Terres OléoPro, la marque française des huiles et protéines

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Terres OléoPro, la marque française des huiles et protéines
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>> Mars 2006 - numéro 66
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Temps fort
Biocarburants
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Coup d’accélérateur
sur le Diester
Billet
Repères
De la graine
au Diester
Le Diester,
une élaboration
de près de 20 ans
p.6
p.8
La genèse
d’une filière agro-énergie
Comprendre
Bilan
p.11
Le Diester, un atout
à la fois économique
et environnemental
Découvrir
Les métiers
de Sofiprotéol
p.13
Le Diester, une démarche
gagnant-gagnant entre
l’agriculture et la société
L’année 2005 a mis en évidence la force, sur un marché mondialisé, d’une filière
agricole qui a su anticiper et innover. Lorsque, dans les années 90, la filière
oléagineuse s’est lancée dans la course du biocarburant Diester, elle avait pour
objectif de valoriser les productions des agriculteurs en préservant leur activité alors
que l’Union européenne venait d’introduire la jachère
obligatoire. Aujourd’hui, ce marché en pleine croissance
permet de mieux les rémunérer et de les affranchir du
marché mondial très concurrentiel.
Gérer le patrimoine industriel
de la filière
En savoir plus
Diester,
le secret de l’Or Vert
Prolea.com
A lire
Agenda
p.12
Xavier Beulin,
Président de la FOP
Avec l’engagement des Pouvoirs publics sur les biocarburants, il est clair que le Diester va continuer à assurer des
débouchés conséquents pour les cultures oléagineuses.
Demain, le débouché Diester aura rattrapé, voire dépassé
le débouché alimentaire.
Toutefois, les Pouvoirs publics doivent pérenniser les systèmes qui rendent les
biocarburants viables dans leur phase de développement. La preuve est faite que
les biocarburants sont un véritable levier pour l’activité économique des régions,
l’aménagement du territoire, l’emploi et, bien sûr, l’environnement.
Il ne faut donc pas considérer leur développement comme un sujet “agricoloagricole”. En soutenant leur croissance, le Gouvernement s’est engagé dans
une démarche gagnant-gagnant avec le monde agricole et avec la société.
Rappelons, en effet, que sur les trois sujets majeurs – santé-environnement,
emploi, énergie –, ces nouveaux débouchés apportent des réponses concrètes
et significatives.
Temps fort
BIOCARBURANTS
Coup d’accélérateur
sur le Diester
Ces deux dernières années, les filières biocarburants ont profité d’un
environnement politique très favorable, aux niveaux européen et français.
Ce qui amène aujourd’hui la filière Diester au seuil d’une phase de
développement sans précédent.
e 7 septembre 2004, le Premier ministre
Jean-Pierre Raffarin, en visite à l’unité
Diester de Venette, près de Compiègne,
annonce un Plan français de développement des biocarburants en deux étapes. La
première étape consiste à tripler d’ici 2007 la
quantité de biocarburants bénéficiant d’une
réduction partielle de la taxe intérieure de consommation (TIC, anciennement appelée TIPP). La
deuxième étape, annoncée par Dominique de
Villepin en septembre 2005, permettra de
poursuivre le développement de la filière dans
les années 2008-2010. Cet engagement de l’État
français, qui place aujourd’hui la filière Diester
dans une perspective de croissance forte, résulte,
il faut le rappeler, d’une volonté européenne
affirmée.
L
● Un contexte international porteur
La promotion des biocarburants est en effet une
ambition avouée de l’Union européenne depuis
son adhésion au protocole de Kyoto, en 1997,
dans lequel l’UE s’est engagée à réduire, entre
2008 et 2012, ses émissions de gaz à effet de
serre de 8 % par rapport à celles de 1990. Or, le
protocole de Kyoto, ratifié par un nombre
suffisant d’États, est entré en vigueur en février
2005...
Devant ces échéances, la Commission européenne
a lancé le Programme européen sur le changement climatique (PECC), afin de déterminer les
mesures les plus bénéfiques et rentables sur le
plan environnemental. Le constat est simple :
entre1990 et 2010, les émissions de CO2 dues
aux transports devraient augmenter de 50 %, le
transport routier contribuant à raison de 84 % à
zoom
Un régime fiscal adapté
Pour remplir les objectifs du plan biocarburants, l’attribution de nouveaux agréments
permettant l’implantation d’unités de
production et la montée en puissance des
volumes produits ne suffisent pas : instaurer un régime fiscal favorable est également
nécessaire.
Il s’agit en premier lieu d’une exonération
partielle de taxe intérieure sur les produits
pétroliers (TIPP), pour les biocarburants
produits dans des unités agréées : concernant les EMHV incorporés au gazole ou au
fioul domestique, cette exonération a
progressivement été réduite en passant de
40 €/hl à l’origine (1992 à 1996) pour
permettre le démarrage de la filière, à
2 Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006
33 €/hl dès 2004. La loi de Finances 2006
réduit cette exonération, l’amenant à 25 €/hl
au 1er janvier 2006, amenant la fiscalité
réelle pour les EMHV à 17 €/hl. Pour les
esters éthyliques d’huiles végétales (EEHV),
elle met en place une exonération partielle
de 30 €/hl.
Il s’agit ensuite d’inciter les opérateurs
(raffineurs, grandes surfaces et indépendants) à l’incorporation de biocarburants
dans le gazole et les essences, par l’instauration d’un prélèvement supplémentaire de
TGAP (Taxe Générale sur les Activités
Polluantes), depuis la loi de Finances 2005 :
le taux de ce prélèvement est minoré, pour
chaque catégorie de carburant, à concurrence
de la proportion de biocarburants incorporés
dans l’année civile. Le taux fixé à 1,2 % en
2005, 3 % en 2007, 5,75 % en 2010, est modifié
dans la loi de Finances 2006, pour passer à
1,75 % en 2006, 3,5 % en 2007, 5,75 % en 2008,
6,25 % en 2009 et 7 % en 2010. En parallèle, le
Gouvernement s’est engagé à modifier en
2006 les normes d’incorporation des biocarburants dans les carburants fossiles après
avoir réalisé les essais nécessaires avec l’IFP.
Le taux d’incorporation banalisé du biodiesel
dans le gazole en France pourra donc passer à
10 % en volume dès la fin 2006 sachant que
les Pouvoirs publics ont saisi le CEN (Comité
Européen de Normalisation) pour que ce taux
soit étendu au niveau européen
C OUP D ’ACCÉLÉRATEUR
ces émissions ! En parallèle, la croissance de la
demande pétrolière mondiale, soutenue par
l’explosion des besoins chinois, alimente une
véritable envolée des prix du pétrole depuis 2004.
La question de l’indépendance énergétique
vis-à-vis de ressources pétrolières moins disponibles se repose ainsi avec force à tous les
gouvernements des pays riches.
● L’UE fixe le cadre
Le développement des biocarburants est donc
reconnu comme une solution intéressante pour répondre à l’objectif de réduction des émissions de
gaz à effet de serre, mais aussi pour participer à
la diminution de la dépendance européenne
vis-à-vis du pétrole (actuellement de 98 %) et au
développement d’industries nationales créatrices
d’emplois.
Au sein de l’Union européenne, la promotion des
biocarburants passe désormais par deux directives. D’une part, la directive 2003/30/CE
prévoit que les États membres fixent des objectifs
nationaux indicatifs de biocarburants mis sur le
marché, avec deux valeurs de référence : l’une à
2 % de la valeur énergétique des combustibles
mis sur le marché des transports pour fin 2005 ;
l’autre à 5,75 % pour fin 2010. D’autre part, la
directive 2003/96/CE vise à harmoniser la
fiscalité sur les produits énergétiques, prévoyant
en particulier la possibilité pour chaque État
membre d’exonérer (ou d’appliquer des taux
d’imposition réduits) les sources d’énergies
renouvelables, les biocarburants, les produits
d’énergie utilisés dans le cadre de projet pilotes...
● La France met
les “bouchées triples” en 2004
En 2004, les directives européennes sur la
promotion et la fiscalité des biocarburants ont
commencé à porter leurs fruits en France. Avec
l’annonce du plan Climat (22 juillet 2004),
l’objectif de réduction des émissions de gaz à
effet de serre est affiché clairement comme une
des priorités du Gouvernement.
Pour atteindre l’objectif de 2 % de biocarburants
dans la consommation de carburants, le Premier
ministre lance le “Plan biocarburants” à l’automne
2004, et annonce de nouveaux agréments
(volumes bénéficiant d’une réduction partielle de
SUR LE
D IESTER
Diester®,
marque déposée
par Sofiprotéol,
est devenu
un terme commun
pour désigner
en France,
les EMHV (ester
méthylique d’huile
végétale), encore
appelés biodiesel
en Europe.
Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006 3
Temps fort
Face à l’enjeu
que constituent
notre
dépendance
énergétique
et la lutte
contre l’effet
de serre, le
Gouvernement
appuie
fortement le
développement
des
biocarburants
issus de la
transformation
des huiles
végétales.
la TIPP) pour 800 000 t de biocarburants, soit
480 000 t pour le biodiesel et 320 000 t pour
la filière bioéthanol, auxquels s’ajoutent 80
000 t de biodiesel annoncés en mai 2005
pour l’unité de Sète.
● Trois nouvelles unités de Diester
Des appels d’offres sont lancés début 2005, pour
la construction d’unités de transformation qui
permettront de tripler d’ici à 2007 la production
de biocarburants. Au terme de la procédure
d’attribution de ces nouveaux agréments,
Diester Industrie bénéficie d’agréments pour les
unités en projet à Compiègne (Oise), Le Mériot
(Aube), Montoir/St-Nazaire (Loire-Atlantique), et
pour l’unité en construction à Sète (Hérault), sans
pour autant couvrir la totalité de la capacité de
l’outil de production. Ces agréments promis pour
2007 ont néanmoins permis à Diester Industrie
d’engager les investissements sur les nouvelles
unités ; en particulier sur le site du Mériot qui
accueillera également une nouvelle usine de
trituration réalisée par Saipol et des partenaires
coopératives et négociants régionaux.
Mais il n’est pas question de s’arrêter en si bon
chemin. Le lancement de la deuxième phase du
plan biocarburants français, est lancée début
septembre 2005 par le Premier ministre, Domi-
repères
nique de Villepin, qui laisse entendre que
l’objectif serait d’atteindre un taux d’incorporation de 5,75 % de biocarburants dès 2008.
L’annonce est confirmée le mardi 13 septembre
2005 au Space, le Premier ministre précisant
qu’il fallait aller plus loin et atteindre 7 % en 2010
et 10 % en 2015. Pour remplir l’objectif de 5,75 %
en 2008, il a lancé un appel d’offres de 1,8 Mt en
novembre 2005 : ces nouveaux agréments concernent 1 335 000 t de biodiesel et 465 000 t
d’éthanol.
● Accélération pour 2008
Face à l’enjeu que constituent notre dépendance
énergétique et la lutte contre l’effet de serre,
Diester Industrie a donc immédiatement lancé
des études pour augmenter les capacités des
outils existants ou en projet et répondre à ce
nouvel appel d’offres. Sur la totalité des 2,3 Mt
d’agréments disponibles en 2008, Diester
Industrie estime pouvoir assurer la production de
1,8 Mt de Diester. C’est sur cette base que la filière
a répondu aux nouveaux appels d’offres du
Gouvernement.
(Fin de rédaction-Février 2006)
Montée en puissance prévue des volumes agréés
Volumes de biocarburants agréés pour le gazole ou le fioul domestique
En 2004
387 500 t
Pour 2007
(plan biocarburants - vague 1)
387 500 t + 560 000 t = 947 500 t
Pour 2008
(plan biocarburants vagues 1 et 2)
387 500 t + 560 000 t + 1 335 000 t = 2,3 Mt
4 Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006
C OUP D ’ACCÉLÉRATEUR
Deux années clés pour le Diester
Annonce publique par le Premier
ministre Jean-Pierre Raffarin
de la mise à disposition de
80 000 tonnes d’agréments pour
le projet d’implantation d’une unité
d’estérification à Sète. Confirmation de cette annonce le 6 mai 2004
par le ministre de l’Agriculture
Dominique Bussereau au congrès
Agora Proléa.
22 juillet 2004
Lancement du Plan Climat 2004
par Serge Lepeltier, ministre de
l’Écologie et du Développement
Durable. 60 mesures pour prévenir le réchauffement climatique en
réduisant les émissions de gaz à
effet de serre, concernant les
secteurs des transports, l’industrie, l’habitat. Dont la promesse de
remplir les objectifs européens de
5,75 % de biocarburants en 2010,
permettant un gain de 7 Mt de CO2
chaque année.
13 juillet 2005
Adoption de la loi d’orientation sur
l’énergie stipulant que “l’État crée
notamment par l’agrément de
capacités de productions nouvelles, les conditions permettant
de porter, conformément à nos
engagements européens, à 2 % au
31 décembre 2005 et à 5,75 % au
31 décembre 2010 la part des
biocarburants et des autres
carburants renouvelables dans la
teneur énergétique de la quantité
totale d’essence et de gazole mise
en vente sur le marché national à
des fins de transport.”
1er septembre 2005
À l’occasion de la conférence de
presse de rentrée, le Premier
ministre Dominique de Villepin
annonce qu’il “souhaite que nous
parvenions à porter la consommation de biocarburants à 5,75 % du
total des carburants mis en vente
sur le marché national à des fins
de transport dès 2008”.
7 septembre 2004
Le Gouvernement français
annonce le triplement de la
production de biocarburants français d’ici 2007, avec lancement
d’un appel d’offres pour l’attribution de 800 000 t de nouveaux
agréments auxquels s’ajoutent
80 000 tonnes de biodiesel annoncés pour Sète en début d’année.
30 décembre 2004
La loi de Finances 2005 instaure
une “sanction” financière pour les
distributeurs d’essences et de
gazole qui ne respecteraient pas
les niveaux réglementaires d’incorporation de biocarburants.
2 février 2005
Le Gouvernement répartit les
800 000 t d’agréments pour 2007
entre 480 000 t pour la filière
biodiesel et 320 000 t pour la filière bioéthanol.
D IESTER
➠ Zoom
2004-2005
17 mars 2004
SUR LE
un appel d’offres pour 1,8 Mt d’ici
la fin de l’année.
18 septembre 2005
En déplacement à la finale
nationale de labour organisée par
les Jeunes Agriculteurs, Dominique Bussereau annonce la
répartition de l’appel d’offres de
1,8 Mt entre 465 000 d’éthanol et
1 335 000 d’EMHV.
21 novembre 2005
À l’occasion d’une table ronde qui
réunit le Gouvernement, les
professionnels du monde agricole,
des secteurs pétroliers et distributeurs, des constructeurs et
équipementiers automobiles
et du machinisme agricole le
21 novembre 2005, les ministres
de l’Agriculture et de l’Industrie
s’engagent à prendre 15 mesures
permettant le développement
des biocarburants en France
afin d’atteindre l’objectif de
5,75% d’incorporation dans les
carburants en 2008.
13 septembre 2005
En déplacement au Space, Dominique de Villepin confirme qu’il “a
décidé d’avancer le développement des biocarburants en portant
leur consommation à 5,75 % du
total dès 2008. En 2010, nous
devrons atteindre 7 % et en 2015,
10 % d’incorporation”. Il promet
25 novembre 2005
Parution des avis d’appel à candidature dans le Journal Officiel de
l’UE. Cet appel à candidature est
ouvert aux EMHV et une partie est
également ouverte à “tout biocarburant incorporé au gazole ou au
fioul domestique”.
QU’EN EST-IL
DE L’HUILE BRUTE ?
Avec la hausse du prix
du pétrole et du fioul
agricole, un certain
nombre d’agriculteurs
se sont lancés,
individuellement ou
collectivement, dans la
fabrication et l’utilisation
d’huile végétale pure
(HVP) en tant que
carburant agricole.
Devant l’amplification
de ce phénomène,
les Pouvoirs publics ont
prévu au travers de la Loi
d’Orientation Agricole
un cadre réglementaire
applicable aux huiles
végétales carburants.
Cependant, de
nombreuses inconnues
existent pour ce type
d’utilisation et une étude
menée par nos confrères
allemands portant sur
110 tracteurs témoigne
de problèmes techniques
observés dans certaines
conditions sur
des groupes moteurs.
Avant que
les agriculteurs
n’investissent dans cette
voie sans disposer
de tous les éléments
techniques, économiques
et juridiques permettant
de faire un choix
raisonné, l’ONIDOL,
à la demande de la FOP,
et la FNCUMA se sont
associées pour conduire,
avec l’ensemble des
partenaires concernés
(en particulier l’ADEME
et l’IFP), une étude
complète et globale en
quatre volets. D’ici la fin
de l’année, elle devra
permettre d’apporter
les premières réponses
précises et argumentées
sur les questions que
se posent les agriculteurs
et d’identifier les pistes
d’améliorations
à prospecter.
Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006 5
Repères
6 Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006
DE
LA GRAINE AU
D IESTER
Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006 7
Repères
LE DIESTER, UNE ÉLABORATION DE PRÈS DE 20 ANS
La genèse d’une
filière agro-énergie
À la fin des années quatre-vingts, la valorisation industrielle des oléagineux était encore proche
du point zéro : les récoltes de colza ou de tournesol étaient alors essentiellement destinées à des
utilisations alimentaires : les huiles végétales pour l’alimentation humaine, les tourteaux pour
l’alimentation animale. Les producteurs ont rapidement répondu présents à l’ouverture d’un
nouveau débouché, en choisissant d’implanter des graines de colza à vocation biocarburant.
La filière lance
la construction
de l’usine
de trituration de
Grand-Couronne
qui démarre
en 1993.
’ année 1992 représente un véritable
tournant dans l’évolution du contexte
politique qui a poussé la filière des oléagineux vers la diversification des débouchés.
En effet, à la fin des années 80, les négociations
internationales du GATT opposent fortement
l’Europe aux États-Unis, notamment sur le sujet de
la montée en puissance des surfaces d’oléagineux alimentaires en Europe, risquant de nuire
aux débouchés de la production américaine de
soja. Elles se concluent en 1992 par l’accord de
Blair House, qui limite les surfaces d’oléagineux
alimentaires en instituant une surface maximale
garantie (SMG). En parallèle, l’accord prévoit que
ce système d’aides spécifiques ne doit pas
permettre de dépasser une production de
co-produits tourteau d’oléagineux sur la jachère à
usage industriel supérieure à 1 million de tonnes
équivalent tourteaux de soja – l’ensemble de ces
contraintes disparaissant naturellement avec la
nouvelle PAC découplée.
Mais 1992 est aussi l’année de la réforme de la
L
8 Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006
PAC (Politique Agricole Commune) en Europe,
avec la diminution du soutien des prix agricoles à
la production et la mise en place du gel obligatoire des terres (15 % des surfaces en céréales
et oléoprotéagineux).
● La validation du procédé dès la fin
des années quatre-vingts
Au début des années 80, dans ce contexte de
réforme de la PAC et de négociations internationales (GATT), la diversification des débouchés
devient un objectif prioritaire de la profession agricole française. En parallèle, sous l’impulsion de la
filière, l’IFP (Institut français du pétrole) et l’Ademe
démarrent des études sur l’idée d’utiliser comme
carburant pour moteur diesel, de l’ester de
méthyle tiré d’une huile végétale. Des tests réalisés sur l’utilisation d’huile sans modification
chimique ont vite démontré uneincompatibilité
technique de ce produit avec les moteurs.
Très rapidement, cette idée de transformer des
huiles végétales produites en France en carburant
G ÉRER
DES FONDS D ’ INVESTISSEMENTS
POUR
LE BÉNÉFICE
DE LA
FILIÈRE
LA GENÈSE
D ’ UNE
FILIÈRE AGRO
- ÉNERGIE
apparaît à la filière des oléagineux comme une
chance à ne pas laisser passer : en 1985, elle
engage un programme de recherche et développement qui aboutit, en 1987, à l’adaptation du
premier réacteur de lipochimie pour produire de
l’ester, à Compiègne. En 1989 et 1990, les
premières expérimentations de cet ester méthylique d’huile végétale sur une flotte de véhicules
dans une coopérative agricole et sur une flotte
captive dans une collectivité locale permettent de
valider définitivement le procédé et lancer la
construction d’une unité industrielle de 20 000 t.
L’année 1991 marque la naissance officielle
du Diester et son homologation à 5 % pour une
utilisation banalisée dans le gazole.
● Produire des graines Diester
sur jachères
Alors que les tests industriels pour transformer
l’huile végétale en biocarburants s’avèrent
concluants, les producteurs d’oléagineux sont
immédiatement intéressés par la possibilité de
produire du colza sur la jachère. La montée en
puissance des surfaces de colza industriel se fait
alors très rapidement, d’autant que les débouchés s’affirment, et que la culture sous contrat
garantit un prix ferme proche de celui du colza
alimentaire. La filière lance la construction de
l’usine de trituration de Grand-Couronne qui
démarre dès 1993 et à laquelle est attachée une
unité d’estérification de 120 000 t en 1995. Dès
la campagne de commercialisation 1995-1996,
les surfaces de colza sur jachère à destination
Diester dépassent les 230 000 ha ! Elles
permettent d’alimenter en huile les nouvelles unités d’estérification.
● S’appuyer sur un circuit
existant pour distribuer le Diester
D’emblée, au vu de l’importance du marché
du gazole en France, la filière oléagineuse
s’est orientée vers une stratégie de mélange
Diester/gazole n’exigeant aucune adaptation
technique particulière des moteurs, et ce en
partenariat avec les pétroliers. A chacun son
métier : produire les graines, les triturer pour en
obtenir des huiles végétales, transestérifier l’huile,
sont des compétences propres à la filière ; la
distribution de carburant, avec toute la logistique
que cela impose, relève d’un métier propre à des
professionnels spécialisés.
Cette stratégie a conduit la filière à élaborer et
mettre à disposition du monde pétrolier un produit
homogène qui est ensuite incorporé au gazole,
de manière banalisée à hauteur de 5 % pour le
circuit grand public ou à hauteur de 30 % pour
les flottes “captives” (disposant de leur propre
cuve de carburant). L’acheteur du Diester est donc
un pétrolier ou un distributeur de produits pétroliers : il exige à juste titre un produit de qualité,
et possède tous les moyens analytiques lui
permettant de contrôler si les spécifications
sont respectées. C’est en effet le pétrolier
qui, à la pompe, engage sa responsabilité
envers le client final.
L’importance du marché, la nécessaire
La filière
oléagineuse
s’est orientée
vers une stratégie
de mélange
Diester/gazole.
zoom
Le co-produit tourteau bien valorisé en alimentation animale
Le produit de base utilisé pour la fabrication de Diester étant l’huile
végétale, la montée en puissance prévue de la production de
Diester s’accompagne de la progression des quantités de tourteaux,
co-produit de la trituration d’oléagineux. Pour cela, la capacité de
l’outil industriel français s’adapte et devra atteindre une capacité
de trituration de 5 à 5,5 Mt de graines en 2007-2008 (contre 3,3 Mt
en 2004). La production de tourteaux de colza et tournesol sur le
territoire national dépassera alors 3 Mt.
Le tourteau de colza est une source de protéines de qualité en
alimentation animale. En 2003, le marché de l’alimentation animale
française en a ainsi absorbé 1 Mt, soit 15 % de la consommation
française de tourteaux d’oléagineux. La production supplémentaire
pourrait donc venir concurrencer l’incorporation de tourteaux de
soja, dont 75 % sont aujourd’hui importés. Les tests réalisés par
l’Institut de l’Élevage montrent en effet qu’il est simple de
substituer 1 kg de soja par 1,5 kg de colza dans l’alimentation des
bovins (vaches laitières et taurillons) : les avantages sont même
significatifs en termes de qualité nutritionnelle de l’aliment (équilibre
en acides aminés, richesse en minéraux), la qualité du lait (taux
butyreux réduit, taux protéique amélioré) et de ses produits
dérivés (beurre, fromage).
L’Onidol travaille activement, avec l’aide du Céréopa (Centre d’étude
et de recherche sur l’économie et l’organisation des productions
animales) et de l’Institut de l’Elevage sur l’incorporation du tourteau
de colza dans les formules des fabricants d’aliments pour les
bovins. Par ailleurs, l’Onidol a également lancé un programme
d’études avec des partenaires scientifiques sur la consommation de
tourteau de colza par les porcs et les volailles.
Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006 9
LA
Repères
optimisation logistique, la recherche de coûts
réduits, orientent la taille des unités de transestérification vers des capacités minimum de l’ordre
de 150 000 à 200 000 t/an.
● De 1995 à 2004,
la montée en puissance du Diester
L’UE reconnait
bien à l’agriculteur
un nouveau rôle
de fournisseur
de produits
énergétiques.
Le Diester est rapidement plébiscité par les
pétroliers pour ses qualités environnementales
mais également pour ses propriétés lubrifiantes.
Par ailleurs, sur un marché gazole français en
pleine expansion du fait de la diésélisation du
parc automobile, l’incorporation de Diester se
substitue, certes de façon modeste, à une part
d’importations.
Les flottes captives des villes et des collectivités
utilisant du Diester à 30 % sont regroupées
depuis 1994 au sein de l’association Club des
villes Diester, association rebaptisée Partenaires
Diester en 2003 en s’ouvrant aux flottes captives
d’entreprises.
Les usines montent en puissance et l’Etat
augmente les agréments ( voir encadré p. 4,
article Temps fort) permettant d’atteindre une
production de 300 000 tonnes qui stagnera
jusqu’en 2004.
repères
Des perspectives ambitieuses en terme
de surfaces oléagineuses en France
2 500
(en miliers d’hectares)
Tournesol non-alimentaire
2 000
1 500
SOURCE CÉTIOM
Les surfaces agronomiquement et environnementalement disponibles
en France pour produire des oléagineux sont estimées à 2,5 millions
d’hectares. Pour la récolte 2006, les premières estimations prévoient déjà
1,4 Mha de colza…
Les graines de colza iront davantage vers la nouvelle unité de trituration
du Mériot (Aube) alors qu’auparavant elles étaient exportées. Concernant le
tournesol, on peut s’attendre à une progression du tournesol oléique par
rapport au tournesol classique dans une sole globalement stable.
Colza non-alimentaire
1 000
Tournesol alimentaire
500
Colza alimentaire
2005
2008
10 Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006
2010
GENÈSE D ’ UNE FILIÈRE AGRO - ÉNERGIE
● Deux dispositifs
d’aide au producteur
Depuis 2004, la production de graines oléagineuses à vocation énergétique peut bénéficier
de deux dispositifs complémentaires, sous forme
de contrat entre le producteur et son organisme
collecteur.
Le premier dispositif reste celui de la jachère
industrielle, en vigueur depuis 1993, qui passe
par la souscription d’un contrat de jachère
industrielle avec un premier transformateur et un
collecteur agréé. Le deuxième dispositif est celui
de l’Aide aux Cultures Energétiques (ACE), en
application depuis la récolte 2004. Il permet aux
producteurs de consacrer des surfaces hors
jachère à des productions exclusivement de
stinées à l’énergie. En contrepartie, le producteur
perçoit une aide de 45 €/ha. Le producteur
intéressé doit alors souscrire un contrat ACE avec
un collecteur délégué. En instaurant cette aide
aux cultures énergétiques, l’UE reconnaît donc
bien à l’agriculteur un nouveau rôle de fournisseur de produits énergétiques et accepte de
combler le différentiel de coût de revient entre
les énergies fossiles et les énergies renouvelables.
● Vers une forte progression
des surfaces
Sur la campagne 2005-2006, les surfaces de colza
industriel sur jachère totalisent 300 000 ha, et les
surfaces de colza bénéficiant de l’ACE 130 000
ha. Auxquelles il faut ajouter près de 30 000 ha
de tournesol industriel. Ce qui permet d’approvisionner les unités d’estérification pour la
production de 387 500 t de biodiesel agréées.
Pour atteindre l’objectif français de 5,75% d’incorporation de biocarburants dans le diesel, les
surfaces métropolitaines d’oléagineux mobilisées
en 2008 pourraient dépasser 1 Mha. On parle déjà
de 1,5 Mha pour atteindre 7% en 2010. La plus
grande partie des surfaces concernées par cette
production biocarburants devraient concerner le
colza et de façon croissante, le tournesol oléique. Si
la production oléagineuse métropolitaine est la
source privilégiée pour la fabrication du Diester, le
Gouvernement a néanmoins ouvert la voie aux
autres biocarburants pouvant être incorporés au
gazole : esters éthyliques d’huiles végétales (EEHV),
esters méthyliques d’huiles animales (EMHA) et
biodiesels de synthèse. Si la filière s’intéresse de
près aux autres moyens de produire des biodiesels, elle privilégiera ceux permettant de valoriser
au mieux les productions agricoles nationales.
Comprendre
BILAN
Le Diester,
un atout à la fois économique
et environnemental
Remplacer une partie du gazole par du Diester est positif sur le plan énergétique,
permet de diminuer les émissions polluantes et génère un avantage en terme de gaz
à effet de serre. En outre, la filière Diester est créatrice d’emplois et entraîne un
impact positif sur la balance commerciale. Des atouts plusieurs fois démontrés.
a montée en puissance des préoccupations
climatiques (effet de serre) et environnementales (pollution atmosphérique), la
hausse durable des cours du pétrole et la
nécessité de développer les sources d’énergies
alternatives créent aujourd’hui un contexte favorable aux énergies renouvelables comme le Diester.
Mais un développement à très large échelle de la
filière Diester ne pouvait s’envisager sans certitude
quant aux conséquences environnementales et
économiques de la substitution d’une partie du
gazole par un biocarburant à base d’ester d’huile
végétale. Les nombreuses études menées depuis
la naissance de la filière Diester n’ont fait que confirmer l’impact positif sur l’environnement et
l’opportunité économique pour la société.
L
● Un bilan énergétique favorable
Pour connaître l’ensemble du poids environnemental d’un produit, on effectue une Analyse de
Cycle de Vie (ACV), appelée plus couramment
"écobilan" : ce calcul permet entre autres d’évaluer
la quantité d’énergie consommée, durant toutes
les étapes du cycle du produit, et de la comparer à l’énergie produite. L’écobilan réalisé entre
1991 et 1993 sur la filière ester méthylique de
colza (EMC), est le seul écobilan complet réalisé
dans le secteur de l’énergie et rendu public en
France. Il prend en compte les flux de matières
premières et d’énergie consommés (carburants,
combustibles, engrais, méthanol utilisé à l’étape
d’estérification) et les flux rejetés dans l’environnement : rejets liés aux étapes culturales, aux
transports et aux procédés de fabrication de l’EMC
Zoom
Les pratiques des agriculteurs
améliorent le bilan
Afin d’améliorer encore les performances écologiques de la filière Diester,
une démarche a été engagée par les producteurs dans le cadre d’une Charte
Environnement lancée par le CETIOM dès 1993 pour la culture du colza à
vocation énergétique, favorisant l’application de conduites raisonnées. Après
6 campagnes, des améliorations étaient déjà constatées dans les pratiques
des agriculteurs :
• avancée des dates de semis : une semaine sur 6 ans ;
• développement des programmes d’herbicides, avec association plus
fréquente de désherbant de pré-semis, de prélevée et de post-levée ;
• baisse de la proportion de parcelles recevant une fertilisation azotée à
l’automne et amélioration de la prise en compte de la fourniture d’azote
par les sols.
Le bilan énergétique, apprécié par le ratio entre l’énergie contenue dans
l’ester de méthyle et ses co-produits (tourteaux et glycérine), d’une part, et
l’énergie consommée par la production agricole (y compris carburant,
trituration, transestérification), d’autre part, s’est amélioré, passant de
2,6 en moyenne pour 1993 à 3 en moyenne actuellement. La rentabilité
énergétique est un facteur important pour l’évaluation de la performance
de la filière. L’objectif, en travaillant à la fois en amont sur l’optimisation de
la culture et en aval sur les process, notamment en utilisant davantage
d’énergie issue de la biomasse, est de pouvoir atteindre des ratios de
4 à 5 unité d’énergie renouvelable produite pour 1 unité d’énergie consommée.
(émissions atmosphériques, effluents aqueux et
déchets) ; gaz d’échappement associés à la combustion de l’EMC utilisé dans un véhicule Diesel.
Cet écobilan, réactualisé en 2002, conclut que
le bilan énergétique de l’EMC est nettement
favorable : l’énergie totale produite par le Dies-
Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006 11
L E D IESTER ,
Comprendre
UN ATOUT À LA FOIS ÉCONOMIQUE ET ENVIRONNEMENTAL
emplois
8, 8 emplois
pour 1000 tonnes
de Diester
19 %
1%
46 %
9%
L’activité Diester est
source d’emplois. Pour
1000 tonnes de Diester
produites, ce sont 8,8
4%
emplois maintenus ou
créés tout au long de la
filière selon la répartition
ci-contre (ou 11 emplois
pour 1000 hectares).
21 %
■ Agrofourniture
■ Culture et stockage
■ Transport graines
■ Trituration et raffinage
■ Estérification
■ Transport Diester
ter et ses co-produits (tourteaux et glycérine) est
près de 3 fois supérieure à l’énergie utilisée pour
sa production.
● Moins d’émissions polluantes
La filière Diester
restitue
directement
ou indirectement
l’exonération
de taxe énergétique
concédée par l’État.
La composition chimique de l’EMHV se caractérise
par la présence d’oxygène, l’absence de soufre
et de composés aromatiques. Cette différence
par rapport au gazole a des répercussions favorables sur les émissions de gaz après combustion dans les moteurs. Dans le cadre de l’utilisation
d’un mélange comprenant 30 % d’EMHV (taux
considéré comme étant l’optimum technique et
écologique), l’écobilan fait apparaître une diminution importante :
- des fumées noires et des particules ;
- des composés aromatiques, dont le benzène ;
- de la pollution acide, en raison de l’absence de
soufre ;
- et une baisse sensible des HAP (Hydrocarbures
Aromatiques Polycycliques), réputés cancérigènes.
Enfin, dans le cadre de l’utilisation en milieu urbain
de gazole à haute teneur en EMHV, il n’y a pas
d’augmentation des émissions d’oxyde d’azote
(NOx).
● Moins de gaz à effet de serre (GES)
Par opposition aux énergies fossiles, le Diester
est une énergie renouvelable, issue de la biomasse : le carbone présent dans l’ester a pour
origine le CO2 atmosphérique fixé lors de la photosynthèse. Les émissions de CO2 issues de la
12 Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006
combustion du Diester sont donc équilibrées par
le CO2 fixé par les plantes. L’étude sur l’impact
effet de serre du Diester, réalisée par PricewaterhouseCoopers (cabinet d’audit et de conseil) à
la demande du Ministère de l’Industrie et de
l’Ademe, démontre que la production de biodiesel,
énergie renouvelable, génère un net avantage en
matière d’effet de serre, sur le gazole issu du
pétrole : l’économie ainsi réalisée est de
2,5 tonnes de CO2 par tonne de Diester consommée. Par une simple multiplication, on calcule
que la production de 2005 a permis d’éviter
l’émission de 1 million de tonnes d’équivalent
CO2 – ce qui est loin d’être négligeable.
● Une réelle opportunité économique
Au-delà de l’intérêt du bilan environnemental, la
filière Diester représente également une excellente
opportunité économique. C’est le résultat d’une
nouvelle étude réalisée en 2004 par PricewaterhouseCoopers et intitulée “Évaluation des externalités et effets induits économiques, sociaux et
environnementaux de la filière biodiesel en France”.
Les effets induits des deux filières Diester et gazole sont ramenés à une unité énergétique commune pour pouvoir être comparés (1000 MJ) et
traduits en termes monétaires. L’étude démontre
ainsi que la filière Diester réduit de 40 % l’impact négatif sur l’environnement, par rapport à la filière
diesel. La filière Diester est en outre créatrice nette
d’emplois (8,8 emplois pour 1000 t de Diester ou
11 emplois pour 1000 ha). Enfin, la filière Diester représente un impact positif, sur la balance commerciale, en évitant l’importation de gazole, de
tourteaux de soja et de glycérine. Dans cette étude,
il est démontré que la filière Diester restitue directement ou indirectement l’exonération de taxe énergétique concédée par l’État. Avec la nouvelle exonération à 25 €/hl de la loi de finance 2006, soit
une fiscalité de 17 €/hl pour l’EMHV, la filière devient même contributrice nette.
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LES MÉTIERS DE SOFIPROTÉOL
Gérer le patrimoine
industriel de la filière
Sofiprotéol, établissement financier de la filière française des huiles et protéines
végétales, accompagne, depuis 1983, le développement des oléoprotéagineux en
France par la mise en place de moyens financiers et industriels.
En particulier, la stratégie de prise de participations et de gestion des outils de transformation porte ses fruits, à la fois sur les plans alimentaire et non-alimentaire.
ssurer un débouché
compétitif aux productions de la filière,
autant dans le domaine alimentaire que sur le
secteur non-alimentaire est
l’une des raisons d’être de
Sofiprotéol. Pour remplir cet
objectif, la filière a choisi de
développer une stratégie
industrielle forte et intégrée
qui a porté sur trois axes forts
au cours du temps.
A
● Rendre performant
l’outil industriel
de première
transformation
Dans un premier temps, la
filière a structuré l’industrie
de première transformation,
la trituration, passage obligatoire pour les graines oléagineuses. Au début
des années 80, la plus grande partie de l’outil de
trituration français était à terre. La filière a estimé
qu’il était de l’intérêt général de mobiliser des
moyens financiers, dans le cadre interprofessionnel, pour faire face aux besoins de rénovation de la trituration. La stratégie a donc débuté
avec les investissements et la restructuration de
l’outil industriel afin de le rendre performant. A
travers la société holding Soprol, à laquelle sont
associés d’autres partenaires du monde agricole
(Invivo, Champagne Céréales, Epis Centre,
Soufflet), les actifs du CNTA ont été repris. Les
Pouvoirs publics ont d’ailleurs appuyé cette
démarche, estimant que le dispositif interprofessionnel répondait entièrement à cette mission.
● Développer les débouchés
non-alimentaires
Une fois l’outil industriel de première transformation maîtrisé, la diversification des débouchés
vers un autre marché que l’huile alimentaire a
été la priorité en réponse à l’obligation de mise
en jachère des terres de la PAC de 1992.
Sofiprotéol s’est alors engagée dans la mise en
place rapide d’outils de transestérication : Diester
Dans un premier
temps, la filière
a structuré
l’industrie
de première
transformation.
Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006 13
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La filière a ensuite
diversifié ses
débouchés vers
le marché
non-alimentaire
avec le Diester.
Industrie a ainsi été créée en 1993 pour organiser
la filière Diester française et commercialiser ses
produits. La société est contrôlée à 66 % par
Sofiprotéol (participations directes et indirectes)
et par des holdings d’organismes collecteurs à
hauteur de 34 % (coopératives, négociants, au
travers de Fidicoop et Finégoce).
Son objet est de produire et commercialiser des
huiles végétales et leurs esters, pour les usages
techniques et industriels. Son principal produit
est à ce jour le Diester, biocarburant pour les
moteurs diesel. Grâce à cette structure forte,
Diester Industrie est aujourd’hui à même de pouvoir poursuivre les investissements industriels de
zoom
Naissance de Diester Industrie International
Diester Industrie International est née en 2005 de la volonté commune de
Diester Industrie, filiale de Sofiprotéol spécialisée dans la production et la
commercialisation de Diester, et de Bunge, premier transformateur mondial
d’oléagineux. Les deux groupes ont décidé de regrouper leurs activités en
matière de biodiesel (hors France) et leurs forces pour se développer au
sein de l’Union européenne. La nouvelle entité est détenue à 60 % par Diester Industrie et 40 % par Bunge. Elle détient déjà 50 % des activités de New
à Marl en Allemagne (250 000 t), une usine à Livourne en Italie (160 000 t) et
une usine à Brück en Autriche (30 000 t). Elle a part ailleurs un projet de
construction d’une usine d’estérification à Mannheim en Allemagne.
Les agriculteurs français ne produisant pas uniquement pour l’hexagone, ce
développement permettra de valoriser les productions nationales grâce à la
synergie et la complémentarité des deux groupes à l’international. Par
ailleurs, la France, leader en matière oléagineuse en Europe, participe ainsi
à la croissance du marché des biodiesels européens.
14 Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006
manière à accompagner, de manière durable, les
développements attendus du marché français et
européen des biocarburants. Ceci garantit des
débouchés intéressants pour des volumes croissants d’oléagineux produits en France.
La capacité de l’outil industriel détenu par la
filière au travers de Diester Industrie devrait ainsi
passer de 400 000 tonnes en 2005 à 1,8 Mt de
Diester par an en 2008-2009 ( voir carte
ci-contre).
● Pérenniser les débouchés alimentaires
Compte tenu de la forte concentration des
groupes agro-alimentaires en Europe et à la compétitivité croissante au cours des 5 dernières années, la filière a souhaité consolider les débouchés alimentaires afin de les pérenniser.
Le développement dans le secteur alimentaire a
alors pris une forme plus aboutie en 2002, lorsque
Sofiprotéol a choisi de s’associer avec le groupe
Céréol : par cet accord, la société Lesieur est passée du groupe Bunge-Céréol à la société Saipol,
dont le capital est majoritairement (66,66 %)
entre les mains de la filière française des huiles et
protéines végétales.
● Un outil industriel conséquent
En 2005, l’activité industrielle de la filière, au
travers des sociétés Saipol, Lesieur ou Diester
Industrie, toutes trois leaders sur leur marché,
représente un volume global d’activité de 2,4 Mt
de graines triturées, essentiellement en colza
et tournesol, 900 000 t d’huiles de graines
raffinées, 300 Ml d’huiles conditionnées et
G ÉRER
LE PATRIMOINE INDUSTRIEL DE LA FILIÈRE
1,8 million de tonnes en 2008-2009*
Coudekerque*
(DI)
Coudekerque (DI)
150
150 000
000 tonnes
tonnes
Grand-Couronne
Grand-Couronne (DI)
(DI)
260
260 000
000 tonnes
tonnes
Compiègne
Compiègne (DI)
(DI)
100
100 000
000 tonnes
tonnes
Grand-Couronne
(DI)
Grand-Couronne 2*
2 (DI)
250
250 000
000 tonnes
tonnes
Compiègne
Compiègne 2*
2* (DI)
(DI)
100
100 000
000 tonnes
tonnes
Le
Le Mériot
Mériot (DI)
(DI)
250
250 000
000 tonnes
tonnes
Montoir/Bassens
Montoir/Bassens (DI)
(DI)
200
200 000
000 tonnes
tonnes
Bordeaux*
(DI)
Bordeaux (DI)
200
200 000
000 tonnes
tonnes
Sète
Sète (DI)
(DI)
200
200 000
000 tonnes
tonnes
Boussens
Boussens
(travail
(travail àà façon
façon pour
pour DI)
DI)
40
40 000
000 tonnes
tonnes
Raffineries
Dépôts
Site de production
de Diester
Production et importation de gazole
Basse-Seine : 12 Mt
Flandres : 2,5 Mt
Façade Atlantique : 7 Mt
Étang de Berre : 8 Mt
400 000 tonnes de Diester produit. Le développement du Diester va amener l’ensemble du pôle
industriel à se développer, tant sur les capacités de
trituration que sur les capacités d’estérification.
➠
En savoir plus
Des filiales
pour la diversification
Diester Industrie n’appuie pas son développement
sur le seul produit Diester. Elle possède des participations dans plusieurs filiales, afin de diversifier les
débouchés non-alimentaires des huiles végétales et
de leurs esters méthyliques. Il s’agit par exemple de
C22 qui travaille sur la filière colza érucique, HOSO
pour la filière de tournesol oléique, de New (25 %),
producteur allemand de Diester (120 000 t par an), et
de Novance, société d’oléochimie de spécialités (biosolvants, bio-lubrifiants, tensio-actifs, adjuvants
phytosanitaires, produits anti-poussière,...).
Grand Est : 3,5 Mt
* Sous réserve des agréments
DI : Diester Industrie
● Un patrimoine industriel au service
de l’amont agricole
L’intégration en filière, l’investissement dans la
trituration des oléagineux et le double développement vers les débouchés alimentaires et
non-alimentaires sécurisent les productions des
agriculteurs et leur bonne valorisation.
En particulier, la création du marché non-alimentaire, connecté au marché mondial des produits
pétroliers, a permis de tirer à la hausse le prix des
graines pour cette destination.
Au sein de filière Diester, l’implication de la FOP
(Fédération des producteurs d’oléagineux et de
protéagineux) d’une part, et de l’ensemble des
coopératives et négoces de France (par Fidicoop
et Finégoce) d’autre part, permettent une
présence des agriculteurs de la graine jusqu’au
produit fini. La priorité de la filière est donc le
débouché, associé à une rémunération compétitive pour le producteur.
Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006 15
En savoir plus
à lire
Diester, le secret de l’Or Vert
Une campagne de communication sur le Diester vient d’être lancée par la filière.
Dans un premier temps, dans une campagne radio diffusée en février,
Monsieur Diester (ci-dessous) révèle tous les secrets de l’Or Vert au grand public.
On retrouve ensuite Monsieur Diester sur l’Odyssée Végétale
au Salon de l’Agriculture mais aussi sur le site internet www.diester.fr,
sur lequel les internautes découvriront l’ensemble des messages radio
et bien d’autres informations sur le Diester…
Dans le nouvel ouvrage “Les Biocarburants” de Daniel Ballerini et
Nathalie Alazard-Toux, les auteurs
dressent un panorama de la place
actuelle et des perspectives offertes
par les biocarburants dans le
contexte énergétique mondial : filières de production, disponibilité
des ressources végétales, enjeux
économiques et environnementaux.
Editions Technip, prix : 115 €.
www.prolea.com
>>avril 2004 - numéro 62
Info
s Proléa
S’infor
me
r
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r la
filiè
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e
s Huiles
étales
& Protéines Vég
PROLEA
Filière française des huiles
et protéines végétales
12, av George V, 75008 Paris
Tél. : 01 40 69 48 80.
Directeur de publication :
Philippe Tillous-Borde
Directrice éditoriale :
Florence Doat-Matrot
Rédacteur en chef : Fabien Kay
Secrétaire de rédaction : Anne Verniers
Réalisation : CIP
Crédits photos et illustration :
J.-M. Berthelemy, B. Carrouée,
G. Castagnon, F. Kay, Mattéis,
P. Montigny
Prolea.com
Après le lancement en mai 2005 d'un extranet gratuit dédié aux professionnels
agricoles (http://extranet.prolea.com), Proléa a lancé une nouvelle version
de son site internet,
désormais destiné
au grand public
et à la presse.
Rendez-vous sur
www.prolea.com
pour tout savoir sur les
cultures et les produits
issus de la filière.
agenda
Réunions régionales filière organisées par la FOP
Venez rencontrer les interlocuteurs de la filière oléoprotéagineuse au cours de ces
réunions, organisées par la FOP, et qui abordent notamment la situation des marchés,
la stratégie de valorisation des graines et les innovations.
• Compiègne (60) le 15 mars
• Calstelnaudary (11) le 20 mars • La Rochelle (17) le 24 mars
• Valence (26) le 29 mars
• Semoutiers (52) le 30 mars
• Rennes (35) le 11 avril
• Bourges (18) le 13 avril.
Contact : Laurence Braillard, tél. : 01 40 69 48 89 - email : [email protected]
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Cette publication est également disponible sur
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16 Infos-Proléa | N°66 | Mars 2006
Sommet du Végétal
AGPB-AGPM-FOP, les 13, 14 et 15 juin 2006 au CNIT, à Paris
Contact : [email protected]