Discours d`usage prononcé par M. Jean

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Discours d`usage prononcé par M. Jean
Discours d’usage prononcé par M. Jean-Martin HERMET1,
professeur agrégé d’Anglais
au Lycée de Garçons du Mans,
lors de la distribution des prix du 25 juin 1966.
La tradition veut que le professeur qui prononce le discours de la Distribution
Solennelle des Prix fasse l’éloge de la discipline qu’il enseigne. Je ne veux en aucune façon faire
exception à la règle mais je pense qu’il est devenu presque superflu de faire l’éloge de l’anglais ; les
speakers et speakerines de la télévision et de la radio, en font en effet quotidiennement l’usage
implicite. L’on peut dire qu’en 1966, le français est une langue morte, du moins mourante, bien au
contraire l’anglais et l’américain sont un réservoir de mots ou
puisent abondamment tous ceux qui veulent voir se répandre et se
développer la langue jeune, la langue dynamique, la langue
fashionable, la langue new-look, en un mot la langue de la France de
1966. Le franglais ; mélange de français et d’anglais autrement
appelé sabi-atlantique par M. René ETIEMBLE dans son ouvrage bien
connu. Nous avons le sentiment d’avoir contribué à l’enrichissement
de nos élèves en leur ayant inculqué le vocabulaire de base de cette
belle langue, vocabulaire qu’ils pourront compléter pendant leurs
vacances en lisant TOP, MICKEY, BATTLER BRITTON, KID
CARSON … et autres monuments de la littérature franglaise…
La résistance à l’adoption de cette langue jeune, de
cette langue nouvelle vague, de cette langue new-look, n’est le fait
que de quelques puristes désuets ou old-fashioned, tel M. René
GEORGIN2 qui en 1961 composa cette satire qui heureusement n’a eu aucune portée, bien au
contraire :
1
Jean-Martin HERMET naît à Alger le 22 juillet 1941 à Alger. Il suit toute sa scolarité primaire et secondaire à Saint
Maur des Fossés. Il passe son bac au lycée Marcellin Berthelot, intègre les prépas de Henri IV et Louis le Grand, passe
des certificats de licence d’anglais et de latin, puis part pour deux ans aux U.S.A à Amherst (Masachussets). De retour à
Paris, il présente un mémoire de thèse à la Sorbonne sous la direction de Lebreton. Auditeur libre à Saint Cloud, il
présente l’agrégation d’anglais qu’il obtient en 1965. Il arrive au lycée Montesquieu à la rentrée 65, y prononce ce discours
en juin 66, il restera encore un an au lycée avant de partir pour deux ans de coopération comme directeur de l’E.N. de
Point-à-Pitre. A son retour, il enseigne 20 ans au Lycée polyvalent de Champigny sur Marne, et, en parallèle, donne des
cours magistraux à HEC et à l’ESSEC. En 1989, il est nommé professeur en prépa commerce au lycée Montaigne de
Bordeaux, jusqu’en 2001, année où il fera valoir ses droits à la retraite.
Il vit aujourd’hui à Nice.
2
René Michel Georgin, né à Béthune le 23 juin 1888, mort à Paris le 13 mars 1978.
Agrégé de grammaire, professeur au lycée de Reims puis à Paris au Collège Stanislas, aux lycées Montaigne et Buffon, il
est surtout connu pour les grammaires qu'il a publiées et qui furent utilisées par des générations d'élèves.
« Mais c’est l’afflux de noms english et amerloques
Qui donne à notre langue cet aspect si baroque
Car Albion et l’Amérique
Sont nos fournisseurs de mots chics :
O divine relaxation
Le débating et le parking
Public relations et footing
Le living-room et le pressing
Le lunch, le match et la building
Leadership, suspense et camping
Business, label et standing… etc.
Ou tel encore Monsieur Léo Ferré qui dans une chanson intitulée « La langue
française » apporte cette magnifique contribution au folklore sabiral :
C’est une Barmaid qu’est ma darling
J’suis son parking, son one man show
Son Jules, son King, son sleep au chaud
J’paye toujours cash…
Ce passage en italique fut
censuré en haut lieu et ne
fut donc pas prononcé lors
du discours.
Voici les paroles exactes
de l’extrait :
C'est une barmaid
Qu'est ma darling
[Mais in the bed
C'est mon travelling
Mon best-seller
Et mon planning
C'est mon starter
After-shaving]
J'suis son parking
Son one-man-show
Son fuel, son king,
Son slip au chaud
[Rien qu'un p'tit flash
Au five o'clock]
J'paie toujours cash
[Dans l'bondieuscope
Et j'cause français
C'est un plaisir
C'est ma starlette
Ma very good
Mon pick-galette
Mon Hollywood
C'est ma baby
Au tea for two
C'est ma lady
Au one-two-two
J'suis son jockey
Son steeple-chase
J'sais la driver
A la française
Dans l'sleeping car
After paillasse
A son milk-bar
J'me tape un glass
Et j'cause français
[ Find more Lyrics on
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C'est un plaisir
C'est ma call-girl
Ma savourex
Qu'efface sa gueule
A coups d'Kleenex
C'est ma Lucky
C'est ma Pall Mall
Ma Camel qui
Fait ça pas mal
Quand c'est OK
On fait l'remake
Quand c'est loupé
On fait avec
J'lui fais l'mohair
Et la syntaxe
Très rock in chair
Je shoote relaxe
Et j'cause français
C'est un plaisir
C'est une barmaid
Qu'est ma darling
Mais in the bed
C'est du forcing
C'est du Pam Pam
A chaque coup d'gong
C'est plus une femme
C'est un ping-pong
Quand je suis out
Elle m' sex-appeal
Et dans l'black out
Je smash facile
Sur son standing
In extremis
J'fais du pressing
Au self-service
Et j'cause français
C'est un plaisir
C'est mon amour
Mon coqu'licot
Mon p'tit bonjour
Mon p'tit oiseau
And je speak french
c'est un pleasure.
Puristes retardataires et désuets, dis-je, Léo Ferré, Brassens, ou Brel auraient-ils l’audace de
comparer ces chansons vieux jeu au dernier disque de June Richmond, intitulé « June Richmond
chante en français », dans lequel
l’on peut entendre ces paroles
exquises, ses « Baoum Ladda
Baoum-Boum ; one, two, three,
four times ; choubidou bidou poï
poï. »
Demain, mes chers enfants, vous serez en vacances. Or, que font des enfants en
vacances ? Ils jouent. Mais fort heureusement, grâce à l’anglomanie qui règne sur notre pays, vous
êtes assurés de ne plus jouer qu’en franglais. Il y a quelques années, les vacances n’étaient point
drôles : l’on jouait par exemple à la guerre avec des épées de bois que l’on durcissait au feu, avec
des carabines à air comprimé, avec des mitrailleuses qui crachaient la mort, autant d’instruments
subversifs puisque unamerican. Aujourd’hui ces temps mornes et lugubres sont révolus… Finis tous
les jouets home-made, partout des toys. Vous allez pouvoir vous déguiser en G.I.’s, doter la Navy
U.S. de sailors et de marines, l’Air Force de Wing Commanders terrifics, ou bien bardés d’un GuiKart, vous vous entraînerez au close-combat.
Chers parents, vous allez pouvoir dès demain accompagner votre fils au magasin de toys
et pour meubler ses loisirs utilement en contribuant à l’amélioration de sa culture, lui offrir un
electro-tutor ou un Encicle Electric N° 1, pour apprendre tout et même plus que tout sans effort, ou
un Monopoly, exciting initiation au business et au struggle for life ; un
scrabble pour développer le vocabulaire franglais. Grâce aux solides
connaissances qu’ils ont acquises au lycée, vos enfants pourront choisir
entre ces deux jouets fabriqués en France mais dont l’un propose :
« Wagen mit Scheinwerfen und Rucklichtern ausserdem sind Rennstre
henbelechtungen », tandis que l’autre vante les mérites des « Wagen met
kop achterlichter baan en Pitverlichtung ». Mais je m’égare, me direzvous. Pas un mot d’anglais ? Pardon ! Nous lisions « made in France »
puisque ces jouets sont faits en France.
Après les Kids, je me permettrai de prodiguer quelques
conseils
aux
teenagers sur la façon de passer des vacances moder’style.
Jean-Martin Hermet en
Comment ? Certains ignorent-ils encore le sens de Teens ? En 1966 ? Alors
1966.
que Daniel Filipacchi est revenu d’un voyage aux U.S.A. en 1963 et qu’un des
journaux les plus dévoués à la patrie ouvrit naguère une rubrique intitulée le coin des Teens. Eh
bien, pour les retardataires, les teens (et les teenettes), ce sont les enfants de thirteen à nineteen
ans, do you pige ? D’abord quelques suggestions quant à votre habillement pendant les vacances. (A
ce sujet et entre parenthèses, je vous prie de m’excuser de m’adresser à la jeunesse modern’style
dans cet accoutrement beaucoup trop old-fashioned. Les règles de la correction et la solennité
d’une telle cérémonie rendaient impératif, à mon sens, le port d’un bermude à fleurs et d’un
T..shirt !
Mais revenons-en à notre habillement. Je ne saurais trop vous conseiller le sand-jean ou
le sun-jean ou encore le short-jean’s avec un skin-shirt bleu. Mais le blue-jean est à éviter. Car que
veut dire en anglais blue-jean ? Treillis bleu. Or, le treillis était l’étoffe dont l’armée française
fabriquait les bourgerons du 2ème classe. Alors laissez donc les blue-jeans aux beatniks et autres
anarchos qui, sans le vouloir se serrent les fesses3 dans un pantalon de treillis en bons paras du
pacifisme ! Vêtus de poloshirt formid’ et de short blanc, je vous engage à délaisser toutes les
distractions vieux jeu, de vous joindre à vos pals, à vos chaps, aux tough guys de votre teen-gang et
avec eux d’aller driver des karts sur leur piste de karting. Peut-être aussi pourriez-vous boire un
drink en jouant au flippers, ou exercerez-vous votre adresse au bowling. Après dîner il est toujours
terrific d’aller se relaxer dans une party du tonnerre. Là laissez-donc le tango aux croulants que
nous sommes, pour exécuter aux accents harmonieux de la guitare d’Antoine les mouvements ô
combien plus esthétiques du twist, du hully-gully, du madison, du locomotion, du jerk. Le malheur est
que souvent vous avez des guys qui ont une grande gueule, comme on dit, et qui empêchent les fans
de jouir d’un blues ou d’un morceau de middle-jazz. Mais il suffit de les boucler d’un shut-up ; ou
même au besoin de les knock-outer, s’ils insistent. Sans cela, dans l’ensemble, ils sont valables.
Les jours de pluie et de désoeuvrement, je vous en prie, jetez au feu les livres qu’on lisait
en vacances il y a quelques années ; délaissez les descriptions languissantes de Mme Bovary,
abandonnez Julien Sorel à la poussière de la bibliothèque familiale pour parfaire vos connaissances
de la langue jeune, de la langue nouvelle vague, de la langue new-look, dans Kid Carson, Attack, Bat
Man, Big Boss, Tex Tone. Les centaines de mots américains que vous y trouverez estomperont le
vocabulaire bêtement riche qui corrompait la cervelle de vos aînés et vous arriverez au Baccalauréat
dans les meilleures conditions : muni d’un vocabulaire délicieusement indigent et d’une syntaxe
infantile. Les comics vous farciront la cervelle de ce qui manquait à notre langue pour en faire une
langue dynamique, une langue prospective. Les onomatopées du genre : A-hoo, awre, guap, glouck,
nowooooooo, oh aou, whipee, whunt, kraaak …
Je m’adresserai maintenant à mes élèves de terminales et à tous ceux qui quittent le
lycée et pour lesquels se pose le difficile problème du choix d’une carrière, d’un job, quoi !
Grâce à votre connaissance de la langue jeune, de la langue dynamique, de la langue newlook, vous choisirez l’engineering. Vous vous assiérez alors à un pupitre équipé du turn-push. Là vous
examinerez de beaux plannings et de beaux surveys (mots absolument intraduisibles ; même pas par
projets et études). Peut-être opterez-vous pour la médecine : tout comme l’ingénieur vous
fréquenterez les symposiums (ou symposia) mais vous ne mettrez plus les pieds dans les colloques.
Si vous êtes chirurgiens, vous pratiquerez sur le billard des onlays et des inlays ; rien de commun,
vous le sentez, avec une greffe apposée, une inclusion ou une incrustation. Chacun sait que le
français, langue pauvre, ne peut rien exprimer de technique. En connaisseur vous adopterez
l’expression « restless legs » ou vous la traduirez mot à mot « jambes sans repos ». Vous ne
tomberez pas dans la même erreur que ce vieux Littré, médecin lui aussi, qui connaissait déjà les
« impatiences ». Pensez ! Imaginez la tête du patient à qui l’on dit qu’il souffre d’ « impatiences »,
des « restless legs », c’est autrement gentlemanlike !
Mais, chers élèves, je vous conjure, si vous rentrez en faculté, pardon, au campus, de
vous tourner vers la seule science prospective, science dans laquelle vous brillerez grâce à votre
maniement parfait de la langue nouvelle vague new look. J’ai nommé : la sociologie. Il faut d’abord
que vous soyez rompus aux psycho-tests pour les public-relations. Vous étudierez certainement le
comportement d’un homme sexuellement motivé, le terme yanqui motivation remplaçant
avantageusement excitation ou stimulant. Vous découvrirez, ô merveille ! que l’animal n’a pas
d’insight ou très peu sur la relation entre son comportement et ce qu’il en résulte pour lui. Certains
voudraient, ô sacrilège, substituer au mot « insight » le mot « conscience », s’interdisant ainsi
d’aboutir à une vérité aussi neuve et aussi bouleversante. Même les mots appris dans Tintin sport
3
Ce mot fut censuré en haut lieu. Je ne sais pas par quel mot M. Hermet le remplaça lors de la lecture de son discours.
sont insuffisants car la sociologie française est heureusement passée dans les mains d’hommes qui
répètent la soi-disant sociologie d’outre-atlantique. L’étudiant devra donc dans ce field et dans
cette approche augmenter son lexique anglo-saxon et du coup à mesure que vous éliminerez les
deniers vestiges du vocabulaire français, votre valeur dans la spécialité croîtra en progression
géométrique. Cet en sociologie, par exemple, « l’objet d’une enquête (je prends comme sujet, tenez,
le développement spécifique des cliffdwellers – les troglodytes dans leur environnement), est défini
opérationnellement a posteriori comme le domaine repéré par les items et dont l’unidimensionalité
est testée dans la scalabilité.
Mais, me diront les tenants de la vieille école, ce franglais a envahi tous les domaines de
la vie courante et même d’autres ; Mais il en est un qui a résisté, l’Art avec un grand « A », l’art
français est bien vivace ; il est original et n’a pas encore été contaminé. Mesdames, Messieurs,
détrompez-vous. Heureusement remercions la providence, Jean-Jacques LEBEL veillait sur le destin
et l’avenir de l’art français. Qui est Jean-Jacques LEBEL ? Jean-Jacques LEBEL est le père du
Happening en France, directement importé des U.S.A., où après le Pop’Art, Kaprow et Oldenburg ont
lancé le « gag-art » (prononcez gaga – rt). Celui-ci et c’est là sa grande supériorité, commence par
nier la valeur de l’art qui l’a précédé. L’art en général et en particulier l’école des impressionnistes
français n’ont donné que mièvreries et singeries et sont caractérisés par leur inertie, leur
impuissance et leur nullité ! mais, Mesdames, Messieurs, la lumière jaillit à Paris, au Workshop de la
Libre Expression, où des prophètes et des mages new-look s’enfoncent et nous enfoncent dans le no
man’s land hallucinatoire. Il a fallu attendre 1966 pour découvrir un art valable en l’associant
étroitement à la chimie et à la médecine. Le happening préconise l’ingestion de « mind-openers » (on
dirait en français old fashioned des hallucinogènes) qui plongent l’artiste new look dans le seul état
valable. Selon les mots mêmes de Jean-Jacques LEBEL, « l’état banane, défoncé ou parti », le seul
état qui permette aux introvertis, puritains et autres catatoniques de s’exprimer. Les mind-openers
donnent à l’event ou happening la seule base valable : le « contact hich », pour les retardataires la
télépathie).
L’art jeune, l’art nouvelle vague, l’art new-look, l’art franglais, le happening, atteignit la
perfection l’année dernière dans un « event » intitulé « Dechirex » que je me dois de vous décrire
pour vous faire partager le plaisir esthétique éprouvé par tous les spectateurs. (Vous remarquerez
au passage la formation du titre « Dechirex » par dérivation suffixale à partir de « déchirer » plus
l’un des suffixes sabiraux magiques, le suffixe en ex. Personnellement j’aurais préféré Déchirama).
Dechirex : au milieu de la salle, une blonde, masquée d’une tête de mort et dévêtue, se
dresse sur le toit d’une « Quatre chevaux ». Un homme l’enveloppe de spaghetti mous ; elle s’agite
comme une sculpture hystérique, lançant les spaghetti dont son corps est couvert sur la foule des
spectateurs. Une petite fille lit au micro un texte du Larousse médical sur la puberté, ses effets
physiques et moraux. Danse mortuaire, arrosage de spaghetti, pendant que sur la bande sonore on
entend Maïakowski lire un de ses poèmes en russe, des bruits de canonnade, de mitrailleuses. La
foule surexcitée, se précipite sur la 4 chevaux, qu’elle démolit à coup de pioche et de hache. Fin du
Happening.
Vous voyez, Mesdames, Messieurs, tout l’enrichissement apporté par le « gag-art » qui
concilie les interdits quotidiens et la pulsion hallucinatoire, la fête des instincts et l’action sociale,
l’expansion de nos états de conscience et de surconscience, l’élucidation de la subconscience
collective, pour le plus grand bien de notre culture jusqu’à présent si pâle, si creuse, en comparaison
de ce magnifique et grandiose renouveau.
Mesdames, Messieurs ; j’ai défendu de tout cœur une cause qui m’est chère. J’espère
vous avoir convaincu. Parlons donc franglais et n’en parlons plus. Du moins, en abandonnant notre
langue pour en adopter une autre, sachons comme le savait Sénac de Meilhan4, et je cite, que ‘Une
langue ne peut être dominante sans que les idées qu’elle transmet ne prennent un grand ascendant
sur les esprits, et une nation qui parle une autre langue que la sienne perd insensiblement son
caractère ».
4
Gabriel Sénac de Meilhan (7 mai 1736 à Versailles - 15 août 1803 à Vienne) est un administrateur et écrivain français.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gabriel_S%C3%A9nac_de_Meilhan