Le monument aux Morts des policiers au cimetière de

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Le monument aux Morts des policiers au cimetière de
Le monument aux Morts des policiers au cimetière de Loyasse à Lyon 5e
A partir de 1888, les édiles lyonnais rendent un hommage funéraire aux policiers tués en service, leur
octroyant une tombe honorifique. Ces tombes sont supprimées en 1955.
Dans les années 1930, les amicales de policiers lyonnais estiment
qu’il est nécessaire d’honorer plus ostensiblement la mémoire de
leurs morts et de réparer un oubli. Le préfet Emile Bollaert1
intervient auprès du maire de Lyon, le 11 janvier 1936, pour
demander l’érection d’un monument. Il appuie ainsi la demande
formulée, en particulier par l’Association de prévoyance des Gardiens
de la Paix, des Inspecteurs de sûreté et des Secrétaires de police.
Edouard Herriot décide d’attribuer ce terrain à l’entrée du cimetière
« nouveau » de Loyasse. Emplacement de 10 m² qui est reconnu et
accepté par le secrétaire général pour la Police, le chef de la Sûreté,
le commandant des Gardiens de la Paix, le doyen des commissaires
de police et les représentants des associations de policiers. Le projet
est adopté le 30 novembre 1936 « afin d’honorer d’un hommage
analogue à celui qui est si justement rendu aux Sapeurs-Pompiers
victimes du devoir2 ».
L’ouvrage est financé par une souscription publique ouverte par les associations constituées en comité
de soutien et par une subvention votée par le conseil municipal de Lyon dans sa délibération du 28
novembre 1938. La conception et la réalisation sont confiées à l’architecte Pierre Bourdeix, au
sculpteur Lyonnais Louis Prost et aux marbriers Guinet-Derriaz. 3
Le monument aux morts qui porte sur son fronton « A la Police
Lyonnaise – La population reconnaissante » est inauguré, le 2
novembre 1939, en présence des autorités civiles et militaires et des
représentants des associations d’Anciens Combattants et des policiers
qui ont constitué un comité du Souvenir informel.
Y ont été gravés les noms des 46 policiers lyonnais morts pour la
France pendant la guerre de 14-18 et ceux victimes du devoir.
Pendant la seconde guerre mondiale, quelque 90 policiers ont payé de
leur vie leur engagement patriotique, d’autres sont tombés au champ
d’honneur au début de la guerre ou dans les combats de la Libération.
Le monument ne permet plus que leur souvenir y soit porté. Il est
décidé de lui accoler deux ailes. Le nouveau monument est inauguré, le
1er novembre 1947, par le préfet Pierre Bertaux, Compagnon de la Libération, et présence, des
policiers Résistants dont les commissaires Louis Niquet et Emile Juillard, directeur de l’ENSP (Ecole
nationale supérieure de police) Résistants-déportés. C’est l’occasion pour Edouard Herriot, de rendre
un vibrant hommage au nom de Lyon, de l’Assemblée Nationale et de la France « Je suis certain, dit-il
en terminant, que ce Monument rappellera aux Policiers lyonnais, leur devoir et à la Population de
cette ville, que la Police Française fut digne de la République et de la Patrie ».
1
Compagnon de la Libération
Dont le monument avait été édifié dans le cimetière ancien de Loyasse à la fin du 19e siècle.
3
Direction des cimetières de la ville de Lyon (Mme Céline Eyraud et M Jean-Pierre Cornu) à partir du
dossier concernant le Mémorial et un registre des Morts au Champ d’honneur à titre militaire, dont les
noms sont portés sur le monument de la Tête d’Or, pour les 2 guerres, l’Indochine et l’Algérie. .
2
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Une restauration du monument a été financée dans les années 2000 par le Comité du Souvenir et une
subvention votée à la demande du maire de Lyon, Raymond Barre.
Quelque 183 noms y sont gravés4. Les noms de policiers de la Région
Rhône-Alpes morts pendant les années 1939-1945, sont venus rejoindre
leurs collègues lyonnais. Certains d’entre-eux ont été oubliés.
Désormais le monument est structuré en 4 tableaux : Morts au Champ
d’Honneur 1914-1918, Morts de la Résistance 1940-1945, Morts au
Champ d’Honneur 1939-1945, Victimes du Devoir.
En 1955, les restes du gardien Vincent Besson, tué en service en 1888,
auquel une tombe honorifique avait été accordée, ont été transférés sous
le monument.
La France compte peu de monuments aux morts réunissant dans un
hommage commun les policiers tombés au service de la Nation. Le 10
mai 1951, le Président de la République, Vincent Auriol, avait inauguré,
à Neuilly, le monument « Aux héros de la Police de France, au cours des Guerres 1914-1918 et 19391945 ». Celui de la Préfecture de Police de Paris avait été inauguré dans les années 1930.
Des stèles ou des plaques existent en préfecture du Rhône, à l’ENSP, dans les hôtels de police et les
CRS 45 et 46.
Le Comité du Souvenir de la police de l’agglomération lyonnaise,
constitué dès 1939, a actualisé ses statuts en 1975. Il est constitué de
10 associations ou mutuelles de policiers. Il est présidé par le directeur
départemental adjoint de la Sécurité publique du Rhône (DDSP). Il
perpétue la mémoire des policiers et, à ce titre, a en charge la gestion
du monument de Loyasse. En liaison avec les autres associations et la
DDSP a été mis en place un dispositif destiné à centraliser et à diffuser
les décès des policiers en activité ou en retraite et le cas échéant à
permettre la présence de délégations, le dépôt de gerbes. Deux
cérémonies annuelles sont organisées au cimetière de Loyasse à
l’occasion du 8 mai et du 11 novembre5, sous la présidence du Préfet
du Rhône ou du Préfet délégué pour la Défense et la Sécurité. Le
comité participe aux cérémonies officielles d’hommage dédiées aux
policiers dans l’agglomération lyonnaise6. A ces manifestations
mémorielles, est toujours présent le drapeau des Anciens Combattants
et Résistants de la Police Nationale.
Michel Salager
Sources : Direction des cimetières de la Ville de Lyon, Comité du Souvenir, Slhp, Mémorial Genweb,
SGA/SHD, ADR, collections privées, crédit photo de l’auteur.
Remerciements à Céline Eyraud, Jean-Pierre Cornu, Jacques Perier, Jean-Claude Bordes, Patrick
Delarue
4
Site http://www.memorial-genweb.org/~memorial2/, relevé initial de Jacky Vinière, mis en ligne le
30/06/2002
5
Une messe est célébrée le dimanche qui suit en l’église Saint-Bonaventure
6
Notamment en mémoire de Guy Hubert et Patrick Fillon à l’initiative de l’Association d’Action
sociale Guy Hubert.
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