Les Fils de la Charité Région France

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Les Fils de la Charité Région France
Les Fils de la Charité
Région France
Paris, le 14 juin 2007
Parole du Seigneur Dieu : Maintenant, j’irai moi-même à la recherche de
mes brebis, et je veillerai sur elles. […] La brebis perdue, je la
chercherai, l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la
soignerai. Celle qui est faible, je lui rendrai des forces. Celle qui est
grasse et vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître avec justice.
(Ezékiel (34, 11-6)
Paul Uzureau est né le 5 novembre 1924 à Yzernay dans le Maine et Loire. Il a eu 3 frères et une
sœur. Son père était charpentier charron, son frère est devenu ébéniste. Et lui-même a toujours gardé un
amour du bois et du travail du bois, et un esprit artisan qui aime le travail bien fait, qu’il soit manuel ou
pastoral.
Après des études secondaires au petit séminaire de Beaupréau et trois ans de grand séminaire à Angers,
il entre chez les Fils qu’il a connus par une colonie de vacances avec des enfants de Clichy et Pierre
Dupé. Il fait ses premiers vœux le 7 octobre 1946 et est ordonné prêtre le 29 juin 1948. Il a d’abord été
nommé vicaire à Bègles (1948-1954) puis à Colombes, à St Etienne-St Henri (1954-1957), avant d’être
malade presque une année durant laquelle il a résidé à Belleville. Il retourne à Colombes, au Sacré
Cœur, vicaire de Louis Rétif de 1958 à 1966. Cette expérience du Petit Colombes et du secteur
missionnaire de la Boucle le marquera fortement et d’ailleurs il ne manquait pas d’évoquer
l’effervescence des recherches et innovations pastorales vécues là-bas.
Nommé ensuite curé à Gentilly (1966-1974) il trouve un secteur de Mission Ouvrière très différent, qui
vient d’envoyer dans le monde du travail trois Prêtres ouvriers et trois autres à mi-temps, dont ses deux
vicaires. Seul vrai permanent en paroisse, en ces années 1968 « il a dû souvent se battre contre sa
timidité pour faire que la "paroisse" prenne place dans l’échiquier apostolique du moment. Sans doute
n’était-il pas tout seul parmi les curés du secteur, mais il devait assumer sa sensibilité pastorale dans cet
ensemble. De là est née l’amitié que je lui porte, pour avoir compris sa solitude et la peine qu’il en
ressentait » dit l’un de ses vicaires. Il quittera cependant Gentilly avec du regret pour aller à Bezons de
1974 à 1979. Il sera ensuite à Poissy de 1979 à 1983. Puis curé de St Jean Baptiste de Belleville à Paris
19°. Assez fier de son ministère dans ce quartier e t cette communauté il put en particulier trouver là
beaucoup de connivences avec ce trait marquant de sa personnalité qu’était la sensibilité artistique.
Il a permis à beaucoup de prendre des responsabilités et avait une grande capacité à faire travailler
ensemble aussi bien prêtres que laïcs. Homme de convictions pastorales, il savait être accueillant à
d’autres types d’approche. Ses milliers de photos ont mis en valeur non seulement les beautés de la
montagne, qu’il affectionnait, et sa famille et amis, mais aussi les beautés de la ville, des rues, des
courées et des gens, et celles des activités paroissiales ou du quartier. Elles constituent un beau
témoignage de son amour pastoral. En 1995, à 71 ans, il part à Colombes, à St Pierre-St Paul où il
restera jusqu’au départ de l’Institut de cette paroisse, en 2003. Il avait alors 79 ans et, jouissant d’une
bonne santé, il a étonné le Conseil en demandant d’aller sur un nouveau terrain à Villeneuve St Georges.
Paul était un pasteur et il voulait vivre sa retraite à son rythme, profitant davantage de ses amis, mais
n’imaginant pas de rester pastoralement inactif.
Il aimait célébrer au cœur de son peuple et les gens ne s’y trompaient pas. En président l’Eucharistie, il
était celui qui prie avec les autres : «Je suis heureux de célébrer non comme une dévotion personnelle,
disait-il, mais avec un peuple rassemblé pour célébrer dans la joie tout ce qui a été vécu dans la
semaine… la messe c’est le mémorial du Christ qui donne sa vie pour tous les hommes ; c’est toute la
vie des hommes que le Christ vient sauver »
Il portait une grande attention à la préparation des jeunes au mariage, aux jeunes couples, aux foyers ; il
avait un don certain d’accompagnement à leur égard. Ils ont été sa vie jusqu’à la fin et l’ont rendu
heureux. Il a tissé de nombreuses amitiés avec des foyers de tous âges. Il aimait aussi animer le
catéchuménat, l’école de la foi « Mon souci, disait-il, quand je rencontre des gens c’est de les accueillir
pour les aider à passer de la religion à la foi et leur révéler Jésus Christ, Dieu Amour ... L’expérience de
Dieu n’est vraie que si elle se traduit par une ouverture aux autres… il faut aider les gens à rendre
compte de leur foi ».
Il disait dans sa prière : « Seigneur, j’ai vécu un peu de ta force sur le visage de ceux dont l’amour a été
brisé et qui cherchent à se reconstruire. J’ai vu un peu de ta lumière à l’école de la foi dans l’assiduité de
ces grand’mères, de cet Africain, de ces Antillais, de ces gens qui se parlent et qui partagent »
Il avait une présence attentive à tous ceux qu’il rencontrait. Il ressentait les choses très profondément et
avait une sensibilité très forte qu’on pouvait blesser… Lui-même pouvait parfois se montrer maladroit et
s’en excusait aussitôt.
Très bon, amical, il était très fidèle à sa famille et à ses nombreux amis que son carnet d’adresses
compte par centaines. Il en avait un peu partout en France et n’était pas à un détour près pour les
retrouver. Il aimait reprendre à son compte une citation du philosophe Paul Ricœur : « L’amitié me rend
heureux. Elle me tient en vie. J’ai une obligation d’être à la hauteur de la confiance que me font mes
amis. L’amitié est l’une des sources du renouvellement et de l’admiration. »
Il lisait beaucoup et se tenait au courant des ouvrages récents qui marquaient l'opinion publique
ecclésiale. Jeune d’esprit il était curieux des techniques contemporaines, bien sûr photographiques mais
aussi informatiques, à plus de quatre vingt ans il cherchait toujours à se perfectionner dans l’usage de
son ordinateur. Et il avait la simplicité de demander de l’aide.
Plus que tout la beauté le passionnait, celle de la montagne et des nombreuses courses ou randonnées
faites avec ses amis Fils. Tout récemment, en octobre dernier, « il a vécu quelques jours de vrai bonheur
en Savoie : le temps était merveilleux et il a pu pleinement profiter de quelques belles ballades et des
paysages colorés de l’automne pour prendre des photos » dit Philippe.
Il aimait l’art floral et le Cantique des Créatures de St François. Ses photos étaient souvent prières ou
paraboles : l’ombre d’une croix sur une vieille chapelle, un champ de fleurs, un berger et son troupeau...
Il a manifesté une grande sensibilité à la vie communautaire, et en particulier à la convivialité fraternelle
dans la vie communautaire. Angevin jusqu’au bout des ongles il aimait sa province et faire apprécier ses
vins. Toujours serviable et délicat, il était heureux de proposer ses compétences .
Et il aimait l’Institut, ne le critiquant jamais trop, toujours nuancé.
Ces dernières années, il était un frère pacifié et calme, sage et serein, d’humeur toujours égale…
Bien qu’ayant connu les responsabilités durant de longues années, il faisait confiance aux plus jeunes et
il était toujours disponible quand nous avions besoin d’un avis ou de prendre du recul pour mieux
discerner. Energique et courageux jusque dans la maladie qui l’a emporté, il gardait jusqu’au bout le
souci pastoral. En soins à l’hôpital il tenait cependant, au prix d’un gros effort, à donner son avis dans les
projets de l’Institut et de sa communauté. Il répétait souvent qu’il était heureux dans cette équipe et cette
ville, même si la perspective des changements pour cette année l’inquiétait un peu.
A l’occasion de ses quatre-vingts ans, il écrivait : « Chaque âge est l’âge de vivre. A chacun de se
demander où il en est, à chacun de mesurer les pas qu’il lui reste à faire. La vie nous a peut-être
meurtris, nos fragilités et nos faiblesses nous ont diminués, le doute est là tenace parfois, la solitude du
cœur nous pèse. Et pourtant, chacun à notre rythme, c’est vers la vie que nous avançons. Chaque jour
nous renouvelle et nous rapproche de ce Dieu qui nous aime et nous attend. Il nous faut chaque matin
demander la grâce d’une foi profonde qui tienne notre vie et notre cœur dans la sérénité. »
Et plus récemment : «Nous sommes chrétiens, mais notre foi nous laisse pauvres devant Dieu »
« Ma santé me fait oublier mon âge, je ne peux plus faire de projets à long terme. Il me reste quelques
années à vivre et la foi me conduit à les vivre dans un abandon total à Dieu »
Ces dernières semaines où la mort est venue brutalement l’empoigner, Paul a su faire confiance à ses
frères d’équipe et à ses amis jusqu’à ce jour du 11 juin où il a rejoint Celui à qui il avait tout donné.
Nous l’accompagnerons le vendredi 15 juin, fête du Sacré Cœur et fête de tout l’Institut...
La cérémonie des funérailles se déroulera à 14 heures
en l’église Notre Dame de Lourdes
à Villeneuve St Georges
suivie de l’inhumation à 16h30 dans le caveau des Fils de la Charité
au cimetière d’Issy-les-Moulineaux