Téléphone portable, souris, télécommande, clés

La matière, pour nous, est un
ensemble d’ « images ». Et par
« images » nous entendons une
certaine existence qui est plus
que ce que l’idéalisme appelle
une représentation, mais moins
que ce que le réalisme appelle
une chose, - une existence située
à mi-chemin entre la « chose » et
la « représentation ».
D’après le dictionnaire Le Petit Robert, un embryon est
« ce qui commence d’être, mais qui n’est pas achevé. »
À quoi ressemblent les images de ce qui commence
d’être, mais qui n’est pas achevé ? Par exemple, à une
photographie d’une graine de haricot entrouverte par son
germe, ou encore, à une échographie de fœtus de
mammifère. Tous ont en commun une apparence
sphérique qui tend à se « déformer » pour se « former »
ou « s’informer ».
H. Bergson, Matière et mémoire.
Et si j’informais ce type d’images en elles-mêmes en y
introduisant du temps ?
Le temps d’enregistrement d’un scanner consiste en un
balayage régulier de lumière sur un plan linéaire. La face
de l’image posée contre la vitre d’enregistrement reste
généralement figée afin de la mémoriser uniformément.
Que se passe t-il si l’image se met à devancer ou à
rétrograder la lame du balayage ? L’image se met à se
contracter et à se dilater. C’est de cette manière que
l’image s’informe de son temps d’enregistrement en une
frise, où je tente de travailler l’image de sa compression
maximum à son étirement maximum. Entre ces deux
stades extrêmes, les données de l’image fixe perdent leur
lisibilité pour donner l’impression de n’être qu’une matière
abstraite voire informe.
Entre ces aléas de la forme à l’informe, je cherche à voir
où se situent les limites de l’image.
EMBRYOGENESE - Conception du projet : novembre 2006