décembre 2005 - La trottinette carottée
Transcription
décembre 2005 - La trottinette carottée
Association Québécoise pour le Multiâge Volume 1, numéro 4, déc. 2005 Grandir en multiâge Ce journal électronique trimestriel est destiné à informer et à créer un lien entre les professionnels de l’éducation et toutes les personnes qui s’intéressent au développement de l’enfant par le mode de regroupement en multiâge. Nous publions également N o u v e l l e s fraîches du multiâge, un bulletin électronique occasionnel qui informe nos membres des développements récents de notre association. Le mot de la présidente À propos du multiâge Entretien avec Dennis Mulcahy p2 Le multiâge au quotidien Bonjour! Question-Réponse p3 Groupes multiâges dans les installations de CPE p3 Multiâge en milieu familial Les observations d’Ingrid p4 Les petits trucs de Brigitte Nos actions Lettre au ministère p5 Ressources et références Atelier d’échange et de formation sur le multiâge p5 Nous avons lu : Joan Gaustad p6 Ressources Internet p7 Courrier D’une directrice de crèche de Genève, Suisse Une nouvelle équipe à la direction de l’AQM. Association québécoise pour le multiâge p7 Adhésion à l’AQM 1030, rue Cherrier, bureau 304, Montréal (Québec) H2L 1H9 Courriel Lynda : [email protected] Site Tout d’abord, je désire me présenter. Je m’appelle Gravel et je suis internet : www.multiage.ca la toute nouvelle présidente de l’Association québécoise pour le multiâge (AQM). Le 29 octobre dernier, notre association a tenu sa première assemblée générale pour élire le conseil d’administration. Je désire remercier les personnes qui ont démarré l’AQM pour tout le magnifique travail qu’elle ont accompli en si peu de temps. Elles ont aussi su s’effacer pour laisser leur place à une nouvelle équipe, ce qui n’est pas évident à faire car il est toujours difficile de voir son bébé partir dans les bras de quelqu’un d’autre. Manon Ladouceur, l’ancienne présidente demeure cependant parmi nous à titre d’administratrice et les autres feront aussi leur part en fonction de leur disponibilité. La nouvelle équipe compte bien poursuivre le travail pour continuer à faire de l’AQM une association ouverte aux idées de tous qui proposera à ses membres des informations sur le sujet qui nous tient toutes et tous à cœur : l’éducation des jeunes enfants en groupes multiâges. Nous avons maintenant près d’une centaine de corporations membres, pour la plupart des centres de la petite enfance. Depuis 3 mois, l’AQM a continué à grandir et à élargir ses horizons, en particulier en développant des contacts en Europe avec des praticiens de l’éducation en multiâge en Suisse et en France. Dès le début de l’an prochain, l’AQM va contacter toutes celles et ceux qui ont signifié leur désir de faire une petite part pour l’association, afin d’organiser des comités de travail pour mettre en commun les expertises. Je vous souhaite à toutes et tous de bonne fêtes de fin d’année! Nouveaux membres p8 Bulletin d’adhésion 2006 p10 Lynda Gravel, Présidente de l’AQM et directrice de centre de la petite enfance. Association québécoise pour le multiâge Téléphone : (514) 523-0655 1030, rue Cherrier, bureau 304, Montréal (Québec) H2L 1H9 Télécopieur : (514) 523-4849 Courriel : [email protected] Site internet : www.multiage.ca Grandir en multiâge, bulletin de l’Association québécoise pour le multiâge, décembre 2005 1 À propos du multiâge Entretien avec Dennis Mulcahy , de sixième année. Mais je sais que nos garderies fonctionnent toutes en multiâge, en groupes d’âges mélangés. Pour résumer, disons que jusque dans les années soixante ou soixante-dix, toutes les écoles rurales étaient en multi-niveaux. Terre-Neuve. Monsieur Dennis Mulcahy a enseigné pendant 12 années dans des écoles publiques, à Terre-Neuve. Il a obtenu son doctorat à l’Université de Toronto et il est professeur associé à la Faculté de l’Éducation de l’Université Mémorial, de Terre-Neuve. Il a aussi enseigné à l’Université de Caroline du Nord (USA). Il s’intéresse à l’éducation rurale et aux petites écoles. Il donne une formation sur le multi-niveaux et le multiâge aux futurs enseignants. Toujours sur le même sujet, il dispense également une formation par Internet. Il a écrit de nombreux articles1 sur le multiâge et l’enseignement en milieu rural. AQM : Que faites-vous à Montréal? Ëtes-vous venu pour un colloque? DM : Non, je suis à Montréal parce que j’aime cette ville et parce que je suis en congé sabbatique pour un an. J’écris un livre sur la pratique du multiâge et j’en profite pour voyager un peu. J’enseigne le multiâge par Internet et j’aimerais intéresser des gens de Montréal à ça et augmenter mes contacts au Canada. AQM : Qu’est-ce qui se passe à Terre-Neuve, côté multiâge? Et comment l’histoire a-t-elle commencé? DM : C’est une longue histoire. Mon champs de connaissance se situe plutôt au niveau de la maternelle jusqu’à la Les enseignants et les parents se sont fait dire durant des années que ce type d’école n’était pas bon pour les enfants, que s’ils aimaient vraiment leurs enfants, ils devraient les amener à la ville pour y avoir un meilleur enseignement dans des écoles organisées en âges gradués. Et les parents ont finalement accepté. Les enfants ont commencé à passer des heures dans l’autobus chaque jour pour aller recevoir « supposément » un meilleur enseignement. Et maintenant, que se passe-t-il? Depuis 10 à 15 ans, les inscriptions ont considérablement chuté et le gouvernement dit maintenant aux parents qu’il faut retourner aux classes multi-niveaux, qu’ils n’ont pas le choix. Les parents qui se souviennent sont furieux, bien sûr. Mais il y a aussi à Terre-Neuve, actuellement, et parallèlement à ça, des enseignants qui se rendent compte que les enfants n’apprennent pas tous au même rythme et qui font le CHOIX PÉDAGOGIQUE d’opter pour le multiâge. Il y a du « team teaching » qui s’organise : des enseignants convainquent la direction de mettre 2 groupes ensemble, pour le mieux-être des enfants. On commence à penser que l’école doit être au service de l’enfant au lieu que l’enfant soit obligé de se mouler au rythme de l’école. Mais le vrai multiâge, par souci de mieux servir les enfants, est encore très marginal. Grandir en multiâge, bulletin de l’Association québécoise pour le multiâge, décembre 2005 AQM : Depuis que vous enseignez le multiâge aux enseignants, trouvez-vous qu’il y a un changement au niveau de la pratique dans les écoles? DM : Ce que je trouve le plus encourageant c’est que, dans les milieux ruraux où il y avait une tradition de « multi-niveaux », des changements pédagogiques s’amorcent pour s’approcher du multiâge. J’encourage les « vieux » enseignants en leur disant qu’ils n’étaient pas dans le tort lorsqu’ils enseignaient en multi-niveaux. Quant aux jeunes enseignants des milieux urbains, ils sont stressés à l’idée d’affronter les autres enseignants qui sont souvent cyniques face à toute proposition de changement. Je les encourage à y aller avec la politique des petits pas, à amorcer des changements progressifs. Il faut d’abord qu’ils se convainquent eux-mêmes. Ce n’est pas facile car très peu de gens remettent en question l’école d’âges gradués. J’utilise des exemples concrets. Je leur fais comprendre que les enfants n’ont pas tous 5 ans lorsqu’ils entrent à la maternelle mais que certains ont 4 ans, que d’autres ont 5 ans, qu’à cet âge, un an d’écart c’est énorme. Sans compter que les filles sont plus avancées que les garçons et que certains enfants arrivent à l’école sans n’avoir jamais tenu un livre dans leurs mains. Pour moi, le multiâge, c’est un engagement du milieu de l’éducation de travailler pour l’enfant, de donner un enseignement de qualité et de faire en sorte que l’éducation soit offerte équitablement à tous les enfants. Le multiâge, c’est politique. 2 C’est une révolution. Cela implique qu’on fait le constat d’échec de l’école et qu’on décide de faire les changements qui s’imposent. Mais peu de décideurs politiques ont le courage de changer les choses. Il est plus facile de maintenir le statu quo. AQM : Pensez-vous qu’on va finir par se débarrasser des classes « graduées »? DM : Je ne pense pas voir ça de mon vivant. Mais vous, vous êtes plus jeunes, vous allez peut-être connaître ça. Je ne suis cependant pas très optimiste là-dessus car je ne vois pas beaucoup d’enseignants impliqués dans leur travail ni de dirigeants politiques intéressés à changer les choses. Il faut commencer par soi-même et adopter la politique des petits pas. Je crois au changement progressif, à tous les niveaux. Mon rôle c’est de dire aux étudiants que c’est possible de changer les choses. 1- Ces articles sont disponibles sur la page personnelle de monsieur Mulcahy, sur le site de la faculté de l’Éducation de l’Université Memorial, de Terre-Neuve. http://www.ucs.mun.ca/~dmulcahy/ L’entrevue a été réalisée le 5 octobre 2005 par Cécile Bonin et Jean-Marc Lopez. Cet article sur l’entrevue est de Cécile Bonin. Le multiâge au quotidien Question-réponse multiâge sur Multiâge en installation le Dans ce numéro du bulletin, la question a été posée par un directeur de centre de la petite enfance. Q : « Est-ce que l’AQM envisage de réutiliser certaines informations publiées dans le journal au sujet de l’implantation du multiâge » R : Oui. Ce qui manque le plus actuellement avec le multiâge, tout au moins en français, c’est de la ducumentation pour appuyer les pratiques. Tous les témoignages que nous recueillons au fil des numéros du bulletin, pourront être ensuite récupérées pour en faire des publications d’un grand intérêt, autant pour le Québec que d’autres pays. Par exemple, nous avons déjà réalisé 3 entrevues avec Lilian Katz, Jean Archambault et Dennis Mulcahy. Nous envisageons de continuer avec nos contacts européens et autraliens. Par la suite, probablement à l’été 2006, les textes de toutes ces entrevues pourront être rassemblées dans un même document pour présenter différentes visions du multiâge car le contexte historique et éducatif varie d’un pays à l’autre. Le même principe de relier ensemble des textes dans une publication pourraient aussi s’appliquer à des sujets touchant l’implantation du multiâge dans les services de garde ou l’école. Grandir en multiâge, bulletin de l’Association québécoise pour le multiâge, décembre 2005 Les groupes multiâges dans les centres de la petite enfance Par Isabelle Godbout Éducatrice et étudiante en éducation, en enseignement préscolaire et primaire. Pour bâtir ce beau projet des CPE, le gouvernement s’est basé sur les systèmes scolaires déjà établis. Ceux-ci ont grandement influencé les centres de la petite enfance sur le classement des groupes d’âge. C’est pourquoi nous retrouvons des groupes d’enfants de même âge. Cependant, rappelons-nous de l’époque des écoles de rangs. Les élèves étaient tous d’âges différents et dans la même classe. Cela m’amène à poser la question suivante : Est-ce que l’apprentissage des enfants était négligé à cette époque pour que le système ait changer? Je ne le crois pas. Je suis convaincue que c’est la société qui a changé; les valeurs, le nombre d’enfants, le travail, etc. Le regroupement multiâge revient peu à peu dans notre société à cause de la dénatalité. Que se passerait-il si votre enfant se retrouvait dans un groupe appelé multiâge dans votre Centre de la petite enfance? Votre enfant serait-il négligé dans ses apprentissages, serait-il laissé à luimême? Voilà des questions qui pourraient inquiéter certains parents. Il y a 4 ans, je pensais de cette façon. Mais, depuis que j’ai travaillé pendant 3 ans dans un centre de la petite enfance en tant qu’éducatrice d’un groupe multiâge, je peux dire que c’est le meilleur cadeau à offrir à votre enfant. J’ai vécu les plus belles 3 années d’apprentissages dans un climat familial. Il y a plusieurs avantages pour l’enfant à grandir dans un groupe multiâge. Le premier reste évidement le contexte familial. L’intégration des frères et sœurs crée une stabilité familiale, l’enfant se sent moins mis à part. L’entraide est très présente, les plus grands s’occupent des plus petits et les aident. Ce qui m’a le plus surprise, c’est que cette entraide se fait naturellement. Les enfants s’aident sans que l’éducatrice ne le demande. Les enfants qui on bénéficié de ce rapport entre enfants d’âges différents sont grandement favorisés lorsqu’ils sont rendus à l’école. Ils sont habitués à vivre avec des enfants plus jeunes, donc il y a une baisse de violence à l’école. Un autre avantage, c’est que l’enfant plus petit apprend plus vite. Par exemple, un enfant de 2 ans qui commence la propreté voit les enfants plus vieux aller aux toilettes, donc celui-ci apprend par l’imitation. L’estime de soi des enfants est rehaussée, car le groupe forme un tout. Un enfant handicapé ne sera pas étiqueté comme différent, car un plus petit va le rejoindre au niveau de son développement. Les enfants développent un immense respect les uns envers les autres et développer ce respect en très bas âge les aident à garder cette belle valeur encrée en eux. Ce que j’ai apprécié le plus c’est toute la stabilité que crée ce type de regroupement. D’année en année, l’enfant reste dans le même groupe. et Le lien enfant et éducateur devient de plus en plus fort et solide. La relation avec les parents devient une véritable collaboration et à chaque jour, ceux-ci viennent nous confier des petits évènements familiaux. Il y a quelque chose de magique et de très fort qui s’installe dans le groupe en entier. Cependant, on à tendance à penser que les enfants plus vieux, ne trouvent pas des défis à leur mesure dans ces groupes. Par expérience, j’ai remarqué que certains enfants ont besoin d’être avec des plus âgés mais pas tous. Je m’explique; Un enfant de 4 ans qui a des problèmes à entrer en relations avec les autres ne peut entrer en relation avec des enfants plus jeunes que lui, donc cela ne lui permet pas de mettre en pratique sa difficulté. Cependant, si dans le groupe multiâge il y a au moins un autre enfant de son âge, celui-ci peut pratiquer son côté socio-affectif. Aussi, la structure de la pensée est plus poussée, car l’enfant doit expliquer des choses au plus petit et ajuster les mots à son développement. Pour les enfants de 4 ans, il y a d’autres défis qui sont différents de ceux d’un groupe régulier. Il développe la responsabilité sociale, le souci d’autrui, le respect de la diversité, etc. Et évidement, se sont des valeurs qui vont lui servir à l’école et je dirais même tout au long de sa vie. de regroupement, il faut y croire et l’essayer. Comme plusieurs parents et éducateurs qui l’ont essayé vous serez agréablement surpris! Multiâge en milieu familial Les observations d’Ingrid Ingrid a une pratique de près de 10 ans dans l’éducation des enfants en service de garde en milieu familial. Elle a remarqué dans son service de garde que les enfants ont une plus grande variété de jeux en multiâge. De plus, ils s’amusent avec des jouets conçus pour leur âge mais aussi avec ceux des enfants plus petits ou plus âgés. Les enfants apprennent aussi plus vite des autres enfants que des adultes. Les petits trucs de Brigitte Elle a remarqué que le lien d’attachement et d’appartenance est très fort en multiâge. Elle a mis au point un petit bottin téléphonique des enfants de son service de garde et les plus âgés peuvent ainsi s’appeler à l’occasion le soir ou la fin de semaine. Brigitte éduque elle aussi des enfants depuis une dizaine d’années en milieu familial. Plusieurs éducateurs ou parents ont peur du changement. C’est normal car la société n’est pas habituée de voir des groupes multiâges. Je crois que pour être en total accord avec ce type Grandir en multiâge, bulletin de l’Association québécoise pour le multiâge, décembre 2005 4 Nos actions Pour voir le détail de la lettre : http://www.multiage.ca/fr/index.php Lettre au ministère de la famille L’AQM a écrit pour exprimer son point de vue en relation avec la loi et les règlements sur la petite enfance. Parmi nos recommandations, on peut citer la modification à la loi pour ne garder que deux catégories de classes d’âge : les poupons (moins de 18 mois) et les autres. Cette mesure permettrait à certaines installations d’éviter d’interpréter la loi pour diviser les enfants en catégories précises d’âges. Nous avons également demandé une révision des ratios actuels éducatrices-enfants qui limitent les possibilités de créer des groupes multiâges. De plus, nous savons aussi que les groupes d'âges strictes nuisent à la gestion des listes d'attentes et ne permettent pas de pouvoir offrir des services aux enfants dans certains cas. La souplesse dans l'organisation des groupes d'enfants permettraient de remédier à ces problèmes. La deuxième partie de la lettre concerne le programme éducatif des services de garde et nous avons demandé qu’il tienne compte du multiâge qui, jusqu'à présent, était passé sous silence dans le document du ministère. Nous considérons que les choses doivent évoluer, particulièrement en milieu familial où ce contexte éducatif est une réalité quotidienne. Au sujet du milieu familial reconnu par les CPE, nous avons demandé que la formation comprenne un volet qui permette au responsables de services de garde de mieux comprendre comment s’adapter au multiâge dans les interventions avec les enfants. Ressources et références Atelier d’échange sur la pratique du multiâge en milieu familial Par le CPE La trottinette carottée. Le 1er octobre dernier, notre CPE organisait pour ses responsables de services de garde en milieu familial (RSG), un atelier d’échange et d’information sur les pratiques du multiâge. L’objectif principal de cette rencontre de trois heures, était de mettre en commun les expériences de chacune sur l’éducation des jeunes enfants d’âge différents. Dans la première partie de l’atelier, les participantes se sont réparties en deux groupes, afin de permettre davantage d’échanges en elles. Dans une seconde partie, les participantes pouvaient poser des questions générales ou particulières sur le multiâge. Elles ont aussi pu entendre le point de vue rapportés des théoriciens sur l’apprentissage des enfants par leurs pairs plus âgés. Ce qui nous a le plus frappé dans cette rencontre, c’est la sérénité avec laquelle la plupart des 15 RSG ont parlé de leurs expériences avec le multiâge. On voit qu’elles connaissent Grandir en multiâge, bulletin de l’Association québécoise pour le multiâge, décembre 2005 bien la manière de fonctionner avec des enfants d’âges différents. Elles savent s’y prendre avec les enfants et elles peuvent témoigner facilement de ce qu’elles observent avec le multiâge. La plupart de ces éducatrices avaient déjà travaillé en installation, avec des groupes d’enfants de même âge, et elles étaient à même de comparer les effets de ce mode de regroupement avec le multiâge. Les témoignages allaient généralement dans le même sens. Elles affirmaient qu’il est plus facile de travailler en multiâge et que les effets bénéfiques en sont facilement palpables. Nous pouvons citer quelques exemples de ce que les participantes ont remarqué dans leur travail quotidien. Les enfants sont vus comme étant moins agressifs en multiâge car en raison des différences d’âges, la compétition y est beaucoup moins grande. Les RSG ont aussi mentionné que la notion de partage est plus développée et la vie de tous les jours plus agréable. Les enfants apprennent le respect en général car ils doivent s’adapter au rythme de chacun. Le rôle important de l’éducatrice a été mentionné pour le travail en multiâge : l’adulte doit avoir de bonnes connaissances du développement de l’enfant et laisser les enfants régler leurs conflits car les plus âgés servent de médiateurs. De nombreux autres exemples de bienfaits du multiâge ont été rapportés lors de la rencontre. 5 Dans la deuxième partie de l’atelier, dans la foulée de que certaines RSG avaient mentionné, le CPE a développé sur le sujet suivant : « pourquoi les enfants apprennent mieux des autres enfants ». En définitive, nous avons pu constater combien les RSG sont compétentes dans leurs interventions quotidiennes avec les enfants d’âges différents qu’elles reçoivent. Pourtant il n’existe aucune formation spécifique qui leur permis de mieux intevenir en multiâge. La pratique de nombreuses années, une bonne connaissance du développement de l’enfant et un bon sens de l’observation sont à notre avis les éléments principaux qui leur permettent d’agir avec efficacité avec leur groupe d’enfants. Du poupon au scolaire, elles savent utiliser les atouts et les forces de chacun pour créer une belle petite communauté ou le respect de soi et des autres est de mise. Il sera bientôt possible de prendre plus en détail connaissance des interventions effectuées par les RSG dans cet atelier de discussions et d’information car notre CPE va publier vers la fin décembre 2005, un document de quelques pages qui en fera le résumé. Ce document sera disponible gratuitement sur le site de La trottinette carottée, sous la rubrique « Publications et documents », dans la section d’articles sur le multiâge : http://www.latrottinettecarottee.com/do cs#documents Nous avons lu Dans ce numéro, nous présentons Construire le support à l’éducation multiâge1, un texte de Joan Gaustad. Ce texte de 1997, est paru sous le titre original Building Support for Multiage Education. Résumé de lecture Joan Gaustad définit l’éducation en multiâge comme le fait de placer ensemble dans une même salle de classe des enfants ayant des âges différents mais aussi des capacités et une maturité émotionnelle différente. En multiâge, ces enfants restent souvent avec le même enseignant ou la même équipe d’enseignants pendant plus d’une année scolaire. L’auteure cite la recherche qui voit le groupe hétérogène comme un moyen de promouvoir la croissance cognitive et sociale des élèves, de réduire les comportements anti-sociaux et de développer de manière appropriée l’apprentissage actif. Pour l’auteure, l’appui des parents et de la communauté est un élément important qui influence positivement l’apprentissage des élèves. Ce serait d’autant plus crucial avec le multiâge que les citoyens sont encore peu familiers avec ce genre de programmes. Les pratiques du multiâge sont encore peu répandues et elles peuvent susciter des réactions négatives si des efforts ne sont pas faits auprès des parents, des enseignants et de la population. Le multiâge doit être expliqué et construit. Différentes manières peuvent être Grandir en multiâge, bulletin de l’Association québécoise pour le multiâge, décembre 2005 utilisées pour informer les milieux concernés par le multiâge, à l’aide de bulletins, de brochures, de copies d’articles et de notes ou de lettres. Les résultats de recherches ou de sondages sont également souventt bien reçus également des parents. Des ateliers participatifs et des présentations dans lesquelles des élèves s’impliquent, intéressent aussi beaucoup les parents. Les visites de classes et les présentations vidéo d’activités en multiâge présentent également une grande valeur pour la compréhension. La communication verbale est vue par Joan Gaustad comme un puissant outil de diffusion des idées du multiâge. Tous les membres de la communauté enseignante, du directeur au gardien de l’école mais aussi les personnes des environs de l’école doivent être informés des pratiques du multiâge. Les parents doivent être inclus dans le processus décisionnel dès le début du projet qui rencontre toujours des difficultés et connaît des conflits. Cette participation augmente le sentiment d’appartenance des parents et permet d’obtenir leur appui. Pour le multiâge, les choses se passent comme dans tout projet innovateur. Les éducateurs et les autres intervenants liés au projet d’implantation du multiâge doivent aussi être inclus dès le départ dans le projet. Les parents peuvent être très utiles aux enseignants et à l’apprentissage des enfants en s’impliquant dans certaines activités scolaires, par exemple en faisant des présentations ou en expliquant aux enfants ce qu’ils font dans différents domaines. 6 Ils transmettent aussi des attitudes et des informations positives envers l’éducation en multiâge auprès de leurs amis et voisins. Les parents peuvent aussi contribuer à préparer du matériel et organiser des activités. Le monde des affaires peut également s’impliquer et Joan Gaustad cite l’exemple du Kentucky où les chefs d’entreprises ont formé en 1996 l’Association pour la réforme, afin de faciliter la mise en œuvre du nouveau programme multiâge au primaire. L’auteure mentionne que si la participation des parents présente des avantages, elle a également des inconvénients car ils manquent d’expérience et ils ont des attitudes enracinées. De plus, les enseignants ne sont pas toujours disposés à admettre des « étrangers » dans leurs classes alors qu’ils sont eux-mêmes aux prises avec l’acclimatation au multiâge. Les expériences négatives des approches classiques du système scolaire peuvent aussi limiter la participation parentale. Les planificateurs du multiâge devraient tenir compte de l’ensemble de ces facteurs et chercher à créer un climat de confiance et de bienveillance pour remplacer les idées négatives et préconçues. Mais ça prend des années avant de surmonter les difficultés liées à la pratique du multiâge et les erreurs font partie intégrante de l’apprentissage et de la croissance. Joan Gaustad cite l’exemple de l’école primaire Boeckman Creek, à Wilsonville, en Oregon où les parents étaient sceptiques du multiâge. Ils ont été intégrés dans une équipe d’évaluation des résultats de l’enseignement en multiâge et ils ont contribué à créer un processus rigoureux d’évaluation qui a satisfait même les plus sceptiques. En conclusion, l’auteure indique dans son texte que les administrateurs, les enseignants, les parents et les membres de la communauté peuvent s’inspirer de l’exemple de cette école de l’Orégon pour travailler ensemble et créer des programmes multiâge qui connaîtront le succès. Les remarques et les suggestions de Joan Gaustad peuvent également s'appliquer à tous ceux qui désirent implanter le multiâge au préscolaire ou dans les services de garde à l’enfance. 1- La traduction française du titre et l’article sur le texte de Joan Gaustad, sont de Jean-Marc Lopez. Le texte de Joan Gaustad est disponible en version originale anglaise sur la base de données du ministère de l’éducation des USA. Voir Eric ED409604, document électronique télé-accessible à’l’adresse U R L : Textes et compte-rendu de présentations de projets en relations avec les journées du multiâge, tenues en janvier 2004 et mars 2005, à lIUFM de Cergy, en France. Voir sur notre site Internet, les différents textes qui ont été ajoutés, dans la section réservée aux membres, à la rubrique « Scolaireautres pays, France »: http://www.multiage.ca/fr/m_docs.p hp Courrier Ce mois-ci, nous publions la lettre d’une directrice de crèche, un service de garde de Genève, en Suisse. http://www.ericdigests.org/19981/support.htm Ressources Internet Bricoler dans un groupe multiâge, Josée Lespérance, décembre 2005. http://www.petitmonde.com/iDoc/Chr onique.asp?id=30109 Le paradoxe de l'éducation des enfants en groupes de même âge, Jean-Marc Lopez, Éducation Canada, volume 45, n° 4, automne 20005, p 2830. Voir le texte dans la section réservée aux membres, sous la rubrique « Publications Internet »: http://www.multiage.ca/upload/UserFil es/File/Paradoxe.pdf Grandir en multiâge, bulletin de l’Association québécoise pour le multiâge, décembre 2005 « Bonjour, Quel bonheur de voir que d'autres personnes sont intéressées au groupe Multiâge, en effet je suis une inconditionnelle et à Genève, il n'y a que 3 lieux qui fonctionnent selon ce modèle (2 que j'ai transformé suite à mon passage dans le 1er). En 2003 lorsque je suis arrivée comme directrice à la Crèche 7 Pigeonvole j'ai immédiatement voulu tout changer et comme les locaux s'y prêtaient cela était facile, par contre je n'ai pas trouvé de documents, livres, infos qui me permettent de soutenir mes convictions auprès de mon équipe. Toutefois il y a quelques différences importantes entre la pratique mise en place à La Petite Ecole de Daveluyville et la nôtre. Dans le fonctionnement genevois, les groupes sont plus grands et les éducateurs-trices ne sont pas seuls avec le groupe d'enfants, ce qui fait qu'à la crèche Pigeonvole, il y a 2 groupes de 13 enfants de 4 mois à 4 ans accompagnés de 2 adultes et 1 groupe de 18 enfants du même âge accompagnés de 3 adultes. Ce fonctionnement ne peut être totalement bénéfique, à mon avis, sans "l'Atelier", c'est le lieu où les enfants de tous les groupes se retrouvent par âges pour une durée allant de 20 minutes à 1h30 (y compris repas de midi) pour faire des activités dirigées, adaptées au stade de développement. Je me réjouis de correspondre avec vous et de partager sur nos pratiques et comment faire passer le message du bien fondé du multiâge. Je souhaite adhérer à votre association le plus rapidement possible. Merci et à très bientôt j'espère. Cordialement. Danièle Kovaliv, Crèche Pigeonvole, Genève, Suisse Adhésion à l’AQM Au 12 décembre 2005, l’AQM comptait 138 membres, dont 96 associations et 42 membres individuels. La liste ci-dessous comprend les personnes et les organismes qui ont adhéré à l’AQM depuis le 1er octobre 2005 et qui ont accepté de voir leur nom publié dans le bulletin. Nouveaux membres individuels (12) Hélène Tardif, professeur en éducation à l’enfance Jean Archambault, professeur en éducation Monique Daviau, directrice de CPE Lynda Gravel, directrice de CPE Danièle Kovaliv, directrice de crèche Karine Charest, responsable de service de garde en milieu familial Brigitte Bergeron, responsable de service de garde en milieu familial Suzanne Major, étudiante Stoneham Montréal Montréal Acton Vale Troinex, Suisse Montréal Laval Laval Nouvelles associations membres (13) CPE Tout-petit Toute-petite CPE Bouton de Rose CPE La Pomme Enchantée CPE Au Royaume des Bouts de Choux Crèche Pigeonvole CPE La Bougeotte Rana Logique inc. Sherbrooke Berthierville Rougemont St-Lin-Laurentides Genève, Suisse Sillery St-Antonin Grandir en multiâge, bulletin de l’Association québécoise pour le multiâge, décembre 2005 8 Gestion conseil RT inc. CPE Le Petit Réseau CPE Les Coccinelles Chéries CPE Pain de Sucre, CPE Les Petits Bonheurs, Rivière-du-Loup Montréal Montréal Saint-Jean-de-Matha Blainville Nos remerciements à toutes les personnes et organismes qui ont apporté leur contribution à ce numéro de Grandir en multiâge Entrevue Dennis Mulcahy Textes Cécile Bonin Isabelle Godbout Lynda Gravel Danièle Kovaliv Jean-Marc Lopez Transcription, traduction et montage Cécile Bonin Danielle Paradis Photos Les photos qui ont permis l’illustration de ce bulletin ont été gracieusement fournies par les CPE L a Grenouille Rose, de Montréal et Vire-Crêpe, de Charny , le service de garde en milieu familial Chez Bri-Bri, de Laval, la crèche Pigeonvole, de Genève, en Suisse, et Violaine Gagnon, enseignante de Cégep, de Montréal. Vous désirez apporter un témoignage de la vie quotidienne en multiâge, donner votre point de vue sur le sujet ou voir des photos publiées dans le journal? Écrivez-nous! [email protected] Grandir en multiâge, bulletin de l’Association québécoise pour le multiâge, décembre 2005 9 Adhésion 2006 à l’Association Québécoise pour le Multiâge (AQM) (janvier à décembre 2006) à nous retourner avec votre paiement. Un reçu sera émis au membre. (paiement par chèque ou par mandat postal pour les membres de l’extérieur du Canada). Association Québécoise pour le multiâge, 1030 rue Cherrier, bureau 304, Montréal (Québec) H2L 1H9 Membre affinitaire (nom de l’organisme) : Pour un CPE : nombre de places en milieu familial : nombre de places en installation : Membre individuel : Profession : Adresse : Ville : Province et pays : Code postal : Téléphone : Courriel : Télécopieur : Site Internet : Veuillez cocher les cases correspondant à votre situation ou votre choix : ❒ Membre affinitaire : 40$ (une corporation ou une association du Québec, d’une autre province ou d'un autre pays, qui partage des intérêts communs à ceux de l’AQM, comme une Centre de la petite enfance, un service de garde, une maison de la famille, une école, etc.) ❒ Membre individuel : 20$ (toute personne qui partage des intérêts communs à ceux de l’AQM, pour son usage personnel et professionnel comme formatrice, responsable de service de garde en milieu familial, etc.) ❒ Membre individuel étudiant : 10$ (veuillez joindre une photocopie de votre carte d’étudiant) Je préfère recevoir le bulletin de l’AQM : ❒ En français ❒ En anglais ❒ Sous forme de télécopie ou par courrier postal plutôt que par courriel (ajouter 5$ à votre cotisation) Cochez la case si vous acceptez que votre nom, ou celui de votre organisme apparaisse sur les documents papiers ou électroniques diffusés par l’AQM (aucun frais supplémentaire). Exemple : sous la rubrique des nouveaux membres dans le bulletin ou sur le site Internet, dans la section réservée aux membres. Implication avec l’Association québécoise pour le multiâge Si vous désirez apporter votre contribution au développement de l’AQM, veuillez cocher les cases de votre choix ❒ Je suis intéressé(e) à siéger au conseil d’administration de l’AQM (une rencontre par 2 mois + des CA téléphoniques) ❒ Je suis intéressé(e) à participer aux activités des comités de l’AQM ❒ ❒ Bulletin d’information de l’AQM (recherche de documentation et montage du journal, diffusion, etc.) Traduction de textes (pour bulletin, site Internet, publications, etc.) ❒ Du français à l’anglais Du français à l’espagnol ❒ De l’anglais au français De l’anglais à l’espagnol ❒ Rédaction et correction de textes pour diffusion (bulletins, site Internet, etc.) :témoignages, textes à caractère pédagogique ou scientifique, etc.) Organisation d’évènements (conférences, forums, colloques, etc.) Soutien aux services de garde ou aux associations (formation, création de guides pratiques, etc.) Autre participation : veuillez préciser vos intérêts (utilisez le verso de ce bulletin d’adhésion) ❒ ❒ ❒ Grandir en multiâge, bulletin de l’Association québécoise pour le multiâge, décembre 2005 10