LA SPERMOCULTURE

Transcription

LA SPERMOCULTURE
EXAMEN BACTERIOLOGIQUE
DU SPERME CHEZ L’HOMME
ASYMPTOMATIQUE
Spermoculture et
spermogramme : quelle place ?
J. CHOUTEAU
Centre d’AMP Grenoble-Belledonne-Laboratoire CLINILAB
INTRODUCTION
L’exploration des infertilités d’origine masculine
bénéficie, depuis quelques années d’un contrôle
plus rigoureux des paramètres spermatiques. Mais
il n’est pas faux de dire que l’analyse
bactériologique du sperme fait partie également
du bilan minimal d’un couple infertile en vue d’une
assistance médicale à la procréation.
SPERMOGRAMME :
quelle place ? (1)
Signes d’appels pouvant faire évoquer une
bactériospermie positive :
!Allongement du temps de liquéfaction
!Asthénospermie et/ou teratospermie
!Agglutinats
!Présence de cellules rondes
!Leucocytospermie
L’interprétation des variations de ces
caractéristiques permet de décrire des situations
assez caractéristiques
SPERMOGRAMME :
quelle place ? (2)
!La suspicion d’une infection du sperme peut se manifester par
l’association :
•Asthénospermie (altération de la mobilité fléchante)
•Nécrospermie
•Leucospermie
•Teratospermie (spermatozoïdes à flagelle enroulé > 10%)
!Insuffisance prostatique
•pH et viscosité augmentés
•Asthénospermie avec ou sans hypospermie
!Insuffisance des vésicules séminales (lithiase, inflammation)
•pH acide
•Hypospermie
•Asthénospermie sévère
•nécrospermie
SPERMOCULTURE :
quelle place ? (1)
L’examen bactériologique du sperme ou
spermoculture vise
•D’une part à expliquer une altération des
paramètres spermatiques consécutive à la présence
de bactéries dans le sperme : spermoculture
«MEDICALE ».
•D’autre part à rechercher tous les germes qui
pourraient contaminer les milieux de culture lors de
la réalisation d’une fécondation in vitro : la
spermoculture «ANALYTIQUE » .
SPERMOCULTURE :
quelle place ? (2)
Nous tenterons de répondre à 3 questions :
•Pourquoi faire ce prélèvement ?
•Comment se fait cet examen ?
•Si un germe est retrouvé, faut-il instituer
un traitement ?
COMMENT ?
L’étape pré-analytique (1)
La spermoculture étant l’examen déterminant pour le
diagnostic d’une infection ainsi que l’instauration et
l’évaluation d’une thérapeutique antibiotique, « l’étape
pré-analytique » à une importance primordiale.
Selon Boucher et coll. : « le seul fait d’expliquer les
mesures d’hygiène au patient avant le prélèvement,
fait passer les spermocultures positives de 26.9%
pour les prélèvements après conseils écrits à 13.5%
pour les prélèvements après conseils transmis par
oral ».
COMMENT ?
L’étape pré-analytique (2)
2 parties
1. L’accueil au téléphone ou lors de la prise de rendez-vous.
•
Téléphone
•
Rendez-vous
2. Le prélèvement :
•
Les locaux (guide de bonnes pratiques cliniques et
biologiques en AMP)
"
Lavabo automatique
"
Position allongée
"
Désinfection de ce local
COMMENT ?
L’étape pré-analytique (2)
•
•
Mesures d’hygiène:
"
Uriner
"
Lavage des mains
"
Toilette de la verge (du gland).
Prélèvement par masturbation
LE SPERMOGRAMME
UNE ANALYSE SOUMISE A DES REGLES
Le spermogramme est l’étude des principales fonctions du sperme
Pour être réaliser correctement, il nécessite de respecter certaines règles simples
mais essentielles.
A RESPECTER AVANT LE PRELEVEMENT
Abstinence de 3 jours minimum et de 5 jours maximum.
Les délais d’abstinence influencent directement les résultats :volume, concentration,
nécrospermie
RDV
RAPPORT
ABSTINENCE
Boire 2 litres d’eau par jour.
LES CONDITIONS DE RECUEIL
Uriner (le prélèvement se fait la vessie vide).
Toilette du gland (savon de Marseille + douche)
Lavage des mains.
Recueil par masturbation de l’éjaculât complet dans le réceptacle
POURQUOI ?
SPERMOCULTURE
•« DIAGNOSTIQUE »
•« ANALYTIQUE »
LA SPERMOCULTURE
« DIAGNOSTIQUE »
A la recherche d’une infection
•Si le spermogramme montre des signes
•Si la spermoculture est douteuse
Faire refaire un examen en hyper diurèse (3 litres d’eau par jour)
avant d’instaurer un traitement et réaliser 3 prélèvements
•CBU 1er jet (étude de la flore urétrale-cytologie et
bactériologie quantitative)
•CBU 2ème jet (recherche d’une infection urinaire)
•Éjaculât total avec numération des leucocytes, cellules
rondes, hématies, bactériologie quantitative
•Marqueurs séminaux : alpha glucosidase-citrate-zincfructose
LA SPERMOCULTURE
« DIAGNOSTIQUE »
Interprétation
Spermoculture positive si :
•Bactériospermie
•> ou égale à 104 germes saprophytes et
Ureaplasma
•> ou égale à 103 germes pathogènes
•Et si bactériurie < bactériospermie
LA SPERMOCULTURE
« DIAGNOSTIQUE »
Germes saprophytes
Germes pathogènes
•Staphylocoques coagulase –
•Entérobactéries
•Entérocoques
•Stretocoque B
•Corynébactéries sp
•Clhamydiae trachomatis
•Streptocoques non groupables
•Corynebacterium seminale
•Entérobactéries
•Staphylocoque doré
•Pseudomonas
•Gardnerella vaginalis
En fonction de ces critères, 10.6% des spermoculture
ont été positives en 2002
LA SPERMOCULTURE
«ANALYTIQUE »
Rechercher tous les germes qui pourraient contaminer les
milieux de culture lors de la réalisation d’une AMP,
insémination mais surtout fécondation in vitro.
C’est la classique spermoculture effectuée 2 mois avant toute
tentative de FIV.
Dans notre centre, 4 contaminations des milieux de culture ont
entraîné un arrêt de FIV soit 0.2% (4 / 1800 tentatives : 2
entérobactéries, 1 Enterococcus faecalis, 1 Candida
albicans) . Ce qui rejoint les chiffres de l’équipes de Napoly,
Dumont, Junca et Cohen-Bacrie publiés au dernier congrès de
la SALF : 0.6%
SPERMOCULTURES-REPARTITION PAR GERMES
CLINILAB BELLEDONNE-ANNEE 2002
Familles
ENTEROBACTERIES
STREPTOCOQUE
CORYNEBACTERIES
STAPHYLOCOQUES
AUTRES
Espèces
Nombre
%
TOTAL
E. coli
P. mirabilis
M. morgani
K. pneumoniae
C. koseri
P. vulgaris
E. cloacae
E. aerogenes
TOTAL
B
Non groupables
entérocoques
92
60
11
8
4
4
3
1
1
53
25
25
3
51,40%
34%
6%
4,50%
2,20%
2,20%
1,70%
0,50%
0,50%
29,60%
14,00%
14%
1,70%
Corynebacterium seminale
20
11%
S. aureus
TOTAL
Acinetobacter baumanii
P. aeruginosa
Candida albicans
7
7
3
1
3
4%
4%
1,70%
0,50%
1,70%
1703 spermocultures / 179 isolats
SPERMOCULTURES-REPARTITION PAR GERMES
CLINILAB BELLEDONNE-ANNEE 2002
C. trachomatis
2
< 1%
Ureaplasma
urealyticum
255
14.9%
Gardnerella
vaginalis
85
4.9%
1703 spermocultures / 342 isolats
CORYNEBACTERIUM SEMINALE
(C. glucuronolyticum)
Catalase +
Non pigmenté
Aéro-anaérobie facultatif
!Spécificité de l’habitat : prélèvement urogénitaux (homme et porc)
!Prostatites
!Uréthrites
!Plus rarement vaginites, septicémies
Cette espèce constitue une part importante des corynébactéries isolées
en quantité significative du sperme de patients consultant pour
infertilité
Spectre antibiotique : S Beta-lactamines-Acide fusidique-GentamicineVancomycine
R Fluoroquinolones-tetracyclines
Funke-Tanner-Devriese-Riegel
QUE FAIRE ?
Si un germe est présent faut-il instituer un traitement?
Les antibiotiques peuvent exercer des effets délétères sur le sperme.
Si on étudie l’effet de différentes concentrations d’antibiotiques sur le
mouvement des spermatozoïdes on retrouve:
•Une inocuité des béta-lactamines et des quinolones
•Une altération du mouvement par les macrolides, les cyclines et
cotrimoxazoles
•En fonction du dosage diminution de la vitalité pour tous les
antibiotiques
•Pas d’altération de la capacité à effectuer la réaction acrosomique
NE PAS TRAITER DE FACON SYSTEMATIQUE ET
INTEMPESTIVE
QUE FAIRE ?
Exemple
Spermoculture positive à staphylocoque aureus 102 /ml
Leucospermie 100 000
S’il est habituel de retenir comme seuil significatif une concentration de
103 /ml pour les germes pathogènes, dans ce cas particulier S. aureus est
justiciable d’un traitement.
•En effet sa présence même en faible quantité dans les milieux de
culture lors de la FIV peut être gravement délétère.
•Pour respecter au mieux la physiologie de la spermatogénèse, il
convient que le traitement antibiotique soit mené et interrompu au
moins 3 mois avant la réalisation de la FIV.
•En effet pour cette dernière, il vaut mieux utiliser des
spermatozoïdes qui n’auront connu
•Ni infection
•Ni le syndrome inflammatoire associé
•Ni le traitement antibiotique pouvant toujours être
délétère par ses fonctions fusiogènes.
CONCLUSION (1)
L’infection du sperme pose un problème de diagnostic
qui demeure encore sujet à de nombreuses
controverses.
En cas de spermoculture positive, si les taux de
clivage embryonnaire sont comparables dans les
différents groupes de patients et pour différentes
équipes, le taux de grossesses semble abaissé, qu’il y
ait eu ou non traitement antibiotique.
De même, il existe une corrélation positive entre
congestion endométriale et spermoculture positive. Ce
qui hypothèque les potentialités et les capacités
nidatoires de ces endomètres.
CONCLUSION (2)
La recherche d’une infection spermatique objective
l’existence de grandes discordances entre les
différents travaux publiés.
L’avenir appartient au génie génétique qui doit
procurer au bactériologiste des outils plus
perfectionnés (sondes moléculaires) capables de
repérer plus efficacement les germes dans le sperme.
En effet ces techniques (PCR) appliquées en virologie
permettent des recherches fiables de CMV, d’ADN du
VHB et d’ARN du VHC dans le sperme.
CONCLUSION (3)
L’interprétation d’une spermoculture est rarement
univoque et les controverses sur les lignes de conduite à
adopter atteste ce fait.
Il faut tenir compte de 3 paramètres :
!L’écologie du tractus génital masculin
!Les résultats du spermogramme (asthénospermie)
!L’examen bactériologique (vagin, et endocol) chez
la femme
C’est certainement l’interprétation la plus satisfaisante
pour la prise en charge des couples en assistance
médicale à la procréation.