Patrimoine Historique – Versailles
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Patrimoine Historique – Versailles
Architecture hospitalière - numéro 14 - 2015 - Renaissance de l’ancien hôpital royal de Versailles Renaissance de l’ancien hôpital royal de Versail es : Réhabilitation et requalification d’un patrimoine remarquable du XVIIIe siècle situé en cœur de vil e La réhabilitation de l’ancien hôpital royal de Versailles s’achève. C’est la fin d’une longue opération qui a permis de sauver ce patrimoine remarquable du XVIIIe siècle, trois fois incendiés et qui était menacé de disparition. Classé monument historique, il était abandonné depuis 10 ans lorsque la Ville de Versailles a décidé de le faire revivre. Depuis 2009, cette réhabilitation, confiée à l’architecte Jean-Michel Wilmotte avec Frédéric Didier, architecte en chef des Monuments historiques, est conduite par le promoteur Ogic. La réalisation des nouveaux jardins publics a été assurée par les paysagistes François Neveux et Bernard Rouyer. Avec 28 000 m2 de surface, cette opération constitue, aujourd’hui, l’un des plus importants projets français de réhabilitation en cœur de ville. Elle a permis de requalifier un îlot urbain complet avec la création de trois nouveaux axes de circulations douces, trois jardins publics, 91 logements sociaux dont une résidence étudiante, 227 logements en accession libre, un nouvel espace culturel, une crèche, cinq commerces et des bureaux pour profession libérale. L’ancien hôpital royal, histoire d’une renaissance Commencée en 1781 sous la direction de l’architecte Charles-François Darnaudin, la construction de l’Hôpital royal de Versailles s’est étalée sur près de 80 ans, ne s’achevant qu’en 1859. Les plans initiaux, dessinés par Ange-Jacques Gabriel et un architecte moins connu nommé Gravois, ont été respectés avec une grande fidélité, même si des modifications ont été apportées aux XIXe siècle, comme, par exemple l’adjonction d’une aile basse sur le flanc sud du quadrilatère. Il n’en demeure pas moins que l’ensemble architectural affiche une remarquable homogénéité. Comme l’explique Michel Gallet dans son ouvrage « Les Architectes parisiens du XVIIIe siècle : Dictionnaire biographique et critique » (édition Mengès), « le plan emprunte la forme d’un H. La chapelle y occupe le milieu de la barre horizontale, de manière à séparer les salles des deux sexes. La colonnade circulaire du rez-de-chaussée soutient à l’étage la tribune des malades. Quatre niches placées sur les diagonales raccordent le cercle central au carré qui l’inscrit. Une coupole coiffe le tout, si bien que l’édifice néo-classique associe Sainte-Constance, le Panthéon et les tepidaria des thermes impériaux. En façade, le péristyle dorique est d’un palladianisme sévère. » Dès l’origine, le site de Richaud s’est vu affecter une destination hospitalière. D’abord modeste « maison de charité », tenue par les Filles de Saint-Vincent de Paul sous Louis XIV, l’hôpital n’a cessé d’accueillir des malades chaque année plus nombreux, jusqu’aux années 1960. Au XXe siècle, avec l’accroissement des besoins de l’hôpital, de nouveaux bâtiments ont été construits mais, cette fois, sans aucun plan d ‘ensemble imposé. Il en a résulté une grande confusion dans l’organisation générale de l’hôpital et une hétérogénéité des constructions. Simultanément, le quadrilatère historique a subi toutes sortes de transformations visant à augmenter la surface disponible et à mettre aux normes les installations techniques. Néanmoins, malgré les altérations très dommageables, les structures architecturales n’ont pas été dénaturées de manière irréversible. Après le transfert des activités hospitalières vers le site de Mignot en 1981, Richaud allait connaître de longues années d’abandon, aboutissant à des dégradations rapides et même à des destructions provoquées par trois incendies successifs, dont le tout dernier en 2009. La sauvegarde et la réhabilitation du site, promesse de campagne de François de Mazières, député-maire de Versailles, en 2008, étaient devenues une priorité pour l’équipe municipale. Elle s’est étalée sur quatre ans et a permis de requalifier une zone urbaine majeure de Versailles. Etat des lieux avant la réhabilitation Le bâtiment s’organise sur la base d’un plan en forme de H, composé en son centre d’une aile principale magnifiée par la chapelle et par deux grandes ailes placées perpendiculairement à la première. Ajoutée au XIXe siècle, une aile plus basse a été édifiée sur le flanc sud, percée dans l’axe par un porche monumental. L’organisation spatiale reprend des dispositions courantes au XVIIIe siècle, avec la chapelle comme point focal, attirant les regards tant par son volume couronné d’un grand dôme que par sa qualité architectural. Elle assure la séparation des sexes dans l’hôpital, les femmes occupant la partie occidentale et les hommes la partie orientale. Les étages sont desservis par deux grandes cages d’escalier situées chacune dans les barres du H. Elles ne sont pas rigoureusement symétriques, celle de l’aile orientale ayant été avancée pour ménager un passage cocher qui formait, à l’origine, l’accès principal à l’hôpital. L’ordonnancement souhaité par Darnaudin a été bouleversé lors de l’achèvement de la construction au milieu du XIXe siècle. Les pavillons terminaux des extrémités sud des grandes ailes ont été doublés par d’aitres pavillons rigoureusement identiques. Pour clore la composition, des pavillons bas à deux travées ont également été ajoutés. Hormis les dégâts provoqués à la fois par l’abandon total d’entretien et par les incendies successifs, le bâtiment se trouve dans un état presque idéal. A la faveur du curetage intérieur, les espaces intérieurs ont retrouvé leurs volumes originels, purgés des adjonctions, cloisonnements, et entresols ajoutés au fil des ans pour répondre aux besoins de modernisations de l’établissement hospitalier. L’ampleur et la générosité données aux salles des malades, la distribution rationnelle et rigoureuse du complexe, réapparaissent dans toute leur force et confère à l’ensemble une remarquable et indéniable valeur patrimoniale. L’ancien oratoire des Sœurs, aménagé en 1860 par l’architecte Béraud à l’extrémité sud de l’aile réservée aux femmes, avait même conservé ses décors de boiseries et de gypseries, malheureusement fortement endommagés par les incendies et des actes de vandalisme. L’état sanitaire des structures de charpente était relativement sain, à l’exception notable des parties inférieures en contact avec les ouvrages maçonnés. 13