L`égalité c`est pas sorcier

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L`égalité c`est pas sorcier
Vernissage de l’exposition « L’égalité c’est pas sorcier »
Allocution de Céline Gourri,
Conseillère municipale en charge du droit des femmes
Piscine municipale, vendredi 1er juin, 18h00
Mesdames, Messieurs, bonsoir et bienvenus à la piscine d’Allonnes où je suis
très heureuse de vous accueillir pour l’inauguration de l’exposition « L’égalité
c’est pas sorcier » qui nous est prêtée par l’association Femmes solidaires de la
Sarthe, que je remercie dès à présent, et qui nous présentera ses actions et
plus particulièrement cette exposition dans quelques instants.
« Si l’égalité entre les hommes et les femmes figure dans le préambule de la
Constitution du 27 octobre 1946 qui affirme : « la loi garantit à la femme, dans
tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme », force est de constater
que ce droit n’est toujours pas devenu une réalité et particulièrement en ce qui
concerne l’égalité salariale. […] Les deux tiers des postes de cadre du secteur
privé sont occupés par des hommes et moins de deux dirigeants sur dix sont des
dirigeantes selon l’INSEE. Dans la fonction publique les femmes gagnent 27% de
moins que les hommes. » J’ai emprunté cette introduction et ces chiffres peu
encourageants à la proposition de loi constitutionnelle n°3890 intitulée
« consacrer l’égalité hommes/femmes dans la Constitution » qui devrait être
soumise au débat et au vote dans le courant de cette année 2012.
Voilà un sacré sujet de travail pour nos dirigeants. Mais nous, sur le terrain,
dans notre vie de tous les jours, que faisons-nous contre ces inégalités. En
effet, en croisant les constats de police et les statistiques relevées par nos
services, nous avons malheureusement observé depuis 2009 entre autre une
recrudescence des violences conjugales sur Allonnes. Une question s’est alors
posée à nous : nos professionnels de terrain étaient –ils parés à ce fléau ? Les
moyens nécessaires étaient –ils en place sur notre territoire pour aider ces
familles en souffrance, et en particulier toutes ces femmes dans la détresse ?
Suite à une réunion collective de nos professionnels en juin 2009 autour de ce
thème, des ateliers théoriques ont eu lieu ainsi qu’une présentation des diverses
associations sarthoises expertes en ce domaine, dont un certain nombre sont
parmi nous ce soir.
Le réseau santé allonnais s’est alors mis en place et travail d’ailleurs
actuellement autour de 3 thèmes :
- l’accès aux droits et aux soins
- la santé mentale et les addictions
- les relations intra-familiales, affectives et sexuelles
Suite à une réorganisation des services de la ville, c’est aujourd’hui l’Escale,
notre lieu d’accueil et d’écoute, qui a pris le relai de la coordination de ces
projets.
D’ailleurs, parallèlement à cela, et grâce à des financements obtenus dans le
cadre de la politique de la ville, des actions visant un public plus large sont
organisées dans les semaines à venir:
- le 7 juin, un spectacle de lecture théâtralisée et chants aura lieu à la
péniche à 18H30. Il est mis en scène et proposé par la compagnie Marie
Rougieri.
- Au mois de juin, l’association du CIDFF ( Centre d’Information sur les
Droits de Femmes et des Familles)intervient dans les 2 collèges de la ville
avec des élèves de 4ème et de 6ème autour de la prévention des
comportements sexistes.
Je me félicite par ailleurs de l’importance symbolique que la ville d’Allonnes a
voulu donner aux femmes, entre autre au cours de ces dernières années. En
effet, en mai 2010 j’ai eu le privilège d’inaugurer la salle Olympes de Gouges.
Cette femme fût en effet une des figures les plus marquantes de la lutte pour l'égalité des
droits entre les hommes et les femmes au XVIIIème siècle et à l’initiative en 1791 de la
«Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne».
En 2011, c’est la médiathèque qui s’est vu baptisée du nom de Louise Michel,
militante anarchiste et figure importante de la Commune de Paris et qui
malgré les pressions et les persécutions poursuivra un activisme politique
jusqu’à la fin de sa vie.
Le conseil municipal actuel a souhaité une représentante du droit des femmes
et m’a fait l’honneur de m’y nommer. Je ne peux d’ailleurs que me féliciter de
voir que l’actuel premier ministre a suivi le mouvement en nommant Madame
Najat Vallaut- Belkasem à ce titre au niveau national ; et qu’il a pris soin,
comme dans nos conseils municipaux, d’harmoniser le nombre d’hommes et de
femmes aux postes de ministres et ministres délégués de notre nouveau
gouvernement.
En octobre 2011, l’évènement Sport au féminin organisé par le service des
sports de la mairie d’Allonnes et l’association des Jeunesses Sportives
Allonnaises a marqué un temps fort autour de la condition féminine et a mis
en avant, à la fois nos sportives et bénévoles allonnaises mais aussi un travail
collectif qui a porté de jolis fruits. Parallèlement à cette action, dans le
cadre du festival crèv’ la dall, la slameuse marocaine Tata Milouda, 60 ans,
est venu marquer de nombreux esprits lors d’un projet réunissant le centre
social et l’association allonnaise de la Baraka prod. Autour d’elle se sont
réunis des jeunes, des moins jeunes, des femmes, des professeurs
d’alphabétisation, des éducateurs… Les acteurs et les actrices de nos
quartiers populaires ont pu échanger, partager et slamer autour de leur
quotidien .A l’issu de ce projet, certaines femmes n’ont pas voulu en rester là
et travaillent en ce moment autour d’un joli projet appelé « femmes en
mouvement » et dont vous entendrez parler à la rentrée prochaine.
En effet, nous pouvons constater que travailler autour des droits des
femmes nécessite et suscite un merveilleux travail collectif. Que ce soit
entre les différents partenaires, professionnels, les associations et leurs
bénévoles, le partage des expériences, celui des opinions et des ambitions
nous aura à tous et toutes été très riche. A ce titre je remercie une fois de
plus l’association Femmes solidaires de la Sarthe et leurs bénévoles avec qui
nous travaillons ces derniers temps en étroite collaboration pour la mise en
place entre autre de cette exposition « L’égalité c’est pas sorcier » que nous
inaugurons ensemble ce soir. Entre l’expérience de terrain des unes, la
volonté de mise en place de projets concrets et productifs des autres, nous
vivons un partage intergénérationnel, il faut bien le dire, riche et très
intéressant.
Ce travail nous permet aujourd’hui d’inaugurer l’exposition à la piscine
municipale, lieu utilisé par un public très large, que ce soit au travers des
clubs, des individuels ou des familles, des écoles entre autre.
Par la suite, cette exposition sera accueillie sur notre ville à la rentrée 2012,
du 21 au 23 septembre, lors du forum national de la démocratie participative
et notre traditionnelle fête des associations où sont présentes les
associations féministes sarthoises.
En octobre, c’est à la salle Auguste de Laune que nous installerons
l’exposition. Nous souhaitons à cette occasion inviter Mme Henriette
Zoughebi, vice-présidente du conseil régional d’Île de France et une des
conceptrice de l’exposition « l’égalité c’est pas sorcier », afin qu’elle puisse
nous faire part de ses divers constats, combats et expériences lors d’un
débat. Le lieu, j’en conviens, n’est pas annodin, un brin provocateur mais
surtout hautement symbolique. C’est en effet la salle qui accueille tous nos
joueurs de football lors des rencontres du week-end et en semaine, lors des
entraînements.
En effet, le panneau le plus souvent cité de cette exposition est « Le masculin
l'emporte sur le féminin. » qui a d’ailleurs donné lieu à une pétition à l’initiative
de l’association L'égalité, c'est pas sorcier ! - La Ligue de l'enseignement - Le Monde selon les
Femmes - Femmes Solidaires recueillant aujourd’hui plus de 5200 signatures et
envoyée à l’Académie Française.
Cette règle de grammaire apprise dès l'enfance sur les bancs de l'école façonne
un monde de représentations dans lequel le masculin est considéré comme
supérieur au féminin. En 1676, le père Bouhours, l'un des grammairiens qui a
œuvré à ce que cette règle devienne exclusive de toute autre, la justifiait ainsi :
« lorsque les deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble l'emporte. »
Pourtant, avant le 18e siècle, la langue française usait d'une grande liberté. Un
adjectif qui se rapportait à plusieurs noms, pouvait s'accorder avec le nom le
plus proche. Cette règle de proximité remonte à l'Antiquité : en latin et en grec
ancien,
elle
s'employait
couramment.
Plus récemment, l'éminente linguiste, Josette Rey-Debove, l'une des premières
collaboratrices des dictionnaires Le Robert, disait à ce sujet : « J'aime
beaucoup la règle ancienne qui consistait à mettre le verbe et l'adjectif au
féminin quand il était après le féminin, même s'il y avait plusieurs masculins
devant. Je trouve cela plus élégant parce qu'on n'a pas alors à se demander
comment faire pour que ça ne sonne pas mal. »
Nous le constatons avec amertume dans notre vie quotidienne : l'égalité des
femmes et des hommes n'est pas toujours pas une réalité. Des inégalités
politiques, économiques et culturelles persistent...
Toutes celles et tous ceux qui pensent que les discriminations et les inégalités
qui touchent les femmes ont disparu se trompent. Derrière les images
médiatiques de femmes actives et épanouies se cache une réalité toute autre.
Seule une prise de conscience collective assortie d’une politique volontariste
peuvent permettre de réels progrès en la matière. En effet l’action des
femmes se doit d’être plurielle. L’objectif essentiel de chacune et chacun
doit être à différents niveaux le libre choix et l’autonomie. Le combat
féministe rejoint donc celui de celles et ceux qui luttent contre toutes les
formes d’oppression et de violences : machisme, homophobie, fascisme ou
encore fondamentalisme religieux. Le féminisme aujourd’hui
doit être au
cœur de notre projet politique de transformation de la société. Pluriel et
ouvert il exige de notre part, de restées engagées et vigilantes lors de
toutes nos actions et à chaque moment de notre vie, que nous soyons éluE,
militantE ou citoyenNE.
Ce féminisme tel que nous le concevons, c’est à chacunE de nous de le porter au
quotidien.
Olympe de Gouges, avait écrit « Femmes, réveillez-vous ! », aujourd’hui je
réajusterais en disant « Femmes, ne nous laissons pas endormir… »

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