évaluation des TCSP aux éditions du Certu est de 100 € et que je suis prêt à payer 1 000 € pour acquérir ce chef d’œuvre inestimable, alors j’achète les œuvres intégrales et je réalise un surplus de 900 €. Si, en revanche, je ne suis pas prêt à mettre plus de 50 € pour acheter aux éditions du Certu une série d’ouvrages que je possède déjà reprographiée, je ne profite pas de l’offre exceptionnelle du Certu et mon surplus est nul. Pour un bien ou un service donné, les consentements à payer des différents consommateurs, classés par Prix du bien La notion de surplus et utilisée pour le calcul des avantages des usagers des transports. Surplus des consommateurs Courbe de demande P0 Q0 Quantité du bien consommé Figure 3.1. Courbe de demande et surplus des consommateurs Dans le cadre d’une évaluation de projet de transport par le calcul économique, chaque scénario se caractérise par un surplus. La variation de surplus entre le scénario avec projet et le scénario de référence est un des éléments qui permet de mesurer l’utilité économique d’un projet. Ainsi, les gains de temps générés par un projet de transport correspondent, dans le calcul économique, à une variation de surplus des usagers, comme l’illustre l’exemple ci-dessous: • pour un usager prêt à payer 6 € pour son déplacement ; • dans le scénario de référence, le prix du déplacement est de 1 € et le temps de parcours de 30 minutes. L E S F O N D E M E N T S Avec une valeur du temps de 8 € / h, le coût généralisé du déplacement dans le scénario de référence s’élève à 5 € = 1 + 8/2. Par conséquent, l’usager bénéficie d’un surplus de 1 € =6-5; • dans le scénario avec projet, le prix du déplacement est toujours de 1 €, mais le temps de parcours est abaissé à 20 minutes (soit un gain de temps de 10 minutes). Le coût généralisé est donc abaissé à 3,67 € =1 + 8/3 et le surplus de l’usager atteint alors 2,33 € =6-3,67; • la variation de surplus entre la situation de référence et la situation avec projet s’élève donc à 2,33 - 1 = 1,33 €, ce qui correspond bien au gain de temps monétarisé: (10/60) x 8 = 1,33 €. La méthode opérationnelle de calcul du surplus des différentes catégories d’usagers est présentée au § 5.6. 3.2.8. Externalités Un projet peut générer des effets qui ne font pas l’objet d’une relation de marché entre les acteurs concernés. On parle alors d’effet externe ou externalité. Les coûts externes (effets externes négatifs) que peut générer un projet de transport sont les accidents, la pollution de l’air, de l’eau et des sols, l’effet de serre, le bruit, les vibrations, les effets de coupure, les atteintes aux paysages, etc. Les avantages externes (effets externes positifs) sont moins bien appréhendés par la littérature scientifique. Les plus couramment cités sont le développement économique et l’aménagement du territoire. Actuellement, les accidents de la circulation, le bruit, la pollution atmosphérique locale et l’effet de serre imputables à un projet de transport peuvent être monétarisés en s’appuyant sur les recommandations du rapport BOITEUX de 2001 [Commissariat Général du Plan 2001]. E T L E S E N S D U C A L C U L É C O N O M I Q U E 21 Cependant, des effets tels que les besoins en investissements publics induits par les projets de transport (équipements, réseaux, etc.), les vibrations, la pollution des sols, les modifications d’usage et de qualité de l’espace public, le développement local ou l’aménagement du territoire ne sont habituellement pas monétarisés, faute de méthode reconnue. Dans le mesure du possible, ces effets externes doivent figurer dans l’analyse qualitative et quantitative des impacts du projet. 3.2.9. Actualisation L’actualisation permet de comparer des sommes d’argent dépensées ou perçues à des dates différentes, grâce à l’introduction d’un taux d’actualisation a. Ce taux d’actualisation traduit la préférence pour le présent, 1 € disponible maintenant étant équivalent à (1+a) € disponibles l’année suivante. En France le taux d’actualisation des investissements publics, fixé par le Commissariat général du Plan, est actuellement de 8%. Certains pays étrangers ou organismes internationaux ont adopté des taux d’actualisation différents. Ainsi, des taux allant de 3% pour l’Allemagne à 12% 7 pour la Banque Mondiale sont utilisés. La fixation du taux d’actualisation relève d’un choix collectif ; il est difficile de comparer des taux entre eux car ce choix fait intervenir des facteurs qui sortent du strict cadre de la politique économique. Plus le taux d’actualisation est élevé, plus les effets à long terme sont atténués 8, et moins les résultats du calcul économique sont sensibles aux projections dans le futur. Le taux d’actualisation 7 de 12% est ainsi utilisé pour l’évaluation de projets dans les pays en voie de développement. L’une des explications possibles est que les projets s’inscrivent en effet dans un futur incertain et doivent répondre à des besoins immédiats de la population, ce qui justifie l’emploi d’un taux d’actual.isation élevé, privilégiant les gains à court terme et permettant d’être très sélectif lorsque l’on a un grand nombre de projet. Cet effet est 8 contrebalancé par les taux de croissance retenus pour certains effets ou paramètres. Ainsi, pour l’effet de serre, le rapport BOITEUX recommande de faire progresser la valeur de la tonne de carbone de 3% à partir de 2010. Cela revient, pour cet effet, à adopter un taux d’actualisation apparent de 4,9% (au lieu de 8%). 22 F O N D E M E N T S E T L E S E N S D U 100 80 60 46 40 20 10 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 années Figure 3.2. Influence du taux d’actualisation 3.2.10. Indicateurs synthétiques 9 Il existe également un TRI financier, qui se calcule sur le même principe, mais avec les seuls flux monétaires réels (en euros courants et y compris les frais financiers). C A L C U L É C O N O M I Q U E Il n’en demeure pas moins que ces indicateurs synthétiques constituent souvent l’un des éléments de l’évaluation socio-économique . Il importe donc de se familiariser avec ces notions, afin d’en maîtriser l’usage et d’en connaître les limites. Avec le taux d’actualisation de 8 % utilisé en France pour les investissements publics, un bien qui vaut 100 € à l’année zéro, est comptabilisé 46 € (= 100 / (1 + 0,08)) s’il est prévu de le dépenser 10 ans plus tard. Ce montant tombe à 10 € s’il est dépensé 30 ans plus tard. 120 Valeur du bien en euros L E S Le bénéfice actualisé net (BAN) est la somme actualisée au taux d’actualisation du Plan (actuellement 8%), sur la durée de vie du projet, des avantages monétarisés du projet, diminuée de tous les coûts monétarisés (en euros constants et hors frais financiers). Si l’on applique les principes du calcul économique à la lettre: • un projet est d’autant plus intéressant pour la collectivité, que son BAN est grand; • un projet dont le BAN est négatif (ou, ce qui revient au même, dont le TRI est inférieur à 8% – voir ci-dessous) ne correspond pas à une utilisation optimum de l’argent public. Le calcul économique peut conduire à l’estimation d’indicateurs synthétiques de rentabilité. Ces indicateurs permettent, en théorie, de vérifier la pertinence de l’utilisation des ressources publiques pour le projet, sur le plan économique. Le taux de rentabilité interne (TRI) économique est le taux d’actualisation qui annule le BAN 9. Selon les stricts principes du calcul économique, les projets dont le TRI est inférieur à taux d’actualisation du Plan doivent être écartés. Il convient cependant de souligner que ces indicateurs: • fournissent une information beaucoup moins riche que le bilan coûts/avantages, lequel met en évidence l’ensemble des coûts et des avantages monétarisés dans un échéancier; en outre un tel bilan peut être établi pour chaque catégorie d’acteurs ; • prennent en compte exclusivement des éléments monétarisés (en tant que produits du calcul économique) et ne peuvent donc constituer à eux seuls un critère de choix d’un projet; • sont très sensibles aux hypothèses externes ainsi qu’aux paramètres des modèles et doivent donc faire l’objet d’une étude de sensibilité (voir § 3.2.11. et 3.2.12.). Une telle démarche conduit à présenter ces indicateurs sous forme de fourchette plutôt que de valeur unique. Le temps de retour sur investissement (τ) est la durée au bout de laquelle la BAN, calculée sur cette durée, s’annule. Le bénéfice actualisé par Euro investi ou profitabilité est le rapport du bénéfice actualisé au coût d’investissement actualisé. Il permet de ne pas pénaliser les petits projets qui ne coûtent pas chers, mais qui ont le plus souvent un bénéfice actualisé faible. Le taux de rentabilité immédiate (TI) est le rapport entre l’avantage de l’année de mise en service et le coût d’investissement actualisé. Si certaines hypothèses sont vérifiées (notamment croissance annuelle des bénéfices), ce critère permet, selon L E S F O N D E M E N T S E T L E S E N S D U C A L C U L É C O N O M I Q U E 23 les principes du calcul économique, de déterminer la date optimale de mise en service du projet, à savoir lorsque le TI devient égal au taux d’actualisation du Plan. 3.3. Formules permettant Finalement, les indicateurs synthétiques issus du calcul économique apportent un éclairage économique sur les projets, en s’appuyant sur les seuls éléments monétaires ou monétarisés. 3.3.1. Calcul du bénéfice actualisé net (BAN) Ils doivent impérativement être complétés par une évaluation qualitative et, si possible, quantitative des éléments non monétarisés. de calculer le BAN et les autres indicateurs synthétiques de rentabilité Le bénéfice actualisé net (BAN) est calculé en euros constants de l’année précédant la mise en service 10 (par convention, année 0) et hors frais financiers. Sont pris en compte toutes les variations d’avantages et de coûts (réels ou monétarisés) entre le scénario de référence et le scénario avec projet. 3.2.11. Analyse d’incertitude sur l’environnement du projet t=n BAN = ∑ t = − p + 1 Dans cet ouvrage, l’analyse d’incertitude désigne les tests de sensibilité des différents éléments de l’évaluation aux hypothèses externes. t=n Par exemple, la variation des données de cadrage macro - économique (prix de l’énergie, croissance du PIB, etc.) ou l’étalement urbain ont des conséquences sur les coûts d’exploitation et sur les comportements de mobilité qui peuvent modifier le bilan coûts/avantages. 3.2.12. Analyse de risques sur les méthodes Dans cet ouvrage, l’analyse de risques désigne les tests de sensibilité des différents éléments de l’évaluation à la méthode de modélisation utilisée. En effet, la modélisation repose sur des paramètres, tels que la valeur du temps ou la mobilité des ménages, qui ne sont pas connus avec certitude. Ces paramètres pouvant avoir un impact important sur les résultats de la modélisation, il convient de procéder à des tests de sensibilité. = ∑ t = −p +1 ∆AN t (1 + a) t + Kn (1 + a ) n = ⎞ ⎛ ⎜⎜ − ∆I t − ∆C t + ∆R t + ∆A t + ∑ ∆ S ti − ∆E t ⎟⎟ i ⎠ ⎝ (1 + a ) t p = nombre d’années de dépenses (études et travaux) avant la mise en service; si l’année 0 est l’année précédent la mise en service, ces p années sont comprises entre les années (-p+1) et 0 inclues. n = nombre d’années de fonctionnement du projet ; si l’année 0 est l’année précédent la mise en service, ces n années sont comprises entre les années 1 et n inclues. a = taux d'actualisation public (8%). I t = dépenses d'investissements et d'entretien pendant l'année t. K n = recette éventuelle liée à la revente de l'équipement en fin de période de fonctionnement, appelée aussi valeur résiduelle de l’équipement. C t = coûts d’exploitation pendant l’année t. R t = recettes d’exploitation pendant l’année t. + Kn (1 + a) n Il s’agit là 10 d’une convention: la BAN peut, en théorie, être calculée avec une autre année de référence. 24 L E S F O N D E M E N T S E T L E S E N S D U A t = avantages des usagers pendant l'année t, par exemple les gains de coût généralisé de déplacement. S i t = surplus des autres agents (usagers, exploitants et collectivités publiques responsables des autres modes de transport – voiture, taxi, autocar, voirie…). E t = ensemble des coûts externes monétarisés générés par le projet. AN t = avantage net de la collectivité pendant l’année t. Remarque: les recettes d’exploitation apparaissent dans ce calcul, mais elles sont en fait comptées en plus dans les recettes pour l’exploitant et en moins dans les coûts pour les usagers. En pratique, tous les autres indicateurs synthétiques de rentabilité de la BAN se calculent à partir de la formule générale de la BAN, en faisant varier l’un ou l’autre paramètre de cette formule. 3.3.2. Calcul du taux de rentabilité interne (TRI) économique Le taux de rentabilité interne (TRI) économique est le taux d’actualisation qui annule le BAN. Le TRI est donc la solution de l’équation suivante : C A L C U L É C O N O M I Q U E Avec les notations adoptées, θ est la solution de l’équation : ∑ t=θ t = − p +1 ∑ t = − p +1 ∆AN t (1 + TRI) t + Kn (1 + TRI) n (2) Attention : en théorie, le temps de retour sur investissement, en tant que solution de l’équation (2), n’est pas systématiquement défini 3.3.4. Calcul du taux de rentabilité immédiate (TI) Le taux de rentabilité immédiate (TI) est le rapport entre l’avantage net de la collectivité calculé l’année de mise en service (année 1) et le coût d’investissement actualisé, soit : TI = t=n ∆ AN t =0 (1 + a ) t ∆ AN1 ∑ t= 0 t = − p +1 ∆I t =0 (3) (1) 3.3.5. Calcul du bénéfice Attention: en théorie, le TRI, en tant que solution de l’équation (1), n’est pas systématiquement défini (valeur infinie ou multiple) et, lorsqu’il l’est, il peut éventuellement être négatif (projets très peu rentables du point de vue du calcul économique). par euro investi ou profitabilité La profitabilité P est le rapport entre la BAN et le coût d’investissement actualisé, soit avec les notations adoptées : 3.3.3. Calcul du temps de retour sur investissement P= Le temps de retour sur investissement est la durée de fonctionnement du projet θ qui annule le BAN. BAN ∑ t= 0 t = − p +1 ∆It (4) L E S F O N D E M E N T S 3.4. Les limites du calcul économique appliqué au milieu urbain Nous avons vu (§ 1.2.) que le calcul économique est utilisé depuis de nombreuses années en milieu interurbain – cela n’exclut pas les débats théoriques sur certains effets tels que le développement d’une ville desservie par une autoroute ou un TGV ou, au contraire le pompage de ses habitants. L’application du calcul économique au milieu urbain soulève, quant à elle, un certain nombre de difficultés d’ordre méthodologique souvent cités. On distinguera, dans la suite : • des difficultés que la recherche doit pouvoir lever à court ou moyen terme; • des difficultés plus fondamentales, inhérentes aux hypothèses mêmes du calcul économique, sans perspective d’amélioration prochaine. 3.4.1. Des limites actuelles, que la recherche doit pouvoir lever E T L E S E N S D U C A L C U L É C O N O M I Q U E 25 de temps de parcours ne sont pas toujours fiables dans les modèles multimodaux. L'impact du système de transport sur l'urbanisme (à moyen, voire à long terme) n'est pas aujourd'hui modélisé (voir plus bas). Sur tous ces aspects, la recherche avance, mais les outils ne sont pas toujours à la disposition des praticiens. À l'inverse, les pratiques ne sont pas toujours en phase avec les outils disponibles, en particulier en matière de modèles multimodaux, ou de techniques statistiques élaborées pour représenter au mieux les comportements des usagers des réseaux (modèles désagrégés, calage des modèles). Ajoutons que la qualité des données jouent un rôle primordial dans les modèles de planification. Il faut donc veiller à ce que celle-ci soit de la meilleure facture possible. L’amélioration des modèles de planification des déplacements La monétarisation de certaines externalités Les modèles actuellement disponibles pour planifier l’évolution des déplacements individuels et en transports publics, ne prennent pas en compte toute la complexité des phénomènes urbains. On peut citer quelques limites des modèles, au moins tels qu'ils sont pratiqués aujourd'hui. La monétarisation des effets d’un investissement public doit a priori concerner tous les effets, qu’il s’agisse des coûts et des recettes directs ou des effets externes, positifs ou négatifs, pour lesquels il faut choisir une valeur monétaire unitaire représentative des préférences collectives. La modélisation du choix modal connaît des difficultés à représenter des éléments réputés importants dans le choix des usagers, comme par exemple: • la prise en compte du stationnement; • l'accès au réseau de transport collectif, par rabattement VP ou à pied; • les tarifications. Cette monétarisation des effets externes est théoriquement nécessaire pour permettre une allocation efficace et optimale des ressources publiques. Cependant, ces effets ne sont pas directement échangeables sur un marché concurrentiel, si bien que leur traduction monétaire soulève des difficultés méthodologiques. Les techniques de monétarisation utilisées (coût des dommages, coût d’évitement, consentement à payer, valeur tutélaire) conduisent à des résultats dispersés, en constante Les phénomènes de congestion sont également mal pris en compte, en particulier les résultats en terme 26 L E S F O N D E M E N T S E T L E S E N S D U évolution selon les progrès de la recherche en économie, les évolutions technologiques des véhicules, la sensibilité de la population, etc. C A L C U L É C O N O M I Q U E 3.4.2. Des limites plus fondamentales sans perspective d’amélioration prochaine Les interactions urbanisme / transport Enfin, un certain nombre d’effets externes sont mal connus ou sont difficilement mesurables par l’affectation d’une valeur monétaire : coupures urbaines, amélioration du cadre de vie par l’aménagement d’espaces publics, pollution des sols et de l’eau, vibrations, étalement urbain…. Dans ce cas, le calcul économique ne peut pas aujourd’hui les prendre en compte directement. Mieux appréhender des modifications non marginales Dans le calcul économique, on fait généralement l’hypothèse que les transformations induites par le projet sont marginales. Le système des transports urbains n’est pas isolé. Personne aujourd’hui ne conteste qu’il y a des interactions entre urbanisme, transport, habitat et activités économiques. Pour autant, les effets d’une infrastructure sur l’urbanisation ne sont pas mécaniques et se situent dans une échelle de temps différente des effets sur le trafic. Le schéma ci - après pourrait caractériser (de manière simplifiée), le mécanisme de transformation des espaces : Mise en service d’une nouvelle infrastructure Ainsi, le modèle utilisé repose sur ce qui a été observé auparavant, on fait donc en général implicitement l’hypothèse d’une stabilité des comportements dans le temps, et d’une modification à la marge des phénomènes. Modification des structures spatiales Par ailleurs, la courbe de demande dans le calcul du surplus des usagers est assimilée à une droite (hypothèses acceptables dans le cas d’une variation marginale de la demande), le calcul est erroné dans le cas d’une modification non marginale. La mise en service d’une infrastructure de transport conduit les usagers à modifier leurs comportements: accroissement de mobilité, transfert modal, etc. Or la mise en service d’un TCSP peut générer des augmentations de fréquentation bien supérieures à 20% (voir Encadré 5.2.). Il conviendrait donc de mieux connaître la courbe de demande pour mieux calculer le surplus des usagers et d’affiner la modélisation des déplacements, afin de pouvoir correctement prendre en compte des modifications non marginales de comportement. Effets sur les comportements Ces effets interviennent à court terme (moins de 2 ou 3 ans) et font l’objet de la modélisation «classique». À plus long terme (10-20 ans), la nouvelle offre de transport modifie également les choix de localisation des ménages et des emplois. Ces effets sur la structure urbaine, difficilement imputables au seul projet de TCSP, sont moins bien connus. Diverses explications ont été avancées. L E S F O N D E M E N T S Nous en présentons quelques illustrations, mais il convient de souligner que diverses théories s’opposent et que de nombreux cas restent inexpliqués. Certaines études réalisées en France, tant en ce qui concerne des infrastructures routières 11 que des TCSP 12, semblent indiquer que la nouvelle infrastructure agit comme un révélateur, un amplificateur de tendances préexistantes 13. On a ainsi pu observer autour de lignes de TCSP, une accentuation de la restructuration commerciale des centres - ville, ou une accélération de la rénovation urbaine de certains quartiers, mais aussi une certaine polarisation de l’espace urbain, avec par exemple une nouvelle répartition entre commerces de luxe et commerces de consommation courante, une spécialisation sociologique de certaines zones d’habitat… En ce qui concerne les infrastructures routières, on sait que la création d’un contournement d’agglomération peut accélérer le développement urbain en périphérie, entraînant des conséquences importantes sur l’équipement des communes périurbaines : créations d’écoles, prolongements de réseaux d’eau, d’électricité… Le rôle des acteurs locaux et en particulier des acteurs publics est primordial puisqu’ils peuvent accompagner une tendance préexistante lorsqu’elle est favorable et impulser une dynamique forte autour de la nouvelle infrastructure, ou au contraire essayer de renverser une tendance lorsqu’elle est plutôt défavorable. Ces quelques exemples montrent que les interactions entre les transports et la ville sont particulièrement complexes et ne font pas l’objet d’une théorie bien établie. C’est pourquoi il est quasiment impossible aujourd’hui de quantifier l’impact d’un projet sur l’évolution de la ville. E T L E S E N S D U C A L C U L É C O N O M I Q U E 27 Les limites de l’évaluation projet par projet Les projets de transport en milieu urbain ne sont pas indépendants les uns des autres, parce que le réseau de transport est très maillé et qu’en milieu urbain on a souvent plusieurs possibilités d’itinéraires. Par exemple, la clientèle d’un ensemble de projets, A+B+C, n’est pas égale à la clientèle du projet A +la clientèle du projet B+la clientèle du projet C, comme le montre l’encadré page suivante. D’autre part, la clientèle d’un projet de TCSP ne dépend pas du seul système de transports publics. Elle dépend aussi des politiques retenues en matière de transport et d’urbanisme. Ainsi, à Lyon, malgré la mise en place d’une ligne de métro automatique de 12 km, en 1993, la part de marché des transports publics a baissé de 1 point. Elle est passée de 14,5% 14 en 1985 à 13,5% en 1995. L’étalement urbain, les politiques de voirie et de stationnement en sont des explications. Cette problématique renvoie à la notion d’évaluation des politiques. Il apparaît nécessaire d’appréhender l’ensemble des projets prévus sur une agglomération avant d’évaluer l’un de ces projets. Les évaluations de cohérence entre projets et politique vont dans ce sens: elles permettent de vérifier que les impacts d’un projet n’entrent pas en contradiction avec les objectifs fixés par la collectivité, dans son PDU par exemple. Voir Certu, 11 Grandes infrastructures routières et territoires – éléments d’observation et de méthode, Lyon, août 1999. Voir [Certu 1966]. 12 Il ne s’agit cependant 13 pas d’une règle systématique; d’autres théories existent et certains cas restent inexpliqués. Part de marché 14 tous modes, y compris la marche à pied. 28 L E S F O N D E M E N T S E T L E S E N S D U C A L C U L En 1996, le bureau d’études SEMALY a estimé pour le compte du SYTRAL, autorité organisatrice des transports de l’agglomération lyonnaise, la clientèle des 12 axes forts de transport en commun retenus dans le Plan de Déplacements Urbains. Clientèle journalière Axe fort de l’axe pris isolément É C O N O M I Q U E L’estimation de clientèle a été réalisée à l’aide du modèle de prévision TERESE. Les résultats sont les suivants: Clientèle journalière Clientèle réseau de l’axe lorsque moins clientèle l’ensemble du réseau isolée des 12 axes est réalisé A1 17 000 18 000 + 1 000 A2 21 000 21 000 = A3 65 000 60 000 - 5 000 A4 73 000 67 000 - 6 000 A5 17 000 18 000 + 1 000 A6 47 000 43 000 - 4 000 A7 29 000 25 000 - 4 000 A8 28 000 27 000 - 1 000 A9 39 000 34 000 - 5 000 A10 27 000 23 000 - 4 000 A11 53 000 58 000 + 5 000 A12 Non estimé Non estimé Total 416 000 394 000 - 22 000 Source: Évaluation de la clientèle du réseau des 12 axes forts SYTRAL - SEMALY - 1996 Dans ce cas, les lignes se font concurrence vu leur nombre. La somme des clientèles individuelles des axes est supérieure à la clientèle du réseau global de 22 000 voyages par jour, soit quasiment un axe fort supplémentaire, par exemple A2. On observe par contre un effet de synergie dans le cas de l’axe A11, qui a 5 000 déplacements supplémentaires si le réseau complet des 12 axes est réalisé. D’une manière générale, on observera un effet de synergie pour les premières lignes d’un réseau, avec une augmentation de la fréquentation si plusieurs lignes sont réalisées, par contre lorsque le maillage devient important, les lignes ont tendance à se faire concurrence, et perdent individuellement de la clientèle lorsque l’ensemble du réseau est réalisé. Encadré 3.1. Les défauts de l’évaluation projet par projet, l’exemple des 12 lignes fortes à Lyon 29 Les différents éléments de l’évaluation socio - économique Pour donner au lecteur une vision d’ensemble de ce que constitue l’évaluation socio-économique d’un projet de TCSP, nous présentons ci-dessous, en trois parties, les différents éléments de l’évaluation: les résultats recherchés que sont principalement l’évaluation qualitative et quantitative des impacts et le bilan coûts/avantages, les différents résultats types, et une liste des données à recueillir et à constituer. Nous rappelons ici, qu’une évaluation socio économique devrait être précédée d’une évaluation de la cohérence, qui assure que le ou les projets étudiés sont conformes avec la politique de transport choisie. auxquels devrait répondre un projet de TCSP et auxquels peuvent s’ajouter des objectifs locaux: • cohérence avec la politique de déplacement (PDU et SCOT), et avec la politique de la ville (dont les GPV) qui peuvent être déclinées en sous-objectifs; • développement des TC, de l’intermodalité et amélioration de la qualité de service; • desserte des quartiers difficiles et intégration dans l’espace urbain; • accessibilité des personnes à mobilité réduite; • effets sur le développement économique; • effets sur l’environnement; • prise en compte des problèmes de sûreté et de sécurité ; • autres objectifs locaux. 4.1. Évaluation de la cohérence : présentation des objectifs du projet Nous recommandons que l’évaluation socio économique soit précédée d’une évaluation de la cohérence, destinée à montrer, de manière synthétique, la manière dont le projet répond aux objectifs qui lui ont été fixés, et s’intègre en particulier dans la politique de déplacements choisie par l’agglomération (voir § 2.2.2.). Il s’agit de souligner que la construction d’un projet de transport en commun résulte d’abord d’une décision politique. Cette première partie est d’autant plus importante qu’elle permet également de rendre compte d’un certain nombre d’objectifs qui peuvent constituer des priorités pour le projet mais dont la théorie économique peine à rendre compte ainsi que nous l’avons évoqué dans le § 3.4. L’évaluation de la cohérence agit donc comme un « filtre à projet» et assure ainsi que seuls des projets en phase avec les décisions politiques font l’objet d’une évaluation socio - économique ; les autres sont écartés d’emblée. L’évaluation socio-économique participe ensuite à la décision de réaliser ou non le projet. On peut ainsi citer une liste d’objectifs Il est à noter que certains des objectifs vont se retrouver dans l’évaluation socio - économique, comme la lutte contre les nuisances. Les recommandations faites dans ce document sont donc applicables après cette phase d’évaluation de la cohérence, et ne traite en aucun cas d’évaluation des politiques de transport. 4.2. Les résultats recherchés L’ambition de l’évaluation socio-économique d’un projet de TCSP est de donner une vision synthétique en même temps que la plus complète et rigoureuse possible des effets du projet. En simplifiant, l’évaluation consiste à produire deux tableaux principaux: le tableau d’évaluation qualitative et quantitative des impacts, et le tableau du bilan coûts/avantages. D’autres éléments viennent affiner cette vision d’ensemble : les indicateurs synthétiques de rentabilité, l'analyse par acteur et l'analyse géographique, l’analyse de risque et l’analyse d’incertitude. Le tableau d’évaluation qualitative et quantitative des impacts peut schématiquement se représenter 4 30 L E S D I F F É R E N T S É L É M E N T S D E L ’ É V A L U A T I O N comme indiqué ci - dessous. Afin de condenser l’information, on pourra choisir dans un tableau de synthèse des indicateurs particulièrement représentatifs ou des indicateurs montrant l’importance relative sous forme de couleurs, de + et de -, etc. Notons que, sans précaution, ce type d’approche peut contenir des doubles comptes, par exemple entre les gains de temps et les effets sur le développement local. Rubrique Scénario de référence 15 Scénario avec TCSP Scénario alternatif S O C I O - É C O N O M I Q U E Rubrique Scénario Scénario Scénario de référence avec TCSP alternatif Dépenses actualisées d’investissement Dépenses actualisées d’exploitation Recettes actualisées Surplus actualisé des usagers Coûts actualisés liés aux impacts sur l’environnement et la sécurité Total (bilan actualisé) Investissement Exploitation Tableau 4.2. Bilan coûts/avantages Clientèle Avantages des usagers Un autre élément de l’évaluation est l'analyse par acteur ou l'analyse géographique des avantages générés qui sont des informations utiles à la compréhension du projet et pourront être ajoutés à une présentation synthétique. Impacts sur les accidents de la circulation Impacts sur l’environnement Impacts sur les espaces publics et l’urbanisme Les analyses de risques et d’incertitudes (auxquelles on peut ajouter des indicateurs synthétiques) permettent d’enrichir la description du projet et de ses effets. Ces éléments, autant que faire se peut, doivent être inclus dans une présentation synthétique de l’évaluation du projet. Impacts sur l’emploi et le développement Impacts sur les autres politiques publiques Autres impacts (définis par l’AOT) Tableau 4.1. Évaluation qualitative et quantitative des impacts 15 Le scénario de référence constitue le scénario le plus probable en l’absence de projet. Des explicitations et recommandations sont faites à son propos au chapitre 5. Une autre vision s’appuyant sur le calcul économique des effets du projet complète cette évaluation des impacts: il s’agit du bilan coûts/avantages. Celui-ci reprend les éléments du tableau de l’évaluation qualitative et quantitative, en ne retenant que ce qui est monétarisable. Le détail de ce qu’il faut établir pour avoir un calcul économique complet est donné plus bas; afin de condenser l’information, on pourra compléter le tableau de synthèse ci-dessous avec les sommes actualisées. Dans le cadre de cet ouvrage, nous ne faisons pas de recommandations sur l’évaluation financière que nous supposons bien connue des collectivités locales et qui dépassent le cadre d’un seul projet de transport. Il convient toutefois de souligner que les collectivités et les exploitants attachent, avec raison, une attention particulière à ces aspects, comme l’illustrent les règles d’endettement que certaines AOT se sont elles-mêmes fixées (voir tableau 4.3.). Indépendamment de l’évaluation socio-économique, il est donc tout à fait recommandé de procéder à une telle évaluation. L E S D I F F É R E N T S É L É M E N T S Grenoble Le ratio encours de la dette/capacité d’autofinancement est toujours inférieur à la durée résiduelle de la dette Lyon Le ratio encours de la dette/capacité d’autofinancement est égal en moyenne à 15 ans Nantes Endettement maximum de 35% Toulouse Endettement maximum de 1 500 € (10 000 F) par habitant Tableau 4.3. Règles sur les taux d’endettement de différentes agglomérations. Source [Certu 1999] D E L ’ É V A L U A T I O N S O C I O - É C O N O M I Q U E Pour chaque critère, l’évolution annuelle sur la durée du projet devra être renseignée, pour chaque scénario: scénario de référence, scénario avec TCSP, scénarios alternatifs. Il pourra s’agir de commentaires qualitatifs ou d’indicateurs quantitatifs. La présentation doit ainsi privilégier la comparaison entre les scénarios. Rubriques 4.3. Présentation des différents Les différents résultats types sont présentés dans ce chapitre ; la présentation peut se faire sous de multiples formes : texte, graphiques, renvois en annexe pour des calculs plus détaillés, etc. Dépenses d'investissement et d'entretien du réseau de transports collectifs, par sous-système: - bus; - tramway; - métro; - autres systèmes Exploitation Mesures et dépenses d'exploitation du réseau de transports collectifs, par sous-système: - bus; - tramway; - métro; - autres systèmes; - frais généraux non affectables à un système Clientèle Évolution de la clientèle, par catégorie d’usager. Recettes d'exploitation du réseau de transports collectifs, par catégorie de titres de transports (en rappelant la proportion de déplacements TC effectués avec chaque type de titre de transport): - tickets; - abonnements payants; - autres titres (gratuits, tarifs réduits) Avantages des usagers Avantages des usagers des différents modes de transports, si possible en distinguant les motifs professionnel, domicile-travail et autre, y compris les automobilistes: - nombre global de déplacements, avec répartition par mode; - distance moyenne d'un déplacement, par mode. Et total des distances par mode; - durée moyenne d'un déplacement, par mode. Et total des durées par mode; - coût généralisé moyen d'un déplacement, par mode (en €); - avantages en coût généralisé par type d’usager (ancien usager TC, report modal, mobilité induite) en € Impacts sur l’environnement et la sécurité Impacts liés aux accidents de la route : - nombre de tués et coût; - nombre de blessés graves et coût; - nombre de blessés légers et coût; - coût total par année 4.3.1. L’évaluation qualitative et quantitative des impacts L’évaluation qualitative et quantitative des impacts consiste à représenter les différents effets ou critères pour chaque année sur la période entre le démarrage des études et la fin de fonctionnement du projet de TCSP. Nous reprenons ici l’ensemble des critères sur lesquels nous faisons des recommandations dans le chapitre 5. Il s’agit des critères les plus classiques et incontournables. Il peut en exister d’autres, définis par la maîtrise d’ouvrage. Analyse qualitative et quantitative Investissement résultats types constituant l’évaluation socio - économique du projet Pour les différents scénarios étudiés, et au minimum pour la situation de référence et pour la situation avec projet TCSP, les éléments qui suivent, doivent être renseignés. L’ensemble des éléments détaillés ci-dessous constitue le cœur de l’évaluation socioéconomique du projet. Les recommandations d’ordre méthodologique sont données dans le chapitre 5. 31 ... 32 L E S D I F F É R E N T S É L É M E N T S D E L ’ É V A L U A T I O N S O C I O - É C O N O M I Q U E Impacts sur les espaces publics et l’urbanisme Impacts sur les autres politiques publiques Impacts sur l’emploi et le développement Autres impacts précisés par l'AO - évaluation de l’impact sur la forme urbaine; - estimation des m 2 dédiés aux différents modes; - rappel sur les coûts spécifiques liés aux aménagements des espaces (inclus dans les investissements) Dépenses publiques dans la sphère des transports : - estimation des frais d’entretien et d’exploitation de la route; - estimation des dépenses liées à l’offre de stationnement public; Dépenses publiques externes à la sphère des transports: - estimation de l’impact sur les politiques d’investissements publics indirectement induite par le projet - estimation des effets sur l’emploi et le développement - ces impacts doivent s’inscrire dans le cadre de l’évaluation socio-économique : comparaison entre scénarios et intégration dans un échéancier Investissement Impact lié aux nuisances sonores des transports : - surface des logements, bâtiments publics et zones d’activité exposés à plus de 55 dB(A) en Leq diurne et 50 dB(A) en Leq nocturne, par tranches de 5 dB(A); - estimation des dépréciations foncières pour les surfaces exposées (par tranche de 5 dB); - coût total du bruit par année Impact lié à la pollution de l'air : - estimation des véhicules kilomètres; - estimation de la production des différents polluants; - coût annuel lié à la pollution de l’air; Impact lié à l'effet de serre : - estimation de la consommation d’énergie; - estimation de la production de CO 2 ; - coût annuel lié à l’effet de serre Exploitation Impacts sur l’environnement et la sécurité Recettes Analyse qualitative et quantitative Avantages des usagers Rubriques Éléments ... Les définitions sont données au chapitre 3. Impact sur l’environnement et la sécurité Le bilan coûts/avantages reprend les éléments du tableau de l’analyse qualitative et quantitative des impacts, en ne retenant que ce qui est monétarisable; il se fonde sur des sommes actualisées. Il s’agit du calcul économique proprement dit. Dépenses actualisées d’investissement et d’entretien du réseau de transports collectifs ∑ t= n t = − p +1 − ∆ It Kn + (1 + a )t (1 + a)n Dépenses actualisées d’exploitation du réseau de transports collectifs ∑ t= n t = − p +1 − ∆C t (1 + a) t Recettes actualisées d’exploitation du réseau de transports collectifs ∑ t= n t = − p +1 + ∆Rt (1 + a) t Surplus actualisé des usagers des différents modes de transports ∑ t= n t = − p +1 16 + ∆ At + ∑ ∆ S ti i (1 + a) t Coût actualisé lié aux nuisances sonores des transports Coût actualisé lié à la pollution de l’air et à l’effet de serre Total actualisé des impacts sur l’environnement et la sécurité ∑ Total actualisé 16 En pratique, on ne calcule que la variation de surplus par rapport au scénario de référence et non pas le surplus total dans chaque scénario. Cette case est donc habituellement égale à 0. Scénario Scénario Scénario de avec alternatif référence TCSP Coût actualisé lié aux accidents de la route Tableau 4.4. Évaluation qualitative et quantitative des impacts. Détails 4.3.2. Le bilan coûts / avantages En millions d’€ t= n t = − p +1 − ∆ Et (1 + a) t Total BAN Tableau 4.5. Bilan coûts/avantages. Détails L E S D I F F É R E N T S É L É M E N T S 4.3.3. L'analyse par acteur et l'analyse géographique L’analyse par acteur et l'analyse géographique se fait par différence avec le scénario de référence. D E L ’ É V A L U A T I O N S O C I O - É C O N O M I Q U E 33 Deux approches sont possibles, par typologie de quartier (centre, 1 re couronne, 2 e couronne) ou par pôle générateur ou quartiers spécifiques. La présentation se fait alors généralement sous forme cartographique. 4.3.4. Indicateurs synthétiques Il peut s’avérer difficile de communiquer sur une analyse par acteur, puisque par définition elle fait apparaître des gagnants et des perdants du projet. Toutefois, une bonne évaluation socio-économique doit inclure une analyse de ce type, car elle permet de donner une autre vision de la complexité du projet, et de définir, puis d’évaluer une éventuelle politique de compensation mise en place. La communication publique faite sur ce type d’analyse est, en revanche, à étudier au cas par cas. Les indicateurs synthétiques se calculent par différence avec le scénario de référence. Ils sont présentés sous forme de fourchette. Indicateurs synthétiques Scénario avec TCSP Scénario alternatif Bénéfice actualisé net (en €) Temps de retour sur investissement (en année) Taux de rentabilité interne économique (en %) Total Impacts sur l’environnement Avantages des usagers Recettes Exploitation Analyse par acteurs Investissement Taux de rentabilité interne financier (en %) Collectivités : - États ; - AOT; - autres Usagers : - usagers des TC ; - usagers VP ; - autres Résidents Bénéfice actualisé net par Euros investis Tableau 4.7. Indicateurs synthétiques 4.3.5. L’analyse d’incertitude L’analyse d’incertitude permet de comprendre les sensibilités du projet et de sa rentabilité si les hypothèses externes, c’est-à-dire qui ne dépendent pas directement de la maîtrise d’ouvrage, ne sont pas celles prévues. Exploitants Employeurs Autres Tableau 4.6. Analyse par acteur pour le scénario avec TCSP par rapport au scénario de référence L’analyse peut aussi se faire d’un point de vue géographique, elle privilégiera alors le critère des gains de temps à la mise en service. Les hypothèses externes peuvent se rapporter par exemple à la croissance économique (forte ou faible) ou à l’étalement urbain (maîtrisé ou non). On peut imaginer autant de jeux d’hypothèses externes que l’on souhaite; dans la pratique, on ne pourra se limiter qu’à deux ou trois jeux d’hypothèses contrastés pour ne pas alourdir exagérément le travail. 34 L E S D I F F É R E N T S É L É M E N T S D E Hypothèses externes 1 Hypothèses externes 2 Sur le scénario de référence : - coût d’exploitation; - recettes; - avantages des usagers; - environnement; - autres Indiquer les variations en % Indiquer les variations en % Sur le scénario avec TCSP : - idem Indiquer les variations en % Indiquer les variations en % Sur l’autre scénario : - idem Indiquer les variations en % Indiquer les variations en % Impact L ’ É V A L U A T I O N Tableau 4.8. Analyse d’incertitude 4.3.6. L’analyse de risque L’analyse de risque permet de comprendre les sensibilités du projet et de sa rentabilité aux paramètres utilisés, en particulier dans le modèle. L’analyse de risque consiste à étudier les erreurs inhérentes à la méthode utilisée. En règle générale, on fait varier les paramètres auxquels les résultats sont sensibles; par exemple: valeur du temps du modèle, taux de motorisation, mobilité des ménages,... Variation du paramètre X Variation du paramètre Y Variation du paramètre Z Indiquer les variations en % En déduire des fourchettes pour la présentation des résultats Indiquer les variations en % En déduire des fourchettes pour la présentation des résultats Indiquer les variations en % En déduire des fourchettes pour la présentation des résultats Sur le scénario avec TCSP : - idem idem idem idem Sur l’autre scénario : - idem idem idem idem Impact Sur le scénario de référence : - coût d’exploitation; - recettes; - avantages des usagers; - environnement; - autres Tableau 4.9. Analyse de risque S O C I O - É C O N O M I Q U E 35 Des recommandations pour l’évaluation des différents impacts Ce chapitre s’attache à faire des recommandations essentiellement sur les éléments de l’analyse socio - économique qui sont monétarisables et/ou quantifiables. Cela ne remet pas en cause la valeur des aspects qualitatifs des différents scénarios, mais nous avons choisi de laisser aux maîtres d’ouvrage l’appréciation de ces aspects. 5.1. Présenter les différents scénarios et leur contexte Pour faciliter la transparence de l’évaluation, il est important de présenter et de décrire précisément les différents scénarios qui ont été retenus pour l’évaluation socio - économique, c’est - à - dire le scénario de projet, le scénario de référence et les scénarios alternatifs. L’évaluateur devra préciser les investissements que contiennent chaque scénario à la fois en terme de transports publics, de voirie et d’opérations d’accompagnement (aménagements d’espaces publics par exemple) les mesures d’exploitation des transports publics et de la voirie retenues, ainsi que tous les coûts induits par ces mesures, tant en terme d’investissement que d’exploitation. 5.1.1. Le contexte : la description des hypothèses externes La description du contexte dans lequel se déroule les différents scénarios permet de préciser ce qu’on appelle les hypothèses externes,. Ces hypothèses sont les mêmes dans le scénario de référence, dans le scénario de projet et dans les scénarios alternatifs. Elles correspondent à des éléments sur lesquels le maître d’ouvrage estime qu’il ne peut pas avoir d’influence, par exemple: • des éléments de cadrage macro économique: évolution de la croissance économique, du coût de l’essence, du taux de motorisation des ménages…; 5 • l’évolution de l’urbanisation : localisation des habitants et des emplois; • à titre d’exemple, l’évolution naturelle du réseau de transports publics sur l’agglomération de Toulouse, pour répondre à l’évolution de l’urbanisation, a représenté + 5 % des véhicules – kilomètres sur l’ensemble du réseau rien qu’entre l’étude de l’avant projet détaillé de la ligne A du métro et sa mise en service 17 ; • l’évolution du réseau routier, à la fois en terme de réalisation de projet (réalisation d’une rocade par exemple), mais aussi en terme de mesures d’exploitation de la voirie (restrictions ou non de voiries, pistes cyclable, politique de stationnement…); • l’évolution de l’ensemble des transports publics: intégration tarifaire transports publics urbains et interurbains par exemple. Il est important de bien préciser ces hypothèses externes, pour mettre en évidence ce qui est intangible et commun à l’ensemble des scénarios. Cela est particulièrement important concernant les deux derniers points pour lesquels le maître d’ouvrage du TCSP estime ne pas avoir d’influence, mais pour lesquels d’autres maîtres d’ouvrage de l’agglomération peuvent en avoir. Ainsi, il est important de déterminer si tel projet routier fait partie des hypothèses externes, si on considère qu’il sera réalisé quoi qu’il advienne à une date déterminée, ou si ce projet routier peut être retardé avec la mise en service du TCSP. Dans le deuxième cas, la date de mise en service de ce projet routier n’est pas la même dans tous les scénarios. 5.1.2. Des scénarios qui se déroulent dans le temps La description des scénarios ne se limite pas à la description de la situation au moment de la mise en service du projet. La description doit être dynamique, tout au long de la durée de vie du projet. Voir [Certu 2000]. 17 36 D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N On doit percevoir en quoi les scénarios sont semblables ou différents de la mise en service du projet jusqu’à la fin de la durée de vie du projet. Pour autant, il paraît difficile et fastidieux de décrire année après année chaque scénario, nous recommandons donc de prendre en considération toutes les années avant la mise en service et quatre horizons, les autres années étant obtenues par extrapolation linéaire: • l’année de mise en service; • la cinquième année de service, une fois passé l’effet «montée en charge du trafic sur le TCSP»; • la quinzième année de service pour les tramway et métros, qui correspond à la rénovation à mi-vie des rames; • la trentième année de service, dernière année de vie de l’investissement. Ces dates peuvent être adaptées en fonction des particularités possibles d’un projet, par exemple: • la mise en service d’une extension de la ligne de TCSP; • les années de renouvellement des autobus pour les TCSP bus. (il serait plus logique de prendre en compte une provision annuelle d’amortissement des autobus, mais dans une très grande majorité des cas en France, l’autorité organisatrice des transports est propriétaire des autobus, et comptabilise le renouvellement des autobus comme une dépense d’investissement et non comme une provision annuelle d’amortissement du matériel); • etc. C’est aussi sur ces quatre horizons que seront faites les simulations de trafic (voir plus loin § 5.3. et 5.4.) 5.1.3. Construire le scénario de référence Le scénario de référence correspond à la situation que le maître d’ouvrage juge la plus probable en absence du projet faisant l’objet de l’évaluation. D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S Ce scénario ne comporte généralement pas d’investissement de développement majeur. En revanche, il comporte souvent de petits investissements ainsi que des mesures d’exploitation qui permettent d’optimiser l’existant. Le scénario de référence n’est pas facile à construire dans la pratique car il s’agit souvent du scénario dont on ne veut pas. En effet, il s’agit de décrire un scénario fictif qui se produirait si on n’avait pas décidé de réaliser le TCSP, à un moment du processus décisionnel où bien souvent la décision de faire est quasiment prise. Pour autant, la description de ce scénario de référence est très importante pour l’analyse socio-économique car on doit comparer, aux mêmes horizons temporels, le scénario projet à un scénario «de bonne gestion». Ainsi, il n’est pas possible de comparer la situation actuelle, qui est figée en 2001, avec un scénario dont le projet démarre en 2010. Le scénario de référence est dynamique, il tient compte de l’évolution de la demande; il ne se réduit pas à l’offre actuelle, qui elle est figée, ou à un scénario fil de l’eau qui consisterait à laisser se dégrader la situation sans rien faire. Comment construire le scénario de référence? Tout d’abord, il est clair que le scénario de référence ne comprend généralement pas de projets d’investissement lourds. En revanche, il comprend des investissements de maintenance et de renouvellement du parc de matériel roulant, ainsi que des mesures d’exploitation permettant d’optimiser le réseau de transports publics existant. Nous suggérons pour la construction du scénario de référence de prendre en compte au moins deux objectifs : D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R • maintenir la vitesse commerciale sur l’axe emprunté par le TCSP : la dégradation de la vitesse commerciale des autobus est souvent le signal d’alarme qui conduit à la réalisation d’un site propre; • offrir une capacité équivalente : les projets de lignes de TCSP sont très souvent élaborés pour pallier le mauvais fonctionnement d’une ligne de bus, à la fois en terme de vitesse commerciale comme nous venons de le voir, mais aussi de surcharges au moins ponctuelles aux heures de pointes, dues à une offre en places kilométriques insuffisante. Le deuxième objectif du scénario de référence pourrait donc être de ne pas aggraver les problèmes de surcharge, en maintenant un taux de charge moyen identique, qui intègre bien sûr l’augmentation naturelle de la demande. L’atteinte de ces deux objectifs tout au long du scénario (quatre années horizon) doit permettre de définir : • les investissements qui ne seront pas réalisés du fait du projet de TCSP : par exemple la mise en place de priorités aux feux pour les bus, la création de couloirs bus ponctuels, l’achat de nouveaux bus pour maintenir le service actuel…; • mais aussi l’augmentation des coûts d’exploitation. 5.1.4. Décrire le scénario projet et les scénarios alternatifs Tout comme le scénario de référence, le scénario de projet et les scénarios alternatifs seront décrits précisément à la fois en terme de mise en service de projets (transports publics et voirie) et de mesures d’exploitations (notamment restructuration du réseau de transport publics, politique tarifaire…) et ce, pour les quatre horizons : mise en service, 5 e année, 15 e année, et 30 e année. Il est en particulier essentiel de préciser les principes de restructuration retenus pour le réseau de bus, en indiquant quelle est la stratégie en matière de L ’ É V A L U A T I O N D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S 37 rabattement sur les stations du TCSP, de renforcement de l'offre bus dans certains secteurs de l'agglomération, voire de création ou de suppression de lignes bus. L’importance de la restructuration du réseau sur les prévisions de clientèles l’exige (voir § 5.3.1.). Il est bien évident qu'il ne s'agit pas de réaliser des projets détaillés de restructuration dès les études préliminaires, mais un minimum s'impose. Pour déterminer le principe de restructuration à retenir, nous pouvons recommander : • d’élaborer le plus en amont possible des esquisses de restructuration pour tester les principes retenus et l'atteinte des objectifs économiques; • de comparer différents scénarios de restructuration; • de réaliser des prévisions d'usage assez fines et d'utiliser au besoin différentes méthodes d’estimation de la clientèle. Le scénario projet est généralement bien connu, puisqu’il correspond «à ce que le maître d’ouvrage veut faire»! Mais comment détermine-t-on le ou les scénarios alternatifs? Les scénarios alternatifs font généralement référence à des questions ouvertes au cours de la concertation: pourquoi réaliser 10 km de métro alors qu’on pourrait faire trois à quatre fois plus de kilomètres avec un tramway ? Le tracé envisagé est - il le meilleur ? Peut - on phaser le projet et par quelle portion doit - on commencer?… L’évaluation de scénarios alternatifs permet ainsi de consolider l’évaluation du projet, et nous paraît être une aide à la décision importante pour le maître d’ouvrage. Nous recommandons donc de retenir au moins un scénario alternatif, voire plusieurs si de véritables scénarios alternatifs sont apparus au cours de la concertation. 38 D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N 5.2. Données nécessaires à recueillir et à constituer Pour simplifier la tâche du maître d’ouvrage et du maître d’œuvre de l’étude, nous avons tenté de reprendre ici l’ensemble des données nécessaires à la réalisation de l’évaluation socio - économique. La liste complète des données à recueillir et à constituer est fournie dans l’annexe 2. Seuls sont repris ici les grands thèmes à aborder: • données générales sur la situation avant; • données sur l’évolution de l’offre de transports collectifs ; • données sur l’évolution de la demande de déplacements ; • données relatives aux effets sur l’environnement; • données relatives aux effets sur l’espace public. 5.3. Modélisation et étude de la demande L’évaluation socio - économique se base sur des estimations de la demande et du fonctionnement des transports dans le futur, dont on ne dispose pas. Pour constituer ce jeu de données, la modélisation est incontournable; elle permet d’étudier la demande de déplacements dans les différents scénarios et aux différents horizons. Pour constituer un bon modèle, une connaissance fine de la situation actuelle est également indispensable. Nous donnons quelques ordres de grandeur en jeux, qui sont autant de références pour l’évaluateur, mais qui ne remplacent pas, bien sûr, une modélisation. 5.3.1. Recommandations pour la modélisation 18 Voir notamment le constat dressé à ce sujet par le rapport BOITEUX de 1994 [Commissariat Général. du Plan 1994]. Différentes méthodologies d'évaluation de la demande future de déplacements – globalement et pour un mode de transport déterminé – sont possibles, sur la base des variables caractérisant l’offre de transport. Elles utilisent des modèles de D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S planification des déplacements qui, aujourd’hui, diffèrent suivant le modélisateur ou le mode de transport considéré 18. Par ailleurs, pour ce qui concerne la gestion de ces modèles, plusieurs cas de figure existent: modèles gérés par l’agglomération, par l’exploitant, par l’agence d’urbanisme, par un prestataire. Précisons que pour une bonne appropriation de l’outil, il existe certains avantages à ce que le modèle ne soit pas développé uniquement pour un projet mais soit un outil pérenne de l’agglomération. Face à cette diversité, nous ne porterons pas de recommandations techniques mais des recommandations à la maîtrise d’ouvrage: • une modélisation des déplacements en voiture particulière et en transport public se révèle indispensable pour une bonne évaluation socio-économique; • compte tenu de l’importance de la méthodologie utilisée dans les résultats de l’estimation de la demande, il apparaît nécessaire de bien préciser le type de modèle utilisé, ses hypothèses et ses limites; • les modèles sont élaborés en supposant les paramètres d’avenir parfaitement connus. Par conséquent, l’incertitude sur le futur, nous amène à recommander, dans le § 5.11, de faire des études de sensibilité. De manière générale, il est bon d’avoir à l’esprit les limites des modèles dans toute évaluation, comme en témoigne l’encadré 5.1. D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R Les enseignements de l'évaluation a posteriori de la modélisation des trafics sur la ligne D du métro de Lyon 19 L'analyse a posteriori des prévisions de trafic de la ligne D du métro de Lyon (1989) avec le trafic réel observé une fois la ligne en service (1994), réalisée par la SEMALY, fait apparaître une surestimation du modèle de 1989 de 12% (46 891 voyages à la Période de Pointe du Soir – PPS – entre 16 h et 18 h 30) par rapport aux 41 799 voyages observés à la PPS. Le modèle utilisé en 1989 pour la prévision de trafic sur la ligne D du métro de Lyon est le modèle monomodal TERESE utilisant un modèle de prévision de clientèle aux marges à deux horizons d'études (tenant compte des caractéristiques de chaque zone et de l'accessibilité offerte par le nouveau réseau), avec un module «effet parking» complémentaire permettant de prendre en compte la clientèle générée par la présence de parkings d'échange au voisinage direct de la ligne de métro. Le rapport précise les implications de chaque facteur (restructuration de l'offre TC, évolutions socio - démographiques des différents secteurs de l'agglomération lyonnaise,…) dans l'écart: • le changement de données socio-économiques, données exogènes au modèle, a un impact assez L ’ É V A L U A T I O N D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S 39 important sur les prévisions de fréquentation : l'introduction des données socio - économiques « corrigées », avec le maintien du réseau TC étudié en 1989, fait passer la prévision de trafic de 44 118 voyages à la PPS (surestimation de 6% du trafic réel) à 42 540 voyages à la PPS (soit une surestimation de 2% du trafic observé); • la prise en compte de la restructuration effective du réseau de surface bus a un impact très important sur les prévisions de fréquentation: l'introduction des caractéristiques du réseau observé – moins volontariste que le réseau prévu initialement avec un rabattement direct de nombreuses lignes bus sur la ligne D de métro, avec les «bonnes» données socio - démographiques, fait passer la prévision de trafic de 42 540 voyages à la PPS (surestimation de 2% du trafic réel) à 36 788 voyages à la PPS (soit une sous - estimation de 12 % du trafic observé) ; • l'introduction des prévisions de fréquentation des parcs d'échange «corrigées» améliore légèrement le modèle. Toutefois, les résultats sont contrastés suivant le parc d'échange concerné, chacun ayant un fonctionnement qui lui est propre. Globalement, la prise en compte de « l'effet parking » fait passer la prévision de trafic de 36 788 voyages à la PPS (sous - estimation de 12 % du trafic réel) à 39 687 voyages à la PPS (soit une sous-estimation de 5% du trafic observé). Encadré 5.1. Les enseignements de l’évaluation a posteriori de la modélisation des trafics sur la ligne D du métro de Lyon Modéliser les déplacements individuels et en transport public se révèle indispensable L’obtention des éléments utiles à l’évaluation nécessite une modélisation des déplacements en transport en commun mais aussi des véhicules particuliers. Nous préconisons donc l’utilisation d’un modèle multimodal. À défaut, il s’agira de deux modèles parallèles des trafics sur le réseau TC et sur le réseau routier ; au mieux, d’un modèle intégrant les différents modes qui peuvent interagir (analyse du choix modal, du choix de destination, impact du trafic VP sur l’usage et l’offre TC, etc.). Par ailleurs, les itinéraires et même les matrices origine destination peuvent être très différentes selon l’heure. C’est pourquoi nous préconisons de prendre en compte au minimum la période de pointe du matin, la période de pointe du soir et les heures creuses. Pour plus de détails, 19 voir [BERENGUER 1996]. 40 D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N Enfin, la présentation retenue pour l’estimation du nombre de déplacements effectués annuellement sur le réseau de transports en commun dans le scénario de référence et dans le scénario de projet doit indiquer la part des nouveaux déplacements et fournir des indications sur leur distribution par origine-destination. Les modèles apportent une série de données utilisées par l’évaluation, qui justifie ces recommandations: recettes, gains de temps des usagers des différents modes (TC et VP) par origine - destination, gains d’exploitation routière, kilomètres parcourus. En particulier, la prise en compte rigoureuse des phénomènes de décongestion et d’impact sur les temps de parcours dans l’évaluation socio économique nécessite une modélisation des modes individuels et publics. Dans la pratique, des allers-retours sont nécessaires entre modélisation et évaluation du projet. En effet, le projet et le réseau de transport public sont dimensionnés pour répondre à la demande. Le modèle permet donc d’évaluer le projet et de le faire évoluer, ce qui oblige à refaire tourner le modèle, etc. D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S Ces remarques préalables conduisent à formuler une recommandation générale: compte tenu de l’importance de cet élément dans l’évaluation, il est essentiel que le ou les modèles de déplacements (VP et TC) avec leurs hypothèses principales soient décrits de manière détaillée en annexe au rapport sur le calcul économique, de manière à bien connaître les limites et les marges d’incertitude liées à l’utilisation de ce ou ces modèles. Les incertitudes sont toujours présentes dans un modèle, il faut donc d’autant plus être transparent sur les méthodes. Les valeurs du temps utilisées dans les modèles La valeur du temps joue un rôle crucial dans la modélisation, car elle est le facteur principal de comportement des usagers. Les études récentes menées en France 20 montrent que le consentement à payer des usagers pour un gain de temps ou une amélioration du confort en milieu urbain connaît une très grande dispersion suivant les usagers et est donc différent d’une valeur du temps unique, telle qu’elle est retenue usuellement. Présenter la méthodologie retenue 20 Voir notamment les conclusions sur la dispersion importante des valeurs du temps constatée dans le cas du tunnel urbain à péage Prado-Carénage, Certu, Comportements des automobilistes face au péage urbain. L'expérience du tunnel Prado-Carénage, Lyon, 1999. L’examen des pratiques actuelles montre que chaque évaluateur a son modèle de déplacement, et que celui-ci n’est pas décrit de manière détaillée dans les rapports de présentation des évaluations socio - économiques des projets de TCSP. Il est donc difficile de savoir exactement sur quoi reposent les prévisions de trafic et notamment, les temps de parcours, les reports modaux et l’induction de trafic. S’agit - il d’une estimation à l’heure de pointe, ensuite convertie en trafic annuel à partir d’hypothèses sur la part de trafic correspondant à l’heure de pointe ? Un modèle de choix modal a - t - il été fait ou s’agit - il d’un modèle par facteur de croissance? Le modélisateur doit donc s’attacher à représenter au mieux cette complexité, et prévoir au mieux la demande en retenant des valeurs du temps expliquant le comportement des usagers. En revanche, pour la valorisation des gains de temps des différents usagers dans le calcul économique, nous recommandons, conformément au rapport BOITEUX [Commissariat Général du Plan 2001], de ne pas différencier des catégories d’individus et de conserver une valeur tutélaire du temps pour des questions d’équité sociale et spatiale (voir § 5.6.). Cette position est d’ailleurs imposée par le ministère de l’Équipement et des Transports dans les études faites à son intention. D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R Il faut donc bien saisir la différence entre valeur du temps utilisée dans les modèles qui permet de mieux prévoir la clientèle et valeur tutélaire utilisée dans le bilan coûts/avantages qui permet de mieux comprendre l’utilité économique d’un projet. Projet Écart journée (prévision / observé) Écart heure de pointe Écart sur le tronçon le plus chargé Tram La Défense-Issy -15 % -3 % 0% (mauvais tronçon prédit) Métro Ligne D Lyon +18 % +12 % +23 % (mauvais tronçon prédit) Val Toulouse, ligne 1 +18 % +2 % +19 % (bon tronçon prédit) Tram Grenoble ligne A +5 % +5 % - Tram Grenoble ligne B -7 % -8 % - Tram Strasbourg ligne A -28 % -35 % - Tableau 5.1. Comparaison prévision/observation de différents transport en commun en site propre. Source [Gesmad 1999] La description de la restructuration du réseau associée à la mise en service du TCSP est un élément très important dans la modélisation Nous avons vu dans l’encadré 5.1. les enseignements de l'évaluation a posteriori de la modélisation des trafics sur la ligne D du métro de Lyon, que le fait d’avoir rentré dans la modélisation au moment de la prévision une restructuration beaucoup plus volontariste que celle qui a été effectivement mise en place, a eu un impact important dans la surestimation de la clientèle de la ligne D du métro de Lyon. L ’ É V A L U A T I O N D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S 41 L’analyse des pratiques en matière de restructuration des réseaux à Lille, Nantes, Toulouse, et Rouen (voir encadré 5.2.) montre qu’avant l'élaboration d'un projet concret et détaillé de restructuration du réseau pour la mise en service du TCSP, on se contente souvent de définir des grands principes de restructuration et des objectifs économiques (kilomètres, usage, recettes, dépenses) sans en vérifier la pertinence et le réalisme. Ceci explique des différences parfois importantes entre les prévisions et la réalité. On observe ainsi des écarts plus faibles, voire nuls, entre les prévisions et la réalité lorsque des esquisses de restructuration assez précises ont été réalisées dès la phase APS, APD ou DPC (ex: Toulouse) ou lorsqu'il ne s'agit pas d'une 1 re ligne de TCSP, compte tenu de l'expérience acquise (Nantes , Lille 2 e ligne). De même, pour une deuxième ou troisième ligne de TCSP, les collectivités publiques accordent de plus en plus d'importance à l'optimisation du service à l'usager et aux aspects financiers, on ne raisonne plus en kilomètres totaux, mais en dépenses totales ou coût pour la collectivité. 42 D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N Les enseignements des restructurations de réseaux liées à la mise en service d’une ligne de TCSP La mise en service d’un TCSP a généralement des conséquences importantes sur l’organisation globale du réseau de transports publics. C’est aussi souvent l’occasion de profiter d’un changement d’habitudes inéluctable pour modifier profondément le réseau: restructuration du réseau plus large que le simple bassin versant du TCSP, mise en place d’un système de billettique, mise en place d’une nouvelle gamme tarifaire… L’analyse des restructurations de réseaux de transport publics associées à la mise en service des TCSP de Nantes, Rouen, Lille, Toulouse et Lyon est ainsi très riche d’enseignements sur l’évolution des réseaux 21 : D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S • l’offre kilométrique augmente sensiblement sur l’ensemble du réseau, et stagne voire baisse sur le réseau bus ; • le nombre de déplacements sur l’ensemble du réseau augmente toujours à la mise en service d’un TCSP, l’augmentation est généralement forte pour une première ligne ; en revanche, elle s’atténue pour une deuxième, voire une troisième ligne : + 37% de déplacements à Lille après la mise en service de la ligne 1, seulement + 14 % à la mise en service de la ligne 2 (voir tableau ci - dessous) ; • l’augmentation est d’autant plus spectaculaire que l’offre et l’usage des transports publics avant la mise en service du TCSP étaient médiocres, elle est plus faible dans les villes qui ont déjà un bon usage des transports publics : + 20 % à Nantes (bon usage des transports publics) après la mise en service de la première ligne, + 37 % à Lille (voir tableau ci - après). Augmentation du nombre de déplacements sur l’ensemble du réseau suite à la mise en service d’un TCSP, sur un intervalle de trois à quatre ans autour de la mise en service + 3 % sur Lyon 4 e ligne de métro, usage déjà important des TC et montée en charge très longue de la ligne + 8 % sur Nantes 2 e ligne de tramway et usage important des TC + 14 % sur Lille 2 e ligne de Val + 20 % sur Nantes 1 re ligne + 36 % sur Rouen 1 re ligne + 37 % sur Lille 1 re ligne + 46 % sur Toulouse 1 re ligne Source [Certu 2000] • le taux de correspondance augmente lui aussi fortement. ; • sur le réseau bus, les situations sont très contrastées, pouvant aller d’une augmentation du nombre de voyages avec une baisse de l’offre kilométrique, à une diminution du nombre de voyages pour une augmentation de l’offre; • la part du TCSP dans les voyages devient très forte, au minimum 30 % et jusqu’à 50 % des voyages du réseau ; • d’un point de vue financier, le ratio recettes sur dépenses a tendance à s’améliorer, mais le déficit d’exploitation (recettes moins dépenses) s’accroît dans tous les cas: faire du transport public a un coût; D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R • enfin, la très grande majorité des agglomérations augmente le versement transport à l’occasion de la mise en service d’un TCSP, en le portant à son taux maximum, mais selon des modalités L ’ É V A L U A T I O N D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S 43 différentes : passage direct de 1 % à 1,75 %, ou augmentation progressive sur plusieurs années, augmentation dès la phase travaux ou seulement à la mise en service 22. Encadré 5.2. Les enseignements des restructurations de réseaux liées à la mise en service d’une ligne de TCSP 5.3.2. Avoir une bonne connaissance de la situation actuelle Pour pouvoir formuler des hypothèses sur l’évolution future de la demande, il convient au préalable d’acquérir une bonne connaissance de la situation existante sur le réseau de transports publics pour ce qui concerne les déplacements en transports publics et sur le réseau routier pour ce qui concerne les déplacements individuels. Ceci nécessite donc des recueils de données préalables, qui peuvent être assez conséquents, mais qui peuvent avoir été faits dans un autre cadre. Pour une connaissance des déplacements individuels tous modes, on peut citer deux types d’enquêtes qui permettent généralement de bien appréhender les phénomènes et dont les méthodologies sont aujourd’hui bien connues: • les enquêtes ménages déplacements qui permettent de connaître les déplacements des résidents de l’aire d’études ; • les enquêtes cordons routières pour connaître les autres déplacements qui entrent sur le territoire. Les méthodologies de ces deux premiers types d’enquêtes sont moins standardisées, et les risques d’erreurs peuvent parfois être importants, d’autre part le champ de pertinence de ces enquêtes peut être très différent si on s’intéresse à la clientèle du réseau, ou au nombre de déplacements effectués sur ce réseau. Par exemple, si on cherche à toucher une clientèle nouvelle, qui n’utilise pas ou peu le réseau de transports publics: 75% de la population dans le cas de Rouen ci-dessous, une enquête sur le réseau de transports publics ne sera pas pertinente car elle touchera très majoritairement des utilisateurs réguliers des transports publics, qui ne représentent que 25% de la population, mais 93 % des déplacements en transports publics d’un jour moyen. En revanche, si on cherche à toucher la clientèle régulière actuelle, pour la fidéliser, ce sont bien les enquêtes sur le réseau de transport publics qui sont les plus pertinentes. Enquête ménage Rouen - 1996 2% 5% 5% Non clients 33,5% 33,5% 21% 21% 47% 47% Clients rares En ce qui concerne la connaissance de la clientèle des réseaux de transport publics, elle repose sur plusieurs type d’enquêtes: • des enquêtes sur le réseau visant à dénombrer les voyageurs ; • des enquêtes origines - destinations sur le réseau visant à connaître les déplacements en transports publics ; • de données de billettiques… Voir «Maîtrise 22 d’ouvrage et financement des transports en commun en site propre», rapport d’études du Certu, novembre 1999. 19% 19% Clients occasionnels 18% 18% 22,5% 22,5% 10% 10% Clients réguliers 12% 12% Clients quotidiens 13% 13% Population plus de 5 ans 358 000 habitants 72% 72% 25% 25% Clientèle sur un an 190 000 clients Déplacements un jour moyen 116 000 déplacements Figure 5.1. Clientèle du réseau de Rouen selon le type d’enquête 44 D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N Nous recommandons donc au lecteur de se reporter à l’annexe 1 sur l’usage et la clientèle du réseau de transports publics du document « Évaluation des transports en commun en site propre – Indicateurs transports pour l’analyse et le suivi des opérations» [Certu 1997], qui vise à clarifier les notions de clientèle et d’usage, et propose des méthodologies d’enquêtes. 5.3.3. Estimation des ordres de grandeur en jeu La modélisation des déplacements permet d’estimer de façon détaillée l’usage du réseau de transports publics et ses évolutions. Nous avons déjà mentionné combien ces informations sont indispensables à l’évaluation socio - économique. Toutefois, il est intéressant d’avoir en tête les enjeux en matière de fréquentation. Ce type de raisonnement peut se faire de façon analogique, soit à partir de l’expérience acquise sur l’agglomération, notamment lorsqu’il existe déjà une ligne de TCSP en service, soit à partir d’expériences similaires dans d’autres villes. Nous aborderons donc ce point plutôt sous la forme d’illustrations, permettant par analogie de vérifier l’ordre de grandeur prévisible de la clientèle. Nous invitons donc les autorités organisatrices de transport à développer et se doter de ce type d’outil. Se comparer avec d’autres agglomérations Se comparer aux autres agglomérations est un moyen intéressant de progresser et d’améliorer les connaissances. Il s’agit tout simplement de regarder ce que les autres agglomérations font en matière de transports publics en site propre, quels sont leurs résultats et d’en tirer des enseignements. Nous recommandons tout particulièrement au lecteur de se reporter au document du Certu: Panorama des villes à TCSP [Certu 2001]. D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S Ce document a été conçu comme un outil pour situer son agglomération par rapport aux autres agglomérations françaises ayant un TCSP en service ou en projet. Il sera actualisé tous les deux à trois ans, la première édition prend en compte les résultats de l’année 1998. La méthodologie utilisée sur l’agglomération lyonnaise pour obtenir des ordres de grandeur La Société Lyonnaise de Transports en Commun (SLTC), exploitant du réseau de l’agglomération lyonnaise, utilise une méthode qui nous paraît intéressante pour estimer les ordres de grandeurs de clientèle sur une nouvelle ligne; nous en présentons les caractéristiques ci-dessous. La démarche de la SLTC a le mérite d’être simple et très transparente. Elle a permis de confirmer les estimations faites par les bureaux d’études, mais aussi de poser les bonnes questions lorsqu’elle constatait des différences notables par rapport à ses calculs, voire de faire évoluer les prévisions du bureau d’études. La méthode repose sur les enquêtes originesdestinations réalisées sur le réseau de transports publics, et sur l’enquêtes ménages déplacements. Les grands principes de la démarche sont ensuite les suivants: • mise en évidence de grandes origines destinations types : – les flux vers le centre Presqu’île (centre historique de Lyon), – les flux vers le centre rive gauche Part - Dieu (centre affaire de Lyon), – les flux entre deux communes de l’agglomération, – les flux internes à une commune; • ces grandes origines - destinations sont ensuite croisées avec des parcours types en transports publics : – trajet en métro direct, – trajet avec une correspondance métro + métro, D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N – trajet avec deux correspondances métro + métro + métro, – trajet en bus direct : de moins de 5 km, de 5 à 10 km, de plus de 10 km, – trajet avec une correspondance bus + métro: de moins de 5 km, de 5 à 10 km, de plus de 10 km, et ainsi de suite… Enfin des estimations de parts de marchés des transports publics, sont faites pour chaque origine/ destination type, à partir des résultats de l’enquête ménages déplacements et sur la base du découpage de l’agglomération en 33 zones. D E S D I F F É R E N T S 45 On obtient alors un tableau type (voir ci-dessous), qui permet de donner un très bon ordre de grandeur de la clientèle d’un projet, sachant qu’en général on approche 95% de la clientèle en considérant les 15 à 20 grandes origines destinations sur ce projet. Les ordres de grandeur de parts de marché obtenus dans le tableau ci-dessous ne sont applicables que sur l’agglomération lyonnaise. Rien n’interdit toutefois à une autre agglomération de comparer les résultats qu’elle obtient sur son territoire, avec sa propre enquête ménages déplacements, aux ordres de grandeurs obtenus par Lyon sur les même types de trajets. Flux vers Presqu’île Flux vers Rive Gauche Part Dieu Métro direct 55 – 65 % 45 – 55 % Métro+métro 35 – 45 % 35 – 45 % Métro+métro+métro 30 – 40 % 25 – 35 % 15 – 25 % Bus direct < 5 km 40 – 50 % 30 – 40 % 20 – 30 % Bus direct 5 à 10 km 35 – 45 % 25 – 35 % 15 – 25 % Bus direct > 10 km 25 – 40 % 15 –25 % 10 – 20 % Bus + bus < 5 km 30 – 40 % 25 – 35 % 10 – 20 % Bus + bus 5 à 10 km 25 – 35 % 5 – 15 % 5 – 15 % Bus + bus > 10 km 15 – 25 % 5 – 15 % 0 – 10 % Bus + métro < 5 km 40 – 50 % 25 – 35 % 20 – 30 % Flux entre deux communes 10 – 20 % 25 – 35% 20 – 30 % 15 – 25 % Bus + métro > 10 km 15 – 25 % 15 – 25 % 10 – 20 % Bus + métro +métro < 5 km 30 – 40 % 20 – 30 % 15 – 25 % Bus + métro +métro 5 à 10 km 25 – 35 % 15 – 25 % 5 – 15 % Bus + métro +métro > 10 km 15 – 25 % 10 – 20 % 0 – 10 % Bus + bus +métro < 5 km 15 – 25 % Bus + bus +métro 5 à 10 km 5 – 15 % Flux interne à la commune 15 – 25 % Bus + métro 5 à 10 km Bus + bus +métro > 10 km I M P A C T S 10 %– 15 % 5 – 10 % 5 –10 % 20 – 30 % Tableau 5.2. Parts de marché (modes mécanisés) des transports en commun à Lyon par rapport à un type d’offre et de flux. Source: SLTC à partir des enquêtes O/D TCL et de l’enquête ménages déplacements de 1995 Le tableau se lit : pour une demande de déplacements entre un point de l’agglomération et le centre (Presqu’île), la part de marché des transports publics sur le flux de déplacements est entre 55% et 65% si le déplacement peut se faire avec une seule ligne de métro, la part de marché est entre 35% et 45% s’il faut faire une correspondance avec une autre ligne de métro, elle est entre 40% et 50% pour un trajet de moins de 5 km direct en bus, etc. 46 D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N Les ordres de grandeur des reports modaux et mobilités induites Quelle importance relative ont les reports modaux et les mobilités induites par rapport aux autres usagers TC, lors de la mise en service d’un TCSP? Nous disposons aujourd’hui essentiellement d’estimations faites dans les dossiers de type DPC, et qui s’inspirent souvent l’une de l’autre, de sorte que les valeurs indiquées sont relativement cohérentes, comme nous pouvons le voir dans le tableau ci-dessous: • sur les modes lourds: tramways et métros, environ 65 à 70% des déplacements de la ligne de TCSP sont estimés effectués par des anciens usagers des transports publics, 10% correspondent à la notion de mobilité induite et 20 à 25 % au report modal ; • sur le TVR (mode routier guidé) de Caen et sur le site propre bus de Rennes, la part des anciens usagers des transports publics est beaucoup plus importante. Déplacements Reports modaux Ensemble des usagers Mobilité Marche VP 2 roues des TC de induite à pied vers TC vers TC usagers référence vers TC Ligne B du métro de Toulouse 72 % 10 % 11 % Métro de Rennes 70 % 10 % 11 % 8% Ligne B du tramway de Strasbourg 66 % 9% 15 % 10 % Tramway de Montpellier 72 % 9% 9% 9% TVR de Caen 83 % 2% Axe lourd bus de Rennes 90 % 5% 7% 15 % 5% 100 % 1% 100 % 100 % 1% 100 % 100 % 100 % Tableau 5.3. Répartition des différentes catégories d’usagers par rapport à la ligne de TCSP Le tableau se lit: 72% des utilisateurs de la ligne B du métro de Toulouse sont des usagers TC dans le scénario de référence. Estimations tirées des dossiers de prise en considération par l’État (DPC), par comparaison à un scénario de référence. D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S Cette répartition n’a jamais été vérifiée, à notre connaissance, dans une étude d’évaluation a posteriori d’un TCSP aujourd’hui en service : il aurait fallu comparer des résultats après mise en service sur un TCSP, sur la base d’une enquête spécifique sur le réseau, avec une estimation de ce que serait la clientèle des transports publics à la même date sans projet. Toutefois, la Communauté Urbaine de Lille a réalisé des enquêtes lourdes avant/après la mise en service Déplacements Déplacements Déplacements sur le TCSP sur le TCSP sur le TCSP qui se seraient qui ne se qui se seraient effectués en seraient pas faits avec transports faits sans un autre urbains avec le TCSP : mode de ou sans Mobilité transport : le TCSP induite Report modal Ligne 1 du métro de Lille Mise en service 1983 puis 1984 Enquêtes réalisées en 1982, 1983 et 1984 49 % 14 % 37 % Ligne 2 du métro de Lille Mise en service avril 1988 Enquêtes réalisées en janvier 89 et janvier 90 52 % 11 % 37 % Prolongement de la ligne 2 de Lille à Mons (5 stations) Mise en service début 1995 Enquêtes réalisées en 1994 et 1995 65 % 9% 26 % Tableau 5.4. Répartition des différentes catégories d’usagers par rapport à la ligne de TCSP Résultats d’enquêtes, par comparaison avec la situation avant mise en service (moins d’un an entre les deux enquêtes). D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R de ses lignes de métro, qui permettent notamment de s’affranchir du problème de renouvellement annuel de la clientèle des transports publics et qui nous donnent un éclairage intéressant sur les résultats après mise en service 23 (voir tableau 5.4.). Les chiffres observés à Lille ne sont pas directement comparables aux estimations faites dans les DPC, puisqu’on a comparé une situation après mise en service par rapport à une situation avant mise en service, alors qu’il aurait fallu comparer la situation après mise en service avec une situation simulée à la même date, sans projet TCSP. Toutefois il ne s’est passé qu’une seule année entre les enquêtes avant et les enquêtes après, or l’évolution de clientèle naturelle d’un réseau qui ne bouge pas n’est généralement pas très importante d’une année sur l’autre. On pourra noter que les observations Lilloises rejoignent les prévisions sur l’estimation de la mobilité induite avec un ordre de grandeur de 10% de déplacements induits sur une ligne de TCSP. Par contre, les reports modaux qui apparaissent dans les enquêtes de Lille sont nettement supérieurs à ceux utilisés pour la prévision : 37 % pour les deux premières lignes de Lille, puis 26 % sur le prolongement de la ligne 2, contre 20 à 25 % seulement dans les estimations faites dans les DPC. L ’ É V A L U A T I O N D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S 47 5.4. Construction des échéanciers L’analyse économique d’un projet, demande qu’on examine toutes les dépenses générées, depuis la phase d’étude jusqu’à la fin de la durée de vie de l’investissement. On considérera que la phase d’études démarre à l’année de l’enquête d’utilité publique, puisque c’est à ce moment que le projet se fige. On prendra ainsi en compte uniquement les études réalisées après le dossier d’enquête publique. En ce qui concerne la durée de vie de l’investissement, il est plus difficile de donner une durée de vie prévisionnelle, puisque les différentes composantes de l’investissement n’ont pas toutes la même durée de vie. Ainsi, les rames de métro et de tramway ont une durée de vie de l’ordre de 30 ans, les tunnels de métro ou de tramway (comme à Strasbourg et Rouen) ont une durée de vie de l’ordre de 50 ans, les voiries ont une durée de vie de l’ordre de 30 ans, et les autobus, dans le cas de TCSP bus, ont une durée de vie de l’ordre de 10 à 15 ans maximum. Faut-il en conclure que Lille est un cas particulier, ou que les prévisions sont erronées? Dans ce contexte, nous recommandons de prendre en compte une durée de vie du projet de 30 ans, sachant qu’en cas de tunnels, il y aura une valeur résiduelle du tunnel à prendre en compte en fin de période (valeur de revente en fin de période), et que pour les TCSP bus il y a lieu de prendre en compte au moins un renouvellement complet des autobus, voire deux. Aucune conclusion n’est possible en l’absence de données sur d’autres modes et d’autres agglomérations. Nous ne pouvons donc que recommander aux autorités organisatrices des autres agglomérations françaises de réaliser des enquêtes similaires à celles de Lille pour améliorer la connaissance 24. Il s’agit ensuite de calculer annuellement, pour le scénario de référence, le projet et les scénarios alternatifs, les dépenses et les recettes, pour chaque élément du bilan coûts / avantages, c’est - à - dire : les coûts d’investissement, les coûts d’exploitation du réseau de transports publics, les recettes globales Concernant 23 la méthodologie d’enquête, le lecteur pourra se reporter au document Évaluation des TCSP, Indicateurs transport pour l’analyse et le suivi des opérations, [Certu 1997], p. 48-56. Évaluation des TCSP, 24 Indicateurs transport pour l’analyse et le suivi des opérations, op. cit. 48 D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N sur le réseau, les avantages des usagers (coûts généralisés de déplacements) et les effets externes (principalement impacts sur l’environnement). Ces coûts sont des coûts hors taxes. Les années comprises entre l’année de l’enquête publique et la mise en service du projet doivent être regardées individuellement pour ce qui concerne les études, les travaux et les impacts sur les coûts d’exploitation. Pour les années suivantes, on fera une estimation de la clientèle et des différents coûts sur quatre horizons, les autres années étant obtenues par extrapolation linéaire. Nous recommandons de prendre comme horizons: • l’année de mise en service; • la cinquième année de service, une fois passé l’effet «montée en charge du trafic sur le TCSP»; Coûts actualisés des investissements Année enquête d’utilité publique …… - 3 ans - 2 ans - 1 an Année avant la mise en service 1 re année 2 e année … Coûts actualisés d’exploitation du réseau de transports publics Aménagements de priorité pour les autobus de l’axe du TCSP: couloirs bus, priorités aux feux, etc. permettant de maintenir la qualité de service sur l’axe du Projet (vitesse commerciale constante) Augmentation des coûts d’exploitation inhérents à l’objectif de ne pas augmenter la surcharge des lignes sur l’axe du Projet, tout en tenant compte de l’évolution naturelle de la demande (maintien d’un taux de charge moyen identique) Coûts année par année Coûts année par année … … D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S • la quinzième année de service pour les tramways et métros, qui correspond à la rénovation à mi-vie des rames . Pour les TCSP bus on pourra choisir les années de renouvellement des autobus; • la trentième année de service, dernière année de vie de l’investissement. Toutes ces données sont actualisées, au taux d’actualisation du Plan (8 %) en prenant comme année zéro de référence l’année précédent la mise en service. On pourra ainsi dresser les tableaux suivants: Pour le scénario de référence : Recettes globales Avantages actualisées Effets externes, sur le réseau, impact sur année après l’environnement année Coûts actualisés Coefficient d’actualisation à appliquer à chacun de ces coûts Estimation des recettes en conséquence x 1/(1+a) -DUP … x 1/(1+a) -3 x 1/(1+a) -2 x 1/(1+a) -1 Année zéro pas d’actualisation x 1/(1+a) x 1/(1+a) 2 … … … 29 année x 1/(1+a) 29 30 année x 1/(1+a) 30 e e Total actualisé Tableau 5.5. Présentation année par année des coûts pour le scénario de référence (a: taux d’actualisation du Plan, 8%) D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N Pour le scénario Projet et pour les scénarios alternatifs : Ce tableau comporte une colonne supplémentaire par rapport au tableau de la situation de référence, Coûts actualisés des investissements Année enquête d’utilité publique …… - 2 ans - 1 an Année avant avant mise la miselaen service 1 re année 2 e année 3 e année … 10 e année 11 e année 12 e année … 15 e année … 20 e année 21 e année 22 e année 23 e année … 30 e année À partir de l’année enquête publique, jusqu’à l’année de mise en service voire un peu après si la mise en service Projet a lieu (vitesse en fincommerciale d’année Coûts actualisés d’exploitation du réseau de transports publics … Rénovation à mi-vie pour les tramways et métros … Deuxième renouvellement des bus ou rénovations lourdes … Valeur résiduelle des tunnels D I F F É R E N T S I M P A C T S 49 il s’agit des gains de coûts généralisés de déplacements, car ceux - ci ne se calculent pas dans l’absolu, mais par différence avec le scénario de référence. Recettes globales Avantages - Coûts actualisés Coefficient actualisées Gains de coût généralisé Effets d’actualisation sur le réseau, des déplacements externes, à appliquer année après des usagers impacts sur à chacun année des différents modes l’environnement de ces coûts Évolution naturelle du réseau avant mise en service Y compris gêne liée aux travaux du Projet x 1/(1+a) -DUP … x 1/(1+a) -2 x 1/(1+a) -1 Année zéro pas Réseau restructuré après mise en service, y compris évolution de la demande … Premier renouvellement des bus si TCSP bus … D E S … … … … x 1/(1+a) 10 x 1/(1+a) 11 x 1/(1+a) 12 … … … … … … … … … … … … … Total actualisé Tableau 5.6. Présentation année par année des coûts pour le scénario de projet (a: taux d’actualisation du Plan, 8%) Pas d’actualisation x 1/(1+a) x 1/(1+a) 2 x 1/(1+a) 3 … x 1/(1+a) 20 x 1/(1+a) 21 x 1/(1+a) 22 x 1/(1+a) 23 … x 1/(1+a) 30 50 D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N 5.5. Structure des coûts : investissement, exploitation et recettes 5.5.1. Présentation des coûts d’investissement Le Certu a tenté à plusieurs reprises de comparer les coûts d’investissement de divers projets de TCSP. Il s’est heurté à chaque fois au problème de la décomposition des coûts qui n’était pas la même selon les agglomérations et rendait donc la comparaison quasiment impossible. C’est pourquoi, nous préconisons de décomposer les coûts d’investissement selon le découpage en 19 postes présenté ci-dessous, qui est basé sur la proposition formulée dans l'annexe 4 du document Évaluation des transports en commun en site propre, indicateurs transport pour l'analyse et le suivi des opérations, [Certu 1997]. Cette décomposition est développée en annexe 3 du présent document. 25 Les éléments présentés sont issus de l'annexe 5 sur les coûts d'exploitation des TCSP du document: Évaluation des transports en commun en site propre, Indicateurs transport pour l’analyse et le suivi des opérations, [Certu 1997]. I II III IV V VI VII VIII IX X XI XII XIII XIV XV XVI XVII XVIII XIX Études d’avant projet/projet Maîtrise d'ouvrage Maîtrise d’œuvre de travaux Acquisitions foncières et libération des emprises Déviation de réseaux Travaux préparatoires Ouvrages d'art Plate-forme Voie spécifique des systèmes ferrés et guidés Revêtement du site propre Voirie (hors site propre) et espaces publics Équipements urbains Signalisation Stations Alimentation en énergie de traction Courants faibles et PCC Dépôt Matériel roulant Opérations induites: Opérations de voirie et de stationnement Opérations architecturales et urbaines Opérations de transport collectif D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S 5.5.2. Estimation des coûts d’exploitation 25 De manière à mieux comprendre comment sont calculés les coûts d’exploitation dans la situation de référence et dans la situation avec projet TCSP, il apparaît nécessaire de fournir une décomposition précise du coût d’exploitation, en distinguant les frais de personnel, les frais de fonctionnement du matériel roulant (énergie, maintenance) et les frais de structure. Nous recommandons, pour estimer les coûts d’exploitation du nouveau réseau de transports publics, de suivre la méthodologie suivante, qui repose sur deux principes : • isoler les coûts directement liés à l'exploitation proprement dite des différents systèmes de transports collectifs (bus, tramway, métro,…) des frais généraux et charges de structure (structures de direction de l'entreprise exploitante, structures administratives des services assurant l'exploitation et l'entretien du réseau de transports collectifs, tâches d'études et activités marketing,…); • classer les coûts par nature. Nature des coûts d'exploitation Montant en € HT Frais généraux et charges de structure (montant global) Par type de système (bus, tramway, métro): coûts directement liés à l'exploitation (montant global), en distinguant les catégories suivantes: - frais de personnel; - dépenses d'énergie; - sous-traitances, services extérieurs; - autres achats Données sur le matériel roulant (par type de véhicules) - parc; - nombre de rames * km annuels; - coût d'exploitation à la rame * km (hors frais de structure) Tableau 5.7. Présentation des coûts d’exploitation par nature D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S 51 Les impôts et taxes, les amortissements de toute nature, les «grosses réparations» (comptabilisées dans les coûts d'investissements) doivent être exclus du champ des coûts d'exploitation. organisatrices et exploitants des transports collectifs urbains, en prenant en compte les objectifs de gains de productivité du réseau de transports en commun. À titre d'information, le rapport devra fournir une comparaison des coûts d’exploitation à la rame * km utilisés pour le calcul économique avec ceux indiqués dans les contrats passés entre autorités Enfin, il conviendra de vérifier que les coûts d'exploitation à la rame * km sont bien compris dans la fourchette des coûts observés sur les réseaux français (voir tableau ci après). Ordres de grandeur des coûts d'exploitation des différents systèmes de transports collectifs en 1998 26 Il s'agit de coûts hors taxes, hors amortissement 27, hors frais généraux et de structure 28, qui représentent donc 75 % à 80 % des coûts réels d’exploitation. Le tableau ci - dessous fournit des ordres de grandeur des coûts d'exploitation selon le système de transports collectifs considéré. Outre le coût total, il est intéressant d’analyser différents ratios qui permettent de mieux prendre en compte les qualités respectives de chaque système : • le coût ramené à la rame * kilomètre est un indicateur qui reflète la qualité de l’offre en termes de fréquence, c’est le «prix de la fréquence»; • le coût ramené à la place kilométrique offerte, est l’indicateur de la quantité d’offre; • le coût ramené au voyageur transporté traduit l’adéquation entre l’offre et la demande, c’est un indicateur d’efficacité du système par rapport au service rendu ; • enfin, le coût ramené à la longueur de la ligne reflète le prix de la couverture géographique. en € Coût par rame * km Coût pour 100 PKO Coût par voyage Coût par km de ligne Par ailleurs, il ne faut pas négliger certains paramètres liés au contexte local dans lequel s'inscrit le système de transports collectifs, et qui peuvent modifier de manière importante les coûts d'exploitation : • le profil en long de la ligne: les kilométrages de ligne en souterrain, en viaduc ou au sol influencent directement les coûts; • les caractéristiques des stations: profondeur, taille, accessibilité, qualité du second œuvre; • le tracé de la ligne, qui influe sur la vitesse commerciale et sur l'entretien de l'infrastructure; • les priorités accordées au système TC dans la circulation générale; • le choix du système de péage; • la présence humaine dans les stations, aux arrêts. Métro classique VAL Tramway Bus 6,9 à 9,1 € 3,4 à 3,8 € 3 à 3,7 € 1,7 à 2,1 € 1,7 à 2 € 2 à 2,3 € 1,8 à 2,1 € 1,7 à 2 € 0,26 à 0,43 € 0,38 à 0,46 € 0,24 à 0,3 € 0,53 à 0,69 € 990 000 à 1140 000 € 760 000 à 840 000 € 300 000 à 430 000 € 40 000 à 70000 € Encadré 5.3. Ordres de grandeur des coûts d’exploitation des différents systèmes de transports collectifs en 1998 Les éléments 26 présentés ci-dessous sont issus de trois études réalisées par le CETE Nord-Picardie pour le compte du Certu: Coûts d'exploitation des métros de province (mars 1989), Étude sur les coûts d'exploitation des tramways (juin 1995), Coûts d'exploitation des autobus (octobre 1998, avec la collaboration de l'ensemble des CETE). Pris en compte 27 dans les coûts d'investissements dans le présent document. Liés essentiellement 28 aux caractéristiques des entreprises exploitantes des réseaux de transports collectifs urbains. 52 D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N Comme nous l’avons souligné dans le tableau précédent, le coût d’exploitation d’une ligne de transports collectifs dépend de nombreux paramètres. Dans un contexte équivalent (ce qui n’est jamais vraiment le cas dans la réalité), on peut considérer que lorsque le coût d’exploitation d’une ligne de métro classique vaut 100, le coût d’exploitation d’une ligne de VAL vaut 75, le coût d’exploitation d’une ligne de tramway entièrement en surface vaut 30, et le coût d’exploitation d’une ligne de bus vaut 5. Mais les niveaux d’offre et de qualité de service sont bien évidemment très différents. Les coûts ramenés à la place kilométrique offerte sont très voisins pour les quatre modes. Cela montre bien qu’un des facteurs essentiels du choix du mode est le volume de la demande que l’on veut satisfaire (adéquation de l’offre à la demande). Le coût ramené au voyage traduit en partie cette adéquation; le VAL a un coût au voyage supérieur à ceux d’un métro ou d’un tramway, mais apporte une meilleure qualité de service (vitesse commerciale et fréquence élevées). Pour ce ratio, le coût élevé observé pour l’autobus est en grande partie lié au fait que ce coût correspond à la moyenne sur l’ensemble d’un réseau alors que pour les TCSP, le coût correspond à une ou deux lignes à fort trafic par définition. Sur les meilleures lignes d’autobus, le ratio doit être bien plus proche de ce qu’on observe pour les autres modes. Enfin, le ratio coût ramené à la rame kilomètre montre bien la qualité essentielle du VAL par rapport au métro classique: les fréquences élevées qu’il permet d’assurer. Rappelons également ici l'importance de la restructuration du réseau de bus dans l'analyse du projet ; le poste coût d'exploitation dépend bien sûr de cette restructuration. D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S 5.5.3. Estimation des recettes Contrairement aux coûts d’exploitation et aux coûts d’investissement, il est beaucoup plus délicat d’estimer les recettes d’exploitation que va procurer la mise en service d’un TCSP. En effet, elles dépendent à la fois de la fréquentation future du réseau de transports publics mais aussi de la recette moyenne par déplacements, et donc de l’estimation de la clientèle et de l’évolution de la politique tarifaire. L’estimation de la clientèle a été abordée précédemment. En ce qui concerne l’estimation de la recette moyenne par déplacements, il conviendra de décrire précisément l’évolution de la politique tarifaire. En effet, la mise en place d’un TCSP est souvent l’occasion pour l’autorité organisatrice des transports publics, de modifier sa politique tarifaire: • parce qu’elle en profite pour changer son système de validation des titres de transport avec la mise en place de la billettique : exemples de Rouen avec la première ligne du Métrobus, Toulouse avec la ligne A du Val,…; • parce qu’elle met en place une tarification intégrée avec d’autres services de transports publics : les autocars interurbains, le fer,… ; • dans le souci de simplifier sa gamme tarifaire, ou de favoriser certains types de clientèles. La récente loi sur la solidarité et le renouvellement urbain demande d’ailleurs aux autorités organisatrices de favoriser l'utilisation des transports collectifs par les familles et les groupes. Or la modification de la grille tarifaire peut entraîner des glissements de clientèle d’un titre de transport vers un autre titre : exemple le plus courant, d’un abonnement vers le carnet de 10 tickets ou l’inverse. D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R Il sera donc très important de décrire et de différencier les hypothèses prises en compte concernant les évolutions tarifaires dans le scénario de référence et dans le scénario du projet, afin d’estimer correctement l’évolution de la recette moyenne par déplacements en transports publics entre le scénario de référence et le scénario avec le projet TCSP. S’il est envisagé une modification profonde de la grille tarifaire, nous recommandons de l’intégrer de la même façon dans tous les scénarios, sauf le scénario de référence. Par contre s’il s’agit d’une modification légère, on considérera que la tarification est la même dans tous les scénarios, y compris le scénario de référence. 5.6. Le calcul des avantages des usagers des différents modes Les modèles de déplacements permettent d'avoir une description complète des flux de déplacements ainsi que des vitesses et temps de parcours par modes de transports sur le réseau, à la fois pour le scénario de référence et pour les différents scénarios d'offre TCSP étudiés. L’évaluation des avantages des usagers du réseau de transports en commun se fait alors en deux temps: • le calcul des coûts généralisés de déplacements, qui doivent prendre en compte l'équivalent monétaire des temps de déplacements et le coût monétaire pour l'usager, suivant les différentes configurations d'offre; • l'évaluation du service rendu aux usagers par le projet, qui est classiquement évalué par le surplus économique des usagers. En théorie, celui-ci doit être calculé en tenant compte des différentes réactions possibles des usagers face à une modification de l'offre de transports : changement d'itinéraire, changement de mode de transports, changement de destination, changement de tranche horaire, modification des choix de localisation. L ’ É V A L U A T I O N D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S 53 5.6.1. La méthode de calcul du surplus des usagers des différents modes de transport Le surplus économique des usagers des différents modes de déplacements doit être calculé à partir des coûts généralisés de déplacements. Il est donc primordial d’avoir pu calculer, à partir du ou des modèles de trafic, et pour chaque origine-destination le coût généralisé des types d’usagers suivants: • les usagers des transports publics, qui sont sur le réseau de transports publics dans le scénario de référence et dans le scénario TCSP, nous les appellerons par la suite les usagers TC de référence ; • les usagers du réseau de transports publics du scénario TCSP qui ne se déplacent pas dans le scénario de référence, et qu’on désignera par mobilité induite ; • les usagers du réseau de transport public du scénario TCSP qui se déplaçaient dans le scénario de référence, avec un autre mode de transport: voiture, deux roues, marche, c’est ce qu’on appelle le transfert modal ; • les usagers de la voiture dans le scénario de référence et dans le scénario TCSP, nous les appellerons par la suite les usagers VP de référence, il en va de même pour les usagers des deux roues et de la marche; • les usagers VP du scénario TCSP qui ne se déplacent pas dans le scénario de référence et qu’on désignera par mobilité VP induite. Les coûts généralisés de déplacements de ces usagers sont alors calculés sur chaque origine destination, et si possible selon le motif de déplacement (professionnel, domicile - travail et autres) et l’horaire du déplacement, selon la formule suivante : 54 D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N D I F F É R E N T S I M P A C T S déplacement multiplié par la valeur tutélaire du temps, pour chaque origine destination et si possible, selon les motifs professionnel, domicile travail et autres. C ijkm = ν m x τ ijkm + γijkm C ijkm = coût généralisé de i à j pour le type d'usagers k et pour le motif m de déplacement. νm = valeur du temps pour le motif m de déplacement. τ ijkm = temps de déplacements réel de i à j pour le type d'usagers k et pour le motif m de déplacement. γijkm = coût monétaire du déplacement de i à j le type d'usagers k et pour le motif m de déplacement. Ensuite, le surplus économique de chaque type d'usagers peut être calculé en utilisant la méthode d’approximation linéaire de la demande Le surplus des usagers TC de référence est égal à la somme des gains de coût généralisé de Calcul du surplus des usagers TC de référence et des mobilités induites Coût généralisé du déplacement TC On raisonne sur une courbe d’offre de déplacements qui détermine pour un réseau de transports en commun, les coûts généralisés de déplacement C en fonction du trafic supporté N, C = C (N). À chaque niveau d’équipement correspond une courbe d’offre. Surplus des usagers lié à une baisse du coût généralisé du déplacement sur une origine-destination donnée D E S Le surplus des mobilités induites, est plus délicat à estimer, puisque ces personnes ne faisaient pas ce déplacement avant le TCSP. En fait, tout se passe pour ces usagers comme si leur gain de temps était la moitié du gain de temps des usagers TC de référence (voir encadré 5.4.) Le surplus des autres catégories d’individus : usagers VP de référence et transfert modal, se calcule comme celui des usagers TC de référence, par différence des coûts généralisés. Il suppose que les gains de coûts généralisés ont bien pu être calculés par un modèle sur chaque origine destination et pour tous les modes. La courbe de demande de déplacements pour un type d’offre donné définit alors pour tout couple origine – destination un nombre de déplacements en fonction du coût généralisé N = N(C), toutes choses étant égales par ailleurs. Nous faisons implicitement l’hypothèse que les usagers ne se déplacent que si leur surplus individuel est positif, ce qui sous - entend que s’ils ne se déplacent pas, leur utilité est nulle. Surplus des usagers TC de référence Courbe d’offre dans le scénario de référence Courbe d’offre dans le scénario de projet C0 C1 Surplus des mobilités induites N0 N1 Nombre de déplacements TC pour une O / D donnée D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N La variation - positive - de surplus des usagers empruntant l'offre de transports dans la situation avec projet (1) par rapport à la situation de référence (0) est égale à: D I F F É R E N T S I M P A C T S 55 Le surplus est la somme de deux termes: • le premier terme peut être interprété comme la variation de surplus global des usagers TC de référence N 0 du réseau de transports (c'est - à - dire ceux de la «situation de référence»); • le deuxième terme peut être interprété comme la variation de surplus des mobilités induites (N 1 - N 0) du réseau de transports publics. En moyenne, tout se passe comme si le gain de temps des usagers ayant un accroissement de mobilité était diminué d’un facteur _ par rapport au gain de temps des usagers TC de référence. C1 S = − ∫ N (c)dC C0 Soit, en linéarisant la courbe de demande, une valeur approchée égale à : S = N 0 × (C 0 − C1)+ (N 1 − N 0 )× D E S (C 0 − C1) 2 Encadré 5.4. Calcul du surplus des usagers TC de référence et des mobilités induites 5.6.2. Les limites au calcul des gains Le calcul des temps généralisés de déplacement des usagers, prend théoriquement en compte toute la chaîne de déplacements de l’usager, depuis son point de départ jusqu’à son point d’arrivée, et peut attribuer des coefficients de pénalités en fonction de la pénibilité de certains déplacements (correspondance, attente, etc.). En général, le service rendu aux usagers, valorisé sous forme de gains de temps et de décongestion de la voirie existante, représente l’essentiel des bénéfices économiques que l’on peut attendre d’un projet de transport en milieu urbain. Or, les études actuelles traitent souvent mal les effets liés: • au trafic induit 29 : comment bien prendre en compte un déplacement qui n’était pas effectué par l’agent économique considéré, que ce soit en transports en commun ou par un autre mode de transport? • au renouvellement important de la clientèle des transports en commun, en général à chaque rentrée scolaire, notamment du fait des modifications du cycle de vie des individus. La notion de clients du réseau de transports collectifs en situation comparable 30 des recueils de données effectués à Nancy, Lyon et Marseille conduit au constat suivant: de coût généralisé de déplacement Le cycle de vie joue un rôle important dans l'utilisation des transports collectifs urbains (changement de statut, de catégorie socioprofessionnelle, de lieu de domicile, de travail, d'école, événements familiaux,…). Sur la base d'une définition restrictive de la notion de «situation comparable» avant et après mise en service d'un TCSP (pas de changement du lieu de domicile, ni du lieu de travail ou d'école), l'examen Période d'observation % des déplacements réalisés par des usagers en situation non comparable Nancy 2 ans 36 % Marseille 1 an 23 % 6 mois 15 % Lyon Le pourcentage d'usagers en situation non comparable est important et augmente nettement avec la période d'observation avant / après. Encadré 5.5. La notion de clients du réseau de transports collectifs en situation comparable Y compris le trafic 29 induit sur les infrastructures routières existantes suite au trafic reporté sur la ligne TCSP ou sur la voirie nouvelle. Voir à titre d’exemple les résultats des études de suivi du métro lillois sur la circulation automobile: Les transports collectifs dans la communauté urbaine de Lille, Étude d’impact de la ligne n°1 du métro sur la circulation: enquête après mise en service du 2 e tronçon (novembre décembre 1984), CUDL, Lille, mars 1986. Extrait de l’annexe 1 30 du rapport Évaluation des transports en commun en site propre, Indicateurs transport pour l’analyse et le suivi des opérations, [Certu 1997]. 56 D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N D’autre part, on sait que du fait de la relative stabilité des budgets temps des usagers au niveau d’une agglomération, les gains de temps effectifs à la mise en service sont progressivement convertis en gains d’accessibilité, gains de valeur foncière, parce que les ménages choisissent d’habiter plus loin de leur destination ou parce que le bien foncier prend de la valeur, etc. Ainsi un gain de temps pourra être annulé par un allongement des distances parcourues ou par un loyer plus élevé. D I F F É R E N T S I M P A C T S d’accessibilité en moins de 30 minutes à tel pôle de l’agglomération – voir à ce sujet l’analyse géographique au § 5.9.). Pour autant toute analyse d’accessibilité n’est pas à exclure. En effet, montrer les conséquences du projet en termes d’accessibilité, sous forme de cartes est très parlant (par exemple: évolution des cartes Les dossiers que nous avons étudiés, prennent en compte des gains de décongestion de la voirie, en partant du principe que les usagers qui se sont reportés de la voiture vers le TCSP ont libéré de l’espace sur la voirie. La méthode utilisée s’est révélée à l’usage une simplification abusive par rapport au calcul détaillé des coûts généralisés de déplacements avec un modèle multimodal. Elle consiste à évaluer le bénéfice que retirent les automobilistes restant sur le réseau routier, lorsque certains d'entre eux se reportent sur le réseau de transports publics suite à la réalisation d'un projet de TCSP. Les coefficients appliqués pour le calcul des gains de décongestion de la voirie proviennent du rapport HAUTREUX qui date de 1969 et supposait une vitesse de circulation sur voirie congestionnée de 15 km / h. Ils sont simplement réajustés à l’inflation monétaire. Cette méthode nous paraît trop simpliste. Exemple : quelques résultats des études d'impact de la ligne n° 1 de métro lillois sur la circulation automobile 31 pour le trafic en heures de pointe du matin et du soir et entre les années 1981 et 1984 pour le trafic moyen journalier. La ligne 1 du métro de Lille a été mise en service en 1983 pour sa première phase. Sur chacun des points pris isolément, les variations de trafic sont très faibles (moins de 5%) et en général inférieures à l'imprécision de la mesure. La totalisation des débits sur l'ensemble des 60 points d'entrée/ sortie donne le tableau suivant (en unités de véhicules particuliers - UVP) : Pour ne pas faire de doubles comptes, nous préconisons donc de ne prendre en compte dans le calcul économique que les variations de coûts généralisés de déplacements. Si les variations de coûts généralisés de déplacements sont effectuées pour tous les modes, elles prennent en compte les variations d’accessibilité et les variations de décongestion. 31 Résultats extraits du document suivant: Les transports collectifs dans la communauté urbaine de Lille, Étude d'impact de la ligne n°1 du métro sur la circulation: enquête après mise en service du 2 e tronçon (novembre décembre 1984), communauté urbaine de Lille, Lille, mars 1986. D E S L'évolution du trafic automobile aux 60 points d'entrée/sortie de Lille intra-muros enquêtés a pu être dressée entre les années 1978, 1981 et 1984 Heure de pointe du matin Heure de pointe du soir 1978 1981 1984 Entrée de Lille 28 050 26 500 26 100 Sortie de Lille 17 100 17 600 16 500 1978 1981 1984 19 400 19 600 19 000 26 050 26 000 25 100 D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N Par ailleurs, des enquêtes ont été réalisées sur trois lignes écran sécantes à la ligne de métro n° 1, avec pour objectif d'appréhender l'éventuel transfert modal de déplacements automobiles parallèles à l'axe du métro sur cette nouvelle infrastructure. Trafic automobile vers Lille Trafic MJO Évolution annuelle D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S 57 Sur la ligne écran qui appréhende les échanges entre Lille et la ville nouvelle de Villeneuve d'Ascq (y compris le poste de l'autoroute A1 - A27), 10 postes de comptage automatique ont été installés et ont permis d'obtenir des données trafic jour moyen ouvrable sur une semaine en novembre 1982, 1983 et 1984 : Trafic automobile sortie de Lille Trafic MJO Évolution annuelle 1982 58 619 59 921 1983 60 591 + 3,4% 60 229 + 0,5% 1984 63 114 + 4,2% 63 666 + 5,7% En conclusion, il apparaît difficile de mettre en évidence les effets de la mise en service de la ligne n° 1 du métro lillois sur la circulation automobile. Cela est dû notamment au fait que les transferts modaux de conducteurs de voitures particulières mis en évidence dans les enquêtes auprès des utilisateurs du métro (environ 37 % du trafic de la ligne 32), importants au regard du trafic du métro ou même du stationnement en zone centrale, restent, en volume, marginaux par rapport à l'ensemble du trafic de l'agglomération. De plus, rien n'indique que ces transferts modaux se traduisent par une diminution de l'usage de la voiture. Encadré 5.6. Quelques résultats des études d’impact de la ligne n° 1 de métro lillois sur la circulation automobile 5.6.3. Des valeurs du temps tutélaires pour le calcul économique Pour valoriser les gains de temps des différents usagers dans le calcul économique, nous préconisons de suivre les recommandations du rapport BOITEUX de 2001 [Commissariat Général du Plan 2001] et d’appliquer une valeur tutélaire du temps, c’est-àdire une valeur fixée par la puissance publique comme représentative des préférences collectives. Il nous paraît souhaitable de ne pas différencier des catégories d’individus, comme cela peut être fait dans les modèles qui peuvent par exemple affecter des valeurs du temps en fonction de la catégorie socioprofessionnelle. En effet, l’utilisation de valeurs du temps plus élevées pour des catégories socioprofessionnelles élevées, pourrait conduire à favoriser tout projet se situant dans les quartiers d’habitat de ces catégories, au détriment des populations moins favorisées qui utilisent plus les transports publics par exemple. Pour autant, des valeurs du temps tutélaires différentes peuvent être appliquées en fonction du motif de déplacement, essentiellement en distinguant les motifs professionnels pris en charge par l’employeur et les motifs personnels (domicile - travail et autres). Source: 32 Communauté urbaine de Lille. 58 D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N Les recommandations du rapport BOITEUX sont les suivantes : % du coût salarial % du salaire brut Coût horaire pour la Province, en euros 1998 Déplacement professionnel 61 % 85 % 10,5 € Déplacement domicile-travail 55 % 77 % 9,5 € Autres déplacements (achat, loisir, tourisme, etc.) 30 % 42 % 5,2 € Lorsqu’on ne dispose pas du détail des trafics par motifs, prendre une valeur moyenne pour tous les déplacements 42 % 59 % 7,2 € Motif de déplacement Tableau 5.8. Valeurs du temps par voyageur à appliquer dans l’évaluation des gains de temps en milieu urbain Ces valeurs sont indexées sur la consommation des ménages par tête, avec un élasticité de 0,7 33. 33 À titre d’exemple, nous présentons le calcul des valeurs 2000. L’INSEE indique que la consommation des ménages par tête est passée de 77 351 F98/habitant en 1998 à 82 258 F2000/habitant en 2000, soit une augmentation en volume-prix annuelle de 3,12%. On applique donc une augmentation annuelle de 0,7 x 3,12 = 2,18%. Partant d’une valeur tous motifs de 7,2 €98/h en 1998, on aboutit à 7,2 x 1,02182= 7,52 €2000/h en 2000. Voir également la note de bas de page n°34. Par ailleurs, le rapport BOITEUX de 2001 recommande d’introduire des coefficients de pénibilité à appliquer à certaines composantes de temps de parcours: • un coefficient de 1,5 pour les situation de congestion dans les transports collectifs (trajet debout ou dans des véhicules très chargés); • un coefficient de 2 pour les temps d’accès à pied, d’attente et de correspondance. 5.6.4. Analyse de la répartition des gains de temps Globalement, l’évaluation des gains de temps telle qu’elle est pratiquée sous forme d’un indicateur agrégé unique apparaît comme un approche réductrice en milieu urbain, négligeant la diversité des situations. Il peut donc être utile d’apporter un éclairage supplémentaire sur la répartition des gains de temps. D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S Par exemple, en simplifiant, la méthode d’agrégation des temps de déplacements gagnés par chaque usager, qu’ils soient des usagers des TCSP ou des usagers de la voiture conduit à accorder la même valeur monétaire de surplus global à 1 000 usagers gagnant 3 minutes et à 10 usagers gagnant 300 minutes. La question se pose alors de savoir s’il faut prendre en compte tous les gains de temps ou supposer les petits gains inefficaces (ceux de moins de x minutes). Par exemple, le constat a été fait dans des évaluations allemandes (sur des projets interurbains) que 30% des gains de temps étaient trop faibles pour influencer le comportement des usagers. Les allemands ont alors choisi de réduire de 30 % la valeur du temps pour des motifs autres que le travail ! Nous ne préconisons pas une telle approche, dans cet ouvrage, tous les gains de temps sont pris en compte. Mais à défaut de pouvoir régler cette difficulté, il apparaît important d’apporter des précisions sur la distribution des gains de temps de déplacements. Certains dossiers d’évaluation socio-économique de projets TCSP présentent ainsi un histogramme des variations de temps de déplacements avant–après mise en service. Le graphique ci-contre montre que les gains de temps inférieurs ou égaux à 2 minutes représentent 16 % environ du total des gains de temps, ceux inférieurs ou égaux à 3 minutes, environ 26%. D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N Exemple : le dossier d'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique du prolongement de la ligne B de métro de Lyon entre les stations Jean Macé et Square Galtier D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S 59 Les données ci-dessous sont issues du modèle de prévision de trafic pour les «usagers de référence» des transports en commun. Il s'agit d'une comparaison des temps de parcours avant/après réalisation du prolongement de la ligne B. Répartition des gains de temps des usagers actuels 1800 Effectif annuel en milliers 1600 1400 1200 1000 800 600 400 200 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Gains de temps en minutes Encadré 5.7. Le dossier d’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique du prolongement de la ligne B de métro de Lyon Le graphique ci-dessus montre que les gains de temps inférieurs ou égaux à 2 minutes représentent 16 % environ du total des gains de temps, ceux inférieurs ou égaux à 3 minutes, environ 26%. 5.7. Les effets environnementaux Les impacts sur l'environnement d'un projet de transports concernent à la fois les nuisances liées à la présence physique des infrastructures et les effets liés au trafic supporté: • impacts sur l’environnement causés par les infrastructures de transports elles - mêmes : paysages, coupures urbaines, consommation d’espace,… • impacts liés à l’exploitation de l’infrastructure: accidents, bruit, pollution de l’eau, pollution de l’air, consommation d’énergie,… Dans la pratique, le calcul économique prend en compte les effets environnementaux à travers une valorisation de type tutélaire: les valeurs retenues sont une traduction, en unité de compte monétaire, des priorités que la puissance publique veut accorder au problème, compte tenu des valeurs représentatives des comportements. Les connaissances scientifiques ne permettent pas aujourd’hui de déterminer de manière objective un coût collectif de ces effets externes 34. De manière générale, nous recommandons de suivre la méthodologie préconisée par le rapport BOITEUX de 2001 [Commissariat Général du Plan 2001]. 5.7.1. L’insécurité routière L’impact sur la sécurité est monétarisé par la prise en compte du coût des dommages, des soins Des recherches 34 sont en effet encore nécessaires pour mieux connaître la perception des nuisances sonores par les habitants, ou le coût social de la pollution atmosphérique. 60 D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N et traitements médicaux et de la valeur du « capital humain compensé», mais ne tient pas compte du coût de la douleur. Deux approches sont possibles et sont parfois présentées dans les documents de présentation des résultats de l’évaluation socio-économique que nous avons analysés: • une évaluation agrégée: c’est cette présentation qui est retenue pour le calcul économique, avec une évaluation globale, sous forme d’une estimation statistique sur longue période du nombre d’accidents globalement économisés par le transfert de la voiture (véhicules km) vers d’autres modes. Cette méthode prend en compte la difficulté de procéder à une évaluation globale du nombre d’accidents économisés à partir d’estimations désagrégées par tronçons de ligne TCSP. Par conséquent, le raisonnement est basé sur des niveaux de trafic, et non plus sur des types d’aménagements localisés. Sur la base de séries statistiques donnant un nombre total d’accidents par type d’infrastructure, il est procédé au calcul d’un ratio d’accidents par véhicules km, puis à une valorisation monétaire en fonction de la valeur retenue pour le coût du mort ou du blessé pour la collectivité. ; • une approche localisée. Cette approche présente des statistiques accidents sur l’agglomération, mettant en avant les problèmes de sécurité à des endroits précis et la réduction possible du nombre des accidents sur certains points particuliers dangereux, suite à la mise en place du projet. Cette approche, qui vise à répondre à la question: combien de morts va économiser le projet à tel endroit ? est particulièrement difficile à mettre en œuvre, dans la mesure où il s’agit d’un phénomène aléatoire et, qu’en milieu urbain, les configurations sont chaque fois très particulières. Par conséquent, en toute rigueur scientifique, il est impossible de prévoir exactement le nombre d’accidents que va susciter un aménagement particulier d’infrastructure. D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S Globalement, l’approche agrégée de la sécurité utilisée pour le calcul économique apparaît comme la plus opérationnelle et nous la recommandons. Toutefois, il convient de noter qu'elle conduit à une appréciation de la probabilité des accidents sur une longue période mais ne dit rien de leur éventualité dans le cas d’un projet d’aménagement spécifique. Par ailleurs, elle laisse de côté certains éléments importants: l’impact de l’insécurité ressentie dans les transports collectifs sur la fréquentation du réseau de transports, en particulier pour les voyages effectués en nocturne, la prise en compte des accroissements de mobilité et de leurs retombées sur les trajets annexes, par exemple, le trajet terminal effectué à pied à partir de la station de métro ou de tramway… Il faut toutefois noter que le nombre d’accidents dans lesquels les transports publics sont impliqués est généralement faible, même si la première année de mise en service d’une première ligne de tramway est généralement source d’accidents plus fréquents. D’autre part la gravité des accidents est elle aussi très faible, on a très rarement des morts dans les transports publics (exception faite des suicides bien entendu). À titre d’exemple, la comparaison faite dans l’observatoire des déplacements de l’agglomération lyonnaise entre l’usage des modes et le taux des victimes graves est éloquente. D E S R E C O M M A N D A T I O N S 1% 1% 31% 31% 0% P O U R Autres Piétons 14% L ’ É V A L U A T I O N D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S 61 Les valeurs unitaires des usagers des transports collectifs victimes d’accidents de la circulation sont les suivantes: • tué: 1 500 000 € ; • blessé grave: 225 000 € ; • blessé léger: 33 000 €. Transports en commun 40% Véhicules légers 53% Deux roues 28% 1% Usages Victimes graves Figure 5.2. Comparaison entre l’usage des modes et le taux de victimes graves dans les accidents dans le Grand Lyon en 1995. Source: Observatoire des déplacements dans l’agglomération lyonnaise. Situation de référence 1995. DDE du Rhône, Région Rhône-Alpes, Conseil général du Rhône, SYTRAL, Le Grand Lyon 5.7.2. Les nuisances sonores Les conditions de propagation du bruit diffèrent suivant les caractéristiques de l’infrastructure: profil en travers, position et dimension des obstacles sur lesquels se produisent des réflexions et des diffractions d’ondes sonores. En milieu urbain, ce sont la distance et les dimensions des bâtiments qui ont une influence sur la propagation des ondes sonores. Par ailleurs, le bruit émis par une infrastructure vient se superposer à de nombreuses autres sources qui composent l’image sonore d’une ville, d’un quartier… Enfin, l’examen des effets individuels (effets psychologiques, gêne apportée au sommeil,…) fait apparaître des résultats très dispersés d’un individu à l’autre. Pour les transports individuels, le Commissariat Général du Plan recommande d’adopter des valeurs plus faibles (voir les justifications données dans le rapport BOITEUX de 2001): • tué: 1 000 000 € ; • blessé grave: 150 000 € ; • blessé léger: 22 000 €. Ces valeurs seront indexées sur la consommation finale des ménages par tête. Encadré 5.8. Coûts unitaires des accidents selon le rapport Boiteux de 2001 [Commissariat Général du Plan 2001] Tous ces éléments contribuent à rendre complexe l’évaluation de la gêne due au bruit d’une infrastructure. Toutefois, il apparaît possible, compte tenu du développement de modules spécifiques de calcul des émissions de bruit couplés à des modèles de déplacements et à la description de l’environnement des voies, de déterminer l’étendue et l’intensité des nuisances sonores liées aux transports 35 et de les rapporter aux logements concernés. À partir des superficies de logements exposés à différents niveaux de bruit diurne et/ou nocturne (dans le scénario de référence et dans les autres scénarios), le rapport BOITEUX de 2001 propose d’estimer des dépréciations foncières et d’en déduire un coût du bruit imputable au projet de transport. En mettant en œuvre, 35 dans le cadre de l’application de l’arrêté du 30 mai 1996 , la note technique élaborée par le Certu et le Setra relative aux méthodes de calcul à mettre en œuvre pour le classement sonore des infrastructures de transports terrestres. 62 D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N Le coût unitaire du bruit est défini par la dépréciation des prix moyens de location par m 2 de surface occupée et exposée à des niveaux de bruit dépassant un seuil. Le loyer mensuel au m 2 du secteur locatif est publié par l’INSEE à l’échelle nationale. Il était de 5,49 € / m 2 en 1996 et doit être indexé sur le Exposition moyenne des logements en Leq dB(A) % dépréciation / dB diurne (6 h - 22 h) % dépréciation / dB nocturne (22 h - 6 h) D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S taux de croissance du PIB. Le rapport BOITEUX de 2001 exclut les distinctions de prix de loyer par zone géographique. Les pourcentages de dépréciations foncières retenus sont les suivants: 50-55 55-60 60-65 65-70 70-75 0% 0,4 % 0,8 % 0,9 % 1% 1,1 % 0,4 % 0,8 % 0,9 % 1% 1,1% 1,1 % C’est la dépréciation foncière maximale (diurne ou nocturne ) qui est systématiquement retenue. Pour tenir compte des effets sur la santé, mal appréhendés par la population, le coût du bruit est obtenu à partir des dépréciations foncières, majorées de 30 % au - dessus de 70 dB(A) jour et au - dessus de 65 dB(A) de nuit. Pour les espaces non habités (bâtiments publics et zones d’activité), on utilisera les mêmes valeurs que + de 75 pour les logements, en appliquant un coefficient supérieur à 1 pour les établissements réputés sensibles (établissements scolaires, de santé ou de soin) et un coefficient inférieur à 1 dans les autres cas. Ces coefficients ne sont pas précisés dans le rapport BOITEUX de 2001. À titre provisoire, nous suggérons un coefficient de 1,2 pour les établissements sensibles et de 0,8 dans les autres cas. Encadré 5.9. Monétarisation du bruit généré par une infrastructure selon le rapport Boiteux de 2001 [Commissariat Général du Plan 2001] 5.7.3. La pollution atmosphérique Impacts liés à la pollution atmosphérique Pour ce qui concerne l’évaluation de l'impact des infrastructures de transports sur la pollution atmosphérique, on considère deux types de pollution qui se caractérisent par la diversité de leur rayon d'actions: • la pollution locale : les hydrocarbures, l'oxyde de carbone, les particules ont une action très locale ; • la pollution régionale due aux oxydes d'azote et de soufre qui finissent, au gré des conditions météorologiques, par toucher les zones urbaines et par occasionner des dommages aux constructions et aux personnes. D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S 63 Les principaux polluants sont indiqués dans le tableau ci - dessous 36 : Polluant Rayon d’action Rémanence dans l’environnement Tendances des concentrations Effets sur la santé Estimation quantifiée des effets en France Fumées Noires Oxydes d'azote NO - NO 2 Ozone Plomb Dioxyde de soufre Monoxyde de carbone Local Régional Régional Local Régional Très local Balayé par les pluies Quelques heures Quelques heures Balayé par les pluies Quelques minutes + - = - - Irritation des bronches, effets cancérigènes, effets cardio-vasculaires Irritation des bronches Irritation et spasme des bronches Troubles respiratoires et sensoriels Oui Oui Oui Non - Irritation des yeux et Saturnisme des bronches, asthme Oui Non Tableau 5.9. Principaux polluants dans les transports Les effets de la mise en œuvre d’un TCSP sur la pollution atmosphérique doivent se faire par comparaison entre deux situations 37 : • une situation de référence; • la situation à la mise en service du TCSP. Les calculs doivent notamment intégrer les évolutions techniques prévisibles sur les parcs de véhicules (réduction des émissions de polluants par véhicule x km). Ces prévisions, faites avec l’aide de modules spécifiques de calcul couplés aux modèles de déplacements, doivent être faites sur une zone d’étude adaptée aux modifications liées à la mise en service du TCSP. En tenant compte du fait que la mise en service d’une ligne TCSP peut s’intégrer dans une modification plus globale du système de déplacements, dans le cadre d’un Plan de Déplacements Urbains, par exemple, la zone d’étude pourra être limitée à l’axe emprunté par le TCSP, en menant le calcul par tronçon, ou bien couvrir un périmètre plus étendu si la mise en service du TCSP modifie de manière conséquente la circulation autrement que sur l’axe considéré. Il est alors possible d’estimer pour les différents scénarios les émissions de polluants (oxydes d'azote, hydrocarbures et Composés Organiques Volatils COV, monoxyde de carbone, poussières) 38 à moyen et long terme pour tenir compte: • des évolutions de trafic (débit, vitesse); • de l’évolution du parc automobile. C’est sur la base de ces résultats, comparant les variations d’émissions polluantes entre les différents scénarios, de manière localisée, en menant le calcul par tronçon, et éventuellement globalement, que devrait s’effectuer la monétarisation des effets. Nous recommandons de dresser un tableau comparatif de l’évolution de la production des différents polluants pour chaque scénario, puis de quantifier le coût annuel lié à la pollution de l’air selon les recommandations du rapport BOITEUX de 2001 [Commissariat Général du Plan 2001]. Le tableau est tiré 36 de Transports urbains et calcul économique, Rapport du groupe de recherche équipement -économie constitué en février 95, ministère de l’Équipement, du Logement, des Transports et du Tourisme, ministère de l’Économie et des Finances, décembre 96. Voir annexe 8 37 relative à la pollution atmosphérique et à l’utilisation rationnelle de l’énergie du document Évaluation des transports en commun en site propre, Indicateurs transports pour l’analyse et le suivi des opérations, [Certu 1997]. La liste des polluants 38 sera actualisée en fonction des progrès réalisés dans la connaissance des effets sur la santé et des émissions unitaires des véhicules. 64 D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N Il s’agit d’estimer le nombre de véhicule.kilomètres effectués par des véhicules thermiques dans les Voiture D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S différents scénarios, puis de les valoriser selon le barème suivant (valeurs 2000): Urbain dense Urbain diffus Rase campagne 2,9 1,0 0,1 Bus 24,9 8,7 0,6 Train diesel 163,8 57,4 3,8 Valeurs 2000 des émissions de polluants (en € /100 véh.km) Le rapport BOITEUX de 2001 admet, à titre d’ordre de grandeur, que l’urbain dense s’étend au-delà d’une densité de population de 420 habitants/km 2 et la rase campagne en deçà d’une densité de 37 habitants/km 2. Le valeurs «rase campagne» seront donc rarement employées dans le cas d’un projet de TCSP (cas éventuel d’une ligne anticipant sur un projet d’urbanisation). De même, les valeurs «trains diesel» concernent 39 À titre d’exemple, une augmentation de la consommation des ménages par tête de 2,5%/an entre 2000 et 2010 (en €2000) conduirait, en 2010, à un coût unitaire (en €2000) pour les voitures en milieu urbain dense égal à: 2,9 x (1 – 0,094) 10 x 1,025 10 = 1,38 € / 100 véh.km. Avec une inflation des prix à la consommation des ménages de 2%/an, le même coût unitaire (mais en €2010) serait égal à 1,38 x 1,02 10 = 1,69 € /100 véh.km. 40 En première approximation, le rapport BOITEUX de 2001 estime que la consommation d’un litre de carburant émet 0,071 kg de carbone, qu’il s’agisse d’essence ou de diesel, ce qui conduit à la valeur de 7,1 € /100 litres de carburant. les cas éventuels où un tram-train vient remplacer, sur tout ou partie de la ligne, des trains diesel. Ces valeurs unitaires suivent la double évolution suivante : • d’une part une réduction de 9,4 % par an pour les voitures et de 6,5% par an pour les bus (progrès technologique); • d’autre part l’évolution de la consommation des ménages par tête 39. Encadré 5.10. Monétarisation de la pollution locale générée par une infrastructure selon le rapport BOITEUX de 2001 [Commissariat Général du Plan 2001] Impacts liés à l’effet de serre La pollution liée aux émissions de dioxyde de carbone (et d’autres gaz tels que les hydrofluorocarbures, le protoxyde d’azote,…) a des conséquences à l’échelle planétaire et à long terme (plusieurs années) ; elle est communément appelée effet de serre. Les conséquences de l’effet de serre sont encore mal connues ; il est donc difficile de procéder à leur valorisation. Pour appréhender ce problème, nous recommandons d’estimer, pour chaque scénario, la consommation d’énergie et la production de dioxyde de carbone ; enfin, le coût total annuel de l’effet de serre sera estimé en appliquant le rapport BOITEUX de 2001 [Commissariat Général du Plan 2001]. Il s’agit d’estimer les consommations de carburant dans les différents scénarios, puis de les valoriser sur une base de 7,1 € /100 litres de carburant (en €2000). Cette valeur ne correspond pas à un coût des dommages, mais au prix de la tonne de carbone (100 € /tonne de carbone 40) qui permettrait à la France de tenir les engagements pris dans les accords de Kyoto (dans l’hypothèse d’un recours progressif aux mécanismes de flexibilité à l’échelle internationale). La valeur de 7,1 € /100 l est valable pour la période 2000 - 2010 (en €2000). Au - delà de 2010, le rapport BOITEUX retient un taux de croissance de 3 % (en € constants). Encadré 5.11. Monétarisation des impacts liés à l’effet de serre selon le rapport BOITEUX 2001 D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R 5.8. Les autres analyses et effets à prendre en compte 5.8.1. Une amélioration des espaces publics à quantifier dès que cela est possible L’amélioration des espaces publics est un effet particulièrement sensible en milieu urbain, là où l’espace est une ressource rare donc chère. La difficulté rencontrée pour l’évaluation de cet impact tient à la définition de ce que l’on pourrait faire «d’autre» avec l’espace économisé. Dans les dossiers que nous avons étudiés, la consommation d’espace est prise en compte à travers les coûts liés au stationnement et à la décongestion de la voirie (du fait des transferts modaux estimés entre la voiture et les transports en commun), en appliquant un coefficient en euros / véhicule ou personne x km économisé. Nous considérons qu’il n’y a pas lieu de faire un calcul spécifique pour l’évaluation des gains monétaires liés aux phénomènes éventuels de décongestion de la voirie. Ces gains font partie intégrante de l'évaluation des avantages des différentes catégories d'usagers des transports dès lors qu’on a pu calculer les gains de temps des automobilistes à l’aide d’un modèle de trafic. Par contre, la mise en place d’un TCSP est souvent l’occasion pour la collectivité d’utiliser différemment l’espace public: l’amélioration du cadre de vie par l’aménagement de places publiques, la plantation d’arbres, la meilleure prise en compte des modes de proximité: itinéraires cyclables, élargissements de trottoirs…, l’amélioration des performances des transports en commun, les opérations d’urbanisme,… 41. Cet aspect a un poids de plus en plus important dans la décision de réaliser un TCSP, surtout lorsque celui - ci est réalisé en surface, ce qui est le cas de la majorité des projets actuels. L ’ É V A L U A T I O N D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S 65 C’est d’autre part une des orientations fortes de la récente loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie de décembre 1996 et de la loi d’orientation pour l’aménagement et le développement du territoire de juin 1999, qui donnent clairement priorité aux modes de proximité et aux transports publics. Nous ne sommes pas capables aujourd’hui de proposer une monétarisation selon une méthodologie éprouvée de cet impact, dont l’analyse est essentiellement qualitative. Toutefois, il nous paraît important d’essayer de quantifier les modifications de l’usage de l’espace public, en identifiant, dans les différents scénarios l’évolution des m 2 dédiés à l’automobile (stationnement et voirie), aux piétons, aux cyclistes et aux seuls transports publics, même si cet indicateur est très réducteur par rapport aux enjeux en présence. Il est aussi possible d’identifier dans le coût global du projet les coûts d’embellissement, de réfection des trottoirs, des plantations, de l’éclairage public, etc. À titre d’exemple, dans le financement des deux lignes de tramway de Lyon qui ont été mises en service en janvier 2001, le SYTRAL (autorité organisatrice des transports en commun de l’agglomération lyonnaise) avait identifié: • des coûts d’embellissement des espaces publics d’un montant d’environ 34 M€ sur 350 M€ de coût total projet (soit 220 MF sur 2 300 MF) qu’il a demandé à la communauté urbaine de Lyon de financer; • des coûts d’embellissement de l’éclairage public d’un montant d’environ 1,5 M€ (= 10 MF) qu’il a demandé aux communes traversées de financer 42. Au - delà de ce début d’approche quantitative, il est absolument nécessaire de rendre compte des aspects qualitatifs du projet: insertion urbaine, qualité des espaces publics…, tout comme il nous paraît important d’estimer l’impact du projet sur Voir les nombreux 41 exemples de requalification des espaces publics en lien avec la mise en service de lignes de tramway [Certu 1995]. Voir Maîtrise 42 d’ouvrage et financement des transports en commun en site propre, Résultats d’enquêtes auprès des autorités organisatrices de transport [Certu 1999]. 66 D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N l’évolution de la forme urbaine de la ville. Chaque scénario contribue-t-il à densifier la ville, ou au contraire favorise-t-il l’étalement urbain? accroît-il ou diminue-t-il la diversité des fonctions urbaines?… 5.8.2. Les dépenses publiques dans la sphère des transports mais indirectement liées au projet de TCSP sont à estimer avec précaution La première étape de l'évaluation du projet conduit à analyser les coûts directs d'investissement et de fonctionnement du projet de TCSP. Toutefois, le projet considéré a également des conséquences éventuelles sur les dépenses d'investissement et d'exploitation des collectivités publiques pour d'autres infrastructures de transports. Dans les pratiques observées, deux types de calculs sont effectués, tous les deux sur la base des diminutions de trafic automobile suite au report modal sur les TCSP: • l’un considère qu’une moindre usure des voiries conduit à diminuer le coût d’utilisation des infrastructures routières. Le calcul prend en compte les économies sur les dépenses de fonctionnement (éclairage, signalisation, régulation), les dépenses de police, les dépenses d’entretien et de renouvellement de la voirie]; • l’autre suppose que la collectivité consentirait de nouvelles dépenses pour réaliser des places de stationnement public si des usagers de l’automobile ne s’étaient pas transférés sur le TCSP. Or la collectivité n’est pas forcée de répondre automatiquement à la demande de stationnement si elle s’exprime. Nous estimons que ces pratiques nécessitent d'être revues. Elles devraient être présentées sous forme d'un bilan des dépenses et des recettes des opérateurs des infrastructures de transports autres que le réseau de transport collectif: D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S • pour le calcul des économies de frais d’entretien et d’exploitation des infrastructures routières, nous proposons de prendre en compte les coûts marginaux d’usage des infrastructures tels qu’ils figurent dans le rapport Brossier de 1999 [Conseil Général des Ponts et Chaussées 1999]. Ce rapport permet d’estimer, au niveau national, le coût marginal d’usage de chaque type de voie par les différents types de véhicules. Trafic national (en milliards véh.km) Coût Coût marginal marginal d’usage d’usage national unitaire (en millions (en €97 / €97 HT) 100 véh.km) Autoroutes concédées Véhicules légers 39,49 1,22 1,22 Bus et cars 0,776 3,87 3,87 Réseau national non concédé Véhicules légers 90,94 240,41 0,26 Bus et cars 0,74 12,65 1,71 136,02 545,01 0,40 0,77 21,50 2,79 134,24 404,60 0,30 1,44 78,36 5,44 Routes départementales Véhicules légers Bus et cars Routes communales Véhicules légers Bus et cars Tableau 5.10. Coût marginal d’usage de la voirie (moyenne nationale, 1997) [Conseil Général des Ponts et Chaussées 1999] Le rapport Brossier fait l’objet d’actualisations régulières: ainsi le rapport 91-105 [Conseil Général des Ponts et Chaussées 1992] a été revu en 1996 [Conseil Général des Ponts et Chaussées 1996] et en 1999 [Conseil Général des Ponts et Chaussées 1999]. Entre deux actualisations, on considérera que le coût marginal unitaire d’usage de la voirie est constant ; D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R • pour les dépenses liées à l'offre de stationnement public, l'évaluation monétaire doit s'accompagner d'une présentation des orientations de la politique de stationnement mise en œuvre localement dans le cas du scénario de référence et dans le cas du projet TCSP. Nous recommandons de chiffrer la variation de l'offre de stationnement public dans les différents scénarios, en distinguant les catégories suivantes: places en ouvrage, places de stationnement sur voirie en zone centrale, places en parcs relais en périphérie. Sur la base des coûts d'investissement et de fonctionnement moyens constatés pour ces différents types de places, une valorisation monétaire de cette politique de stationnement, considérée comme une mesure d'accompagnement du projet TCSP de stationnement, peut être réalisée. En revanche, contrairement à ce qui est fait dans certains dossiers, nous considérons qu’il est erroné d’estimer un nombre de places de stationnement économisées à partir du report modal estimé de la voiture vers les transports publics. En effet, les économies de places de stationnement doivent être évaluées en comparant les politiques de stationnement prévues en scénario de référence et en scénario de projet. Celles-ci doivent être explicitées dans la description des différents scénarios. 5.8.3. Les dépenses publiques en dehors de la sphère des transports qui sont indirectement liées au projet, ne doivent pas être oubliées. De manière générale, un projet de transport peut générer des dépenses publiques en dehors de la sphère des transports. Par exemple: • des infrastructures routières de type contournements vont accentuer l’étalement urbain et la construction de logements dans des zones peu urbanisées. Les conséquences sur les budgets communaux seront progressifs : agrandissement L ’ É V A L U A T I O N D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S 67 ou création d’écoles, extension des réseaux d’eau, d’égouts, ramassage des ordures ménagères…; • en milieu plus urbain, l’arrivée d’un TCSP dans des quartiers peu favorisés peut avoir un effet pervers si aucune action publique n’est mise en place. Ainsi l’arrivée du métro dans le quartier social du Mirail à Toulouse, qui est proche des universités toulousaines, a été une aubaine pour les étudiants qui n’habitent plus sur le quartier tant il est facile d’y venir en métro. Ne restent alors sur ce type de quartiers que ceux qui ne peuvent pas faire autrement, sauf si la puissance publique investit fortement sur ces quartiers pour changer leur image. Il est difficile de proposer une méthode pour prendre en compte les dépenses publiques indirectement liées au projet en dehors de la sphère des transports, puisque aucune analyse de ces dépenses en regard des projets n’a été faite à ce jour. Des études anciennes, qui mériteraient d’être actualisées, existent sur le coût de l’étalement urbain et montrent des différences fortes entre les coûts de fonctionnement communal par construction nouvelle, en habitat groupé ou en tissu lâche. Coûts en euros 1977 Habitat groupé Tissu lâche 37 € (240 F) 15 € (100 F) 56 € (367 F) 37 € (240 F) 0 71 € (466 F) Distribution du courrier Ordures ménagères 12 € (80 F) 18 € (120 F) 16 € (103 F) 35 € (230 F) Total commune 82 € (540 F) 215 € (1406 F) Réseaux eau - électricité Entretien chaussée Ramassage scolaire Transport individuel domicile - travail Total général 0 82 € (540 F) Commentaires 1 primaire et 1 secondaire Trajet de 2 km, 240 € (1 576 F) 3 allers-retours/jour, 0,0549 € (0,36 F)/km 455 € (2 982 F) Tableau 5.11. Coûts des dépenses publiques hors transport, indirectement liées au projet. Source: ministère de l’Équipement, direction de l’aménagement foncier et de l’urbanisme, service de l’urbanisme, février 1977 68 D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N En fonction des hypothèses externes en matière d’urbanisation, les conséquences en matière d’investissements publics pourraient alors être quantifiées, voire monétarisées. 5.8.4. Les effets sur le développement et l’emploi peuvent être partiellement quantifiés, mais on ne sait pas les monétariser Deux types d'effets peuvent être envisagés: • d'une part, les effets directement entraînés par le projet, et qui concernent essentiellement l'emploi: emplois liés aux travaux, emplois permanents d'exploitation et d'entretien du TCSP,…; • d'autre part, les «effets induits» sur les tendances d'urbanisation, résultant de décisions de localisation des agents économiques sur lesquels le décideur du projet de TCSP n'a pas d'influence directe. Si des travaux de recherche existent quant aux effets possibles des infrastructures de transport sur le développement économique, ils ne permettent pas, en l’état, de proposer une méthode de calcul fondée théoriquement et empiriquement pour intégrer ces effets potentiels sur le développement économique dans l'analyse de rentabilité socio-économique. Il est toujours possible d’estimer le nombre d’emplois créés pour la construction et l’exploitation du TCSP. Mais ce ne sont pas forcément des emplois créés dans l’absolu, car l’argent dépensé pour la construction du TCSP aurait pu être utilisé différemment. Cette induction d’emploi est déjà comptabilisée dans les coûts d’investissement, il n’y a donc pas lieu de monétariser les emplois créés. 43 Voir Groupe permanent d’analyse des impacts sur l’emploi, Conseil général des Ponts et Chaussées, Émile Quinet, mars 1998. L’analyse complète du problème a été approfondie dans un rapport du Conseil général des Ponts et Chaussées 43, mais n’a pas encore abouti à une méthode opérationnelle. D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S 5.9. Analyses par acteur et analyse géographique Le bilan coûts/avantages a le grand inconvénient, mais c’est aussi sa force, de présenter des résultats sous forme agrégée, écrasant de ce fait les facteurs positifs et négatifs, les petits nombres et les grands nombres. Pour pallier cet inconvénient et permettre une meilleure compréhension de qui bénéficie des avantages du projet sur l’agglomération, nous proposons de faire deux types d’analyse, une analyse par grands acteurs et une analyse géographique. Ces deux approches sont détaillées ci-dessous. 5.9.1. Analyse par acteur : qui paie quoi ? Différents acteurs sont concernés par un projet de TCSP : • l’État; • l’autorité organisatrice; • les autres collectivités territoriales: communes, département, région; • l’entreprise exploitante du réseau; • les utilisateurs du réseau de transport public (usagers TC de référence, mobilité induite, report modal) ; • les utilisateurs de la voiture; • les utilisateurs des autres modes; • les étudiants et les scolaires; • les résidents de l’agglomération; • les riverains du projet; • les acteurs économiques: promoteurs immobiliers, commerçants…; • etc. Il est alors intéressant de déterminer parmi ces acteurs, qui paie quoi ? Qui bénéficie de quoi ? Par opposition au bilan coûts/avantages global, l’analyse se fait TTC, les taxes constituant un coût supplémentaire pour un groupe d’acteurs ou un acteur isolé, et une recette supplémentaire pour l'État. D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R 5.9.2. Analyse géographique L ’ É V A L U A T I O N D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S 69 5.10. Les différents indicateurs synthétiques socio - économiques L’analyse peut aussi se faire par grands secteurs géographiques, elle privilégiera alors le critère des gains de temps à la mise en service. Deux approches sont possibles: • soit par typologie de quartier : les habitants du centre, de la première couronne, de la deuxième couronne ; • soit par grands pôles générateurs de déplacements (hôpitaux, université, centres commerciaux…), ou par rapport à des quartiers spécifiques. C’est dans ce dernier cas que peut être abordée la question de la desserte des quartiers sociaux. Nous recommandons alors de faire des cartes isochrones, avant / après mise en service, d’accessibilité en 15 minutes, 30 minutes… depuis ces quartiers, ce qui permettrait de voir en quoi le projet modifie l’accessibilité des ces quartiers au reste de la ville. Exemple : le métro de Toulouse, variation de l’accessibilité au centre - ville en TCU avant / après la mise en service de la ligne A du métro 5.10.1. Quelle utilisation des indicateurs synthétiques de rentabilité ? L’utilisation des indicateurs synthétiques de rentabilité pour le choix d’un projet de TCSP en milieu urbain fait aujourd’hui l’objet de controverses, parce que ces indicateurs ne prennent pas en compte tous les effets du projet, et tout particulièrement les impacts sur l’urbanisme et la ville en général. Il n’en est pas moins vrai, qu’à ce jour le décret d’application de l’article 14 de la LOTI exige leurs calculs. Nous proposons ci - après un tableau avantages / inconvénients de ces indicateurs, qui montre les précautions indispensables à prendre lors de leur utilisation ( il vaut donc mieux, dans certains cas où l’on craint de ne pouvoir bien faire comprendre ces précautions, ne pas mettre en avant ces indicateurs synthétiques) : Avantages • Ces indicateurs étant synthétiques et chiffrés, la comparaison des scénarios est aisée même si on donne des fourchettes. • La démarche est rigoureuse. • Un élément technique supplémentaire dans la comparaison des scénarios, utile aux services qui maîtrisent ces notions. Figure 5.3. Isochrone 20 min à Toulouse. Source: Études et suivi du Métro, bilan ligne A, AUAT, SMTC (syndicat mixte des transports en commun de l’agglomération toulousaine), août 2000 Inconvénients • Indicateurs complexes et difficiles à interpréter par des non spécialistes. • Risque de réduire la comparaison des scénarios aux seuls indicateurs synthétiques, car cela paraît plus simple, or la prise de décision se fait sur la base de nombreux éléments et elle est en réalité plus complexe. • Risque de perdre toute information par rapport aux aspects qualitatifs ou qu’on ne sait pas monétariser. • Risque d’une mauvaise interprétation lors des enquêtes publiques : les chiffres et surtout la notion de rentabilité des investissements publics sont très prisés par les journalistes et l’opinion publique, or ces indicateurs sont partiels et ne rendent pas compte d’impacts importants du projet, sur la ville par exemple. Tableau 5.12. Avantages/inconvénients d’utiliser des indicateurs synthétiques 70 D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N 5.10.2. Le calcul des différents indicateurs Nous ne reviendrons pas dans ce chapitre sur la définition et l’utilité des différents indicateurs synthétiques de rentabilité, car celles-ci ont déjà été développées dans le chapitre III, nous nous attacherons au mode de calcul de ces indicateurs. Le calcul des indicateurs synthétiques de rentabilité se fait à partir des tableaux établis dans le chapitre sur la construction des échéanciers, § 5.4., et par différence avec le scénario de référence. Année enquête d’utilité publique …… - 2 ans - 1 an Année avant avant mise la miselaen service (vitesse commerciale 1 re année 2 e année … … … i e année Recettes globales sur le réseau D I F F É R E N T S Le temps de retour sur investissement Cet indicateur est la durée au bout de laquelle le bénéfice net actualisé calculé dans le tableau précédent s’annule. Le tableau ci - après permet de comprendre le mode de calcul de ces deux indicateurs : Avantages Coût généralisé Effets des déplacements externes, des usagers impacts sur des différents modes l’environnement Année zéro pas … … … … I M P A C T S Le bénéfice actualisé net Cet indicateur s’obtient par différence entre les tableaux Projet et scénario de référence du § 5.4., puis en sommant toute les cases du tableau. synthétiques de rentabilité Coûts d’exploitation Coûts du réseau d’investissement de transports publics D E S … … … … Coefficient d’actualisation à appliquer à chacun de ces coûts Total actualisé x 1/(1+a) -DUP B -DUP … x 1/(1+a) -2 x 1/(1+a) -1 Pas d’actualisation x 1/(1+a) x 1/(1+a) 2 … x 1/(1+a) 4 … B -2 B -1 Différence case à case entre le tableau Projet et le tableau scénario de référence B0 B1 B2 … Temps de retour sur investissement égal à θ tel que: i=θ ∑ Bi = 0 i = − DUP … 30 e année … … … … … … x 1/(1+a) 30 … B 30 Bénéfice actualisé net du projet Total actualisé Tableau 5.13. Calcul du bénéfice actualisé net et du temps de retour sur investissement Le bénéfice actualisé par euro investi ou profitabilité Cet indicateur se calcule simplement à partir du bénéfice actualisé net ci-dessus calculé en le rapportant au coût d’investissement du projet. Le taux de rentabilité interne (TRI) socio-économique C’est la valeur du taux d’actualisation « a » qui permet d’annuler le bénéfice net actualisé dans le tableau précédent. D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R 5.10.3. Donner des fourchettes plutôt que des valeurs absolues Le calcul de ces indicateurs repose sur des prévisions à long terme de l’évolution des transports publics, mais aussi de la ville en général. Compte tenu de l’incertitude liée à toute prévision sur l’avenir, il est illusoire de penser qu’on puisse donner un chiffre absolu pour chaque indicateur. Nous recommandons donc fortement à l’évaluateur de présenter ces indicateurs sous forme de fourchettes, même larges, permettant de donner un ordre de grandeur pour ces indicateurs. Les études de sensibilité développées au § 5.11. suivant, permettront à l’évaluateur de borner ces fourchettes. 5.11. Études de sensibilité : analyses d’incertitudes sur l’environnement du projet et analyses de risques sur les méthodes L’avenir étant incertain, l’exercice de prévision est forcément délicat et repose sur des hypothèses d’augmentation de la population, d’augmentation ou de stabilisation de la mobilité des individus, des hypothèses de localisation des activités…, qui après coup peuvent se révéler erronées. Les méthodes utilisées elles-mêmes (paramètres, données observées, etc.) sont entachées d’incertitudes. Les études de sensibilité ont ainsi pour objectif principal de rappeler que hypothèses et méthodes peuvent avoir une incidence notable sur le calcul des effets d’un investissement: l’estimation de la clientèle des différents modes, et donc l’estimation des recettes et des avantages des usagers. Elle permet aussi de raisonner plutôt en fourchette de clientèle par exemple, qu’en chiffre absolu. L ’ É V A L U A T I O N D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S 71 La sensibilité peut être étudiée: • sur les hypothèses externes que le maître d’ouvrage ne maîtrise pas: par exemple la localisation des habitants et des emplois dans le futur, la croissance économique…, on parlera alors d’analyse d’incertitudes sur l’environnement du projet; • sur les méthodes du modèle de déplacement utilisé, comme la valeur du temps, les paramètres des fonctions de choix modal et d’itinéraire, etc., dans ce cas on parlera d’analyse de risques sur les méthodes. Cette distinction en deux types d’analyse [Faivre d’Arcier et al. 1994] est présentée ci-dessous. Les études de sensibilité sont, à tort, rarement utilisées en France, c’est en revanche une pratique plus courante des bureaux d’études anglo - saxons, en particulier à la demande des financeurs privés qui souhaitent être très renseignés sur le risque encouru. C’est pourquoi nous proposons comme illustration le cas de l’estimation de la clientèle du projet de ligne bleue du métro de Bangkok (voir encadré 5.12.). 72 D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R L ’ É V A L U A T I O N Études de sensibilité sur l'étude de la ligne bleue de Bangkok Quelques éléments de contexte pour mieux comprendre le choix des indicateurs testés : • la ligne bleue du métro de Bangkok fait l’objet d’un montage financier dans le cadre strict d’un financement de projet, c’est-à-dire sans demande de fonds publics; ainsi, la tarification du métro dépend du concessionnaire et non des autorités thaïlandaises; Études de sensibilité D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S • les tests de sensibilité présentés ci-après ont notamment pour objet de cerner le risque financier sur le projet; • le bus est considéré comme un mode concurrent du métro : la correspondance est payante, les systèmes bus et métro ne sont pas intégrés, il n’y a pas vraiment de restructuration du réseau bus en rabattement sur le métro, ce qui explique que lorsque la vitesse des bus diminue, le métro a tendance à se remplir. Impact par rapport au scénario projet Sur la clientèle Sur les recettes 2000 2010 2020 2000 2010 2020 + 22 % - 20 % +9 % - 11 % + 8% -7% +11 % -12 % -1% -3% -3 % + 2% Les tarifs des bus concurrents augmentent de + 25 % + 18 % +7% +4% + 16 % +6% +3% La vitesse des bus concurrents augmente de 18 % en heure de pointe du matin et de 12 % en heures creuses - 56 % - 47 % Non estimé - 53 % - 43 % Non estimé Analyse d’incertitudes Évolution des tarifs de la ligne Bleue + 10% - 10 % Analyse de risques Pénalités attribuées lors des correspondances, temps marche à pied d’accès aux stations et temps d’attente - 25 % + 25 % + 54 % - 30 % + 49 % - 30 % + 47 % - 29 % + 47 % - 26 % + 43 % - 26 % + 42 % - 26 % Évolution de la valeur du temps - 25 % + 25 % - 25 % + 20 % - 17 % + 11 % - 10 % +6% - 26 % + 21 % - 18 % + 12 % - 11 % +6% -9% -9% -8% - 11 % - 10 % - 10 % Modification du coefficient de passage du trafic horaire, au trafic journalier puis au trafic annuel, notamment passage de 342 jours par an à 336 jours par an 44 44 Remarque: ces coefficients sont tout à fait inhabituels en France où on observe des coefficients de l’ordre de 250 pour des réseaux complets, pouvant atteindre 300 lorsqu’il s’agit d’une ligne de métro seule. Dans le cas très particulier de la ligne Bleue du métro de Bangkok, l’analyse d’incertitude montre, par exemple, que la clientèle est très sensible à la qualité du réseau bus concurrent (vitesse et tarifs), par contre l’effet tarifs s’estompe dans le temps. En ce qui concerne les paramètres du modèle, on peut noter que, dans ce cas, le coefficient de pénalité appliqué aux utilisateurs du métro (correspondance, marche à pied et attente en station) influe fortement sur la clientèle et les recettes et de façon quasi continue dans le temps. Les résultats sont issus de deux rapports : « Bangkok Metro Company Limited – Bangkok Blue line ridership review – Report on base case forecasts – March 2001 – Halcrow fox ». Encadré 5.12. Études de sensibilité sur l’étude de la ligne bleue de Bangkok D E S R E C O M M A N D A T I O N S P O U R 5.11.1. Analyse d’incertitudes sur l’environnement du projet L'analyse d'incertitudes va permettre d’identifier la sensibilité des estimations de clientèle des différents modes, et en particulier des recettes et des gains de temps, aux hypothèses externes prises en compte par l’évaluateur. Toutes les hypothèses externes peuvent influer sur les estimations des modèles de prévision. À titre d’illustration : • localisation des emplois et des habitants dans le futur : les documents de planification urbaine (schéma directeur ou nouveau schéma de cohérence territorial) ont fait le choix de lutter contre l’étalement urbain de l’agglomération, par exemple en limitant la localisation des emplois et des habitants en deuxième couronne au profit du centre et de la première couronne, que se passe-t-il si la deuxième couronne continue sa progression? • une densification des emplois et des habitants est généralement prévue dans le corridor d’influence du TCSP, que se passe - t - il si cette densification ne se fait pas, ou se fait moins vite? • le plan de déplacements urbains prévoit de limiter globalement l’usage de la voiture à un horizon 15 ans, avec un certain nombre de restrictions sur de grandes pénétrantes, que se passe-t-il si ces restrictions se réalisent plus vite ou au contraire ne se réalisent pas? • il est prévu que le tramway atteigne une vitesse commerciale de 19 km / h, que se passe -t - il si cette vitesse n’est que de 17 km/h? • l’interconnexion des réseaux de transports publics (développement de l’offre et tarification intégrée), en particulier avec le réseau ferroviaire régional, se fait plus rapidement que prévu; • les taxes sur les voitures augmentent et le taux de motorisation des ménages se stabilise; • le prix de l’essence augmente ou baisse de façon importante; • la croissance économique évolue différemment de ce qui avait été envisagé; • … L ’ É V A L U A T I O N D E S D I F F É R E N T S I M P A C T S 73 Nous recommandons de tester au moins deux jeux d’hypothèses contrastées parmi ces exemples, l’un étant favorable au projet et l’autre défavorable 45. Par exemple: • hypothèse 1 : la densification autour du TCSP est plus importante que prévue, et les coûts de l’usage de l’automobile sont forts; • hypothèse 2: les restrictions de voirie prévues dans le PDU n’arrivent pas à se mettre en place, le prix de l’essence baisse et l’étalement urbain se poursuit. Un bilan coûts/avantages sera dressé pour chacune de ces hypothèses, comme cela est prévu au chapitre 4. Il permettra de faire apparaître la sensibilité des résultats à des actions qui ne dépendent pas du maître d’ouvrage du projet. 5.11.2. Analyse de risques sur les méthodes L’analyse de risques a principalement pour objectif de mettre en évidence les limites du ou des modèles qui auront été utilisés pour le bilan coûts/avantages. Le modélisateur connaît normalement bien le modèle qu’il utilise, et doit savoir quels sont les paramètres sensibles qui ont un impact sur les projections de trafic. Des tests permettent de voir la réactivité du modèle aux différents paramètres et de déterminer les plus importants (dits tests de sensibilité). En général des paramètres comme la valeur du temps, la mobilité, la fonction de résistance à la distance, les paramètres de la fonction de choix modal, la prise en compte de la congestion, les coefficients de passage du trafic à l’heure de pointe au trafic à la journée, puis à l’année… font partie de ces indicateurs sensibles. Nous recommandons à l’évaluateur de tester les quelques paramètres qui lui semblent les plus sensibles, ce qui lui permettra ensuite de proposer des fourchettes de résultats sur les différents scénarios, plutôt que des valeurs absolues. Le défaut 45 de cette méthode est de présenter des scénarios très favorables et très défavorables puisque tous les facteurs se cumulent, alors même que la probabilité de ces scénarios est faible. Il existe des techniques plus complexes d'analyse d'incertitude ou d'analyse de risque qui prennent en compte une distribution de probabilité des différents facteurs identifiés comme sensibles. Ces techniques aboutissent donc à une distribution de probabilité sur les résultats types: recettes, trafic, gains de temps, bénéfice net actualisé, etc. Ce sont des techniques plus lourdes à mettre en œuvre mais qui donnent des résultats plus intéressants. 75 Conclusion L’évaluation socio-économique des projets de TCSP est indispensable pour juger de la bonne utilisation de l’argent public, et il s’agit en outre d’une obligation légale. Il n’existait pas d’ouvrage national de référence à destination des collectivités locales qui souhaitent réaliser un TCSP, avant que le Certu et la DTT ne décide d’élaborer celui-ci. L’évaluation socio-économique est comprise dans cet ouvrage comme un outil au service des décideurs et du dialogue avec les parties prenantes. Une grande importance est donnée à l’évaluation qualitative et quantitative des effets d’un projet de transport, qui doit nécessairement accompagner le calcul économique, partie monétarisée de l’évaluation socio - économique. En effet, la complexité des phénomènes en milieu urbain ne permet pas, dans l’état actuel des connaissances, de tout prendre en compte par le seul calcul économique. L’évaluation économique telle qu’elle est appliquée aujourd’hui pour l’évaluation des projets de TCSP est très hétérogène; elle dépend fortement du bureau d’étude qui l’a réalisée. Le manque de doctrine et de méthode en est sûrement une des causes premières. Ce document établit une série de recommandations pour améliorer la rigueur des évaluations. Nous préconisons dans ce document d’aller plus loin que les pratiques actuelles: en établissant des analyses de cohérence entre politique de transport et projet ; en présentant des analyses fines permettant d’identifier les gains et coûts supportés par les différents acteurs du projet; et en réalisant des analyses de risques et d’incertitudes pour mieux appréhender la sensibilité du projet à ce qui n’est pas maîtrisé. Tous ces éléments doivent contribuer à une meilleure compréhension de la complexité et des enjeux liés au projet. Les limites de l’application du calcul économique en milieu urbain sont essentiellement liées à notre manque de connaissance des mécanismes de transformation du milieu urbain, et en particulier des interactions entre urbanisme et transports. Avant de pouvoir modéliser ces interactions, il est urgent de pouvoir comprendre les mécanismes de transformation du milieu urbain. C’est pourquoi, afin de faire progresser les connaissances, il nous paraît important de développer des observatoires, qui pourront se traduire sous la forme d’observatoires de certains TCSP comme cela a pu être fait durant quelques années à Nantes ou à Toulouse, mais aussi d’observatoires de PDU qui sont en train de se monter par exemple à Lyon, Lille, Rouen, Orléans,… et plus généralement d’observatoires de la ville. De telles démarches devraient permettre de mieux connaître les phénomènes urbains. Alors une certaine modélisation des systèmes urbains deviendra sans doute possible, ce qui aura des retombées sur la précision du calcul économique et l’amélioration de l’évaluation Enfin, des travaux sur l’évaluation des projets de TCSP seront encore utiles dans l’avenir: l’analyse multicritère, le processus continue de l’évaluation, l’organisation de l’évaluation, etc. Le Certu dans l’avenir, s’attachera à développer la diffusion de connaissances dans ce domaine. 77 Bibliographie Ouvrages et articles généraux AUZANNET Pascal, BELLALOUM Adeline, Le coût des déplacements pour la collectivité en Île-de-France, RATP Savoir faire n°4, Paris, 1992, 8 pages. BERENGUER Carole, Évaluation de la modélisation des trafics sur la ligne D du métro de Lyon, SEMALY, rapport financé par la Direction de la Recherche et des Affaires Scientifiques et Techniques, Lyon, mars 1996, 106 pages. 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FAIVRE D’ARCIER Bruno, CLÉMENT Lionel, DENANT–BOEMONT Laurent, Évaluation des projets de transports en commun en site propre, Cohérences et intégration dans une politique globale, INRETS, LET, décembre 1994, 134 pages. GESMAD, Évaluation des modèles de prévision de trafic, DRAST/PREDIT, Paris, 1999, 125 pages. Groupe interministériel d’évaluation des projets de transport du Schéma Directeur de l’Île-de-France, Rapport du président du groupe de travail rendant compte des travaux du groupe, D.R.E.I.F., Paris, juin 1992, 50 pages + annexes. KOENIG Jean Gérard, Accessibilité, calcul économique et place des métropoles dans l’aménagement du territoire, D.R.E.I.F., Paris, décembre 1993, 7 pages. LESCURE Roland, NOGIER Antoine, TOURJANSKY– CABART Laure, Une évaluation économique de la pollution atmosphérique, Économie et Statistique n°307, 1997-7, 20 pages. 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Strasbourg, Agence de Développement et d’Urbanisme de l’Agglomération Strasbourgeoise, Ligne B du tramway : dossier d’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique, Document n°2: étude d’impact et d’évaluation économique, décembre 1996, 331 pages. Syndicat mixte d’étude du TCSP de l’agglomération niçoise-SOGELERG Ingénierie-CONNECTIONS, Projet de transport collectif en site propre , Dossier de prise en considération, Nice, juin 1997. 80 B I B L I O G R A P H I E SYSTRA, Première ligne de Transport sur Voie Réservée (TVR) de l’agglomération caennaise, Dossier d’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique, Pièce 7: évaluation socio-économique, juillet 1997, 8 pages. SYTRAL, Prolongement métro ligne B Jean MacéSquare Galtier, Dossier d’enquête d’utilité publique: E - Évaluation économique, Lyon, 40 pages. Tramway d’Orléans Ligne n°1, Dossier d’enquête d’utilité publique : Évaluation socio - économique du projet (pièce n°7), Orléans, 9 pages. Annexes 84 I Glossaire Acteur Entité susceptible d'intervenir dans la réalisation ou de ressentir les effets d’un projet. Ce peut être un groupe d’individus caractérisés par un trait commun (usagers, riverains), une entreprise ou un groupe d’entreprises, une institution, une collectivité locale ou bien l’État. Actualisation Méthode permettant de ramener la valeur future d’un coût ou d’un avantage monétaire à une valeur actuelle, par le biais d’un taux d’actualisation. L'actualisation permet d'additionner des euros d'aujourd'hui et de demain. Analyse coûts/avantages Voir bilan coûts/avantages. Analyse d'incertitude Analyse consistant à étudier la sensibilité des résultats aux hypothèses externes choisies par l’évaluateur. Le futur étant inconnu, l’analyse de risque permet de comprendre les implications de plusieurs futurs possibles sur le projet. Analyse de risque Analyse consistant à étudier la sensibilité des résultats à la méthode choisie pour élaborer les calculs. Dans le cas de l’évaluation socio-économique des TCSP, l’analyse d’incertitude porte essentiellement sur les paramètres du modèle. Analyse gagnants / perdants Voir analyse par acteur. Analyse par acteur L’analyse par acteur complète le bilan coûts / avantages, établi pour la collectivité dans son ensemble. Elle consiste à estimer l’ensemble des coûts et avantages d’un projet, pour un acteur, un groupe d’acteurs ou un territoire donné. Ce bilan « partiel » est établi toutes taxes comprises, car les taxes correspondent à des coûts supplémentaires pour un acteur ou un groupe d’acteur pris isolément. Avantages Profit tiré par un acteur du fait du projet. Un projet peut générer plusieurs types d’avantages: gain de temps, diminution de la pollution, etc. Un avantage peut , dans certains cas, être monétarisé. On peut alors définir l’avantage net d’un acteur, comme la différence entre les avantages monétarisés dont bénéficie cet acteur et les coûts supportés par cet acteur. Bénéfice net actualisé (ou bénéfice actuel net) : BNA ou BAN Bénéfice d’un projet lorsque tous les coûts et avantages monétarisables d’un projet ont été ramenés à la valeur actuelle par un taux d’actualisation et sommés. Le bénéfice est donc actualisé et il est net, en ce sens qu'il est net des coûts du projet. Bilan coûts / avantages Comparaison des avantages, positifs ou négatifs, procurés par des scénarios d’aménagement différents: le bilan fait la somme des avantages et des coûts d’un scénario, par différence avec le scénario de référence. Ce bilan «complet» est établi hors taxes, car les taxes correspondent à un transfert entre acteur, et non à un coût supplémentaire pour la collectivité. Éléments du calcul économique Les éléments à prendre en compte dans le calcul économique sont tous les coûts et avantages liés au projet que l’on sait monétariser et qui s’inscrivent dans un échéancier. Ces éléments doivent être indépendants les uns des autres, afin d’éviter tout double compte dans l’établissement du bilan coûts/ avantages (Voir aussi évaluation socio-économique). Évaluation socio - économique Identification des effets d’un scénario de projet et de ses alternatives, dans un échéancier, en particulier G L O S S A I R E par rapport à un scénario de référence. L’évaluation socio - économique établit des comparaisons qualitative et quantitative et des bilans économiques entre les scénarios pour identifier celui qui apporte le plus grand avantage à la collectivité. Le calcul économique constitue l’un des éléments de l’évaluation socio-économique: il ne prend en compte que les éléments monétarisables. 85 ou de compte n’est pas monétaire. Par exemple, le nombre de mort est monétarisé par une valeur monétaire économique du mort, exprimée en € / mort. Période d’évaluation Durée sur laquelle l’évaluation est effectuée. Elle commence à la date de début des dépenses concernant le projet et se poursuit jusqu’à la fin de vie des investissements. Externalité On appelle effet externe négatif (ou coût externe) tout effet qui n’est pas supporté par son auteur, mais directement par des tiers ou par la collectivité. De manière symétrique, on appelle effet externe positif (ou avantage externe) tout effet dont ne bénéficie pas son auteur, mais directement des tiers ou la collectivité. Par «directement», on entend que l’effet se transmet à des tiers (ou à la collectivité) sans donner lieu à un échange monétaire équivalent entre l’auteur et les victimes (ou les bénéficiaires). Le bruit généré par la circulation routière ou ferroviaire et subi par les riverains de l’infrastructure constitue un exemple typique d’effet externe négatif. Phase, phasage Succession temporelle des différentes étapes de la réalisation du projet. Chaque étape présente une unité fonctionnelle; on parle également de tranches fonctionnelles ou phases. Projet Ensemble d’opérations formant un tout cohérent, complet et fonctionnellement autonome. Il peut éventuellement être découpé en plusieurs phases. Dans ce guide, projet sous - entend projet de TCSP. Scénario d’offre, d’aménagement, de projet Hypothèse concernant l’environnement du projet sur lequel le maître d’ouvrage n’a pas prise (environnement macro-économique, développement urbain, projets sous la responsabilité d’un autre maître d’ouvrage, etc.) Hypothèse sur les états successifs du système de transport pendant la période d’évaluation. Les états du système de transport sont caractérisés par les données sur l’offre et sur la demande de transport pour l’ensemble des modes de transport, à une date donnée. Ils sont également caractérisés par des conditions macro-économiques. Investissement éludé Scénario de référence Investissement qui aurait été réalisé dans le scénario de référence, mais qui n’est pas réalisé dans le scénario avec projet. Par exemple, la construction d’un tramway va éviter la construction de certains couloirs bus, prévus dans le scénario de référence pour maintenir la vitesse commerciale constante. Scénario le plus probable (i.e. qui prévaudrait) en l’absence de projet. Les conditions d’exploitation y sont optimisées, éventuellement à l’aide d’investissements; les montants de ces investissements sont généralement bien moindres que ceux des scénarios de projet. Monétarisation Situation Procédé par lequel on affecte une valeur monétaire à des critères d’évaluation dont l’unité de mesure Photographie, état du système à un instant donné. Au contraire du scénario, la situation est statique. Hypothèse externe 86 G L O S S A I R E La situation de base, ou situation actuelle, est la situation caractérisant la dernière année connue. Surplus du consommateur Différence entre le prix que le consommateur est prêt à payer pour un bien ou un service donné et le prix qu’il paie effectivement. Dans le cas ou le consentement à payer est inférieur au prix du marché, le consommateur renonce à l’achat et son surplus est considéré comme nul. Taux d’actualisation Taux permettant d’actualiser au présent les valeurs futures. Ce taux d’actualisation traduit la préférence économique pour le présent: c’est le rapport entre la valeur donnée à une quantité monétaire à l’année n+1 et la valeur de la même quantité monétaire à l’année n, actuelle. Il correspond à l'adage «un tiens vaut mieux que deux tu l'auras». Ce taux peut être différent suivant les préoccupations des agents économiques considérés. Pour l’évaluation socio-économique des projets publics de transport, il est fixé par le Commissariat général au plan à 8%. Une forte valeur du temps, par exemple 15 € /h correspond à une disposition à payer importante pour des gains de temps faibles. Inversement une petite valeur du temps, par exemple 3 € /h correspond à une disposition à payer faible pour des gains de temps élevés. On parle de valeur du temps révélée lorsqu’elle reflète le comportement réel des usagers (par exemple, choix entre un itinéraire court et payant et un itinéraire plus long mais gratuit). On parle de valeur du temps tutélaire lorsqu’elle est fixée par les pouvoirs publics et est supposée refléter la valeur que la collectivité attribue aux gains ou aux pertes de temps. Concrètement, la valeur du temps permet de passer d’une durée en minute à un «budget temps» en euros. Par exemple, un gain de temps de 30 minutes correspond, avec une valeur du temps de 8 € /heure, à un gain monétarisé de 4 €. Valeur résiduelle Valeur des actifs (matériels, ouvrages d’art, etc.) en monnaie de l’année de référence, à l’issue de la période d’évaluation économique choisie. Taux de rentabilité immédiate Variante Rapport entre l’avantage net de la collectivité l’année de mise en service et l’investissement actualisé. Scénarios peu différents du scénario de projet du point de vue de leurs objectifs. Taux de rentabilité interne Taux d’actualisation qui annule le bénéfice actuel net d’un projet. Valeur actuelle nette (VAN) Valeur nette d’un projet lorsque tous les coûts et avantages monétaires d’un projet ont été ramenés à la valeur présente par un taux d’actualisation. La valeur actuelle nette se distingue du bénéfice actuel net en ne prenant en compte que les aspects financiers. Valeur du temps La valeur du temps mesure le consentement d’un usager à payer en argent plutôt qu’en temps. 87 Constitution des données pour l’évaluation socio - économique d’un projet de TCSP L'objectif est de dresser une liste des données à recueillir aux fins de l’évaluation socio-économique du projet de TCSP. Données générales sur la situation « avant » Pour présenter le contexte général dans lequel s'inscrit le projet de TCSP étudié, les éléments suivants de l'état des lieux avant - projet devront être renseignés : • éléments généraux: – périmètre d'étude concerné : nombre de communes, surface, population, plan de situation des réseaux routiers et de transports collectifs, – principes de la politique d'urbanisme et de déplacements de l'agglomération définis dans les documents de planification existants (schémas directeurs, plans de déplacements urbains, dossiers de voirie d'agglomération), – pratiques de déplacements (résultats de l'enquête ménages déplacements la plus récente sur l'agglomération concernée par le projet) pour les habitants des différents secteurs (ville centre, banlieue, communes périphériques): mobilité par jour, par personne et par mode; temps moyen d'un déplacement selon le mode; • éléments techniques: – offre de transports collectifs urbains, en distinguant les différents systèmes (bus, métro, tramway,…) : kilométrage de lignes, nombre de rames x km annuels, nombre de Places Kilomètres Offertes, vitesse commerciale, amplitude du service, composition du parc roulant., – usage du réseau de transports collectifs urbains: nombre annuel de déplacements, titres de transports (description du système tarifaire, niveau des tarifs, titres utilisés par grandes catégories), – Indicateurs de circulation: débits horaires et journaliers sur le «réseau de référence» utilisé pour la modélisation de trafic et incluant les principales voies directement ou indirectement concernées par le projet de TCSP, vitesses moyennes par tronçons homogènes, – offre de stationnement public: nombre de places publiques au centre-ville, en distinguant les places sur voirie payantes ou gratuites et les places en ouvrages, structure tarifaire (courte, moyenne, longue durée, types d'abonnements en parc), – niveaux de bruit sur le «réseau de référence» selon la méthodologie générale décrite en annexe 7 du rapport Certu Évaluation des transports en commun en site propre, Indicateurs transport pour l'analyse et le suivi des opérations, Certu, Lyon, novembre 1997, – calcul d'émissions de pollution et bilan énergétique sur le «réseau de référence», selon la méthodologie générale décrite en annexe 8 du rapport Évaluation des transports en commun en site propre, Indicateurs transport pour l'analyse et le suivi des opérations, [Certu 1997]. Données sur l’évolution de l’offre de transports collectifs Pour les différents scénarios étudiés, et au minimum pour la situation de référence et pour la situation avec projet TCSP, les éléments suivants doivent être renseignés : • calendrier de réalisation du projet : année de démarrage des études, année de mise en service du TCSP, année d'arrêt de fonctionnement du TCSP ; • principes retenus pour la restructuration du réseau de transports collectifs, en distinguant pour le système bus une typologie des lignes: radiales, diamétrales, tangentielles, de rocade, de rabattement sur le système TCSP; • hypothèses retenues pour le calcul des coûts d'investissements: prix unitaire et durée d'amortissement des différents types de matériel; II 88 C O N S T I T U T I O N D ’ U N P R O J E T D E S D E D O N N É E S P O U R • objectifs de gains de productivité du réseau de transports en commun inscrits dans le contrat passé entre l'autorité organisatrice et l'exploitant du réseau de transports collectifs urbains; Année t Offre de transports collectifs urbains : matériel roulant (par type) nombre de rames x km annuels (par système : bus, trolleybus, tramway, métro, autres) vitesse commerciale moyenne (par système) kilomètres de lignes (par système, en distinguant le kilométrage en site propre) Coûts d'investissements du réseau de transports collectifs (y compris renouvellement du matériel et gros entretien), en € hors taxes : 1. études d'avant projet/projet 2. maîtrise d'ouvrage 3. maîtrise d'œuvre de travaux 4. acquisitions foncières et libération des emprises 5. déviation de réseaux 6. travaux préparatoires 7. ouvrages d'art 8. plate-forme 9. voie spécifique des systèmes ferrés et guidés 10. revêtement des sites propres 11. voirie (hors site propre) et espaces publics 12. équipements urbains 13. signalisation 14. stations 15. alimentation en énergie de traction 16. courants faibles et P.C.C. 17. dépôt 18. matériel roulant (par système) 19. opérations induites 1 En appliquant pour le calcul des coûts d'exploitation dans les scénarios avec TCSP les mêmes ratios unitaires que dans la situation de référence pour les systèmes comparables (par km de voie, par station ou arrêt, par véhicule x km). L ’ É V A L U A T I O N S O C I O - É C O N O M I Q U E T C S P Coûts d'exploitation du réseau de transports collectifs en € hors taxes : Pour chaque sous-système (bus, tramway, métro,…) 1 : voies arrêts stations matériel roulant: parc, kilométrage effectué par les véhicules, charges fixes PCC frais de structures Pour l'ensemble du réseau: frais généraux et charges de structure de l'exploitant non directement affectables à l'un des systèmes • tableau récapitulatif pour chaque année sur la période entre le démarrage des études et la fin de fonctionnement du projet de TCSP, tel que présenté ci-dessous: Situation de référence Situation avec TCSP Autre scénario C O N S T I T U T I O N D E S D O N N É E S P O U R L ’ É V A L U A T I O N S O C I O - É C O N O M I Q U E D ’ U N Données sur l’évolution de la demande de déplacements P R O J E T Situation de référence Mise en service Données générales sur les déplacements tous modes: - nombre moyen de déplacements par personne et par jour - part de marché des différents modes de transport: TC, voiture conducteur, voiture passager, marche, deux roues Données déplacements issues du modèle de déplacements, en différenciant si possible les motifs travail, personnels et professionnels et les périodes horaires : - volume global de déplacements par mode et par motif - reports modaux VP vers TC, 2 roues vers TC, marche à pied vers TC - inductions de trafic sur les TC - variation de trafic sur le réseau routier - taux d'occupation moyen des voitures - longueur moyenne des déplacements, par mode - durée moyenne des déplacements, par mode, pour les différentes périodes représentatives de la journée: heures de pointe du soir et du matin, heures creuses de la journée - vitesse moyenne des déplacements, par mode, pour les différentes périodes représentatives de la journée: heures de pointe du soir et du matin, heures creuses de la journée - répartition horaire des déplacements, par périodes représentatives de la journée : heures de pointe du soir et du matin, heures creuses de la journée - répartition modale des déplacements, par O-D 89 T C S P • formule de calcul des coûts généralisés de déplacements pour les différents modes de transports en distinguant si possible les motifs personnels et professionnels: valeur du temps, coût monétaire du déplacement (coût kilométrique d'usage de la voiture, coût moyen d'un déplacement en transports collectifs) ; • tableau récapitulatif pour les quatre années de référence (année de mise en service de l'axe TCSP concerné, 5 ans, 15 ans et 30 ans après la mise en service), les données pour les autres années étant obtenues par extrapolation linéaire: Pour la situation de référence et pour les différents scénarios avec projet TCSP, les éléments suivants doivent être renseignés au minimum pour les quatre années de référence considérées pour le calcul des avantages des usagers (année de mise en service de l'axe TCSP concerné, 5 ans, 15 ans et 30 ans après la mise en service): Données population, avec une répartition géographique au moins pour les trois secteurs suivants: - ville-centre - banlieue - communes périphériques D E 5 ans après 15 ans après Scénario alternatif Situation avec TCSP 30 ans après Mise en service 5 ans après 15 ans après 30 ans après La même hypothèse d'évolution démographique est faite, dans un premier temps, pour les différents scénarios étudiés Idem 90 C O N S T I T U T I O N D ’ U N P R O J E T D E S D E D O N N É E S P O U R L ’ É V A L U A T I O N S O C I O - É C O N O M I Q U E T C S P Situation de référence Mise en service 5 ans après 15 ans après Scénario alternatif Situation avec TCSP 30 ans après Mise en service 5 ans après 15 ans après 30 ans après Idem Données offre globale de stationnement public : - places de stationnement sur voirie (gratuites/payantes) - places de stationnement en ouvrages - places de stationnement en parcs-relais - coût moyen annuel (exploitation et amortissement) d’une place de stationnement public, suivant le type de places: sur voirie (gratuite/payante), en ouvrages, en parc-relais en périphérie Données spécifiques clientèle des transports collectifs : • tarification du réseau de transports collectifs: - niveau en francs des différentes catégories de titres de transports (tickets, abonnements payants, titres à tarif réduit ou gratuit) - recette pour l’exploitant par déplacement effectué avec les différentes catégories de titres de transport • proportion des déplacements en transports collectifs effectués avec les différentes catégories de titres: - % de déplacements effectués avec des tickets - % de déplacements effectués avec des cartes d’abonnement payant - % de déplacements effectués avec d’autres titres de transports (tarif réduit, titres gratuits) Données relatives aux effets sur l’environnement Pour la situation de référence et pour les différents scénarios avec projet TCSP, les éléments suivants doivent être renseignés: • données accidents : estimation pour la dernière année disponible des taux moyens d'accidents pour les voitures et les autobus pour l'agglomération considérée, exprimés en nombre de tués, blessés graves et blessés légers par millions de véhicules x km, sur la base des données existantes pour le périmètre d'étude retenu (moyenne des tués, blessés graves et légers sur la voirie et sur le réseau de transports collectifs pour les cinq dernières années, rapportée au trafic interne estimé en véhicules x km pour la situation existante) ; • données émissions de polluants : rappel des hypothèses d'évolution des émissions unitaires du parc roulant français, par types de véhicules et de voirie, retenues dans le rapport INRETS/LEN n°9801 Évolution du parc automobile français entre 1970 et 2020, janvier 1998; • tableau récapitulatif pour les trois années de référence (année de mise en service de l'axe TCSP concerné, 5 ans, 15 ans et 30 ans après la mise en service), les données pour les autres années étant obtenues par extrapolation linéaire (premier tableau ci-contre). Données relatives aux effets sur l’espace public Pour la situation de référence et pour les différents scénarios avec projet TCSP, les éléments suivants doivent être renseignés (second tableau ci - contre). C O N S T I T U T I O N D E S D O N N É E S P O U R L ’ É V A L U A T I O N S O C I O - É C O N O M I Q U E D ’ U N P R O J E T Situation de référence Mise en service 5 ans après 15 ans après D E 91 T C S P Scénario alternatif Situation avec TCSP 30 ans après Mise en service 5 ans après 15 ans après 30 ans après Idem Données accidents : (évaluation statistique basée sur les taux moyens d’accidents calculés ci-dessus, sur les estimations de trafic automobile interne obtenues par le modèle et sur l’offre en véhicules x km des transports collectifs) - nombre annuel «moyen» de tués, de blessés légers sur voirie - nombre annuel «moyen» de tués, de blessés graves et de blessés légers sur le réseau de transports collectifs - coûts unitaires des tués, blessés légers et blessés graves en voiture et en transports collectifs Données bruit sur le réseau de référence utilisé par le modèle de déplacement : - superficie des logements et des bâtiments d’activité exposés à des Leq de jour compris entre 55 et 60, 60 et 65, 65 et 70, 70 et 75 et supérieures à 75 dB(A) - superficie des logements et des bâtiments d’activité exposés à des Leq de nuit compris entre 50 et 55, 55 et 60, 60 et 65, 65 et 70, 70 et 75 et supérieurs à 75 dB(A) dépréciations foncières unitaires en € /dB et majoration éventuelle (effets sur la santé, zones sensibles) Données pollution atmosphérique et utilisation rationnelle de l’énergie (issues du modèle de déplacement sur le réseau de référence) : - émissions annuelles des polluants suivants (en kg): oxydes d’azote (NO x), monoxyde de carbone (CO), particules, hydrocarbures ou composés organiques volatils (COV), dioxyde de carbone (CO 2) - consommation énergétique en m 3 de carburant et en TEP (tonnes équivalent pétrole) - coût unitaire des effets de la pollution atmosphérique, en € par véhicule x km automobile ou bus - valeur unitaire des rejets de dioxyde de carbone, en € par litre de carburant Situation de référence Mise en service Répartition modale des espaces m 2 dédiés à : - l’automobile: voirie; stationnement - les piétons - les deux roues - les transports publics Ces éléments devront faire l’objet, en sus, d’une évaluation qualitative 5 ans après 15 ans après Scénario alternatif Situation avec TCSP 30 ans après Mise en service 5 ans après 15 ans après 30 ans après Idem 92 III Structure des coûts d’investissement Le Certu a tenté à plusieurs reprises de comparer les coûts d’investissement de divers projets de TCSP. Il s’est heurté à chaque fois au problème de la décomposition des coûts qui n’était pas la même selon les agglomérations et rendait donc la comparaison quasiment impossible. C’est pourquoi, nous préconisons de décomposer les coûts d’investissement selon le découpage en 19 postes présenté ci-dessous, qui est basé sur la proposition formulée dans l'annexe 4 du document Évaluation des transports en commun en site propre, Indicateurs transport pour l'analyse et le suivi des opérations [Certu 1997]. L'assistance architecturale visée ici concerne les concours d'architecture, et les autres études confiées à des architectes avant les travaux. III. Maîtrise d’œuvre de travaux Il s'agit des missions d'ingénierie normalisées pour la conduite des travaux, ainsi que l'assistance architecturale pendant les travaux. IV. Acquisitions foncières Attention, tous les coûts imputables à la réalisation du dépôt, et de ses accès, sont reportés au poste dépôt, y compris les frais d'études, de maîtrise d'œuvre ou d'ouvrage, et d’acquisitions foncières, lorsque cela est possible. et libération des emprises Ce poste comprend : les acquisitions foncières proprement dites, les démolitions, les modifications et reconstructions d'immeubles, les clôtures, les relogements , les indemnités d'éviction, et autres. I. Études d’avant - projet / projet Il s'agit ici uniquement des études de niveau avant - projet et projet. Les études antérieures, de type études préalables, études d'insertion, schémas directeurs, etc., souvent très nombreuses, très variées, et réalisées sur une longue période, en régie ou par des bureaux privés ou publics, ne figurent pas dans cette rubrique, mais peuvent être répertoriées à part, sous le vocable études préalables, quand elles sont représentatives. Sont exclues de cette rubrique les indemnités des riverains dues à la gêne pendant les travaux (rubrique n°2: maîtrise d'ouvrage). V. Déviation de réseaux Il s'agit des coûts de déviations de réseaux de concessionnaires imputables à l'opération, qu’ils soient financés par l’autorité organisatrice ou d’une autre façon. II. Maîtrise d'ouvrage VI. Travaux préparatoires Il s'agit de tous les frais, et de toutes les études, engagés au titre de la maîtrise d'ouvrage, tels que: assistances technique, architecturale, paysagère, juridique; assurances, communication, concertation, enquêtes publiques, fouilles archéologiques; études topographiques, de bruit, de sol; indemnités de gêne pendant les travaux ou de préjudice commercial. Sont inclus tous les travaux préparatoires à la réalisation du chantier sur le domaine public, tels que : ouvrages provisoires, déviations de voirie, installations de chantier, etc. ; sont exclus les réaménagements de voirie définitifs, compris dans la rubrique n°11: voirie et espaces publics. S T R U C T U R E VII. Ouvrages d'art Il s'agit des ouvrages, en ligne, de génie civil et de gros œuvre, comme les ponts, les tunnels, les murs de soutènement, les confortations ou modifications d'ouvrages d'art existants, à l’exclusion du génie civil des stations aériennes ou souterraines qui sont comptabilisées dans la rubrique n°14-1: infrastructure des stations. VIII. Plate - forme D E S C O Û T S D ’ I N V E S T I S S E M E N T 93 X. Revêtement du site propre Pour les autobus et autres modes routiers roulant sur chaussée classique, il s'agit de la couche de roulement, et des séparateurs ou bordures. Pour les tramways et métros, il s'agit éventuellement du remplissage entre les rails, du revêtement superficiel, et des séparateurs ou bordures. XI. Voirie (hors site propre) et espaces publics Il s'agit ici d'isoler les travaux de l’assise du site propre limités à la largeur de l'emprise réservée. C'est-à-dire les travaux nécessaires à la réalisation des terrassements, de la couche de forme, de la couche de base pour un site propre de surface, et de la couche de soubassement pour un tronçon en ouvrage – servant d'assise à la voie ferrée (tramway ou métro) ou à la couche de roulement (mode routier) ainsi que du drainage et de la multitubulaire. Il s'agit du gros œuvre nécessaire à la reconstitution de l’espace public conformément à sa destination, entre le site propre (y compris les stations et leurs accès) et les façades des rues empruntées par le TCSP (hors équipements de superstructure) : terrassements, chaussées, trottoirs, revêtements. XII. Équipements urbains La voie proprement dite, le revêtement et les couches de roulement font partie des rubriques n°9: voie spécifique des systèmes ferrés et guidés, et n°10: revêtement du site propre. IX. Voie spécifique des systèmes ferrés et guidés Il s'agit de la pose et de la fourniture de la voie spécifiquement adaptée aux modes ferrés, ou du système de guidage pour les modes routiers. C'est - à-dire: traverses, rails, systèmes d'attaches, de liaisons, et antibruit, ou ensemble du système de guidage sur voirie. Le remplissage éventuel entre les rails, et le revêtement, font partie de la rubrique n°10: revêtement du site propre. Il s'agit de l'ensemble des équipements de superstructure, implantés le long de la ligne : mobilier urbain, plantations, éclairage, garde corps, hors équipements propres au mode de transport collectif, aux stations, et à la signalisation qui sont inclus dans les rubriques n° 14, 15, 16 et 17. XIII. Signalisation Regroupe les signalisations horizontales, verticales de jalonnement, et tricolores pour la circulation routière, y compris le matériel de régulation des feux. Le système de priorité aux feux d’un tramway ou d’un mode guidé, et sa signalisation de type ferroviaire, sont à inscrire dans la rubrique n°16: courants faibles et PCC. 94 S T R U C T U R E D E S C O Û T S D ’ I N V E S T I S S E M E N T XIV. Stations Infrastructure des stations Génie civil, gros œuvre et second œuvre des stations, y compris pour les stations au sol des tramways et des modes routiers (quais et soubassements). Équipement des stations Ce poste comprend les coûts liés au mobilier des stations, abris, bancs, barrières, éclairage, panneaux d'information fixes, ainsi que les escalators, ascenseurs, ventilation, équipements de sécurité et de secours, dans les stations aériennes ou enterrées, et des essais correspondants, à l'exclusion des installations et mobiliers nécessaires aux systèmes de SAE, SAI, courants faibles, exploitation, distribution et oblitération des titres de transport,... figurés dans la rubrique n°16: courants faibles et PCC. XVII. Dépôt Compte tenu de la diversité des situations rencontrées, il a été décidé de regrouper l'ensemble des coûts liés à la réalisation du dépôt , et des infrastructures et équipements nécessaires à ses accès, dans cette rubrique. Ainsi, tous les coûts des postes mentionnés ci-dessus, liés à la partie de la ligne hors exploitation voyageur, sont à prendre en considération dans ce cadre. XVIII. Matériel roulant Outre les véhicules eux-mêmes, ce poste comprend les frais d'essais et de mise en service du matériel, ainsi que la formation des personnels. XIX. Opérations induites XV. Alimentation en énergie de traction Cette rubrique comprend l'ensemble des installations nécessaires à la distribution de l'énergie aux véhicules à traction électrique: sous-stations (y compris le local, et sauf intégration au dépôt), fourniture et pose du réseau de distribution, de la ligne aérienne, système de contrôle (hors PCC compris dans la rubrique n°16: courants faibles et PCC). XVI. Courants faibles et PCC Il s'agit de l'ensemble des systèmes de contrôle et d'exploitation de la ligne de TCSP: automatismes, SAE, SAI, distribution et oblitération des titres de transport, signalisation et commandes spécifiques (style ferroviaire), poste de commande centralisé correspondant, hors bâtiment si intégré au dépôt..., et des essais correspondants. Ces opérations constituent des actions d'accompagnement. Non nécessaires au fonctionnement du TCSP proprement dit, non imputables à une démarche qualité globale le long de la ligne, elles répondent par contre aux logiques suivantes: • opérations de voirie et de stationnement : restitution de certaines fonctions et de certains usages qui dépassent le cadre du simple réaménagement de voirie de façade à façade (voie nouvelle ou réaménagement de voie pour la circulation des voitures en dehors des emprises des voies empruntées par le site propre, parc de stationnement souterrain, etc.) ; • opérations architecturales et urbaines: traitement architectural ou urbain d'un lieu présentant des caractéristiques particulières (place, quai, monument, espace vert...); • opérations de transport collectif : opérations d’interconnexion des transports collectifs (création ou modification de gares, pôles d'échange...). S T R U C T U R E Une description assez précise de chaque opération est nécessaire pour éclairer la décomposition par poste, mais seul le coût total de chaque type d’opération (hors coûts imputables aux autres rubriques) est significatif comme indicateur des coûts d’investissements. Enfin, les coûts à renseigner ici ne sont pas les coûts financés par l’autorité organisatrice, mais bien les coûts réels du projet. D E S C O Û T S D ’ I N V E S T I S S E M E N T 95 96 IV Aspects juridiques et réglementaires Les textes de loi et décret Art. 14 de la LOTI La Loi n° 82 - 1153 d’Orientation des Transports Intérieurs du 30 décembre 1982, dite LOTI, a institué plusieurs notions originales (droit au transport, efficacité économique et sociale, plan de déplacements urbains...) et a exigé dans son article 14 la réalisation d'évaluations socio - économiques et de bilans des grands projets d’infrastructure. L’article 14 a été modifié par la loi sur l’air et par la loi d’orientation pour l’aménagement et le développement du territoire ; il est complété d’un décret. Ces différents éléments sont présentés ci-dessous. Le 17 juillet 1984, le décret n°84-617 d’application de l’article 14 de la LOTI précise le champ d’application Loi d’Orientation des Transports Intérieurs : article 14, modifié par la loi sur l’air et la LOADT Les choix relatifs aux infrastructures, équipements et matériels de transport et donnant lieu à financement public, en totalité ou partiellement, sont fondés sur l'efficacité économique et sociale de l'opération. et le contenu de l’évaluation; il précise également que le bilan concerne les effets économiques et sociaux, qu’il est établi par le maître d’ouvrage au moins trois ans et au plus cinq ans après la mise en service, que la collecte d’informations est organisée par le maître d’ouvrage dès la réalisation du projet, enfin que le bilan comme l’évaluation a priori sont soumis à des obligations de publicité. Plus récemment, la loi n°96-1236 du 30 décembre 1996 sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie, en son article 16, et la loi n°99-533 du 25 juin 1999 d’orientation pour l’aménagement et le développement du territoire (LOADT) en son article 43 ont notablement modifié l’article 14 de la LOTI, en intégrant notamment les effets externes des transports relatifs à l’environnement, à la sécurité et à la santé. l’environnement, à la sécurité et à la santé et permettant de procéder à des comparaisons à l'intérieur d'un même mode de transport et entre différents modes ou combinaisons de modes. Ces évaluations sont rendues publiques avant l'adoption définitive des projets concernés. Ils tiennent compte des besoins des usagers, des impératifs de sécurité et de protection de l’environnement, des objectifs du Plan de la nation et de la politique d'aménagement du territoire, des nécessités de la défense, de l'évolution prévisible des flux de transport nationaux et internationaux, du coût financier et, plus généralement, des coûts économiques réels et des coûts sociaux dont ceux des atteintes à l’environnement. Lorsque ces opérations sont réalisées avec le concours de financements publics, un bilan des résultats économiques et sociaux est établi au plus tard cinq ans après leur mise en service. Ce bilan est rendu public. Les grands projets d'infrastructures et les grands choix technologiques sont évalués sur la base de critères homogènes intégrant les impacts des effets externes des transports relatifs notamment à Des décrets en Conseil d'État précisent les infrastructures et les choix technologiques ainsi que les modalités des études prévues au deuxième alinéa du présent article. La réalisation, l'aménagement d'une infrastructure peuvent faire l'objet de contrats entre l'État et les collectivités locales intéressées. A S P E C T S J U R I D I Q U E S E T R É G L E M E N T A I R E S 97 Décret d’application de l’art. 14 de la LOTI Décret 84 - 617 du 17 juillet 1984 (extrait) Décret relatif à l'application de l'article 14 de la loi 82-1153 du 30 décembre 1982 relatif aux grands projets d'infrastructures, aux grands choix technologiques et aux schémas directeurs d'infrastructures en matière de transports intérieurs. Titre I er : Évaluation et bilan des grands projets d'infrastructures et des grands choix technologiques Article 1 L'évaluation et le bilan des grands projets d'infrastructures et des grands choix technologiques intéressant les transports publics tels qu'ils sont définis à l'article 5, dernier alinéa, de la loi susvisée du 30 décembre 1982 sont établis selon les critères définis par ladite loi du 30 décembre 1982, notamment dans ses articles 1, 3 et 14 (alinéas 1 er et 2 e). Chapitre I er : Des grands projets d'infrastructures Article 2 Sont considérés comme grands projets d'infrastructures de transports: • la création de voies rapides à 2 x 2 voies d'une longueur supérieure à 25 km, d'aérodromes de catégorie A, d'infrastructures ferroviaires d'intérêt général, de voies navigables de plus de 5 km accessibles aux bateaux de plus de 1 000 tonnes de port en lourd ; • les canalisations d'intérêt général, autres que celles qui sont destinées aux transports de gaz régis par la loi n°46-628 du 8 avril 1946 sur la nationalisation de l'électricité et du gaz, dont le coût est égal ou supérieur à 250 millions de francs ; toutefois, ces dispositions ne s'appliquent pas aux ouvrages utilisés pour les besoins de la défense nationale ou en application de traités ou accords internationaux en matière de défense, régulièrement entrés en vigueur; • les projets d'infrastructures de transport dont le coût est égal ou supérieur à 500 millions de francs. Les seuils monétaires prévus à l'alinéa 1 er peuvent faire l'objet de révision par arrêté du ministre chargé des transports dans la limite de l'évolution des prix de la formation brute de capital fixe des administrations figurant dans le rapport économique et financier annexé à la loi de finances. Pour les travaux dont la maîtrise d'ouvrage appartient aux communes, aux départements ou aux régions, et à leurs groupements, sont en outre pris en compte les projets suivants lorsqu'ils sont soumis à une étude d'impact: • création d'aérodromes autorisés par l'État; • création ou extension des ports maritimes ayant pour objet de doubler la capacité du port; • création ou extension de canaux et de voies navigables ; • projets d'infrastructures de transports ferrés ou guidés à l'exception des remontées mécaniques; • projets de routes nouvelles d'une longueur supérieure à 15 kilomètres. Article 3 Lorsqu'un projet est susceptible d'être réalisé par tranches successives, les conditions prévues à l'article 2 s'apprécient au regard de la totalité dudit projet et non de chacune de ses tranches; l'évaluation prévue à l'article 4 doit être préalable à la réalisation de la première tranche. Dans le cas où une tranche fait l'objet d'une modification qui remet en cause l'économie générale du projet, il est procédé à une nouvelle évaluation. Article 4 L'évaluation des grands projets d'infrastructures comporte : 98 A S P E C T S J U R I D I Q U E S E T R É G L E M E N T A I R E S • une analyse des conditions et des coûts de construction, d'entretien, d'exploitation et de renouvellement de l'infrastructure projetée; • une analyse des conditions de financement et, chaque fois que cela est possible, une estimation du taux de rentabilité financière; • les motifs pour lesquels, parmi les partis envisagés par le maître d'ouvrage, le projet présenté a été retenu ; • une analyse des incidences de ce choix sur les équipements de transport existants ou en cours de réalisation, ainsi que sur leurs conditions d'exploitation, et un exposé sur sa compatibilité avec les schémas directeurs d'infrastructures applicables ; • le cas échéant, l'avis prévu à l'article 18. L'évaluation des grands projets d'infrastructures comporte également une analyse des différentes données de nature à permettre de dégager un bilan prévisionnel, tant des avantages et inconvénients entraînés, directement ou non, par la mise en service de ces infrastructures dans les zones intéressées que des avantages et inconvénients résultant de leur utilisation par les usagers. Ce bilan comporte l'estimation d'un taux de rentabilité pour la collectivité calculée selon les usages des travaux de planification. Il tient compte des prévisions à court et à long terme qui sont faites, au niveau national ou international, dans les domaines qui touchent aux transports, ainsi que des éléments qui ne sont pas inclus dans le coût du transport, tels que la sécurité des personnes, l'utilisation rationnelle de l'énergie, le développement économique et l'aménagement des espaces urbain et rural. Il est établi sur la base de grandeurs physiques et monétaires ; ces grandeurs peuvent ou non faire l'objet de comptes séparés. Les diverses variantes envisagées par le maître d'ouvrage d'un projet font l'objet d'évaluations particulières selon les mêmes critères. L'évaluation indique les motifs pour lesquels le projet présenté a été retenu. Article 5 L'évaluation d'un grand projet d'infrastructures incombe au maître d'ouvrage et est financée par lui. Article 6 Sous réserve du secret de la défense nationale ou du secret en matière commerciale et industrielle, le dossier d'évaluation prévu à l'article 4 est inséré dans les dossiers soumis à enquête publique. Article 7 Sous les réserves mentionnées à l'article 6 du présent décret, lorsqu'une enquête publique n'est pas prévue ou ne l'est que par tranches, l'évaluation d'un grand projet d'infrastructures est rendue publique par une mention insérée dans deux journaux locaux ou, pour les opérations dont l'importance excède la région, dans deux journaux à diffusion nationale . Cette insertion a lieu au moins six mois avant l'adoption définitive du projet. Les demandes de consultation du dossier d'évaluation sont présentées au maître d'ouvrage dans les cinq mois qui suivent l'insertion; lorsque le maître d'ouvrage est l'État, elles sont adressées au commissaire de la République du ou des départements dans lesquels sont situées les infrastructures projetées. Le délai imparti à l'intéressé pour prendre connaissance du dossier d'évaluation ne peut être inférieur à quinze jours. Article 8 Le bilan, prévu à l'article 14 de la loi susvisée du 30 décembre 1982, des résultats économiques et sociaux des infrastructures dont le projet avait été soumis à l'évaluation, est établi par le maître d'ouvrage au moins trois ans et au plus cinq ans après la mise en service des infrastructures concernées. A S P E C T S J U R I D I Q U E S E T R É G L E M E N T A I R E S 99 La collecte des informations nécessaires au bilan est organisée par le maître d'ouvrage dès la réalisation du projet. conseil général des ponts et chaussées et, dans la limite de ses compétences, de l'inspection générale de l'aviation civile et de la météorologie. Article 9 En ce qui concerne les infrastructures autres que celles dont les communes, les départements, les régions et leurs groupements sont maîtres d'ouvrage, le bilan prévu à l'article 8 est soumis à l'avis du Article 10 Le dossier du bilan, accompagné des avis mentionnés à l'article 9, est mis à la disposition du public dans les conditions de publicité et sous les réserves prévues à l'article 7. Les études d’impact dans le code de l’environnement coûts collectifs des pollutions et nuisances et des avantages induits pour la collectivité ainsi qu'une évaluation des consommations énergétiques résultant de l'exploitation du projet, notamment du fait des déplacements qu'elle entraîne ou permet d'éviter». Cette précision ayant été apportée par la loi sur l’air en 1996. Le code de l’environnement dans son 1 er Livre, Titre II, chapitre II précise que les études d'impact des infrastructures de transport, qui font partie de l'évaluation a priori, comprennent «une analyse des 100 A S P E C T S J U R I D I Q U E S E T R É G L E M E N T A I R E S Code de l’environnement (ancien article 2 de la loi 76-629 du 10 juillet 1976 relative à la protection de la nature, modifié par l’article 19 de la loi sur l’air et codifié en 2000) Livre 1 er : Dispositions communes Titre II: Information et participation des citoyens Chapitre II: Études d'impact Article L. 122 - 1 Les travaux et projets d'aménagement qui sont entrepris par une collectivité publique ou qui nécessitent une autorisation ou une décision d'approbation, ainsi que les documents d'urbanisme, doivent respecter les préoccupations d'environnement. Les études préalables à la réalisation d'aménagements ou d'ouvrages qui, par l'importance de leurs dimensions ou leurs incidences sur le milieu naturel, peuvent porter atteinte à ce dernier, doivent comporter une étude d'impact permettant d'en apprécier les conséquences. Article L. 122 - 2 Si une requête déposée devant la juridiction administrative contre une autorisation ou une décision d'approbation d'un projet visé au second alinéa de l'article L.122-1 est fondée sur l'absence d'étude d'impact, le juge des référés, saisi d'une demande de suspension de la décision attaquée, y fait droit dès que cette absence est constatée. 2 Le décret 77-1141, modifié par le décret 93-245, précise les modalités d’application de l’article L.122-3. La modification portée en 1996 sur les coûts collectifs n’est donc pas prise en compte dans ce décret qui n’a pas été modifié depuis 1993. Annulation du tribunal administratif de Rennes, confirmé en Conseil d’État Le 15 février 1993, le tribunal administratif de Rennes annule la déclaration d’utilité publique du projet de métro de Rennes pour insuffisance d’évaluation socio-économique tel que l’impose la loi d’orientation des transports intérieurs (LOTI). Le 4 décembre 1995, le conseil d’État confirme le jugement. Article L122-3 I. Un décret en Conseil d'État 2 précise les modalités d'application du présent chapitre. II. Il fixe notamment: • les conditions dans lesquelles les préoccupations d'environnement sont prises en compte dans les procédures réglementaires existantes; • le contenu de l'étude d'impact qui comprend au minimum une analyse de l'état initial du site et de son environnement, l'étude des modifications que le projet y engendrerait, l'étude de ses effets sur la santé et les mesures envisagées pour supprimer, réduire et, si possible, compenser les conséquences dommageables pour l'environnement et la santé; en outre, pour les infrastructures de transport, l'étude d'impact comprend une analyse des coûts collectifs des pollutions et nuisances et des avantages induits pour la collectivité ainsi qu'une évaluation des consommations énergétiques résultant de l'exploitation du projet, notamment du fait des déplacements qu'elle entraîne ou permet d'éviter ; • les conditions dans lesquelles l'étude d'impact est rendue publique; • la liste limitative des ouvrages qui, en raison de la faiblesse de leurs répercussions sur l'environnement, ne sont pas soumis à la procédure de l'étude d'impact; • les conditions dans lesquelles le ministre chargé de l'environnement peut se saisir ou être saisi, pour avis, de toute étude d'impact. Les autorités responsables des transports publics ont effectivement pris en compte cet arrêt du Conseil d’État, qui a remis en cause le projet de métro de Rennes. En effet, la Direction des transport terrestres a constaté depuis cette date que les dossiers de demande de prise en considération qu’elle instruisait pour l’obtention d’une subvention étaient plus approfondis qu’auparavant sur ce thème de l’évaluation socio-économique. A S P E C T S Extrait de la décision n°157.756 du Conseil d’État Considérant qu'en vertu des dispositions du I de l'article R.11-3 du code de l'expropriation pour cause d'utilité publique, le dossier soumis à enquête en vue de la déclaration d'utilité publique de travaux ou d'ouvrages comprend obligatoirement : « 7° L'évaluation mentionnée à l'article 5 du décret n°84-617 du 17 juillet 1984 pris pour l'application de l'article 14 de la loi n°82-1153 du 30 décembre 1982 d'orientation des transports intérieurs, lorsque les travaux constituent un grand projet d'infrastructures... » ; qu'aux termes de l'article 4 du décret du 17 juillet 1984, «l'évaluation des grands projets d'infrastructures comporte : 1° Une analyse des conditions et des coûts de construction, d'entretien, d'exploitation et de renouvellement de l'infrastructure projetée 2° Une analyse des conditions de financement et, chaque fois que cela est possible, une estimation du taux de rentabilité financière ; 3° Les motifs pour lesquels, parmi les partis envisagés par le maître d'ouvrage, le projet présenté a été retenu; 4° Une analyse des incidences de ce choix sur les équipements de transport existants ou en cours de réalisation, ainsi que sur leurs conditions d'exploitation, et un exposé sur sa comptabilité avec les schémas directeurs d'infrastructures applicables; 5° Le cas échéant, l'avis prévu à l'article 18. L'évaluation des grands projets d'infrastructures comporte également une analyse des différents données de nature à permettre de dégager un bilan prévisionnel, tant des avantages et inconvénients entraînés, directement ou non, par la mise en service de ces infrastructures dans les zones intéressées que des avantages et inconvénients résultant de leur utilisation par les usagers. Ce bilan comporte l'estimation d'un taux de rentabilité pour la collectivité calculée selon les usages des travaux de planification. Il tient compte des prévisions à court et à long terme qui sont faites, J U R I D I Q U E S E T R É G L E M E N T A I R E S 101 au niveau national ou international, dans les domaines qui touchent aux transports, ainsi que des éléments qui ne sont pas inclus dans le coût du transport, tels que la sécurité des personnes, l'utilisation rationnelle de l'énergie, le développement économique et l'aménagement des espaces urbain et rural. Il est établi sur la base de grandeurs physiques et monétaires ; ces grandeurs peuvent ou non faire l'objet de comptes séparés. Les diverses variantes envisagées par le maître d'ouvrage d'un projet font l'objet d'évaluations particulières selon les mêmes critères. L'évaluation indique les motifs pour lesquels le projet présenté a été retenu». Considérant que le document intitulé Étude d'impact et d'évaluation de la première ligne du VAL du district de Rennes, joint au dossier de l'enquête publique à laquelle il a été procédé du 11 mai 1992 au 20 juin 1992, ne comportait qu'une analyse très incomplète des conditions et des coûts d'entretien et d'exploitation de l'infrastructure projetée, en grande partie d'ailleurs parce que le mode de gestion du réseau n'avait pas encore été arrêté à la date de l'enquête ; que ledit document ne contenait l'estimation ni du taux de rentabilité financière pour le maître de l'ouvrage, ni du taux de rentabilité pour la collectivité; qu'enfin, les mêmes lacunes affectaient l'analyse des variantes; qu'ainsi, en l'absence d'éléments essentiels de l'évaluation imposée par les dispositions précitées de l'article R. 11 - 3 du code de l'expropriation pour cause d'utilité publique et de l'article 4 du décret du 17 juillet 1984, la procédure d'enquête publique était entachée d'irrégularité ; que, par suite, le DISTRICT URBAIN DE L’AGGLOMERATION RENNAISE et la VILLE DE RENNES ne sont pas fondés à soutenir que c'est à tort que, par l'article 1 er de son jugement, le tribunal administratif de Rennes a annulé l'arrêté en date du 15 février 1993 du préfet d'Ille-et-Vilaine comme pris au terme d'une procédure irrégulière. 102 V Comment le calcul économique est - il appliqué aux projets de TCSP en province, jusqu’à présent ? Cette annexe sur les pratiques d’évaluation socioéconomique des transports en commun en site propre en France à la fin des années 1990 a pour objectif de décrire comment les calculs de rentabilité socio-économique sont aujourd’hui mis en œuvre, par les maîtres d’ouvrage, en l’occurrence les autorités organisatrices de transport, pour l’évaluation de projets de TCSP en province. Pour ce faire, nous nous sommes principalement appuyés sur l’analyse d’une dizaine de dossiers de demandes de subvention pour des projets de TCSP en province récemment instruits par les services de la Direction des Transports Terrestres. Suivant les agglomérations concernées, il peut s’agir des dossiers de Demande de Prise en Considération (DPC) ou des dossiers d’enquête préalable à la Déclaration d’Utilité Publique (DUP). Les dossiers étudiés concernent les projets suivants: le tramway sur pneu de Nice ; l’axe bus est - ouest et le VAL de Rennes ; les tramways d’Orléans, Montpellier et Bordeaux, le Transport sur Voie Réservée (TVR) de Caen; la ligne 3 du tramway de Nantes et la ligne B du tramway de Strasbourg ; le prolongement de la ligne B du métro de Lyon. Une information plus détaillée sur les pratiques actuelles est recensées en annexe à partir de l’analyse des documents. Enfin nous avons choisi d’illustrer les différents thèmes abordés à partir de l’exemple de la ligne B du tramway de Strasbourg. L’objectif visé n’est pas de juger ce dossier, mais de fournir une illustration moins théorique à notre propos. Il ressort de l’analyse des différents dossiers que les pratiques sont très hétérogènes, et peuvent être contradictoires sur certains. La comparaison entre projets n’est donc pas possible. V.1. La situation de référence V.1.1. Rappel théorique La première étape de l’évaluation d’un projet d’investissement public, quel qu’il soit, consiste à définir un ensemble d’actions possibles par rapport au problème posé au décideur. Parmi ces actions, le décideur privilégie une «action de référence» dont les effets déterminent une «situation de référence», par rapport à laquelle vont être comparés les effets des autres solutions, le projet de TCSP pouvant être décliné suivant plusieurs variantes (dimensionnement, normes techniques, date de réalisation,…). L’action de référence est la situation «au fil de l’eau», qui permet de maintenir la qualité de service à un niveau raisonnable: elle diffère du simple statu quo dans la mesure où elle signifie ne rien faire de majeur, tout en continuant à endosser les actions préalablement décidées. Ainsi, des investissements sont souvent nécessaires, en l’absence de réalisation du projet de TCSP, pour renouveler le matériel roulant ou pour s’adapter à l’évolution de la demande liée au développement urbain prévu pour l’agglomération. V.1.2. Une augmentation de l’offre par rapport à la situation actuelle pour certains, le statu quo pour d’autres Un certain nombre de situations de références prennent bien en compte une évolution du réseau de transports publics par rapport à la situation actuelle, en particulier par un maintien de la qualité de service, c’est-à-dire des fréquences de passage des autobus sur le réseau existant. Compte tenu des hypothèses faites sur l’évolution de la vitesse commerciale des bus qui tend à se dégrader, cela revient à augmenter l’offre du réseau bus exprimée en véhicules * km. Dans certains cas, l’offre future prend également en C O M M E N T A U X L E P R O J E T S compte les perspectives de développement urbain, pouvant nécessiter, dans la situation de référence, la création de desserte dans des secteurs en développement. Par contre dans d’autres dossiers, la situation de référence correspond à la situation actuelle du réseau de transports en commun, c’est le simple statu quo, sans doute peu réaliste. C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , 103 Dans certaines agglomérations prévoyant une croissance importante de la population, il est toutefois prévu que la fréquentation du réseau de transport en commun pourra croître au rythme de + 1% par an. Mais, il n’est pas prévu d’augmentation de la recette unitaire d’exploitation en situation de référence. V.1.5. L’amortissement et le renouvellement V.1.3. Une dégradation de la vitesse commerciale des bus est souvent prise en compte La situation de référence reprend en général comme hypothèse l’évolution de la vitesse commerciale observée sur les dernières années, en lien avec une hypothèse de dégradation des conditions de circulation, comprise entre – 0,5 % par an dans le cas le plus favorable, où est prise en compte la longueur importante des voies réservées aux bus dans la situation actuelle et – 1,0 % par an pour les autres cas. du parc autobus sont souvent ignorés Peu d’agglomérations précisent l’impact de l’amortissement et du renouvellement normal du parc d’autobus existant dans la situation de référence. Les incidences éventuelles de l’accroissement du nombre de véhicules * km parcourus sur les besoins d’acquisition de nouveaux véhicules ne sont en général pas précisées. V.2. Les coûts d’investissement V.2.1. Rappel théorique Compte tenu des hypothèses formulées sur la vitesse commerciale et de la non prise en compte de gains éventuels de productivité à réaliser sur le réseau, les coûts d’exploitation au véhicule * km sont supposés augmenter dans la plupart des cas entre + 0,55% et + 0,8% par an. V.1.4. En général une fréquentation proche de la situation actuelle La plupart des agglomérations retiennent une hypothèse de stabilité de la fréquentation du réseau urbain. Dans certains cas, les raisons sont détaillées, en précisant la part liée aux hypothèses de développement urbain et celle liée à l’attractivité de l’offre de transports en commun – avec indication de l’élasticité de la fréquentation par rapport à l’offre de transport public. Pour les besoins du calcul économique, le rapport BOITEUX recommande de prendre en compte les coûts d’investissement hors taxes, dans la mesure où la TVA correspond à un simple transfert entre agents économiques et non à un coût pour la collectivité, et où certains «avantages» pris en compte ne sont pas des produits marchands et donc ne sont pas monétarisés en prix TTC. V.2.2. L’expérience des opérations déjà réalisées Les coûts d’investissement des projets de TCSP fournis dans les dossiers, s’appuient sur la connaissance acquise avec les opérations antérieures de construction de lignes de métro et de tramway. Ils sont en général détaillés par poste: infrastructures et atelier garage, matériel roulant, système d’aide 104 C O M M E N T A U X L E P R O J E T S C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , à l’exploitation et billetique, acquisitions foncières, déviations de réseaux – voirie urbaine – aménagements de carrefours, frais d’études et d’ingénierie et maîtrise d’ouvrage. Suivant le type de TCSP, les ratios de dépenses d’investissement initial ramenées au km de ligne se situent à: • 5 M€ / km (30 MF / km) pour un site propre bus ; • 12 M€ /km (80 MF/km) pour le TVR; • 20 à 23 M€ /km (130 à 150 MF/km) pour un projet de tramway; • 44 M€ / km (290 MF / km) pour le projet de VAL de Rennes. V.2.5. Les dépenses d’investissement ne sont ni échelonnées ni actualisées avant la mise en service En général, il n’est pas présenté d’échéancier des dépenses d’investissement pendant la phase de conception et de réalisation des travaux – avant la mise en service – et par conséquent, il n’est pas procédé à l’actualisation des flux de dépenses d’investissement à la date de mise en service. V.2.6. Les dépenses d’entretien et de renouvellement du matériel après la mise en service sont très variables suivant les projets V.2.3. Les opérations d’accompagnement du TCSP sont inclues dans les coûts pour certains, pas pour d’autres Dans certains cas, les coûts d’investissements incluent le coût des aménagements valorisant l’environnement des projets et favorisant l’utilisation d’autres modes de déplacements alternatifs à la voiture comme la construction de parcs relais, de pistes cyclables, ou de cheminements piétons. Toutefois, certains projets chiffrent les coûts de ces aménagements mais ne les prennent pas en compte dans le calcul socio - économique, dans la mesure où ils ne sont pas nécessités directement par le projet. V.2.4. Aucun investissement sur le réseau bus Certains projets détaillent les durées d’amortissement des différents types d’équipement et de matériel sur la durée de vie de l’investissement TCSP réalisé et en déduisent les flux annuels de dépenses ainsi que la valeur résiduelle correspondante. Dans d’autres cas, de manière à simplifier le calcul, le renouvellement des gros matériels – à longue durée de vie – et des infrastructures est pris en compte sous la forme d’une «provision pour gros entretien et renouvellement». Cette provision peut être annuelle ou périodique – tous les cinq ou dix ans – et représente un pourcentage fixe du coût initial d’investissement. Globalement, cette provision représente environ 1% du coût initial d’investissement par an. n’est pris en compte À de rares exceptions, les coûts d’investissements se limitent au projet TCSP et n’incluent pas des différences de dépenses d’investissement sur le réseau existant par rapport à la situation de référence, notamment pour ce qui concerne l’acquisition et le renouvellement du parc d’autobus. Enfin, dans la majorité des projets, aucune indication n’est fournie quant à la prise en compte des investissements nécessaires après la mise en service. C O M M E N T A U X L E P R O J E T S Exemple : le dossier d'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique de la ligne B du tramway de Strasbourg (décembre 1996) Le coût global d'investissement de la ligne B de tramway s'établit à 261,9 M€ hors taxes (valeur novembre 1995) soit 1 717,8 MF. Des impératifs techniques : sept ouvrages d'art, un dépôt avec centre de maintenance, le plan de circulation,… C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , induisent notamment des dépenses incompressibles. Par ailleurs, le choix de réaliser des aménagements valorisant l'environnement du projet de tramway et favorisant l'utilisation d'autres modes de déplacements alternatifs à la voiture tels que des parcs-relais, ou des pistes cyclables, conduit à augmenter le coût global du projet. Il se décompose comme suit: Coût en M€ HT Poste 1. Acquisitions foncières 2. Construction de la ligne - déviation des réseaux des services publics extérieurs et travaux préparatoires (y compris ingénierie) - libération d'emprise - voie et plate-forme - stations - ouvrages d'art - voiries, pôles d'échanges bus-tram, parkings-relais, autres parkings, plan de circulation, aménagements urbains - équipements: lignes aériennes, sous-stations, équipements d'exploitation… - dépôt atelier de Montagne Verte (bâtiments + équipements) - évolution du dépôt de Cronenbourg - ingénierie en infrastructures, équipements et contrôle - provisions pour archéologie 3. Matériel roulant, annexes et divers - rames, pièces de rechange et divers - ingénierie 9,8 64,0 152,1 998,0 76,2 500,0 8,1 53,0 15,7 102,8 261,9 1 717,8 29,90 12,96 1,22 12,50 0,61 75,16 1,07 5. Provisions pour interventions complémentaires - prise en charge directe des réseaux publics - études d'avant-projet - provisions pour sondages et reconnaissances - provisions pour mesures compensatoires au titre de la loi de protection de la faune et du milieu naturel, dite loi sur l'eau - provisions pour mesures compensatoires au titre du bruit - provisions pour préjudices économiques Par ailleurs, une analyse des conditions et des coûts d'entretien et de renouvellement du matériel est présentée dans le rapport: • l'entretien des ouvrages d'art neufs conduit à des dépenses annuelles qui peuvent être considérées comme quasi nulles; Coût en MF HT 9,50 1,17 30,92 6,19 7,07 40,11 4. Maîtrise d'ouvrage Coût global 105 10,06 1,57 0,46 0,30 0,75 2,53 • le montant annuel de la maintenance des installations fixes est évalué à 0,91 M€ hors taxes (6 MF), se répartissant pour environ 45% en coûts de main d'œuvre et 55% pour les pièces détachées; • la maintenance du matériel roulant, incluant les actions préventives, les actions curatives, les grandes 106 C O M M E N T A U X L E P R O J E T S C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , révisions à mi-parcours…, conduit à des dépenses annuelles moyennes de 2,13 M€ hors taxes (14 MF) pour les 26 rames de tramway de la ligne B, ce coût étant constitué à 40 % par des dépenses de main d'œuvre, à 50 % par les pièces détachées et à 10% par le nettoyage; • le programme de renouvellement des infrastructures et des équipements est établi sur les V.3. Les recettes d’exploitation V.3.1. Rappel théorique La recette d’exploitation pour l’année t, R t, est définie comme la somme des recettes générées par les déplacements D i effectués sur le réseau de transports en commun avec un titre de transport procurant une recette unitaire T i : Rt = ∑ Dit × Tit = Dtotalt × Tmoyenne t i 3 Voir pour plus d'informations sur les méthodes d'enquêtes sur l'usage des réseaux de transports l'annexe 1 du document [Certu 1997]. 4 Voir notamment le constat dressé à ce sujet par le groupe BOITEUX de 1994 [Commissariat Général au Plan, novembre 1994]. R t = recettes d’exploitation pendant l’année t. Di t = nombre de déplacements effectués pendant l'année t avec un titre de transport de type i. Ti t = recette unitaire procurée l'année t par l'utilisation d'un titre de transport de type i. Dtotal t = nombre total de déplacements effectués pendant l'année t. Tmoyenne t = recette unitaire moyenne. La variation du terme R t entre la situation de référence et les autres scénarios étudiés provient de l'évolution des recettes sur le réseau de transports en commun, et dépend de deux paramètres: • la politique tarifaire mise en œuvre et l’évolution de la proportion de déplacements effectués avec bases d'un amortissement variable suivant la nature de chaque composant concerné. La durée de vie indicative prise en compte pour le calcul est la suivante: génie civil et ouvrages d'art: 50 ans au moins ; stations : 20 ans ; matériel roulant : 25 ans; électronique: 15 ans; équipements électromécaniques : 15 ans ; voies et lignes aériennes : 25 ans. chaque titre de transport, et qui peut conduire à une modification de la recette unitaire moyenne par rapport à la situation de référence. Pour la situation actuelle, la recette moyenne par déplacement, avec la proportion de déplacements effectués avec les différents titres de transports, peut être estimée par des enquêtes spécifiques auprès des utilisateurs du réseau de transport 3. Pour le projet étudié, au - delà des hypothèses faites sur les évolutions de la structure tarifaire, il est nécessaire de préciser la politique tarifaire globale qui sera mise en œuvre ; • l'évolution en volume du nombre de déplacements effectués annuellement sur le réseau de transports en commun. Cette estimation repose sur des prévisions de la demande de déplacements sur le réseau de transports collectifs, à la fois pour la situation de référence et pour les autres scénarios d'offre étudiés. Ensuite, différentes méthodologies d'évaluation de la demande future de déplacements sont possibles, globalement ou pour un mode de transport déterminé, et sur la base des variables caractérisant son offre de transport. Elles utilisent des modèles de prévision de trafic qui, aujourd’hui, diffèrent suivant l’évaluateur et le mode de transport considéré 4. C O M M E N T A U X L E P R O J E T S C A L C U L D E V.3.2. La clientèle du réseau T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , 107 service du TCSP n’est pas toujours précisée. Toutefois, certains projets formulent une hypothèse sur une croissance annuelle supplémentaire du trafic sur le réseau de transports en commun, en lien avec une meilleure attractivité du système de transport public : entre + 0,5 % et + 0,7 % de croissance annuelle supplémentaire par rapport à l’évolution de référence. de transports publics est estimée, mais son évolution après la mise en service n’est pas toujours précisée À la mise en service du projet de TCSP, suivant les situations, l’augmentation de la fréquentation annuelle globale du réseau de transports en commun varie entre + 12% pour des sites propres bus et + 20% pour des tramways ou métros. Dans d’autres cas, une estimation de la fréquentation du réseau est fournie pour certaines années, sans précision sur les évolutions pendant les périodes intermédiaires. Par ailleurs, l’évolution de la fréquentation du réseau de transports en commun après la mise en Exemple : le dossier d'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique de la ligne B du tramway de Strasbourg (décembre 1996) de transports collectifs urbains en terme de structure, fréquence, temps de parcours,… et l'affectation de cette nouvelle demande sur les différentes lignes du réseau. Elles comprennent un modèle d'actualisation de la demande TC à différents horizons. Les simulations du trafic futur sur le réseau de transports collectifs de Strasbourg sont menées à partir du modèle unimodal TERESE, qui permet le calcul de l'évolution de la demande de déplacements TC en fonction des modifications de l'offre du réseau La clientèle annuelle estimée en millions de déplacements sur l'ensemble du réseau de transports collectifs de Strasbourg évolue ainsi selon les scénarios: 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 Au fil de l'eau 41,6 42,0 42,2 42,6 43,4 43,6 43,6 43,5 43,4 Ligne B (2000) 41,6 42,0 42,2 42,0 41,5 46,2 49,5 51,0 51,5 Dès 2005, hors tout effet de développement du réseau de tramway, l'attractivité du système de transport mis en place et l'évolution urbaine V.3.3. En général la recette moyenne par déplacement n’évolue pas La recette unitaire moyenne utilisée pour le calcul des recettes d’exploitation varie suivant l’agglomération considérée de 0,43 € par déplacement à 0,63 € par déplacement (2,80 FRF à 4,10 FRF). envisagée conduisent à escompter une croissance annuelle de la fréquentation du réseau de 0,7 % par an jusqu'en 2010. En général, l’évolution de la recette unitaire moyenne, en euros constants, par rapport à la situation de référence n’est pas précisée. Seuls deux projets – parmi ceux étudiés – indiquent une politique tarifaire différente de la situation de référence, dans le cas de la réalisation du projet de TCSP : 108 C O M M E N T A U X L E P R O J E T S C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , • dans le premier cas, la compensation de la gêne occasionnée aux usagers des transports collectifs lors de la phase de travaux conduit à ne pas prévoir d’évolution tarifaire pendant les trois ans avant la mise en service. Par la suite, il est prévu une augmentation tarifaire de 0,5% par an; • dans le deuxième cas, il est procédé à une augmentation tarifaire de 10% lors de la mise en service de la ligne TCSP. Exemple : le dossier d'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique de la ligne B du tramway de Strasbourg (décembre 1996) de 1998 à 2000 afin de compenser les perturbations touchant une partie des usagers en phase de travaux, puis une hausse annuelle de + 0,5% de 2001 à 2010 inclus, en euros constants. La recette moyenne par déplacement est de 0,552 € (3,622 FRF) en 1995. Après mise en service de la ligne B de tramway, le système de tarification du réseau de transports collectifs urbains restera unique pour les usagers, qu’ils utilisent le tramway ou les autobus. Il est prévu une évolution de la recette unitaire moyenne de + 1 % en 1997, pas d'augmentation V.4. Les coûts d’exploitation V.4.1. Des calculs très hétérogènes Les pratiques de calcul apparaissent très hétérogènes, tant pour les hypothèses relatives aux caractéristiques de l’offre sur le réseau transport en commun – après mise en service du TCSP et restructuration du réseau de surface bus – que pour les coûts d’exploitation au véhicule * km qui prennent en compte des coûts marginaux ou des coûts moyens suivant les cas. V.4.2. Les choix faits sur la restructuration des bus associée à la mise en service du TCSP influent beaucoup sur les coûts S’agit-il d’évaluer uniquement l’impact de la mise en service d’une ligne de TCSP ou bien l’évaluation concerne-t-elle l’ensemble du réseau de transports en commun, et notamment les restructurations engagées sur les lignes existantes conjointement à la mise en service. En 2003, première année du régime stabilisé, l'augmentation de trafic de 8,1 millions de déplacements par rapport à la situation de référence induite par le projet de tramway conduit à un accroissement des recettes d'exploitation de 4,95 M€ (32,5 MF). Dans la deuxième hypothèse, certains projets étudiés considèrent que les gains d’exploitation permis par la mise en service du TCSP sont intégralement réinvestis pour des améliorations sectorielles de l’offre de transports en commun dans des zones non directement desservies – notamment en périphérie. Par conséquent, la variation du coût global d’exploitation du réseau est nulle par rapport à la situation de référence. L’offre globale du réseau de transports en commun, à la date de mise en service du TCSP, apparaît très variable par rapport à la situation de référence: • dans la majorité des cas, l’offre globale, exprimée en véhicules * km, augmente à la mise en service du TCSP de + 5% à + 10% par rapport à la situation de référence, mais l’offre kilomètres * bus diminue: de – 8% à – 13%; • dans certains dossiers, l’offre globale diminue même si, qualitativement, elle est améliorée avec la mise en service du TCSP : c’est le cas pour le prolongement de la ligne B de métro à Lyon : baisse de 60 000 véhicules * km par an, avec la mise C O M M E N T A U X L E P R O J E T S en place du rabattement systématique des lignes bus sur les stations de métro, en évitant les doubles emplois entre le métro et le bus. Dans les années qui suivent la mise en service du TCSP, l’évolution de l’offre n’est en général pas détaillée. Les restructurations de réseaux associées à la mise en service de TCSP ont fait l’objet d’une analyse par le Certu sur cinq agglomérations : Nantes et Rouen pour leur tramways, Toulouse et Lille pour le Val, et Lyon pour le prolongement de la ligne D du métro 5. Il en ressort que par rapport à la phase amont d’estimation de l’offre et des coûts d’exploitation, cinq éléments peuvent prendre un poids important et infléchir les orientations au niveau de la restructuration du réseau de TCU effectivement mise en place et donc avoir une influence notable sur les coûts d’exploitation. Les contraintes financières Au fur et à mesure de l'avancement des études, les projets, que ce soit le TCSP lui-même ou la restructuration qui lui est associée, se précisent et leurs coûts d'investissement et de fonctionnement s'affinent. Ceci peut conduire à remettre en cause les ambitions initiales : à Lille le maintien du parc constant n’a pas permis le doublement de l'offre de surface prévu initialement, à Nantes il a finalement été décidé sur la ligne 2 de raisonner à kilométrage constant alors que les études initiales ont été faites en l’absence de contrainte. La stratégie politique en faveur des TCU Entre les premières réflexions amont et les études opérationnelles, il peut y avoir changement de politique en faveur des TCU, elle peut devenir plus volontariste comme à Rouen où l'offre kilométrique a augmenté de 6,3% 3 ans avant la mise en service C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , 109 Toutefois, dans certains cas, après une période de stabilisation de l’offre bus, celle-ci augmente de nouveau après quelques années, de manière à permettre des redistributions en périphérie ou la création de nouvelles lignes : de + 0,5 % à + 1% par an en moyenne. du métrobus ou moins ambitieuse comme à Nantes où la décision a finalement été prise en 1983 de restructurer le réseau à kilométrage constant. L'attractivité du réseau Le souhait d'éviter de bâtir un réseau «à 2 vitesses» entre le TCSP et le réseau des autobus, peut conduire à augmenter les fréquences et la qualité de service sur le réseau des lignes de bus d'une manière générale ou sur certaines lignes en particulier. Le poids de l'existant À l'approche de l'échéance de la mise en service du TCSP, le projet de restructuration du réseau de TCU se précise et est soumis en général à la concertation des élus des communes et de la population. On observe alors, par exemple à Lyon, Nantes et Rouen que cette concertation conduit à des demandes de maintien de l'existant qu'il est nécessaire de prendre en compte. L'évolution de l'agglomération Entre les premières études amont et la mise en service du TCSP, il peut s'écouler un laps de temps important, au cours duquel l'urbanisation de l'agglomération évolue. Cette évolution de l'urbanisation peut conduire à des modifications d'offre du réseau de TCU, non prévues initialement, qui peuvent avoir un impact sur le bilan économique du projet. À titre d'exemple, sur l'agglomération de Toulouse l'évolution naturelle du réseau a représenté + 5 % des véhicules - kilomètres entre l'étude de l'APD et la mise en service du TCSP. Voir Évaluation 5 des transports en commun en site propre, Les enseignements des restructurations de réseaux associées à la mise en service d’un transport en commun en site propre sur cinq agglomérations françaises [Certu 2000]. 110 C O M M E N T A U X L E P R O J E T S C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , V.4.3. Des coûts au véhicule * kilomètre Dans les dossiers étudiés, les hypothèses faites sur la valorisation des coûts d’exploitation des différents types de transports en commun sont variables suivant le type de système considéré, les coûts d’exploitation sont exprimés ci - après en euros hors taxes : • dans le cas du bus en site propre, les économies sur le matériel ne sont en général pas chiffrées et seul est pris en compte l’économie réalisée sur les dépenses de personnel, en lien avec l’amélioration de la vitesse commerciale (diminution des heures de conduite des chauffeurs); • dans le cas du tramway, le coût du véhicule * km varie suivant les cas entre 4,0 € et 5,3 € (26 F et 35 F), soit un écart de 35%; • dans le cas du métro, le coût du véhicule * km est environ de 6,1 € (40 F); • l’estimation du coût du véhicule * km effectué en bus sur le réseau de transports en commun « classique» est très hétérogène suivant les projets, il varie de 2,3 € à 4,1 € (15 F à 27 F) suivant les réseaux, soit presque du simple au double! Ces deux chiffres ne reflètent sans doute pas les mêmes coûts, le premier est probablement un coût marginal, alors que le deuxième est plus probablement un coût moyen. Ordres de grandeur des coûts d'exploitation des différents systèmes de transports collectifs en 1998 Le tableau ci-dessous fournit des ordres de grandeur des coûts d'exploitation selon le système de transports collectifs considéré. Les éléments présentés ci-dessous sont issus de trois études réalisées par le CETE Nord-Picardie pour le compte du Certu: Coûts d'exploitation des métros de province (mars 1989), Étude sur les coûts d'exploitation des tramways (juin 1995), Coûts d'exploitation des autobus (octobre 1998, avec la collaboration de l'ensemble des CETE). Il s'agit de coûts hors taxes, hors amortissement 6, hors frais généraux et de structure 7. Ces coûts ne représentent donc que 75 % à 80 % des coûts totaux d’exploitation. hétérogènes pour les tramways, du simple au double pour les bus du réseau associé En € Coût par rame * km 7 Liés essentiellement aux caractéristiques des entreprises exploitantes des réseaux de transports collectifs urbains. Métro classique VAL Tramway Bus 6,9 à 9,1 € 3,4 à 3,8 € 3 à 3,7 € 1,7 à 2,1 € 1,7 à 2 € 2 à 2,3 € 1,8 à 2,1 € 1,7 à 2 € Coût par voyage 0,26 € à 0,43 € 0,38 à 0,46 € 0,24 à 0,3 € 0,53 à 0,69 € Coût par km de ligne 0,99 à 1,14 M€ 0,76 à 0,84 M€ 0,30 à 0,43 M€ 0,04 à 0,07 M€ Coût pour 100 PKO 6 Pris en compte dans les coûts d'investissements dans le présent document. Mais attention, les niveaux d’offre entre ces différents systèmes de transport sont très différents! Certains paramètres liés au contexte local dans lequel s'inscrit le système de transports collectifs peuvent modifier de manière importante les coûts d'exploitation : • le profil en long de la ligne : les kilométrages de ligne en souterrain, en viaduc ou au sol influencent directement les coûts, l’écart entre métro et tramway se réduit si le tramway est enterré ; • les caractéristiques des stations: profondeur, taille, accessibilité, qualité du second œuvre. Des stations plus profondes, avec des mezzanines à Marseille, par rapport aux stations très près de la surface sur C O M M E N T A U X L E P R O J E T S C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , 111 les lignes A et B du métro de Lyon expliquent un écart de 1 à 2 en faveur de Lyon sur le poste entretien des installations fixes; • le tracé de la ligne, qui influe sur la vitesse commerciale et sur l'entretien de l'infrastructure; • les priorités accordées au système TC dans la circulation générale. Un écart de 3 km/h en 1990 entre les tramways de Grenoble et Nantes, en faveur de Nantes, explique une différence de coût d’exploitation ramené à la rame kilomètre de + 15 % à + 20 % à Grenoble ; • le choix du système de péage. Le coût d’entretien du système de péage varie du simple au double (0,30 à 0,61 M€ ou 2 à 4 MF) selon que le péage est ou n’est pas magnétique ; • la présence humaine dans les stations, aux arrêts. V.4.4. En général un coût global d’exploitation réseau de transports en commun par rapport à la situation de référence : • dans la majorité des cas, la mise en service du TCSP et la restructuration conjointe de l’offre kilométrique bus conduit à une augmentation modérée du coût global d’exploitation; • dans le cas des sites propres bus, les conditions nouvelles d’exploitation des lignes bus sur l’itinéraire en site propre conduisent à une réduction du coût d’exploitation. légèrement supérieur à la situation de référence Dans les pratiques constatées, la prise en compte de l'ensemble des hypothèses formulées sur l'évolution de l'offre de système de transport et sur les coûts d'exploitation au véhicule * km conduit à des situations très différentes quant à la variation globale du coût d’exploitation du Exemple : le dossier d'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique de la ligne B du tramway de Strasbourg (décembre 1996) Les conditions d'exploitation de la ligne B de tramway de Strasbourg sont rappelées de manière synthétique ci-dessous: • les rames circulent à une vitesse maximale de 60 km/h, avec un conducteur qui pilote; • le système d'aide à l'exploitation (SAE) assure la gestion centralisée de la ligne de tramway, de manière coordonnée avec l'ensemble des lignes de bus; • le programme d'exploitation de la ligne est basé sur une amplitude de fonctionnement de 4 heures 30 à 0 heures 15 environ tous les jours, avec 163 rotations par jour, et un kilométrage annuel de 1 600 000 rames * km; • les coûts d'exploitation (en euros valeur 1995) sont de 5,35 € (35,12 FRF) pour une rame * km tramway et de 4,06 € (26,64 FRF) pour un véhicule * km bus. La mise en place de la restructuration du réseau de bus, simultanément à la mise en service de la ligne B de tramway, conduit à l'évolution suivante de l'offre du réseau TC: • offre globale: + 0,855 millions de véhicules * km par rapport à la situation de référence (12,81 millions de véhicules * km); • offre réseau bus: - 0,725 millions de véhicules * km par rapport à la situation de référence (11,14 millions de véhicules * km); • offre réseau tramway : + 1,580 millions de véhicules * km par rapport à la situation de référence (1,67 millions de véhicules * km). En 2003, première année de régime stabilisé après l'ouverture de la ligne B de tramway, l'augmentation des dépenses d'exploitation par rapport à la situation de référence est de 4,51 millions d’euros (29,6 MF), dont + 8,77 millions (57,5 MF) liés à l'exploitation de la ligne B de tramway et - 4,25 millions d’euros (- 27,9 MF) liés aux économies d'exploitation réalisées sur le réseau de bus. 112 C O M M E N T A U X L E P R O J E T S C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , V.5. La valorisation des avantages pour la collectivité V.5.1. Rappel théorique Dans le cas du calcul économique public, un autre terme est ajouté dans le bilan actualisé de l'opération par rapport au calcul économique privé qui se limite à la prise en compte pour l'investisseur des dépenses d'investissements et des variations de l'excédent brut d'exploitation: il s'agit des «avantages» positifs ou négatifs pour différentes catégories d'acteurs ou de groupes sociaux. Les critères d'évaluation intéressants ces acteurs ou groupes peuvent être classés en trois familles: • le service rendu aux usagers des différents modes de transports, qu'ils soient utilisateurs du projet ou non. Ce terme est décomposable en deux parties : les usagers du réseau de transports collectifs urbains, et les usagers des autres modes de transports – voiture, marche, vélo…; • les effets environnementaux et les variations de nuisances vis - à - vis des tiers : bruit, pollution atmosphérique, accidents… • les effets sur les budgets de l'État et des collectivités publiques pour les autres modes de déplacements, en particulier les incidences du projet sur la variation des charges publiques annuelles d'entretien et d'exploitation du réseau routier, ou sur les dépenses sur l'offre de stationnement public ; • les effets indirects sur l'urbanisation et le développement économique. projets TCSP sur l’ensemble des agents économiques concernés par l’investissement étudié. La méthodologie utilisée en Île - de - France Dossiers de Caen, Strasbourg, Rennes (VAL), Montpellier, Orléans, Nantes : «Les gains pour la collectivité sont établis à partir de calculs qui utilisent les coûts unitaires généralement admis pour les études de principe des grands projets de transports en commun. La méthodologie employée est celle retenue par la DREIF pour l’évaluation des infrastructures de transport collectif du projet de Schéma Directeur d’aménagement de l’Île - de - France. S’ajoutent à ces éléments chiffrés d’autres éléments non quantifiables non pris en compte dans les ratios tels que le confort ou la ponctualité ». Dossiers de Montpellier (au moment du dossier d’enquête préalable à la D.U.P.), et de Lyon (prolongement ligne B du métro) : « La valorisation monétaire des effets externes (coût éludé des nuisances) et des gains de temps des usagers est transposée de la méthodologie élaborée par un groupe de travail constitué en Région Île-de-France par le Syndicat des Transports Parisiens. Cette monétarisation considère le coût que la collectivité devrait dépenser pour éviter l’effet indésirable ou pour le compenser totalement». L’adaptation de la méthodologie développée en Île - de - France aux recommandations formulées par le groupe de travail présidé par M. Marcel BOITEUX V.5.2. Deux méthodologies sont utilisées : la méthodologie Île - de - France et le rapport BOITEUX Suivant les dossiers, il est fait référence essentiellement à deux méthodologies de valorisation et de monétarisation des effets directs et indirects des Dossiers de Bordeaux et Nice: «Les effets directs et indirects du projet TCSP sur l’ensemble des agents économiques concernés par l’investissement sont monétarisés. La méthodologie adoptée prend en compte, par rapport aux pratiques antérieures telles que définies en Île - de - France C O M M E N T A U X L E P R O J E T S pour les dossiers de prise en considération de projets de TCSP, les remarques formulées par le groupe de travail présidé par M. Marcel BOITEUX, concernant les méthodes d’évaluation économique des projets de transports urbains. Le bilan socio - économique étant réalisé pour l’ensemble de la collectivité, tous les postes (coûts et avantages du projet) sont considérés hors taxes, la fiscalité étant considérée comme un transfert entre agents économiques». V.6. Les avantages des usagers des différents modes de transports V.6.1. Rappel théorique Dans la mesure où l'on suppose que les modèles de déplacements utilisés permettent aux différents horizons d'études, d'avoir une description complète des flux de déplacements ainsi que des vitesses et temps de parcours par mode de transports sur le réseau, à la fois en situation de référence et pour les différents scénarios d'offre TCSP étudiés, l'évaluation des avantages des usagers du réseau de transports en commun procède en deux temps: • le calcul des coûts généralisés de déplacements, qui doivent prendre en compte l'équivalent monétaire des temps de déplacements et le coût monétaire pour l'usager, suivant les différentes configurations d'offre ; • l'évaluation du service rendu aux usagers par le projet : le service rendu est classiquement évalué par le surplus économique des usagers. En théorie, celui - ci doit être calculé en tenant compte des différentes réactions possibles des usagers face à une modification de l'offre de transports : changement d'itinéraire, changement de mode de transports, changement de destination, changement de tranche horaire, modification des choix de localisation. C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , 113 Le calcul du surplus économique des usagers des transports peut alors s'effectuer à partir de la connaissance des coûts généralisés de déplacements pour les différents scénarios étudiés dont la situation de référence, et la situation avec projet TCSP. La méthode théorique de référence, c’est-à-dire le calcul du surplus des usagers au sens de DUPUIT, procède alors par intégration de la fonction de demande sur chaque couple origine / destination, en additionnant les gains et les pertes de coût généralisé de l’ensemble des usagers des différents modes de transport concernés par le projet. Un des éléments important de ce calcul est la valeur attribuée au temps. Dans les modèles, les comportements des usagers dépendent de la valeur qu’ils accordent au temps. Il est donc important d’être le plus fin possible dans les prévisions de clientèle, car la valeur du temps dépend fortement de la catégorie socioprofessionnelle de l’individu et du motif de déplacement. Mais lorsqu’on monétarise les gains de temps, il ne s’agit plus de refléter les comportements individuels, mais de refléter une préférence collective à travers le choix d’une valeur tutélaire. Cette valeur est définie par la puissance publique de manière concertée et évolutive dans le temps (par exemple travaux du groupe BOITEUX). À ce jour, elle est proche de la valeur révélée pour un individu moyen. V.6.2. Trois catégories d’usagers: les anciens usagers des transports publics, les nouveaux, les non - utilisateurs L'évaluation pratique des avantages pour les usagers des différents modes de déplacements s'appuient sur un certain nombre d'hypothèses simplificatrices, afin de pouvoir mener les calculs : • les estimations de clientèle, ainsi que les calculs de coûts généralisés de déplacements, sont établis dans des conditions de pointe, puis l'application de coefficients de pointe permet de passer à des données journalières, puis annuelles; 114 C O M M E N T A U X L E P R O J E T S C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , • les décisions de localisation, les tendances d'urbanisation et les choix de destination sont considérés comme identiques pour l'évaluation des différents scénarios (même matrice de demande tous modes). Les coûts généralisés de transports utilisés pour le calcul socio-économique sont définis de manière uniforme, quels que soient la population concernée et le motif: • le coût généralisé des transports en commun est égal à la valeur du temps multipliée par le temps de déplacement en TC, sans prise en compte explicite du coût monétaire du titre de transports collectifs ; • le coût généralisé des déplacements en voiture particulière est égal à la valeur du temps multipliée par le temps de déplacement en voiture + le coût kilométrique moyen d'usage d'une voiture multiplié par la distance parcourue. Pour les différents scénarios étudiés par rapport à la situation de référence, l'évaluation du surplus global des usagers des différents modes de transports est réalisée en le décomposant en trois parties: • le surplus des utilisateurs des transports publics en situation de référence, obtenu en agrégeant les gains de temps monétarisés à destinations supposées inchangées ; • le surplus des nouveaux usagers des transports publics, obtenu en agrégeant les gains de temps Exemple : le dossier d'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique de la ligne B du tramway de Strasbourg (décembre 1996) 8 VAL de Rennes: 5,6 minutes, tramway de Bordeaux dix ans après la mise en service: 11,6 minutes. Le temps réel moyen de déplacement est de l'ordre de 28 minutes et 30 secondes pour les usagers du réseau de transports en commun dans la situation de référence. Avec la mise en service de la ligne B de tramway, le modèle de trafic permet d'estimer que les « usagers de référence » auront une amélioration de leur temps de déplacements de 3 minutes environ. monétarisés par rapport à la situation de référence avec les gains sur les coûts monétaires d'utilisation d'autres modes de transports, dans le cas des personnes transférées de la voiture; • le surplus des personnes qui continuent à utiliser un autre mode de transports que les transports collectifs dans les scénarios avec projet de TCSP, et qui bénéficient pour les automobilistes d'un effet de décongestion à travers l’amélioration des temps de parcours rendue permise par le transfert de certains automobilistes vers les transports collectifs. V.7. Le surplus des anciens utilisateurs des transports publics Le calcul du surplus des utilisateurs des TC en situation de référence est effectué dans tous les cas en supposant que ceux-ci continuent à effectuer le même nombre de déplacements à destinations supposées inchangées. Il s'agit donc de déterminer quel est le gain de temps moyen de ces utilisateurs entre la situation avec projet de TCSP et la situation de référence, et à multiplier le résultat obtenu par la valeur du temps retenue. L'estimation du gain de temps moyen pour les utilisateurs de référence du réseau de transports en commun est comprise suivant les projets examinés entre 2,6 et 4,5 minutes, sauf cas particuliers 8. La clientèle du réseau de transports collectifs en situation de référence est estimée à 43,4 millions de déplacements en 2003, en régime stabilisé. Le gain total annuel en temps réel des usagers de référence des transports collectifs est estimé à 3 085 000 heures. La valorisation des temps de trajet est prise égale à 10,2 € /heure (67 F/heure) en valeur novembre 1995, quels que soient la durée du trajet, la catégorie socioprofessionnelle, le motif du déplacement et le mode utilisé. Le surplus des utilisateurs des TC en situation de référence est alors égal à 10,2 * 3 085 000 = 31 510 K€ (206 695 KF). C O M M E N T A U X L E P R O J E T S V.7.1. La méthodologie pour déterminer la valeur du temps n'est pas précisée Le principe de valorisation du temps n’est pas précisé. Il n’est pas indiqué s’il s’agit d’une valeur révélée par le modèle de trafic utilisé pour estimer la fréquentation du réseau de transports en commun, ou s’il s’agit d’une valeur tutélaire. V.7.2. La valeur du temps retenue est voisine du salaire horaire net moyen et est la même pour tous Dans tous les cas, la valeur du temps retenue est voisine du salaire horaire net moyen – 9,15 € de l’heure en 1996 (-60 FRF). Ainsi, les valeurs sont comprises entre 8,99 € (valeur 1993) (59 FRF) et 10,37 € (68 FRF) (valeur 1994). Il est considéré que la valeur du temps est la même quels que soient la durée du déplacement, la catégorie socioprofessionnelle, le motif de déplacement et le mode de transport utilisé. V.7.3. Les principes d’actualisation C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , 115 • une valorisation des gains de temps permis par le projet de TCSP par rapport à la situation de référence, à matrice origine-destination inchangée; • une valorisation des économies sur les dépenses liées au prix de revient de l'utilisation de la voiture, pour les automobilistes de la situation de référence transférés vers les transports collectifs. Suivant les cas, deux méthodes d'inspiration très différente sont utilisées pour estimer la valorisation des gains de temps permis par le projet de TCSP par rapport à la situation de référence, à matrice origine-destination inchangée V.8.1. L’approximation linéaire de la courbe de demande attribue aux nouveaux usagers des transports publics des gains deux fois moins importants qu’aux anciens usagers La première méthode s'appuie sur une approximation linéaire de la courbe de demande pour déterminer le surplus total S pour l'ensemble des liaisons i - j considérées par le modèle de trafic. Avec cette hypothèse, il s'exprime simplement par la formule ci-dessous: de la valeur du temps sont variables Si, dans la majorité des cas, la valeur du temps est indexée sur l’évolution prévisible du PIB sur longue période – 30 ans – soit + 1,5% par an en euros constants, parfois une actualisation de + 3,0 % par an est retenue. Enfin, dans un cas, ces deux éléments sont pris en compte, ce qui conduit à une augmentation de + 4,5% par an. V.8. Le surplus des nouveaux usagers des transports publics Le surplus des nouveaux usagers des transports collectifs comprend deux termes: S= 1 × ∑[(Tij 2 − Tij1) × (Cij1 − Cij 2 )] × ν 2 ij S = gains de temps globaux des nouveaux usagers du réseau de transports collectifs. T ij1 = nombre de déplacements TC sur la liaison i - j dans la situation 1 de référence. T ij 2 = nombre de déplacements TC sur la liaison i - j dans la situation 2 avec TCSP. C ij1 = temps de déplacement en TC sur la liaison i - j dans la situation 1 de référence. C ij 2 = temps de déplacement en TC sur la liaison i - j dans la situation 2 avec TCSP. ν = valeur du temps en euros. 116 C O M M E N T A U X L E P R O J E T S C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , Globalement, cela revient à considérer que les nouveaux usagers des transports collectifs, provenant à la fois de reports modaux d'usagers des autres modes de transports en situation de référence ou d'induction de trafic TC du fait de la mise en service du TCSP, bénéficient en moyenne sur la liaison qu'ils empruntent de la moitié du gain de temps des usagers de référence. Exemple : le dossier de prise en considération par l'État du projet de transport collectif en site propre de la Communauté Urbaine de Bordeaux (juin 1997) et actualisé sur la base de la croissance annuelle envisagée pour le PIB (1,5% par an). Le calcul des gains de temps pour les utilisateurs des transports collectifs distingue: • les anciens utilisateurs des transports en commun (situation de référence), qui bénéficient d'un gain de temps dû à l'amélioration de l'offre; • les nouveaux utilisateurs, qu'il s'agisse d'usagers transférés de la voiture particulière ou effectuant des déplacements induits: le gain de temps unitaire est pris égal à la moitié du gain de temps unitaire moyen des anciens utilisateurs des transports en commun. Les gains de temps sont valorisés selon le salaire horaire net moyen, estimé à 9,15 € (60 FRF) en 1996 V.8.2. L’estimation directe des gains de temps Pour l'année 2002, le gain de temps moyen par déplacement TC par rapport à la situation de référence est égal à 4,8 minutes, tandis que le surplus de trafic est évalué à 9,2 millions de déplacements par rapport à la situation de référence (46,2 millions de déplacements sur le réseau TC en 2002). La valorisation des gains de temps conduit alors aux résultats suivants : • anciens utilisateurs: 9,15 x 1,015 6 x 46 200 000 x 288/3600 = 36,97 M€ (242,48 MF); • nouveaux utilisateurs (trafic induit et transfert depuis les autres modes de transports) : 9,15 x 1,015 6 x 9 200 000 x (288 / 2) / 3600 = 3,68 M€ (24,14 MF). selon les types d’utilisateurs conduit à des résultats très différents temps de recherche d’une place de stationnement pour les automobilistes et du temps d’attente moyen dans les transports collectifs. La deuxième méthode consiste à mener un calcul détaillé par type d’utilisateur, en fonction de la vitesse moyenne des piétons et des voitures en milieu urbain, des marges de sécurité, du temps de marche à pied pour arriver au lieu de destination finale pour les usagers des transports collectifs, du Les déplacements induits ne sont pas comptabilisés. Cette méthode conduit à des gains de temps supérieurs pour les usagers transférés depuis d’autres modes que pour les usagers de référence, ce qui conduit à des résultats très différents de la méthode précédente. C O M M E N T A U X L E P R O J E T S Exemple : le dossier d'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique de la ligne B du tramway de Strasbourg (décembre 1996) Les simulations de trafic pour la fréquentation de la ligne B de tramway montrent que, sur la base d'un nombre moyen de jours dans l'année de 237 et d'un trafic moyen de 76 100 voyageurs / jour pour le tramway: • 66% des utilisateurs de la ligne sont des anciens utilisateurs du réseau urbain (usagers de référence), soit 11 903 600 clients; • 9% sont des nouveaux clients que le réseau de bus ne permettrait pas d'attirer (accroissement de mobilité), soit 1 623 200 voyageurs; • 15 % des utilisateurs de la ligne sont des personnes qui auparavant utilisaient leur véhicule personnel, soit 2 705 400 voyageurs; • 10 % des utilisateurs de la ligne sont des personnes qui auparavant se déplaçaient à pied, soit 1 803 500 voyageurs. Gains de temps des utilisateurs anciens automobilistes La vitesse moyenne des véhicules particuliers en milieu urbain (basée sur des mesures réalisées par la CUS) est estimée à 19 km / h, celle du tramway est évaluée à 20km/h. La longueur moyenne de déplacement d'un ancien automobiliste sur la ligne de tramway est évaluée à 3,8 km. Par ailleurs, le tramway est pénalisé de 3 minutes pour le temps V.8.3. Quelques résultats Des reports modaux et un accroissement de mobilité plus forts sur les métros et tramways Dans le cas des sites propres bus ou systèmes intermédiaires (TVR à Caen par exemple), la part des déplacements sur le réseau de transports collectifs C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , 117 de marche à pied (ou marge de sécurité) et de 3 minutes pour le temps d’attente moyen; quant à l'automobiliste, il est pénalisé de 5 minutes pour la marge de sécurité et de 8 minutes pour le temps de recherche de stationnement. L'ensemble de ces hypothèses conduit à une évaluation du gain de temps moyen des utilisateurs du tramway anciens automobilistes de 450 secondes. Dans ces conditions, le gain annuel en heures monétarisées s'élève à 10,2 € / heure x 2 705 400 déplacements TC d'anciens automobilistes x (450 / 3600) heures = 3 454 K€ (22 660 KF). Gains de temps des utilisateurs anciens piétons La vitesse moyenne d'un piéton est estimée à 1 m/s, soit 3,6 km / h, celle du tramway est évaluée à 20 km/h. La longueur moyenne de déplacement d'un ancien piéton sur la ligne de tramway est évaluée à 1,2 km. Par ailleurs, le tramway est pénalisé de 3 minutes pour le temps de marche à pied (ou marge de sécurité) et de 3 minutes pour le temps d’attente moyen. L'ensemble de ces hypothèses conduit à une évaluation du gain de temps moyen des utilisateurs du tramway anciens piétons de 620 secondes. Dans ces conditions, le gain annuel en heures monétarisées s'élève à 10,2 € / heure x 1 803 500 déplacements TC d'anciens piétons x (620 /3600) heures = 3 172 K€ (20 810 KF). Les « gains de temps » des nouveaux utilisateurs du tramway (induction de trafic) ne sont pas évalués pour le calcul du surplus global. correspondant à la fréquentation de la situation de référence varie entre 85% et 90%, l'accroissement de fréquentation est faible, de 10% à 15% et est lié pour l'essentiel à des transferts depuis la voiture (environ 90% du total des nouveaux déplacements), le reste provenant de phénomènes d'induction de trafic. Dans le cas des projets de tramway ou de métro où, en dehors de l'indication de l'évolution globale du 118 C O M M E N T A U X 9 Pour justifier ces chiffres, il est en général fait référence aux répartitions constatées a posteriori sur des projets de lignes de TCSP déjà réalisés (Grenoble, Nantes, Toulouse). Toutefois, dans certains cas, il est mentionné que la répartition de l'usage de la ligne de tramway est obtenue à partir des résultats de la modélisation de trafic. 10 En sachant que ce résultat est lié aux hypothèses retenues pour le calcul des gains de temps: le temps de déplacement d'un automobiliste est pénalisé de 13 minutes (5 minutes pour la «marge de sécurité» et 8 minutes pour le temps de recherche d'une place de stationnement), alors que le temps de déplacement d'un utilisateur des transports en commun est pénalisé globalement de 5 à 7 minutes pour le temps d'attente moyen et le temps de déplacement terminal à pied. L E P R O J E T S C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , nombre de déplacements annuels sur le réseau, les chiffres détaillées sur la répartition de l'usage ne concerne que l'axe TCSP étudié, la part correspondant à la fréquentation de référence varie entre 58 % et 72% 9. La part de l'induction et de l'accroissement de mobilité des usagers de référence du réseau de transports en commun est comprise entre 9% et 10 % du trafic total de la ligne TCSP, et le reste de la fréquentation concerne des reports depuis les autres modes de transport : les usagers sont équitablement répartis entre d'anciens automobilistes et d'anciens piétons. et toujours supérieurs à ceux des usagers de référence (anciens utilisateurs des TC) : de 5 à 10 minutes pour les piétons, et de 8 à 10 minutes pour les anciens automobilistes 10. Dans le cas des projets de tramway ou de métro où les chiffres sur la répartition de la fréquentation concerne l'ensemble du réseau de transports collectifs urbains, la part correspondant à la fréquentation de référence à la mise en service du TCSP est comprise entre 82% et 85%, le reste correspondant à l'augmentation globale de la fréquentation de l'usage des transports en commun, qu'il s'agisse d'induction, de reports modaux ou d'un accroissement de mobilité des anciens usagers des transports en commun. Par exemple, les anciens piétons de Strasbourg gagnent 10,33 minutes pour un déplacement moyen de 1,2 km, alors que les anciens utilisateurs des TC gagnent seulement 3 minutes pour un déplacement moyen plus long de 2,9 km. Des gains de temps très différents selon la méthode employée, des résultats incohérents avec la théorie économique L'estimation du gain de temps moyen pour les nouveaux utilisateurs du réseau de transports en commun varie très fortement suivant la méthode de calcul employée. Il convient de noter que ce résultat n'est pas cohérent avec la théorie économique qui prévoit que le consentement à payer des «nouveaux usagers» pour un déplacement en TC dans la situation de référence est inférieur au coût généralisé du déplacement et que c'est pour cette raison qu'ils n'effectuent pas le déplacement en TC dans la situation de référence. Selon la théorie économique, les piétons auraient déjà dû prendre les TC avant que ne se construise le tramway! V.8.4. L’ancien automobiliste qui utilise le TCSP devrait réaliser des économies pour la non - utilisation de sa voiture Les anciens usagers de la voiture, transférés vers les transports publics, font théoriquement des économies dues à la non-utilisation de leur véhicule. La méthode «classique» par approximation linéaire de la courbe de demande conduit à des gains de temps moyens inférieurs de 50% à ceux des usagers de référence, soit entre 1,3 et 2,3 minutes. La valorisation de ces économies fait l’objet d’une hypothèse forte : il est considéré que la voiture ainsi «libérée» par le transfert modal de certains automobilistes vers les transports publics n’est pas utilisée par un autre membre du ménage. Hors, rien ne permet aujourd’hui d’affirmer ou d’infirmer cette hypothèse. Par contre, dans le cas de la deuxième méthode, par calcul direct suivant la catégorie d'usagers, les gains de temps estimés sont beaucoup plus importants, Dans ce cas, la valorisation des économies sur les dépenses liées à l'utilisation de la voiture s'exprime par la formule ci-après: C O M M E N T A U X C VP = part VP × (T 2 − T 1) × L E P R O J E T S 1 × DistVP × γ TAUX occupVP C VP = économies sur les dépenses d'utilisation de la voiture pour les automobilistes de la situation 1 de référence transférés vers les TC dans la situation 2 avec TCSP. Part VP = % des nouveaux usagers du TC dans la situation 2 avec TCSP provenant d'un transfert de la voiture en situation de référence. T1 = nombre total de déplacements TC sur le réseau dans la situation 1 de référence. T2 = nombre total de déplacements TC sur le réseau dans la situation 2 avec TCSP. TAUX occupVP = taux d'occupation moyen des véhicules particuliers. Dist VP = distance moyenne en kilomètres du déplacement en voiture (situation de référence) transféré sur les TC dans la situation avec TCSP. γ = coût kilométrique moyen d'utilisation d'une voiture en euros. Le calcul est basé sur une estimation du nombre de véhicules * km effectués en voiture dans la situation de référence et transférés vers le réseau de transports en commun dans le cas où le projet de TCSP est réalisé. Pour cela, des hypothèses sont faites sur les différents paramètres intervenant dans le calcul présenté ci-dessus: Exemple : le dossier d'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique de la ligne B du tramway de Strasbourg (décembre 1996) Les simulations de trafic pour la fréquentation de la ligne B de tramway montrent que, sur la base d'un nombre moyen de jours dans l'année de 237 et d'un trafic moyen de 76 100 voyageurs / jour pour le tramway, 15 % des utilisateurs de la ligne sont des personnes qui auparavant utilisaient leur véhicule personnel, soit 2 705 400 voyageurs. Le prix de revient C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , 119 • le taux moyen d’occupation des voitures : il est compris entre 1,20 et 1,41 suivant les agglomérations. La source utilisée pour calculer ce taux moyen n’est pas précisée; • la longueur moyenne du déplacement automobile transféré vers les transports collectifs : elle est comprise entre 2,3 kilomètres (site propre bus à Rennes) et 7,0 kilomètres (tramway de Nantes); • le prix de revient kilométrique de l'utilisation d'une voiture : deux méthodes différentes sont employées pour évaluer le prix de revient moyen: – en général, l’évaluation du prix de revient kilométrique retenue pour le calcul des économies de dépenses d’utilisation de la voiture est celle acceptée par les services fiscaux pour une voiture de 6 CV parcourant 15 000 km par an, soit 0,290 € par véhicule * km parcouru (valeur 1992), – dans certains cas, en référence aux travaux menés par le groupe de travail présidé par Marcel BOITEUX [Commissariat Général du Plan 1994], les postes d’économie considérés au titre de l’usage de la voiture particulière sont limités aux dépenses de carburant, de graissage, d’entretien, de réparation et d’assurance du véhicule. L’amortissement du véhicule n’est pas pris en compte, tandis que le coût des accidents de la route pour la collectivité est supposé être intégré dans le coût direct du véhicule. Cela conduit à une estimation du prix d’usage du véhicule de 0,116 € par kilomètre parcouru (valeur 1996). kilométrique utilisé pour le calcul est celui accepté par les services fiscaux pour une voiture de 6 CV parcourant 15 000 km / an, soit 0,305 € / km (2,00 FRF /km) en 1995. La longueur moyenne de déplacement d'un ancien automobiliste sur la ligne de tramway est évaluée à 3,8 km. Le taux d'occupation moyen des voitures est pris égal à 1,3. En prenant en compte l'ensemble de ces hypothèses, les gains monétarisés sur l'utilisation de la voiture par les « nouveaux » usagers des TC sont égaux à : 2 705 400/1,3 x 3,8 x 0,305 = 2,41 M€ (15,8 MF). 120 C O M M E N T A U X L E P R O J E T S C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , V.9. Le surplus des automobilistes périmètre retenu par l'étude, par différence entre la situation avec TCSP et la situation de référence, on obtiendrait pour les usagers utilisant dans les deux situations un mode de transport différent des TC, une valorisation monétaire des avantages qu'ils retirent du projet. qui circulent mieux du fait d’un transfert modal de la voiture vers le TCSP Un projet de TCSP conduit à modifier les pratiques de déplacements et le partage de la voirie entre les différents modes de transports. Par conséquent, des personnes qui n'utilisent pas la nouvelle offre de transports en commun avec la mise en service d'une ligne de TCSP peuvent néanmoins obtenir un avantage indirect – positif ou négatif – de ce changement de situation. En théorie, pour évaluer l'avantage que retirent du projet TCSP les usagers des autres modes de transports, il conviendrait d'estimer pour chaque couple origine - destination et pour chaque mode de transport considéré, pour chacune des situations (situation de référence et situation avec projet TCSP), les coûts généralisés et les volumes de déplacements considérés. En agrégeant ces résultats pour le Dans la pratique, le seul avantage pris en compte pour le calcul de la rentabilité socio - économique de l'investissement TCSP concerne le bénéfice que peuvent retirer les usagers de la route non transférés vers le réseau de transports en commun, qui peuvent éventuellement bénéficier d'un effet de décongestion de la voirie en fonction des principes d'aménagement retenus. V.9.1. Des coefficients de décongestion qui n’ont pas été actualisés depuis 1969! Les gains de décongestion sont évalués dans les dossiers à l'aide de la méthode simplifiée du coefficient de décongestion décrite ci-dessous. le réseau de transports collectifs suite à la réalisation d'un projet de TCSP. La méthode du coefficient de décongestion pour l'évaluation des avantages des automobilistes qui restent sur le réseau routier lors d'un projet TCSP Elle s'appuie sur des enquêtes anciennes (rapport Hautreux de 1969) qui propose d'associer à un taux de saturation de la voirie 11 la vitesse moyenne des véhicules et le coût marginal social de décongestion exprimé en heure par véhicule * km retiré du réseau routier. Cette méthode, très simplifiée par rapport au calcul détaillé des coûts généralisés de déplacements avec un modèle multimodal, consiste à évaluer le bénéfice que retirent les automobilistes restant sur le réseau routier, lorsque certains d'entre eux se reportent sur 11 Défini comme le rapport du débit observé au débit correspondant à la capacité théorique maximum. Coût marginal social Heure par véhicule * km Taux de saturation de la voirie Vitesse moyenne en km / heure 0 à 0,4 30 à 50 0 0,6 30 0,019 0,8 20 0,061 1 15 0,125 Nota : il s'agit de données issues d'enquêtes anciennes (1969) qui ont été évaluées dans des conditions d'heure de pointe du soir, sur un réseau local de type parisien (Bd St Germain). C O M M E N T A U X L E P R O J E T S C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , 121 La formule de calcul est alors la suivante: CVP = partVP × (T 2 − T 1) × 1 × DistVP × Cmcong × ν TAUX occupVP C VP = gains de décongestion pour les automobilistes de la situation 1 de référence qui continuent à utiliser leur voiture dans la situation 2 avec TCSP. Part VP = % des nouveaux usagers du TC dans la situation 2 avec TCSP provenant d'un transfert de la voiture en situation de référence. T1 = nombre total de déplacements TC sur le réseau dans la situation 1 de référence. T2 = nombre total de déplacements TC sur le réseau dans la situation 2 avec TCSP. TAUX occupVP = taux d'occupation moyen des véhicules particuliers. Dist VP = distance moyenne en kilomètres du déplacement en voiture (situation de référence) transféré sur les TC dans la situation avec TCSP. Cmcong = coût marginal social de congestion (exprimé en heure par véhicule * km). ν = valeur du temps en euros. Exemple : le dossier d'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique de la ligne B du tramway de Strasbourg (décembre 1996) Le taux d'occupation moyen des voitures est pris égal à 1,3. Les simulations de trafic pour la fréquentation de la ligne B de tramway montrent que, sur la base d'un nombre moyen de jours dans l'année de 237 et d'un trafic moyen de 76 100 voyageurs / jour pour le tramway, 15 % des utilisateurs de la ligne sont des personnes qui auparavant utilisaient leur véhicule personnel, soit 2 705 400 voyageurs. La longueur moyenne de déplacement d'un ancien automobiliste sur la ligne de tramway est évaluée à 3,8 km. V.9.2. Un mode de calcul discutable Quelques enseignements peuvent être tirés des pratiques constatées dans les dossiers étudiés : • la capacité du réseau routier est considérée comme identique en situation de référence et Le coût marginal social de décongestion est pris uniforme, égal à 0,061 heure / véhicule kilomètre retiré de la voirie, pour une hypothèse de vitesse moyenne en voiture égale à 20 km / h. La valeur du temps est fixée de manière uniforme à 10,2 € / heure (67 francs / heure) en valeur novembre 1995. En prenant en compte l'ensemble de ces hypothèses, les gains monétarisés liés à la décongestion de la voirie sont estimés à: 2 705 400/1,3 x 3,8 x 0,061 x 10,2 = 4,93 M€ (32,32 MF) . en situation avec TCSP, c'est-à-dire qu'elle n'est pas affectée par les aménagements de voirie nécessaires au TCSP: si, dans le cas d'un métro souterrain, une telle hypothèse apparaît réaliste, sous réserve que d'autres choix d'aménagements des espaces publics en surface ne soient faits, dans le cas d'un tramway, 122 C O M M E N T A U X L E P R O J E T S C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , cette hypothèse apparaît contestable dans la mesure où l'infrastructure du tramway en surface nécessite de réduire la place laissée à la voiture sur un certain nombre de tronçons; • il est supposé que la voiture auparavant utilisée par l'automobiliste qui s'est reporté vers le réseau de transports en commun n'est pas utilisée dans la nouvelle situation par une autre personne du ménage, pour faire des déplacements qu'elle ne pouvait pas faire auparavant en voiture. Si au contraire, la voiture est utilisée dans la situation avec TCSP par un autre membre de la famille, le bilan global n'est plus forcément aussi favorable; • l'influence d'un nouveau partage des espaces publics, rendu nécessaire par les aménagements liés au TCSP, sur les pratiques de déplacements des autres usagers (piétons, cyclistes,…) n'est pas prise en compte dans le calcul. Or, de nombreuses réalisations de tramway en France ont déjà donné lieu à des modifications du plan de circulation dans les zones centrales et à des aménagements en faveur des piétons et des cyclistes, conduisant à des modifications des pratiques de déplacements des automobilistes, des piétons et des cyclistes, notamment dans les zones centrales. Suivant les cas, la valeur du coût marginal social de congestion utilisée pour le calcul – variable suivant l'hypothèse faite sur la vitesse moyenne de déplacement en voiture – est unique pour l'ensemble de l'agglomération pendant la totalité de la durée journalière, ou bien modulée en fonction de la période de la journée (heures de pointe / heures creuses), avec éventuellement des coefficients d'atténuation géographiques. Dans quelques agglomérations, le coût marginal social pris en compte pour le calcul est diminué de 30 % soit 0,04 au lieu de 0,061 heure par véhicule * km – pour tenir compte de phénomènes de congestion moins importants qu'en région Île - de - France. Il convient de noter que ce raisonnement effectué sur des difficultés de congestion moindres en province qu'en région Île-de-France est probablement fondé, mais que la correspondance faite pour le calcul entre un taux de saturation de la voirie inférieur de 30% à celui de la région parisienne et un coût marginal social de congestion inférieur également de 30 % est erronée, comme le rappelle le tableau de la page précédente, pour un taux de saturation inférieur à 0,8 de 30%, le coût marginal social est égal à 0,019 et non 0,04. Dans d'autres cas, des coefficients d'atténuation géographique ou temporelle sont appliqués. Soit seules les heures de pointe sont prises en compte, en estimant que le trafic correspondant représente 60% du trafic total. Soit il est estimé que seul 50% du trafic automobile circule en zone congestionnée. Suivant le contexte local, mais sans qu'une justification soit apportée à l'hypothèse faite, la vitesse moyenne de déplacement automobile en zone urbaine est prise égale à 20 km/h avec un coût marginal social de 0,061 heure par véhicule * km, ou à 15 km / h avec un coût marginal social de 0,125 heure par véhicule * km. V.10.Quelques éléments qualitatifs sur l'évolution de la qualité de service pour les usagers des transports Certains dossiers fournissent également des éléments qualitatifs, non monétarisés, sur l'évolution de la qualité de service du réseau de transports collectifs pour les habitants de l'agglomération concernée: • évolution de la mobilité moyenne TC par habitant du Périmètre des Transports Urbains (PTU); • amélioration de l’accessibilité TC des secteurs du PTU, en distinguant l’accessibilité immédiate (- de 500 m de marche de la station) et le « bassin versant » C O M M E N T A U X L E P R O J E T S (rabattement bus ou VP): population et emplois concernés/total PTU; • évolution des accessibilités isochrones : par exemple, évolution des opportunités accessibles à tel quartier (emplois, logements, commerces,...) en moins de trente minutes 12 ; • évolution du temps de déplacement sur des liaisons types, en heures de pointe, incluant le temps d’attente de chacun des modes pris pour effectuer ces déplacements; • distribution des gains de temps pour les usagers des TC pris en compte dans le scénario de référence; • gains de productivité du réseau de transports collectifs, en terme de vitesse commerciale qui améliore la qualité du service à l’usager en même temps qu’un gain sur le coût d’exploitation du réseau. V.11.Les effets environnementaux et la réduction des nuisances V.11.1. Rappel théorique Les impacts sur l'environnement d'un projet de transports concernent à la fois les nuisances liées à la présence physique des infrastructures et les effets liés au trafic supporté: • impacts sur l’environnement causés par les infrastructures de transports elles-mêmes: paysages, coupures urbaines, consommation d’espace…; • impacts liés à l’exploitation de l’infrastructure: accidents, bruit, pollution de l’eau, pollution de l’air, consommation d’énergie… L’intégration de la valorisation de ces différents avantages collectifs dans le calcul économique pose encore des difficultés importantes, tant théoriques que pratiques. Tout d’abord, il s’agit de domaines où l’action tutélaire des collectivités publiques s’exerce le plus fortement pour substituer une volonté collective aux désirs C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , 123 individuels et mieux prendre en compte des externalités de tout type non prises en charge directement par les agents économiques. D’autre part, pour pouvoir intégrer ces impacts dans la valorisation des «avantages» pris en compte par le calcul économique, il faut pouvoir valoriser le coût des impacts sur l'environnement par des méthodes indirectes, le marché ne permettant pas d'accéder directement à ces coûts environnementaux. Les méthodes d'évaluation actuellement utilisées peuvent être classées en quatre catégories [Commissariat Général du Plan 1994]: • le coût d'évitement: par exemple, le coût de protection contre le bruit au moyen de double vitrage, ou le coût de réduction à la source des émissions polluantes; • le coût des dommages: par exemple, les dépenses de santé liées à la guérison des maladies dues à la pollution de l'air; • le consentement à payer pour réduire le degré de nuisance de la part des agents économiques qui en souffrent, ou la compensation monétaire jugée acceptable en cas d'augmentation de la nuisance, appelée aussi consentement à recevoir; • la valeur tutélaire, c'est-à-dire ce que la collectivité est prête à payer pour réduire la nuisance. En théorie, dans une situation où tous les agents économiques sont complètement informés et où toutes les décisions sont conformes à l'optimum économique, les efforts de dépollution étant menés jusqu'à ce que le coût marginal de dépollution soit égal au consentement à payer pour la qualité ainsi obtenue, ces quatre évaluations sont égales à la marge. En pratique, une telle approche pose de multiples difficultés. Les méthodes d’évaluation sont complexes à mettre en œuvre, qu’il s’agisse de calculer une «valeur révélée» par les comportements ou d’estimer Opportunités retenues 12 pour la ligne B de tramway à Strasbourg: population accessible en moins de 30 minutes, en émission, et emplois accessibles en moins de 30 minutes, en attraction. 124 C O M M E N T A U X L E P R O J E T S C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , une « valeur déclarée » par les intéressés, et conduisent à une dispersion importante des valeurs. D'autre part, il est difficile de mesurer certaines quantités : les émissions sont de mieux en mieux connues, mais l'intensité de la dispersion est plus difficile à cerner. Certaines nuisances, en l'état actuel des connaissances, ne peuvent pas être quantifiées.: il est toutefois recommandé de les intégrer aux éléments d'information technique sur la base desquels sera prise la décision de réaliser ou non le projet de TCSP. V.11.2. L’insécurité routière Le premier impact sur l’environnement concerne la valorisation pour la collectivité des avantages de la «sécurité» en terme de tués, de blessés graves et de blessés légers lors de déplacements, en fonction du mode de transports utilisé. L'intégration de cette valorisation dans le calcul économique concerne uniquement les accidents dans le domaine routier. Elle n'est pas faite pour les autres modes de déplacements, pour lesquels on considère que les accidents sont rares. Quant à l'insécurité correspondant aux agressions dans les transports collectifs, il est considéré qu'elle ne peut pas être évaluée à l'occasion d'un projet identifié. Le calcul des gains de sécurité de la situation avec TCSP par rapport à la situation de référence est mené sur la base d'une évaluation statistique du coût social de l'insécurité routière par véhicule * km parcouru – qu'il s'agisse d'une voiture ou d'un bus. Le coût social de l'insécurité routière est évalué sur la base de données agrégées au niveau français des accidents de la circulation (nombre moyen de tués, de blessés graves et de blessés légers observés sur le réseau routier français par milliard de véhicules * km) et sur les valeurs tutélaires définies par l'État pour la valorisation des coûts des tués, blessés graves et blessés légers. Les valeurs de référence retenues sont celles recommandées par le rapport BOITEUX de 1994 [Commissariat Général du Plan 1994] , soit en valeur 1993 : 0,55 millions d’euros (3,6 MF) pour un tué, 56 K€ (370 000 francs) pour un blessé grave et 12 K€ (79 000 francs) pour un blessé léger. La démarche de calcul utilisée dans la pratique consiste ainsi à: • dans une première étape, déterminer la réduction du nombre de bus * kilomètres et de voitures * kilomètres par rapport à la situation de référence, du fait de la modification de l'offre du réseau de transports en commun et des reports modaux de la voiture vers les transports en commun; • dans une deuxième étape, calculer les gains de sécurité correspondants – du fait de la baisse des véhicules * km parcourus en voiture et en bus – grâce à l'évaluation du coût social de la sécurité : – pour la voiture * km économisée par rapport à la situation de référence, le coût social retenu varie de 0 euro – dans le cas de Bordeaux ou Nice où le coût de la sécurité est limité aux frais d'assurances et est inclus dans le coût d'usage de la voiture - à 0,007 € ou 0,015 € (0,05 FRF ou 0,10 FRF) suivant que le calcul intègre ou non les revalorisations du coût du mort et du blessé préconisées par le Commissariat Général au Plan; – pour le bus * km économisé, la part de la sécurité dans le coût social sur l'environnement (bruit, pollution et sécurité) n'est pas précisée: le coût global est pris égal à 0,09€ ou à 0,12 € (0,61 FRF ou à 0,755 FRF) suivant les cas. Par ailleurs, le coût social de la sécurité est revalorisé chaque année de 3%. C O M M E N T A U X L E P R O J E T S Exemple : le dossier d'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique de la ligne B du tramway de Strasbourg (novembre 1996) C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , 125 tramway et de 0,093 euro (0,61 F) par bus * km (valeur 1990), revalorisé de 3% par an. Les gains sur la sécurité intègrent le transfert d'usagers de la voiture particulière vers les transports collectifs ainsi que le report de trafic bus vers le tramway. Le nombre de kilomètres économisés en voiture est estimé à 7 907 800 km par an, et le nombre de kilomètres bus à 725 000 km à la mise en service du tramway. Ils ne sont pas dissociés des autres gains sur la pollution et le bruit dans le calcul, avec l'utilisation d'un coût social global de 0,043 euro (0,28 F) par voiture * km (valeur 1990), de 0 euro pour le En valeur 1995, les gains monétarisés sur la sécurité, le bruit et la pollution sont estimés à : 0,049 x 7 907 800 + 0,107 x 725 000 = 0,465 M€ (3,038 MF). V.11.3. Les nuisances sonores et la pollution atmosphérique Dans la pratique, en dehors des coûts liés aux accidents, les autres coûts externes pris en compte pour le calcul des impacts sur l'environnement du projet de TCSP se limitent au bruit et à la pollution atmosphérique. Le calcul des gains sur le bruit et la pollution atmosphérique de la situation avec TCSP par rapport à la situation de référence est mené sur la base d'une évaluation normative du coût social du bruit et de la pollution atmosphérique par véhicule * km parcouru – qu'il s'agisse d'une voiture ou d'un bus. La valorisation du coût social du bruit et de la pollution atmosphérique est faite suivant la méthode du coût marginal d'évitement, fondée sur les dépenses à engager pour supprimer ou réduire les nuisances. De ce fait, il s'agit d'une approximation par défaut du coût d'internalisation, devant les difficultés à mettre en œuvre d'autres méthodes d'évaluation comme le coût marginal des dommages. Par conséquent, la démarche de calcul utilisée dans la pratique consiste à: • dans une première étape, déterminer la réduction du nombre de bus * kilomètres et de voitures * kilomètres par rapport à la situation de référence, du fait de la modification de l'offre du réseau de transports en commun et des reports modaux de la voiture vers les transports en commun ; • dans une deuxième étape, calculer les gains environnementaux correspondants – du fait de la baisse des véhicules * km parcourus en voiture et en bus – grâce à l'évaluation du coût social du bruit et de la pollution atmosphérique: – pour la voiture * km économisée par rapport à la situation de référence, le coût social retenu varie entre 0,030 € et 0,037 € (0,20 FRF et 0,24 FRF) avec une répartition 50/50 entre le bruit et la pollution atmosphérique; – pour le bus * km économisé, la part du bruit ou de la pollution atmosphérique dans le coût social sur l'environnement (bruit, pollution et sécurité) n'est pas précisée : le coût global est pris égal à 0,093 € ou à 0,115 € (0,61 FRF ou 0,755 FRF) suivant les cas. Par ailleurs, le coût social du bruit et de la pollution de l’air est revalorisé chaque année de 3%. 126 C O M M E N T A U X L E P R O J E T S C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , Exemple : le dossier d'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique de la ligne B du tramway de Strasbourg (novembre 1996) Les gains sur le bruit et la pollution atmosphérique intègrent le transfert d'usagers de la voiture particulière vers les transports collectifs ainsi que le report de trafic bus vers le tramway. Ils ne sont pas dissociés des autres gains sur les accidents dans le calcul, avec l'utilisation d'un coût social global de 0,043 euro (0,28 F) par voiture * km (valeur 1990), de 0 euro pour le tramway V.11.4. L’estimation qualitative d’autres impacts sur l’environnement du projet TCSP D’autres impacts sur l'environnement comme les effets de coupure, la consommation d'espace, la consommation d'énergie, les atteintes aux paysages… ne donnent pas lieu à une évaluation monétaire. Toutefois dans certains dossiers, d'autres avantages du projet de TCSP donnent lieu à une présentation qualitative, mais sans valorisation monétaire. Cela concerne deux aspects. La valorisation pour la collectivité des gains sur la consommation d’énergie Le calcul des économies d’énergie liées à la réalisation du TCSP est basé sur la comparaison entre la consommation énergétique moyenne d’un véhicule automobile, d’un autobus et d’un TCSP, exprimée en Tonnes Équivalent Pétrole (TEP) par véhicule km parcouru. Les consommations énergétiques moyennes prises en compte pour le calcul sont les suivantes: • pour un véhicule automobile en milieu urbain : 10 litres aux 100 km, soit 0,1 * 10 –3 TEP par kilomètre; • pour un autobus: 42 litres de gazole aux 100 km, soit 0,42 * 10 – 3 TEP par kilomètre; • pour un TCSP: tramway: 5 kW par kilomètre, soit 1,0 * 10 – 3 TEP par kilomètre; métro lyonnais: 10 kW par kilomètre, soit 2,0 * 10 – 3 TEP par kilomètre. et de 0,093 euro (0,61 F) par bus * km (valeur 1990), revalorisé de 3% par an. Le nombre de kilomètres économisés en voiture est estimé à 7 907 800 km par an, et le nombre de kilomètres bus à 725 000 km à la mise en service du tramway. En valeur 1995, les gains monétarisés sur la sécurité, le bruit et la pollution sont estimés à: 0,049 x 7 907 800 + 0,107 x 725 000 = 0,465 M€ (3,038 MF). Ensuite, le calcul consiste à évaluer les différences de trafic automobile, bus et TCSP exprimés en véhicules kilomètres entre la situation de référence et la situation avec TCSP, pour en déduire la variation de consommation d’énergie entre les deux situations. La valorisation pour la collectivité de l’impact urbain du TCSP Dans le cas de certains projets de TCSP de surface, il est mentionné le rôle que le projet peut avoir dans la recomposition et la requalification de l’espace public aux abords de la plate - forme. V.12.Les effets sur les dépenses publiques pour les autres modes de déplacements La première étape de l'évaluation du projet conduit à analyser les coûts directs d'investissement et de fonctionnement du projet de TCSP. Toutefois, le projet considéré a également des conséquences éventuelles sur les dépenses d'investissement et d'exploitation des collectivités publiques pour d'autres infrastructures de transports. C O M M E N T A U X L E P R O J E T S V.12.1. Rappel théorique La logique d'évaluation des projets d'infrastructures de transports en milieu urbain doit tenir compte du fait qu'un projet de TCSP s'intègre dans un système de transport plus large, qui comprend l'ensemble des éléments relatifs à l'offre de transports dans la ville: réseau routier, trottoirs et itinéraires cyclables, offre de stationnement public. Ainsi, il apparaît important de bien faire apparaître les diverses conséquences des décisions envisagées en terme de politique de déplacements dans l'agglomération considérée, non seulement pour le mode de transports collectifs concerné directement par le projet de TCSP, mais également pour les autres modes de déplacements, dans un souci de cohérence et d'efficience des dépenses publiques. Le calcul du bilan actualisé doit donc intégrer également la variation des dépenses publiques d'exploitation pour les autres modes de déplacements que les transports collectifs, entre la situation de référence et la situation avec TCSP. Par contre, dans le bilan global, les variations des impôts et taxes perçus par les collectivités publiques pour les différents modes de transports (TIPP…) entre les différentes situations étudiées ne doivent pas être pris en compte dans le bilan global, dans la mesure où elles correspondent simplement à des effets redistributifs entre les agents économiques privés et les collectivités publiques et où les impôts et taxes correspondant ne sont pas intégrés dans les coûts généralisés supportés par les usagers. V.12.2. Une moindre usure de la voirie grâce au report de trafic vers les transports publics Il est considéré que le transfert d’usagers de la voiture vers les transports en commun conduit à ce que le trafic routier soit moins important et C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , 127 que, par conséquent, le coût d’utilisation des infrastructures routières soit réduit. Le calcul prend en compte les économies sur les dépenses de fonctionnement (éclairage, signalisation, régulation), les dépenses de police, les dépenses d’entretien et de renouvellement de la voirie. La démarche de calcul consiste alors à: • dans une première étape, déterminer la réduction du nombre de voitures * kilomètres par rapport à la situation de référence, du fait des reports modaux d’automobilistes vers les transports en commun; • dans une deuxième étape, calculer les économies pour la collectivité sur les dépenses d’utilisation des infrastructures routières – du fait de la réduction du nombre de véhicules * km parcourus en voiture – grâce à l’évaluation du coût marginal d'entretien de la voirie du véhicule * km ajouté ou supprimé. Suivant les cas, trois coûts différents sont utilisés pour le calcul: – la plupart du temps, il est fait référence au coût retenu par un comité technique – non précisé – pour un véhicule circulant sur des chaussées à deux voies, à une vitesse moyenne de 20 km/h, pour un parcours moyen de cinq kilomètres, soit 0,0277 € (0,182 FRF) par véhicule * km en francs 1990, – dans d’autres cas, le coût de référence est celui calculé pour un véhicule circulant sur des chaussées à une voie, à une vitesse moyenne de 15 km/h, pour un parcours moyen de cinq kilomètres, soit 0,0503 € (0,33 FRF) par véhicule * km en francs 1990, – enfin, dans le cas de Bordeaux ou Nice, où il est fait référence aux conclusions du rapport du groupe BOITEUX de 1994 [Commissariat Général du Plan 1994], le coût d’utilisation des infrastructures routières pris comme référence est inférieur, égal à 0,0163 € (0,107 FRF) par véhicule * km en francs 1990. Le coût d’utilisation des infrastructures routières est revalorisé de 3% par an. 128 C O M M E N T A U X L E P R O J E T S C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , Exemple : le dossier d'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique de la ligne B du tramway de Strasbourg (novembre 1996) Comité Technique pour des chaussées à deux voies (vitesse moyenne 20 km / h) pour un parcours de 5 kilomètres. Les gains sur les dépenses publiques d'entretien et d'exploitation du réseau routier intègrent le transfert d'usagers de la voiture particulière vers les transports collectifs. Le coût marginal d'entretien de la voirie est pris égal à 0,0320 € (0,21 F) par véhicule * km (en valeur 1995), sur la base des conclusions d'un Le nombre de kilomètres économisés en voiture est estimé à 7 907 800 km par an. En valeur 1995, les gains monétarisés sur l'entretien de la voirie sont estimés à : 7 907 800 x 0,0320 = 0,25 millions d’euros (1,660 MF). V.12.3. Des places de stationnement collectivité consiste à répondre systématiquement à la demande de stationnement qui s'exprime, puisque la différence des dépenses de stationnement entre la situation de référence et la situation avec TCSP est prise égale exactement à la réduction du trafic automobile occasionnée par les reports vers les transports en commun, en tenant compte du taux d'occupation moyen des voitures et des taux de rotation des places de stationnement payant. En supposant que cette hypothèse soit valide, le calcul ensuite utilisé est le suivant: • dans une première étape, faire la correspondance entre le nombre de déplacements des nouveaux usagers des transports en commun transférés de la voiture et le nombre de places de stationnement occupées dans une journée par ces voitures dans la situation de référence, en utilisant la formule suivante: non construites Il est considéré que dans la situation de référence, la collectivité consentirait de nouvelles dépenses pour réaliser de nouvelles places de stationnement public, de manière à faire face à l'augmentation de la demande de places de stationnement. Dans le cas où le TCSP est réalisé, des transferts d'usagers s'opèrent de la voiture vers les transports en commun, ce qui réduit la pression sur le stationnement. Par conséquent, la collectivité peut réduire ses dépenses de réalisation de nouvelles places de stationnement, à due proportion de la réduction du trafic automobile. Il convient de noter que le calcul suppose que la politique de stationnement mise en œuvre par la Nstat = DVP → TC × 13 Pris égal à 1 dans la plupart des cas, ou à 2 si l'on considère que les utilisateurs des transports en commun transférés de la voiture effectuent un aller-retour par jour en transports en commun. 1 ToccupVP Nstat = nombre de places de stationnement économisées dans la situation 2 avec TCSP par rapport à la situation de référence. D VP > TC = nombre de déplacements journaliers effectués sur le réseau de transports en commun par des personnes transférées de la voiture. T occup VP = taux d'occupation moyen d'une voiture. × 1 NVPstat 1 × × NDTC NVPtotal Trotation ND TC = nombre moyen de déplacements en transports en commun effectué dans une journée par la même personne transférée de la voiture 13. N VPstat / N VPtotal = % des véhicules automobiles devant chercher une place de stationnement. T rotation = taux de rotation journalière moyen par place de stationnement. C O M M E N T A U X L E P R O J E T S C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , 129 Dans les dossiers, le rapport entre le nombre de déplacements automobiles, exprimé en nombre de déplacements en tant que conducteur de voiture, et le nombre de places de stationnement nécessaire à satisfaire la demande correspondante est égal à 6, sauf dans le cas de l'axe lourd bus de Rennes où il est pris égal à 3, avec des variantes dans la décomposition de ce résultat; • dans une deuxième étape, en déduire les économies de dépenses de stationnement par la collectivité par rapport à la situation de référence, en fonction du coût annuel d'une place de stationnement en ouvrage. La valorisation de la place de stationnement est basée sur les coûts d'amortissement de l'ouvrage et sur les coûts d'exploitation annuels. Le prix unitaire annuel d'une place de stationnement est compris entre 1 200 € (8 000 francs) – dans la majorité des cas – et 2 350 € (15 400 francs) – dans le cas du tramway de Nantes. Exemple : le dossier d'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique de la ligne B du tramway de Strasbourg (novembre 1996) (15% des 76100 voyageurs journaliers du tramway) – correspondant à 4 390 véhicules – à ne plus utiliser de voitures particulières. Les gains monétarisés sur les dépenses publiques de stationnement intègrent le transfert d'usagers de la voiture particulière vers les transports collectifs. Il est admis par ailleurs que 2/3 des véhicules doivent rechercher une place de stationnement et que le nombre de rotation par place est de 2 par jour. Dans ces conditions, le gain de places de stationnement peut être estimé à: 4 390 * 2/3 * 1/2 = 1 460 places. Chaque jour, le tramway conduit 15% de ses usagers (personnes reportées de la voiture dans la situation de référence vers les transports collectifs dans la situation avec TCSP) à ne plus utiliser leur voiture. Le taux d'occupation moyen des voitures est égal à 1,3. Basée sur les coûts d'amortissement et sur les coûts d'exploitation annuels, une place de stationnement économisée est estimée à 1 200 € (8 000 francs) par place par an. Chaque automobiliste reporté vers les transports collectifs effectuait en moyenne un aller-retour par jour avec son véhicule, ce qui conduit 11 415 personnes En valeur 1995, les gains monétarisés sur les dépenses publiques de stationnement sont estimés à: 1 460 x 1 200 = 1,75 millions d’euros (11,7 MF). V.13.Les effets sur le développement et l’emploi Deux types d'effets peuvent être envisagés: • d'une part, les effets directement entraînés par le projet, et qui concernent essentiellement l'emploi: emplois liés aux travaux, emplois permanents d'exploitation et d'entretien du TCSP…; • d'autre part, les «effets induits» sur les tendances d'urbanisation, résultant de décisions de localisation des agents économiques sur lesquels le décideur du projet de TCSP n'a pas d'influence directe. V.13.1. Rappel théorique La prise en compte du développement économique dans les critères d'évaluation de projets ne devrait pas 130 C O M M E N T A U X L E P R O J E T S C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , conduire à l'introduction de termes supplémentaires dans les analyses de rentabilité économique, dans la mesure où la contribution des infrastructures de transports au développement économique est déjà prise en compte dans l'évaluation des gains liés aux déplacements des différentes catégories d'usagers. Toutefois, comme cela est rappelé dans le rapport BOITEUX de 1994 [Commissariat Général du Plan 1994], trois situations particulières peuvent conduire à retenir une valorisation complémentaire du développement économique: • les défaillances d'ajustement des marchés qui sont à la source des déséquilibres macroéconomiques; • les nouvelles théories de la croissance endogène, qui accordent un rôle particulier aux infrastructures comme moteur du développement; • l'aménagement du territoire. Cependant, l'intégration rigoureuse des effets des infrastructures sur le développement dans le calcul économique est complexe. Comme le rappelle le rapport BOITEUX de 1994 [Commissariat Général du Plan 1994], malgré des travaux de recherche importants dans ce domaine, il n'est pas permis, en l'état actuel des connaissances, de proposer des alternatives satisfaisantes aux règles usuelles de sélection des projets – qui se limitent à la quantification des emplois permanents et temporaires liés directement au projet de TCSP. Par ailleurs, l'intégration des préoccupations d'aménagement du territoire et de développement local se heurte à trois obstacles: • la difficulté pratique pour évaluer les effets propres au projet de TCSP, dans un système urbain aux multiples interactions; • le fait que les autorités publiques peuvent avoir un objectif autre que l'allocation la plus efficace des ressources, par exemple un objectif d'équité de traitement des individus, quelle que soit leur localisation (notion de droit au transports). Cela peut conduire les décideurs à accorder une importance différente au fait qu'un avantage soit localisé dans tel ou tel secteur de l'agglomération; • l'éventuel caractère structurant de l'infrastructure, c'est-à-dire le rôle qu'elle peut jouer dans un processus de croissance endogène. V.13.2. Les retombées directes du projet de TCSP sur l’emploi Dans les dossiers étudiés, ceux qui prennent en compte les effets du projet TCSP sur l’emploi présentent deux résultats du calcul de la rentabilité socio-économique de l’investissement de transports, l’un sans tenir compte de ces effets, et l’autre en intégrant un terme supplémentaire dans le calcul. Dans la pratique, le terme supplémentaire ajouté au calcul de rentabilité prend en compte uniquement l’impact direct du projet sur l’emploi, c’est-à-dire les emplois liés à la construction et à l’exploitation du TCSP. L’estimation des emplois liés à la construction du TCSP est faite sur la base de ratios de référence, qu’il s’agisse du ratio moyen de la Fédération Nationale des Travaux Publics ou de SYNTEC ou d’autres sources non mentionnées. La démarche de calcul utilisée dans la pratique consiste à: • dans une première étape, déterminer le nombre d’emplois - an générés par l’investissement TCSP, sur la base d’un emploi – an direct correspondant à une dépense d’investissement comprise entre 38 000 € et 76 000 € (250 000 F et 500 000 F) suivant les cas; • dans une deuxième étape, valoriser pour la collectivité l’économie des dépenses publiques consenties pour les demandeurs d’emploi par rapport à la situation de référence, à due proportion du nombre d’emplois directs créés ou conservés du fait du projet TCSP. C O M M E N T A U X L E P R O J E T S C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , 131 Cette valorisation se fait sur la base de l’analyse des dépenses publiques consenties en 1991 pour les demandeurs d’emplois – 36 millions d’euros (236 milliards de francs) pour 2 709100 demandeurs d’emplois – soit une dépense unitaire moyenne de 13 300 € en valeur 1991 (87 000 F). La dépense d'investissement correspondant à un emploi-an ainsi que la dépense publique moyenne consentie annuellement pour les demandeurs d'emplois sont généralement actualisées de 3 % par an. Exemple : le dossier d'enquête préalable à la déclaration d'utilité publique de la ligne B du tramway de Strasbourg (novembre 1996) On en déduit le nombre d'équivalents emplois-an pour le chantier de la ligne B de tramway : environ 6 400 emplois-an. L'investissement global est de 261,9 millions d’euros hors taxes en novembre 1995 (1 717,8 MF). Sans prise en compte des impacts sur l'emploi, le bilan actualisé pour un taux d'actualisation de 8% est égal à 141 millions d’euros (927 MF). Un deuxième bilan est présenté, en tenant compte de l'impact sur l'emploi. Il est considéré qu'un emploi annuel correspond à un investissement de 38 000 euros (250 000 F 14) (valeur 1993), avec une actualisation de 3 % l'an. Par ailleurs, le niveau atteint par la dépense publique pour l'emploi s'élève en 1991 à 13 300 euros (87 000 francs) par demandeur d'emploi, soit 14 800 euros en valeur 1995 (97 000 francs). V.13.3. L’estimation qualitative de l’impact urbain du projets de TCSP Dans certains dossiers, il est mentionné également qu’un projet de TCSP peut avoir des effets sur la structuration de l’agglomération, en accompagnant et en renforçant des dynamiques de développement. Des éléments qualitatifs sont fournis sur les opérations d’aménagement en cours, projetées ou programmées, situées à proximité de l’axe TCSP étudié. Par ailleurs, l’amélioration de l’accessibilité au centre - ville depuis des quartiers périphériques – et notamment des quartiers d’habitat social concernés par les contrats de ville – est présentée comme un élément important de certains projets, même si sa valorisation dans le calcul économique est difficile à réaliser. L'économie pour la Nation liée au chantier de la ligne B de tramway, permettant de conserver ou de créer 6 400 emplois - an, est alors estimée à : 6 400 x 14 800 = 94,7 millions d’euros (620,8 MF). V.14. Le calcul du bilan actualisé du projet V.14.1. Rappel théorique Les calculs de rentabilité économique des projets TCSP sont établis à partir des indicateurs classiquement utilisés suivants: • le taux de rentabilité immédiate: défini pour la première année de mise en circulation comme le rapport entre les avantages pour la collectivité et le montant de l’investissement hors taxes; • le bénéfice actualisé : calcul année par année du flux de dépenses (investissement) et de recettes (bilan économique pour la collectivité) et somme actualisée de ceux-ci sur une durée égale à la durée de vie de l’équipement projeté (taux d’actualisation pris égal à celui défini par le Commissariat Général au Plan, soit 8%); Il est fait référence 14 à un discours du ministre de l'Équipement au congrès du Groupement des Autorités Responsables de Transport en novembre 1993. 132 C O M M E N T A U X L E P R O J E T S C A L C U L D E T C S P É C O N O M I Q U E E S T - I L A P P L I Q U É E N J U S Q U ’ À P R É S E N T ? P R O V I N C E , • le taux de rentabilité interne: défini comme le taux d’actualisation qui annule le bénéfice actualisé; • le temps de retour sur investissement: temps nécessaire pour que la somme des gains prévisibles égale le coût de l’investissement hors taxes. V.14.2. Des pratiques hétérogènes même dans le calcul des indicateurs synthétiques de rentabilité La formule de calcul du bilan actualisé d’un projet permet d’actualiser l’ensemble des flux monétaires à l’année de mise en service, en tenant compte de l’étalement des dépenses d’investissement sur n années avant la mise en service et d’une durée de vie de l’investissement de p années. Dans la pratique, la durée de vie de l’investissement prise en compte pour le calcul varie entre 25 ans et 30 ans à partir de l’année de mise en service. Le calcul du taux de rentabilité immédiate est en général réalisé pour une année différente de celle de la mise en service, pour tenir compte d’une montée en charge progressive de la ligne TCSP. Il peut s’écouler ainsi jusqu’à dix ans entre l’année de mise en service et l’année pour laquelle le taux de rentabilité immédiate est calculé. De telles pratiques sont de nature à rendre difficile toute comparaison entre projets dans des agglomérations différentes. L’étalement dans le temps des dépenses d’investissement avant la mise en service du TCSP n’est pas toujours détaillé. Enfin, dans la pratique, l’évolution dans le temps de l’excédent brut d’exploitation de l’exploitant du réseau de transports en commun et des avantages pour la collectivité dans son ensemble ne donne pas lieu à une évaluation de ces différents termes année après année. Dans le cas général, les avantages pour la collectivité sont calculés pour une année de référence – correspondant au régime «stabilisé» après un ou deux ans d’exploitation du TCSP – et une hypothèse est ensuite formulée quant à l’évolution agrégée de ces avantages au cours du temps: • stabilité en euros constants sur la période de fonctionnement; • calcul mené pour deux ou trois années de référence (par exemple: l’année de mise en service, cinq ans après et quinze ans après), avec un accroissement linéaire entre ces dates; • augmentation linéaire de + 1.0% pendant dix ans après la mise en service, puis stabilité. 133 L’évaluation des projets de transports du schéma directeur de l’Île - de - France 15 Dans le cadre de l’évaluation des projets de transports du schéma directeur de l’Île-de-France, quatre groupes de critères sont retenus : le coût, le service rendu aux usagers, l’environnement et l’aménagement. Les coûts Les coûts d’investissement sont évaluées en euros hors taxes. Pour ces calculs, le matériel roulant des transports collectifs est ajouté aux coûts d’infrastructure. En matière de coûts d’exploitation, sont retenus pour les transports collectifs les coûts directs d’exploitation fournis par les entreprises et pour les infrastructures routières le prix de revient du véhicule km totalisant les frais de l’usager (y compris l’amortissement du véhicule) et ceux de la collectivité (entretien, exploitation). Le service rendu aux usagers Les études évaluent classiquement le service rendu par une amélioration des réseaux à l’aide du temps total gagné à structure de déplacements (ou échanges de zone à zone) inchangée. VI par ce réseau (élargissement des univers de choix pour les activités recherchées par l’usager à destination: emploi , achats, loisirs, affaires, services...). Ces effets sont pris en compte à l’aide d’indicateurs gravitaires d’accessibilité aux emplois, comme le propose la théorie économique. Ces indicateurs représentent le nombre d’opportunités accessibles en comptant pour 1 celles qui sont près, pour 0 celles qui sont très loin, les autres étant pondérées par un coefficient décroissant de 1 à 0 en fonction du temps d’accès. Ces indicateurs d’accessibilité permettent une représentation spatiale du niveau de service rendu par les transports: leurs variations permettent de localiser les effets d’un projet de transport. La théorie économique montre que l’avantage économique apporté aux usagers par un investissement de transports s’exprime simplement à l’aide des indicateurs d’accessibilité. Il convient de noter que les bénéfices économiques calculés par cette méthode restent voisins de ceux que fournissent les méthodes traditionnelles qui évaluent des gains de temps pour des choix de destination supposés inchangés. L’environnement Or, la structure des déplacements change dans un tel cas: l’usager a tendance à tirer parti des gains de vitesse offerts pour augmenter sa mobilité (nombre de déplacements) et son champ spatial (longueur moyenne de déplacements). En définitive, le temps total passé en transport par habitant reste à peu près stable sur une longue période malgré les améliorations du service offert. Les relations entre l’environnement des citadins et les transports ne se limitent pas aux problèmes de nuisances (environnement de proximité des résidents). Ils impliquent également la possibilité pour les habitants d’accéder via les réseaux de transports à des sites recherchés pour leur qualité environnementale (espaces forestiers, naturels, urbanistiques,...). Face à ce constat, pour évaluer un réseau de transport, il est proposé de tenir compte non seulement des temps de transport, mais également du niveau de satisfaction qu’offrent les destinations accessibles D’autre part, les projets de transport permettent une réduction du trafic sur les voies locales et ainsi une «reconquête» de ces voies au profit des piétons, autobus ou espaces verts. Voir [Groupe 15 interministériel d’évaluation des projets de transport du schéma directeur de l’Île-de-France 1992]. 134 L ’ É V A L U A T I O N D U S C H É M A D E S P R O J E T S D I R E C T E U R D E D E T R A N S P O R T S L ’ Î L E - D E - F R A N C E Par ailleurs, les nuisances environnementales apportées par les infrastructures nouvelles aux riverains dans les sites sensibles doivent être supprimées ou réduites dès la conception du projet (écrans, couverture, insertion paysagère). Cette prise en compte se traduit par des coûts élevés, qui doivent être mis en regard de leur utilité pour la collectivité. Enfin, pour comparer globalement les effets négatifs du trafic sur l’environnement (bruit, pollution), des coûts d’externalité sont ajoutés aux coûts de fonctionnement par véhicule km. qualité de service offerte aux usagers, réduction des coûts sociaux, coûts associés à la réalisation du projet (coûts d’investissement et d’exploitation). Le taux d’actualisation du Commissariat Général du Plan est fixé à 8 %. L’utilité de tout projet d’investissement public est appréciée par rapport à ce taux. Les taux de rentabilité sont calculés pour une mise en service des infrastructures en 2015, en tenant compte de la croissance de population et de mobilité motorisée à cet horizon. L’aménagement 16 À noter que la valeur tutélaire du temps utilisée par la Direction des Routes est de 75 francs/heure (11,4 € /heure). 17 Un calcul complémentaire est fait avec une valeur du temps correspondant à la valeur tutélaire de 11,4 € (75 F) /heure (valeur 1989) utilisée par la Direction des Routes, avec une indexation de + 1,5% par an, soit 16,6 € (109 F) /heure pour l’horizon 2015. 18 Référence: Compte Transport de voyageurs de la Région Île-de-France, Paris, STP, 1994. 19 Pour le calcul des effets de la congestion automobile, la méthode consiste à évaluer par rapport à une situation idéale de fluidité d’une part le temps perdu par les utilisateurs des différents modes et d’autre part les surcoûts d’exploitation des entreprises de transports collectifs. Ce critère caractérise la manière dont le système de transport, par la dynamique qu’il induit, sert les objectifs d’aménagement du schéma directeur de la région Île-de-France. Ces objectifs portent notamment sur les équilibres régionaux et sur le développement d’un certain nombre de sites: centres d’excellence européenne, pôles stratégiques, villes nouvelles, villes trait d’union... Selon les cas, les projets de transport peuvent être un préalable indispensable ou un adjuvant utile à la promotion de ces pôles. Pour évaluer les réseaux de transport face à ce critère, les indicateurs d’accessibilité sont utilisés, en examinant si la répartition spatiale des variations d’accessibilité favorise les pôles à développer. Le calcul de la rentabilité socio - économique des projets de transports Les principes généraux Cet indicateur prend en compte sous une forme synthétique une part importante des avantages (et des inconvénients) des projets envisagés: meilleure Les hypothèses d’évolution de la demande prise en compte pour le calcul sont les suivantes: • une augmentation de la mobilité par personne, liée à la croissance de la motorisation et à l’augmentation des déplacements pour motif autre que le travail, de 0.8 % par an actuellement (sur la base des dernières enquêtes) et allant en s’atténuant à l’avenir (+ 12 % de croissance entre 1992 et 2015) ; • un allongement des distances parcourues de l’ordre de 1% par an, se maintenant à l’avenir pour conduire à une augmentation de 20% des longueurs de déplacements sur 25 ans; • une augmentation de la population (+ 15 % sur 25 ans); • une localisation spatiale de la croissance des déplacements qui se concentre fortement en périphérie (moyenne et grande couronne). La situation de référence étudiée correspond à l’année 2015. Elle a fait l’objet d’une étude de trafic à l’aide du modèle de trafic régional de la DREIF. Une approche multicritères est également conservée: elle permet de porter une appréciation sur des effets plus difficilement mesurables que ceux cités précédemment, et surtout plus difficilement monétarisables (effets d’aménagement du territoire ou certains effets liés à l’environnement). L ’ É V A L U A T I O N D U S C H É M A D E S P R O J E T S D I R E C T E U R D E D E T R A N S P O R T S 135 L ’ Î L E - D E - F R A N C E Les coûts d’exploitation Les externalités Les coûts d’exploitation des réseaux de transports en commun tiennent compte d’une dérive annuelle des coûts de 1,7% par an et d’économies réalisées sur le réseau bus grâce aux nouvelles infrastructures. La valorisation retenue pour les effets externes est celle du Compte Transport de Voyageurs de la Région Île-de-France. Celui-ci distingue d’une part les effets sur l’environnement (pollution, bruit) et les accidents et d’autre part les conséquences de la congestion automobile sur les temps de déplacements. Les frais de fonctionnement des véhicules particuliers couvrent l’utilisation des véhicules, l’amortissement et l’entretien et sont estimés à 0,313 € (2,05 F) par véhicule km. Par ailleurs, le bilan des frais d’entretien et d’exploitation des infrastructures routières permet d’estimer un coût de 0,0152 € (0,10 F) par véhicule km. Les avantages pour les usagers des transports Le service rendu aux usagers est évalué globalement par le calcul des heures gagnées (à destinations inchangées) par rapport à la situation de référence, et localement par des indicateurs d’accessibilité qu’il est possible de calculer et de cartographier pour chaque zone. Ainsi, l’évaluation globale des avantages économiques en terme de gains de temps est faite en adoptant l’hypothèse implicite que les usagers ne changent pas de destinations à l’occasion de l’amélioration de la performance des réseaux de transport, alors que dans la réalité, ils mettent à profit ces gains de temps pour élargir leurs univers de choix (avantage de productivité). La valeur du temps des voyageurs est de 8,4 € /heure (valeur 1989) ou 55 francs/heure, telle qu’utilisée pour les évaluations de projets de transports soumis au Syndicat des Transports Parisiens (S.T.P.) 16. Cette valeur est indexée sur une base de + 1.5 % par an, proche de l’évolution attendue de la productivité économique. La valeur correspondante pour l’horizon 2015 est donc de 12,3 € (en valeur 1989) 17 ou 81 F. Les atteintes à l’environnement sont monétarisées par la méthode du coût d’évitement qui repose sur l’estimation des dépenses à engager pour réduire les effets de la nuisance. Les dommages liés aux accidents corporels sont évalués à partir des pertes de production qu’ils occasionnent (méthode du «capital humain compensé» recommandée par le Commissariat Général au Plan). Effets externes (en euros 1993) 18 Véhicule particulier Transports collectifs Coût au voyageur km Coût au voyageur km Bruit: réduction des nuisances jusqu’à obtention de la norme européenne de 65 dB 0,012 € (0,08 F) 0,0020 € (0,013 F) Pollution: réduction maximale des émissions compte tenu des techniques connues et applicables à ce jour 0,0076 € (0,05 F) 0,00030 € (0,002 F) Accidents 0,011 € (0,07 F) 0,0012 € (0,008 F) Total effets externes 0,030 € (0,20 F) 0,0035 € (0,023 F) Congestion : évaluation 19 (à titre indicatif) - des surcoûts d’exploitation des entreprises TC; - du temps perdu par les usagers des TC; - du temps perdu par les automobilistes 0,0015 € (0,01 F) 0,0061 € (0,04 F) 0,28 € (1,86 F) Le modèle de trafic utilisé Ce modèle est calé et validé à l’aide des grandes enquêtes régionales auprès des ménages réalisées tous les sept ans. Il permet d’estimer le trafic, à la fois 136 L ’ É V A L U A T I O N D U S C H É M A D E S P R O J E T S D I R E C T E U R D E D E T R A N S P O R T S L ’ Î L E - D E - F R A N C E sur les réseaux de routes et de transports collectifs, à l’heure de pointe du soir. Il fournit successivement trois types de résultats permettant de tester une situation future: • tout d’abord, à partir des hypothèses de population et d’emploi par zone et de l’offre de transport TC et VP, il calcule le tableau des échanges interzones (calcul effectué pour chaque motif de déplacement sur un découpage de l’Île-de-France en 380 zones, affiné en 1192 zones pour la suite du calcul); • ensuite, ces tableaux de déplacements sont éclatés par mode de transport (TC/routes) pour chaque couple origine/destination, à l’aide de courbes issues des enquêtes et tenant compte du temps de parcours pour chaque mode de transport; • enfin, le tableau des déplacements propres à chaque mode de transport est affecté sur le réseau correspondant, ce qui permet d’obtenir le trafic par sens sur chaque tronçon. Les résultats obtenus à l’issue de cette étape peuvent parfois remettre en cause les hypothèses de départ (exemple: diminution des vitesses à prendre en compte dans le cas d’une congestion du réseau routier) et il faut alors reprendre le processus avec des hypothèses corrigées. 139 Table des matières Préface 5 Claude Gressier, Président de la section « Affaires économiques » du Conseil Général des Ponts et Chaussées C H A P I T R E 1 1.1. 1.2. 1.3. 1.4. 1.5. C H A P I T R E 2 Introduction 8 Quelle évaluation et pour quoi faire ? Un contexte juridique et réglementaire de plus en plus exigeant Une méthodologie éprouvée en interurbain, à définir en milieu urbain Des pratiques hétérogènes, qu'il est nécessaire d'harmoniser Une approche thématique des méthodes d'évaluation L’évaluation socio - économique d’un projet de TCSP 2.1. Les six utilisations de l'évaluation socio - économique 2.2. L'évaluation a priori : des éclairages par rapport à des objectifs 2.2.1. Une évaluation par rapport à des objectifs 2.2.2. Articuler évaluation des politiques / évaluation des projets : l'évaluation de la cohérence 2.2.3. Évaluation socio - économique et analyse multicritère ? 8 8 8 9 9 11 11 12 12 13 13 2.3. Quelques principes généraux de l'évaluation socio - économique, retenus dans cet ouvrage 13 2.3.1. Évaluation qualitative et quantitative des impacts et bilan coûts / avantages 13 2.3.2. 2.3.3. 2.3.4. 2.3.5. 2.3.6. 14 C H A P I T R E 3 Identifier, qualifier, quantifier, monétariser La notion de scénario Présenter des analyses par acteur et des analyses de risque et d'incertitude Une évaluation par rapport à des objectifs Coûts des études Les fondements et le sens du calcul économique 14 15 15 16 17 3.1. Les principes du calcul économique et sa place dans l'évaluation socio - économique 17 3.2. Les connaissances théoriques élémentaires pour mener un calcul économique 3.2.1. 3.2.2. 3.2.3. 3.2.4. 3.2.5. 3.2.6. 3.2.7. 3.2.8. 3.2.9. Acteurs Éléments du calcul économique Hypothèses externes Scénarios Bilan coûts / avantages Analyse par acteur Surplus Externalités Actualisation 3.2.10. Indicateurs synthétiques 3.2.11. Analyse d'incertitude sur l'environnement du projet 3.2.12. Analyse de risque sur les méthodes 17 18 18 19 19 19 19 20 21 21 22 23 23 3.3. Formules permettant de calculer le BAN et les autres indicateurs synthétiques de rentabilité 3.3.1. Calcul du bénéfice actualisé net (BAN) 3.3.2. Calcul du taux de rentabilité interne (TRI) économique 23 23 24 140 T A B L E D E S M A T I È R E S 3.3.3. Calcul du temps de retour sur investissement 3.3.4. Calcul du taux de rentabilité immédiate (TI) 24 3.3.5. Calcul du bénéfice par euro investi ou profitabilité 24 3.4. Les limites du calcul économique appliqué au milieu urbain 3.4.1. Des limites actuelles, que la recherche doit pouvoir lever 3.4.2. Des limites plus fondamentales sans perspective d'amélioration prochaine C H A P I T R E 4 Les différents éléments de l’évaluation socio - économique 4.1. Évaluation de la cohérence : présentation des objectifs du projet 4.2. Les résultats recherchés 4.3. Présentation des différents résultats types constituant l'évaluation socio - économique du projet 4.3.1. 4.3.2. 4.3.3. 4.3.4. L'évaluation qualitative et quantitative des impacts Le bilan coûts / avantages L'analyse par acteur et l'analyse géographique Indicateurs synthétiques 4.3.5. L'analyse d'incertitude 4.3.6. L'analyse de risque C H A P I T R E 5 Des recommandations pour l’évaluation des différents impacts 5.1. Présenter les différents scénarios et leur contexte 24 25 25 26 29 29 29 31 31 32 33 33 33 34 35 35 5.1.1. Le contexte : la description des hypothèses externes 5.1.2. Des scénarios qui se déroulent dans le temps 5.1.3. Construire le scénario de référence 35 5.1.4. Décrire le scénario projet et les scénarios alternatifs 37 5.2. Données nécessaires à recueillir et à constituer 5.3. Modélisation et étude de la demande 35 36 38 38 5.3.1. Recommandations pour la modélisation 38 5.3.2. Avoir une bonne connaissance de la situation actuelle 5.3.3. Estimation des ordres de grandeur en jeu 43 5.4. Construction des échéanciers 5.5. Structure des coûts : investissement, exploitation et recettes 5.5.1. Présentation des coûts d'investissement 5.5.2. Estimation des coûts d'exploitation 5.5.3. Estimation des recettes 5.6. Le calcul des avantages des usagers des différents modes 44 47 50 50 50 52 53 5.6.1. La méthode de calcul du surplus des usagers des différents modes de transport 53 5.6.2. Les limites au calcul des gains de coût généralisé de déplacement 5.6.3. Des valeurs du temps tutélaires pour le calcul économique 5.6.4. Analyse de la répartition des gains de temps 55 5.7. Les effets environnementaux 57 58 59 5.7.1. L'insécurité routière 5.7.2. Les nuisances sonores 59 5.7.3. La pollution atmosphérique 62 5.8. Les autres analyses et effets à prendre en compte 5.8.1. Une amélioration des espaces publics à quantifier dès que cela est possible 5.8.2. Les dépenses publiques dans la sphère des transports mais indirectement liées au projet de TCSP sont à estimer avec précaution 61 65 65 66 T A B L E D E S M A T I È R E S 141 5.8.3. Les dépenses publiques en dehors de la sphère des transports qui sont indirectement liées au projet, ne doivent pas être oubliées 67 5.8.4. Les effets sur le développement et l'emploi peuvent être partiellement quantifiés, mais on ne sait pas les monétariser 5.9. Analyses par acteur et analyse géographique 68 68 5.9.1. Analyse par acteur : qui paie quoi ? 5.9.2. Analyse géographique 68 5.10. Les différents indicateurs synthétiques socio - économiques 69 69 5.10.1. Quelle utilisation des indicateurs synthétiques de rentabilité ? 69 5.10.2. Le calcul des différents indicateurs synthétiques de rentabilité 5.10.3. Donner des fourchettes plutôt que des valeurs absolues 70 71 5.11. Études de sensibilité: analyses d'incertitudes sur l'environnement du projet et analyses de risques sur les méthodes 5.11.1. Analyse d'incertitudes sur l'environnement du projet 5.11.2. Analyse de risques sur les méthodes 71 73 73 Conclusion 75 Bibliographie 77 Annexes 83 I. Glossaire II. Constitution des données pour l’évaluation socio - économique d’un projet de TCSP III. Structure des coûts d’investissement IV. Aspects juridiques et réglementaires V. Comment le calcul économique est - il appliqué aux projets de TCSP en province, jusqu’à présent ? 84 87 92 96 102 VI. L’évaluation des projets de transports du schéma directeur de l’Île - de - France 133 142 Recommendations for the socio - economic evaluation of public transport with right of way If you have one or more public transport with right of way projects for which you must carry out a socio economic evaluation and if you also have to provide arguments concerning the choice of project, then this work is for you. Making socio-economic evaluations of public transport with right of way projects is an arduous and difficult task for professionals studying in urban environments, where interactions between investments in urban transport and urban development are highly complex. The aim of this work is to formulate recommendations largely based on the practical lessons observed. It will help you to carry out a solid and well-argumented socio-economic evaluation with a realistic approach, ensuring that it will be taken into account by decision-makers. It constitutes the third work of the collection on «Evaluation of public transport with right of way». The first, published in November 1997, proposed a list of transport references aimed at establishing a common language between promoters. The second, published in June 1998, defined methods and references as a function of project objectives, then identified sources that can be used in the wider and more complex field of town planning. 143 Recomendaciones para la evaluación socioeconómica de los TCSP Usted tiene uno o varios proyectos de transporte público en sitio propio, usted debe realizar una evaluación socioeconómica de dichos proyectos, usted debe argumentar sobre la elección de un proyecto, entonces esta obra le concierne. En medio urbano, en donde las interacciones entre inversiones en transporte y desarrollo urbano son muy complejas, las evaluaciones socioeconómicas de proyectos de transportes públicos en sitio propio son particularmente arduas y hacen difícil el trabajo de los profesionales. La presente obra tiene por objeto formular recomendaciones que se basan ampliamente en enseñanzas prácticas ya observadas. Esta obra le permitirá llevar a cabo una evaluación socioeconómica sólida y argumentada, con un enfoque realista, con el fin de que resulte un elemento participando en la elección de los líderes de la decisión. Esta constituye la tercera obra de la colección «Evaluación de los transportes públicos en sitio propio». Una primera, publicada en noviembre 1997, proponía una lista de indicadores de transporte para establecer un lenguaje común entre los licitadores. La segunda publicada en junio de 1998, proponía presentar, en función de los objetivos del proyecto, métodos e indicadores, y seguidamente identificar las fuentes que podían utilizarse en el campo más amplio y complejo del urbanismo. © CERTU - 2002 Ministère de l’Équipement, des Transports et du Logement, Centre d’études sur les réseaux, les transports, l’urbanisme et les constructions publiques Toute reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement du CERTU est illicite (loi du 11 mars 1957). Cette reproduction par quelque procédé que ce soit, constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. Coordination : Service Éditions (Patrick Marchand) Mise en page : PAO Concept ✆ 04 72 07 69 03 Impression : JOUVE ✆ 01 44 76 54 40 Achevé d’imprimer : mai 2002 Dépôt légal : 2 e trimestre 2002 ISBN : 2 - 11 - 093113 - 2 ISSN : 1263 - 3313 Cet ouvrage est en vente au CERTU Bureau de vente : 9, rue Juliette Récamier 69456 LYON cedex 06 - France ✆ 04 72 74 59 59 Internet : http://www.certu.fr Certu Vous avez un ou des projets de transport en commun en site propre, vous devez mener une évaluation socio - économique de ces projets, vous devez argumenter sur le choix d’un projet, alors cet ouvrage vous concerne. direction des Transports terrestres centre d’Études Grande Arche, sur les réseaux, Paroi Sud, les transports, 92055 La Défense l’urbanisme cedex et les constructions Téléphone: publiques 01 40 81 21 22 Télécopie: 01 40 81 16 30 Le présent ouvrage a pour objectif de formuler des recommandations qui s’appuient largement sur des enseignements de pratiques observées. Il vous permettra de conduire une évaluation socio-économique solide et argumentée, avec une approche réaliste, afin qu’elle devienne un élément concourant au choix des décideurs. Il constitue le troisième ouvrage de la collection « Évaluation des transports en commun en site propre ». Un premier, édité en novembre 1997, proposait une liste d’indicateurs transport pour établir un langage commun entre les maîtres d’ouvrages. Le deuxième, édité en juin 1998, proposait de décliner, en fonction des objectifs du projet, des méthodes et des indicateurs, puis d’identifier des sources à utiliser dans le domaine plus vaste et plus complexe de l’urbanisme. Cf. summary of the content translated into English at the end of the work Ver la síntesis de la obra traducida al español al final del libro. SUR LE MÊME THÈME Indicateurs transport pour l’analyse et le suivi des opérations 1997 Certu Recommandations pour l’évaluation socio - économique des projets de TCSP En milieu urbain, où les interactions entre investissements en transport et développement urbain sont très complexes, les évaluations socio - économiques de projets de transports en commun en site propre sont particulièrement ardues et rendent difficile le travail des professionnels. Service technique placé sous l’autorité du ministère de l’Équipement, des Transports et du Logement, le Centre d’études sur les réseaux, les transports, l’urbanisme Méthodes d’observation des effets sur l’urbanisme et le cadre de vie 1998 et les constructions publiques a pour mission de faire progresser les connaissances et les savoir-faire dans tous les domaines liés aux questions urbaines. Partenaire des collectivités locales et des professionnels publics et privés, il est le lieu de référence où se développent les professionnalismes au service de la cité. Technologies et systèmes d’information Environnement Maîtrise d’ouvrage et équipements publics Transport et mobilité Aménagement et exploitation de la voirie Aménagement et urbanisme Ces deux ouvrages, en rupture de stock, sont maintenant téléchargeables sur le site web du Certu (www.certu.fr) ISBN 2 - 11 - 093113 - 2 ISSN 1263 - 3313 Prix 20 €