Global Evalog

Transcription

Global Evalog
Lettre d’information
Janvier 2004
Global Evalog
1. Introduction : la mondialisation en marche
Quand on leur parle de standards, d’outils, systèmes ou autres recommandations pour leurs entreprises, les
cadres de l’industrie automobile n’en veulent désormais plus que des mondiaux. « Qu’est-ce qu’ils ont chez
GALIA à nous sortir des standards franco-français ? Ils retardent ou quoi ? Moi j’ai des usines à Douai et en
Tchéquie, en Espagne et en Asie, à Tombouctou et au Brésil ! Je veux des standards mondiaux, des trucs
que je pourrais utiliser partout et avec tous mes partenaires ! ». Et bien messieurs, sachez que GALIA, avec
ses partenaires européens d’Odette et ses amis américains de l’AIAG, vient d’en finaliser un de standard
mondial, portant sur l’évaluation logistique et se nommant Global MMOG/LE.
2. Historique de l’évaluation logistique dans l’industrie automobile
Mais pour devenir mondial, il a bien fallu que quelque part sur la planète germe localement l’idée de créer un
outil d’évaluation logistique. Rendons à césar ce qui lui appartient, c’est Volvo qui à la fin des années 80
développe pour la première fois cet outil, avec pour objectif de s’en servir pour évaluer et faire progresser
ses fournisseurs. C’est après une tentative d’alliance bien connue que l’outil arrive en France, par
l’intermédiaire de Renault qui n’a pas tout perdu dans l’affaire, et il sera utilisé par le constructeur sous le
nom d’EAQL (après traduction) au cours des années 92/97, et dans la même optique que celle de Volvo.
Mais, cette démarche est coûteuse pour Renault : avec plus de 1000 sites fournisseurs, il en faut des
ressources et des auditeurs !
C’est alors que naît conjointement au sein de la FIEV et de GALIA, au début de l’année 97 l’idée de créer un
référentiel commun. Les audits sur tous les sujets (qualité, logistique, productivité, etc…) commencent à se
multiplier, les constructeurs ne peuvent les mener tout seul, les fournisseurs en ont marre de travailler un
coup sur celui de Volvo, un coup sur celui de Renault : deux voire trois jours à chaque fois où en plus il faut
arroser l’auditeur et lui payer des bons repas, c’est coûteux !
Très vite, le groupe de travail en arrive à la conclusion - déjà - qu’un standard français n’aurait que peu
d’intérêt. La mondialisation déjà en marche, le projet est porté au niveau Odette, et Suédois et Allemands
sont vivement intéressés et travaillent de concert pendant un an et demi, pour, à la fin de 1998 finaliser la
recommandation Odette Evalog, que certains fournisseurs connaissent bien. De l’autre côté de l’Amérique,
la même idée naît en 1998. Il faut élaborer un standard sur le sujet, et c’est l’AIAG qui mène les travaux.
C’est ainsi qu’en 1999 est finalisé le MMOG (Materials Management Operations Guideline), qui est
actuellement utilisé par Ford dans son Q1 Award.
Mais la mondialisation progresse toujours, et certains fournisseurs se retrouvent à devoir gérer ces deux
référentiels, notamment ceux de Volvo et de Ford. Ainsi, à la fin de 2002, Odette et l’AIAG jugent bon de
lancer un projet de standard mondial avec pour le groupe de travail le triple objectif suivant :
- Construire un référentiel mondial standard pour l’évaluation logistique (en fusionnant le référentiel
EVALOG d’Odette et le référentiel MMOG de l’AIAG).
- Réussir à améliorer la structure des documents existant et leur contenu sur la base de l’expérience
des utilisateurs d’EVALOG et du MMOG.
- Proposer le Global MMOG / Logistics Evaluation à l’ISO pour en faire un standard.
Les représentants sont des logisticiens de l’industrie, en provenance de nombreuses entreprises et
notamment pour l’Europe de Renault, PSA, Volvo et Bosch, et pour les US de Ford, Daimler-Chrysler,
American Axle, The Gates Company, ainsi que des représentants de l’AIAG et du SMMT. Et c’est en cette
fin d’année 2003 que le référentiel a été voté par les comités de Galia, puis d’Odette et de l’AIAIG.
3. Quels changements par rapport au guide EVALOG ?
Un référentiel mondial existe et c’est déjà bien, mais que contient-il ? Par rapport au guide Odette Evalog, la
structure du référentiel est relativement similaire. Un premier point à signaler est que la recommandation se
présente sous la forme d’un fichier Excel, afin de faciliter sa diffusion et le calcul de la cotation.
Le fichier contient les différentes feuilles suivantes : une introduction expliquant comment utiliser le
document, les questions du référentiel proprement dites et classées par chapitre, une feuille de cotation
calculant automatiquement le score du site évalué, une feuille qui génère des plans d’actions
automatiquement quand les réponses aux questions ne sont pas satisfaisantes et enfin un glossaire
définissant les termes utilisés.
Au niveau de la structure des questions, la recommandation est basée sur six chapitres :
1. Stratégie et Amélioration
2. Organisation
3. Capacitaire et plan de production
4. Relations avec les Clients
5. Maîtrise produits/process
6. Relation avec les Fournisseurs
Dans chacun des chapitres sont abordés un certain nombre de sujets importants. Par exemple, au sein du
chapitre « interface client », on retrouve les thèmes : communication, emballages et étiquetage, commande
client, transport et enfin satisfaction du client. Pour chacun de ces thèmes, une ou plusieurs questions sont
posées. Pour y répondre un certain nombre de critères ont été identifiés, auxquels, et c’est là le changement
majeur par rapport au guide Odette, il faut simplement répondre par oui ou par non. Auparavant, la cotation
était de type 0, 1 ou 2, ce qui rendait l’évaluation plus difficile et plus subjective. Un exemple de question est
indiqué ci-dessous.
Politique Logistique :
L'entreprise doit avoir une stratégie assurant une vision claire de la Logistique
Pourquoi : pour que le processus Logistique soit efficace, il doit être reconnu comme un élément important
des opérations industrielles. Des ressources adéquates doivent lui être attribuées. Le personnel doit avoir
une bonne connaissance de la stratégie à long terme pour accomplir les tâches qui lui incombent dans les
meilleures conditions.
F2 : Il existe une vision documentée de la fonction Logistique.
F2 : La stratégie de mise en place de la politique définie est documentée.
F2 : La Politique Logistique est cohérente avec les objectifs généraux de l'entreprise, incluant les besoins
clients et l'amélioration continue.
F2 : La Politique Logistique est communiquée et comprise de tous.
Par ailleurs, et comme dans Evalog, chaque critère est pondéré selon son importance en F1, F2 ou F3, une
F3 indiquant que le fait de ne pas remplir ce critère peut mettre en danger à court-terme les opérations de
production du client.
Après avoir répondu à l’ensemble des questions du référentiel, il suffit ensuite d’ouvrir la feuille « résultats »,
et de regarder son score, qui peut être détaillé par chapitre, par questions F1, F2 ou F3 et dont le résultat
final est une note A, B ou C. Pour être classé A, il faut obtenir plus de 90% aux questions, ne pas avoir une
seule F3 manquante et moins de 6 F2 manquantes, autrement dit c’est le cas de très peu de sites
aujourd’hui et les marges de progrès sont énormes tant pour les constructeurs que les fournisseurs !
4. Pourquoi mettre en œuvre Global Evalog ?
« Vous savez, on n’a pas de ressources, on n’a pas le temps, il y a l’ISO TS 16949 bientôt, l’installation de
SAP, etc… ». Certes les ressources sont rares et limitées, mais en fonction des priorités on arrive toujours à
en dégager ! Et mettre en œuvre le Global Evalog nous semble un bon investissement pour un fournisseur
et ce pour deux raisons (évidemment, en tant que producteur du référentiel, notre avis ne saurait être
complètement objectif).
D’abord, c’est un référentiel fait par l’automobile, pour l’automobile. Il liste, point par point, fonction par
fonction, les meilleures pratiques de l’industrie pour assurer une logistique efficace et efficiente, qui soit à la
fois la moins coûteuse pour l’entreprise et la plus fiable pour livrer son client. A travers son utilisation, il est
ainsi possible de mettre en lumière les faiblesses de l’organisation, de mieux intégrer ses processus et par là
même d’améliorer les interfaces internes (entre approvisionnement et production, entre production et
distribution) pour augmenter son taux de service, baisser ses taxis et autres transports exceptionnels, etc…
Tout un ensemble de mesures qui peuvent améliorer la rentabilité de votre entreprise.
Ensuite, parce que les clients accordent de plus en plus d’importance à la logistique. Du fait de la volonté
des constructeurs de fabriquer de plus en plus sur commande et de ne plus vendre sur stock (comme
l’illustre le projet Nouvelle Distribution de Renault), du fait que les usines se délocalisent de plus en plus, du
fait enfin que les flux continuent de se tendre dans des appels d’offre synchrones ou multi-quotidiens, la
capacité de leurs fournisseurs à être bons en logistique devient de plus en plus pour eux un critère
déterminant dans leur choix fournisseurs, au même titre que la qualité. Cette dernière tendance s’illustre par
le fait que Renault et PSA ont ou vont mettre en place des indicateurs de taux de service sur leurs portails,
et qu’ils demandent depuis peu à leurs fournisseurs leurs notes obtenues au référentiel Odette EVALOG. La
logistique comme critère de compétitivité pour obtenir des marchés !
Preuve en est, les annonces en terme de déploiement du référentiel mondial se multiplient. La situation aux
Etats-Unis d’abord :
- Ford va l’utiliser pour le Q1 Award avec la nécessité d’être A. Les résultats d’auto-évaluation devront
être communiqués de manière annuelle et des audits potentiels pourront être effectués.
- Daimler-Chrysler fera une évaluation pour tout nouveau projet sur les usines US. Comparaison des
résultats avec les mesures de taux de service et audits potentiels.
- GM est en phase de pilote par rapport à leur outil existant.
- Des fournisseurs comme Johnson Controls, American Axle, Gates Corporation vont l’utiliser.
En Europe ensuite :
- Volvo, pionnier sur le sujet et qui utilisait Evalog, de par son implication dans le projet, va évidemment
utiliser ce référentiel mondial.
- Constructeurs allemands : nous n’avons pas d’informations en ce qui concerne Daimler-Chrysler, mais
sachant que du côté des Etats-Unis ils vont l’utiliser… ; BMW utilisaient en interne Evalog et étudient
actuellement la version mondiale ; il en est de même pour VW/AUDI ; enfin Bosch va le déployer,
notamment pour faire du benchmark interne.
Enfin en France, Renault et PSA vont dès sa traduction passer des demandes de notes sur Evalog à celles
sur Global Evalog.
5. Comment l’utiliser ?
« Le mettre en œuvre d’accord, je veux bien, mais comment ? Et puis en plus on parle d’évaluation, d’audit,
d’auto-évaluation, moi je ne m’y retrouve plus dans toutes ces possibilités ! ». D’accord, clarifions, pour dire
que globalement, le référentiel peut être utilisé de trois manières différentes :
- en externe : pour aller auditer ses fournisseurs, ou en leur demandant leurs résultats d’auto-évaluation
- en externe : pour faire du benchmark avec des concurrents ou partenaires
- en interne : pour s’auto-évaluer et progresser
Au sein de ces trois grandes utilisations, il existe diverses méthodes pour la mise en œuvre, mais toutes
demandent deux choses : d’une part, l’appui de sa hiérarchie qui doit être convaincue de l’intérêt de la
démarche ; d’autre part, la nomination d’un responsable dont une des missions est de s’occuper de la
démarche, et disposant donc du temps nécessaire pour le faire.
A partir de là, il est possible d’utiliser de différentes manières le référentiel, qui apparaît très flexible, la seule
chose nécessaire étant de comprendre qu’il s’agit avant tout d’un outil visant l’amélioration continue de sa
logistique et non pas d’un moyen de sanction. Il est ainsi possible de commencer par les questions F3 et de
les traiter avant d’aller voir la suite, de nommer sur chaque chapitre différents responsables, d’intégrer une
partie du référentiel dans les audits fournisseurs que l’on fait, de l’utiliser comme un « pense-bête » dès que
l’on a un quelconque projet d’amélioration en interne, etc…
Pour cela, une condition nécessaire mais pas suffisante est de former du personnel au référentiel.
Actuellement, GALIA travaille avec les autres organismes de normalisation et les entreprises prestataires à
la construction de cahiers des charges mondiaux, sur deux types de formation :
- Formation 1 jour, dite de « sensibilisation au Global Evalog » : à partir de début février 2004, pour
toute personne intéressée (Logistique évidemment, mais aussi achat, informatique, production, etc)
- Formation multi-jours dite à la « pratique de l’audit/auto-évaluation » : à partir de avril/mai 2004, de 3
jours (en 1 + 2) pour former les responsables de l’évaluation et à destination prioritairement des
logisticiens.
Par ailleurs, GALIA proposera à tous ceux ayant été formés à être auditeurs Evalog, une journée de
formation gratuite pour détailler les changements entre Evalog et le document global.
6. Conclusion
Voilà, ne reste plus qu’à espérer que nombreux seront ceux à utiliser ce référentiel… Pour ceux qui désirent
consulter plus longuement la recommandation, il suffit de cliquer ici.
D’autre part, GALIA a organisé le 27 janvier un atelier logistique lors duquel le Global Evalog a été présenté,
avec notamment des interventions des deux constructeurs.
Et enfin, si vous le mettez réellement en œuvre, sachez que nous allons, pour fêter les 20 ans de GALIA en
2004, organiser un challenge de la meilleure usine Global Evalog à laquelle toute participation est la
bienvenue ! (pour information sur le sujet : [email protected]) Nous restons évidemment à votre disposition
pour toute demande d’information sur le sujet.
Aurélien Rouquet
Chercheur/Chef de projet Logistique
Tel : 01 41 31 68 65
E-mail : [email protected]

Documents pareils