Craig Cooning : « Boeing a un projet de constellation haut débit
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Craig Cooning : « Boeing a un projet de constellation haut débit
Craig Cooning : « Boeing a un projet de constellation haut débit avec des milliers de satellites » Anne Bauer Le 13/09 à 06:00Mis à jour à 09:06 Craig Cooning est président de Network and Space Systems, la division chargée des activités spatiales (exploration, missiles, satellites et cybersécurité) au sein de Boeing. - DR Cette semaine se tient à Paris la World Satellite Business Week, le rendez-vous de l'industrie de l'espace, quelques jours après l'explosion, le 1er septembre, d'une fusée de SpaceX. Celui-ci est venu rappeler que le secteur est toujours très risqué même si ULA, la coentreprise de Boeing et de Lockheed, a fêté son 110e tir sans incident. Entretien avec Craig Cooning, à la tête de la division chargée des activités spatiales chez Boeing. Comment évoluent les activités de Boeing dans le spatial ? Elles sont à peu près stables. Aujourd'hui, nos principaux projets sont pour la Nasa. Il s'agit de la construction de la capsule Starliner, le nouveau véhicule spatial qui pourra transporter jusqu'à 7 astronautes vers la Station spatiale internationale. Il sera à l'essai l'an prochain pour un premier vol habité en 2018. Nous travaillons aussi sur la plus puissante fusée jamais réalisée, Space Launch Systems (SLS), dont le premier vol est prévu en 2018. Destinée à l'exploration de l'espace profond, notamment la conquête de Mars, elle est en cours de construction en vue d'un premier vol en 2018. Autrement dit, quasiment demain. Pour avoir une idée, SLS aura 117 mètres de hauteur, soit environ deux fois la taille d'Ariane 5. Comment avez-vous encaissé la baisse des commandes de Washington ? Alors que nous sommes sans doute le numéro deux mondial dans la fabrication de satellites, notre activité a effectivement atteint un point bas en raison de la baisse des dépenses du gouvernement. 2017 sera, je pense, le creux du cycle, avant un nouvel effort de modernisation de l'Etat de sa flotte satellitaire. Boeing a aussi rencontré des difficultés sur le marché privé des satellites, car l'interruption des activités de l'agence de crédit aux exportations américaine Eximbank, voulue par le Congrès, nous a fait perdre des contrats. Le groupe a dû licencier près de 1.000 personnes dans sa branche satellites l'an dernier. Le marché des satellites va-t-il repartir à la hausse ? Je n'envisage pas de reprise très forte dans l'immédiat. D'abord parce que les derniers échecs des lanceurs Proton (ILS) et Falcon 9 (SpaceX) vont retarder de nombreux programmes. Ensuite, parce que les opérateurs de satellites doivent revoir leurs besoins à l'aune de l'avènement des satellites à haut débit (HTS), qui sont bien plus performants que les précédents satellites. En 2016, l'industrie des satellites géostationnaires enregistre sa plus faible croissance depuis dix ans. Que pensez-vous de l'engouement pour les constellations en orbite basse ? La demande de connectivité croissante et le besoin d'une faible latence plaident pour leur développement. Boeing a dans ses cartons un système global haut débit (à partir de milliers de satellites) afin de fournir des services de télécommunications aux acteurs privés comme au gouvernement. Le groupe a déposé une demande de licence auprès de la Commission fédérale américaine des communications (FCC). Dans un pays aussi grand que les Etats-Unis, l'apport du haut débit par satellite sera très compétitif avec la fibre dans nombre de lieux, aussi espéronsnous que le gouvernement n'écartera pas les opérateurs de satellites de la compétition pour la 5G au profit des opérateurs terrestres. Comment avez-vous réagi à l'explosion le 1er septembre d'une fusée Falcon 9 ? Cet accident montre toute la difficulté du business de l'espace. Pour des milliers de choses qui vont bien, une seule erreur peut avoir des conséquences désastreuses. Pour notre activité satellites, c'est une mauvaise nouvelle, car cela va décaler les commandes dans le temps en attendant que l'enquête soit bouclée et les réparations réalisées. Rappelons que United Launch Alliance (ULA), la société que nous codétenons avec Lockheed Martin, a été créé il y a dix ans sous l'impulsion du gouvernement américain après quatre tirs ratés. Actuellement, ULA travaille sur une nouvelle fusée, Vulcan Centaur, qui mise sur la réutilisation des moteurs fusées du premier étage. Un vol test est prévu pour 2019. A. B., Les Echos En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/0211278978948-craigcooning-boeing-a-un-projet-de-constellation-haut-debit-avec-des-milliers-de-satellites2026839.php?Zom8l8IETzeupvFI.99