ACTES DU 9ème CONGRÈS INTERNATIONAL DE

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ACTES DU 9ème CONGRÈS INTERNATIONAL DE
Extrait de / Offprint front
DU 9ème
ACTES
CONGRÈS INTERNATIONAL
DE NUMISMATIQUE
BERNE, SEPTEMBRE 1979
(A.C.I.N.)
PROCEEDINGS
OF THE 9th INTERNATIONAL CONGRESS
OF NUMISMATICS
BERNE, SEPTEMBER 1979
EDITEURS
TONY HACKENS ·
RAYMOND WEILLER
LOUVAIN-LA-NEUVE · LUXEMBOURG 1982
ASSOCIATION INTERNATIONALE DES NUMISMATES
PROFESSIONNELS
PUBLICATION N° 6
Β. HELLY
Deux attestations du « Victoriat » dans les listes
d'affranchissement de Thessalie
II a fallu attendre jusqu'à une date assez récente pour que Ton voit réfuter une
théorie ancienne relative à la monnaie d'argent de la Confédération thessalienne au
11e et au i er siècles avant Jésus-Christ. Depuis le milieu du xixe siècle en effet le
nom que l'on attribuait aux plus grosses monnaies d'argent de la Confédération
était celui de double victoriat. La première formulation de cette théorie revient,
à ma connaissance, à P. Gardner qui écrivait dans l'introduction du Catalogue
du Musée Britannique consacré à la Thessalie : « I had already, on the analogy of the
Epirote coinage, decided that the larger of thèse pièces must hâve passed as the
double of the Victoriatus, when I found in Heuzey's work documentary évidence
that such was the case 1. It appears from inscriptions that the heaviest class of
Thessalian coins passed in reckoning as équivalent to a denarius and a half, and as
the Victoriatus was equal in value to three fourth of a denarius, they must hâve been
reckoned as two Victoriati ». Bien que cette équivalence repose en fait, nous le
verrons, sur la mise en relation d'éléments incompatibles entre eux, elle a été généralement acceptée. On a cependant cherché d'autres moyens de la confirmer. Ainsi
B. Keil, en 1909 2, essayait d'interpréter un curieux document publié par N. Giannopoulos, puis, avec plus de précision par W. Rensch 3. Ce document, une tablette
de bronze, porte des chiffres affectés chacun de lettres ou symboles qui pourraient
être respectivement celui de la drachme, du tétradrachme et du denier. On tiendrait là, croit-on, une table d'équivalences entre différentes espèces monétaires,
entre le denier et la drachme par exemple, c'est-à-dire aussi entre le denier et le
statère thessalien.
B. Keil est revenu sur cet objet une dizaine d'années plus tard pour compléter son hypothèse Zur VÎkioriatusrechnung auf griechischen Inschriften 4. A
1. Cf. Heuzey-Daumet, Mission de Macédoine, p. 422 et 433 : il s'agit des listes d'affranchissement IG, IX 2 , 109 (Thèbes de Phthiotide) et 415 (Phères) sur lesquelles nous reviendrons.
2. Hermès, 45, 1909, p. 157.
3. N. Giannopoulos, Deltion Othryos, 1899, p. 8, no. 12 ; W. RENSCH, De manumissionum titulis
apud Thessalos, 1908, p. 130-131.
4. ZfN, 32, 1914-1920, p. 46 sqq.
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partir de là se trouvait définie et fixée une équivalence entre le statère et le double
victoriat 5.
C'est P. R. Franke, dans une belle étude publiée en 1959 6, qui a condamné cette
identification. Faisant appel à l'étude des poids et à la chronologie des trouvailles,
il a rendu à ces monnaies fédérales thessaliennes leur nom véritable, celui de statères,
celui-là même qui se lit dans toutes les inscriptions de la région antérieures à l'avènement d'Auguste. P. R. Franke a affirmé en outre qu'il n'y avait aucune équivalence à établir entre le système monétaire des Thessaliens ou des Épirotes et celui
des Romains au 11e et i er siècles avant Jésus-Christ. Cela paraît raisonnable. La
faute commise par P. Gardner est en effet celle-ci : partant de l'équivalence fixée
par Auguste entre statère et denier (1 denier = 8 oboles) il l'a considérée comme une
équivalence entre statère et victoriat « récent ». Il a établi alors — ce qui reste à
discuter 7 — l'équivalence de valeur entre le victoriat augustéen et le victoriat de
la République, celui du ni e /n e siècle avant Jésus-Christ. Ce victoriat-là valait,
dans le système républicain, trois quarts de deniers. Gardner trouvait par conséquent la valeur deux victoriats = 2 x 6 oboles = un statère thessalien. Le calcul
paraît irréfutable. Mais la véritable question n'est pas là : elle est de savoir s'il faut
ou non chercher une équivalence entre les deux systèmes. C'est à cette question que
P. R. Franke a répondu, de la manière la plus nette.
Il subsiste cependant plusieurs problèmes. La démonstration de P. R. Franke est
essentiellement fondée sur des arguments métrologiques : la différence de poids entre
la monnaie thessalienne et le denier. Franke a affirmé ainsi, et avec raison contre
ses prédécesseurs, l'indépendance du système monétaire fédéral par rapport à celui
du denier romain. Mais qu'en est-il donc du victoriat? Il n'en est plus question.
Cette dénomination était-elle donc absolument inconnue des Thessaliens, avant comme après l'avènement d'Auguste?
On peut tirer une telle conclusion de l'étude récente de W. H. Gross sur le victoriat.
Ce savant a étudié, après d'autres 8, la relation du victoriat avec une espèce monétaire appelée en grec τροπαϊκόν, qui nous est connue par quelques écrits métrologiques. Le principal d'entre eux, daté de la fin du I er siècle après J.C. environ,
cite le nom de τροπαϊκόν comme espèce équivalant à un demi-denier :
διαιρείται ôè εκ περιουσίας και το δηνάριον κατά "Ρωμαίους εις μέρη · έχει
γαρ τροπαϊκα β\ νούμμους δ', άααάρια if 9 .
5. L'appellation se trouve dans BMC Thessaly, p. xxi, Head, HN2, p. 311, J. A. O. Larsen, in
Economie Survey of Ancient Rom, IV, Roman Greece (1939), p. 330.
6. Zur Chronologie der Strategen und der Munzpragung des Koinon der Thessaler, in SM, 35, 1959,
p. 61-67.
7. Cf. les travaux cités plus haut, p. 275, sur l'histoire du victoriat et sa relation au denier.
8. Cf. Hultsch, Métrologie, p. 289, n. 2 ; K. Regling, in Wôrterbuch der Mûnzkunde, éd.
9. Fragmentum Alexandrini anonymi de talentis et denario, fgt 95, 8 (141, 9 Calvus) in Hultsch,
Metrologici, p. 300.
LE VICTORIAT ATTESTÉ DANS DES INSCRIPTIONS THESSALIENNES
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Sur la foi de ces textes antiques, les numismates et les historiens considèrent en
tout cas unaniment que le mot grec τροπαϊκον est la traduction du mot latin victoriatus. Mais ils sont partagés quand il s'agit pour eux de déterminer ce que représente
en lui-même et dans le système monétaire, ce τροπαϊκον.
Au terme de son examen critique des relations entre le victoriat et le τροπαϊκον,
W. H. Gross conclut cependant que cette « unité » n'a en réalité pas été utilisée :
« Als Rechnungseinheit im praktischen Gebrauch begegnet das Tropaikon freilich
nur ein einziges Mal...»10. Ce prétendu unicum est une inscription de Magnésie
du Sipyle, datée du 11e siècle après J.-C. (Th. Ihnken, /. von Magnesia am Sipylos, 1978, n° 20).
Depuis trente cinq ans déjà, L. Robert a montré que cette conclusion était erronée
et que le τροπαϊκον apparaissait dans un certain nombre d'autres inscriptions
grecques u . Revenant sur cette question à plusieurs reprises J. et L. Robert ajoutaient en 1959 : « ce sont des mentions datées et localisées à utiliser comme des
trouvailles de victoriats dans des trésors »12.
Or, il se trouve que, pour la Thessalie, on n'a pas tiré parti comme il conviendrait
de deux mentions du victoriat, sous son nom grec de τροπαϊκον, attestées dans des
inscriptions déjà connues depuis longtemps.
La première mention se dissimule à la fin d'une liste d'affranchissement, vue et
copiée en 1895 par E. Pridik et G. de Sanctis à Larisa. Elle fut publiée l'année
suivante par le premier, dans les Isvestia de l'Institut impérial russe de Constantinople, I, 1896, p. 107, n° 87. En 1898, G. de Sanctis donnait à son tour sa copie Monumenti antichi, 8, 1898, p. 29, n° 18. Les deux éditions ne présentent pratiquement
aucune différence. C'est encore le même texte qu'éditait O. Kern, en 1908, dans
IG, IX 2, 549, après avoir revu l'inscription 13. Le premier, B. Keil donnait l'interprétation obvie pour la dernière ligne de ce document, dans son article déjà cité 14.
Je le reproduis à mon tour, après avoir contrôlé les lectures sur l'original, ou du
moins sur ce qu'il en reste : car la partie inférieure de l'inscription semble avoir
aujourd'hui disparu, précisément là où nous en aurions le plus besoin. Nous verrons
cependant qu'il n'y a que demi-mal, puisqu'une deuxième inscription permet de
résoudre la difficulté posée par la dernière ligne.
10. RE, s.v. Victoriatus, 1958, col. 2545.
11. Hellenica, VIII, 1950, p. 89 : compte rendu d'un cours fait au Collège de France en 1942-1943.
12. Bull, épigr., 59, 87 ; cf. aussi Études numismatiques, 1951, p. 159 ; Bull., 60, 191 ; 61 ; 336,
p. 171 et 613 : 73, 406.
13. Il supprime quelques corrections introduites par G. de Sanctis à la suite de fausses lectures :
la pierre porte Αημοθέρσον au lieu de Αημοθέρσο(νς), Εύκολου au lieu de Εύκο{ά)ον, Θεοφίλου et non Θεόφιλος.
14. Zur Viktoriatusrechnung..., p. 65-66.
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Β. HELLY
Le texte de IG, IX 2, 549 est le suivant:
Φρυνίχου του Δικαιογένους ταμιεύοντος
της πόλεως την πρώτην
εξάμηνον την επϊ στρα(τη)γον
5 Δημοθέρσου, ταγευόντων
δέ Ευβιότου του Εύκό[λ]ου9
9
καθ υϊοποίίαν δε Κλε[ά]ρχου
του Ήγησαρέτου, Νικάνδρου
του 'Αντιγόνου, *Αρμοξένου
10 του Δαμοίτου, * Αντιγόνου
του Κλεα<ι>ρέτου9 Θεοφίλου
[το]ϋ Τειμααιθεου · οι φάμενοι ά[πηλευ]θερώαθαι και δεδωκό[τες τη πό]λει τα γεινόμενα
15 [υπέρ της άπελευθ]ερώσεως δεινά[ρια κβ<'
] ΡΠΑΙΚΟΝ
Avant d'examiner en détail le problème de la ligne finale, il faut faire deux observations, l'une sur la typologie, l'autre sur la lecture d'un nom, que l'on a voulu
corriger, 1. 11. L'examen du monument assure que la stèle a été remployée : elle
possède en effet les particularités des stèles votives du ve-ive siècles avant J.-C,
que nous avons baptisées « stèles à trou carré » et dont j'ai présenté les principales
caractéristiques typologiques et chronologiques dans une étude récente 15. Le remploi de ces κίονες pour des listes d'affranchissement est courant à Larisa.
En ce qui concerne le nom qui a été lu Κλεαίρετος à la 1. 11, les éditeurs précédents ont introduit une correction Κλεά<ι>ρετος pour îetrouver la forme « normale » Κλεάρετος . Mais je ne suis pas sûr, malgré la faute de gravure (qui ne
semble pas évidente : il peut s'agir d'une abréviation) de la 1. 4 pour στρα(τη)γοϋ9
qu'il s'agisse ici d'une erreur : les noms composés en -αιρετός sont en effet bien,
connus et attestés, et Κλεαίρετος peut entrer dans la série sans difficulté 16.
L'inscription pose en revanche un problème avec la lecture de la dernière ligne :
que significient les lettres ΡΠΑΙΚΟΝ données par les trois savants qui ont vu
l'original ? On notera que la première lettre, transcrite par un rho9 n'est pas assurée : au bord de la cassure, il ne devait y avoir qu'une boucle ronde, sans haste
verticale visible. De ces quelques lettres, Pridik, pour sa part, n'a donné aucune
interprétation ; 0. Kern a suivi la même réserve. G. de Sanctis a proposé de transcrire après correction ...εις το σ](τη)λικόν9 suggestion qu'a reprise Calderini dans
15. Cf. Actes de la table ronde « La Thessalie », Lyon, 1979, p. 168-171.
16. Cf. H. Bechtel, HP, s.v.
LE VIGTORIAT ATTESTÉ DANS DES INSCRIPTIONS THESSALIENNES
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son étude sur La manomissione e la condizione dei liberli in Grecia, 1908, p. 140.
Calderini y voyait un rappel de la fonction donnée par les Thessaliens au versement
de 22 deniers et demi : une taxe pour la gravure, c'est-à-dire pour la publication, de
l'affranchissement.
Tout dans l'inscription conduisait effectivement à cette interprétation : nous
avons affaire à l'intitulé d'une liste d'affranchissement, présentée selon la forme
la plus normale en Thessalie. Pour un mode d'affranchissement civil, propre à
cette région, l'état se chargeait de la gravure de telles listes, où l'on trouve mentionnés successivement le trésorier de la cité, le stratège fédéral thessalien, ici Démothersès, assez souvent aussi les membres du collège des tages, principaux magistrats
des cités, enfin une formule exprimant que les affranchis ont versé τα γεινόμενα [της
απελευθερώσεως] 17, avec indication du montant δηνάρια είκοσι δύο ήμισυ,
transcrit souvent en abrégé par les caractères *KB<'. Cette dernière expression,
ainsi que la mention du stratège Démothersès, assure en outre que l'inscription
date du règne d'Auguste. C'est en effet en 27 avant J.-C. qu'un rescrit de l'empereur
a imposé la conversion du montant de la taxe, 15 statères au n e et au i er siècles
avant J.-C, en 22 deniers et demi : cela est assuré par une autre inscription thessalienne, /G, IX 2 415 faces Β et C, qui provient de Phères.
La conjecture de G. de Sanctis et Calderini, pour fondée qu'elle soit en apparence,
se heurte à deux difficultés : d'une part la correction de ΡΓΤΑ1 KON en (,..σ)(τη)λικόν
est forte, d'autre par elle introduit pour la taxe de 22 deniers et demi à Larisa la
seule et unique occurence d'une dénomination explicite, et cela en utilisant un
terme qui, s'il paraît régulièrement formé, ne semble attesté nulle part ailleurs
dans la langue grecque.
C'est à une difficulté du même ordre que se heurte la restitution d'une deuxième
inscription, publiée trente années après la première, par A. S. Arvanitopoulos, AE9
1917, p. 20, n° 130, 1. 16-31. La pierre provient de Chyretiai, en Perrhébie, cité de
cette région du Nord de la Thessalie qui appartient elle aussi, depuis le milieu du
n e siècle avant J.-C, à la Confédération thessalienne ; elle applique donc la
même législation fédérale que Larissa, la capitale. J'ai pu revoir l'inscription, dont
l'original semble perdu, grâce à des estampages conservés à l'Académie de Berlin.
Le texte, que j'allège ici des nombreux crochets de restitution dont A. S. Arvanitopoulos l'a surchargé la plupart du temps sans raison, se présente ainsi :
16 Ποπλίου Σεξτίο[υ του] Ποπλίο[υ τ]αμιεύοντος
[της] πόλ[εως τή]ν δ[ευτέραν εξ]άμηνο ν τ][ην επί στρατηγού Άνύτου · ο άπελευ[θερω]~
17. Je supprime ici le υπέρ restitué par Ο. Kern, qui est trop long pour la place et surtout inutile,
comme le montrent d'autres inscriptions où Ton trouve seulement... τα της απελευθερώσεως.
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Β. HELLY
θεΐ[ς επ9] α[ντον] * *Ομολωου λοιπών εννέα *
20 'Αριστοκράτης ο φάμενος απηλευθερώσται νπό τ ε Φιλίπου τον Παρμονίδου, καθ9 ύο(sic)
θεσίαν ôè Λεωνίδον, και Παρμονίδον τον
Φιλίππου, εδωκεν τα γινόμενα τη πόλι
δινάρια ϊκοσι δύο όβολονς τέσαρες*
25 Σωτηρις ή φαμένη άπηλενθερώσθαι νπό
τ ε Πτολεμ[αίδ]ον τον Πολνχάρμον καΐ Πολυχ[άρ\μον τον Πτολεμαίδον και Νικαρίστας της ΠνΟιωνός εδωκεν [τα] γεινόμενα της απ[ε\λενθερώσεως δινάρια εΙκ]οσι δύο
ΟΠΑ..
30 .ON καθ" ά εδ ο]ξεν τη πόλ[ει] vac.
Φνλλικον δευτέρα
— vacat —
N.C. 1. 21 : ΣΤΑΙ (pour ΣΘΑΙ) sur la pierre ; ΦΙΛΙΠΟΥ pour Φιλίππου ; 1. 22 :
Παρμονίδον τον {και) Φιλίππον Arv. qui veut croire à Térasement de la conjonction, sans nécessité à mon avis : il n'y a pas de ΚΑΙ sur la pierre, mais un vacat.
Il en est de même 1. 23. L. 26 : Πτο[λεμ]α[ίο]ν Arv. mais on a exactement ΠΤΟΛΕΜ3"4ΟΥ 1. 27 : Πτολεμαί<δ>ον Arv. qui lisait correctement ΙΔΟΥ mais corrigeait en fonction de ce qu'il avait écrit à la ligne précédente.
A la 1. 29-30, la formule qui paraît inhabituelle n'a pas été comprise par Arvanitopoulos, et elle m'a longtemps fait difficulté. Arvanitopoulos lisait quelque chose
comme
ΡΟΓΤΛ ; il proposait dans son commentaire plusieurs transcriptions : soit
[77]ρ[π:]α|[ί|οΐ' soit [π]οπα|[)>]ο)>, enfin il se ralliait à [χ]ρο[ι>]α|[£]οΐ> ou [%]ρο[η]α|[£]
ov. 11 y voyait une stipulation sur le délai imposé pour le paiement de la taxe, en
rapprochant l'expression εν τω κατά τον νόμον χρόνω attesté ailleurs en Thessalie. Mais ce n'est pas une solution. Ici encore la transcription paraît éloignée des
lettres visibles — il faudrait admettre une correction — et elle impose un terme qui
n'apparaît pas dans la langue. Enfin et surtout il a échappé à Arvanitopoulos que,
dans sa transcription le montant de la taxe est inexact : [o]mi[£]fc[a εϊκ]οσι δύ[ο,
χ]ρο[νι]α\[ϊ]ον ne peut donner 22 deniers et demi, il manque l'indication du demidenier, ou comme souvent à la date de l'inscription, des quatre oboles équivalentes
et encore admises dans la circulation. La mention des deniers, le nom du stratège
Anytos permettent de dater l'inscription du début du règne d'Auguste, peu après
la conversion des monnaies18. On attend donc que le texte porte clairement un
18. Le stratège Anytos (la forme du nom n'est pas totalement assurée, peut-être faut-il lire Άμυ(ν)του, Amyntas, n'est pas non plus exactement daté. Mais le dessin de récriture indique la
période i er siècle avant - i er siècle après J.-G. Mais d'autre part et surtout l'inscription comporte deux affranchissements successifs, dont le premier (1. 1-15) est daté par un stratège
Philoxénidès dont la chronologie est plus assurée, au début du règne d'Auguste (cf. H. Kramo-
LE VIGTORIAT ATTESTÉ DANS DES INSCRIPTIONS THESSALIENNES
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chiffre complet19. Mais les traces visibles sur la pierre
ΡΟΓΤΛ, confirmées par
l'estampage, ne peuvent être interprétées comme s'il y avait τέσσαρες (άβολους),
chiffre exprimé quelques lignes plus haut dans une décision précédente de la liste,
ni non plus comme les symboles ^ ^ qui avaient la même signification.
La solution est beaucoup plus simple. L'on peut en effet rapprocher les deux
inscriptions IG, 549 et AE, n° 310. Il s'agit de textes non seulement de même
nature, listes d'affranchis ayant acquitté la taxe, mais encore de même époque,
le début du règne d'Auguste selon toute vraisemblance. Les deux passages sont
identiques : ils doivent indiquer complètement le montant de la taxe, 22 deniers
et demi, et ils posent les mêmes difficultés : l'absence du complément aux 22 deniers
sous une forme ou sous une autre. En vérité, les deux textes s'expliquent l'un par
l'autre et ils se complètent l'un l'autre aussi exactement que possible. Tandis que
IG, 549 livre clairement les syllabes ΡΠΑ1 KON, AE, 1917, n° 310 nous donne les
syllabes ΡΟΓΤΑ : si nous interprétons celles-ci comme le début, celles-là comme
la fin d'un seul et même mot, nous trouvons le terme simple TPOTTAI KON. Il faut
et il suffit pour cela de considérer la barre horizontale qui précède ΡΟΓΤΑ comme
celle du tau dans AE, n° 310, et comme omicron la boucle incomplète de ce que l'on
a lu rho, au bord de la cassure sur la pierre IG, 549 : de semblables petits omicron,
suspendus au sommet de la ligne, ne sont pas rares dans les gravures de la fin de
l'époque hellénistique.
Nous restituons donc les deux inscriptions d'une manière identique:
IG, IX 2, 549, 1. 15-16 (avec
AE, 1917, p. 20, no 310
B. Keil, o.L).
[νπερ της άπελενθ]ερώσεως δει[τα] γεινόμενα της απ[ε]νά[ρια είκοσι δυο τρ]οπαϊκόν.
λενθερώσεως δινάρια [εϊκ]οσι δύο
τροπα[ϊ]\[κ]ον καθ3 à εδ[ο]ξεν τγ\ πόλ[ει] vac.
Le terme τροπαϊκόν offre pour le problème posé tous les avantages : il est régulièrement formé, il est bien attesté en grec, enfin il convient exactement au sens,
puisqu'il désigne une espèce monétaire, dont la valeur permet de compléter sans
erreur le montant de la taxe, soit 22 deniers et demi. C'est ce que nous pouvons établir sans difficulté en nous reportant au texte métrologique que nous avons cité
au début de cette étude : έχει γαρ (το δηνάριον) τροπαϊκά β', νούμμονς δ', ασσάer
ρια if. Ce texte date vraisemblablement, rappelons-le, de la fin du I siècle après
J.-C. au plus tard.
lisch, Die Strategen..., p. 130-131). Le second est celui de notre stratège Anytos, qui est par
conséquent postérieur à Philoxénidés, de peu sans doute.
19. Le montant de la taxe peut être réduit, dans certains cas ; mais alors les inscriptions ajoutent
toujours une formule explicite, κα0' δ διέπεισε rfj πόλει, ce que nous n'avons pas ici, et
dont la fin du texte καθ' ά εδοξεν τή πόλει ne peut fournir l'équivalent.
172
Β. HELLY
Les deux mentions du tropaikon que nous venons ainsi de retrouver sont intéressantes à plus d'un titre. Elles montrent tout d'abord que le Iropaikon, comme
dénomination monétaire en tout cas, a existé effectivement en Thessalie et a été
reconnu officiellement par la Confédération thessalienne et par les cités. A quelle
date et pendant combien de temps, c'est ce qu'il nous reste à définir.
Les deux mentions thessaliennes assurent d'autre part, grâce à des documents
épigraphiques incontestables, l'équivalence de l'espèce appelée en Grèce τροπαϊκόν
avec quatre oboles, c'est-à-dire, selon le διόρθωμα d'Auguste en vigueur en Thessalie
depuis 27 av. J.-C, un demi-denier.
Nous en tirons une première conséquence : la certitude que deux « victoriats »,
terme latin rendu en grec par τροπαϊκόν, 8 oboles en tout, ne font pas à cette date
un statère thessalien, 12 oboles. Cela ruine définitivement, assurément, l'identification du statère thessalien comme double victoriat. Cette identification vient, nous
l'avons dit au début, d'une reconstruction par les numismates d'équivalences non
attestées par les textes ou les inscriptions. Elle repose en effet sur les correspondances suivantes :
2 victoriats =
et
12 oboles ou
2 χ 3/4 de denier
= 1 statère
1 victoriat =
mais
6 oboles ou
3/4 de denier
(avant la lex
Clodia, ca. 109 av. J.-C.)
= 1 drachme20
1 victoriat =
4 oboles ou
1/2 denier
ou 1 quinaire
(après la lex Clodia)
alors que nous ne pouvons tirer des textes que celle-ci :
1 statère = 12 oboles.
1 denier = 8 oboles
1/2 denier = 4 oboles.
Ce n'est pas l'interprétation du document en bronze que nous avons évoqué au
début qui peut prévaloir contre ces témoignages. Pour cette table d'équivalences
utilisée par B. Keil pour fonder son argumentation sur la valeur du statère comme
double victoriat, S. Accame a donné une autre série de correspondances 21 : tétradrachme, drachme de valeur attique et denier. Le cours choisi, 1 denier = 2 drachmes, ne lui paraît pas être celui d'une autorité publique, mais plutôt celui d'un changeur ou manipulateur d'argent cherchant son intérêt personnel ou protégeant « sa »
monnaie grecque et mettant le denier plus haut que le cours officiel, à une date
que nous ne pouvons fixer22. Quoi qu'il en soit de la réalité de cette interprétation,
il nous semble bien que les mentions du tropaikon en Thessalie, la certitude de son
20. C'est aussi cette « drachme légère » que postule P. Marchetti dans son ouvrage sur l'Histoire
économique et monétaire de la deuxième guerre punique, Bruxelles, 1978, p. 197-198.
21. S. Accame, II dominio Romano...f 1947, p. 121-122.
22. On ne tire rien de la paléographie du document : tout ce que nous pouvons dire est qu'il doit
se placer plutôt pendant l'époque impériale.
LE VIGTORIAT ATTESTÉ DANS DES INSCRIPTIONS THESSALIENNES
173
identité avec le demi-denier, enlèvent aux équivalences calculées autrefois par B.
Keil leur signification.
B. Keil a voulu, me semble-t-il, concilier avec ingéniosité trop de choses : la
mention du τροπαϊκόν, la tablette d'équivalences d'Halmyros, les témoignages
de Pline et celui des monnaies romaines, tel qu'on l'interprétait en 1920. Il me
paraît que nous pouvons considérer autrement la situation, en évitant de contaminer l'un par l'autre des témoignages qui ne répondent pas exactement à la même
question.
Nous pouvons ainsi prendre parti sur un autre point plus délicat : savoir si le mot
τροπαϊκόν a servi à désigner une espèce monétaire, un type particulier de monnaies
en circulation. A l'époque d'Auguste, le choix est clair : la seule espèce monétaire
en circulation, dont la valeur égale un demi-denier, est le quinarius. Pour l'époque
républicaine, l'on pourrait hésiter. Quand les inscriptions grecques du 11e ou du I er
s. av. parlent de tropaikon, s'agit-il de mentions équivalant à des trouvailles monétaires 23, c'est-à-dire attestant la circulation d'un «victoriat»? Ou bien s'agit-il,
comme l'affirment les numismates, de survie d'une dénomination transférée du
victoriatus au quinariuse> Des éléments de réponse à cette question pour la Grèce,
ont été apportés par A. Giovannini, dans un ouvrage récent24 : mis à part, peutêtre, les mentions de τροπαϊκά dans les inventaires déliens, il n'y a dans les inscriptions et surtout dans les trésors monétaires, que très peu d'argent romain. Il était
sans doute converti systématiquement.
Mais quel pouvait être alors l'équivalence qui réglait les conversions entre argent
grec et monnaie romaine? Partant de nos documents thessaliens, comme B. Keil,
nous devons examiner à partir de quel moment l'équivalence :
1 statère ==12 oboles
1 denier = 8 oboles
I /2 denier = 4 oboles
a prévalu.
II nous faut constater — telle est aussi la donnée de base pour P. Gardner et B.
Keil — que cette équivalence est connue, en Thessalie, seulement à partir de la
promulgation d'un διόρθωμα pris par Auguste, vraisemblablement en 27 av. J.-C.
Mais l'on a sous-estimé, nous semble-t-il, la portée de cette mesure.
Premièrement, et contrairement à ce que certains ont avancé, par exemple S.
Accame 25, il paraît raisonnable de soutenir que la conversion imposée par Auguste
ne vaut pas seulement pour la taxe d'affranchissement, mais a eu une portée générale pour la monnaie thessalienne. Cela se déduit tout d'abord du formulaire même
23. Cf. J. et L. Robert, Bull, épigr., cité plus haut, n. 6.
24. A. Giovannini, Χα solde des troupes romaines à l'époque républicaine, dans Muséum Helveticum,
35 (1978), p. 258-263.
25. S. Accame, / / dominio Romano..., p. 121.
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des inscriptions connues pour le début du Ier s. ap. J.-C, dans la période qui suit la
conversion : on y exprime indifféremment le même montant soit dans la monnaie
thessalienne encore en circulation, quatre oboles, soit dans les espèces de la monnaie
romaine sous le nom de tropaikon ou de demi-denier (quinarius). Il n'y a rien dans
l'emploi de ces termes, qui soit spécifique de la législation sur l'affranchissement,
même si notre documentation en Thessalie est limitée aux seules inscriptions qui
portent des versements de la taxe imposée aux affranchis.
Une autre constatation conduit elle aussi à donner au δίόρθωμα une valeur générale : cette décision, prise au pied de la lettre, impose que la monnaie thessalienne
en argent doit être échangée à un taux déterminé. Cette monnaie cesse donc d'avoir
cours. C'est bien ce qui s'est produit : les statères et les drachmes thessaliens cessent
d'être émis par la Confédération à un certain moment, qui se place dans cette période
qui va de la mort de César (époque à laquelle nous pouvons encore identifier des
émissions) jusqu'à l'avènement d'Auguste. En tous cas l'on s'accorde pour considérer que la Confédération ne frappe plus l'argent dès le début de l'Empire.
On ne voit guère de meilleure occasion pour cette suppression, si l'on ne veut pas
la rapporter, explication facile et sans grande signification, aux guerres civiles et
aux troubles qu'elles ont entraînées, que le δίόρθωμα d'Auguste lui-même.
Il est possible enfin de voir une confirmation du caractère général de la mesure,
dans l'accord qui s'établit entre la valeur du τροπαϊκόν dans les inscriptions thessaliennes et celle que nous indiquent les textes, en particulier le traité métrologique
alexandrin cité plus haut. Ce document est un peu postérieur aux listes d'affranchissement thessaliennes, mais celles-ci et celui-là se confrontent mutuellement.
Il nous faut constater en outre — et ce n'est pas le moins important — que cette
équivalence :
1 τροπαϊκόν = 1 victoriatus = 1/2 denier = 4 oboles
n'est pas limitée à la seule époque impériale. C'est aussi cette même équivalence
que l'on trouve déjà indirectement dans Cicéron et surtout dans Polybe, comme
l'a montré récemment A. Giovannini, en renvoyant aussi aux témoignages thessaliens 26 :
« Pour (Polybe) comme pour les Thessaliens, l'obole valait 2 as ; pour lui comme
pour eux, le denier se divisait non pas en 6 mais en 8 oboles ». A. Giovaninni ajoute
encore : « le denier de 16 as a été, dès le début, divisé en 8 oboles au lieu de 6 pour
la bonne raison que la conversion des fractions du denier en termes grecs eût été
sinon impossible »27. Mais nous pouvons peut-être aller plus loin, pour expliquer
les convergences de ce système, à partir de transpositions d'une langue à l'autre où
l'emploi des termes a été, semble-t-il, fonction au moins autant de la relation qu'ils
26. C'est-à-dire les listes d'affranchissement.
27. A. Giovannini, o.l., p. 261-262.
LE VICTORIAT ATTESTÉ DANS DES INSCRIPTIONS THESSALIENNES
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avaient entre eux dans chaque langue que du respect des valeurs qu'ils représentaient. Ainsi le terme οβολός désignant la plus petite unité, devait dès le début
traduire le terme latin assis. L'unité δραχμή devait quasi automatiquement rendre
l'unité denarius, même si les valeurs n'étaient pas parfaitement ajustées 28. Dans
ces relations, la dénomination qui valait la moitié du denier était le victoriatus,
quel qu'ait été son statut propre dans le système monétaire des Romains eux-mêmes.
Cela ressort de certaines études récentes sur cette monnaie au 11e s. av. J.-C. H.
Zehnacker a considéré en effet que dans cette période, en fonction du rapport bronzeargent, « le victoriat a toutes chances d'être automatiquement accepté comme un
quinaire lorsque les exemplaires en circulation accusent une moyenne (de poids)
sensiblement égale à 2,60 g ; seuls les victoriats dont le poids tombait trop nettement en dessous de ce seuil risquaient d'être refusés par des usagers pointilleux.
Les indications fournies par les trésors du 11e s. concordent parfaitement avec cette
théorie »29. Dans la suite de sa démonstration, l'auteur montre en outre que la
fameuse lex Clodia, de la fin du 11e s., sur laquelle avait achoppé B. Keil, « a remplacé
un victoriat non surévalué, qui circulait avec la valeur d'un quinaire, par un quinaire surévalué dont les types rappelaient ceux du victoriat »30. Pour les Grecs,
— disons les étrangers — le résultat était le même :
vidoriatus = τροπαϊκόν = un demi-denier.
Revenons à la Thessalie. Il paraît clair désormais que le δίόρθωμα d'Auguste
n'a pas dû imposer de réduction à la monnaie thessalienne : il a dû vraisemblablement
enregistrer le cours normal des échanges entre les monnaies thessaliennes et romaines 31. Il ne paraît pas en effet qu'en valeur les 22 deniers et demi de la taxe d'affranchissement, à partir de 27 av. J.-C, aient représenté autre chose que les quinze
statères de la même taxe avant 27 av. : les documents que nous possédons (ils sont
assez nombreux pour que nous puissions en retirer l'impression) suggèrent que cette
conversion monétaire n'a entraîné ni freinage sensible ni incitation exagérée dans
le mouvement des affranchissements à cette époque. S'il y a continuité, en valeur
réelle, entre le paiement de la taxe avant le δίόρθωμα et après sa promulgation,
nous pouvons aussi mieux rendre compte de la concordance entre les valeurs fixées
par Auguste et celles qui se tirent de Cicéron, ou mieux encore de Polybe. C'est ce
28. Gela paraît conforme à ce que nous savons des habitudes de traduction des Grecs et des Romains
(par exemple pour les noms de magistrats romains en grec) ; de là l'inutilité, à mon sens, de
tentatives pour chercher à tout prix des équivalents « en valeur » ou poids pour poids, comme
celle de Marchetti citée plus haut n. 20 (drachme « légère » des Achéens = denier).
29. Le quinaire-victoriat et les surévaluations du denier, dans Actes du Congrès international de
Numismatique 1973, 1976, p. 383-393, citation de la p. 390.
30. O./., p. 391.
31. Contra B. Keil, o./., qui se fonde sur la table en bronze dont nous avons parlé ; cf. la discussion
dans S. Accame, o.Z., p. 122.
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qu'a soutenu A. Giovannini, que nous rejoignons ici complètement. Il est même
bien possible que le διόρθωμα d'Auguste ne soit pas une décision promulgée en
Thessalie seulement. On a sans doute rapproché de manière trop rigoureuse, dans
l'inscription /G, IX 2, 415, la mention du διόρθωμα de l'indication qu'Auguste
avait exercé la stratégie dans la Confédération thessalienne. Rien dans cette inscription ni ailleurs ne dit si Auguste a pris la mesure en qualité de statège des
Thessaliens, ou bien comme empereur contrôlant en particulier l'administration
des provinces. Posée en ces termes, l'alternative est facile à résoudre : la statégie
conférée à Auguste par les Thessaliens n'a rien été qu'un titre honorifique de plus,
et c'est le second terme qui est le plus vraisemblable32. En conséquence, et comme
A. Giovannini n'a pas hésité à l'écrire33 : nous pouvons considérer que la mesure
prise par Auguste « imposa l'usage de la monnaie romaine dans toute l'Achaïe ».
On mesure l'importance que doivent prendre désormais les deux mentions du
tropaikon clairement reconnues dans les inscriptions thessaliennes. Elles donnent
pour cette dénomination une équivalence assurée par rapport au denier. Elles
permettent de mieux interpréter les documents épigraphiques de cette région. Pour
tout dire, nous aboutissons à une proposition qui se situe à l'opposé de celle de B.
Keil : nous ne pouvons reconnaître à la plaque de bronze portant une table d'équivalences la valeur générale — dans le temps comme dans l'espace — que Keil lui
a supposée pour fonder son histoire du denier au début de l'époque impériale et à
l'époque républicaine. Au contraire, le seul témoignage qui nous paraît avoir une
portée générale se trouve dans la mention du διόρθωμα d'Auguste. Cette mesure,
valant probablement pour toute une province, l'Achaïe, devait enregistrer une équivalence entre monnaie grecque et monnaie romaine qui, si l'on s'en rapporte à
Polybe lui-même, était établie depuis longtemps, peut-être dès la première moitié
du n e s. av. J.-C. C'est le moment aussi où fut créée la monnaie fédérale thessalienne en argent, dont la valeur par rapport à la monnaie romaine se trouvait ainsi
fixée, et qui s'est maintenue malgré les avatars successifs de l'une et de l'autre,
jusqu'à sa disparition *.
32. Pour les interventions du pouvoir impérial en Thessalie, cf. mon étude parue dans Historia
Hellenikou Ethnous, Athènes, 1977, p. 179-184. Ces interventions sont loin de présenter le
même caractère de généralité que le διόρθωμα cité par IG, IX 2, 415.
33. O.Z., p. 261.
* La présente étude doit beaucoup à des conversations amicales qui ont été tenues avec MM. A.
Giovannini et H. Zehnacker, que je tiens à remercier ici.

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