décembre 2005 - La trottinette carottée

Transcription

décembre 2005 - La trottinette carottée
Association Québécoise pour le Multiâge
Volume 1, numéro 4, déc. 2005
Grandir
en
multiâge
Ce journal électronique trimestriel est
destiné à informer et à créer un lien entre
les professionnels de l’éducation et toutes
les personnes qui s’intéressent au
développement de l’enfant par le mode de
regroupement en multiâge.
Nous publions également N o u v e l l e s
fraîches du multiâge, un bulletin
électronique occasionnel qui informe nos
membres des développements récents de
notre association.
Le mot de la présidente
À propos du multiâge
Entretien avec Dennis Mulcahy
p2
Le multiâge au quotidien
Bonjour!
Question-Réponse
p3
Groupes multiâges dans les
installations de CPE
p3
Multiâge en milieu familial
Les observations d’Ingrid
p4
Les petits trucs de Brigitte
Nos actions
Lettre au ministère
p5
Ressources et références
Atelier d’échange et de formation
sur le multiâge
p5
Nous avons lu : Joan Gaustad
p6
Ressources Internet
p7
Courrier
D’une directrice de crèche
de Genève, Suisse
Une nouvelle équipe à la direction de l’AQM.
Association québécoise pour le multiâge
p7
Adhésion à l’AQM
1030, rue Cherrier, bureau 304, Montréal (Québec)
H2L 1H9
Courriel Lynda
: [email protected]
Site
Tout d’abord, je désire me présenter. Je m’appelle
Gravel et je suis
internet
:
www.multiage.ca
la toute nouvelle présidente de l’Association québécoise pour le multiâge
(AQM).
Le 29 octobre dernier, notre association a tenu sa première assemblée
générale pour élire le conseil d’administration. Je désire remercier les
personnes qui ont démarré l’AQM pour tout le magnifique travail qu’elle
ont accompli en si peu de temps. Elles ont aussi su s’effacer pour laisser
leur place à une nouvelle équipe, ce qui n’est pas évident à faire car il est
toujours difficile de voir son bébé partir dans les bras de quelqu’un d’autre.
Manon Ladouceur, l’ancienne présidente demeure cependant parmi nous à
titre d’administratrice et les autres feront aussi leur part en fonction de leur
disponibilité.
La nouvelle équipe compte bien poursuivre le travail pour continuer à faire
de l’AQM une association ouverte aux idées de tous qui proposera à ses
membres des informations sur le sujet qui nous tient toutes et tous à cœur :
l’éducation des jeunes enfants en groupes multiâges. Nous avons
maintenant près d’une centaine de corporations membres, pour la plupart
des centres de la petite enfance. Depuis 3 mois, l’AQM a continué à
grandir et à élargir ses horizons, en particulier en développant des contacts
en Europe avec des praticiens de l’éducation en multiâge en Suisse et en
France. Dès le début de l’an prochain, l’AQM va contacter toutes celles et
ceux qui ont signifié leur désir de faire une petite part pour l’association,
afin d’organiser des comités de travail pour mettre en commun les
expertises.
Je vous souhaite à toutes et tous de bonne fêtes de fin d’année!
Nouveaux membres
p8
Bulletin d’adhésion 2006
p10
Lynda Gravel,
Présidente de l’AQM et directrice de centre de la petite enfance.
Association québécoise pour le multiâge
Téléphone : (514) 523-0655
1030, rue Cherrier, bureau 304, Montréal (Québec) H2L 1H9
Télécopieur : (514) 523-4849
Courriel : [email protected] Site internet : www.multiage.ca
Grandir en multiâge, bulletin de l’Association québécoise pour le multiâge, décembre 2005
1
À propos du multiâge
Entretien avec
Dennis Mulcahy , de
sixième année. Mais je sais que nos
garderies fonctionnent toutes en
multiâge, en groupes d’âges mélangés.
Pour résumer, disons que jusque dans
les années soixante ou soixante-dix,
toutes les écoles rurales étaient en
multi-niveaux.
Terre-Neuve.
Monsieur Dennis Mulcahy a enseigné
pendant 12 années dans des écoles
publiques, à Terre-Neuve. Il a obtenu
son doctorat à l’Université de Toronto
et il est professeur associé à la Faculté
de l’Éducation de l’Université
Mémorial, de Terre-Neuve. Il a aussi
enseigné à l’Université de Caroline du
Nord (USA). Il s’intéresse à l’éducation
rurale et aux petites écoles. Il donne
une formation sur le multi-niveaux et le
multiâge aux futurs enseignants.
Toujours sur le même sujet, il dispense
également une formation par Internet.
Il a écrit de nombreux articles1 sur le
multiâge et l’enseignement en milieu
rural.
AQM : Que faites-vous à Montréal?
Ëtes-vous venu pour un colloque?
DM : Non, je suis à Montréal parce que
j’aime cette ville et parce que je suis en
congé sabbatique pour un an. J’écris un
livre sur la pratique du multiâge et j’en
profite pour voyager un peu. J’enseigne
le multiâge par Internet et j’aimerais
intéresser des gens de Montréal à ça et
augmenter mes contacts au Canada.
AQM : Qu’est-ce qui se passe à
Terre-Neuve, côté multiâge? Et
comment
l’histoire
a-t-elle
commencé?
DM : C’est une longue histoire. Mon
champs de connaissance se situe plutôt
au niveau de la maternelle jusqu’à la
Les enseignants et les parents se sont
fait dire durant des années que ce type
d’école n’était pas bon pour les
enfants, que s’ils aimaient vraiment
leurs enfants, ils devraient les amener
à la ville pour y avoir un meilleur
enseignement dans des écoles
organisées en âges gradués. Et les
parents ont finalement accepté. Les
enfants ont commencé à passer des
heures dans l’autobus chaque jour pour
aller recevoir « supposément » un
meilleur enseignement. Et maintenant,
que se passe-t-il? Depuis 10 à 15 ans,
les inscriptions ont considérablement
chuté et le gouvernement dit
maintenant aux parents qu’il faut
retourner aux classes multi-niveaux,
qu’ils n’ont pas le choix. Les parents
qui se souviennent sont furieux, bien
sûr.
Mais il y a aussi à Terre-Neuve,
actuellement, et parallèlement à ça, des
enseignants qui se rendent compte que
les enfants n’apprennent pas tous au
même rythme et qui font le CHOIX
PÉDAGOGIQUE d’opter pour le
multiâge. Il y a du « team teaching »
qui s’organise : des enseignants
convainquent la direction de mettre 2
groupes ensemble, pour le mieux-être
des enfants. On commence à penser
que l’école doit être au service de
l’enfant au lieu que l’enfant soit obligé
de se mouler au rythme de l’école.
Mais le vrai multiâge, par souci de
mieux servir les enfants, est encore
très marginal.
Grandir en multiâge, bulletin de l’Association québécoise pour le multiâge, décembre 2005
AQM : Depuis que vous enseignez
le multiâge aux enseignants,
trouvez-vous qu’il y a un
changement au niveau de la
pratique dans les écoles?
DM : Ce que je trouve le plus
encourageant c’est que, dans les
milieux ruraux où il y avait une
tradition de « multi-niveaux », des
changements
pédagogiques
s’amorcent pour s’approcher du
multiâge. J’encourage les « vieux »
enseignants en leur disant qu’ils
n’étaient pas dans le tort lorsqu’ils
enseignaient en multi-niveaux.
Quant aux jeunes enseignants des
milieux urbains, ils sont stressés à
l’idée d’affronter les autres
enseignants qui sont souvent
cyniques face à toute proposition de
changement. Je les encourage à y
aller avec la politique des petits pas,
à amorcer des changements
progressifs. Il faut d’abord qu’ils se
convainquent eux-mêmes. Ce n’est
pas facile car très peu de gens
remettent en question l’école d’âges
gradués. J’utilise des exemples
concrets. Je leur fais comprendre que
les enfants n’ont pas tous 5 ans
lorsqu’ils entrent à la maternelle
mais que certains ont 4 ans, que
d’autres ont 5 ans, qu’à cet âge, un
an d’écart c’est énorme. Sans
compter que les filles sont plus
avancées que les garçons et que
certains enfants arrivent à l’école
sans n’avoir jamais tenu un livre
dans leurs mains.
Pour moi, le multiâge, c’est un
engagement du milieu de l’éducation
de travailler pour l’enfant, de donner
un enseignement de qualité et de
faire en sorte que l’éducation soit
offerte équitablement à tous les
enfants. Le multiâge, c’est politique.
2
C’est une révolution. Cela implique
qu’on fait le constat d’échec de l’école
et qu’on décide de
faire les
changements qui s’imposent. Mais peu
de décideurs politiques ont le courage
de changer les choses. Il est plus facile
de maintenir le statu quo.
AQM : Pensez-vous qu’on va finir
par se débarrasser des classes
« graduées »?
DM : Je ne pense pas voir ça de mon
vivant. Mais vous, vous êtes plus
jeunes, vous allez peut-être connaître
ça. Je ne suis cependant pas très
optimiste là-dessus car je ne vois pas
beaucoup d’enseignants impliqués dans
leur travail ni de dirigeants politiques
intéressés à changer les choses.
Il faut commencer par soi-même et
adopter la politique des petits pas. Je
crois au changement progressif, à tous
les niveaux. Mon rôle c’est de dire aux
étudiants que c’est possible de changer
les choses.
1- Ces articles sont disponibles sur la page
personnelle de monsieur Mulcahy, sur le
site de la faculté de l’Éducation de
l’Université Memorial, de Terre-Neuve.
http://www.ucs.mun.ca/~dmulcahy/
L’entrevue a été réalisée le 5 octobre
2005 par Cécile Bonin et Jean-Marc
Lopez. Cet article sur l’entrevue est de
Cécile Bonin.
Le multiâge au quotidien
Question-réponse
multiâge
sur
Multiâge en installation
le
Dans ce numéro du bulletin, la
question a été posée par un directeur
de centre de la petite enfance.
Q : « Est-ce que l’AQM envisage de
réutiliser certaines informations
publiées dans le journal au sujet de
l’implantation du multiâge »
R :
Oui. Ce qui manque le plus
actuellement avec le multiâge, tout au
moins en français, c’est de la
ducumentation pour appuyer les
pratiques.
Tous les témoignages que nous
recueillons au fil des numéros du
bulletin, pourront être ensuite
récupérées pour en faire des
publications d’un grand intérêt, autant
pour le Québec que d’autres pays.
Par exemple, nous avons déjà réalisé 3
entrevues avec Lilian Katz, Jean
Archambault et Dennis Mulcahy. Nous
envisageons de continuer avec nos
contacts européens et autraliens. Par la
suite, probablement à l’été 2006, les
textes de toutes ces entrevues pourront
être rassemblées dans un même
document pour présenter différentes
visions du multiâge car le contexte
historique et éducatif varie d’un pays à
l’autre.
Le même principe de relier ensemble
des textes dans une publication
pourraient aussi s’appliquer à des
sujets touchant l’implantation du
multiâge dans les services de garde ou
l’école.
Grandir en multiâge, bulletin de l’Association québécoise pour le multiâge, décembre 2005
Les groupes multiâges dans les
centres de la petite enfance
Par Isabelle Godbout
Éducatrice et étudiante en éducation,
en enseignement préscolaire et
primaire.
Pour bâtir ce beau projet des CPE, le
gouvernement s’est basé sur les
systèmes scolaires déjà établis.
Ceux-ci ont grandement influencé
les centres de la petite enfance sur le
classement des groupes d’âge. C’est
pourquoi nous retrouvons des
groupes d’enfants de même âge.
Cependant, rappelons-nous de
l’époque des écoles de rangs. Les
élèves étaient tous d’âges différents
et dans la même classe. Cela
m’amène à poser la question
suivante : Est-ce que l’apprentissage
des enfants était négligé à cette
époque pour que le système ait
changer? Je ne le crois pas. Je suis
convaincue que c’est la société qui a
changé; les valeurs, le nombre
d’enfants, le travail, etc. Le
regroupement multiâge revient peu à
peu dans notre société à cause de la
dénatalité. Que se passerait-il si
votre enfant se retrouvait dans un
groupe appelé multiâge dans votre
Centre de la petite enfance? Votre
enfant serait-il négligé dans ses
apprentissages, serait-il laissé à luimême? Voilà des questions qui
pourraient inquiéter certains parents.
Il y a 4 ans, je pensais de cette façon.
Mais, depuis que j’ai travaillé
pendant 3 ans dans un centre de la
petite enfance en tant qu’éducatrice
d’un groupe multiâge, je peux dire
que c’est le meilleur cadeau à offrir à
votre enfant. J’ai vécu les plus belles
3
années d’apprentissages dans un climat
familial.
Il y a plusieurs avantages pour l’enfant
à grandir dans un groupe multiâge. Le
premier reste évidement le contexte
familial. L’intégration des frères
et sœurs crée une stabilité familiale,
l’enfant se sent moins mis à part.
L’entraide est très présente, les plus
grands s’occupent des plus petits et les
aident. Ce qui m’a le plus surprise,
c’est que cette entraide se fait
naturellement. Les enfants s’aident sans
que l’éducatrice ne le demande. Les
enfants qui on bénéficié de ce rapport
entre enfants d’âges différents sont
grandement favorisés lorsqu’ils sont
rendus à l’école. Ils sont habitués à
vivre avec des enfants plus jeunes, donc
il y a une baisse de violence à l’école.
Un autre avantage, c’est que l’enfant
plus petit apprend plus vite. Par
exemple, un enfant de 2 ans qui
commence la propreté voit les enfants
plus vieux aller aux toilettes, donc
celui-ci apprend par l’imitation.
L’estime de soi des enfants est
rehaussée, car le groupe forme un tout.
Un enfant handicapé ne sera pas
étiqueté comme différent, car un plus
petit va le rejoindre au niveau de son
développement.
Les
enfants
développent un immense respect les
uns envers les autres et développer ce
respect en très bas âge les aident à
garder cette belle valeur encrée en eux.
Ce que j’ai apprécié le plus c’est toute
la stabilité que crée ce type de
regroupement. D’année en année,
l’enfant reste dans le même groupe. et
Le lien enfant et éducateur devient de
plus en plus fort et solide. La relation
avec les parents devient une véritable
collaboration et à chaque jour, ceux-ci
viennent nous confier des petits
évènements familiaux. Il y a quelque
chose de magique et de très fort qui
s’installe dans le groupe en entier.
Cependant, on à tendance à penser que
les enfants plus vieux, ne trouvent pas
des défis à leur mesure dans ces
groupes. Par expérience, j’ai remarqué
que certains enfants ont besoin d’être
avec des plus âgés mais pas tous. Je
m’explique; Un enfant de 4 ans qui a
des problèmes à entrer en relations
avec les autres ne peut entrer en
relation avec des enfants plus jeunes
que lui, donc cela ne lui permet pas de
mettre en pratique sa difficulté.
Cependant, si dans le groupe multiâge
il y a au moins un autre enfant de son
âge, celui-ci peut pratiquer son côté
socio-affectif. Aussi, la structure de la
pensée est plus poussée, car l’enfant
doit expliquer des choses au plus petit
et ajuster les mots à son
développement. Pour les enfants de 4
ans, il y a d’autres défis qui sont
différents de ceux d’un groupe
régulier. Il développe la responsabilité
sociale, le souci d’autrui, le respect de
la diversité, etc. Et évidement, se sont
des valeurs qui vont lui servir à l’école
et je dirais même tout au long de sa
vie.
de regroupement, il faut y croire et
l’essayer. Comme plusieurs parents
et éducateurs qui l’ont essayé vous
serez agréablement surpris!
Multiâge en milieu familial
Les observations d’Ingrid
Ingrid a une pratique de près de 10
ans dans l’éducation des enfants en
service de garde en milieu familial.
Elle a remarqué dans son service de
garde que les enfants ont une plus
grande variété de jeux en multiâge.
De plus, ils s’amusent avec des
jouets conçus pour leur âge mais
aussi avec ceux des enfants plus
petits ou plus âgés. Les enfants
apprennent aussi plus vite des autres
enfants que des adultes.
Les petits trucs de Brigitte
Elle a remarqué que le lien
d’attachement et d’appartenance est
très fort en multiâge. Elle a mis au
point un petit bottin téléphonique des
enfants de son service de garde et les
plus âgés peuvent ainsi s’appeler à
l’occasion le soir ou la fin de
semaine. Brigitte éduque elle aussi
des enfants depuis une dizaine
d’années en milieu familial.
Plusieurs éducateurs ou parents ont
peur du changement. C’est normal car
la société n’est pas habituée de voir
des groupes multiâges. Je crois que
pour être en total accord avec ce type
Grandir en multiâge, bulletin de l’Association québécoise pour le multiâge, décembre 2005
4
Nos actions
Pour voir le détail de la lettre :
http://www.multiage.ca/fr/index.php
Lettre au ministère de la famille
L’AQM a écrit pour exprimer son
point de vue en relation avec la loi et
les règlements sur la petite enfance.
Parmi nos recommandations, on peut
citer la modification à la loi pour ne
garder que deux catégories de classes
d’âge : les poupons (moins de 18
mois) et les autres. Cette mesure
permettrait à certaines installations
d’éviter d’interpréter la loi pour
diviser les enfants en catégories
précises d’âges. Nous avons
également demandé une révision des
ratios actuels éducatrices-enfants qui
limitent les possibilités de créer des
groupes multiâges. De plus, nous
savons aussi que les groupes d'âges
strictes nuisent à la gestion des listes
d'attentes et ne permettent pas de
pouvoir offrir des services aux enfants
dans certains cas. La souplesse dans
l'organisation des groupes d'enfants
permettraient de remédier à ces
problèmes.
La deuxième partie de la lettre
concerne le programme éducatif des
services de garde et nous avons
demandé qu’il tienne compte du
multiâge qui, jusqu'à présent, était
passé sous silence dans le document
du ministère. Nous considérons que
les choses doivent évoluer,
particulièrement en milieu familial où
ce contexte éducatif est une réalité
quotidienne. Au sujet du milieu
familial reconnu par les CPE, nous
avons demandé que la formation
comprenne un volet qui permette au
responsables de services de garde de
mieux comprendre comment s’adapter
au multiâge dans les interventions
avec les enfants.
Ressources et références
Atelier d’échange sur la
pratique du multiâge en milieu
familial
Par le CPE La
trottinette carottée.
Le 1er octobre dernier,
notre CPE organisait
pour ses responsables
de services de garde en
milieu familial (RSG),
un atelier d’échange et
d’information sur les
pratiques du multiâge.
L’objectif principal de cette rencontre
de trois heures, était de mettre en
commun les expériences de chacune
sur l’éducation des jeunes enfants
d’âge différents. Dans la première
partie de l’atelier, les participantes se
sont réparties en deux groupes, afin de
permettre davantage d’échanges en
elles. Dans une seconde partie, les
participantes pouvaient poser des
questions générales ou particulières sur
le multiâge. Elles ont aussi pu entendre
le point de vue rapportés des
théoriciens sur l’apprentissage des
enfants par leurs pairs plus âgés.
Ce qui nous a le plus frappé dans cette
rencontre, c’est la sérénité avec
laquelle la plupart des 15 RSG ont
parlé de leurs expériences avec le
multiâge. On voit qu’elles connaissent
Grandir en multiâge, bulletin de l’Association québécoise pour le multiâge, décembre 2005
bien la manière de fonctionner avec
des enfants d’âges différents. Elles
savent s’y prendre avec les enfants et
elles peuvent témoigner facilement
de ce qu’elles observent avec le
multiâge. La plupart de ces
éducatrices avaient déjà travaillé en
installation, avec des groupes
d’enfants de même âge, et elles
étaient à même de comparer les
effets de ce mode de regroupement
avec le multiâge.
Les
témoignages
allaient généralement
dans le même sens.
Elles affirmaient qu’il
est plus facile de
travailler en multiâge
et que les effets
bénéfiques en sont
facilement palpables.
Nous pouvons citer
quelques exemples de
ce
que
les
participantes
ont
remarqué dans leur travail quotidien.
Les enfants sont vus comme étant
moins agressifs en multiâge car en
raison des différences d’âges, la
compétition y est beaucoup moins
grande. Les RSG ont aussi
mentionné que la notion de partage
est plus développée et la vie de tous
les jours plus agréable. Les enfants
apprennent le respect en général car
ils doivent s’adapter au rythme de
chacun. Le rôle important de
l’éducatrice a été mentionné pour le
travail en multiâge : l’adulte doit
avoir de bonnes connaissances du
développement de l’enfant et laisser
les enfants régler leurs conflits car
les plus âgés servent de médiateurs.
De nombreux autres exemples de
bienfaits du multiâge ont été
rapportés lors de la rencontre.
5
Dans la deuxième partie de l’atelier,
dans la foulée de que certaines RSG
avaient mentionné, le CPE a développé
sur le sujet suivant : « pourquoi les
enfants apprennent mieux des autres
enfants ».
En définitive, nous avons pu constater
combien les RSG sont compétentes
dans leurs interventions quotidiennes
avec les enfants d’âges différents
qu’elles reçoivent. Pourtant il n’existe
aucune formation spécifique qui leur
permis de mieux intevenir en multiâge.
La pratique de nombreuses années, une
bonne connaissance du développement
de l’enfant et un bon sens de
l’observation sont à notre avis les
éléments principaux qui leur permettent
d’agir avec efficacité avec leur groupe
d’enfants. Du poupon au scolaire, elles
savent utiliser les atouts et les forces de
chacun pour créer une belle petite
communauté ou le respect de soi et des
autres est de mise.
Il sera bientôt possible de prendre plus
en détail connaissance des interventions
effectuées par les RSG dans cet atelier
de discussions et d’information car
notre CPE va publier vers la fin
décembre 2005, un document de
quelques pages qui en fera le résumé.
Ce document sera disponible
gratuitement sur le site de La trottinette
carottée, sous la rubrique « Publications
et documents », dans la section
d’articles sur le multiâge :
http://www.latrottinettecarottee.com/do
cs#documents
Nous avons lu
Dans ce numéro, nous présentons
Construire le support à l’éducation
multiâge1, un texte de Joan Gaustad.
Ce texte de 1997, est paru sous le
titre original Building Support for
Multiage Education.
Résumé de lecture
Joan Gaustad définit l’éducation en
multiâge comme le fait de placer
ensemble dans une même salle de
classe des enfants ayant des âges
différents mais aussi des capacités et
une maturité émotionnelle différente.
En multiâge, ces enfants restent
souvent avec le même enseignant ou la
même équipe d’enseignants pendant
plus d’une année scolaire. L’auteure
cite la recherche qui voit le groupe
hétérogène comme un moyen de
promouvoir la croissance cognitive et
sociale des élèves, de réduire les
comportements anti-sociaux et de
développer de manière appropriée
l’apprentissage actif.
Pour l’auteure, l’appui des parents et
de la communauté est un élément
important qui influence positivement
l’apprentissage des élèves. Ce serait
d’autant plus crucial avec le multiâge
que les citoyens sont encore peu
familiers avec ce genre de
programmes. Les pratiques du
multiâge sont encore peu répandues et
elles peuvent susciter des réactions
négatives si des efforts ne sont pas
faits auprès des parents, des
enseignants et de la population. Le
multiâge doit être expliqué et construit.
Différentes manières peuvent être
Grandir en multiâge, bulletin de l’Association québécoise pour le multiâge, décembre 2005
utilisées pour informer les milieux
concernés par le multiâge, à l’aide de
bulletins, de brochures, de copies
d’articles et de notes ou de lettres.
Les résultats de recherches ou de
sondages sont également souventt
bien reçus également des parents.
Des ateliers participatifs et des
présentations dans lesquelles des
élèves s’impliquent, intéressent aussi
beaucoup les parents. Les visites de
classes et les présentations vidéo
d’activités en multiâge présentent
également une grande valeur pour la
compréhension.
La communication verbale est vue
par Joan Gaustad comme un puissant
outil de diffusion des idées du
multiâge. Tous les membres de la
communauté enseignante, du
directeur au gardien de l’école mais
aussi les personnes des environs de
l’école doivent être informés des
pratiques du multiâge.
Les parents doivent être inclus dans
le processus décisionnel dès le début
du projet qui rencontre toujours des
difficultés et connaît des conflits.
Cette participation augmente le
sentiment d’appartenance des parents
et permet d’obtenir leur appui. Pour
le multiâge, les choses se passent
comme dans tout projet innovateur.
Les éducateurs et les autres
intervenants liés au projet
d’implantation du multiâge doivent
aussi être inclus dès le départ dans le
projet.
Les parents peuvent être très utiles
aux enseignants et à l’apprentissage
des enfants en s’impliquant dans
certaines activités scolaires, par
exemple en faisant des présentations
ou en expliquant aux enfants ce
qu’ils font dans différents domaines.
6
Ils transmettent aussi des attitudes et
des informations positives envers
l’éducation en multiâge auprès de leurs
amis et voisins. Les parents peuvent
aussi contribuer à préparer du matériel
et organiser des activités.
Le monde des affaires peut également
s’impliquer et Joan Gaustad cite
l’exemple du Kentucky où les chefs
d’entreprises ont formé en 1996
l’Association pour la réforme, afin de
faciliter la mise en œuvre du nouveau
programme multiâge au primaire.
L’auteure mentionne que si la
participation des parents présente des
avantages, elle a également des
inconvénients car ils manquent
d’expérience et ils ont des attitudes
enracinées. De plus, les enseignants ne
sont pas toujours disposés à admettre
des « étrangers » dans leurs classes
alors qu’ils sont eux-mêmes aux prises
avec l’acclimatation au multiâge. Les
expériences négatives des approches
classiques du système scolaire peuvent
aussi limiter la participation parentale.
Les planificateurs du multiâge
devraient tenir compte de l’ensemble de
ces facteurs et chercher à créer un
climat de confiance et de bienveillance
pour remplacer les idées négatives et
préconçues. Mais ça prend des années
avant de surmonter les difficultés liées
à la pratique du multiâge et les erreurs
font partie intégrante de l’apprentissage
et de la croissance.
Joan Gaustad cite l’exemple de l’école
primaire Boeckman Creek,
à
Wilsonville, en Oregon où les parents
étaient sceptiques du multiâge. Ils ont
été intégrés dans une équipe
d’évaluation des résultats de
l’enseignement en multiâge et ils ont
contribué à créer un processus
rigoureux d’évaluation qui a satisfait
même les plus sceptiques.
En conclusion, l’auteure indique dans
son texte que les administrateurs, les
enseignants, les parents et les membres
de la communauté peuvent s’inspirer
de l’exemple de cette école de
l’Orégon pour travailler ensemble et
créer des programmes multiâge qui
connaîtront le succès.
Les remarques et les suggestions de
Joan Gaustad peuvent également
s'appliquer à tous ceux qui désirent
implanter le multiâge au préscolaire ou
dans les services de garde à l’enfance.
1- La traduction française du titre et
l’article sur le texte de Joan Gaustad, sont
de Jean-Marc Lopez.
Le texte de Joan Gaustad est disponible en
version originale anglaise sur la base de
données du ministère de l’éducation des
USA. Voir Eric ED409604, document
électronique télé-accessible à’l’adresse
U R L
:
Textes et compte-rendu de
présentations de projets en
relations avec les journées du
multiâge, tenues en janvier 2004 et
mars 2005, à lIUFM de Cergy, en
France.
Voir sur notre site Internet, les
différents textes qui ont été ajoutés,
dans la section réservée aux
membres, à la rubrique « Scolaireautres pays, France »:
http://www.multiage.ca/fr/m_docs.p
hp
Courrier
Ce mois-ci, nous publions la
lettre d’une directrice de crèche,
un service de garde de Genève,
en Suisse.
http://www.ericdigests.org/19981/support.htm
Ressources Internet
Bricoler dans un groupe multiâge,
Josée Lespérance, décembre 2005.
http://www.petitmonde.com/iDoc/Chr
onique.asp?id=30109
Le paradoxe de l'éducation des
enfants en groupes de même âge,
Jean-Marc Lopez, Éducation Canada,
volume 45, n° 4, automne 20005, p 2830. Voir le texte dans la section
réservée aux membres, sous la
rubrique « Publications Internet »:
http://www.multiage.ca/upload/UserFil
es/File/Paradoxe.pdf
Grandir en multiâge, bulletin de l’Association québécoise pour le multiâge, décembre 2005
« Bonjour,
Quel bonheur de voir que d'autres
personnes sont intéressées au groupe
Multiâge, en effet je suis une
inconditionnelle et à Genève, il n'y a
que 3 lieux qui fonctionnent selon ce
modèle (2 que j'ai transformé suite à
mon passage dans le 1er).
En 2003 lorsque je suis arrivée
comme directrice à la Crèche
7
Pigeonvole j'ai immédiatement voulu
tout changer et comme les locaux s'y
prêtaient cela était facile, par contre je
n'ai pas trouvé de documents, livres,
infos qui me permettent de soutenir mes
convictions auprès de mon équipe.
Toutefois il y a quelques différences
importantes entre la pratique mise en
place à La Petite Ecole de Daveluyville
et la nôtre. Dans le fonctionnement
genevois, les groupes sont plus grands
et les éducateurs-trices ne sont pas seuls
avec le groupe d'enfants, ce qui fait
qu'à la crèche Pigeonvole, il y a 2
groupes de 13 enfants de 4 mois à 4
ans accompagnés de 2 adultes et 1
groupe de 18 enfants du même âge
accompagnés de 3 adultes. Ce
fonctionnement ne peut être totalement
bénéfique, à mon avis, sans "l'Atelier",
c'est le lieu où les enfants de tous les
groupes se retrouvent par âges pour
une durée allant de 20 minutes à 1h30
(y compris repas de midi) pour faire
des activités dirigées, adaptées au
stade de développement.
Je me réjouis de correspondre avec
vous et de partager sur nos pratiques et
comment faire passer le message du
bien fondé du multiâge.
Je souhaite adhérer à votre
association le plus rapidement
possible.
Merci et à très bientôt j'espère.
Cordialement.
Danièle Kovaliv,
Crèche Pigeonvole, Genève, Suisse
Adhésion à l’AQM
Au 12 décembre 2005, l’AQM comptait 138 membres, dont 96 associations et 42 membres individuels.
La liste ci-dessous comprend les personnes et les organismes qui ont adhéré à l’AQM depuis
le 1er octobre 2005 et qui ont accepté de voir leur nom publié dans le bulletin.
Nouveaux membres individuels (12)
Hélène Tardif, professeur en éducation à l’enfance
Jean Archambault, professeur en éducation
Monique Daviau, directrice de CPE
Lynda Gravel, directrice de CPE
Danièle Kovaliv, directrice de crèche
Karine Charest, responsable de service de garde en milieu familial
Brigitte Bergeron, responsable de service de garde en milieu familial
Suzanne Major, étudiante
Stoneham
Montréal
Montréal
Acton Vale
Troinex, Suisse
Montréal
Laval
Laval
Nouvelles associations membres (13)
CPE Tout-petit Toute-petite
CPE Bouton de Rose
CPE La Pomme Enchantée
CPE Au Royaume des Bouts de Choux
Crèche Pigeonvole
CPE La Bougeotte
Rana Logique inc.
Sherbrooke
Berthierville
Rougemont
St-Lin-Laurentides
Genève, Suisse
Sillery
St-Antonin
Grandir en multiâge, bulletin de l’Association québécoise pour le multiâge, décembre 2005
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Gestion conseil RT inc.
CPE Le Petit Réseau
CPE Les Coccinelles Chéries
CPE Pain de Sucre,
CPE Les Petits Bonheurs,
Rivière-du-Loup
Montréal
Montréal
Saint-Jean-de-Matha
Blainville
Nos remerciements à toutes les personnes et organismes qui ont apporté leur contribution
à ce numéro de Grandir en multiâge
Entrevue
Dennis Mulcahy
Textes
Cécile Bonin
Isabelle Godbout
Lynda Gravel
Danièle Kovaliv
Jean-Marc Lopez
Transcription, traduction et montage
Cécile Bonin
Danielle Paradis
Photos
Les photos qui ont permis l’illustration de ce bulletin ont été gracieusement fournies par les CPE L a
Grenouille Rose, de Montréal et Vire-Crêpe, de Charny , le service de garde en milieu familial Chez Bri-Bri,
de Laval, la crèche Pigeonvole, de Genève, en Suisse, et Violaine Gagnon, enseignante de Cégep, de
Montréal.
Vous désirez apporter un témoignage de la vie quotidienne en multiâge, donner votre
point de vue sur le sujet ou voir des photos publiées dans le journal?
Écrivez-nous!
[email protected]
Grandir en multiâge, bulletin de l’Association québécoise pour le multiâge, décembre 2005
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Adhésion 2006 à l’Association Québécoise pour le Multiâge (AQM)
(janvier à décembre 2006)
à nous retourner avec votre paiement. Un reçu sera émis au membre.
(paiement par chèque ou par mandat postal pour les membres de l’extérieur du Canada).
Association Québécoise pour le multiâge, 1030 rue Cherrier, bureau 304, Montréal (Québec) H2L 1H9
Membre affinitaire (nom de l’organisme) :
Pour un CPE : nombre de places en milieu familial :
nombre de places en installation :
Membre individuel :
Profession :
Adresse :
Ville :
Province et pays :
Code postal :
Téléphone :
Courriel :
Télécopieur :
Site Internet :
Veuillez cocher les cases correspondant à votre situation ou votre choix :
❒ Membre affinitaire :
40$ (une corporation ou une association du Québec, d’une autre province ou d'un
autre pays, qui partage des intérêts communs à ceux de l’AQM, comme une Centre de la petite enfance, un service de
garde, une maison de la famille, une école, etc.)
❒ Membre individuel :
20$ (toute personne qui partage des intérêts communs à ceux de l’AQM, pour son
usage personnel et professionnel comme formatrice, responsable de service de garde en milieu familial, etc.)
❒ Membre individuel étudiant : 10$ (veuillez joindre une photocopie de votre carte d’étudiant)
Je préfère recevoir le bulletin de l’AQM :
❒ En français
❒ En anglais
❒ Sous forme de télécopie ou par courrier postal plutôt que par courriel (ajouter 5$ à votre cotisation)
Cochez la case si vous acceptez que votre nom, ou celui de votre organisme apparaisse sur les documents papiers ou
électroniques diffusés par l’AQM (aucun frais supplémentaire). Exemple : sous la rubrique des nouveaux membres
dans le bulletin ou sur le site Internet, dans la section réservée aux membres.
Implication avec l’Association québécoise pour le multiâge
Si vous désirez apporter votre contribution au développement de l’AQM, veuillez cocher
les cases de votre choix
❒
Je suis intéressé(e) à siéger au conseil d’administration de l’AQM
(une rencontre par 2 mois + des CA téléphoniques)
❒
Je suis intéressé(e) à participer aux activités des comités de l’AQM
❒
❒
Bulletin d’information de l’AQM (recherche de documentation et montage du journal, diffusion, etc.)
Traduction de textes (pour bulletin, site Internet, publications, etc.)
❒ Du français à l’anglais
 Du français à l’espagnol
❒ De l’anglais au français
 De l’anglais à l’espagnol
❒
Rédaction et correction de textes pour diffusion (bulletins, site Internet, etc.) :témoignages, textes à
caractère pédagogique ou scientifique, etc.)
Organisation d’évènements (conférences, forums, colloques, etc.)
Soutien aux services de garde ou aux associations (formation, création de guides pratiques, etc.)
Autre participation : veuillez préciser vos intérêts (utilisez le verso de ce bulletin d’adhésion)
❒
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Grandir en multiâge, bulletin de l’Association québécoise pour le multiâge, décembre 2005
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