Hommage à un ancien élève : Planta Jörimann

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Hommage à un ancien élève : Planta Jörimann
Association des Anciens Elèves et Enseignants des Lycées et Collèges E. Maupas, M. Curie et Y. Talbot de Vire
Hommage
à
un ancien élève
du Collège E. Maupas :
PLANTA JÖRIMANN
Association des Anciens Elèves et Enseignants des Lycées et Collèges E. Maupas, M. Curie et Y. Talbot de Vire
Hommage à un ancien élève du Collège E. Maupas : Planta Jörimann
Planta Jörimann naquit le 3 décembre 1878 dans le petit port normand de Trouville, de parents
d’origine grisonne qui y tenaient un commerce de pâtisserie.
Orphelin de très bonne heure, il fut élevé par son oncle et sa tante, eux aussi pâtissiers, à Vire
dans le Calvados.
C’est au collège de cette sous-préfecture « mi-rurale, mi-bourgeoise » comme il aimait à le dire
qu’il fit ses études classiques et passa son baccalauréat. Toute sa vie il demeura très attaché à son
cher collège dont il fut élu président d’honneur de l’Association des Anciens Elèves sitôt après la
dernière guerre.
Venu à Genève en 1898, il y mena de front des études de théologie et de droit qu’il compléta aux
Universités de Paris et Berlin.
Consacré pasteur en 1905, il fut suffragant à Annemasse et aux Pâquis. Titulaire de la paroisse
de Chancy de 1910 à 1912 et membre du Consistoire en 1911, il devait quitter le saint ministère dans
le courant de l’année suivante pour se consacrer au barreau et à la magistrature. Avocat à l’étude De
Rabours et Balmer, il fut nommé substitut du procureur général puis juge de paix à la Chambre des
Tutelles en 1915. Il en fut le président de 1922 à 1924 et prit sa retraite en 1948.
Planta Jörimann fut en compagnie des regrettés Paul Chaponnière et Lucien Brunel l’un des
animateurs de la « Tschierva » petite société théâtrale qui eut son heure de succès. Membre du Club
alpin suisse, c’est en qualité de président de la section genevoise qu’il préfaça en 1924 l’ouvrage de
son excellent ami le grand et cher poète genevois René-Louis Piachaud sur le Salève.
Il était l’auteur de savoureuses chroniques sur la vieille ville, chroniques parues dans le Journal
de Genève sous la signature du « Hibou du Bourg-de-Four ».
C’est au cœur de cette haute ville qu’il aimait tant qu’il s’éteignit paisiblement le 29 novembre
1960 dans sa quatre-vingt deuxième année. A l’occasion du premier anniversaire de sa mort, la
famille de Planta Jörimann se devait de publier ce recueil comme un gage de leur fidelité envers tous
ceux qui l’ont connu, apprécié et aimé.
Octobre 1961.
M. J.
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LA NORMANDIE ET LA BRETAGNE
LE VIEUX DONJON
A l’Association des Anciens Elèves
du Collège de Vire en souvenir
des maîtres et des camarades disparus.
Sur la « motte » rocheuse, au sol enracinée,
La muraille surgit parmi les frondaisons ;
Têtue, elle résiste à l’assaut des saisons,
Par le grand cardinal, rompue et canonnée...
Comme le cœur, l’histoire a parfois ses raisons.
Normande, elle tient bon, hirsute et obstinée ;
Elle étale des plaies et montre des tronçons
Qui furent parapet, poterne ou cheminée.
Médaillon par le temps et hasard fondu,
Dans un pli du granit, assez inattendu,
Hilaire et broussailleux, se profile... Henri Quatre.
Commère la corneille au sommet vient s’ébattre.
C’est ici-près, dit-on, qu’à l’heure des combats,
Olivier le foulon sonna le branle-bas.
Les siècles ont passé sur la cité paisible
Qui, mi-rurale, écoute, au rythme du destin,
Ou, le soir, l’Angélus ou le coq au matin.
Mais hier à la foudre, elle a servi de cible,
Ses débris sont épars, ses toits ouverts au vent.
Tel un chêne en passant qu’épargna la tornade,
Miracle ! Le donjon se dresse, survivant
Et rêve, solitaire, au bord de l’esplanade.
Vire-Genève, juillet 1950
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LE PASSEUR
A mes anciens camarades
du Collège de Vire
Au souffle frais du soir, un jour mourant s’enflamme ;
A peine l’on entend le fleuve murmurer ;
Le lourd bateau repose, aux saules amarré...
Mais quelqu’un survenant, - marchand, soldat ou femme, L’homme, courbé, paraît ; ayant saisi la rame,
Et chassé des roseaux quelque cygne effaré,
Il peine avec lenteur ; son geste mesuré
Semble enfoncer dans l’eau le métal d’une lame.
Vêtu par le couchant d’une étrange rougeur,
Immobile à son banc, se tient le voyageur ;
Il va, semeur de joie ou messager de haine ;
Ayant mis pied à terre, il suivra son chemin,
Tandis qu’obscur acteur dans le grand drame humain,
Le vieux passeur retourne à sa hutte prochaine.
Quelque part, au bord
d’une rivière en Normandie.
Automne 1910
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