Une étrange fièvre

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Une étrange fièvre
Larmes de Sang 3 – Chasse Royale
Sofia
Une étrange fièvre
Sofia
- Une étrange fièvre Samedi 8 février - Ferrare (Italie)
Sofia n'avait eu aucune nouvelle de Remi ces quatre derniers jours. De son côté, elle ne l'avait pas
appelé non plus pour le moment, ayant été assez occupée entre le salon de toilettage, ses parents, et
Chiara qui hésitait encore à larguer son petit-copain du moment.
Son amie était retournée chez elle depuis jeudi. Sa mère était rentrée de déplacement et son père
devait également revenir ce week-end. Chiara resterait avec eux jusqu'à leur prochain départ, comme
d'habitude, mais cela ne l'avait pas empêchée de sortir la veille au soir avec Sofia et les autres. Celleci n'en avait malheureusement pas autant profité que d'habitude, un peu patraque depuis le début
d'après-midi. Sans avoir de fièvre ni de symptômes précis, elle se sentait un peu fatiguée et
barbouillée. Elle avait alors passé plus de temps à discuter avec Ilario et leurs amis plus qu'à danser
cette fois et elle avait vu l'heure d'aller se coucher arriver avec soulagement.
Sa nuit avait été agitée. Elle s'était réveillée plusieurs fois et avait passé son temps à se débarrasser
de sa couette et à la remettre, alternant entre le chaud et le froid.
Quand elle se réveilla en ce samedi-matin, elle ne valait guère mieux et était en sueur. Elle avait
même envie de vomir.
Sofia se demandait ce qu'elle avait bien pu attraper. Un virus quelconque. Une gastro sans doute. La
maladie lui faisait peur de manière générale et, comme tout le monde, elle détestait se sentir malade.
En plus si cela s'avérait être une gastro, ce serait épuisant et franchement pas ragoûtant. Elle espérait
que ça allait finir par passer sans plus de soucis. Enfin, cela lui avait déjà pourri sa sacro-sainte soirée
de danse.
On frappa à sa porte et sa mère entra.
- Bonjour, ma chérie. Il est largement l'heure de te lever.
Le réveil affichait presque midi. La femme alla jusqu'à la fenêtre pour ouvrir les volets et laisser entrer
de l'air frais, mais cela fit frissonner sa fille.
Sofia s'enveloppa un peu plus dans sa couette.
- Maman, je ne me sens pas bien.
Anastacia referma aussitôt la fenêtre et vint s'asseoir sur le bord du lit. Elle posa sa main sur le front
de sa fille en fronçant les sourcils.
- Tu as un peu de fièvre. Tu vas rester au lit. Je vais t'apporter un cachet. Tu as faim ?
Le fait que maman s'occupe d'elle allégea considérablement le poids d'être malade même si elle ne
se sentit pas mieux.
- Oh, non. J'ai déjà mal au coeur.
Sa mère parut contrariée. Sofia savait bien qu'elle allait tout de même lui apporter à manger. Un
estomac vide n'était pas acceptable pour elle.
- Je reviens, ma chérie. Reste au chaud.
Anastacia l'embrassa sur le front et disparut pour aller chercher un cachet. Elle revint quelques
minutes plus tard avec un verre d'eau, un thé bien chaud et de la brioche. Elle déposa le plateau sur
la table de nuit.
- Il faut que tu manges un peu, ça te fera du bien. Avale au moins le thé, tu veux ?
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Sofia avala docilement le cachet et le thé. Ca l'aiderait peut-être à avoir plus chaud. Elle aimait se
sentir prise en charge même si elle ne se sentait pas du tout, mais alors pas du tout de manger la
brioche.
Anatascia resta avec elle jusqu'à ce qu'elle s'endorme à nouveau, mais elle ne dormit pas mieux.
Quand elle ouvrit les yeux, il était 15 heures. Elle n'avait plus de nausées, mais elle avait toujours de
la fièvre. Quelqu'un était dans sa chambre. C'était un jeune homme qu'elle ne connaissait pas. Il était
de dos, en train de regarder par la fenêtre, et elle ne pouvait pas voir son visage. Il était un peu plus
petit que Fabio et moins large d'épaules. Sa silhouette faisait penser à celle de Remi, sauf qu'il avait
les cheveux chatains, même si les pointes plus claires tiraient vers le blond. Il portait un jean bleu
foncé, des baskets noires et un tshirt gris qui dévoilait sa musculature parfaite. Ses bras étaient hâlés
par le soleil et un bracelet de liens de cuir agrémentés de petites breloques argentées décorait son
poignet droit.
Sofia n'était pas sûre qu'il soit vraiment là. Mais si elle commençait à avoir des hallucinations, c'était
plutôt inquiétant. La nausée avait disparu, c'était toujours ça de pris.
Elle murmura faiblement en espérant que ça dissiperait l'apparition plutôt que d'avoir une réponse.
- Qui êtes vous ? Qu'est-ce que vous faites dans ma chambre ?
Le jeune homme se tourna vers elle, mais le soleil qui entrait par la fenêtre l'empêcha de voir
clairement son visage.
J'arrive, Clio.
La voix était chaude et agréable. Au fond d'elle-même, elle sut qu'il disait la vérité et c'était une idée
rassurante.
- Sofia ? Je ne voulais pas te réveiller.
Quand le jeune homme s'approcha du lit, elle reconnut Fabio. Son frère tira une chaise près du lit et
s'assit, se penchant vers elle.
- Maman est sortie faire une course et je venais voir comment tu allais. J'ai mission d'appeler le
médecin si tu ne vas pas mieux.
Sofia aurait bien aimé savoir si elle dormait encore avant de voir Fabio ou si elle ne dormait déjà plus.
C'était étrange cette sensation qu'elle avait eu. Cela devait être un genre de rêve. Pourquoi l'avait il
appelée Clio, son nom était Sofia. Un rêve c'était mieux que de délirer.
- Je me sens bizarre. Mais je crois que c'est juste la fièvre. Si je dors beaucoup ça devrait passer.
Inutile de lui parler de son rêve-hallucination, il risquait de paniquer inutilement. Elle s'étonnait
presque qu'il n'ait pas profité de l'absence de maman pour la faire admettre à l'hôpital.
Il tendit la main pour la mettre sur son front.
- Encore un peu de fièvre... T'as chopé froid hier soir, toi. Tu te sens bizarre ? T'as envie de vomir ?
s'inquiéta-t-il.
Sofia sourit à Fabio. Elle ne voulait pas l'inquiéter plus qu'il ne l'était naturellement.
- Non, ça, c'est passé, heureusement. Je me sens juste bizarre comme n'importe qui qui a de la fièvre
se sent bizarre.
Il ne parut pas vraiment convaincu.
- Maman t'a laissé un autre cachet, fit-il en lui désignant le plateau sur la table de nuit où il restait
encore la brioche. Tu veux que je reste avec toi ? On peut se mettre devant la télé.
Sofia prit le cachet.
- Tu me laisseras te faire un câlin ?
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Sofia n'était pas souvent malade mais quand elle l'était, elle se transformait en véritable pot de colle.
Son frère lui répondit d'un large sourire chaleureux.
- T'es pas trop grande pour ça ?
Mais il ne se fit pas prier pour venir la rejoindre. Il s'assit, le dos contre le mur, et la prit dans ses bras.
Il savait bien qu'il la voyait parfois encore comme une petite fille, mais il ne pouvait s'en empêcher,
même si elle grandissait et, fatalement, allait s'éloigner. Il était même plus protecteur que leur père et
se disait qu'il dépassait parfois les bornes.
- Mais je suis malade ! - fit Sofia d'une voix plaintive en sur-jouant ostensiblement.
Elle se cala confortablement contre son frère et s'accrocha avec autant de dextérité qu'un bébé singe.
- Pfff, ça t'arrange bien d'avoir ton grand frère dans ces cas-là. Alors que tu m'ignores le reste du
temps, se plaint-il en exagérant.
Il la tint contre lui, caressant doucement son dos, comme il le faisait depuis qu'elle était petite.
- Tu as eu des nouvelles du top modèle qui t'a dragué en boite ? demanda-t-il après de longues
minutes de silence.
Sofia avait fermé les yeux et il n'y avait pas de doute que si elle avait été un chat elle aurait ronronné.
Aux paroles de son frère, elle décolla sa tête pour le regarder dans les yeux.
- Comment tu sais ça, toi ? - fit elle d'un air faussement soupçonneux.
- Hé, j'suis ton frère. Je sais tout, dit-il avec fierté et assurance.
Il l'embrassa sur le front.
- Et Chiara a une grande gueule, s'amusa-t-il.
On ne pouvait jamais rien garder secret avec Chiara. Pas qu'elle ait particulièrement envie que Remi
soit un secret.
- Je dois lui trouver un chien. - dit elle en se réinstallant.
- Mouais. Quel genre de chien ?
Sale voleuse.
Ce n'était qu'un murmure à peine audible, au timbre de voix indéfinissable.
Sofia eut du mal à ne pas sursauter. Elle commençait à entendre des voix. Et là, elle était sûre qu'elle
n'était pas endormie. A moins qu'elle croit s'être réveillée mais qu'en fait elle dormait toujours. Elle
avait vu des trucs comme ça dans les films.
- Le genre qui aime la terre entière. Il semblerait qu'il ait un soucis avec les chiens.
Lâche le.
- Et il te fait confiance pour que ça change ? Mmm... Je vais devoir surveiller ça.
Un beau mec qui se servait des chiens pour approcher Sofia n'avait pas que des bonnes intentions,
c'était certain.
Ca continuait. Sa fièvre avait elle augmenté ? Elle n'osait pas demander l'avis de Fabio, il se serait
affolé.
- Je ne pense pas que ça puisse changer. Mais je suis sûre qu'on peut contourner le problème.
Lâche le !
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Les livres entassés sur le bureau de Sofia tombèrent au sol. Fabio se redressa et haussa les épaules.
Ce devait être en équilibre précaire... Il reprit sa position.
- Va falloir ranger ta chambre.
Sofia avait sursauté cette fois. Mais comme Fabio s'était redressé, cela avait du passer inaperçu, ou
du moins l'espérait elle. En tout cas, il se passait bel et bien quelque chose de bizarre mais ça ne
semblait pas se limiter aux hallucinations puisque Fabio avait vu aussi. Ca devait être un rêve. . .
l'autre option n'était pas vraiment une option qu'elle souhaitait envisager.
- C'est impossible avec Chiara.
- Comment une fille qui passe un temps fou à être aussi irréprochable de la tête aux pieds peut-elle
être aussi bordélique ? se moqua-t-il.
Voleuse. Voleuse. Voleuse.
Les murmures continuaient, semblant venir de partout et nulle part à la fois. Le volume de la voix était
inégale, parfois assez fort pour que Sofia croit qu'elle était à côté de son oreille, parfois lointain.
- Tu n'as pas froid ?
Fabio regarda Sofia d'un air interrogatif. Il trouvait que l'atmosphère de la chambre s'était rafraichie
subitement. Le chauffage était peut-être en panne ou déréglé. Son père avait dit que le gardien de
l'immeuble devait s'occuper de la chaudière ces prochains jours.
Sofia était bien protégé du froid par sa couette et son contact étroit avec son frère.
- Tu crois que c'est un spectre ?
Elle se reprocha immédiatement d'avoir posé la question. Surtout que ça arrivait comme un cheveu
sur la soupe et qu'elle favorisait encore la thèse du rêve délirant.
- Un spectre ?
Il éclata de rire.
- Pourquoi tu parles de fantôme ?
- Ca doit être la fièvre qui me rend impressionnable.
Sofia n'avait jamais été très douée pour se rattraper.
Fabio regarda autour de lui, mais il ne vit rien. Les livres étaient bien tombés tous seuls, mais c'était
sûrement parce qu'ils étaient en équilibre. Il allait répondre à sa soeur quand il sentit le froid se faire
plus présent et il fit même de la buée en respirant.
Il est à moi. Tu n'es qu'une voleuse.
Le pot à crayons fut propulsé hors du bureau, ce qui les fit sursauter tous les deux. Fabio regarda
Sofia, inquiet. Cette fois, il avait bien vu l'objet être éjecté. Il serra sa soeur plus fort.
- Il ne faut pas se laisser impressionner.
Mais intérieurement, il se demandait bien comment on arrivait à se débarrasser d'un fantôme et
pourquoi celui-ci était venu ici.
Sofia était loin d'être rassurée par la réaction de son frère. C'était le moment ou jamais de partager les
informations étant donné que la situation semblait s'aggraver.
- Il me parle, Fabio.
C'était dur de ne pas se laisser impressionner quand on vous parlait dans la tête et que les objets
valdinguaient.
Fabio la regarda très attentivement.
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- Et il te dit quoi ? demanda-t-il très sérieusement.
Il n'avait jamais entendu dire que les fantômes parlaient aux gens. Etait-ce à cause de la fièvre de sa
soeur ?
- Ce n'est pas particulièrement gentil mais je suppose qu'une conversation amicale n'est pas ce qu'on
doit attendre d'un fantôme.
En fait, elle n'en savait strictement rien mais bon.
- Dans l'ordre : sale voleuse, lâche le, deux fois, voleuse, trois fois, il est à moi tu n'es qu'une voleuse.
Elle réfléchit un peu puis ajouta.
- Tu crois qu'il peut parler de toi ?
Un fantôme amoureux de son frère ? Elle en aurait presque ri sauf que là elle risquait l'hystérie.
- De moi ?
Il était sincèrement surpris et mal à l'aise à cette idée.
- Mais pourquoi ?
Il jeta un coup d'oeil aux alentours, mais le fantôme avait l'air de s'être calmé pour le moment.
- Il est toujours là ?
- Je ne l'entends plus - fit Sofia avec une petite voix, comme si cela pouvait éviter d'attirer l'attention
du fantôme si fantôme il y avait.
Il en fut soulagé, mais ça ne réglait pas la question du fantôme.
- Je ne vois pas pourquoi un fantôme me prendrait pour sa propriété.
Il avait beau réfléchir, il n'avait aucune hypothèse valable. Aucune de ses ex n'était morte à sa
connaissance et aucune n'avait été jalouse de Sofia.
Sofia ne se sentait pas au mieux de sa forme pour les grandes réflexions mais elle pouvait toujours lui
faire part de ses faibles déductions.
- Il s'agit d'un garçon puisque le fantôme parle au masculin et puis ça a commencé après que tu as
accepté de me faire un câlin. . . mais ça veut pas forcément dire quelque chose.
Rends moi ce qui est à moi.
La voix se fit plus forte cette fois, plus mauvaise aussi. Sofia reconnut qu'il s'agissait d'une fille, assez
jeune apparemment.
- Il est peut-être là par erreur.
Mais Fabio n'était pas tranquille. Si un esprit se mettait en tête d'en vouloir à Sofia, il ne voyait pas
trop comment il pourrait l'en protéger.
Sofia avait légèrement sursauter en entendant de nouveau la voix, aussi agressive cette fois. Elle leva
les yeux vers Fabio.
- C'est un elle et elle vient de dire "rends moi ce qui est à moi". Je n'ai jamais fait de mal à personne.
Enfin, elle ne pensait pas. Elle avait d'ailleurs toujours du mal à trouver des trucs à confesser.
Fabio resserra son étreinte et fronça les sourcils alors que le fantôme traitait encore Sofia de voleuse.
- Laisse nous tranquille, dit-il à l'adresse du fantôme d'une voix forte et autoritaire.
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La porte d'entrée s'ouvrit.
- Fabio ? Où tu es ?
- Dans la chambre de Sofia, Maman.
L'esprit tourmenté s'éloigna de Sofia. Fabio sentit que l'atmosphère se réchauffait peu à peu.
- Il est toujours là ? demanda-t-il à sa soeur avant que leur mère n'arrive.
- Je ne crois pas - murmura Sofia, autant pour que Maman ne l'entende pas que pour éviter de se
rappeler à l'attention du fantôme.
Elle se détendit légèrement mais resta étroitement blottie contre la chaleur rassurante de son frère.
Anastacia les rejoignit et leur sourit, attendrie de les voir ainsi enlacés, comme lorsqu'ils étaient
enfants.
- Tu ne l'as pas réveillée au moins ?
- Penses-tu.
- Comment tu vas, ma chérie ?
Fabio n'était pas sûr que parler du fantôme soit une bonne idée. Sa mère ferait carrément venir un
exorciste si elle était au courant et peut-être que ce n'était pas utile si l'esprit était vraiment parti.
- Encore un peu bizarre, maman, mais Fabio est un merveilleux garde malade.
Sofia essayait de ne pas paraître trop secouée mais elle n'était pas sûre que sa prestation soit
réussie.
- Tu n'as pas l'air bien.
Elle s'approcha pour prendre sa température. Le fantôme ne se manifesta pas. Il semblait être parti
pour de bon.
- Je vais appeler un médecin. Tu ne peux pas rester comme ça.
- Pas le médecin - geignit Sofia.
Elle avait peur des médecins parce que cela voulait dire que la maladie était sérieuse.
- Je suis sûr que ça ira mieux après un bon chocolat chaud, intervint Fabio.
Il savait que Sofia n'aimait pas les médecins. Cela devait venir de son long séjour à l'hopital après leur
accident de voiture.
- D'accord, capitula leur mère dans un soupir. Mais si demain, tu ne vas pas mieux, j'appellerai le
docteur.
Sofia adressa un regard reconnaissant à Fabio avant d'ajouter avec autant de conviction que possible.
- Je suis sûre que ça ira mieux demain.
Leur mère n'en était pas vraiment convaincue, mais elle l'espérait sincèrement. Elle n'aimait vraiment
pas voir ses enfants malades. Même un rhume pouvait devenir une affaire d'état pour elle !
Elle les laissa pour se rendre à la cuisine. Bientôt, une bonne odeur de chocolat chaud flatta leurs
narines.
- Je vais rester avec toi. Tu veux qu'on aille dans le salon ?
Sofia regarda d'un air méfiant autour d'elle. Sa chambre lui paraissait presque devenue étrangère.
- Oui. On regardera un film.
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Ca lui changerait les idées. Pas un film sur les fantômes et pas un truc qui fait trop de bruit, ça risquait
de lui donner mal à la tête. Mais elle savait que pour une fois Fabio ne lui ferait aucune remarque sur
le choix du film. Il fallait bien qu'être malade ait des avantages.
Le reste de la journée se passa sans incident. Fabio resta avec Sofia, calé dans le canapé. Ils
regardèrent plusieurs films, mais la jeune fille ne réussit pas à les suivre dans son entier, s'endormant
de temps en temps.
Le soir venu, elle put manger un peu, sa mère ayant préparé un bon bouillon qui passa sans
problème. Les nausées avaient disparu et, à dire vrai, elle avait une faim de loup.
Après le dîner, Chiara fit une apparition. Elle avait appelé un peu plus tôt pour apprendre que son
amie était malade.
- Hé ben... qu'est-ce qui t'arrive ? demanda-t-elle en se jetant dans le canapé à côté d'elle.
Fabio était encore à table avec leurs parents.
Sofia était rassurée de sentir la faim se réveiller. C'était bon signe. Encore une bonne nuit de sommeil
et tout rentrerait dans l'ordre et Maman n'aurait pas besoin d'appeler le médecin.
- J'ai du attraper un coup de froid. Si ça se trouve, demain, il n'y paraîtra plus.
Il était hors de question qu'elle lui parle de l'incident fantôme. Elle craignait trop que cela se
transforme en cancan de l'année.
- Mais du coup, tu peux pas sortir ce soir... soupira son amie.
Si elle ne serait pas toute seule, elle préférait quand Sofia était là.
- Ilario a dit qu'il passerait te voir demain. Il était contrarié que tu sois malade.
Sofia sourit, elle se sentait mieux et cela lui faisait donc plaisir de voir ses amis.
- Non, ce soir je vais faire une pyjama-party.
- Une pyjama-party ? T'es sûre que t'as pas de la fièvre, toi ? se moqua Chiara avec un sourire
amusé. Avec qui ?
Sofia coula un regard vers Fabio.
- Je pense que je vais jouer les soeur tyranniques et enrôler Fabio.
Le regard de Chiara s'éclaira soudain. Elle se rapprocha de Sofia d'un air de conspiratrice.
- Fabio dans une pyjama-party ? fit-elle à voix basse. J'en suis.
Même si Chiara habitait ici les trois quarts du temps et avait donc vu Fabio en pyjashort, voire même
juste en short ou en caleçon depuis le temps, la perspective d'en profiter de plus près était toujours
bonne à prendre. Car qui disait pyjama-party, disait qu'il allait dormir avec elles, forcément.
Sofia éclata de rire. Elle aurait du s'y attendre. Chiara était prête à tout, y compris à renoncer à une
soirée de folie pour se rapprocher de Fabio.
Rire lui fit un peu mal à la tête. Sans cela elle aurait presque oublié qu'elle était malade.
- Ne vas pas l'effaroucher. Tu sais que sinon il prendra comme prétexte que tu restes pour me laisser
à ta garde et sortir.
- Je serai sage.
Elle fit une croix sur son coeur en signe de promesse.
- Enfin, j'essayerai. Juste tous les trois ?
Sofia rit encore. Elle savait ce que valaient les serments de Chiara valaient, même quand elle était
tout à fait sincère.
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- Evite de jurer sur la croix quand même.
Cela pouvait s'avérer dangereux étant donné sa propension à ne pas arriver à tenir ses promesses.
- Tu veux que j'invite Maman aussi ? - demanda Sofia malicieusement.
Chiara fronça les sourcils et jeta un oeil vers Anastacia. Elle adorait la mère de Sofia, mais elle n'était
pas sûre que ce soit une bonne idée..
- Mais si elle vient, je ne vais pas pouvoir me rapprocher de Fabio...
Sofia donna un petit coup sur le front de Chiara.
- C'était pour t'embêter. Les parties, ça se fait entre jeunes.
- Tu veux que j'appelle Ilario ? Il serait sûrement ravi de s'assurer que tu n'es pas si malade que ça et
de te voir en pyjama, dit-elle en haussant les épaules et en sortant son portable.
- C'est une excellente idée. Mais je ne suis pas sûre qu'échanger ça contre une soirée en boite soit
très motivant pour lui.
Restait à savoir si Fabio trouverait l'idée aussi excellente.
- ça, c'est toi qui le dis. Je t'assure qu'il sera RA-VI.
Elle se leva et s'éloigna pour appeler Ilario.
- Qui sera ravi de quoi ? demanda Fabio en revenant près de sa soeur. Vous manigancez quoi toutes
les deux ?
- une pyjama-partie. . . à laquelle j'aimerai beaucoup que tu participe.
Fabio se mit à rire jusqu'à ce qu'il comprenne qu'elle était très sérieuse.
- J'ai passé l'âge, fit-il avec amusement.
Mais d'un autre côté, il n'avait pas très envie de laisser sa soeur toute seule cette nuit si le fantôme
revenait.
- Chiara reste, je suppose. Elle appelle la demi-portion ?
- Oui. Mais ce n'est pas pareil que toi.
Sofia le regarda avec les yeux du chat potté.
- Tu sais très bien que quand tu me regardes comme ça...
Il soupira, mais il n'était pas réellement contrarié.
- Ilario sera là dans 30 minutes. Quand j'ai dit que tu serai en pyjama, il a accepté de suite, dit Chiara
en les rejoignant.
Elle regarda Fabio avec un sourire angélique.
- Tu es avec nous, hein ?
- Je crois que je n'ai pas le choix si le nain débarque pour mater ma soeur, répondit-il en prenant Sofia
par les épaules.
Sofia passa ses bras autour de la taille de Fabio. Parfois c'était casse-pied d'avoir un frère hyperprotecteur mais quand on était malade c'était agréable au contraire.
Quand Anastacia fut mise au courant des projets de Sofia, elle aida Fabio à installer deux matelas par
terre pour les garçons. Si elle n'était pas d'accord, en temps normal, pour que Ilario dorme dans la
même chambre que les filles, la présence de son aîné la rassurait.
Le jeune homme fit le tour de la pièce avec attention, se demandant si le fantôme était toujours là,
mais il ne nota rien de particulier. Il ramassa les livres et les crayons espérant qu'ils resteraient bien à
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leur place. Fabio n'était pas quelqu'un de peureux, mais il n'était pas à l'aise avec les esprits. Il
préférait penser que celui-là s'était égaré et trompé de cible. De toute façon, il ne voyait toujours pas
en quoi il pouvait appartenir à l'un d'entre eux, ni pourquoi Sofia serait une voleuse.
Tout fut prêt quand Ilario arriva à son tour. Après avoir salué les parents de son amie, il ignora
superbement Chiara et vint embrasser Sofia sur le front.
- Maman a insisté pour que je t'amène des pâtes de fruits faites maison. Elle nous en gave quand on
est malade, lui dit-il avec un sourire.
- Ca tombe bien, je n'ai plus la nausée.
Et il n'y avait rien de mieux que de se gaver de douceurs quand on était malade.
Ilario lui sourit avec chaleur et lui donna le tupperware de sa mère. Ils finirent tous par retourner dans
la chambre de Sofia. Chiara sortait de la salle de bain vêtue d'un petit débardeur rose et noir assorti à
un short moulant qui dévoilait ses formes. Même en pyjama, elle restait très sexy et elle ne
désespérait pas que Fabio s'en rende compte un jour.
Les garçons s'installèrent également une fois habillés pour la nuit et les parents de Sofia apportèrent
des plateaux avec du chocolat chaud et des gateaux avant de leur souhaiter bonne nuit. Anastacia
embrassa tout le monde sur le front et donna un nouveau cachet à sa fille.
Ils passèrent la soirée dans une bonne ambiance. Comme d'habitude, Chiara et Ilario s'envoyaient
des vannes, mais, cette fois, le jeune homme ne fut pas trop vache avec elle, même quand elle se
pendit au cou de Fabio lui demandant de la défendre. Elle en fut très surprise d'ailleurs, mais se dit
qu'il ne voulait pas qu'elle contrattaque avec Sofia.
- Alors ? Tu vas sortir avec le mec de l'autre jour ? demanda Ilario en venant s'asseoir sur son lit alors
que Chiara et Fabio avaient ramené la console et cherchaient à quel jeu ils allaient pouvoir se défier.
Il semblait sincèrement intéressé par sa réponse.
Sofia sourit à la question. Elle avait presque oublié qu'elle avait été malade.
- C'est un peu tôt pour le dire. Disons qu'il n'est pas désagréable à l'oeil et qu'il a l'élégance de faire
comme s'il n'entendait pas la moitié des conneries que je raconte.
Ilario se cala un peu mieux et piqua une pâte de fruits.
- Ouais, mais c'est un vieux. Chiara m'a dit qu'il avait quoi ? 24 ans ?
Contrairement à Fabio, Ilario n'avait jamais été surprotecteur envers Sofia, mais il lui disait toujours ce
qu'il pensait. Enfin, presque toujours.
Sofia rit. C'était à peu près ce qu'elle avait dit à Remi.
- Ouais. C'est son principal défaut. D'ailleurs je lui en ai fait la remarque.
- Et il t'a dit quoi ?
Ilario voyait l'arrivée de Remi dans la vie de Sofia d'un sale oeil. Comment pourrait-il lutter face à un
top model de presque 25 ans, qui avait sûrement des tas de choses à raconter ?
Sofia réfléchit une bonne minute.
- Un truc du genre "24 ans. C'est hyper-vieux". Ensuite il a dit que je le prenais pour un vieux pervers
ou quelque chose dans le genre. Bon, faut dire que je venais de lui dire que j'avais pensé qu'il était un
psychopathe.
Ilario sourit, amusé.
- T'as toujours le sens de la formule, toi.
Mais visiblement, cela n'avait pas découragé le blondinet.
- Tu sais, je veux pas faire l'oiseau de mauvais augure, mais les mecs plus vieux et rencontrés en
boite... Enfin, tu vois...
Sofia rit de plus belle.
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- Tu peux quand même faire difficilement mieux que moi. Je l'ai traité d'Annibal Lecter. Mais bon. . . il a
promis de me laisser en vie en échange d'un chiot.
Ilario haussa les épaules et se tourna pour mieux la regarder. Ce n'était pas le bon moment de lui dire
quoi que ce soit vu la présence de Fabio et Chiara, mais il sentait qu'il ne devait pas tarder à lui faire
de ce qu'il ressentait s'il ne voulait pas que cela soit trop tard.
- Hé, l'avorton, tu fais quoi dans le lit de ma soeur ? intervint Fabio en fronçant les sourcils.
Ilario lui fut gré de cette diversion pour une fois.
- En tout bien tout honneur, répondit-il en levant les mains en signe d'apaisement.
Chiara avait un léger sourire en coin en regardant son ami.
- Ouais, ben viens plutôt prendre ta râclée sur un circuit, fit l'aîné en désignant la manette de jeu.
Ilario adressa un regard désolé à Sofia et obéit.
- On va voir qui va perdre, provoqua-t-il Fabio.
Avant qu'il ne parte rejoindre son frère, Sofia embrassa Ilario sur la joue.
- Ne t'en fais pas. Je ne me laisserai pas emporter trop vite à croire que c'est le grand amour de ma
vie.
C'était un peu son défaut et sans doute sa qualité aussi. Elle croyait toujours à fond à ses histoires
d'amour et s'y impliquait complètement. Un peu trop peut-être. Bon, elle était aussi la première à
mettre les voiles quand elle se rendait compte qu'elle s'était trompée.
Chiara prit aussitôt sa place auprès de la malade.
- Contente de ta pyjama-party ?
- Ravie. Mais ne me demandez pas de jouer.
Chiara se pelotonna contre elle, se glissant sous la couette.
- C'est cool, une soirée comme ça.
Elle sourit en regardant Fabio qui menait la partie pour le moment.
- Faudra inviter Remi la prochaine fois, dit-elle avec malice.
- Si j'en suis à partager des soirées pyjama avec lui, soit on sera en passe de se marier soit on se
connaîtra depuis. . . au moins. Bref, ce n'est pas pour demain.
Sofia regarda Chiara avec malice.
- Tu as réussi à faire avancer tes affaires ?
Elle haussa les épaules en réponse.
- Il n'a même pas regardé mon décolleté. Je suis vraiment comme sa soeur, c'est affligeant. Ou alors,
il est gay...
Mais Sofia savait très bien que Chiara n'était pas réellement découragée. Depuis le temps qu'elle
s'accrochait...
Sofia éclata de rire.
- Ca c'est pour ménager ta fierté. Mais c'est bien aussi d'être sa soeur, il fait de très bon câlin.
Elle prit un air de conspiratrice.
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Larmes de Sang 3 – Chasse Royale
Sofia
Une étrange fièvre
- Oh, mais j'en suis certaine, sauf qu'on ne parle pas des mêmes calins, là.
Elle revint à Fabio et soupira. Pourquoi avait-il fallu qu'il soit aussi canon aussi ?
- Et t'aurai pas envie d'un calin avec Ilario, toi ? murmura-t-elle tout bas pour que les garçons
n'entendent pas.
- Ilario ?
C'est vrai que Sofia n'y avait jamais pensé, mais Ilario devait faire des câlins aussi bien que ceux de
Fabio.
- Pourquoi pas. Mais je ne pense pas que Fabio soit prêt à partager sa soeur. - ajouta-t-elle avec un
clin d'oeil.
Chiara sourit en coin. Elle n'était pas sûre de s'être bien fait comprendre, mais elle n'insista pas. Elle
avait été gentille d'avancer un pion pour Ilario, mais elle n'allait pas lui mâcher le boulot.
- ça, c'est sûr. Je plains d'avance le mec qui voudra t'épouser, dit-elle dans un léger rire. Il a intérêt à
être bien accroché parce qu'entre ton père, ta mère et ton frère...
- Ce sera les fourches caudines.
Sofia n'était pas sûre de l'expression qu'elle venait d'employer mais ce n'était pas bien grave, Chiara
ne devait pas en savoir plus sur le sujet.
- Enfin, un bon test. S'il reste, je saurai que c'est l'homme de ma vie. . . enfin, surtout que je suis la
femme de sa vie. Reste à espérer, que lui sera l'homme de ma vie.
Chiara n'avait rien compris à l'expression qu'elle avait employée, mais n'en dit rien.
- Mais oui, et vous ferez plein de bébés ! se moqua-t-elle gentiment en la prenant dans ses bras.
La jeune fille s'amusait beaucoup de l'ambition de famille de son amie, même si, secrètement, elle
rêvait tout autant de trouver son prince charmant et d'avoir des enfants avec lui.
Sofia essaya de glisser quelques chatouilles.
- Et toi tu seras leur marraine la fée.
Oui, ce serait vraiment parfait. Une vie rêvée. Et il y aurait aussi des animaux. Plein. Elle n'avait pas
encore décidé complètement lesquels. Des chats et des chiens. . . mais pour le reste ça n'arrêtait pas
de changer. Ca dépendrait aussi de la taille de la maison.
Chiara éclata de rire, ce qui fit se retourner les garçons. Mais ils étaient tellement dans leur partie
qu'ils se concentrèrent très rapidement sur leur écran.
Ils se couchèrent tard. Sofia avait fini par ressentir la fatigue et s'était endormie la première, suivie de
Chiara. La fièvre semblait avoir baissé et, cette fois, son sommeil ne fut pas perturbé. Le fantôme ne
revint pas non plus. Tout semblait rentrer dans l'ordre, du moins pour le moment.
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