Mise en page 1 (Page 15) - Météo

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Mise en page 1 (Page 15) - Météo
Contribution à la mise en œuvre
des politiques publiques
Une saison cyclonique 2005 intense,
anticipée dès le mois d’avril
Météo-France au cœur des Services
de prévision des crues
En 2005, les prévisions saisonnières ont permis d’anticiper dès
avril une saison cyclonique intense sur l’Atlantique.
En 2005, Météo-France a mis en place le Service de prévision
des crues Méditerranée-Est (SPC Med-Est), dans le cadre de sa
participation au dispositif opérationnel de prévision des crues
établi par la Direction de l’eau du ministère de l’Écologie et du
Développement durable (MEDD). Ce SPC exerce ses compétences
territoriales dans les Bouches-du-Rhône, le Var, les AlpesMaritimes et la Corse et assure la surveillance et la prévision sur
deux premiers cours d’eau réglementaires, l’Huveaune et le
haut Var.
Des agents du ministère de l’Équipement ont rejoint le Centre
météorologique interrégional d’Aix-en-Provence et le service
s’est organisé pour reprendre, à compter du 5 janvier 2006,
les fonctions d’annonce des crues assurées jusqu’ici par
les services d’annonce des crues des Bouches-du-Rhône et
des Alpes-Maritimes.
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Carte d’écarts aux normales saisonnières des précipitations : prévision d’avril
2005 pour juin-juillet-août 2005.
Prévision de précipitations très supérieures aux normales saisonnières sur
l’Atlantique annonçant dès avril une saison cyclonique intense dans les Caraïbes.
La saison fut en effet exceptionnelle par sa longueur (7 mois, du
8 juin 2005 au 6 janvier 2006), son intensité et les pertes
humaines et matérielles qui en ont résulté.
© Météo-France
Vingt-sept cyclones ont été recensés, (pulvérisant l’ancien record
de 1933 de vingt-et-un cyclones), dont quinze ouragans
(vents > 117 km/h). Sept d'entre eux ont atteint la catégorie 3
(avec des vents de vitesse supérieure à 180 km/h), et quatre la
classe maximale 5 (avec des vents de vitesse supérieure à
250 km/h) : Emily, Katrina, Rita et Wilma ; ces trois derniers
se classant parmi les dix cyclones les plus intenses de ces cent
vingt dernières années.
Équipe du SPC Med-Est.
Nombre de phénomènes cycloniques (cyclones tropicaux en rouge,
ouragans en bleu) sur l’Atlantique pour la période 1966-2005.
Une dizaine de ces cyclones ont fait des victimes dans la région des
Caraïbes. L’Histoire retiendra surtout Katrina à la Nouvelle-Orléans
(peut-être 1 200 à 1 500 morts), ainsi que Stan et ses inondations
dramatiques au Guatemala (1 000 à 1 500 morts ou disparus).
Pour sa mission de prévision, qui débutera en 2006, le SPC MedEst utilisera différents outils dont Aïga (Adaptation d’information
géographique pour l’alerte), un logiciel mis au point avec le Centre
national du machinisme agricole du génie rural, des eaux et des
forêts (Cemagref). Aiga, qui a reçu en 2005 le premier prix de
la catégorie « Risques », lors des 5e Journées du réseau scientifique
et technique (JRST) du ministère des Transports, s’appuie à la fois
sur les lames d’eau produites en temps réel, sur des bases de
données statistiques, et sur l’expertise des prévisionnistes, pour
produire une évaluation spatialisée de l’aléa dû à l’écoulement
hydrologique induit par la lame d’eau. La méthode, basée sur la
comparaison à des bases de données de scénarios passés, permet
d’apprécier par anticipation deux types de risques : d’une part un
risque pluviométrique, d’autre part un risque hydrologique. Le
risque, quel qu’il soit, est caractérisé par une fréquence de
l’aléa, traduit sur une carte à l’aide de trois couleurs : jaune,
orange et rouge.
Contribution à la mise en œuvre
des politiques publiques
Mieux anticiper les crues rapides :
les promesses d’Arome
L’Hérault et le Gard en vigilance
rouge le 6 septembre 2005
Le modèle Arome de prévision numérique du temps à échelle
très fine (résolution de 2,5 km) a été dès l'origine optimisé pour la
prévision des précipitations orageuses telles qu'on en rencontre
dans les épisodes cévenols. Arome ne sera opérationnel qu'en
2008, sur le nouveau supercalculateur de Météo-France, mais
une version expérimentale a permis d’effectuer des tests en
temps quasi réel et d’évaluer les apports du modèle, en particulier
lors des épisodes cévenols de septembre 2005.
Trois ans après les dramatiques inondations de 2002, le Gard,
ainsi que l’Hérault, ont de nouveau connu un épisode
pluvieux intense en septembre 2005.
Après de fortes précipitations ayant touché le Gard et
l’Hérault à partir du 5, des orages violents étaient prévus
dans la nuit du 6 au 7, justifiant l’activation du niveau de
vigilance rouge sur le Gard et l’Hérault, dès le 6. Durant
l’après-midi du 6 et la nuit du 6 au 7, les précipitations
orageuses se sont poursuivies avec par endroit des intensités remarquables, jusqu’à 80 mm en une heure dans la
région de Nîmes. En fin de nuit, les cumuls de pluie
atteignaient sur une grande partie du Gard et de l’Hérault
150 à 250 mm avec des pointes à plus de 300 mm.
Par rapport au modèle Aladin actuellement opérationnel pour la
prévision à quelques heures d'échéance, Arome, s’il avait tourné
en temps réel, aurait fourni des prévisions significativement
meilleures, avec pour la région des Cévennes (figure 12)
une meilleure estimation des pluies intenses cumulées sur
plusieurs heures, en intensité, mais aussi en chronologie et en
positionnement géographique.
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Aladin assure une description automatique du phénomène
dangereux à l'échelle de plusieurs départements, mais laisse
aux prévisionnistes la tâche d'interpréter localement la prévision,
en tenant compte de l’incapacité du modèle à produire des
détails de prévision fiables à des résolutions inférieures à 50 km.
Le nouveau modèle Arome permettra une description pertinente
des précipitations à des échelles inférieures à celles d'un département, en approchant celles des petits bassins versants.
Il sera donc un outil mieux adapté pour lancer des alertes de
risque de crue rapide.
Entre 2006 et 2008, le prototype Arome sera significativement
amélioré grâce au nouveau supercalculateur de Météo-France
qui permettra d'agrandir le domaine géographique de calcul,
d'éliminer les erreurs dues aux effets de bord du modèle
(visibles au sud et à l'est, figure 12b), d’augmenter la précision
des équations physiques utilisées grâce à une mise à jour plus
rapide et plus fréquente à partir des observations continues des
radars et des satellites.
Cumul de précipitations du 5 au 9 septembre 2005.
Le retour d’expérience a montré les progrès réalisés depuis
2002 grâce aux efforts conjugués de Météo-France et de la
Direction de l’eau. Le suivi a été considérablement amélioré
par l’augmentation significative du nombre de pluviomètres
disponibles en temps réel, la rénovation des systèmes de
concentration de données et les progrès réalisés dans
l’exploitation des données radar, dont les produits ont été
concordants avec les mesures des pluviomètres.
© AFP, Boris Horvat
Même si les cumuls de précipitations sont restés globalement
inférieurs à ceux de l’épisode des 8 et 9 sep-tembre 2002
dans le Gard - où plus de 600 mm avaient été atteints - cet
épisode de fortes précipitations se place parmi les plus actifs
de ces dernières années et a causé des dégâts localement
importants. Le niveau rouge de la procédure de vigilance
météorologique, activé le 6 septembre 2005, se justifiait
pleinement et a permis une anticipation de 24 heures.
Inondations dans l’Hérault le 7 septembre 2005
(a): Aladin
(b): Arome
(c): pluviomètres
(d): observation radar
Figure 12 - Apport du modèle Arome par rapport à Aladin sur la prévision des précipitations cumulées de 9h à 12h le 6 septembre 2006
(prévisions initialisées à 0h).(a) prévision du modèle Aladin opérationnel à ce moment-là ; (b) prévision de la version expérimentale du modèle
Arome effectuée le même jour ; (c) observations des précipitations par pluviomètres ; (d) observations des précipitations calculées à partir du radar
de Nîmes. (NB les palettes de couleur sont approximativement les mêmes dans les limites permises par la précision du traitement des données).
Sécheresse et bulletins de situation
hydrologique : Météo-France
au service du MEDD
Dans le cadre de leurs missions de surveillance des cours d’eau,
notamment en période de sécheresse, les Directions régionales
de l’environnement (Diren) ont besoin de données et d’informations météorologiques. Météo-France fournit ainsi la partie
météorologique des Bulletins de situation hydrologique (BSH)
diffusés sur les sites Internet des Diren. Cette partie comprend
notamment des cartes de précipitations, de pluie efficace,
d’Évapo-transpiration potentielle (ETP) et de leurs écarts à la
normale. Ces informations sont fournies mensuellement sauf en
période d’étiage où elles sont ré-actualisées tous les dix jours.
Météo-France fournit également des données et des informations
météorologiques au ministère de l’Écologie et du Développement
durable (MEDD) dans le cadre du BSH national, en particulier des
cartes de bilan hydrique, et participe au comité national sécheresse
qui se réunit plusieurs fois par an.
Enfin, localement, la participation active des services départementaux de Météo-France aux nombreuses cellules sécheresse
a permis d’optimiser le suivi de la situation tout au long de
l’année et de faciliter les prises de décision de restriction d’eau.
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Contribution à la mise en œuvre
des politiques publiques
Un nouvel indice de sécheresse pour la Métropole
Un nouvel indice permettant de caractériser le contenu hydrique
des sols en France métropolitaine a été testé en 2005. Il permet
de caractériser l’année en cours par rapport aux années
précédentes (1971-2004) et d’apprécier plus rapidement le
caractère exceptionnel des événements. C'est aussi un outil de
communication simple pour répondre aux demandes urgentes
des médias.
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L’indice est calculé à partir des données de pluviométrie et
d’Évapo-transpiration potentielle (ETP) enregistrées depuis 1971
dans 84 stations de mesure métropolitaines, soit presqu’une par
département. À l’image de la carte de vigilance météorologique, il repose sur un code couleur : le vert indique une situation
normale (pas de sécheresse), le jaune une sécheresse effective,
l'orange une sécheresse avérée et le rouge une sécheresse
critique. Ces niveaux de sécheresse sont obtenus par comparaison
statistique avec les années historiques : ainsi, pour un lieu
donné, le rouge caractérise l'année en cours comme l’une des
trois années les plus sèches enregistrées.
Pour chaque station, deux graphiques sont générés automatiquement au rythme hebdomadaire : l’un donnant un suivi
chronologique de l’indice quotidien et l’autre donnant un suivi
du déficit hydrique cumulé depuis le 1er janvier.
Suivi de l’indice cumulé depuis le 1er janvier. Dans ce cas
de figure, on intègre l’impact de la sécheresse à travers le
cumul des valeurs quotidiennes de l’indice depuis le 1er
janvier. Il s’agit donc d’un bon marqueur de la sévérité de
l’épisode de sécheresse annuel. Sur ce graphique, la courbe
bleue représente l’année en cours et la courbe en pointillé
correspond à 1976.
Assistance météorologique à la lutte
contre les feux de forêt
Météo-France fournit aux services de la Sécurité civile une
assistance météorologique à la surveillance des feux de forêt
sur le sud de la France, pendant la saison sensible.
Dans le Sud-Ouest, la saison 2005 a été caractérisée par une
très forte sécheresse due à la durée exceptionnelle des fortes
températures, qui sont cependant restées bien inférieures à
celles connues en 2003. Les conditions de vent modéré ont été
plus contraignantes que les autres années, plaçant la zone très
fréquemment à un niveau de risque très sévère propice au
développement de grands incendies. Cependant, pour chaque
mois, sauf en juin, les nombres de feux en 2005 sont restés
inférieurs à ceux de l’année 2003, très sévère pour le risque
feux de forêts. Le nombre de feux a été important en mars, juin,
juillet, août, suivant en cela les tendances des années
courantes, avec un phénomène inhabituel en août qui, en 2005,
a connu plus de feux que juillet. Au total, on a enregistré 4 744
ha de surface brûlée.
En 2005, une évolution majeure du système de surveillance
du risque météorologique de feux de forêts du Sud-Ouest a été
préparée avec la Sécurité civile : le réseau d’observation a été
étendu et le zonage affiné afin de fournir, dès 2006, des indicateurs
météorologiques sur 143 zones du massif forestier au lieu de
40 actuellement.
© DDSC
Météo-France contribue au diagnostic et à la prévision du risque
de feux de forêts. Les paramètres météorologiques et climatiques,
tels que réserve en eau du sol, nombre de jours consécutifs sans
pluie ni vent sont pris en compte pour élaborer une carte de
risques distinguant dix-huit zones couvrant la Grande-Terre et
les Îles Loyauté. Le processus, semi-automatique, fait appel à
l’expertise humaine : un prévisionniste valide la carte avant
diffusion aux autorités chargées de la Sécurité civile et aux
organismes participant à la prévention et à la lutte contre les
feux de forêts. Suite à une évaluation positive de la pertinence
du système réalisée en 2004-2005 par une mission de
spécialistes de la Sécurité civile, Météo-France a entrepris de
l’améliorer en affinant sa résolution géographique (passage de
trois zones à dix-huit) et en ajoutant une carte de prévision pour
le lendemain au diagnostic quotidien déjà réalisé.
Canadair.
Dans le Sud-Est, la campagne feux de forêts de l’été 2005, qui
s’est interrompue brutalement début septembre avec les fortes
pluies, a été caractérisée par un niveau de danger météorologique
légèrement en dessous de la moyenne. Cette campagne assez
courte n’a pas présenté de caractéristiques météorologiques
exceptionnelles, sauf le nombre élevé d’épisodes de mistral et
de tramontane enregistrés dans les régions situées à l’ouest de
Toulon. On a ainsi atteint des records de nombre de jours de vent
fort (rafales supérieures à 60 km/h) à Marignane, Nîmes et Orange.
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Sur l’ensemble des 113 zones, ont été relevés 2 589 cas de
danger S (sévère), 745 cas de danger T (très sévère) et 41 cas
de danger E (exceptionnel). Ces événements se concentrent
essentiellement en août, coïncidant avec les épisodes de vent
fort et ont touché l’Aude, le Gard, la Corse, le Vaucluse, le Var et
surtout les Bouches-du-Rhône. Au total, on a recensé 17 745 ha
de surface brûlée.
Prévisions de risque de feu en Nouvelle-Calédonie pour le 12/04/06. Risque :
faible en vert ; modéré en jaune ; élevé en orange ; non renseigné en blanc.
Une autre voie explorée depuis 2005 est le recours à la prévision
saisonnière. En effet, des statistiques ont montré une forte
influence des phases Enso (El Niño Southern Oscillation) sur
le risque d’incendie, avec un risque maximum lors des épisodes
El Niño. Des prévisions saisonnières de précipitations peuvent
donner des indications, par exemple, sur la fin d’une période de
sécheresse ou sur le signe des anomalies prévues à l’échelle de
quelques mois. Ces informations peuvent être précieuses pour
les autorités en charge de la lutte contre les incendies.
En Nouvelle-Calédonie, si les incendies font partie des processus
naturels de régulation des écosystèmes, les activités humaines
et les épisodes climatiques exceptionnels ont accru leur
fréquence au point qu’ils représentent une menace pour certains
écosystèmes et pour la sécurité civile.
C’est pourquoi Météo-France produit un bulletin mensuel de
prévision saisonnière réalisé en coopération avec les climatologues
de la région (Australie, Nouvelle-Zélande, Fidji, Polynésie française)
et des experts américains de la NOAA et de l’IRI. Il s’appuie sur
les résultats de différents modèles globaux (ECMWF, UK Met
Office, Météo-France, IRI, NCEP, etc…) ainsi que sur Scopic, un
modèle statistique développé par le BoM (Bureau de météorologie
d’Australie).
Contribution à la mise en œuvre
des politiques publiques
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Pollutions atmosphériques
accidentelles
Prévision de la qualité de l’air :
Prev’air an II
Le dimanche 11 décembre 2005, peu après 6 h, un important
stock de carburants explose et prend feu au nord de Londres, en
dégageant un épais nuage de fumée noire. Le panache
consécutif à l’incendie couvre en quelques heures une zone très
importante au sud du dépôt, visible sur l’imagerie satellitaire.
Près de 2 000 personnes sont évacuées.
Le système Prev’air (Plate-forme nationale de prévision de la
qualité de l’air) est mis en œuvre depuis 2004 dans le cadre d’un
partenariat associant sous l’égide du ministère de l’Écologie et
du Développement durable, l’Institut national de l’environnement
et des risques (Ineris), l’Agence de l’environnement et de la
maîtrise de l’énergie (Ademe), le Centre national de recherche
scientifique (CNRS) et Météo-France.
Le 11 décembre 2005, le sud du Royaume-Uni était sous l’influence
d’une zone de hautes pressions en surface, les vents étaient
faibles, l’atmosphère stable. Les radiosondages montrent une
couche d’inversion vers 1 000 m. Du fait de la violence de
l’explosion initiale et de l’incendie, le panache principal a percé
la couche d’inversion et est resté piégé au-dessus de cette
couche. Le 12, on constate toujours l’influence d’une zone de
hautes pressions en surface, les vents sont orientés nord-est à
tous niveaux, le panache est transporté vers le sud-ouest.
Le 12 décembre en soirée, l’incendie est en parti éteint. L’avion
de recherche du service météorologique britannique effectue
des mesures le 13 décembre, et trouve du CO, NO, NO2 et surtout
de fines particules de suie. Quelques cuves brûleront jusqu’au
15 décembre. Au total, 50 millions de litres de carburant auront
brûlé dans ce qui reste, à ce jour, le plus important incendie
survenu en Europe depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.
Dès le 11 décembre, le panache est analysé sur l’imagerie
satellitaire et Météo-France fait tourner ses modèles de calcul de
dispersion atmosphérique de polluants et ouvre une cellule de
crise interne. Les résultats de ces modèles permettront d’affirmer
dans le cadre d’interventions sur les grandes chaînes de
télévision nationales que la pollution sur la France sera très diluée
et restera cantonnée en altitude. La situation météoro-logique et
les évolutions du panache seront suivies jusqu’au 15 décembre.
Le service Prev’air satisfait à certaines des obligations découlant
des directives européennes sur l’air, comme partie intégrante
de la chaîne d’information qui permet de déclencher les
mesures d’urgence prévues en cas de risque de dépassement
des niveaux d’alerte. Prev’air fournit ainsi aux Associations
agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) les
données et prévisions à grande échelle de concentration
d’ozone et de particules dont elles ont besoin pour alimenter
les systèmes de surveillance, de prévision et d’alerte qu’elles
utilisent à l’échelle de leur zone de responsabilité. Ces
prévisions sont également mise à la disposition du public sur le
site http://www.prevair.org.
En juin 2005, le modèle Mocage a été complètement intégré à
la chaîne opérationnelle de Météo-France, ce qui constitue une
garantie supplémentaire de la disponibilité des prévisions
environnementales et sanitaires (« temps chimique » à grande
échelle, qualité de l’air, rayonnement ultraviolet…) qu’il délivre
quotidiennement et jusqu’à 96 heures d’échéance, à Prev’Air
et aux clients de Météo-France.
Prévision sur la France
du maximum d’ozone
au sol, superposée aux
observations de la
journée du 14/07/2005.
Les observations sont
représentées par les
ronds de couleur.
La collaboration entre le CNRS et Météo-France se poursuit afin
d’élaborer une prévision dite « d’ensemble » capable de produire
des probabilités de dépassement de seuil et de qualifier les
incertitudes des prévisions actuelles.
Les panaches de fumée des incendies d’hydrocarbures, au nord de
Londres, sont observés par le satellite américain Terra. (Cliché Modis
Rapid Response Team, Nasa Goddard Space Flight Center)
Fort de l’expérience acquise au sein de Prev’Air, Météo-France
s’est vu confier la responsabilité de la coordination du volet
« qualité de l’air » du Projet européen Gems, qui regroupe dix-sept
partenaires et a débuté en juillet 2005. Dans ce cadre, les bases
d’une collaboration internationale sur les échanges d’observations
et de prévisions de qualité de l’air ainsi que sur les critères
d’évaluation des modèles seront discutées puis mises en œuvre.
En 2005 s’est achevé l’exercice international de comparaison de
modèles numériques de prévision de la qualité de l’air d’échelle
régionale, coordonné par Météo-France et basé sur la campagne
Escompte de mesures sur la pollution.
Les prévisions réalisées par une douzaine de modèles de
plusieurs pays sur la région de Marseille-Etang de Berre, pour
quinze journées polluées bien documentées par des mesures
au sol, aéroportées, par télédétection et sondages, ont été
comparées en détail.
L’analyse comportait trois volets. Le premier abordait l’évaluation
des prévisions météorologiques sur cette zone complexe,
caractérisée par son littoral, la présence de reliefs importants
dans l’arrière-pays et les perturbations dynamiques liées à la
ville. Les performances des modèles sont assez voisines, même
si une analyse détaillée montre des différences marquées sur la
représentation des champs de vent (front de brise,…) et de
température (nocturnes, sur la Méditerranée,…) dans les
situations anticycloniques propices aux épisodes pollués.
Le second volet portait sur l’évaluation des prévisions chimiques,
concernant à la fois les polluants gazeux primaires et les
polluants secondaires, comme l’ozone, qui se forment dans
l’atmosphère sous l’effet de la photochimie. D’assez bonnes
performances d’ensemble sont constatées, montrant la maturité
de ces outils pour la prévision d’ozone en surface.
Enfin, le troisième volet de l’analyse des simulations abordait
plus transversalement la question de la réponse aux besoins des
gestionnaires de la qualité de l’air. Elle a montré en particulier
que la prévision « d’ensemble » basée sur plusieurs modèles
permettrait de proposer aux décideurs des produits de prévision
adaptés à la gestion des risques (figure 13), notamment des
prévisions de dépassement de seuil.
Qualité de l’air et pollution
en Martinique
Depuis cinq ans, la surveillance de la qualité de l’air en Martinique
est confiée à une association agréée nommée Madininair. Bien
que récente, cette surveillance permet déjà de tirer les premières
conclusions.
Sur l’agglomération de Fort-de-France, si la situation en termes
de polluants d’origine industrielle est stable depuis 2000, il en
va tout autrement des polluants liés à la circulation automobile :
les moyennes et les maxima en oxydes d’azote et en poussières
sont en constante augmentation depuis 2000. 2005 aura
d’ailleurs été une année de records historiques pour la majeure
partie des polluants. Les autres secteurs de l’île ne sont pas
épargnés : les taux en oxydes d’azote sur les communes de la
côte caraïbe sont très proches des seuils de recommandation et
d’information, malgré les alizés qui limitent l’ampleur de la
pollution en brassant l’air citadin et en chassant les polluants
vers le large.
21
Mais il y a d’autres sources de polluants, plus naturelles, mais
tout aussi gênantes. Ainsi, en septembre 2005, si, pour la
première fois depuis l’installation de Madininair, les quantités
de particules ont été si importantes que le seuil d’alerte a
été atteint deux jours de suite, c’est à cause de particules
sahariennes qui se sont déplacées des côtes africaines vers la
Caraïbe. Ce phénomène, bien connu des météorologistes de la
région, produit des brumes sèches qui donnent au ciel un aspect
jaunâtre, réduisent la visibilité et atténuent le rayonnement
solaire. C’est pour mieux le prévoir et informer la population
avant son apparition que Météo-France et Madininair ont décidé
de renforcer leur collaboration.
© Madininair
Escompte pour une modélisation
chimique à fine échelle
Brume de sable sur l’Atlantique, se déplaçant des côtes africaines
vers la Caraïbe.
Figure 13 – Les prévisions «d’ensemble » multi-modèles permettent
de prévoir, mieux qu’à l’aide d’un modèle unique, les zones où les
dépassements du seuil d’information à l’ozone sont peu probables.
Contribution à la mise en œuvre
des politiques publiques
Aide à la gestion des pollutions
accidentelles et des accidents en mer
Le plan Polmar déclenché
le 24 septembre 2005
Dans le cadre de l’Action de l’État en mer (AEM), Météo-France
agit principalement en appui du Centre de documentation, de
recherche et d'expérimentation sur les pollutions accidentelles
des eaux (Cedre), des Centres régionaux opérationnels de sécurité
et de sauvetage (Cross) de la Direction des affaires maritimes et
des préfets maritimes, en cas de crise.
Le 3 mars 2005, Jean-Pierre Beysson, PDG de Météo-France, et
Michel Aymeric, directeur des Affaires maritimes (DAM), on signé
une convention destinée à mieux coordonner les actions des
deux organismes dans le domaine de l’AEM.
Le soutien météo-océanique en cas d’accident maritime couvre,
conformément aux missions d’État de l’établissement et aux
engagements internationaux de la France, une grande partie des
mers du globe. Outre son expertise et ses prévisions météorologiques, l’établissement fournit, à la demande ou en cas d’accident,
des prévisions de dérives d’objets où de polluants basées sur son
modèle Mothy (Modèle de dérive des nappes d'hydrocarbures).
En 2005, sur les 211 activations de ce modèle, environ un quart
concernait des pollutions par hydrocarbures, à la demande
du Cedre, un quart des hommes à la mer, et un quart des
embarcations de tailles diverses. Le dernier quart était constitué
d'objets divers : conteneurs, fûts, citernes, débris d'avion ou
hélicoptère, billes de bois et cadavres de cétacés. Un quart de
l’ensemble des demandes provenait des DOM/TOM.
La dépollution commence à l’aide de moyens mécaniques.
En fin d’après-midi, toute trace de pollution a disparu. La
cellule de crise est levée peu après 20 h et les équipes
désengagées à la nuit tombante. Les plans Polmar sont
levés le lendemain à 14 h. Au final, plus de peur que de
mal. Cette alerte a souligné une fois encore l’importance
de la disponibilité des équipes de Météo-France et
l’efficacité du tandem formé avec le Cedre au profit des
autorités impliquées dans la lutte contre la pollution.
© Météo-France
22
Le matin du 24 septembre 2005, un navire de pêche
signale une nappe de pollution non loin de Saint-Palaissur-Mer. Cette nappe est initialement identifiée comme
étant du fuel lourd. Par la suite, les analyses montreront
qu’il ne s’agit pas d’un hydrocarbure, mais d’un produit
pulvérulent du type « noir de carbone », non dangereux.
Les préfectures de Charente-Maritime, de Gironde et
de la Zone de défense sud-ouest déclenchent les plans
Polmar Terre (Plan d’intervention en cas de pollution
accidentelle des milieux marins) et les premiers bulletins
de prévision dédiée pour la mer et le littoral sont préparés
et émis. En parallèle, le Cedre (Centre de documentation,
de recherche et d'expérimentation sur les pollutions
accidentelles des eaux) demande une prévision de
dérive. Météo-France lance Mothy (Modèle de dérive des
nappes d'hydro-carbures) dont les résultats sont rendus
en vingt minutes, analysés et transmis par le Cedre aux
autorités. La ministre de l’Écologie et du Développement
durable, Madame Nelly Olin, se rend sur place.
Nappe de pollution, le 24 septembre 2005, non loin
de Saint-Palais-sur-Mer.
Localisation des accidents autour des côtes françaises
pour lesquels le système Mothy a été activé en 2005.

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